Disclaimer: Les personnages de cette fiction ne sont pas les miens mais ceux de Sire Conan Doyle et de la BBC.

Life can go on…

Ce soir-là, lorsque Sherlock et John arrivèrent dans l'appartement récemment rangé et nettoyé, le détective se rendit tout de suite vers le violon posé sur la vitrine et le sortit de son étui. Il laissa courir ses doigts sur le bois doux et souple et s'empara de son archet. Lorsqu'il se mit à jouer debout devant sa fenêtre, en regardant la rue grise qui s'étalait en dessous de lui, Watson poussa un soupire d'aise. Sherlock était enfin de retour et tout allait rentrer dans l'ordre.

Cependant, John avait quelques doutes concernant les réactions de Lestrade, de Donovan et surtout d'Anderson… Il allait lui falloir de la patience pour expliquer la situation compliquée dans laquelle ils se trouvaient tous… était-ce un crime de simuler sa mort ? Peut-être, mais Sherlock avait eu des circonstances atténuantes. En y repensant, John sentit son cœur se gonfler de sentiments. Il ressentait de la joie, bien sûr, mais aussi de la colère. Le détective avait simulé sa propre mort pour le mettre à l'abri, mais il lui en voulait de l'avoir abandonné de la sorte sans un mot d'explication.

Mais Sherlock fut interrompu par la sonnerie de la porte d'entrée. Il esquissa un sourire étrange que John reconnut comme celui du « je vais faire une farce et je vais m'amuser un peu ». La voix de Mrs. Hudson retentit dans le couloir :

- Monsieur Watson, ouvrez, je vous prie. J'ai entendu quelque chose. Je me fais du souci. Monsieur Watson ?

John n'eut pas le temps de se lever que déjà, Sherlock ouvrait la porte. Mrs. Hudson leva les yeux lentement vers le visage qui se tenait face à elle.

- Bonjour Monsieur Sherlock, Monsieur Watson est-il…

Elle ne réagit qu'à ce moment-là. Elle reconnut les traits de son ancien locataire et étouffa un cri avant de reculer de quelques pas. Elle faillit tomber dans les escaliers qui se trouvaient derrière elle, mais Sherlock la rattrapa et la fit entrer dans l'appartement.

John se précipita sur leur amie et la fit s'asseoir sur une chaise avec un regard chargé de reproches pour Sherlock qui haussa les épaules en souriant toujours.

- Mrs. Hudson, commença John, je devais passer vous voir…

- M…m….mais Sherlock…

- Oui, je le sais bien. Nous devons quelques explications. Sherlock, dit-il à l'attention de celui-ci, va chercher du thé dans la cuisine.

Sherlock s'exécuta en poussant un soupir et levant les yeux au ciel et tourna les talons.

- Mrs. Hudson, poursuivit John, Sherlock n'est pas mort ce jour-là. Il a dû maquiller sa propre mort afin d'éviter que nous mourions.

- Pardon ? demanda Mrs. Hudson, le regard totalement absent.

- Il est…Il a simulé sa mort…Le cercueil que nous avons vu descendre dans la terre était vide.

Mrs. Hudson commençait à comprendre et hochait la tête, bien que son teint soit toujours aussi blanc. Sherlock revint et plaça la tasse de thé dans les mains de leur locatrice.

- Sherlock…, commença-t-elle mais sa voix se brisa.

Elle se leva et posa sa tasse sur la table. Ses yeux s'étaient remplis de larmes et elle se jeta dans les bras Sherlock qui eut un mouvement de recul, avant de tapoter le dos de Mrs. Hudson avec une moue de scepticisme. Elle sanglotait doucement dans les bras du détective et John poussa un soupir. Lorsque leur amie s'écarta, elle s'adressa à Sherlock en le regardant droit dans les yeux.

- Vous êtes un garnement, Sherlock Holmes ! Mais je vous remercie de ce que vous avez fait, bien que je vous en veuille énormément. Vous nous avez fait beaucoup de peine, monsieur le détective de génie et je crois que comme punition, je vais cesser de vous adresser la parole pendant une semaine !

Elle se tourna vers John, un sourire détendu et attendri aux lèvres. Elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras.

- Tout est fini, maintenant, John, dit-elle. La vie peut reprendre son cours.

- Oui, merci Mrs. Hudson.

- Sait-il ? murmura-t-elle dans l'oreille de Watson.

- Pardon ?

- Sait-il que vous…

- Comment êtes-vous au courant ?

- Je vous ai vu ces derniers mois, jeune homme, dit-elle à haute voix, seule une imbécile n'aurait pas compris ce qui se passait dans votre cœur !

John ferma les yeux en expirant et sourit à la femme la plus importante de sa vie. Comment aurait-il survécu sans elle ces derniers jours ?

- Oui, dit-il. Il sait tout.

- Bien, s'écria-t-elle.

Puis elle ajouta, assez fort pour que l'intéressé l'entende :

- Dans ce cas, vous lui direz, puisque je ne peux le faire moi-même, que je le tuerai à coup de poêle à frire s'il vous faire souffrir encore une fois.

Sherlock sourit dans le dos de leur logeuse et adressa un regard chaleureux à Watson que ce-dernier lui rendit.

- Je lui dirai, Mrs. Hudson. Mais je crois que nous aimerions rester seuls. Nous avons pas mal de choses à remettre en ordre…

- Je vous laisse, dans ce cas… Dois-je vous rendre les vêtements du garnement ?

- Oui, s'il-vous plaît, répondit Watson en souriant.

Mrs. Hudson passa devant Sherlock sans même un regard pour lui et sortit.

Sherlock et Watson éclatèrent de rire. Appeler Sherlock « garnement », c'était du Mrs. Hudson tout craché. Mais Sherlock revint très vite sur terre.

- « Vous rendre les vêtements du garnement » ? cita-t-il, pourquoi ?

- Ah…eh bien parce que j'ai fait du rangement, Sherlock.

Ce-dernier l'interrogea du regard et Watson soupira avant de se lancer dans un résumé de ce qu'il avait rangé/jeté/nettoyé/changé.

- Tu n'y es pas allé de main morte. Je vais devoir tout remettre en place.

- Je suis désolé, Sherlock.

- C'est moi qui devrais l'être, Watson, dit-il en s'approchant de lui.

Leurs visages étaient à deux millimètres et John sentit son ventre se contracter d'impatience, dans l'attente d'un baiser, mais le téléphone sonna. Sherlock tendit la main vers le combiné sans lâcher John des yeux mais eut à son intention un rictus amusé.

- Ici Holmes, dit-il.

Tout le commissariat était en ébullition et cela ne sa calma pas lorsque John Watson et Sherlock Holmes apparurent dans le couloir menant au bureau de Lestrade. Tous arrêtaient de travailler et les regardaient passer entre stupeur, peur ou soulagement.

Lorsque les deux hommes firent irruption dans le bureau du lieutenant, celui-ci, au téléphone, lâcha le combiné avec un juron.

- Est-ce une façon d'accueillir un vieil ami ? demanda Sherlock comme si de rien n'était.

- Pour l'amour de Dieu, Sherlock, lâcha Lestrade. Comment, par tous les saints, avez-vous accomplit ce miracle ?

- Longue histoire, répondit Sherlock en faisant taire le lieutenant d'un geste agacé de la main. Je ne suis pas là pour épiloguer sur le sujet de mon décès. Je suis venu pour que l'on me confie du travail. J'ai eu un coup de téléphone et je crois bien avoir fait avoir une attaque à un homme qui appelait pour obtenir l'aide de John – Qui appellerait John pour lui demander de l'aide alors qu'il ne voit pas ce qu'il a sous les yeux ? Mais là n'est pas le problème. - Il voulait son aide sur une affaire et je veux que l'on me rende mes accès aux différentes ressources de la police et qui de mieux placé que le lieutenant Lestrade ? Personne. Conclusion, j'ai besoin de vous, et entre parenthèse, je vous conseille d'arrêter le café et les gâteaux et d'arrêter de fumer dans votre voiture. Cela perturbe l'attention du conducteur.

- Mais Sherlock…Toutes vos données personnelles ont été classées, répondit Lestrade. Et comment savez-vous… ?

- Ah voilà ! Je sais maintenant pourquoi la mort est la liberté. Les gens ne posaient pas ce genre de questions stupides ! C'est l'évidence. Vous avez des miettes de gâteau sur la joue et il y en a une petite quantité sur votre bureau dont certaines sont sèches. J'en déduis donc que vous mangez souvent ces gâteau à la mûre. Oui, il y a une tâche de fruit bleu sur l'une des miettes et vous êtes allergique aux myrtilles, j'en conclue donc qu'il s'agit de mûre. Vous n'avez jamais bu de thé, mais vos dents ont jauni depuis la dernière fois que je vous ai vu. Deux choses peuvent provoquer un jaunissement des dents. Le café et la nicotine. Vous avez une cafetière dans votre bureau et votre corbeille est pleine de gobelets vides provenant du café le plus proche. Vous en buvez donc beaucoup. Quant aux cigarettes dans la voiture, c'est élémentaire. Votre veste est usée à l'endroit où vous posez le coude à la fenêtre côté conducteur et elle porte des tâches de tabac. Vous avez qui plus est, les doigts jaunis par l'abus de nicotine. Donc, arrêtez le café, les cigarettes et les gâteaux, je vous prie. Quant à mes données, appelez Mycroft, il vous donnera les accès nécessaire à ma « réhabilitation ». Faites au plus vite car j'aurai besoin de ces accès cet après-midi.

- B…bien, bégaya Lestrade, mais quelle affaire si cela ne vous ennuie pas de m'en faire part ?

- Un homme assassiné dans l'appartement de l'un de ses amis qui nous a appelés, déclara Watson.

- Chez Monsieur Johnson ?

- Exact, répondit John avec étonnement. Comment le savez-vous ?

- Vous y retrouverez de vieilles connaissances à vous Monsieur Holmes, je le crains. La police a aussi été contactée pour cette affaire. Nous travaillerons donc côte à côte.

- Très bien, s'écria Sherlock, John, en route.

Sur les lieux du crime, Sherlock et John entendirent les voix de deux agents de la police londonienne. Anderson et Donovan !

- Madame, Monsieur, s'écria Sherlock derrière eux.

Les deux agents se retournèrent en même temps et poussèrent le même cri terrifié. Dans le dos de Sherlock, John riait sous cape. Et il ne put s'empêcher de rire à gorge déployée lorsqu'il vit d'un peu plus près les visages des deux policiers.

Anderson avait les yeux qui lui sortaient de la tête et la bouche pendante avec une expression de choc et de dépit. Quant à Donovan, elle avait les sourcils qui rejoignaient la base de ses cheveux et les lèvres pincées dans une attitude mi- terrifiée mi- admirative. Les policiers jetèrent à John un regard noir qui le fit se racler pour arrêter de rire. Malgré cela, il conservait un petit sourire malicieux et Sherlock songea avec nostalgie que la journée serait longue avant qu'ils ne se retrouvent seul à seul.

- Rejoignez-moi tous les deux sur la scène du crime pour plus de renseignements. John, je t'attendrais là.

Anderson s'approcha de John et l'attrapa par les épaules et le secoua violemment.

- MORT, HEIN ? hurla-t-il. IL ÉTAIT SUPPOSÉ ÊTRE MORT ET IL EST LÀ DEVANT NOUS !

- Eh bien, Donovan, vous aviez dit un jour qu'un jour nous trouverions un cadavre et que ce serait Sherlock qui l'aurait mis là. Eh bien, il faut croire que vous aviez raison.

- IL EST RESSUCITÉ ? hurla Donovan.

- En fait, il n'est jamais mort et il a à nouveau tous ces accès aux fichiers de la police. Maintenant, je vous prie, il me faut le rejoindre. Merci bien.

Sherlock entra dans l'appartement et éclata d'un rire sonore. John le suivit avec plaisir. La journée avait été mouvementée, mais des plus amusantes. Sherlock et John s'étaient amusés des visages des personnes qui les croisaient et avaient savouré avec un plaisir non dissimulé les visages d'Anderson et de Donovan. La joie qui émanait de leur duo ferait sourire n'importe quelle personne que je connaisse en ce bas-monde.

- Une bonne chose de faite, déclara finalement Sherlock.

- Oui, et nous sommes enfin à la maison.

- Effectivement, cela fait du bien d'être chez soi, soupira le détective en se laissant choir dans un fauteuil.

- Tu sais, dit John au bout d'un moment, j'ai été jaloux d'Irene Adler pendant un moment.

Sherlock eut un sourire malicieux.

- Fascinante jeune femme affaiblie par un amour stupide.

- Je sais ce que tu penses au sujet de l'amour, grogna John.

- Je n'ai jamais dit que le nôtre devait ressembler aux autres, murmura le détective en se levant et en rejoignant John au milieu du salon.

Il posa sa main sur le cou de John et l'embrassa doucement.

- Je n'ai jamais dit ça…