« Saru… » je râle, avant de taper son crâne du plat de ma main – et à son grognement, ça a eu l'effet escompter. « Ça vient de sonner. »

Il ne répond pas. Du genre « laisse-moi-tranquille-je-veux-continue-ma-sieste ». Je soupire, avant de me rassoir, finalement – je crois que la pause va sauter, pour moi. Pas que je sois rattacher à ce point à Saruhiko, hein ? Fin… j'ai pas trop envie de rester avec quelqu'un d'autre. Pas pour l'instant. Et puis, au pire, on est au chaud, ici.

Je passe ma main dans son dos, un peu plus délicatement, cette fois-ci. Pour remonter jusqu'à ses cheveux, et me rapprocher de son oreille.

« Tu t'sens mal ? »

« Dégage… »

… que j'ai envie de le frapper, quand il me réplique ça sur ce ton. Je serre les dents pour passer outre cette envie. Je vais éviter de le cogner en classe, hein ? Vaut mieux, je pense. Surtout que le prof nous autorise à rester, et qu'en cas, on pourrait se faire jarter à chaque inter-cours, maintenant. Enfin, moi, ça ne me dérangerait pas, mais…

« J'pense que j'vais te laisser, ouais, » je finis par rétorquer, agacé – mais à peine mes fesses quittent la chaise, que sa main attrape ma chemise un peu brutalement, m'y refaisant tomber fissa. Pour quelqu'un d'endormi, du moins, je trouve ça brusque. Et précis. Je grimace, l'obligeant à me lâcher.

« Arrête de faire ta petite nature, Misaki… »

« Je fais ce que je veux. »

« Alors pourquoi tu es encore là ? »

« … parce que tu me retiens, peut-être ? » je lâche, énervé. Peut-être un peu blessé. Oui, bon, j'dois admettre que ce genre de comportement ne me plaît pas spécialement – je veux dire, qu'il m'envoie… paitre de cette manière. Mais apparemment, ma remarque l'a réveillé – du moins, assez pour qu'il daigne lever la tête. Et passer une main sur son visage, glissant ses doigts dans sa frange en vrac. Avant de se tourner vers moi.

Putain. C'est toujours perturbant, de le voir dans ses lunettes – parce que ça lui dégage un certain charme, que… j'sais pas. Ça rend ses traits plus délicats, harmonieux. Même s'il a quand même une tête à lunette.

« Hn… » Il se redresse, avant de jeter un coup d'œil dans la classe – et excepté un groupe de fille devant, personne. Oui, bon, j'ai pas besoin de regarder pour savoir – et je ne regarderai pas, de toute manière. N-non pas que je préfère m'attarder sur le visage de- « Misaki ? »

Je fronce les sourcils – parce que non, définitivement, je n'aime pas qu'il m'appelle comme ça. Même si ça passe par-dessus sa tête mal coiffée. Ça fait vraiment sorti du lit, quand on y pense.

Mais il ne m'autorise pas à penser davantage sur sa tronche ou aut' chose, non – il se penche sur moi, trop près de moi. Et peut-être est-ce qu'il a pu entendre mon cœur manquer un bond quand ses lèvres sont venues se joindre aux miennes ? J'en sais rien. En tout cas, il en voit bien le résultat. Des joues très probablement pivoines. Ou peut-être pire que ça.

Je me rétracte légèrement, détournant le regard. Et lui, son éternel soupir.

Je n'ai jamais détesté, ce genre d'attention. En fait, j'en ai jamais réellement compris la signification – juste que je préfère abréger, avant que ça ne tourne comme dans les séries télévisées. Juste un contact entre nos lèvres, rien de plus. Et je pense qu'il s'y est habitué, vu qu'aujourd'hui, je n'ai pas eu besoin de le repousser.

N'allons pas dire que ce soit un quelconque sentiment d'amour, hein – je pense pas. Pas de son côté, en tout cas. Non, c'est… ah, putain, j'en sais rien, moi.

« Euh… tu veux passer à la maison, ce soir ? Mes parents sortent. »

« Pour quoi faire ? »

« … parler. Je pense qu'on… qu'on en a besoin. »

Cette fois-ci, il a un léger sourire. Moqueur.

« Parler ? T'es sûr que c'est pour ça ? »

« T-te fous pas d'ma gueule ! J'pense vraiment qu'on devrait parl- »

« Comme tu veux. »

J'ouvre la bouche pour protester – avant de la refermer directement. Et de sentir une sacrée bouffée de chaleur me grimper aux joues.

« J'préférais quand tu dormais, j'crois, » je maugrée, croisant les bras. Avant de fixer ma trousse.

« T'avais qu'à pas m'réveiller. » Et de le fixer de nouveau, sourcils froncés. Cependant, il passe juste une main dans ses cheveux, avant de remettre les lunettes sur son nez. « Juste après les cours ? »

… je me mords la lèvre, avant de baisser les yeux. Bien sûr qu'on allait parler, mais qu'est-ce que j'allais lui dire, au juste ? J'ai rien prévu… mais genre, rien du tout. Et je me sens mal de lui sortir de but en blanc « ces baisers, faudrait y trouver une raison, » ou je ne sais quoi d'autres.

Au pire, on n'en parlera tout simplement pas ? On fera autre chose. On passera une soirée entre nous. Lui et moi. J'ai un léger sourire à cette pensée, avant que la sonnerie ne me fasse sursauter.

« Ah, euh… ouais. T'as un truc à faire ? »

« Non. »


On est rentrés chez moi – et comme prévu, la maison est vide. Juste en balançant mon sac dans un coin, ôtant mes chaussures dans mon élan, je me dirige vers la télé, m'agenouillant pour allumer la console.

« Ça fait une éternité qu'on n'a pas joué ensemble ! » je dis, avant de me tourner vers lui, lui tendant une manette. « J'espère qu't'as pas perdu la main, hein ? Tu veux un truc à boire ? »

Il me regarde, juste… un peu étonné ? Mais il ne me répond pas – il prend juste la manette, avant de s'assoir sur le canapé. Bah, peut-être qu'il s'attendait à ce qu'on parle directement ? Je préfèrerais presque qu'il oublie ça, en fait. Rien qu'à y penser, j'ai le cœur qui bat un peu fort, sous la nervosité. Nervosité qui n'a pas lieu d'être, hein ?

« Comme tu veux, » je rétorque, avant de m'installer à côté de lui. Et de lancer le jeu – un jeu de combat en versus. « Pourquoi tu prends toujours une fille, au juste ? » je grogne, tandis qu'il valide son personnage – une fille pas très habillée, et à la poitrine bien… bien fait, disons.

« Parce que c'est amusant de te voir perturbé par un simple avatar. »

« … très drôle. »

« J'peux te perturber autrement aussi, apparemment. »

« Hein ? »

Il m'enlève la manette des mains, avant de la poser sur la table basse. Et à peine je fais un mouvement pour la récupérer, que son bras me bloque net.

« C'est pas ça, que je veux faire. »

Il pose la sienne avec – et je regarde sur l'écran, le temps qui s'écoule, sans que nos deux personnages ne bougent. Avant de me concentrer sur Saru. Dont l'expression calme ne me rassure pas plus que ça, en fait.

« Ca va faire un draw… » je murmure, alors qu'il esquisse une grimace agacée.

« Tu voulais parler, non ? »

« C'est pas pressé. »

Il pousse un long soupir, avant de se pencher sur la table. Et d'attraper les deux manettes – dont l'une atterrit sur mes genoux.

« Ok. Si je gagne, j'ai le droit de te faire ce que je veux. Si tu gagnes, la même, mais de ton côté. »

« Qu- »

Mais c'est en sentant la manette vibrer du coup que mon personnage vient se recevoir, que je m'interromps, prenant la manette en main pour riposter. C'est quoi ce délire qu'il a, au juste ? Qu'il me fasse ce qu'il veut ? Ou l'inverse ? C'est mon estomac, qui se serre sous la nervosité. Pourquoi il veut faire ça ? Et surtout, jusqu'à où serait-il capable d'aller ? Non. Non. Qu'est-ce que je m'imagine, hein ?

Je grimace, harcelant les pauvres boutons de la manette – m'enfin, elle a dû connaître pire, elle. Avant de me détendre, en achevant Saruhiko d'un coup d'épée dans le ventre. Dans le jeu, bien entendu.

« C'est trop facile, » je grommelle, tandis que l'annonce de ma première victoire se fait à l'écran. Second round. Je jette un regard à mon ami, dont les yeux ne quittent pas l'écran. Il est totalement détendu, aussi. Qu'est-ce qu'il mijote, au juste ? « J'vais pas t'laisser gagner, hein ? »

« T'as une idée de ce que tu vas me faire, au moins ? » J'ouvre la bouche, sans vraiment trop savoir répondre. J'admets que… non, je ne vois pas trop ce que je pourrais lui faire. Lui couper les cheveux, peut-être. « Misaki. »

« Mh. »

Je sors de mes pensées, avant de valider le début du second round – et comme prévu, je l'emporte sans gros problèmes.

« Ça va pas être marrant, si je gagne à chaque fois, » je lâche avec un sourire, avant de lui ôter ses lunettes – un geste qu'il accueille d'une grimace agacée. « Merde, j'y vois vraiment rien avec tes binocles. » Il ne répond pas. Je les enlève, avant de me tourner vers lui – et de froncer les sourcils. « Pourquoi tu portes pas de lentilles ? »

« Pourquoi j'en porterais ? »

Je hausse les épaules, avant de lui rendre sa paire de lunettes. Et qu'il n'en profite pour m'attraper le poignet, m'attirant brutalement contre lui – et je grimace en entendant ma manette tomber sur le sol. Alors que lui, il continue de jouer. Tout seul ?

« Hé, tu triches ! »

« Tu l'as dit toi-même, c'est pas marrant, si tu gagnes à chaque fois. »

« C'est pas marrant de tricher non plus ! »

« Mauvais joueur. »

« … dit celui qui triche, » je m'offusque, en voyant mon personnage se faire laminer dans un « perfect », avant qu'il ne me libère. Je me redresse, tant bien que mal, pour ramasser ma précieuse manette. « Ah, imbécile, c'est quand même fragile ! »

« Mmh. »

Je lui envoie mon coude dans les côtes, avant de revenir au jeu – dont le second round se prépare doucement. Il a choisi une fille pour me déstabiliser, hein ? C'est pas la première fois, qu'il me fait le coup. Et ça n'a jamais marché. Faut pas abuser… on va dire. Et encore une fois, je le pousse au KO. Et je le pousse aussi à me faire un claquement de langue pas rassurant. J'veux dire, y'a le niveau agacé, et le niveau très agacé.

« T'es chiant, Misaki… »

Cette fois-ci, il m'arrache la manette des mains.

« Que- »

Mais contrairement à ce que je pensais, il la pose sur la table, encore une fois. Ainsi que la sienne.

« Bon. J'ai pas envie de perdre mon temps, en fait. »

« Hé ? »

« Pourquoi tu as voulu que je vienne ? »

Je ne réponds pas. En fait, la seule réponse que je lui donne, ce sont mes joues d'une sacrée couleur rouge. Pourquoi je voulais qu'il vienne ? Pour éclaircir cette histoire. Peut-être… autre chose. J'en sais rien.

« J'pensais… ça t'f'rait plaisir, qu'on joue un peu. Ensemble, » je râle, détournant le regard. « On aurait pu parler après. »

« Je suis tombé amoureux de toi, Misaki. »

… mon cœur a manqué un bond. Et j'ai l'impression que mon cerveau s'est fait totalement gazé. Comment je dois le prendre ? J'admets que mes raisons de lui parler se rapprochaient de ça, mais…

Est-ce que je peux lui dire que moi aussi ? Juste… comme ça ?

J'ai un léger sourire. Peut-être était-ce le déclic qu'il manquait ? J'en sais rien. Je me penche juste vers lui, prenant mon courage à deux mains (ou son visage, tiens), avant de l'embrasser tendrement. Comme il m'a déjà fait. Mais cette fois-ci, ça a un goût différent. Et je sais que ce n'est pas sans raison, cette fois-ci. Enfin… j'espère.

« Et si t'ouvrais la bouche, un peu ? »

… je grimace, avant de me détourner de lui, le feu aux joues. Et de désigner l'écran du menton.

« On… on a pas fini. »

C'est tout ce que je trouve à dire, au final. De toute manière, la suite dépendra de qui gagnera, n'est-ce pas ?


Bon, c'est un peu niais je sais pas quoi. J'aimais bien la première partie mais la seconde je sais pas. Et c'est une fanfiction je pense, que je mettrais à jour de temps en temps. Avec l'évolution de leur relation en couple, jusqu'à l'arrivée de Mikoto-san uwu Et que tout se fracasse owi. On verra bien !