Dæmonic

Quand cesseras-tu donc de me voler, démon ?

Je me sens plus dépouiller que jamais sous ton regard de braise, dans tes mains de félon. Vivre avec toi, élever ton cœur et tes ardeurs seraient synonyme d'abandon de mon humanité car, sans aucun doute, tu finiras par me détruire.

Et pourtant, malgré la conscience des pertes à venir, je sais désormais que c'est l'existence à la quelle j'aspire.

Je ne peux m'imaginer marcher dans une rue où je ne pourrais te trouver au bout. Ni respirer un air qui serait différent de celui que tu respires à ton tour. Ni même porter un autre cœur que le tien. Maintenant que je t'ai connu, je peux gager que je ne voudrais pas d'autre douceur que ta brutalité, pas d'autre vérité que tes mensonges, pas d'autre amour que le peu que tu me promets.

Alors vois-tu, Sasuke, j'accepte tout de toi: ta pitoyable existence comme tu l'appelles, ainsi que le soin de ton cœur de pierre. Et j'accueille à bras ouvert les promesses de ta fidélité et de ton dévouement. J'accepte aussi tout ce que tu ne dis pas et tout ce tu me diras bientôt.

Je comprend bien maintenant.

Autrefois, écrire ces mots-là sur papier - bien cachés des regards dans mon journal - m'aurait soulagé. Mais désormais, ils n'ont de sens que si tu les sais et moi, je ne peux plus trouver de repos dans ces pages discrètes: j'aspires à crier.

Je veux te toucher, sentir ta peau glisser sur la mienne, goûter tes lèvres, écouter ton cœur battre en rythme avec le mien. Je veux te voir tous les jours, toutes les nuits aussi. Sois-en sûr: je n'aspire qu'à toi...

Ton souffle tiède effleure ma nuque alors que tu lis par-dessus mon épaule. Je te sens sourire même. Je le sais: tu t'es encore joué de moi. Mais cela ne me fait plus ni chaud ni froid.

Je comprends maintenant que rien n'était innocent dans tes mots. Tu souhaitais que je prenne conscience de cette réalité qui a toujours été pour toi qu'une évidence. Cet accord tacite de notre appartenance.

Depuis notre première rencontre déjà...

Tu as été mien dès que j'ai tenu ton cœur dans ma main. Et moi, je suis tien depuis que ma vie coule dans tes veines.

Et ce, jusqu'à ce que l'on sombre. Ensemble. Dans l'éternité.