– Henry!, s'écrièrent en chœur Emma et Regina, tandis que Charming et Snow White, comme saisis par ce qu'ils venaient tout juste d'apprendre, essayaient tant bien que mal de tout assimiler.

D'un geste de la main n'impliquant pas la moindre once de magie, Regina fit comprendre à Emma qu'elle souhaitait s'occuper elle-même du sort d'Henry. Après tout, c'était, pour elle, une occasion comme une autre de tenter de fuir au plus vite les risques d'une éventuelle explosion colérique de la part de ses deux plus sincères ennemis. Car peu importait les pouvoirs qu'elle avait en ses mains, elle savait très bien qu'elle ne pouvait pas lutter contre l'incommensurable rage d'un père et d'une mère aussi soudés que Charming et Snow White. De plus, comme elle ne cessait de le dire depuis des mois, elle était celle qui s'était occupée d'Henry depuis le début, avec tout ce que cela impliquait. Somme toute, même si elle souhaitait qu'Emma fît partie de la vie d'Henry en raison de leur situation si particulière, elle se considérait comme sa véritable mère. Peu importait ce que l'enfant se plaisait à dire, c'était elle qui avait changé ses couches, qui avait sacrifié des nuits par centaines sous prétexte qu'il fît ses dents ou qu'il fît des cauchemars tous aussi farfelus les uns que les autres, qui avait subi tous ses caprices d'enfant-roi, qui avait pris en charge sa si précieuse scolarité et qui l'avait chéri comme jamais sa propre mère ne l'avait chérie par le passé. Ainsi, sans pour autant remettre en cause la position d'Emma par rapport à son fils, qu'elle voyait à présent comme leur fils, puisqu'elle souhaitait plus que tout au monde qu'ils formassent tous les trois une famille aussi merveilleuse qu'originale, elle trouvait bon d'être celle qui allait prendre l'initiative de raisonner Henry vis-à-vis de leur nouvelle situation.

Même si, elle aussi, voulait faire de son mieux pour expliquer à l'enfant ce qu'il en était réellement, Emma accepta, sans prendre le temps d'y réfléchir à deux fois, le choix de Regina, d'autant plus que cela lui permit de mieux canaliser les réactions de ses parents biologiques. Car, elle le sentait au plus profond de son être: leur silence ne présageait rien de bon. Cependant, dans le fond, Emma était prête à définitivement tirer un trait sur eux si jamais ils avaient le malheur de s'opposer à cette si douce relation. Après tout, ce n'était pas comme si elle avait eu le temps de tisser des liens véritablement solides avec eux lorsqu'ils vivaient tous ensemble à Storybrooke. Au contraire, bien qu'elle s'était sentie relativement proche de Mary Margaret Blanchard en raison des circonstances qui avaient rapidement fait d'elles des colocataires plutôt soudées, elle se souvenait avoir tenu David Nolan comme l'une des personnes qu'elle peinait le plus à apprécier. Pour elle, il n'était jamais qu'un demeuré tout bonnement incapable de réaliser ce qu'il y avait de mieux pour lui. Car bien qu'ayant parfaitement conscience du fait que Mary Margaret était folle amoureuse de lui, il n'avait pas hésité une seule seconde avant de lâchement se jouer d'elle en continuant à fréquenter Kathryn, son épouse d'alors. Cela dit, le point de vue bien tranché d'Emma sur son père biologique ne l'empêcha pas de jeter un rapide coup d'œil sur ses parents, alors comme transformés en statut de cire. Immobiles, ils semblaient avoir perdus toute vie. Inquiète, Emma tourna son regard vers Regina, qui, au loin, avançait à toute allure vers son fils.

En pleurs, Henry s'effondra sur le sol, ce qui permit à Regina de le rattraper plus aisément.

Soudain, quelque chose la freina brusquement dans son geste. Une étrange impression de déjà-vu venait de s'emparer de tout son être. Immédiatement, Regina sentit son cœur se serrer plus que de raison dans sa généreuse poitrine. L'enfant. La nuit-noire. Le secret révélé. Tout devint clair. Dans le passé, un autre enfant l'avait surprise en flagrant délit d'amour interdit. Ironie du sort, cet enfant n'était autre que Snow White, la grand-mère maternelle d'Henry. Les yeux brillants de larmes, Regina fit de son mieux pour masquer les vives émotions qui l'assaillaient. Ce faisant, elle s'agenouilla timidement face à son unique fils et releva son menton à l'aide de ses gracieuses mains.

– Regarde-moi, Henry, dit-elle d'une voix aussi douce que maternelle.
– Va-t-en, Evil Queen!, s'écria Henry. Va-t-en et libère ma mère du sort immonde que tu lui as jeté!
– Un sort?, s'étonna Regina. Mais quel sort?

Fou de rage, Henry se releva et, posant fermement ses mains sur ses hanches, fit face à Regina.

– Le sort que tu as osé lui jeter pour changer ses sentiments vis-à-vis de toi!
– Par pitié, Henry, implora Regina, en attrapant les mains d'Henry dans les siennes. Tout mais pas cela. Ne remets surtout pas en question les sentiments qu'Emma éprouve à mon égard.

Henry ne réagissant pas, Regina poursuivit son discours:

– Je sais bien que tout cela peut te paraître parfaitement absurde mais je t'assure que je n'ai strictement rien à voir avec les récents évènements. Au contraire, c'est Emma qui a commencé la petite correspondance poétique qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Jamais, ô grand jamais, je n'oserais utiliser mes pouvoirs contre elle. D'ailleurs, pour tout te dire, je ne voulais même pas que nous nous rapprochions autant. Parce que, dans le fond, j'avais peur.
– Peur qu'elle découvre à quel point tu es diabolique, compléta farouchement Henry.
– Non, my little prince. Peur qu'elle me montre que, contrairement à ce que je pensais, une Happy Ending m'attendait quelque part, dans un monde totalement différent de celui dans lequel je suis née. Mais je peux parfaitement comprendre le fait que tu peines à voir clair dans mes explications. Après tout, je t'avoue que je m'y suis moi-même un peu perdue. Cela n'empêche en rien le fait que je sois sûre de mes sentiments vis-à-vis d'Emma. Aussi difficile que cela puisse être à admettre, je crois bien que j'en suis tout simplement tombée amoureuse.

Pris d'un élan de fureur, Henry fit un pas vers sa mère et martela son ventre de ses petits poings.

– Henry..., dit Regina, d'une voix qui, se voulant pourtant stoïque, trahissait toute la souffrance que les gestes de son fils faisant naître en elle. Ne m'oblige pas à utiliser la magie contre toi.

Mais, ne voulant rien savoir, Henry poursuivit son impitoyable martèlement.

D'un geste plus impressionnant que réellement agressif, Regina saisit brusquement les poignets d'Henry dans ses mains. Après tout, elle sentait, au plus profond de son être, que mieux valait utiliser la force que la magie. Ayant elle-même fait les frais de maltraitance dans sa plus tendre jeunesse, elle se refusait d'éduquer son fils dans un environnement dans lequel régnait tristement la haine et la violence maternelle. Cela n'empêchait pas le fait que, par moment, elle se devait de se montrer ferme dans ses gestes tout comme dans ses paroles.

– Maintenant, tu vas m'écouter Henry: il me semble avoir compris, après toutes ces années passées à tes côtés, que tu avais malheureusement hérité du pouvoir de ta mère biologique. Tu sais, celui qui consiste à deviner si la personne avec qui tu discutes te noie sous une pile de mensonges. Je veux que tu utilises ce pouvoir contre moi lorsque je te dis à quel point Emma est devenue importante à mes yeux. Car, aussi incroyable que cela puisse paraître, je le redis encore une fois: je suis tombée amoureuse d'Emma. Et crois-moi si je te dis que ça n'a pas forcément été facile pour moi d'accepter tout cela. Au contraire. J'ai toujours pensé que mon véritable amour n'était autre que Daniel, le garçon d'étable que mon père avait engagé chez nous dans ma tendre jeunesse. C'est à cause de la souffrance que sa mort a fait naître en moi que je suis devenue aussi maléfique. Au jour d'aujourd'hui, maintenant que je suis consciente du fait que, contrairement à ce que je pensais, Daniel n'était pas mon véritable amour, j'ai l'impression d'avoir mené ce combat en vain. Parce que j'ai blessé de nombreuses personnes, Henry. Et je suis même responsable de la mort de certains.
– Tu n'as pas fait tout cela pour rien, dit Henry, d'une voix tout à fait sereine.
– Pardon?, l'interrogea Regina, en fronçant nerveusement les sourcils.
– J'ai dit: « Tu n'as pas fait tout cela pour rien. ».

Regina sourit.

– Tu as fait cela pour m'avoir, moi, ajouta le petit garçon, avant de se jeter dans les bras de sa mère.

Émue aux larmes, Regina manqua de trébucher en arrière. Il était vrai que, même s'il lui arrivait de se montrer un peu stricte avec lui, Henry avait fait d'elle une femme heureuse.

– C'est elle, murmura soudainement Snow White, tandis que, suivant de près la gestuelle de sa progéniture, elle observait sagement les réconciliations furtives entre la mère et le fils.
– Mais bien sûr que c'est elle, se révolta aussitôt Charming. Ce ne peut être qu'elle et son immonde magie! Non contente de nous avoir lâchement volé l'enfance de notre unique fille, voilà qu'elle souhaite aussi mettre la main sur son si précieux cœur. Il est tout à fait hors de question qu—!
– Non, Charming, l'interrompit la jeune princesse. C'est elle. C'est Regina. La vraie Regina.

Surprise d'entendre de pareils propos dans la bouche de sa supposée mère biologique, Emma se mordit convulsivement la lèvre inférieure. S'il y avait bien une chose qu'elle avait retenu du curieux livre de conte d'Henry, c'était toute cette histoire de rivalité qui planait autour de Regina et de Snow White. Convaincue que l'officialisation de sa relation amoureuse avec l'Evil Queenallait créer entre eux une guerre digne des plus grandes tragédies grecques, elle s'attendait à peu près à tout sauf à voir sa mère adopter un ton compréhensif et mélancolique vis-à-vis de Regina. Cependant curieuse d'en savoir plus, elle suivit de près le retour d'Henry et de Regina parmi eux.

Arrivées à leur niveau, Regina adressa un sourire timide dans la direction de sa petite-amie. Puis, respectueusement, elle ravala momentanément sa fierté et s'agenouilla face à Snow Whitecomme pour lui montrer qu'elle était fin prête à entendre son opinion sur la question.

– Relevez-vous, dit la princesse, d'une voix faible.

Peu convaincue d'avoir compris ce qu'elle venait d'entendre, Regina resta immobile. Mais, reprenant la méthode précédente de Regina, Snow White prit la parole en véritable poétesse:

Regina, je vous implore de vous relever,
Car je refuse de vous voir placée ainsi.
C'est sans aucun doute à moi de m'agenouiller,
Pour vous remercier de me rendre ma vie.

Je sais bien qu'entre nous règnent bien des conflits,
En raison de votre naturel maléfice,
Mais, à présent, oublions les péchés commis,
Et profitons amplement de ce jour propice.

Je ne promets pas que je vous pardonnerai,
Car vous avez, tout de même, commis maintes crimes.
Cela dit, je peux librement vous assurer,
Que ma rage ne s'en montrera que minime.

À présent, je n'espère jamais qu'une chose:
Si vous aimez vraiment ma si précieuse fille,
Continuez toutes deux à vivre en osmose,
Et formez avec lui, finit-elle en tournant gracieusement sa main vers Henry, une belle famille.

Soudain, touchée en plein cœur par les propos bienheureux de son ex-belle-fille, Regina éclata en sanglots. Comme pour chercher à immédiatement cacher son brusque accès de faiblesse, elle fit un pas vers Snow White pour la prendre délicatement dans ses bras. L'accolade fut brève mais sincère. Sans mot dire, Regina se tourna ensuite vers Emma pour déposer un tendre baiser sur son front.

– Et maintenant?, demanda timidement Emma.
– Maintenant, vous vivez heureuses, anticipa Henry. Et vous chérissez très fort votre enfant.


Je vous avoue que ça me blesse énormément d'écrire cela mais il est grand temps de prononcer ces mots: THE END.

Il y a près de onze mois, j'ai pris la décision de réunir deux de mes passions, celles qui concernent l'écriture de Fanfictions et de poèmes, pour la rédaction d'une énième Fanfiction sur la merveilleuse série d'Adam Horowitz et Edward Kitsis, Once Upon a Time. C'est ainsi qu'est née Il Était une Fois. Aujourd'hui, après seize chapitres, voilà que, non sans émotion particulière de ma part, l'aventure touche à sa fin.

Avant toute chose, j'aimerais remercier toutes les personnes qui m'ont suivies à travers cette aventure. Que ce soit celles qui le font depuis le début ou celles qui sont arrivées avec un peu de retard, voir celles qui arriveront bien après. Je sais que cela peut sembler stupide à dire mais j'ai le sentiment que ce récit m'a apporté énormément de choses. Cela fait bien des années que je publie mes écrits sur ce site Internet et jamais, ô grand jamais, je n'ai eu la chance de rencontrer un quelconque succès. Pourtant, la passion enflammant mon cœur, ce n'est pas le manque de lecteurs qui a suffi à me décourager. Avec cette Fanfiction, j'ai fini par prendre conscience que, parfois, il y a du bon dans le fait de se consacrer à un fandom tout particulier. Aujourd'hui, je sais d'ores et déjà que, même si je continuerai à écrire des Fanfictions sur d'autres séries télévisées, il y a de grandes chances pour que je continue de me tourner vers Once Upon a Time pour la seule et unique raison que c'est avec vous, Oncers, que je me sens bien. C'est principalement pour cette raison que je tiens à dédier cet ultime chapitre à certains Oncers particuliers qui se reconnaîtront sans nul doute.

J'espère vous retrouvez prochainement pour de nouvelles aventures...

Amicalement,
Laurence, as know as L.S. McBeat.

P.S.: Si vous le souhaitez, n'hésitez pas à me suivre sur Twitter. Cela vous permettra notamment de connaître mon avancée vis-à-vis d'éventuels projets futurs de Fanfictions. Je n'y suis pas facilement repérable... mais le lien se trouve sur mon profil. N'hésitez pas à y faire un tour!