Disclaimer: Les personnages ne m'appartiennent pas mais sont à Oda.

Bla bla: Ce texte n'a failli jamais voir le jour parce que j'avais oublié le nom de Shiliew...C'était la petite anecdote. -jingle- Et pis sinon c'est un PDV Domino parce que je suis le seul maître à bord de ce navire.


C'était presque un père pour moi.

J'étais sa subordonnée et je l'admirais réellement. Shiliew était mon modèle, je voulais briller pour qu'il me félicite. Je lui apportais son café le matin et il me remerciait d'un grognement de gratitude. Je lui obéissais au doigt et à l'œil. Parfaite. Je devais être parfaite.

Et puis, tout a basculé.

De chef des gardes, il fut envoyé dans les cachots qu'il gardait depuis des années. On me donna sa charge, que je ne put jamais accepter. Aujourd'hui encore, je reste la vice-capitaine de la garde.

Tout est parti en fumée, si vite. Je ne sais même pas qui a allumé le feu qui l'a engendrée. L'enclos trop sombre qui le retient, lui même cloisonné par ces étouffants murs, il y mourra, comme un rat, comme si il n'avait jamais compté pour personne, comme si c'était un pirate. Et je ne ferais rien. Je ne fais jamais rien. Je reste à ma place et j'attends. Je ne sais pas ce que j'attends. Mais j'attends. Comme si, quelque chose, viendrait s'immiscer dans ces rouages trop implacables, quelque chose, à la fois terriblement démangeant et malgré ça, soulageant. Quelque chose qui changerait de cette lassante routine de cris. Pour, elle même, apporter son cortège de lassitude et d'ennui, car, rien n'est neuf et brillant, sauf l'insigne rutilante sur mon uniforme.

On s'habitue à tout, je crois. La souffrance des prisonniers, mon propre mépris pour ce qui m'entoure, l'odeur pestilentielle émanant de Magellan, plus rien ne me surprend. Et pourtant, le savoir enfermé me brise, comme si, petit automate, le rouage qui me faisait ressentir la vie avait rouillé. Il est toujours là, mais il ne tourne plus bien, arrache le métal des autres engrenages. Qu'est ce que ça change, après tout à l'extérieur, la poupée est intacte. Mais, mon cœur est boiteux, il ne sait plus marcher, ne sait que battre pour alimenter mes veines.

Il est en bas, sous mes pieds, sous la terre, en-dessous de tout. On l'a dit violent, dangereux, fou. Il a traqué, torturé, tué. Il est en train de fumer, il laisse les spirales troubles s'enrouler autour de lui, avant d'inspirer une nouvelle fois sur son cigare. C'est comme ça que je l'imagine. Je pourrai aller vérifier, j'en ai tous les droits mais je ne le ferai pas. Je ne veux pas le voir. Je veux rester forte, oublier ces questions qui me tourmentent comme les feraient des insectes, pourtant si insignifiants, autour d'un paisible bovidé, qui se complaisait à brouter l'herbe qu'on lui donnait. Sentir sa présence, rien qu'elle, ne ferait qu'aggraver la fureur des taons à mes trousses.

C'est presque mon père.

Je ne dois pas parler au passé. Il est toujours là, je le sais, je le sens, je le suppose finalement. Il ne peut pas partir, me laisser seule, m'abandonner encore une fois. Mes pas, il les entends.

Je ne sais pas ce qu'il pense de moi, je ne sais pas si il pense que je suis sa fille ,au fond, je m'acharne peut être à foncer dans un mur qui ne ressent et ne ressentira jamais rien.

Il n'y a que le sang qui nous sépare. Et ces murs. Ces foutus murs, ces étouffoirs, ces oppresseurs, ces dictateurs, ces tueurs. Nous sommes tous enfermés, autant pirates que gardes.

Il est si près, si loin. À mes côtés, à des millions de kilomètres. Partout et ailleurs.

C'est presque mon père et je l'attends, à mon poste, prête à, de nouveau, être sa fille.