Bon, ben voilà. Tout a une fin. Dernier chapitre, et non des moindres.
Un très très grand merci à ceux qui ont suivi cette fic, dans le secret de leur lecture ou en laissant un petit commentaire!
sev2904: mdr, hein? il y a un petit passage rien que pour toi, alors, dans ce chapitre!
mandou-land, Chris65, Manooon, Mia-caskett, audrey67100, caskett, et un p'tit Guest qu'a pô laissé son nom : contente de vous avoir fait plaisir, la suite devrait être dans le même esprit...! Normalement.
fifouil : j'essaie vraiment d'être au plus près du caractère des personnages, alors tant mieux si tu retrouves notre Castle adoré :)
lisounini : si tu aimes les desserts légers et discrètement sucrés, tu vas être servie...
Laura : tu m'étonnes... Je me pose aussi la question... Difficile de faire en sorte du coup qu'elle ne lui tombe pas direct dans les bras! :)
Nath : ça me fait plaisir de lire ta review, je vois que j'ai réussi à faire passer un truc, et c'est génial!
Et un clin d'oeil spécial à Castle-BB156-Bones qui se reconnaîtra...!
Votre enthousiasme m'a poussée, et cette histoire se voit gratifiée de huit chapitres au lieu des six prévus initialement... Non que j'écrive à la demande ni à l'applaudimètre, mais avoir le ressenti des lecteurs permet d'ajuster le tir, de rééquilibrer certains passages et de mieux en développer d'autres.
La minute moralisatrice et incitative aux reviews est passée. Place à la lecture :)
8.
Elle avait encore la sensation de sa main dans le bas de ses reins.
Non que ce soit la première fois.
Il était déjà arrivé à Castle de frôler cette partie du corps de sa partenaire dans un mouvement galant pour la laisser passer et la volée d'escalier ne permettant la descente que d'une seule personne, il s'était effacé devant elle.
Mais ce soir, ce même geste prenait pour la jeune femme une tout autre signification, une tout autre importance.
Il y avait comme une promesse, une invitation tacite dans cet effleurement. Il était disponible, il lui faisait comprendre qu'il sentait qu'elle l'était aussi et qu'il n'attendait qu'un consentement de sa part.
Elle eut peur.
De ce futur possible, si proche.
De la confusion de ses propres sentiments.
De la rapidité avec laquelle elle avait écarté Josh de sa vie, et de cette impression persistante de le trahir.
De l'avoir depuis longtemps trahi, en réalité.
Elle eut peur de ce qu'était prêt à lui offrir Castle, aveuglément, sans rien attendre en retour.
Elle n'eut pas le temps de se laisser dominer par ses doutes : le tourbillon de la soirée la happa de nouveau lorsqu'ils revinrent dans la salle de réception où régnait une agitation singulière, vite apaisée par les mélodies de jazz qui emplirent de nouveau la pièce.
Elle préféra malgré tout ôter elle-même la veste et la lui tendre avant qu'il ne s'aventure à la reprendre, veillant à ce que leurs mains n'entrent pas en contact.
Ils reprirent place à leur table.
Castle ne paraissait pas troublé le moins du monde par ce qui venait de se passer entre eux, sur le toit, au point que Beckett en vint à douter de sa propre façon d'interpréter les gestes et les regards de son compagnon d'enquêtes. Peut-être réfléchissait-elle trop. Peut-être se faisait-elle des idées. Peut-être projetait-elle sur cette relation qui n'existait pas encore toutes ses frustrations, tout ce qu'elle n'avait trouvé avec aucun homme encore, tous ses désirs refoulés.
Inconsciemment, inévitablement, un discret froncement apparut entre ses sourcils.
« Kate? Quelque chose ne va pas? »
Dieu qu'elle aimait la chaleur de sa voix pleine de sollicitude.
« Non ! Tout va bien, je repensais juste à... au feu d'artifices. On peut dire que j'ai été gâtée ! s'exclama-t-elle d'un ton un peu trop enjoué.
– Et ce n'est pas fini ! renchérit Castle ; attendez-moi là, je reviens. »
Sa réplique lui permit de goûter une fois de plus son esprit de stratégie, si particulier, si secourable.
Il s'était bien rendu compte qu'elle était préoccupée, plongée dans des réflexions qui n'avaient rien d'apaisant ; mais plutôt que de la questionner de front, de force, il avait préféré contourner le problème et lui changer les idées d'une manière plus ingénue.
La tactique porta ses fruits.
Elle le suivit des yeux, surprise par son ton énigmatique, curieuse de ce qu'il mijotait.
Il s'approchait de la masse des invités groupés au centre de la pièce.
Il tenta alors de se faufiler parmi eux, souriant à droite, s'excusant d'une grimace à gauche, jusqu'à bientôt disparaître dans la marée des convives qui tentaient tous d'apercevoir un fragment de ce qui se déroulait quelques pas plus loin. Très vite, une clameur entama un chant enthousiaste de Joyeux anniversaire. Elle attendit, impatiente de le voir émerger de nouveau, tentant de saisir le but de son manège.
Elle venait de lever les yeux au ciel, mi-amusée mi-agacée de ce qu'il tramait à son insu, lorsqu'elle vit surgir brusquement devant elle un éclat qui la fit sursauter. Elle porta par réflexe sa main devant sa bouche pour étouffer un cri de surprise.
Et reconnut instantanément la flamme d'une petite bougie.
« Qu'est-ce que… Castle ! Vous l'avez volé sur le gâteau de Dennis ! se récria-t-elle en se retournant vers son mystérieux magicien qui se tenait derrière elle, penché par-dessus son épaule.
– Emprunté. Je l'ai juste empruntée. Et il n'y verra que du feu, si vous me passez le mauvais jeu de mots. Il n'aurait de toute façon pas vérifié qu'il y a bien quarante bougies !
– Trente-neuf, rectifia Beckett, les lèvres pincées dans un sourire de reproche.
– Et quand bien même, le connaissant, il ne m'en voudra sûrement pas quand il saura à quelle fin je l'ai subtilisée… »
Les yeux plissés, elle jaugea le degré de plaisanterie qu'elle pouvait déceler sur son visage qui tentait de contenir maladroitement un sourire satisfait.
« Alors ? Vous soufflez ? Ça commence à me brûler les doigts… »
Kate le fixa un instant, incertaine de ses intentions.
« Vous êtes sérieux ?
– Non, vous croyez ? Dépêchez-vous… ! » conclut-il, s'empressant de contourner sa muse en changeant précipitamment la bougie de main.
Prise au jeu, elle fit mine de ne pas réussir à souffler la flamme qui dansait toujours plus devant elle, épiant du coin de son œil vipérin la grimace grandissante sur la figure de son partenaire.
Elle finit par avoir pitié de cette séance de torture, et éteignit la petite flammèche d'une brève expiration.
Il lâcha précipitamment l'instrument de sa douleur dans une assiette, sautillant comme s'il marchait sur des braises.
« Ça vous apprendra à emprunter ce qui ne vous appartient pas, Castle ! se moqua-t-elle d'un air faussement outré. Mais... Merci quand même... Ça fait des années que je n'ai pas soufflé de bougies pour mon anniversaire... »
Il laissa un grand sourire fendre son visage, soulagé de constater qu'il n'avait pas fait d'impair.
Elle riait encore de la scène lorsqu'il la raccompagna, bien plus tard, devant l'hôtel, pour attendre le taxi qu'il avait réservé pour elle et qui ne tarderait pas à arriver.
Il savourait sans l'avouer ces taquineries entre eux, elle se moquant gentiment, lui continuant à geindre exagérément.
Beckett paraissait fatiguée, mais son air radieux lui fit dire qu'elle avait apprécié la chasse au trésor qu'il lui avait imposée et la soirée surprise qui avait suivi. Il conserverait longtemps — pour cette nuit au moins — la silhouette féline et déliée de sa muse en robe de soirée et décolleté aguicheur.
Elle riait.
Il ne se lassait pas de la regarder rire.
Et il aimait l'idée d'être à l'origine de cet éclat de bonheur.
Elle lui semblait alors si insouciante, oublieuse des tracas, des mystères, des couleurs sombres dont se teintait sa vie parfois. Il aurait voulu lui offrir plus souvent ces parenthèses de sérénité, mais il savait aussi qu'il ne devait pas brusquer les choses. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était être là. Présent à ses côtés. Tantôt comme une béquille pour la soutenir dans ses combats intérieurs, tantôt catalyseur de son énergie et de sa détermination pour la pousser vers l'avant, tantôt échappatoire pour qu'elle se retrouve avec elle-même et qu'elle savoure ces précieux instants de quiétude que la vie lui refusait souvent.
Il se demandait ce qu'il avait bien pu mériter pour que cet ange croise sa route. Et il mesurait la chance inouïe qui était la sienne, et dont il prenait un peu plus conscience chaque jour qui passait à ses côtés.
Le froid de novembre rosissait ses pommettes et accentuait la brillance de ses yeux mordorés.
Rick ne se rendit pas compte que depuis quelques instants, il n'entendait plus ce qu'elle disait et qu'il laissait ses pensées dériver sur son visage délicat, s'attardant sur une mèche sauvage frôlant son front, notant les mouvements impromptus de ses sourcils, glissant sur ses joues veloutées pour redessiner ensuite le contour de ses lèvres. C'est le moment que choisit Kate pour croiser les yeux de son ami, comme si son sixième sens lui avait fait sentir le poids de son regard insistant et noirci par l'envie.
Silence enveloppant.
Arrêt sur images.
Le monde environnant s'était tu, immobile, respectueux de ce qui était en train de se passer sur ce bout de trottoir de Manhattan.
Autour d'eux, l'air vibrait d'espoir et de désir.
Leur communication résidait, comme souvent, au-delà des mots empêtrés dans leur banalité et leur désuétude.
Ils pouvaient déchiffrer l'âme sœur comme un livre ouvert, autorisant l'autre à pénétrer au plus profond de leurs émotions, sans contraintes, sans frein aucun.
Ils pouvaient deviner les battements effrénés du cœur de l'autre palpitant sous sa peau.
Ils pouvaient sentir le souffle court de l'autre à quelques centimètres.
Ils partageaient leur rêve d'un contact pressant, d'une étreinte plus étroite, plus intime, plus définitive.
Le taxi était là, mais son irruption ne suffit pas à briser la force qui les aimantait l'un à l'autre.
Il lui sembla qu'elle s'était approchée au ralenti, avec une lenteur extrême, il lui sembla la voir réduire la distance, millimètre après millimètre, mais tout s'était en même temps passé si vite...
Poussée par une force qui la dépassait et qu'elle ne contrôlait plus, Kate posa une main sur le torse de celui qu'elle esquissait comme un possible compagnon désormais. Tout aussi lentement, elle rapprocha son visage du sien, se hissa légèrement tandis qu'ils fermaient tous deux les yeux pour concentrer leur attention sur les sensations décuplées qu'ils étaient en train découvrir.
Répondant au mouvement initié par sa muse, Rick entrouvrit les lèvres, patient, attentif, disposé à la laisser mener la danse.
Elle finit par déposer un baiser, long, éthéré, sensuel, au coin de sa bouche. Par réflexe, ou par trop-plein de désir, il ferma juste ses lèvres sur les siennes, prolongeant le contact. Juste le temps de rendre celui-ci impossible à effacer. A oublier. Ancré dans leurs chairs. Quel que soit le chemin qu'ils choisiraient.
Ce baiser qui n'en était pas vraiment un deviendrait leur souvenir commun, leur réconfort, et, s'ils le décidaient ainsi, l'ébauche de quelque chose de plus grand, de plus enflammé, de plus total.
Castle n'ouvrit les yeux que lorsque le taxi s'éloignait.
Le corps lourd. Vissé au sol. Incapable d'amorcer le moindre mouvement.
Pourtant, jamais il ne s'était senti aussi libéré.
Insouciant du lendemain puisqu'il ne maîtrisait désormais plus rien. Elle avait fait le dernier pas. Presque le dernier pas. Il pria simplement de toutes ses forces pour qu'elle ne regrette pas son geste.
Dans l'habitacle, Kate reprenait son souffle, laissant traîner son regard sur un paysage nocturne qu'elle ne voyait même plus.
Son cœur souriait. Pour la première fois depuis longtemps.
Elle effleura ses lèvres du bout de ses doigts, prenant une longue et douce inspiration afin de faire renaître le parfum de sa peau, son parfum.
Et constata qu'elle n'était plus vraiment la même depuis ce sms matinal qui avait tout fait basculer.
Fermant les yeux, elle pria simplement de toutes ses forces pour qu'un autre taxi la suive, déposant son avenir sur le seuil de son immeuble.
