Bonjour à vous chers lecteurs.

Voici ma première fic postée sur ff. Mais ce n'est pas la première que j'écris, hein.

Titre : Doublement blond

Disclaimer : Tout est à JKR

Rating : M / NC 17

Paring : Harry/Draco

Note : Ne tient pas compte de l'histoire originale d'Harry Potter. Les évènements en lien avec Voldemort durant la scolarité d'Harry ne se sont jamais passés.

Un des personnages se nomme Henry. A lire plutôt à l'anglaise et non à la française.

Résumé : Draco Malfoy n'est pas fils unique. Il a un frère, Henry. Depuis son dix-septième anniversaire, il n'arrive plus à le voir comme avant. Il ne sait pas ce qu'il se passe, ni pourquoi il rêve du passé avec un garçon brun et non blond. Quant à Henry, sa vie va prendre un brusque changement la veille de la rentrée scolaire. Pourquoi ce flash vert devant ses yeux et ce cri horrible de femme ? Potter ? Aucun survivant.


Le reflet du passé

Une surface lisse et froide. Il y a un éclat en haut à droite qui persiste un peu trop. Je crois que je suis un peu ébloui. Alors je détourne le regard. Mais je regrette vite mon geste. Car je ne peux plus faire fi de ma main posée sur le verre glacial. Car je ne peux plus faire comme si je ne voyais rien. Il est là, face à moi. Je ne peux empêcher mon corps de frémir en croisant son regard. Ces prunelles grises, vides. Je cligne des yeux. Il y a des cils blonds qui me voilent cette vision l'espace d'une frêle seconde. Pourtant je ressens une éternité dans ce battement de cils. Un peu comme le souvenir d'un rêve euphorique au réveil. Mais la réalité me revient en pleine face. Il est toujours là. Il le sera toujours de toute façon. Je tente vainement de l'amadouer par un faible sourire. Sauf que je vois bien que le sien est faux. J'essaye de me convaincre de quoi ? Que le passé n'est pas perdu ? Futilité. Je ne suis plus un enfant. Et lui encore moins. Ce reflet qui me défit de toute sa hauteur a bien grandi.

Mes doigts glissent sur le miroir de mon passé et frôlent son visage. Où est passé sa chaleur qui me rassurait ? Figée dans ce passé trop près de moi. Ce passé qui entre brusquement dans la salle de bain, brisant mon reflet d'une remarque cinglante. Je détourne aussitôt le regard. Mon miroir vient d'éclater. Comme il sait si bien le faire depuis plusieurs mois. J'ose à peine le regarder en face. J'ai bien trop peur de l'affronter. J'ai bien trop peur d'y voir mon pire côté. Celui que je pourrai devenir.

Un coup de coude dans les côtes me fait grimacer. Les reflets sont parfois impitoyables. Ils vous renvoient ce que vous pouvez être de pire sur terre.

- Dégage !

Et leurs mots, leurs regards sont pires que des lames tranchantes sur votre peau. Mais pour moi, il n'y a qu'un seul reflet qui me fait mal.

- Casse-toi !

Mon pire reflet est celui que je ne pourrais jamais contrôler. Celui qui me demande de m'éloigner de lui. Celui qui me fusille de ses iris orages. Est-ce que moi aussi je peux déclencher une tempête d'un simple battement de cils ? Mais la porte qui se ferme devant moi coupe court à mes questionnements. Je dois penser à m'habiller. Sans vraiment réfléchir, j'enfile mes habits. Un pantalon noir, un t-shirt gris… je ne me regarde même pas dans le grand miroir qui se trouve dans mon dos. J'en ai assez vu pour aujourd'hui. Je ne veux pas affronter une nouvelle bataille avec mon reflet. Je veux juste être tranquille… juste le temps qu'il finisse de se préparer.

Je passe rapidement une main dans mes cheveux et descends dans la salle à manger. Il y a déjà des voix qui s'élèvent. Mes parents prennent déjà leur petit-déjeuner. Lorsque je passe la porte de la pièce, ce sont deux têtes blondes qui se tournent vers moi. Ma mère a un grand sourire. Mais quand son regard se pose derrière moi et ne rencontre personne, je remarque bien la déception qu'elle tente de camoufler.

- Henry ! se reprend-elle. Déjà prêt ?

- Oui mère.

Je m'avance vers elle et pose un baiser sur une de ses joues chaudes. Ça me rassure un peu de savoir qu'au moins elle, elle n'a pas changé. Je m'assois à ses côtés et me sers un jus de citrouille. Mes parents reprennent leur discussion, tandis qu'un elfe de maison m'apporte mon petit-déjeuner. Je pourrais presque croire que tout va bien, que tout est normal. Sauf que la place vide en face de moi ne peut pas me mentir. Mon reflet n'est pas là. Le miroir du passé n'existe plus.

- Henry ?

Je me tourne vers mon père qui vient de m'interpeller.

- Nous passerons en premier chez ton parrain. Tu iras faire tes achats après.

- Bien père.

De toute façon, je le savais déjà.

- Nous t'attendrons, enchaîne ma mère avec un sourire chaleureux.

- Et pourquoi ? demande brusquement une voix froide, près de la porte. Je ne vois pas pourquoi je devrais l'attendre. Il n'a qu'à être avec nous.

Le voila, ce reflet qui ne me ressemble plus. Une image floue qui m'effraie un peu plus chaque jour. Des cheveux aussi blonds que les miens, mais un peu plus longs. Des yeux gris, mais bien plus froids que les miens. Un corps de même taille, mais légèrement plus musclé que le mien. Un miroir rempli d'exactitudes à quelques détails près. Et pourtant… pourtant je ne me reconnais plus. Cette image de moi s'avance vers nous. Et alors qu'autrefois elle m'aurait fait face avec un immense sourire, elle s'assoit à côté de notre mère, sans un regard pour moi.

- Il n'a qu'à y aller après, reprend-il tout en se servant un jus de citrouille.

Pourtant, dans ses gestes, j'ai parfois l'impression qu'il n'a pas changé.

- Draco !

Notre père vient d'élever la voix, imposant un silence.

- J'irais chez Sévérus avec Henry. Et tu l'attendras avec ta mère pour faire vos achats de rentrée scolaire.

L'ordre vient d'être donné et tout le monde sait qu'il n'est pas négociable.

oOo

C'est la première fois que je vais chez Sévérus avant la rentrée sans Draco. C'est étrange. Il me manque quelque chose… enfin… quelqu'un. La main sur mon épaule ne ressemble pas à celle qui se logeait dans la mienne. Je crois que c'est la première fois qu'il me manque autant. Je crois que je préfèrerai même qu'il soit présent et méchant, plutôt que vivre encore une seconde ici sans lui. Mais je ne dois pas me faire d'illusion. Les rêves sont pour les enfants et je n'en suis plus un. Tout comme les caprices.

- Sévérus.

- Lucius. Henry.

- Parrain.

Le vieux film de la pré-rentrée vient de commencer. Je sais déjà ce qu'il va se passer, ce qu'il va se dire et comment cela va se terminer. Sévérus va aller chercher plusieurs fioles dans une armoire. Quatre exactement. Une pour chaque semaine. Des fioles rectangulaires avec un liquide semblable à du mercure. Puis il va y avoir le discours. Une goutte chaque matin au petit-déjeuner. Ne jamais l'oublier. Ne pas en donner à qui que se soit. En cas d'oubli, aller voir Sévérus de toute urgence et se préparer à une mort certaine – ou plutôt un bon sermon. Ne pas jeter de sorts inutilement. En cas de fatigue, ne pas forcer. Enfin… les recommandations habituelles. De toute façon, je n'écoute pas vraiment. Je serre juste ma main vide, tentant d'oublier la chaleur absente.

J'attrape les fioles et les range soigneusement dans mon sac. Puis je salue mon parrain que je revois demain et mon père nous emmène au chemin de traverse. Ça grouille de monde, comme à chaque veille de rentrée scolaire. Mais comme un sixième sens, je repère aussitôt la main qui devrait se tenir dans la mienne. Elle est posée contre un mur et est face à une fille. Draco semble en pleine séance de drague. Par chance, notre arrivée et le regard de mon père en direction de la jeune fille oblige mon frère à stopper son activité.

- C'est pas trop tôt, me lance-t-il, comme s'il me reprochait d'être ce que je suis. Mère, j'ai besoin de nouvelles robes. Allons chez Madame Guipure.

D'un mouvement qui me rappelle un peu trop notre parrain, il nous tourne le dos et s'engage dans la foule. Autrefois, ce geste m'aurait fait rire. Autrefois…

Le reste de la journée s'écoule à une lenteur non feinte. Draco monopolise l'attention de nos parents. Il veut des nouvelles robes. Il veut un nouveau balai et de nouvelles lunettes pour le Quidditch. Il veut de nouvelles bottes en peau de dragon. Et moi je veux juste récupérer mes livres pour la nouvelle année, un peu d'encre et une plume. Le reste, à quoi cela me servirait-il ? Je n'ai pas le droit de faire du Quidditch, je ne peux pas lancer de sorts trop puissants, je suis nul en potions – au grand dam de mon parrain – et je viens de fêter mon seizième anniversaire il y a peu, ce qui m'a valu d'être gâté en livres et affaires diverses. Je n'ai besoin de rien de plus que ce que j'ai déjà. Mais ce n'est pas l'avis de mon frère qui nous traîne cette fois chez l'apothicaire Slug et Jiggers.

- En fait je voudrais travailler sur certaines potions de cette année. Et j'ai vu dans votre réserve, père, qu'il vous manquait des œufs de doxy, de la bile de tatou et des vers marins.

J'avoue que je n'ai pas vraiment écouté après le mot potion. De toute façon, mon père refuse que je fasse des potions au manoir. Je n'ai le droit que de regarder. C'est bien la seule chose qui m'est toujours autorisée. Etre spectateur de ce qui m'entoure est devenu ma seconde nature. Sauf qu'auparavant, c'était différent. Parce qu'il y avait mon reflet qui faisait tout pour que je ne sois pas qu'un simple observateur. Ses mots, ses regards, ses gestes… tout m'était destiné afin que je puisse vivre les expériences interdites par mon père. Je me souviens encore lorsqu'il volait sur son balai. Il avait un immense sourire qui me donnait des ailes. Et parfois, en cachette, il me prenait derrière lui et je pouvais goûter à cette sensation de liberté. Je crois que ce sont ces petits moments de complicité qui me manquent le plus en ce moment.

- Sévérus m'a dit que c'était mieux de l'écraser.

Je soupire en regardant une étagère où trônent des griffes de je ne sais quelle bestiole.

- Tu es fatigué Henry ? me demande ma mère doucement.

Je lui souris et secoue la tête.

- Je préfèrerai juste être dans ma chambre en train de préparer mes affaires pour demain.

Je crois après ça qu'il a fallu repasser chez Madame Guipure avant de finalement rentrer au manoir. Ma pire veille de rentrée. Car au final, c'est comme si Draco n'avait pas été là.


Alors que pensez-vous de ce premier chapitre ?