RÉSUMÉ COMPLET : TRADUCTION d'EpicSolemnity. Elevé dans un orphelinat moldu, Izar (Harry) est un enfant amer lorsqu'il intègre Poudlard. Très intelligent, il est très tôt recruté par les Langue-de-plomb et les Mangemorts. Mais sa loyauté ne va ni vers les uns, ni vers les autres : il n'est loyal qu'à lui-même. En grandissant, il va devoir constamment lutter pour garder pied auprès d'un Seigneur des Ténèbres manipulateur et ennuyé, qui chérit plus que tout les jeux psychologiques et la vivacité intellectuelle. SLASH LV/HP (plus tard dans l'histoire), UNIVERS ALTERNATIF.


POURQUOI DEVRIEZ-VOUS LIRE "DEATH OF TODAY" PAR EPICSOLEMNITY ?


RAISON N°1

Cette fanfic est tout simplement LA fanfic LV/HP anglophone la plus lue et commentée sur ce site. Pour ma part, elle fait même partie de mes trois fanfictions HP favorites, et pourtant, j'ai fait le tour des fanfic LV/HP francophones et anglophones sur ce site et je lis des fanfictions HP depuis plus de dix ans.

Pour ceux qui sont un minimum capables de lire l'anglais, je vous conseille vivement d'aller lire la version originale, que vous pouvez trouver en lien sur mon profil. Franchement, rien ne vaudra jamais la VO ! Pour les autres, je suis votre humble traductrice :)

Vous n'aimez pas/ne connaissez pas le couple LV/HP ou n'êtes pas fana des fanfic slash classée M ? Ce n'est pas un souci !

D'une part, parce que la relation en Harry et Voldemort ne se limite certainement pas au sexe, bien au contraire. Les lemons arrivent tardivement, sont extrêmement rares et facilement évitables — ils sont signifiés clairement ou non mis en ligne sur le site par l'auteur, et je ferai de même.

D'autre part, parce que l'histoire est riche en-dehors de leur simple relation : les intrigues sont nombreuses et passionnantes.

Enfin, ce n'est pas une de ces fanfics LV/HP où les personnages sont caricaturaux et prévisibles. Les psychologies des personnages sont complexes, cohérentes et originales tout au long de l'histoire.


RAISON N°2

C'est une histoire très très bien construire. L'auteur a su s'approprier le monde créé par J.K. Rowling de manière extrêmement créative et intelligente. De nombreuses intrigues sont créées au cours de l'histoire, sur différents plans, et elles trouvent toutes un dénouement inventif, intelligent, souvent inattendu — tout bonnement génial, quoi — à la fin.

Il faut dire qu'EpicSolemnity n'en est pas à son coup d'essai, étant donné qu'on lui doit aussi toutes les fanfics écrites sous le pseudo Dark Cyan Star. Un nom qui doit parler à certains d'entre vous, je n'en doute pas. Eh oui, "Sleeping Somewhere Cold", c'est aussi elle !

Les 71 chapitres et 500 000 mots de cette fanfic vous font peur ? Malgré sa longueur, l'histoire n'est pas difficile à lire ; au contraire, vous ne pouvez que vous faire happer dedans au bout de quelques chapitres. Il y a tellement d'intrigues dès le début, que vous voudrez forcément continuer à lire pour savoir comment tel ou tel truc va terminer ou se résoudre. C'est comme une drogue, mais c'est autorisé et même conseillé :)


RAISON N°3

EpicSolemnity, en plus d'être talentueuse, est un amour ! Elle est d'ailleurs très heureuse de voir sa fanfiction traduite en français, afin de pouvoir partager ses écrits avec les lecteurs francophones. Quand je lui ai demandé son accord en mars 2013, elle n'a pas hésité une seconde avant de me dire oui. D'ailleurs, une traduction espagnole et une autre, russe, existent aussi sur le site.

Par ailleurs, en mai 2013, je lui avais envoyé quelques unes des reviews de ma traduction, afin de lui faire partager les ressentis et les éventuels compliments et critiques des lecteurs francophones sur son histoire.

Voici sa réponse : "Je ne sais pas lire le français. Je suis très mauvaise pour apprendre de nouvelles langues, mais j'ai toujours voulu parler le français. Je trouve que c'est une langue magnifique. Peut-être que c'est un de mes buts — apprendre le français :) Merci aux lecteurs francophones de lire et d'aimer autant mon histoire. C'est merveilleux de pouvoir la partager avec des personnes aux quatre coins du monde !"


Chapitre 1

Le souffle court, la jeune-femme rousse attendait que la porte de l'orphelinat s'ouvre, serrant précieusement le nouveau-né contre sa poitrine. En toute logique, elle aurait dû laisser le bébé devant la porte et s'enfuir. Mais ses jambes étaient lourdes, et son coeur plus lourd encore. Elle se trouva totalement figée sur place, incapable de réagir, quand la porte s'ouvrit. Tout ça ne lui ressemblait pas. Elle était habituellement plus vive d'esprit.

"Je peux vous aider ?"

La voix était plutôt chaleureuse, nota instinctivement Lily, avec une pointe de gratitude. Elle resserra ses bras autour du bébé et s'éclaircit la voix, la gorge nouée. Ouvrant la bouche, elle faiblit à nouveau quand ses yeux émeraudes se posèrent sur la personne devant elle. Les cheveux châtain de la vieille femme étaient retenus par une natte à la base de son cou et ses tempes étaient grisonnantes. Autour de sa bouche et de ses yeux, de petites lignes creusaient son visage. En apparence, elle semblait suffisamment gentille, douce même, pour élever son fils. Lily inclina la tête pour que sa grande capuche cache mieux son visage à la moldue. Elle prit le minuscule bébé qui dormait paisiblement dans ses bras, toujours aussi émerveillée par sa pureté et sa beauté. Le bébé, âgé de seulement quelques semaines, était à la fois une vision précieuse et douloureuse. Elle ne pouvait pas le garder, non… Non. C'était trop dangereux pour elle, comme pour l'enfant.

Elle tendit les bras avec raideur. Ils tremblaient, alors qu'elle avançait le bébé vers la moldue. Si Lily pouvait se rendre compte de l'intensité de ses tremblements, la vieille femme devait en être tout aussi consciente. "T-Tenez", exuda-t-elle d'une voix rauque. "S'il vous plaît, je vous en prie. Prenez mon bébé."

La moldue écarquilla les yeux. Voyant à quel point Lily tremblait, elle prit rapidement le nouveau-né dans ses bras. D'un geste assuré, la vieille femme maintint délicatement le cou de l'enfant et resserra les couvertures autour de lui. "Vous vous sentez bien, ma chère ?"

Lily resta silencieuse alors qu'elle fixait le minuscule bébé, à présent sous la responsabilité de la moldue. Elle savait que c'était mieux ainsi. Pour autant, c'était terriblement douloureux de voir son enfant dans les bras d'une étrangère. Son fils était si petit et angélique. Comment pouvait-elle commettre un tel acte ?

"Ma chère ?"

"Izar…", lutta-t-elle à dire. "Son nom… Harrisson…" Ses lèvres tremblèrent sous sa capuche et elle sentit une petite partie d'elle-même s'arracher en regardant la moldue bercer le petit bébé aux cheveux bruns. Cette douleur, elle voulait la ressentir. Pour ce qu'elle avait fait, elle méritait chaque once d'émotions qui l'assaillait cruellement à cet instant.

"Izar ?" questionna la femme, un froncement creusant ses lèvres au son étrange du nom. "Son nom est Izar Harrisson ? C'est bien ça ?"

Non. Harrisson était son deuxième prénom et Izar son prénom. Malgré cela, Lily se contenta de hocher nerveusement la tête, en reculant d'un pas lent et saccadé. "Prenez bien soin de mon bébé", murmura-t-elle d'un ton désespéré avant de se retourner et de partir en courant.

Des larmes brulèrent ses yeux, l'aveuglant dans sa course.

"Attendez !" appela la moldue derrière elle.

Lily savait qu'elle ne pourrait pas la suivre, pas avec un si jeune enfant dans les bras. Un enfant qu'elle avait porté et à qui elle avait donné naissance, mais qui n'était à présent plus à elle.

C'était mieux ainsi.

DEATH OF TODAY

"Monstre." Les lèvres s'entrouvrirent et un crachat vola.

Izar recula pour éviter les gouttes de salive, en essayant de ne pas laisser le garçon plus grand l'embêter. Il rentra sa tête dans ses épaules dans une attitude défensive et fixa la balançoire pour éviter le regard de son agresseur.

"Tu es un monstre, un monstre !" rigola le garçon, en poussant Izar suffisamment fort pour lui briser le cou.

Izar trébucha en essayant de ne pas tomber. Le bout de sa chaussure se prit dans une pierre et il tomba durement sur le sol, écorchant ses mains et ses genoux. Alors que les enfants riaient, Izar resta sur le sol sans bouger, en fixant d'un regard vide le sang sur sa peau. Ses yeux pâles verts et gris anthracites regardèrent les traînées de sang rouge glisser lentement le long de ses poignets. Aucune larme ne lui échappèrent lorsque l'enfant plus grand frappa durement ses côtes avec son pied avant de partir.

Ses larmes s'étaient taries depuis bien longtemps.

Au lieu de ça, ses yeux pâles quittèrent le sang pour se poser sur le dos du garçon. Ses lèvres s'étirèrent et sa poitrine brûla avec furie. Le souffle d'Izar siffla alors qu'il luttait pour s'asseoir. Autour de lui, le monde tournait et il était parfaitement conscient des autres enfants qui le fixaient de loin. Personne ne l'approchait jamais. Ils avaient bien trop peur de lui ou craignaient de devenir la cible de Louis, le tyran de l'orphelinat.

Pour autant, Izar détestait ces autres enfants. Ils étaient faibles. Ils étaient bien trop effrayés et stupides.

Il leva les yeux, en tenant son estomac douloureux alors qu'il se relevait et s'échappait de la cour. C'était de sa faute, de toute façon. Il savait qu'il ne fallait pas aller dans la cour à cette heure-là.

Il traversa l'orphelinat, sa maison depuis plus de onze ans. Rien n'avait changé ; ni en bien, ni en mal. C'était un endroit vieux et usé, pas vraiment sale, mais qui avait bien besoin d'un rafraîchissement. Les parents potentiels qui visitaient l'orphelinat avaient soit pitié des conditions de vie des orphelins, ou bien étaient tellement mal à l'aise qu'ils partaient avant même d'avoir rencontré un seul enfant.

"Est-ce que ça va, Izar ?" murmura une des surveillantes, d'un air désintéressé.

Parfait, il n'avait pas besoin de leur pitié. Les surveillants avaient appris à ne plus le réconforter et le choyer, après s'être faits repousser tant de fois par le passé. Il les haïssait. Même s'ils étaient conscients de la situation, ils ne l'aidaient jamais. Quelques tapes sur les poignets de Louis ne suffisaient pas à le décourager de continuer ses assauts. Izar était meilleur qu'eux. Il n'avait pas besoin d'eux.

Izar la dépassa sans un mot, se hâtant de rejoindre la chambre qu'il partageait avec un garçon plus jeune.

Tout en faisant attention à ses mains écorchées, il entra dans sa chambre et s'effondra sur son lit. L'étroit matelas grinça quand il heurta les ressorts rouillés. Ignorant le sang sur ses mains, Izar souleva le bord du matelas et sortit un morceau de parchemin qu'il y avait caché.

Fixant la lettre, il s'autorisa un petit sourire. Poudlard.

Serrant la lettre contre sa poitrine, Izar ferma les yeux et imagina un monde de sorciers et de magie. Du sang tâcha le parchemin, mais il n'y prêta pas attention. Il s'imaginait un monde dans lequel il serait comme les autres, un monde où les enfants ne l'embêteraient pas parce qu'il était différent. Et plus important encore, il était assoiffé de toutes les connaissances qu'il pourrait acquérir dans ce nouveau monde. Malgré son jeune âge, Izar se rendait compte de l'importance qu'avait l'intelligence et la connaissance, même à propos de choses qu'aucun autre enfant n'était capable d'assimiler.

Plus que tout, Izar était excité d'avoir enfin une chance de faire ses preuves. Il voulait se faire un nom dans le monde des sorciers. Il ne voulait pas n'y être qu'un orphelin, qu'un garçon petit à qui tout le monde pouvait s'en prendre, non, il voulait utiliser ses capacités à son avantage.

Même si Izar était jeune, il avait remarqué qu'il n'était pas comme les autres enfants ici. Il pouvait manipuler des choses selon sa volonté. Parfois, quand il se concentrait vraiment très très fort, il pouvait déplacer des jouets ou d'autres objets sans intérêt à travers la pièce. Il y avait aussi d'autres moments où des accidents arrivaient, des accidents qu'Izar trouvait toujours fascinants même s'ils étaient parfois morbides.

Une fois, alors qu'Izar était particulièrement en colère contre Louis, le garçon était soudainement tombé à genoux, incapable de respirer. La respiration du tyran était devenue sifflante et haletante. Rien qu'en y repensant, les doigts d'Izar tremblèrent d'excitation.

"Izar ?"

Izar sursauta et fourra le parchemin sous son oreiller en se tournant vers la porte. Une surveillante avec laquelle il était familier, Andrea, se tenait près d'une autre femme, une femme plus vieille, qu'Izar ne connaissait pas.

"Une certaine professeur McGonagall est là pour te voir."

Izar se redressa, piqué par la curiosité. Le regard vif et perçant, il regarda McGonagall hocher lourdement la tête à Andrea avant d'entrer dans la pièce sans attendre d'invitation. Izar examina la manière dont la femme plus âgée, McGonagall, marchait. Elle avait une allure sévère, qui suggérait un caractère professionnel et strict.

"Mr Harrison, c'est un plaisir de vous rencontrer. J'imagine que vous avez reçu votre lettre de Poudlard ?" le questionna McGonagall une fois qu'Andrea fut partie.

Izar fixa calmement la femme, ses yeux la scrutant de près. Elle ne ressemblait à rien en particulier. Il ne pouvait rien sentir... d'anormal chez elle, pas plus que chez lui. Elle ressemblait à n'importe quel être humain, à n'importe quelle personne de l'orphelinat. Un sentiment de déception frappa Izar. Il avait cru que les sorciers et sorcières seraient légèrement différents des autres humains.

"Oui, professeur", murmura-t-il respectueusement tout en continuant à l'étudier avec intérêt.

Le professeur sembla se raidir et ses yeux se plissèrent. Elle l'observait aussi prudemment qu'il l'observait. Izar n'avait aucun problème avec ça. Il resta stoïque, lui laissant le temps de le scruter.

Soudain, quelque chose dans la posture de McGonagall changea. Ses deux yeux gris et verts repérèrent aussitôt la raideur dans sa colonne vertébrale et son expression perturbée. L'indécision creusa son visage brièvement, avant qu'elle ne la masque avec habilité. Perspicace, Izar haussa un sourcil. Son examen approfondi la rendait mal à l'aise.

"Je suis ici pour vous aider à faire vos achats, Mr Harrison", continua-t-elle d'une voix dure et sévère, mais un éclat de douceur brillait dans ses yeux.

"Mes achats ?", demanda naïvement Izar. Il supposa qu'elle parlait d'achats scolaires, d'objets magiques. Son coeur s'accéléra à cette idée, mais il se refroidit rapidement. "Mais je n'ai pas d'argent, professeur."

"Il y a un fond que Poudlard réserve aux étudiants orphelins, Mr Harrison." Elle lui offrit un sourire qu'il ne lui retourna pas. Elle ne devait pas réaliser qu'Izar détestait qu'on lui rappelle qu'il était un orphelin, abandonné alors qu'il n'était qu'un bébé. Le sourire de la femme se transforma en une fine ligne. "Voudriez-vous m'accompagner aujourd'hui ?"

"J'aimerais beaucoup, professeur."

Pour la première fois depuis longtemps, il offrit un sourire à un autre être humain. Etant donné la réaction de McGonagall, il réalisa qu'il avait encore besoin d'entraînement en la matière.

DEATH OF TODAY

Izar tira sur ses robes pour y enlever des plis non-existants. Il marchait le long du quai dans un choc silencieux en observant avec attention autour de lui. En apparence, il semblait désintéressé et calme. Intérieurement cependant, il avait du mal à mémoriser tout ce qu'il voyait. Il y avait tellement de choses. Il n'aimait pas l'idée de devoir rattraper son retard par rapport aux autres enfants. De ce qu'il avait appris grâce à McGonagall, la plupart des enfants étaient élevés dans le monde des sorciers.

Ils en savaient plus que lui et il avait donc déjà un retard de plusieurs années. Mais Izar allait essayer de remédier à ça au plus vite.

Après s'être remis de son choc initial en arrivant sur le Chemin de Traverse, Izar avait docilement suivi McGonagall à travers le village. Ensemble, ils avaient acheté les objets marqués sur la liste et seulement ces objets-là. Izar aurait aimé acheter plus de livres et de robes de sorciers. A contre coeur, Izar avait finalement réalisé qu'il devait suivre un budget, parce qu'il était un orphelin qui devait vivre de l'argent des autres, exactement comme un mendiant.

Eclaircissant sa voix, Izar se dirigea vers le train. Il y avait des étudiants et des parents partout, qui faisaient leurs au revoir pour une nouvelle année à Poudlard. Il observait les parents, regardait comment les mères embrassaient les joues rouges de leurs enfants et comment les pères posaient fièrement leur main sur l'épaule de leur fils ou de leur fille. Izar était fier de son indépendance, mais il n'avait qu'onze ans, et assister à ces tendres échanges provoqua en lui une certaine amertume.

De manière inattendue, un magnifique couple retint son attention. Un père et son fils, à l'évidence, étant donné leurs cheveux blonds et leurs traits fins similaires, se disaient au revoir à leur manière. Ils se tenaient raides l'un à côté de l'autre, séparés par une bonne distance. Ils paraissaient presque formels à cet instant, aucun d'entre eux ne semblant être affecté par le départ à venir. Leurs vêtements semblaient être faits de soies et matériaux des plus précieux. Même les boutons et les coutures semblaient luxueux.

Les pieds d'Izar le rapprochèrent inconsciemment des deux personnes. Une des portes du train était située juste à côté d'eux, ce n'était donc pas trop bizarre pour Izar de s'approcher.

Le père, sa silhouette majestueuse se distinguant du reste de la foule, fixa Izar avec dédain avant de détourner le regard. Mais ce fut quand l'homme posa à nouveau ses yeux sur lui qu'Izar se figea. Sous ce regard gris perçant, Izar se sentit vulnérable pour la première fois depuis longtemps.

Ni McGonagall, ni aucun des autres adultes sur le Chemin de Traverse ne l'avaient jamais fait se sentir aussi vulnérable. L'expression d'Izar se trahit juste un instant avant qu'il ne remette rapidement en place son masque. Plus il restait sous le regard de l'homme et plus il se sentait devenir fort. Cette situation allait être un bon entraînement pour les prochaines fois où d'autres sorciers pourraient lui faire baisser sa garde.

Cer... cet homme blond possédait une pointe de pouvoir et d'allure qu'Izar espérait voir chez tous les sorciers. Quand il avait rencontré McGonagall, il avait été déçu de voir à quel point elle ressemblait à n'importe quelle personne sans pouvoirs magiques. Il avait cru qu'il allait en être ainsi pour n'importe quel sorcier ou sorcière. Néanmoins, Izar remarqua que cet homme était différent des autres. Il n'était pas ordinaire. Il était puissant.

"Un premier année ?" souffla le garçon blond à son père après avoir capter le sujet de son attention.

Izar s'approcha d'eux hâtivement, pour rentrer dans le train et échapper au regard de l'homme. Il les dépassa, en fixant l'homme dans les yeux. Quand il les eut dépassés complètement, il entendit sa voix, une voix grave, profonde et suave.

"Il sera sans aucun doute à Serpentard, Drago. Reste près de lui et aide-le à trouver ses marques à Poudlard."

Les épaules d'Izar s'affaissèrent aussitôt qu'il pénétra dans un compartiment vide. Ecrasant sa nuque contre la porte vitrée du compartiment, il prit une respiration incertaine. Ses mains tremblaient et son coeur battait à tout rompre.

Il ne comprenait pas pourquoi il avait réagi de cette manière. Oui, il se sentait vulnérable et sans défense en présence de l'homme blond, mais il y avait quelque chose de plus. Izar avait presque senti de l'électricité statique autour de l'homme. C'était à la fois semblable à de l'électricité et à un air très lourd. C'était presque comme si Izar avait senti la magie de l'homme. Mais ce n'était pas possible, non ? Même pour des sorciers. Pas vrai ?

Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de sourire. Enfin, il avait vu un vrai sorcier, une vraie aura magique qui différait des gens sans pouvoirs magiques. Izar espérait juste être comme cet homme. Il espérait qu'il n'était pas comme McGonagall ou les autres adultes et enfants ici. Il ne voulait pas être comme les personnes sans pouvoirs magiques, comme ceux de son orphelinat. Rien que l'idée d'être comme eux lui fit battre son coeur plus fort. Il ne voulait pas être ordinaire, mais extraordinaire.

Le train se mit brusquement en marche et Izar s'agrippa à la porte pour retrouver son équilibre. Il respira contre la vitre pour tenter de se calmer. Il était parti pour une nouvelle vie, un nouveau monde, et laissait derrière lui l'horrible orphelinat jusqu'aux vacances d'été.

Un coup sec à la porte le fit se redresser rapidement et il reprit une expression neutre en voyant le garçon blond de l'autre côté de la vitre, accompagné par quelques autres enfants. Avant qu'Izar n'ouvre la porte, il médita sur cette chose délicate qu'était l'amitié.

Il n'avait jamais eu d'amis à l'orphelinat. Il lui avait fallu cinq bonnes années avant de se rendre compte qu'il n'avait besoin de personne d'aussi proche de lui. Il avait vu comment les choses se passaient à l'orphelinat, avait observé les enfants et leurs amitiés. Jamais il n'avait vu d'amitié qui se rapprochait de ce qu'il se figurait être la loyauté. Il y avait toujours un moment où un ami finissait par planter un couteau dans le dos d'un autre, pour gagner en popularité ou autre chose.

C'était la nature humaine de penser et d'agir égoïstement. Pour Izar, l'amitié n'existait pas.

Cependant, il devait prendre une décision par rapport au garçon blond. Peut-être pouvait-il l'utiliser comme un allié et non un ami. Il allait avoir besoin de maintenir le garçon à une distance respectable, et ne compter dessus que pour se tenir informé. A la vue des visages des autres enfants derrière la porte, Izar savait qu'ils étaient en train de penser à la même chose.

A contre coeur, il ouvrit la porte du compartiment, autorisant le petit groupe à rentrer.

"Est-ce que ça te dérange qu'on s'assoie ici ? Tout est complet ailleurs", demanda le garçon d'une voix traînante, en s'asseyant avant même d'y avoir été invité. La fille s'assit près de lui, laissant les deux autres garçons se serrer sur le côté qu'occupait Izar.

Izar jeta un regard à l'autre garçon, se rappelant que son père l'avait appelé Drago. Ce n'était pas un nom commun, néanmoins Izar pouvait se passer d'un tel jugement. Son nom n'était certainement pas traditionnel ou conventionnel non plus.

"Tes lentilles, tu les as eues où ?" demanda la fille, admirative. "Elles sont à couper le souffle."

Izar fronça les sourcils en regardant la fille se pencher vers lui en le fixant avec un intérêt qu'il trouvait gênant. "Mes lentilles ?" Il ne portait ni lunettes, ni lentilles.

"Oui, tes yeux sont d'une couleur incroyable, ce sont forcément des lentilles. Drake, tu les vois ? Elles sont d'un gris argenté sombre avec des reflets verts près des pupilles. Les couleurs de Serpentard. Elles sont géniales, tu les as eues où ?" répéta-t-elle comme s'il était sourd.

"Ce sont mes vrais yeux, mais merci pour le compliment", murmura-t-il d'un air sombre, irrité par son intérêt. Il se tourna vers Drago. Le blond était clairement amusé de l'irritation d'Izar. "Je parie que tu veux aller à Serpentard ?" questionna Izar, fier de se souvenir de ce fait.

Il avait lu L'Histoire de Poudlard après son passage sur le Chemin de Traverse. Il connaissait les quatre Maisons et leurs qualités. Izar espérait secrètement aller à Serpentard. Tout semblait spectaculaire au château et son excitation avait encore grandi en lisant le livre. A présent dans le train en route pour Poudlard, il pouvait à peine contenir son soulagement d'être enfin loin de l'orphelinat et de ses "pairs".

Drago sourit d'un air suffisant. "Je suis déjà à Serpentard. C'est ma deuxième année à l'école. Pansy, Crabbe et Goyle sont aussi en deuxième année. Nos familles ont toujours été à Serpentard depuis des décennies. Et ta famille ?" Avant qu'Izar ne puisse clairement comprendre la question du garçon, Drago continua. "Oh, je m'excuse. Je ne me suis même pas présenté correctement. Je suis Drago Malefoy."

Il tendit une main pâle à Izar. Il la regarda brièvement avant d'avancer sa propre main.

"Izar Harrison", se présenta-t-il en retour.

Avant même qu'il n'ait pu toucher la main de Drago, le blond se ravisa brutalement. Izar cligna les yeux, de la confusion trahissant son masque d'indifférence. Qu'avait-il fait de mal ? Avait-il oublié une bonne manière ? Pourquoi le visage de Drago semblait soudainement agité ? Il n'était dans ce monde que depuis quelques minutes que déjà, il avait fait une erreur.

"Harrison ?" répéta Drago, son expression renfrognée se transformant en un air dégoûté. "Tu es un Sang-de-Bourbe ?"

"Je ne connais pas le terme Sang-de-Bourbe", répéta froidement Izar, qui sentait ses barrières s'ériger à nouveau sous le regard des trop nombreux Serpentards dans le compartiment.

"Evidemment que tu ne le connais pas", appuya Drago, en s'éloignant imperceptiblement d'Izar. "Les Sangs-de-Bourbe, aussi connus comme les sorciers nés moldus, sont élevés dans le monde moldu par des parents moldus." Remarquant le regard vide d'Izar, il laissa échapper un petit rire, ses yeux raillant l'inculture d'Izar.

Izar se sentit aussitôt dévalorisé par ce garçon.

Drago continua sur un ton plus traînant et supérieur. "Les moldus sont les personnes qui n'ont pas de pouvoirs magiques." clarifia-t-il lentement, en prenant bien soin d'insulter l'intelligence d'Izar. "Ce sont les créatures pathétiques de ce monde. Moi, en tant que sorcier de sang pur, je suis supérieur dans le monde des sorciers. Nous n'avons pas une seule goutte de sang moldue dans notre famille. Et toi, en tant que Sang-de-Bourbe, tu n'es que de la pourriture sous mes pieds."

Izar resta assis, hébété, incapable de réaliser que quelque chose comme cela pouvait arriver dans ce monde. Il pensait que tous les sorciers étaient les mêmes...

"Crabbe, Goyle, faites sortir cette pourriture de notre compartiment. Je n'arrive pas à croire que père se soit trompé à ce point."

Avant même qu'Izar ne le réalise, deux mains le saisirent par le bras et l'arrachèrent à son siège. Izar se raidit à ce contact, replongé soudainement à l'orphelinat quand les enfants le brutalisaient. Il se laissa faire quand les deux garçons le sortirent dans le couloir et le poussèrent sur le sol. Izar atterrit sur les genoux et la porte du compartiment claqua derrière lui. Jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule, il aperçut l'expression révoltée sur le visage de Drago avant que les rideaux ne se ferment.

Izar resta à genoux sur ses mains dans le couloir sombre. Aucun étudiant ne s'y trouvait. Il pouvait entendre des voix joyeuses dans les compartiments autour de lui. Il inclina la tête et fixa avec un regard vide le sol tapissé. Il avait finalement un mot pour désigner les personnes sans pouvoirs magiques. Les moldus. Ces enfants à l'orphelinat étaient des moldus, exactement ceux qu'Izar haïssaient. Les moldus... ils les haïssaient tous.

Pourtant, d'après Drago, il n'était pas mieux qu'eux. Izar était né moldu, un enfant né de parents sans pouvoirs magiques. Ces mêmes parents moldus qui l'avaient abandonné dans cet enfer moldu.

Izar siffla entre ses dents serrés et enfonça ses ongles dans le tapis. Ses épaules tremblèrent de rage et de dépit. Il se pouvait que Drago soit plus pur qu'Izar. Et il se pouvait que les sang-purs soient une race supérieure, mais Izar savait une chose. Il allait devenir le meilleur Sang-de-Bourbe que le monde des sorciers n'ait jamais vu. Il allait surpasser Drago en tout et devenir plus puissant encore que n'importe quel sang-pur. Izar n'allait pas se laisser comparer à de répugnants moldus, simplement parce qu'il savait qu'il valait mieux que ces créatures viles, ces créatures ordinaires. Il n'allait pas devenir ordinaire.

"Euh... est-ce que ça va, mec ? Besoin d'aide ?" Une autre main pâle se tendit devant le visage d'Izar.

Ses épaules tremblèrent une nouvelle fois et il redressa lentement la tête pour regarder le garçon roux dans les yeux. C'était un garçon d'à peu près son âge, avec des tâches de rousseur et des robes de seconde main. Il semblait plutôt amical, mais Izar n'était pas dupe. Il pouvait être un sang-pur lui aussi.

Le garçon roux se redressa avec hésitation, sa main retombant fébrilement le long de son corps.

"Non", grogna Izar, en serrant les dents. "Je n'ai pas besoin d'aide. Ni de toi, ni de personne." Il se leva et bouscula le roux au passage.

Pour faire ses preuves, il n'aurait besoin de personne. Ni d'amis. Ni d'aide.

DEATH OF TODAY

Izar avait froid et tremblait légèrement, alors qu'il attendait que le chapeau finisse sa chanson. Malgré son amertume et sa mauvaise humeur, il avait remarqué la beauté de Poudlard. L'école représentait un écrin de chaleur pour les étudiants, bien que les coins obscures possédaient également beaucoup d'allure, assurant une échappée à Izar s'il en avait besoin. Il y avait probablement dans le château plusieurs endroits où il pourrait se cacher pour que personne ne le remarque.

Il était impatient de l'explorer. Il était impatient d'apprendre et devenir le meilleur de sa classe.

La connaissance représentait le pouvoir, non ? De ce qu'en savait Izar, c'était le cas. Plus intelligente était la personne, plus dur cela devenait de la faire tomber. Les gens intelligents étaient difficiles à contrôler. Pour le moment, Izar ne connaissait rien à la politique de ce monde, à la magie, aux sorts et aux gens. Il ne connaissait rien des traditions ou des manières. Il avait énormément à apprendre en sept ans.

Il serra les poings, attendant que McGonagall appelle son nom. Il était parfaitement conscient des yeux posés sur son dos. Il savait qu'ils appartenaient à Drago Malefoy. Mais Izar refusait de laisser le garçon blond l'impressionner à nouveau à l'école.

"Harrison Izar", appela McGonagall d'un ton sec.

Izar fit son chemin à travers les formes figées des premières années. Il grimpa l'escalier en bois et s'approcha du chapeau. Ce qu'il allait en sortir allait changer son avenir à jamais. Il pouvait soit améliorer soit faire empirer les choses. Une Maison était un facteur très important dans la vie de Poudlard. Mais le Choixpeau magique s'y connaissait en matière d'esprit et de caractère. Seul le Choixpeau magique savait dans quelle maison Izar allait se sentir chez lui.

Avant de s'asseoir sur le tabouret, il croisa le regard du directeur. C'était la première fois qu'il regardait vraiment la table des professeurs. Izar marqua une pause, ressentant la même sensation qu'il avait eu avec le père de Drago Malefoy, excepté que cette fois-ci, c'était bien plus fort. Izar déglutit en mesurant la pureté de l'électricité statique et le pouvoir terrifiant qui entourait l'homme. Son regard bleu et gentil scintillait, le faisant paraitre ignorant de son propre pouvoir. Le vieil homme n'était que pur pouvoir.

Izar continua jusqu'au tabouret après que le Directeur lui ait accordé un chaleureux signe de tête. Il devait se ressaisir. Mais malgré la force de sa persuasion intérieure, il ne pouvait empêcher son corps de trembler de par la proximité du vieil l'homme.

Alors qu'il s'asseyait, il repéra une autre paire de yeux noirs qui le regardait. Un autre professeur, avec une allure et un pouvoir similaires au père de Drago Malefoy, était assis au bout de la table des professeurs.

Le chapeau recouvrit ses yeux un instant plus tard.

"Serdaigle !"