Bonjour/Bonsoir à tout le monde !
Quelques petites annonces avant de commencer la publication de cette fanfiction :
1) Si vous êtes lecteur ou lectrice de ma fiction Et que bat, sans cause, ton coeur trop lourd, je ne l'ai pas abandonnée. Cette histoire m'a... forcée à s'écrire, si vous voyez ce que je veux dire. C'est un contretemps dont je m'excuse platement, vraiment. Mais le délai se raccourcira réellement bientôt.
2) C'est ma première vraie fanfiction (longue j'entends) sur Severus et Hermione. J'en ai lu beaucoup, cette idée germait petit à petit et j'imagine qu'elle était mûre. Je n'ai jamais lu d'histoire suivant réellement ce schéma, mais on ne sait jamais... si c'est le cas, je m'en excuse mais je jure qu'il n'y a pas plagia. Je précise qu'ils sont tous deux majeurs dès le début de l'histoire, au cas où.
3) Je n'ai aucune connaissance médicale. Je le précise au cas où : certaines choses seront donc sans doute/peut-être impossibles, et j'en suis désolée. J'ai choisis une ligne de conduite, mais voilà : médicalement, ce sera sans doute la mélasse.
4) J'ai écrit actuellement jusqu'au chapitre 9 (soit 10 en incluant celui-ci) et ce n'est pas fini. Je pense qu'il devrait y avoir une trentaine de chapitres, à vue de nez. Je suis en vacances actuellement mais, en règle générale et surtout jusqu'à fin avril : je dispose de peu de temps. Pour éviter des délais insupportables, je vais commencer par publier un chapitre toutes les deux semaines, le week-end donc : si j'arrive à avancer bien dans l'écriture, je passerai vite à un chapitre par semaine.
5) Je ne possède rien, à part l'ordre des mots et un ou deux OC qui pointent par moment le bout de leur nez. JK Rowling est propriétaire, je loue simplement. Cependant, j'espère que cette histoire vous plaira : je vous souhaite une agréable lecture, espère vous convaincre, et vous demande humblement de me donner votre avis. C'est notre seul salaire !
Je crois n'avoir rien d'autre à dire. (A part que mes N/A ne seront pas toujours un roman pareil).
Je vous souhaite une agréable lecture et, donc, à dans deux semaines.
Bises,
Bergère.
Prélude.
« - Ecoutez, pour le moment, je ne peux pas vous en dire plus. Son système cérébral a été endommagé par l'attaque : ça, c'est une certitude. Mais pour ce qui est du reste, j'avoue que je n'en sais rien.
- Comment ça vous n'en savez rien ?
- Je n'en sais rien. Je ne pas vous dire s'il aura perdu des commandes nerveuses, des souvenirs, je ne peux pas vous le dire. Maintenant, dehors. »
Eberluée de sa propre audace, Erin Bastos regarda sortir la directrice de Poudlard, suivie d'un couple aux cheveux roux et du Ministre de la magie. Elle venait de faire sortir de force deux des personnages les plus importants du monde magique, et cela simplement parce qu'elle était médicomage. Elle n'avait jamais véritablement mesuré l'étendu du pouvoir qu'elle pouvait avoir et ne put réprimer un léger mouvement de satisfaction intérieure en se remémorant l'expression presque boudeuse de Kingsley Shakelbolt.
Restait que le patient qui gisait dans le lit n'était pas une mince affaire. Il avait été sauvé in extremis de la mort, Merlin seul savait comment, et Erin craignait son réveil autant qu'elle l'attendait. Le poison avait déjà commencé à infecter le corps, et il avait perdu beaucoup de cheveux – désormais coupés courts – et surtout, surtout, le diagnostic montrait des liaisons cérébrales. Elle était certaine, quasi-certaine, qu'il s'agissait de la mémoire. Une intuition, ou peut-être une crainte avant tout. Mais comment le prouver ? Et puis elle n'avait aucune envie de devoir lui expliquer tout cela. Au fond, il lui faisait peur. Alors, privé d'une partie de sa mémoire…
Mais c'était sa mission, en tant que soignante. Et un devoir humain : tout cela allait bien au-delà du serment d'Hippocrate, et au-delà même du service dû à un héros de guerre. C'était ce qu'un médecin doit à tout homme qui se trouve malade ou diminué. Il fallait qu'elle oublie qu'il était Severus Rogue. Qu'elle se concentre sur autre chose, sur les soins. Il n'était là que depuis quelques jours. Peut-être y aurait-il régénération… C'était peu probable, réellement, mais enfin.
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« - Je t'aime Hermione.
- Moi aussi je t'aime.
- Tant mieux. »
Ron lui avait embrassé le front, les cheveux, le nez, les lèvres. Et c'avait été doux, terriblement doux. Terriblement bon, aussi, de se laisser aller, de se sentir aimée. De sentir qu'on aime, vraiment, sans arrêt, sans interruption. De sentir la pulsation du désir et de la douceur, et les lèvres douces dans son cou, sur son corps. Dans ces moments-là, tout disparaissait. Même les pires souvenirs.
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Toujours rien. Pas le moindre début de changement : il semblait dormir, sans arrêt, un sommeil assisté et surnaturel, mais un sommeil calme. Ce que les moldus appellent un coma. Et il semblait ne pouvoir s'arrêter, ne pouvoir faire que cela. Elle passait de moins en moins souvent dans cette chambre, et elle espérait de moins en moins de changement. Il était très rare, en médecine du monde magique, que quelqu'un reste inconscient si longtemps. Normalement, on mourait ou on se réveillait rapidement. Il constituait un cas d'école, une exception à la règle. Et si cela continuait, elle irait chercher dans de vieux grimoires des exemples similaires… Car elle voyait anxieusement approcher le jour où on lui demanderait ce qu'il fallait faire de ce corps inerte, et assisté.
D'autant que personne ne pouvait se porter responsable, pas de famille qui put lui ordonner de le laisser partir. Elle serait presque seule, dans cette décision, presque entièrement seule, et c'était singulièrement effrayant. Près de trois mois qu'il dormait. Trois mois. Même les quelques représentants officiels, et autres enseignants de Poudlard, avaient cessé de venir de temps à autres chercher des informations car la réponse était, invariablement : Stable, pas de changement. Faites, pour l'amour de Merlin, faites qu'il se réveille bientôt.
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« - J'ai entendu dire que Rogue était plus mort que vif, chuchota Harry.
- Hein ? Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Ron.
- Tu sais, ils l'ont sorti de la Cabane hurlante, il était…
- Il était mort, Harry, répliqua Hermione d'un air revêche. Alors j'avoue que je ne vois vraiment pas pourquoi tu nous rabâches avec ça.
- Je n'ai même pas eu le temps de rabâcher ! Et laisses-moi finir, s'il-te-plait, je te promets que je ne raconte pas n'importe quoi. Il était soi-disant mort, et nous avons prouvé son innocence, etc. Mais je ne me souviens pas avoir vu son corps, et il n'y a pas eu d'enterrement.
- Et ? s'impatienta Hermione.
- Et bien la dernière fois que je suis allé à Sainte-Mangouste, pour rendre visite à Lavande, je suis passé devant une salle où il y avait… »
Brutalement, la jeune femme se leva, se détachant des bras de son petit-ami, et sortit de la pièce. Les élucubrations de ce genre, elle n'en pouvait plus. Il était mort, un point c'est tout. Il avait été sublime, dans la guerre, extrêmement courageux, et elle faisait partie des rares personnes à qui Harry avait raconté les souvenirs de ce sombre homme. Mais vouloir le faire revenir, c'était comme blasphématoire. Et surtout, c'était dérangeant. Elle ne comprenait pas cette étrange obsession d'Harry pour le retour de cet homme : elle ne voulait surtout jamais, jamais le revoir. Elle ne saurait que dire, que faire, et l'idée même la mettait mal-à-l'aise. Ils lui devaient beaucoup, mais comment lui dire merci ? Et comment s'excuser ?
C'était sans doute de la lâcheté, mais elle ne voulait pas le revoir. Non, surtout pas. Ce serait une sinécure, et douloureux. Très douloureux.
Pourtant, Harry n'avait pas tort, dans le fond… Pas pour l'hôpital, cela, c'était sans doute n'importe quoi – et elle était partie avant qu'il ne propose une petite expédition, comme avant, pour espionner. Mais l'absence de corps et d'enterrement, cela, c'était quelque chose. Si elle en trouvait un jour le courage, elle en parlerait au professeur McGonagall. Un jour.
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Le dernier coma magique de plus de six mois datait de plus d'un siècle. Et la personne ne s'était jamais réveillée. Quant aux récits antérieurs, ils semblaient plus fantastiques que réels, et les histoires de sommeils prolongés sur deux ans puis de réveils soudains la laissaient perplexe : l'un des récits – pourtant écrit par un apothicaire réputé de l'époque – faisait état d'une guérison due au contact avec un vampire, et elle ne relevait même pas les histoires de licornes, les réveils de miraculés qui retrouvaient toutes leurs capacités, les bains d'eau à la chaux et les baisers comme dans les contes de fées.
Autrement dit, elle avait affaire à une situation très spécifique. Peut-être était-ce l'équilibre étrange créé par le poison et l'antipoison qu'il avait toujours dans le sang, en association avec ce qu'ils lui avaient injecté dès qu'il était arrivé. Mais il aurait dû y avoir quelque chose de spécifique. Une rigidification des membres, ou une dilatation des vaisseaux. Mais rien. Rien d'anormal, si ce n'était qu'il dormait.
Elle referma l'ouvrage qu'elle venait de parcourir, et observa pendant quelques minutes son patient silencieux et sage. Il avait déjà été changé de salle, deux fois de suite. Dans des endroits isolés, de plus en plus loin des soins intensifs, parce qu'il n'avait besoin de rien d'autre que du circuit magique qui faisait battre son cœur. Elle était désormais la seule qui devait le surveiller, et plus personne ne venait. Presque 7 mois. Elle était certaine, certaine, qu'il y avait quelque chose. Ce n'était tout de même pas normal, il aurait dû se détériorer, malgré les battements artificiels de son cœur, et il aurait dû évacuer le reste du poison d'une manière ou d'une autre. Il faudrait qu'elle creuse cette piste-là…
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« - Je vais faire des Potions.
- Hein ?
- Quoi ?! »
Les deux garçons avaient parlé en même temps, et la regardaient avec effroi. Elle poussa un long soupir : pourquoi, pourquoi ne pouvaient-ils pas comprendre ? faire la part des choses ? C'était pourtant bien Harry, l'obsédé de Severus Rogue. Et Ron l'homme qui disait voir les choses sous un nouvel angle.
« - Des potions ? Comment ça des potions ? demanda son petit-ami.
- Des potions, comme celles que tu fais dans un chaudron, Ronald !
- J'avais compris, merci. Je voulais dire, se reprit-il en grimaçant, pourquoi ?
- Parce que ça m'intéresse. Ensuite, parce qu'il y a un certain déficit de spécialistes. Après, parce que je pense en être capable. Et ensuite, parce que j'en ai envie. Qu'est-ce que ça a de si choquant ?
- Je ne sais pas… Je te voyais…, commença Ron.
- Médicomage. Ou peut-être à la tête d'une section du Ministère. Pas dans un laboratoire noir et froid, à faire des potions toute la journée…, finit Harry. »
Elle prit une longue inspiration. Ce genre de nouvelle aurait dû être relativement facile à annoncer, pour l'amour de Merlin ! Il s'agissait d'un choix de carrière somme toute plutôt banal, pas d'une déclaration de guerre, et encore moins d'une idée totalement fantaisiste. Ça faisait sens, après tout. Mais il lui semblait que ni l'un ni l'autre ne comprendrait… C'était, sans doute, l'unique véritable problème de sa relation avec Ron : lui et Harry semblaient former une étrange entité d'opinion. Et puis, ils allaient faire le même métier, être ensemble encore plus – moins qu'avec elle, du moins – et enfin ils étaient toujours tous les trois. Presque jamais tous les deux.
« - Un laboratoire ne ressemble pas nécessairement à un cachot, ce serait gentil à vous de vous en souvenir. Et j'aimerais que vous compreniez que je pense qu'avec cette profession-là je peux m'accomplir tout en aidant.
- En aidant ?
- Qui est-ce qui les fait, les potions qu'utilisent les médicomages ? La recherche, c'est pour ma satisfaction personnelle. Et c'est calme, reposant, presque relaxant, une potion.
- Mouais, fit-il avec une moue. C'est comme tu veux hein…
- Par contre, tu vas aller apprendre ça où ? demanda Harry, redevenu sérieux et intéressé.
- Je ne sais pas. Il y a un an de formation universitaire. Après ça, je pense tenter de demander un apprentissage personnel…
- A qui ?
- A Slughorn, malgré tout ce que je peux détester en lui.
- Slug-Slug ?! Hermione, dis-moi que tu me mens ?! s'exclama Ron l'air horrifié
- Non. Il cherche un apprenti, pour prendre à termes le poste à Poudlard aussi, et au moins je sais qu'il est relativement compétent.
- Mais…
- Pas de mais, grogna-t-elle. D'abord, ça n'est pas fait. Ensuite, sache que s'il avait été encore en vie j'aurais tout fait pour pouvoir être l'apprentie de Rogue : je cherche à apprendre, pas apprécier mon professeur !
- Ok, ok. Bah bonne chance…, grommela Harry en retenant une expression de dégoût. »
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Aujourd'hui, elle avait fait quelque chose de terriblement ridicule, et elle en était plutôt fière. Il y avait un an que Severus Rogue, tombé dans l'oubli pour la plupart du grand public, et considéré comme une cause perdue de la médecine, était endormi à Sainte-Mangouste. Un an qu'elle s'occupait de lui, et qu'elle cherchait, lorsqu'elle en avait le temps, une solution. Et, quoique ne le connaissant pas, quoique ne lui ayant jamais parlé, elle se sentait terriblement proche de lui, comme d'un ami. Il l'avait entendue parler de toute sa vie, dans son sommeil, et une part d'elle espérait qu'il s'en souviendrait à son réveil. Car elle voulait croire qu'il se réveillerait. La seule personne dans les yeux de laquelle elle avait lu un peu de compassion véritable, et le même espoir, c'était la directrice de Poudlard.
Mais même Minerva McGonagall n'était pas souvent là, et il lui semblait que seuls les soins qu'elle prodiguait à cet étrange malade retardaient l'échéance, retardaient le jour où l'on viendrait la voir pour lui dire qu'il occupait un lit pour rien. Il fallait que cela attende, elle sentait qu'arrivait la solution, et plus elle cherchait plus il lui semblait toucher, effleurer, la guérison qui ne venait toujours pas.
Aujourd'hui, en tous cas, elle célébrait cette année de vie commune et elle avait amené un gâteau et une bougie dont elle se chargeait seule. Et en mâchant sa part de gâteau au chocolat, elle se demandait pourquoi, au juste, elle ressentait un besoin si pressent de s'attacher à ce patient-ci et sa pathologie complexe. Probablement parce que, sans elle, il n'y aurait personne pour le faire.
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« - Entrez, entrez Miss Granger. Que puis-je pour vous ?
- Voilà, je crois vous en avoir déjà glissé un mot il y a quelques mois, mais j'arrive maintenant au terme de mon cursus… officiel, dirons-nous. Et j'aimerai y ajouter au moins un an de spécialisation pratique. Et je serai honorée si vous me preniez pour assistante… Je ne vous demande pas de réponse maintenant, bien sûr, je vous amène simplement une lettre de motivation et quelques bulletins de notes. »
Précipitamment, elle fit un pas en arrière et s'apprêtait déjà à refermer la porte en sortant lorsque la voix du vieux professeur la rappela. Elle avait mis tout ce qu'elle pouvait de ton flatteur et déférent dans sa demande, et elle voulait absolument qu'il accepte. Mais elle devait avouer avoir oublié son air bonhomme et snobinard, aspects qu'elle n'avait jamais supportés. D'autant qu'il avait l'air terriblement vieilli et fatigué, et que cette silhouette presque émaciée, courbée et ridée, l'inquiétait un peu. Alors elle avait eu envie de partir vite, vite, et de se laisser le temps de se recomposer un visage acceptable. Mais puisqu'il la rappelait, elle avait rassemblé son courage en une longue inspiration qui se voulait discrète et, relevant les yeux, elle se força à sourire en faisant un pas en avant. Si elle allait vraiment travailler avec lui pendant un an, si elle le voulait, il allait falloir laisser une chance à l'homme, et non pas seulement au spécialiste.
« - Voyons, voyons, pourquoi partez-vous si vite ? Restez, Miss. Puis-je vous offrir quelque chose à boire, une tasse de thé ?
- Oh… avec plaisir, parvint-elle à prononcer. Si ça ne dérange pas.
- Mais non voyons ! Et apprenez que je commençais à désespérer de vous voir revenir : je jetterai un œil à ces papiers, mais pour moi, tout est bon ! Vous êtes intéressée par la succession, aussi ? demanda-t-il sur un air badin, en clignant de l'œil.
- Vous voulez dire… Le poste d'enseignant, à termes ? Euh, oui, oui, en effet.
- Vous êtes parfaite pour le rôle alors ! Buvez votre thé, allez, célébrons cette décision ! »
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Par Merlin ! Elle venait d'avoir une idée qui expliquait tout – ou presque tout. Une idée qui impliquait des conséquences assez dangereuses et qui, si elle voulait la mettre en œuvre, demanderait d'elle une grande prise de risque… mais une idée ! La première qui se tienne vraiment depuis qu'elle s'occupait de ce patient étrange. Elle fit une pause, et se forçant à faire retomber l'excitation prit sa veste et partit en direction de la chambre en question. Severus Rogue ne pourrait pas lui donner de réponse, mais elle se sentait incapable de monter un dossier là-dessus sans avoir d'abord la sensation de l'avoir consulté : elle prenait le risque de le tuer, pour de bon. Mais aussi le risque de le sauver. Ce n'était pas n'importe quoi !
En entrant dans la pièce, elle trouva l'habituel lit avec son patient immobile. Oui, elle tenterait le tout pour le tout : l'administration de l'hôpital, tout comme les officiels qui souhaitaient en avoir fini avec ce personnage entre la vie et la mort, tous seraient plus que ravis de lui laisser une chance. Tous espéreraient qu'il n'en réchappe pas, mais enfin, elle y croyait. Et l'incroyance des autres – qu'ils lui cacheraient, mais qu'elle lirait dans leurs yeux – ne pourrait rien y changer. Cet homme était extraordinaire, pourquoi ne reviendrait-il pas d'un immense sommeil d'une manière inhabituelle ?
« - Je crois bien que je vais vous sortir de là ! Et vous serez une fois encore imprévisible, je n'en doute pas, murmura-t-elle avant de ressortir en trombe. »
Elle devait tout préparer, rendre le dossier plausible, pour pouvoir le présenter sans qu'il n'y ait de faille.
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« - Non, non, vous vous y prenez mal. Il faudrait mettre les achillées sur la table d'abord, elles ont besoin d'être aérées quelques minutes avant d'être hachées !
- Mais vous m'aviez dit…
- Ce n'est pas la même potion ! Un même produit peut être préparé d'une infinité de manières différentes, expliqua-t-il d'un ton de plus en plus calme.
- Vrai. Excusez-moi, murmura-t-elle, mortifiée. »
Cela faisait un peu plus d'un mois qu'elle avait commencé son apprentissage avec pour enseignant Horace Slughorn. L'homme était étonnant, et étrange : plus exigeant qu'elle ne l'aurait cru, et parfois terriblement sec. Mais changeant sans arrêt :
« - Dites-moi, avez-vous des questions ? Je ne voudrais pas vous perdre : vous comprenez vite, j'ai tendance à être très exigeant.
- Oh, non, ça va. Je noterai simplement tout cela lorsque la potion sera stable, répondit-elle en plissant les yeux pour se souvenir de l'ingrédient suivent. Oh, le lézard !
- Très juste. Votre potion d'oubli sera une merveille !
- Pourquoi ne pas utiliser un simple sort d'oubliettes ? interrogea-t-elle.
- Toujours curieuse ! taquina-t-il d'un ton qu'elle trouvait insupportablement paternel. L'oubli est ici momentané, le sort d'oubliettes et, finalement, plus dangereux…
- Je vois… »
Elle progressait, elle en était sûre. Et même si son professeur n'était pas forcément très agréable, pour ne pas dire franchement agaçant avec son snobisme infini et son éternel besoin de présents et de reconnaissance, elle lui serait reconnaissante lorsqu'il lui aurait permis de finir ses études avec brio. Et lorsqu'il cesserait, pour l'amour de Merlin, de raconter des anecdotes sur tous les hommes et femmes haut-placés qu'il avait connus : elle n'en avait strictement rien à faire, et avait parfois une envie irrésistible de le faire taire. Les jours les plus durs, elle en venait à se demander si ce n'aurait pas été plus facile avec Severus Rogue. Ces jours-là, elle sentait qu'il lui faudrait passer une bonne soirée avec Ron et Harry, se remettre les idées en place.
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L'autorisation avait été donnée. Et la petite salle était inhabituellement remplie : Minerva McGonagall, Kingsley Shacklebolt, la directrice de l'hôpital Martha Johnson, ainsi que deux stagiaires qui avaient obtenu l'autorisation d'assister à cette expérience de médecine. Elle préférait honnêtement ne pas savoir ce que pensaient, ce qu'espéraient, ces quelques personnes : certains devait s'imaginer que cela fait on pourrait résoudre complètement le cas de Severus Rogue, qu'il mourrait paisiblement en perdant l'usage de ses forces vitales entretenues artificiellement, et qu'on pourrait l'enterrer en héros sans avoir à poser de questions embarrassantes.
Pour elle, cependant, l'objectif était de voir ses yeux s'ouvrir. De l'observer regarder autour de lui, toussoter, s'endormir. Dormir. Mais d'un sommeil humain, naturel et réparateur. Après quoi elle pourrait le remettre sur pied, lui permettre de reprendre sa vie. Tant pis pour le passé, tant pis pour ses actions et ses haines, elle le forcerait à reprendre le cours de sa vie s'il le fallait !
« - Bon…, murmura-t-elle. Eh bien, c'est parti. »
Prenant une longue inspiration, elle pointa sa baguette sur le malade et, lentement, fit disparaître l'assistance respiratoire et cardiaque qui le maintenait en vie – et, selon elle, endormi. Alors, tout se passa très vite. A un étrange silence, succéda comme un brusque tremblement : le corps entier du patient fut secoué d'un spasme et il tomba presque sur le côté en vomissant une substance jaunâtre, presque transparente. Puis il retomba sur le lit avec une respiration saccadée et laborieuse… mais une respiration tout de même. Et alors que tous les autres conservaient leur expression ébahie, elle se précipita au chevet du malade pour vérifier ses forces vitales. Un rapide examen lui confirma qu'il vivait, qu'il respirait. Que tout se remettait en place, lentement. Il était épuisé, et il faudrait lui donner une série de compléments de toutes sortes. Mais il avait quitté son sommeil de princesse de conte de fée. Il revenait à la vie.
Elle fit face à tous les autres avec un large sourire et déclara en nettoyant qu'il fallait laisser la pièce aussi vide et stérile que possible pour ne pas déranger un patient à nouveau aux prises avec les réalités de la vie : les expressions figées qui lui répondirent faillirent parvenir à la refroidir, mais sa joie ne parvint pas à retomber. Et ils sortirent un à un, chacun s'enfuyant vers ses attributions habituelles. Seule Minerva McGonagall déclara qu'elle resterait encore quelques heures, au cas où il se réveillerait à nouveau, afin de prendre l'exacte mesure de son état.
Et il s'éveilla en effet. Lentement, il observa ce qui l'entourait, accepta l'eau qu'on lui tendait. Il lui demanda qui il était, où il était. Tout cela très tranquillement, avec un sorte de distance comme surréelle. Alors Erin laissa entrer la directrice, qui s'approcha doucement : elle adressa un sourire soulagé, sincèrement, à l'homme émacié dans son lit blanc, et alla jusqu'au bord du lit.
« - Bonjour, Severus.
- Bonjour. Qui êtes-vous ?
- Minerva McGonagall.
- Ah ? Nous nous sommes déjà rencontrés ? »