[note de l'auteure] Un an et demi ! Entre de multiples pérégrination, une famille très exigeante en temps et pensées, beaucoup de stress m'empêchant de me concentrer, un chapitre moyen terminé sur une tablette que je me suis fait voler, et le temps de réécrire celui-ci de zéro, plus long ! Merci mille fois pour votre patience, et encore plus à celles et ceux d'entre vous qui ont pris le temps de m'envoyer des petits mots d'encouragements, parfois même régulièrement. Sans vous, je serais encore bien loin de poster ce chapitre, il a vraiment fallu que je m'accroche sur ce coup.
J'ai raccroché dans ce chapitre beaucoup de scènes et de flashbacks prévus de longue date. Je suis contente de pouvoir les accrocher enfin, même si je sais que ce n'est pas spécialement des flashbacks qu'on espère après 44 chapitres ! Petite question que je m'étais posée à l'époque : d'après vous, de qui Cell tiendrait-il cette étrange capacité à absorber l'énergie vitale des gens avec sa queue, et ensuite à pondre des œufs avec ? Je vous soumets mon hypotèse !
J'espère que ça en aura valu la peine. En tous cas merci encore pour votre soutien, et à bientôt pour de nouvelles aventures, avant dans un an cette fois j'espère !
Bonne lecture !
A quoi tu t'attendais ?
« Ah ! Végéta ! Te voilà !
-Vous m'avez fait demander seigneur ? » S'enquit le jeune prince tête fièrement dressée malgré son jeune âge et son interlocuteur.
Frieza lui répondit en levant les bras d'un air ravi : « Oui, je tenais personnellement à te dire combien je me réjouis pour toi à propos de ton escadron retrouvé. C'est un véritable miracle ! Voilà qui va grossir les rangs de ton armée ! »
L'armée des saiyans n'était plus composée que de lui-même et cet imbécile de Nappa depuis la mort de Xelerr, livré aux vers cinq purges auparavant, mais cela, Frieza ne l'ignorait évidemment pas. L'atterrissage le matin-même d'un escadron complet de saiyans était évidemment une nouvelle inespérée. Tous leurs systèmes de guidage et télécommunication avaient été détruits durant la purge d'où ils auraient dû revenir avant la destruction de la planète Végéta. Ils avaient navigué à vue sur des centaines d'années-lumière, n'apprenant ce qui se passait dans l'empire que par des bribes de ragots colportés par les rares autochtones qu'ils avaient pu croiser.
« En effet. » Avança prudemment l'enfant, toujours sur ses gardes mais toujours déterminé à bien montrer que lui non plus n'était pas n'importe qui.
En retour, le lézaroïde lui répondit par un sourire qui se voulait sans doute jovial, mais qui augmenta davantage la méfiance du jeune prince : « Je tenais également à te faire savoir que, bien entendu, tes nouveaux hommes se verront remettre une carte de ravitaillement et d'accès aux commodités de mes bases avec les mêmes droits que toi et tes autres hommes.
-Je vous en remercie. » Répondit docilement Végéta en inclinant brièvement la tête. Le piège se trouvait sans doute juste après cette formalité.
Il y était : « Quant aux femmes... Combien sont -elles déjà ?
-Deux, Monseigneur.
-Ah oui, c'est ça. Les deux femmes seront admises au quartier rouge.
-Ce sont des guerrières. Fit remarquer le jeune prince perplexe de devoir apporter une précision aussi évidente. Elles rejoignent les rangs. »
L'éclat de rire tonitruant avec lequel lui répondit le seigneur des lieux lui confirma qu'il ne s'agissait pas d'une erreur grossière : « Ah ! Végéta ! Tu es si jeune pour croire de telles choses ! Crois-en ma longue expérience, les femmes dans une armée n'apportent que des problèmes, elles sont bien plus à leur place dans un quartier dédié ! »
Le jeune prince fronça les sourcils, très ennuyé par la tournure que prenaient les choses : « Merci pour l'avertissement Monseigneur, mais je prends le risque. Cet escadron a fait ses preuves dans sa capacité de survie et sa loyauté. Je ne compte pas l'amputer de la moitié de sa force de frappe. »
Le sourire de Frieza tomba d'un bloc et la température de la pièce sembla faire de même. « Il est hors de question que je commande la moindre mission à une troupe de mercenaires comprenant des femmes. Tes soi-disant guerrières ont déjà fait bien trop de bruit parmi mes hommes en sortant du spatioport avec des armures sur le dos. Je ne tolérerai rien de la sorte sur aucune de mes basses, c'est clair ? »
La gorge du jeune saiyan se serra, encaissant silencieusement la perte de la moitié de ses nouvelles troupes. Il y réfléchirait plus tard. Il ne fallait surtout pas ciller devant Frieza : « Comme vous voudrez Monseigneur. » Peut-être pourrait-on encore les envoyer sur des missions non commanditées par le lézaroïde ? C'était sans compter les plans retors de celui-ci, qui immédiatement afficha un sourire apaisant : « Allons allons Végéta, ce sont tout de même les deux dernières femelles de ta races, elles sont bien trop précieuses pour être envoyées au front. Elles seront bien plus en sécurité au quartier rouge pour y faire ce pour quoi elles sont faites ! Tu me remercieras quand tu sera plus âgé. Tiens, ça me donne une idée d'ailleurs... » Il avait l'air faussement pensif de quelqu'un qui savait exactement où il voulait en venir depuis le début. « L'une d'entre elle a-t-elle plus de valeur que l'autre ?
-Non Monseigneur, répondit-il perplexe. Ce ne sont que de vulgaires troisièmes classe.
-Ah bon... Eh bien tant pis alors puisque ce sont les deux dernières, je te laisse choisir laquelle est la plus méritante, et je lui ferai l'honneur d'être ma concubine. »
Pris d'un haut le cœur soudain comme s'il venait de recevoir un coup de poing dans le ventre, l'enfant dut retenir sa respiration un instant. Le mot concubine était tout sauf un honneur quand il s'agissait de Frieza. Le lézaroïde aimait à faire connaître ses pratiques parasitoïdes et s'était mis en en tête d'expérimenter toutes les femelles de toutes les races existantes en quête l'incubateur idéal pour produire la progéniture la plus puissante. Végéta lui-même avait vu les cellules où étaient emprisonnées ces malheureuses créatures, souvent enchaînées pour les empêcher de se suicider pour échapper à la douleur, tandis que leurs corps se déformaient peu à peu, liquéfiés et dévorées de l'intérieur par les larves que Frieza avait pondu en elles, généralement en leur perforant l'abdomen en public avec sa queue. Celles qui survivaient jusqu'à la fin de l'incubation mouraient lorsque les « enfants » finissaient par dévorer les organes vitaux, puis ressortaient de leur hôte en déchirant la peau. Aucune créature de type mâle ou asexué ne survivait jusqu'à l'éclosion, Frieza avait donc depuis longtemps abandonné cette option. Il avait déjà bien assez fort à faire à exécuter les avortons dont la puissance analysée à leur naissance ne révélait rien de prometteur.
Concubine de Frieza, c'était la promesse d'une mort lente, douloureuse, et humiliante.
Le dégoût avait empêché le jeune prince de se rappeler comment s'était terminée la conversation ce jour-là ni comment il avait rejoint ses hommes, ses quatre nouveaux soldats joyeusement en train d'échanger des souvenirs de bataille avec Nappa comme s'ils étaient de vieux amis en pleines retrouvailles. Le première classe avait probablement pas mal souffert de solitude depuis cinq purges, n'ayant pour interlocuteur correct que son supérieur hiérarchique avec qui parler, qui de surcroît était un enfant... Tous cessèrent leur conversation pour accueillir leur monarque à grands renforts d'exclamations joyeuses, mais ce dernier y coupa court : « Kholi, Flooer, avec moi. » Ordonna-t-il brièvement. Les deux femmes se levèrent d'un bond et suivirent leur prince qui avait déjà fait volte-face pour s'engouffrer dans le bâtiment militaire le plus proche.
« Qu'est-ce qui se passe mon prince ? Demanda l'une.
-Alors, que te voulait Frieza ? Renchérit l'autre devant l'absence de réponse de Végéta.
-...
-Dis, c'est vrai qu'il est si terrifiant que ça ?
-Mais pas pour nous, n'est-ce pas ? Enfin pas pour toi mon prince, hein ?
-Allez, dis-nous, où on va ? Qu'est-ce qu'il voulait Frieza ?
-Me féliciter de votre arrivée... Et aussi que je vous teste. Répondit ce dernier en serrant les dents.
-Nous tester ?
-Parce qu'il a déjà des missions spécifiques pour une d'entre nous ? »
Végéta ne répondit pas. Les deux guerrières continuaient de lui faire la conversation malgré tout.
« Et Raditz et Kukumber ? Tu ne les testes pas ?
-Ha ! Pas besoin de ça pour savoir que ce sont des tanches, ces deux là !
-Ouais c'est vrai ! Franchement ce sont de vrais boulets !
-Oui ! Pas fâchée d'être enfin en présence d'autres saiyans qui ont un peu de grain dans la cervelle !
-Dis, mon prince, où est-ce qu'on est là ? Tu as remarqué que tout le monde a l'air de nous regarder bizarrement ? »
Oui. Il avait remarqué. Tous les soldats qu'ils croisaient dans les vastes couloirs métallisés se retournaient sur leur passage avec des yeux exorbités. Des femmes en armure qui suivaient un enfant. Voilà l'image que renvyait l'armée des mercenaires saiyans.
« On va aux salles de combat. Répondit-il sporadiquement.
-De combat ? Tu vas vraiment nous tester alors ? On va avoir l'honneur de t'affronter ou c'est l'une contre l'autre ?
-Ou contre des saibamen ? J'adore écraser ces bestioles ! Je les prends même par trois si tu veux !
-Et moi par quatre !
-Menteuse ! Tu vas juste te prendre une raclée !
-Tu vas voir qui c'est qui va se la prendre la raclée la prochaine fois qu'on s'affronte !
-Ha ! C'est quand tu veux ma vieille !
-C'est moi qui vais vous tester. Répondit Végéta. Alors ne vous chamaillez pas trop vite. » Ce disant, il venait de poser le dos de sa main gantée contre un détecteur à puces électroniques et une large porte métallique s'ouvrit en un glissement silencieux. Les deux femmes restèrent sans voix, dévisageant leur prince.
D'un air étonné.
Puis avec appréhension.
Puis une petite lueur typiquement saiyan s'alluma dans leurs yeux. Suivi d'un sourire crispé mais malgré tout enthousiaste.
« On va t'affronter ? » Vocalisa enfin Kholi dans un murmure alors que toutes deux le suivaient dans la vaste salle vide, le laissant refermer la porte derrière lui.
« Ne vous y trompez pas. Les prévint finalement le jeune prince enfin libre de parler sans risque d'être entendu par d'autres. Frieza ne veut pas de femmes dans son armée. Il veut que j'envoie l'une de vous au quartier rouge et l'autre au palais. »
Silence perplexe. Végéta soupira avant de clarifier : « Ça veut dire qu'il vous laisse le choix entre travailler au quartier des putes ou de vous faire éventrer par lui pour servir d'incubateur à un de ses morveux. Une mort lente ou une mort rapide et douloureuse, vous voulez choisir vous-mêmes ou je dois le faire ? »
Elle ne répondaient toujours pas mais il remarqua combien leurs visages fins perdaient leurs couleurs. Après tout elles n'étaient que des troisième classe, de la chair à canon, l'annonce de leur mort imminente ne devait pas être un choc terrible pour elles. Bon apparemment si...
« Tu... tu plaisantes hein ? Bafouilla finalement Kholi.
-J'ai l'air ? Rétorqua le jeune prince agacé.
-Non, mais non, c'est pas possible... Murmura Flooer blanche comme un linge.
-Bah tant pis, tu peux nous envoyer sur d'autres missions ! S'exclama sa sœur d'armes. On n'est pas obligés de travailler uniquement pour Frieza. On est les saiyans, on a notre fierté tout de même ! »
Végéta croisa les bras, ferma les yeux et soupira : « Ça se voit que vous avez été coupés du monde pendant longtemps. Ça ne marche pas comme ça ici.
-Quoi ? Comment ça ?
-T'as pas l'air d'avoir bien compris qu'aucun vaisseau ne décolle de ce spatioport sans permission ni mission, et que Frieza ne vous en donnera jamais. Il n'a aucune intention de vous laisser partir. Il n'y a rien à tenter » Évidemment qu'il avait tourné toutes les hypothèses possibles dans son esprit d'enfant depuis la fin de sa discussion avec Frieza. Il ne voyait qu'une chose à faire.
Nouveau silence.
« Non c'est pas possible... répéta Flooer.
-Mais... Objecta à nouveau Kholi. Tu ne vas quand même pas nous abandonner comme ça, hein mon prince ? Je ne comprends pas... Qu'est-ce que tu attends pour lui casser la gueule ?
-J'attends d'être assez fort, figure-toi. Siffla Végéta de plus en plus mauvaise humeur.
-Assez fooo... La voix de Flooer s'éteignit en un murmure inaudible.
-Même les meilleurs détecteurs explosent si on les pointe vers lui, ça te donne une idée ? Ça veut dire que sa puissance se chiffre au moins en dizaines de milliers. Bon maintenant vous choisissez quoi ? » La patience du jeune saiyan atteignait ses limites. Admettre sa faiblesse si ouvertement devant ses propres sujets qui lui vouaient une si grande admiration était bien évidemment un véritable calvaire.
Les deux sœurs d'armes se regardèrent mutuellement en silence. Puis tournèrent à nouveau leurs regards vides vers leur prince.
« Alors c'est comme ça que ça se termine ? Murmura Kholi avec un rire nerveux. On traverse toute la galaxie pour revenir au service de notre royaume, pour découvrir qu'il ne reste rien et qu'on va se retrouver condamnés... Réduites à des...
-Bon. Claqua Végéta. Frieza veut la meilleure d'entre vous pour lui pondre son œuf dégueulasse dans le bide. Je vous jauge au détecteur ou vous avez de la ressource cachée à me montrer au combat ? »
Cette fois, le silence des deux femmes se fit plus perplexe, l'enfant guerrier dut appuyer son ultime offre : « Ne restez pas plantées là comme deux idiotes ! Vous êtes des guerrières saiyan ou pas ? Je vous propose de m'affronter, moi le prince Végéta, à deux contre un, qu'est-ce que vous attendez ? Montrez-moi ce que vous valez ! »
Et enfin il la vit. La petite lueur de folie s'allumer dans leurs regards désemparés. La troisième option qu'il leur proposait sans pouvoir la vocaliser, le seul repli qu'il pouvait leur offrir.
Et soudain, comme un seul guerrier, d'un seul cri, elles attaquèrent.
Les deux guerrières se battaient comme des furies, avec l'énergie de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Elles savaient combiner leurs attaques avec une synchronisation impressionnante... pour des troisième classe. C'était grisant. Végéta avait presque failli oublier à quel point il était intense d'affronter des saiyans, sans frein, sans limite, la folie guerrière à l'état pur. Bien plus intéressant que d'affronter des guerriers froids d'un meilleur niveau.
Flooer fut la première à mourir. Les yeux écarquillés, elle contempla le trou béant laissé par une boule d'énergie dans sa poitrine, puis elle les leva vers l'enfant qui l'avait lancée et le fixa ainsi, longuement, tombant à genoux, ses lèvres bougeaient mais aucun son ne sortait de sa bouche, seulement du sang. Qui voyait-elle en lui à cet instant ? Son prince à la puissance démesurée, son bourreau, ou un malheureux pion de Frieza ? Végéta se rendit compte qu'il avait du mal à soutenir ce regard qui se vidait lentement de son étincelle. Il tint bon jusqu'à ce qu'elle tombe face contre terre, éclaboussant sa sœur de son propre sang.
Kholi était pâle, sa lèvre inférieure tremblait. Quelle faible ! Pourtant, l'instant d'après elle attaquait à nouveau avec un cri de rage qui vrilla les tympan du jeune guerrier d'élite. Entre les coups d'une puissance et d'une intensité redoublée, elle parvint même à lui entailler la lèvre d'un coup à la mâchoire. Il riposta en la saisissant par les épaules et lui décochant un violent coup de crâne. Son regard enflammé se brouilla, et elle murmura : « Esclave ni pute de personne, mon prince. Nous serons restées fières. Si ma puissance ne suffit pas à te convaincre de ma valeur en tant que sujet, qu'elle vienne s'ajouter à la tienne pour qu'un jour HA ! tu puisses nous venger. » Dans un cri, elle venait de trouver la force de lui décocher un coup de genou en plein ventre qui fit remonter un goût de bile dans la bouche de Végéta. Une posture vulnérabilisante pour elle qui lui valut un coup létal à la gorge.
Un second corps sans vie s'effondra sur le sol de la salle d'entraînement et le jeune saiyan croisa les bras, perplexe, frustré. Le combat n'avait duré que quelques minutes, même pas de quoi le défouler vraiment.
Mais au moins le problème était réglé.
Tout le monde prit très mal la nouvelle de la mort des deux femmes : Nappa et Raditz furent choqués mais surent se tenir à carreau après un ou deux coups de poing. Kukumber en revanche fut pris d'une vague de fureur telle qu'il fallut le tuer également, il ne supportait pas l'idée que Flooer soit morte alors qu'elle était enceinte de lui. Végéta avait donc pris de sa main la vie de trois saiyans ce jour-là, et de l'escadron perdu ne subsista plus que ce crétin de Raditz. Frieza fut également très mécontent et Végéta en fut en fut quitte pour plusieurs heures dans un tank médical glacé. Mais peu importait. La fierté des saiyans était sauve.
Du moins il le croyait.
OOOOO
Fierté fierté fierté
Honneur dignité
De bien beaux mots pour de bien grands maux.
Et pour qui, pour quoi faire ? À quoi tout ceci avait-il servi ?
L'ambition n'avait mené qu'à la déception, la fierté à l'humiliation. Que restait-il ?
Des baies délicieuses dans le buisson d'à côté, de l'eau fraîche dans ce ruisseau pour y tremper ses pieds.
Fierté fierté fierté
Honneur dignité
À quoi bon ? Quelle utilité ?
N'est-on pas mieux à se prélasser dans l'herbe après tout ?
Oui mais est-on vraiment maître de son destin en restant oisif ?
Est-on vraiment maître de son destin à courir après des chimères ?
Est-on seulement jamais maître de son destin ?
Fierté fierté fierté
Honneur dignité
Tiens, il reste des baies dans le buisson d'à côté. Elles sont juteuses et sucrées. Qui serait en droit de t'interdire d'en profiter si tu les veux ?
Tu fais ce qui te chante de ta vie, non ?
OOOOO
Bulma Briefs l'insaisissable femme à prendre ! « Je fais ce qui me chante de ma vie » a-t-elle déclaré à notre envoyé spécial qui lui avait demandé pourquoi elle avait eu un enfant sans être mariée ni même en couple. Qui saura dompter la belle insoumise ?
Flash info spécial : le directeur de Capsule Corporation prend enfin sa retraite, laissant comme annoncé les rênes de l'entreprise parmi les plus influentes du monde aux mains de sa fille. La belle Bulma Briefs se retrouve donc seule aux commandes d'un navire d'une taille et d'une complexité colossales, sans personne à ses côtés pour l'épauler. « Je crains le pire » annonce le dirigeant d'une entreprise partenaire.
Article du jour : les habitudes de vie Bulma. Elle aime dévaliser les boutiques de lingerie fine et de bijoux. Elle emmène son bébé en ballade aux quatre coins du continent à bord d'un jet aéroporté plus rapide que les derniers modèles militaires. Elle boit plus de thé que de café et porte régulièrement des jupes plus courtes que sa blouse de scientifique (Porte-t-elle seulement quelque chose ?) Page 6 et 7, découvrez tous les détails passionnants ou croustillants de la vie de la belle milliardaire célibataire.
OOOOO
toc toc toc
« Je ne suis pas là ! »
toc toc toc
« Dégagez, je ne veux voir personne ! Si vous voulez me parler, adressez-vous à mes secrétaires !
-Ah d'accord, pardon pour le dérangement... » Répondit une petite voix fluette au travers de la porte du laboratoire.
Bulma redressa la tête de son expérience en cours sous le coup de la surprise, puis se leva d'un bloc et se précipita pour ouvrir la porte : « Gohan, c'est toi ?
Le petit garçon avait déjà commencé à rebrousser chemin à travers le jardin. Il retourna vers elle un regard timide : « Bonjour Bulma. Désolé, je ne voulais pas te déranger...
-Mais non ! Tu ne me déranges pas du tout ! C'est moi qui suis désolée, je reçois trop de visiteurs indésirables récemment. Comment ça va ? »
À ce moment, un bambin affublé d'une blouse de laboratoire similaire à celle de Bulma sortit le bout de son nez en s'accrochant aux jambes de Bulma. Celle-ci lui caressa la tête en souriant : « Tu as vu, Trunks, c'est Son Gohan qui vient nous rendre visite, tu le reconnais ?
-Bonjour Trunks ! Sourit l'intéressé. Tu as bien grandi dis-donc !
-Tu dis bonjour Trunks ?
-Bonzou Goa ! » Répondit docilement ce dernier en agitant sa main devant lui.
Le geste fit amplifier davantage le sourire du petit Gohan qui en cet instant ressemblait énormément à son père. Le cœur de Bulma se serra. Pauvre enfant.
« C'est gentil de venir nous voir, Gohan. Chichi est avec toi ?
-Oui, elle est dans la maison avec ta maman à boire une tisane.
-Parfait, allons-y alors ! Tu veux de la tisane aussi Gohan ? Ou bien un jus de fruits ?
-Oh oui, volontiers ! »
Il leur fallut plusieurs minutes pour traverser tout le jardin extérieur puis intérieur jusqu'à la salle à manger, le petit Trunks courageusement debout sur ses deux jambes tenant absolument à se déplacer par lui-même, pour le plus grand amusement de Gohan.
La mère de Bulma s'affairait en cuisine avec ses droïdes ménagers tout en discutant avec Chichi installée à table devant une tasse fumante. Lorsque cette dernière se leva pour saluer les trois arrivants, Bulma eut un nouveau pincement au cœur en découvrant sa silhouette aux formes plus arrondies que d'ordinaire. Elle comprit que Son Goku avait dû, avant sa mort six mois auparavant, laisser un dernier cadeau à sa femme et son fils.
« Ça par exemple ! Ça va Chichi ?
-Comme tu vois. Répondit la veuve avec un sourire fatigué et un haussement d'épaules. Un nouveau bonheur n'arrive pas sans épreuve on dirait. Et toi ?
-Pareil, compliqué en ce moment. » Répondit la riche héritière en se vautrant dans une chaise après avoir servi un verre de jus de fruit aux deux enfants. Elle se servit pour elle-même une tasse de thé. C'était probablement la première fois que les deux femmes discutaient si amicalement, de tout et de rien, reprenant des nouvelles l'une de l'autre comme de vieilles amies, elles qui s'étaient si longtemps fréquentées sans vraiment se soucier l'une de l'autre. Bien vite, Son Gohan se retrouva à courir autour de la table en poussant des cris d'animaux, poursuivi par un petit Trunks qui riait aux éclats en luttant pour conserver son équilibre sur ses deux petites jambes.
Cela arracha même un sourire à Chichi : « Mon petit Gohan a tellement grandi déjà... Ça va me faire bizarre de me retrouver à nouveau avec un bébé dans les bras...
-Gohan fera sûrement un excellent grand frère. Commenta Bulma en souriant à son tour.
-Oui. Approuva Chichi. J'ai de la chance d'avoir un petit garçon aussi serviable et attentionné. Surtout avec tout ce qu'il a vécu... » Elle s'interrompit en pinçant les lèvres. Bulma était sur le point de dévier le sujet mais elle se fit prendre de court par sa camarade :
« Et toi alors Bulma, comment vas-tu ? Tu attires tous les regards à toi en ce moment !
-Oui Bulma a beaucoup d'admirateurs. Commenta gaiement sa mère depuis la cuisine qu'elle refusait de quitter.
-Oh, ne m'en parle pas... Maugréa celle-ci. C'est une vraie plaie !
-Ah bon ? S'étonna Chichi. J'aurais pensé que ça te plaisait d'être le centre de l'attention.. .
-Pour qu'on m'admire, oui ! Pas pour être présentée comme une proie en détresse qui vaudrait des millions à qui l'attrapera.
-Ah...
-Franchement, j'ai l'impression d'attirer à moi tous les boulets de la Terre ! Il y a ceux qui appellent Capsule Corp' en demandant à me rencontrer parce qu'ils ont soi-disant fait une invention géniale qui finalement est nulle, et ceux qui tombent comme par hasard sur mon chemin quand j'emmène Trunks au parc de jeux d'à côté, les journalistes qui s'inquiètent plus de savoir tous les détails de ma vie privée quitte à m'espionner non-stop que de chercher qui a foutu le feu à mon usine ou quelle est ma stratégie d'entreprise. Oh ! Le pire c'était il y a deux jours ! J'ai le fils de mon fournisseur de plastacier, que je ne connais même pas, qui m'a demandé en mariage par téléphone ! Non mais quel goujat !
-Je vois. Admit Chichi d'un ton compréhensif. Mais dans le lot, il n'y en a pas quelques quelques-uns qui valent ton attention ?
-Mhm... Si, une journaliste sympa qui a décidé d'enquêter sur l'explosion dans mon usine. Elle a décidé d'identifier tous mes fournisseurs qui donnent un peu trop leur avis en public au sujet de Capsule Corp'.
-Mais pour trouver un homme à épouser ?
-Oh ça je m'en fiche ! S'exclama Bulma d'un air agacé. Franchement j'ai autre chose à faire. Dans l'urgence, trouver un nouveau fournisseur de plastacier...
-Ah bon ? Parce que l'autre...
-Bah oui, je l'ai viré propre et net ! Je ne travaille pas avec des gens comme ça.
-Ah. Fit Chichi d'un air perplexe. Maaaaaais... C'est quelque chose dont tu as beaucoup besoin ?
-Un peu oui ! C'est le composant principal de la coque des hop-pop capsules !
-Ah zut... Et il y a d'autres fournisseurs ? Tu as des réserves ?
-Oui on a de la réserve, mais aucun autre fournisseur que je connaisse ne tiendrait la cadence.
-Et eux alors ? Ils doivent être bien embêtés si tu ne leur achètes plus leur... truc. »
Bulma haussa un sourcil. Qu'est-ce qu'elle en avait à foutre que le goujat qu'elle avait envoyé bouler soit embêté ?
Chichi prit une gorgée de sa tasse de thé avant de conclure d'un air pensif : « C'est incroyable le pouvoir que tu as entre les mains avec tout ton argent ! Ces gens-la t'ont embêtée, et toi tu leurs coupes les vivres et tu vas sûrement les faire couler en te trouvant un nouveau fournisseur... J'aimerais bien être aussi riche que toi pour mettre un peu la pression à mon marchand de légumes... »
Tilt
Bulma écarquilla les yeux et fixa Chichi avec étonnement. Elle venait juste de lui donner une idée géniale.
« Tu veux un coup de main avec ton marchand de légumes ? Proposa-t-elle spontanément.
-Oh non, merci, je tiens au peu d'autonomie et de dignité qu'il me reste ! Lui sourit la veuve. Ce n'est qu...
-Gohaaaaaaaaaa ! S'égosilla une toute petite voix à côté d'elles. Téuuuu Gohaaaa toooooop ! »
Son Gohan, à croupi au sol en position de grenouille, éclata de rire en sautant alors que Trunks qui tentait à nouveau de l'attraper sans succès tomba sur son derrière et se mit à battre des pieds dans le vide comme un scarabée renversé.
« Qu'est-ce que ça fait plaisir de le laisser jouer sans devoir canaliser toute cette énergie qu'il a ! » Remarqua Bulma avec un soudain soulagement. Chichi haussa un sourcil et elle clarifiant : « D'habitude je passe mon temps à essayer d'éviter qu'il blesse ses camarades de jeu par erreur au parc, et je ne peux le laisser courir et taper que quand il est seul. Il est si petit mais il a déjà une telle force...
-Oui, je vois bien de quoi tu parles. Lui sourit sa camarade. Gohan était comme ça aussi. Heureusement que j'avais Goku pour le canaliser.
-Mais pourtant, toi aussi tu es une guerrière...
-Oui, mais dans ses accès de colère vers ses deux ans, je crois que j'ai volé dans les murs une ou deux fois avant qu'il ne prenne l'habitude d'intervenir rapidement pour me protéger...
-Wow... Souffla Bulma. J'espère réussir à éviter ça !
-Je te le souhaite. » Lui répondit Chichi en souriant, la main derrière sa nuque en une posture qui rappelait beaucoup son mari. Bulma eut à nouveau un petit pincement au cœur. Elle avait envie de faire quelque chose pour elle.
« Dis Chichi. On peut s'entraider et se voir plus souvent si tu veux. Ton bébé aura à peine un an de moins que Trunks, et tous les deux vont avoir besoin d'un camarade de jeux avec qui se bagarrer... »
Chichi afficha immédiatement un sourire désabusé qui semblait indiquer qu'elle songeait à un refus poli sans même avoir réfléchi à la proposition.
« Je pourrais garder Gohan et son petit frère ou sœur de temps en temps pour te décharger. S'empressa de proposer Bulma. Et toi Trunks de temps en temps aussi si tu veux. Trunks adore sortir à la campagne. Et je pourrais donner un coup de main à Gohan si il a des difficultés dans ses études. Je suis incollable en sciences ! »
Chichi avait haussé un sourcil. Bulma tenta de continuer son argumentaire : « Je ne sais pas trop comment ça s'est passé pour toi, mais moi j'hésite de plus en plus à confier Trunks longtemps à mes parents. Ils s'épuisent à lui courir après et n'osent déjà plus se confronter à lui quand il risque de piquer des colères. Au parc il casse les barrières de sécurité si je ne fais pas attention... Alors peut-être que s'il pouvait jouer de temps en temps avec un autre enfant aussi fort que lui, ça pourrait leur faire du bien à tous les deux... Enfin, je sais bien que pour toi, tu as déjà Gohan qui peut jouer avec ton futur bébé, mais il risque d'avoir besoin d'un peu de temps pour étudier aussi, non ? »
Bulma s'embourbait dans son argumentaire, tentant de jouer sur la corde sensible de Chichi sans obtenir la moindre réaction de celle-ci. Renonçant à se ridiculiser davantage, elle plongea à son tour son nez dans sa tasse de thé, faisant mine de boire alors qu'elle était vide. Difficile de cerner cette femme qu'elle avait connue gamine naïve, guerrière déterminée, et soudain fée du logis et mère exigeante et protectrice. Elle la connaissait si mal au final...
Chichi avait détourné le regard vers les deux enfants qui se chamaillent, un vague sourire au coin des lèvres qui aurait presque pu faire oublier les énormes cernes qu'elle avait sous les yeux.
« Qui veut du gâteau au chocolat et à la crème de cannelle ? » Annonça gaiement sa mère en sortant triomphalement de la cuisine où les droïdes faisaient la vaisselle.
-Datooooooo ! S'exclama Trunks en parcourant vers sa grand-mère. Goa na dato mami ! »
Tout le monde se trouva servi avant d'avoir eu l'occasion de refuser.
C'est là que, dans un soupir qui ressemblait presque à une expiration de soulagement, Chichi leva les yeux vers Bulma portant sa cuillère et l'esquisse d'un sourire à ses lèvres : « C'est une bonne idée en fait. »
OOOOO
Flash info spécial ! Bulma Briefs, la riche héritière du Docteur Briefs et nouvelle dirigeante de Capsule Corporation, annonce le rachat de son fournisseur de matières premières « Plastacier Corporation ». L'ex-dirigeant, qui quitte l'entreprise, s'est refusé à tout commentaire.
Scoop ! Bulma Briefs et la folie des grandeurs. Deux semaines seulement après avoir officiellement reçu les rênes de Capsule Corp, la jeune dirigeante annonce un nouveau rachat de fournisseur, portant à quatre le nombre d'entreprises rachetées depuis sa nomination. « Nous intégrons nos fournisseurs dans le process » déclare leur service communication. « Cette fille dilapide sa fortune familiale » commente un partenaire extérieur.
Reportage du jour. Bulma Briefs : Qui stoppera la millionnaire folle ? Vingt deux entreprises rachetées en deux mois ! Alors que l'enquête sur les circonstances du sinistre survenu dans l'usine R2D2 trois mois plus tôt, semble stagner et la reconstruction piétiner en attendant les autorisations administratives, la dirigeante semble bien déterminée à ne pas laisser stagner toute son entreprise. « Tous ces rachats, c'est une stratégie absolument inédite et qui fait figure de fantaisie loufoque dans le milieu. Il convient même de se poser la question de savoir si l'héritière de Capsule Corporation a la moindre notion de ce qu'elle est en train de faire. Ou c'est de la folie, ou c'est du génie » commente notre analyste.
OOOOO
Végéta, qu'est-ce que tu fais là ? Encore...
Tu calcules, tu observes, tu analyses ? Encore ?
Sérieusement, qu'est-ce que tu attends ? Tu ne t'es toujours pas décidé, toi le stratège qui calcules plus vite que l'éclair ?
Oui c'est vrai. Un tel questionnement ne s'est jamais offert à toi.
Tu as toujours su ce qu'il convenait de faire, ce qu'il fallait faire pour atteindre l'objectif que tu devais atteindre... Devoir... Falloir... Jamais tu ne t'es demandé ce dont tu avais envie. Tu n'en sais rien, et cette étrange liberté te donne une sorte de vertige. Tu ne sais pas quoi faire. Tu veux faire ce qui te chante de ta vie, mais tu n'arrives pas à déterminer ce qui te chante. Entre ta fierté qui reste même si elle n'a plus aucune valeur, le fait que tu n'as plus d'objectif dans la vie, tes envies de conquérir l'Univers et de faire régner la terreur, et tes étranges pulsions qui font que tu te retrouves à nouveau là, à analyser dans l'ombre... Tu guettes.
Mais qu'est-ce que tu guettes ?
Un signe, une piste, une pulsion... quelque chose qui t'indiquera quoi faire. Qu'est ce que tu as envie de faire au fond.
Allez, lâche cet idiot. Il est mort de trouille.
Bulma n'a pas besoin de ton aide, elle s'en sort très bien toute seule. Même si cette situation la fait chier, elle place très bien ses pions toute seule. Elle sait où elle va, elle, elle sait ce qu'elle veut et comment l'obtenir.
Mais tu n'arrives toujours pas à savoir quoi faire de ses mots brûlants qu'elle a murmurés contre ta bouche. Manipulation ? Pulsion passagère et déjà dépassée ? Tu ne peux simplement pas t'empêcher d'y repenser.
Elle, elle n'y repense sans doute pas, elle a bien trop à faire. Mais ce n'est sans doute pas pour cette raison que tu lui donnes quelques coups de pouce dans l'ombre.
Ah, c'est répugnant ! Il vient de se pisser dessus. Pourtant tu ne serres pas sa gorge bien fort... Ça fait combien de temps que tu le fixes avec ton air menaçant tout en étant perdu dans tes pensées ? Tu n'as rien écouté au charabia qu'il bafouille en continu, les larmes aux yeux.
C'est marrant. Moyennement marrant mais marrant quand même. Tes doigts te démangent et tu t'ennuies de la violence dans laquelle tu as toujours baigné. L'adrénaline te manque, voilà la raison pour laquelle tu aides Bulma, même si elle n'a pas besoin de toi.
Allez, lâche-le, je crois qu'il a compris. Il tombe comme un chiffon assis sur son carnet de notes trempé et son appareil photo dont il casse l'objectif trop long. Le misérable. Après tout, il faisait juste la même chose que toi... il espionnait Bulma.
Oui mais non, ce n'est pas du tout la même chose !
ooooo
Bulma, qu'est-ce que tu fais là ? Encore...
Tu joues avec ton bébé qui apprend à grimper les escaliers. Il rit aux éclats en essayant de te rattraper « Mamanmamanmaman ! ». Il est trop mignon, tu es sous le charme...
Mais tu ne trompes personne.
La porte devant toi, que personne n'a pris le soin de fermer à clé malgré le système de serrure hautement sécurisé que tu as installé toi-même i peine plus de quatre ans (ce n'est pourtant pas si loin, mais tu as l'impression que c'était dans une autre vie), cette porte à demi métallisée, tu te retrouves plantée devant à chaque fois.
Tu pousses la porte et tu soupires. Rien n'a bougé.
La fenêtre a été réparée, tout a été nettoyé. Les vêtements propres sont pliés dans l'armoire. Une hop-pop capsule trône au milieu du lit. Ce dernier élément, plus que tout autre, prouve que personne à part toi n'est revenu dans cette chambre.
« Maman ! Du mazé ? Pou mwaaaaa mazééé ? »
Ton fils t'a rejointe. Il est vraiment trop mignon. Comme son père, il a un flair hors du commun. Il a tout de suite compris ce qu il y avait dans cette capsule. L'odeur de la nourriture dépasse la compression dimensionnelle. Si personne ne l'a prise, c'est que personne n'est revenu.
Tu n'oses même plus penser son nom tout haut. C'est presque comme un fantôme qui plane dans ton esprit. Ça fait un peu mal rien que d'y penser, comme de boire d'un coup une boisson brûlante ou glacée.
Ton fils entreprend de monter sur le lit en s'agrippant aux draps. Il ne perd pas le nord, il sait ce qu'il veut, il est trop mignon.
Toi aussi tu sais ce que tu veux. On pourrait croire qu'une fille comme toi a déjà tout ce qu'il lui faut pour la combler, ou tous les moyens d'obtenir tout ce qu'elle convoite. Et pourtant c'est faux... Même Shenron ne peut pas te l'apporter, et tu n'es plus une adolescente prête à faire un vœu égoïste de toutes manières. Tu ne sais même pas comment tu le formulerais d'ailleurs. Ce serait si grotesque.
Les choses les plus précieuses ne s'achètent pas. Il est certaines choses que l'on désire mais que l'on ne peut exiger, il faut que quelqu'un veuille bien nous les offrir... Tu te souviens vaguement avoir un jour fait une leçon de morale de ce type à un homme qui avait commis cette maladresse... C'était il y a si longtemps...
« Oui mon chou, tu peux la prendre, mais on va l'ouvrir dans le salon, d'accord ?
-Le mazé salon !
-Oui, c'est ça. En bas. On redescend les escaliers ?
-Obaaaaa ! » Répéta joyeusement le bambin en quittant la chambre, vacillant vaillamment sur ses deux jambes avec la capsule dans les mains.
Bulma jeta un dernier regard derrière elle avait de fermer résolument la porte.
À quoi tu t'attendais ?
Ooooo
Végéta n'avait que très rarement eu l'occasion d'avoir affaire avec des femmes durant son enfance. S'il avait régulièrement fréquenté des guerrières, techniciennes et femmes-médecins sur sa planète natale, il n'en avait plus rien été dès lors qu'il avait été assigné aux ordres directs de Frieza. Sur les bases militaires du tyran, elles étaient rares et toutes assignées au quartier rouge. Ainsi fonctionnait le système du lézaroïde.
Le jeune saiyan ne leur avait jamais prêté attention, mais cela avait cessé d'être réciproque à partir du moment où, à défaut d'une réelle poussée de croissance, sa voix avait mué et sa mâchoire était devenue plus carrée. Pour un adolescent, il ne semblait pas correct de préférer fréquenter la cantine aux prostituées. Ça avait commencé par quelques tentatives pour capter son attention lorsqu'il en croisait une par hasard. Puis le hasard avait semblé de moins en moins naturel. Puis il y avait eu cet épisode ridicule avec « la sirène » qui avait décidé de se mettre à poil devant lui en plein milieu d'un corridor. Après l'avoir rembarrée, l'adolescent avait cru qu'on lui ficherait la paix. C'était l'inverse qui s'était produit. Les clins d'œil s'étaient mués en provocations aguicheuses, les sifflements en remarques vulgaires, les signes de la main en déballage de marchandise. Avant c'était pathétique, à présent ça devenait insupportable.
C'était Nappa qui avait trouvé une explication à ce manège stupide dont Végéta avait l'impression d'être la seule cible. Le chauve avait débarqué un beau matin à la table où l'adolescent était installé à tenter de manger sans trop y penser la purée grise insipide qui servait de plat unique pour la semaine. Il avait posé son propre bol et s'était pratiquement écroulé dans la chaise en face de son prince, avec un soupir satisfait : « Ah ! Ce que j'ai bien dormi ! La petite minette avec qui j'ai passé la nuit m'a fait un massage en prime, dis-donc ! Ah ! Et je dois te remercier d'ailleurs ! J'avais pas assez de tickets rouges, mais elle m'a fait une réduction grâce à toi !
-Qu'est-ce que j'ai à avoir avec tes petites histoires sordides ? Ronchonna l'adolescent sans daigner lever les yeux vers son lieutenant.
-Eh bah figure-toi qu'elle a essayé de me cuisiner pour avoir des infos sur toi. Annonça fièrement celui-ci.
-Sur moi ? » Répéta platement Végéta en levant les yeux cette fois. Il savait que les prostituées étaient régulièrement impliquées dans des affaires d'assassinats, surtout chez les soldats gradés.
« Ouais, sur toi mon prince ! Elles t'ont franchement dans le collimateur en ce moment, les filles du quartier rouge !
-Elles se lasseront.
-Ha ! Ça m'étonnerait ! D'après ce que je viens d'apprendre, la Sirène a carrément misé sa place à qui parviendrait à te choper ! »
Végéta cilla.
Première seconde. Il lui fallut se rappeler à qui correspondait ce surnom de personne insignifiante.
Deuxième seconde. Il lui fallut réévaluer le sens du mot « choper », qui ne devait vraisemblablement pas désigner un assassinat dans ces circonstances
Troisième seconde. « Misé sa place ? Quelle place ? C'est une pute. »
En retour, Nappa dévisagea Végéta tout aussi longuement, changeant son sourire narquois contre une moue dépitée : « Ce n'est pas n'importe quelle pute. Les filles du quartier rouge sont organisées, tu sais. Il y a des jeux de pouvoir, une hiérarchie, tout.
-Comme une mafia ?
-Aaaaaaeeeeeeeeeuh... Ouaaaaais, on peut voir les choses comme ça maintenant que tu le dis... »
Exaspéré par tant futilités, l'adolescent soupira et recentrant son attention sur sa bouillie insipide : « N'importe quoi ! Bon, je m'en fous, il y en a bien une qui fera croire aux autres qu'elle a réussi son coup et si on me pose la question, je dirai que oui et puis voilà.
-Bah non, c'est pas possible si tu n'as pas ton signe. » Remarqua platement le chauve en haussant les épaules.
Végéta leva à nouveau les yeux et le fixa d'un air agacé.
Son interlocuteur déglutit bruyamment avant de se ressaisir : « Quoi ? Tu as bien remarqué que tout le monde fait un geste de la main particulier quand il aborde une pute, non ? »
Évidemment, Végéta était observateur, même s'il ne passait au quartier rouge que pour le traverser. Quand Nappa s'en allait discuter avec une prostituée, il enchaînait deux signes de la main en la montant et descendant devant sa ceinture. Raditz enchaînait deux autres signes, la main devant son cou, parfois coude en l'air. Le second signe différait parfois, pas le premier. Il avait vu certains soldats faire des gestes parfois encore plus ridicules.
« En quoi c'est censé avoir le moindre intérêt ? Répliqua l'adolescent avec une moue de désapprobation.
-Bah j'en sais rien, ça passe sûrement des informations puisqu'on ne reçoit jamais le même d'une fille à l'autre, mais si tu n'en as pas, le message est clair que tu n'as jamais... euh... acheté leurs services. »
Comme l'adolescent fronçait les sourcils, il ajouta avec empressement : « Une fois, j'ai essayé de voir ce que ça faisait, s'il y avait une différence sur le tarif ou quoi, j'ai imité le signe de Dodoria. Ben elles se sont foutu de ma gueule pendant plusieurs jours. »
Excédé, Végéta soupira. Pourquoi tout le monde regardait-il avec mépris ceux qui n'avaient aucune envie de goûter à leurs fichues drogues ? Il gardait un très mauvais souvenir de son premier et dernier verre d'alcool : il avait dû tuer deux de ces crétins de sous-fifres qui l'avaient provoqué pour pouvoir aller vomir en paix, il avait toussé plusieurs jours après avoir inhalé leurs saletés d'herbes séchées qui faisaient tourner la tête en donnant une impression affreuse de perdre le contrôle de soi. Non franchement non, il n'avait plus aucune envie de tester aucun de ces trucs-là !
Alors il avait éludé le problème comme à son habitude, en coupant court à la conversation pour revenir sur un sujet plus intéressant : les préparatifs pour leur prochaine mission. Mais le problème était resté. À chaque retour de mission, l'adolescent avait l'impression de se faire attaquer par une horde de mouches qui tourbillonnaient autour de lui sans qu'il n'ait le droit de les détruire. Elles étaient partout, c'était comme s'il y en avait une qui le guettait à chaque coin de rue : à la sortie du service de distribution des tickets, à la sortie des salles d'entraînement, de la cantine, du centre médical. Le détail troublant était dans les remarques qui se voulaient des provocations, où il avait l'impression qu'on remettait en cause sa valeur en tant que guerrier, voire d'homme. Quel était le rapport, bordel ? Il avait l'impression d'être considéré comme serait traité un jeune saiyan qui n'a pas encore passé l'épreuve des pierres, sauf que personne ne l'avait averti de l'existence de cette sseconde épreuve que tous les grouillauds dans cette putain de base militaire semablaient considérer comme évidente... ce qui la rendait d'autant plus dédaignable aux yeux du jeune prince.
La base militaire avait été déménagée, le cheptel féminin avait doublé, et leur harcèlement s'était un peu apaisé pendant quelques temps, mais deux purges plus tard, c'était devenu pire qu'avant. Et finalement, il avait commencé à avoir des difficultés pour troquer ses tickets rouges. « Elles me les refusent si elles savent que ça vient de toi... » Avait enfin avoué un soldat d'élite au physique squelettique qui avait pris l'habitude d'échanger ses tickets alimentaires avec le jeune saiyan.
Ça avait été la goutte d'eau.
Il n'était pas un fuyard. Il était le plus jeune saiyan à avoir jamais passé l'épreuve des pierres. Parce qu'il détestait l'appréhension de l'attente de l'épreuve. Les épreuves il les prenait de front et les expédiait.
Un beau soir, le quartier rouge avait donc reçu la visite d'un jeune saiyan adolescent de très mauvaise humeur et le ventre à moitié vide.
Au premier regard, il se heurta à de nombreuses expressions qu'il analysa toutes : de la surprise et de la frayeur. Puis arrivèrent les sourires : les affables, les calculateurs, les carnassiers, les timides, les forcés, et les méprisants. Toutes ces expressions ne lui inspiraient que du dégoût. Il expira.
Puis il fonça vers un des couloirs annexes permettant de quitter cette vaste pièce aux murs rouges qui ressemblait à une place du marché ou les femelles de toutes races s'exhibaient comme des articles à vendre. Il y rattrapa la frêle silhouette qui venait de disparaître à l'angle, contournant sans ménage les créatures qui se mettaient sur son chemin. Cachée à l'ombre du mur se tenait une insectoïde de couleur grise dont il ne parvint pas à identifier la race tant elle était pâle et filiforme. Elle tremblait sur ses jambes sans parvenir masquer l'effroi dans ses yeux quand elle le vit face à lui.
Il la jauge rapidement, estimant la menace, avant de demander froidement : « Combien ? »
Il n'avait pas cru possible qu'un insectoïde puisse pâlir davantage, pourtant elle le fit.
« Hey, mon mignon ! » Lança une voix derrière lui.
Excédé, Végéta sortit de son armure la liasse de tickets rouges qu'il venait de recevoir et qu'il n'avait pas pu troquer. Il en présenta rageusement la moitié à l'insectoïde qui écarquilla les yeux de stupéfaction. Il en déduisit qu'elle n'avait pas l'habitude qu'on lui propose une telle somme. Elle leva vers lui un regard méfiant et affolé, mais il y lut une once d'hésitation. Froidement, il ajouta trois tickets de plus et les tendit à nouveau à l'insectoïde d'un geste impatient, en précisant : « Bon, dépêche-toi, j'ai autre chose à foutre. » Comme elle fixait sa main sans réagir, Végéta expira bruyamment et lui colla la liasse de tickets sur la figure. Comme il s'y attendait, elle tendit les quatre pinces qui lui servaient de mains pour les empêcher de tomber dès qu'il les eut lâchés. Puis elle resta là, toute penaude, à le regarder d'un air effrayé avec ses tickets rouges dans les bras. Jugeant l'affaire conclue, le saiyan fit demi-tour et s'éloigna de quelques pas avant de se retourner pour vérifier qu'elle le suivait. C'était comme ça qu'il avait vu faire les autres. Et en effet, hésitant et tremblant à présent de tous ses membres, elle finit par lui emboîter le pas.
Celles qui l'avaient interpellé à l'aller s'écartèrent pour le laisser passer au retour. Il entendit quelques murmures d'encouragements à l'adresse de celle qui le suivait, d'autres sur un ton plus moqueur : « Ah c'était donc ça ! Il les aime soumises en fait ! Drôle de choix pour une prem... » La remarque fut suivie d'un glapissement paniqué alors qu'une boule d'énergie explosait dans le mur juste à côté de là d'où provenait cette voix. Végéta ne s'était même pas retourné pour viser mais pressa le pas. Il était d'humeur à faire sauter toute la pièce mais n'en avait pas le droit.
Il conduisit l'insectoïde jusque dans la chambre qui lui tenait lieu de quartiers, tentant d'ignorer les regards des autres soldats qu'il croisait et dont il avait l'impression qu'ils s'attardaient sur lui. Il la fit entrer et referma bruyamment la porte derrière lui. « Bon. Claqua-t-il fermement. Moi non plus j'ai pas envie d'être ici avec toi alors je vais être direct : ça c'est mon lit. Les pieds sont coupés parce que sinon ils cassent parce que je donne des coups autour de moi dans mon sommeil, donc si tu t'approches, la seule chose que je peux te garantir c'est que personne ne retrouvera ton cadavre. » La créature tremblait comme une feuille, les bras enroulés autour de son corps trop peu vêtu et sans aucune protection. Sans s'interrompre Végéta lui désigna l'étagère métallique où étaient rangés ses effets personnels : « Tu peux dormir sur le tapis ici. Ou tout au bout de la pièce si tu préfères, je m'en fous. Interdiction de toucher à mes affaires. Pas un mot. Une objection ? » L'insectoïde qui le fixait avec des yeux ronds s'empressa de secouer la tête négativement. Il conclut donc : « Parfait. Je vais dormir. Tu n'as pas intérêt à me déranger. » Et il lui tourna le dos, la suivant du coin de l'oeil, satisfait, alors qu'elle s'éloignait vers le tapis d'un pas précipité.
Il dormit mal cette nuit-là. Il était très désagréable d'avoir une présence étrangère et potentiellement dangereuse dans la même pièce. En missions, au moins, ils pouvaient instaurer des tours de garde ! Décidément, les autres soldats étaient stupides de s'exposer ainsi à une menace inutile. Bien sûr,il se doutait que l'accouplement avec les femelles ne se faisait pas en les faisant dormir sur un tapis au bout de la pièce, mais sérieusement, il n'en avait rien à foutre. Il voulait juste qu'on lui fiche la paix et pouvoir troquer ses maudits tickets rouges pour de la bouffe. Aussi, dès que son détecteur sonna le matin, il se leva d'un bond avec l'intention de mettre l'intruse à la porte.
L'insectoïde sauta sur ses pieds, une lueur d'inquiétude dans le regard qui n'avait plus rien à avoir avec la terreur qu'il y avait lue la veille. Il se demanda pourquoi en enfilant son armure par-dessus sa tenue élastique dans laquelle il avait dormi. « Bon, tu peux partir. » Déclara-t-il platement. Il déverrouilla la porte et la regarda avec insistance.
L'insectoïde déglutit bruyamment, tenta un pas en direction de la porte, puis se reprit soudainement, lui adressant la parole pour la première fois : « Attends, il faut que je te donne un signe. »
Végéta expira, puis referma la porte et croisa les bras.
Elle hésita, puis enchaîna deux signes de la main à sa droite, au niveau de son oreille, en précisant : « À droite surtout. »
Le saiyan haussa les sourcils : « Et tu t'imagines que je vais te laisser partir comme ça sans m'avoir expliqué ce que ça veut dire ?
-Quoi ? S'affola-t-elle. Mais je n'ai pas le droit !
-Je ne le dirai à personne. » S'engagea froidement l'adolescent. Lui aussi avait plutôt intérêt à ce qu'elle ne dise à personne ce qui s'était passé. Il pondéra donc sa phrase d'un regard appuyé, et constata avec satisfaction qu'elle se remit à trembler.
Puis bien vite, elle baissa les yeux : « C'est honnête, je te dois bien ça... »
Végéta n'avait ni notion d'avoir été honnête ni de lui avoir fait une faveur, mais il se contenta d'attendre qu'elle ait terminé de mettre visiblement de l'ordre dans ses pensées.
« Le premier signe, c'est l'avant-dernière syllabe de ton nom. Commença-t-elle dans un murmure presque inaudible. Ça sert à éviter que les garçons ne copient le signe d'un autre.
-Pourquoi l'avant-dernière ?
-Pour que ce soit difficile à deviner. »
Pas bête. Songea Végéta en la laissant poursuivre après une nouvelle hésitation.
« Le second signe, c'est la syllabe de mon nom.
-Et à quoi ça sert ?
-Bah, pour les garçons, c'est pour noyer l'information en faisant changer le signe souvent. Comme ils utilisent le signe de la fois qu'ils ont préféré, pour nous, ça sert à savoir la note qu'ils préfèrent.
-Une note ?
-Oui, ça c'est la hauteur de ma main.
-C'est à dire ? »
L'insectoïde ferma les yeux et restera ses bras contre sa poitrine. Visiblement, elle s'inquiétait de risquer de trop en dire. « En bref, plus la main est près de la ceinture, plus la performance est médiocre.
-Une performance ?
-Évidemment ! Les garçons ne sont pas les seuls à pouvoir profiter de la nuit !
-Ah. Donc c'est comme ça que vous faites varier les prix.
-Oui.
-Et donc moi, tu m'as noté au niveau de ta tête ? S'étonna l'adolescent.
-Oui, mais pondéré sur le côté.
-Ce qui veut dire ?
-Euh... À droite c'est terrifiant. À gauche c'est répugnant. » Végéta ricana. Il avait effectivement vu certains soldats faire un signe sur leur gauche. Pour lui, la mention terrifiant lui convenait très bien.
Puis comme l'insectoïde le fixait à présent avec inquiétude, il jugea qu'il avait bien assez perdu son temps en futilités comme ça. Il avait hâte d'aller chercher sa nouvelle assignation de mission. Il ré-ouvrit donc la porte avec un bref : « Compris. Allez bon vent ! » Néanmoins, alors qu'elle se décidait enfin à passer devant lui pour dégager le plancher, il ne put s'empêcher de redemander tout bas : « Mais pourquoi au niveau de ta tête ?
-Tu n'as pas idée... Murmura-t-elle en baissant les yeux. Merci de m'avoir permis de dormir. » En franchissant la porte, les rayons du soleil matinal firent luire sur sa carapace des reflets verts qu'elle n'avait pas la veille, permettant enfin à Végéta d'identifier finalement de quelle planète elle était, même si cette information n'avait au final aucune importance. Le manque de sommeil n'était donc pas seulement réservé aux soldats sous l'autorité de Frieza. Un outil de contrôle parmi bien d'autres.
Par la suite, le harcèlement par les prostituées cessa peu à peu. Le fait d'avoir un signe à leur indiquer pour leur dire d'aller se faire foutre ailleurs, semblait peser efficacement dans la balance. Et probablement que leur petite bataille de hiérarchie interne avait pris fin. Peut-être même que l'insectoïde qui lui avait servi d'alibi avait obtenu la possibilité d'influer en ce sens, mais il n'en eut jamais le cœur net car il ne la revit jamais, non qu'il eut cherché à le faire d'ailleurs. Ce n'était pas comme s'il en avait quelque chose à faire.
Avec le recul et l'expérience, Végéta avait fini par mieux comprendre pourquoi les filles du quartier rouge l'avaient harcelé de la sorte à cette époque qui lui semblait à présent si lointaine. La quasi-totalité d'entre elles n'avait certainement pas choisi de se retrouver là, tout comme Kholi et Flooer avaient elles aussi failli le faire. Elles étaient des créatures insignifiantes reléguées au rang de simples marchandises, et leurs petits cerveaux ne pouvaient pas supporter une telle vérité. Alors elles s'étaient inventé une importance. Elles avaient considéré comme un outil de pouvoir, ce monopole qu'elles détenaient sur la drogue du sexe. Parce qu'elles avaient besoin de se sentir exister, d'avoir l'impression de contrôler leurs vies en influençant celles des autres. Elles avaient besoin de cette illusion pour survivre.
Et en somme, Végéta ne s'était-il pas aussi lui-même entouré d'illusions tout aussi futiles, de grandeur et de puissance, pour continuer à avancer tête haute dans un monde totalement contrôlé par une poignée d'individus inimaginablement plus puissants que lui ?
Ces pathétiques créatures avaient fonctionné pareil que lui. Ou peut-être était-ce lui qui avait pathétiquement fonctionné pareil qu'elles. Elles avaient fini par se croire indispensables dans leur rôle. Et alors, il avait dû leur sembler logique de trouver inacceptable qu'un des hommes de Frieza refuse de s'intéresser à elles, et donc de se soumettre à leur influence... ou du moins, à l'illusion de pouvoir qu'elles avaient. Elles avaient échoué. Elles n'étaient que des pions dans le système de contrôle dirigé par Frieza, et sachant cela, Végéta n'avait jamais même été attiré par ce piège ouvert.
Assis sur le rebord d'une fenêtre, le guerrier saiyan soupira et reporta son attention vers l'intérieur de la maison contre laquelle il se trouvait. Toujours aussi perplexe. Dans le vaste jardin intérieur derrière la vitre, des animaux couraient et jouaient en tous sens. Parmi eux, un minuscule bipède mi-humain mi-saiyan, s'égayait en se déplaçant vaillamment dans un équilibre précaire sur ses deux petites jambes. Le voir marcher ainsi fascinait Végéta. Mais la chose qui l'intriguait encore davantage était la terrienne vers laquelle ce minuscule bipède revenait sans cesse. Cette femme-là, en blouse couverte de cambouis, affairée sur un de ces véhicules à deux deux roues dont elle était friande, cette femme-là était différente, et il ne savait pas quoi faire de cette information.
Elle, elle avait eu les moyens d'exiger son attention à lui, par le soutien considérable qu'elle lui avait fourni sans faille depuis qu'il avait posé le pied sur cette fichue planète Terre quelques années auparavant, sans vaisseau et assommé par une migraine étouffante. Elle avait du pouvoir ici. Et pourtant elle ne s'en était pas servi pour exiger quoi que ce soit de lui. Elle l'avait attiré à elle par son génie, par ses traits d'esprit, par son air enjoué, de nombreuses choses en somme, mais pas par la contrainte. Elle n'en avait pas eu besoin. Pourtant, elle, elle contrôlait vraiment sa vie.
OOOOO
Ce même après-midi, madame Briefs prenait le thé avec une amie de son club de fleuristerie. Non loin de là, sa merveilleuse fille faisait de la mécanique, probablement pour passer ses nerfs sur une situation professionnelle stressante, tandis que son adorable petit fils, le plus charmant de tous les enfants, jouait alentours, et que son gentil mari inventait de nouveaux jouets dans son laboratoire. Que la vie était douce !
« Ma chère ! S'écria son amie. Le parfum de ton thé est incroyable, mais ces pâtisseries que tu as trouvées pour aller avec sont vraiment étonnantes ! C'est tout simplement délicieux !
-Oui, je suis d'accord avec toi ! Répondit l'hôtesse. Ça vient d'une nouvelle épicerie fine qui vient d'ouvrir dans le district 13 avec ma participation financière, elle m'a envoyé ceci pour me remercier, n'est-ce pas charmant ?
-Tout à fait !
-Mais tu ne sais pas le plus surprenant : c'est que ce sont toutes des spécialités végéta-liennes !
-Végéta-riennes tu veux dire ?
-Non non, le végéta-lisme est d'un niveau encore plus poussé : c'est de la cuisine 100% végéta-le. »
Un bruit métallique strident interrompit madame Briefs dans son explication. Tournant la tête dans cette direction, elle découvrit que sa fille lui lançait un regard noir.
« Bulma ma chérie, s'inquiéta la mère, tout va bien ? »
Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Bulma poussa un soupir excédé et détourna le regard pour ramasser la clef à molette tombée par terre : « Non rien. » Bougonna-t-elle en reprenant son ouvrage.
Sa pauvre fille adorée était à nouveau de mauvaise humeur, songea madame Briefs avec compassion. Il allait lui falloir faire encore une tarte aux fraises bientôt... « Tu ne veux pas faire une pause et venir prendre le thé avec nous ma douce ? Ce sont des pâtisseries végéta...
-NON MERCI ! Tonna Bulma sans la regarder.
-Il ne faut pas croire tout ce qui se raconte sur le végétalisme, tu sais... Ça ne va pas te plonger en état végétatif comme...
-JE SAIS ET J'AI DIT NON MERCI ! » La coupa à nouveau sa fille, qui se mit ensuite à pester comme un charretier alors que son outil lui glissait à nouveau des mains.
« Voyons, ma douce, Trunks t'écoute ! Ce ne sont pas des mots dans la bouche d'une digne...
-Je sais maman.
-Mamimamimami ! Intervint alors son charmant petit-fils, le plus adorable de tous.
-Oui Trunksounet, je suis là ! Appela la grand- mère.
-Comme il est mignon... S'attendrit son invitée alors que le bambin accourait vers elles.
-Oui n'est-il pas charmant ?
-Datooooo mamiiii ? Interrogea l'enfant le plus charmant de tous en approchant de la table.
-Oui, ce sont des gâteaux mon trésor. Tu veux goûter ? »
Ledit petit trésor eut tôt fait de s'installer sur les genoux de sa grand-mère et d'enfoncer son visage entier dans la pâtisserie que cette dernière lui tendit.
« Mmmmmmmmm ! Commenta-t-il avec un sourire et de la crème jusqu'aux oreilles.
-Ooooh ! Qui c'est qui est un gros gourmand comme son papa ? C'est mon petit Trunks !
-Son papa aime aussi la pâtisserie ? S'enquit poliment son amie tandis qu'un nouveau flot de jurons éclatait non loin de là.
-Oh, ça oui ! S'exclama madame Briefs. Quel appétit cet homme ! C'est vraiment une joie de cuisiner pour quelqu'un comme ça ! » Elle marqua une pause pensive en posant un index sur sa joue et penchant la tête de côté, sans remarquer que Trunks descendait de ses genoux. « Je me demande s'il va bientôt revenir de son voyage dans l'espace... Il me manque un peu tout de même...
-Dato pou maman ! » Intervint l'enfant.
Madame Briefs tourna la tête. Trunks présentait son gâteau à demi écrasé devant la bouche de sa mère qui restait froidement figée, les yeux fermés.
Une seconde. Elle prit une lente inspiration.
Deux secondes. Elle offrit à son fils un sourire chaleureux : « Merci mon bébé, mais tu peux le manger pour toi. »
Trois secondes. Elle regarda sa mère d'un air fâché : « Il n'est pas parti dans l'espace, il est toujours sur Terre cet imbécile ! Le radar du vaisseau spatial est toujours au même endroit depuis son retour. »
Le petit Trunks enfournait sans hésiter le gâteau dans sa bouche et se mit à scander des A et des O la bouche pleine. Madame Briefs s'étonna : « Ah bon ? Mais où donc est-il parti alors ? Il fait du tourisme ?
-Qu'est-ce que j'en sais moi ? Répliqua sa douce Bulma. Vous ne pouvez pas parler d'autre chose s'il vous plaît ? »
C'était vain. La mère se posait d'un coup trop de questions. Elle prit une gorgée de thé avant de s'exclamer : « Tu ne crois pas qu'il aurait trouvé une meilleure cuisinière que nous quand même ?
-Hein ? Quoi ? S'étrangla Bulma. Mais non n'importe quoi ! Et puis non je m'en fous ! Mais quel connard ! » Elle se leva rageusement en lançant sa clef à molette par terre, puis ses gants et ses lunettes de protection : « Bon je laisse tomber, je vais me changer. Maman, tu veux bien garder un œil sur Trunks un petit moment s'il te plaît ?
-Bien sûr ma douce !
-Merci. À tout de suite Trunks ! » Répondit brièvement la mécanicienne en embrassant son fils sur le front et fonçant vers les escaliers à toute vitesse.
« Est-ce que tout va bien entre ta fille et... le... père de ton petit fils ? S'enquit poliment son invitée
-Oh oui ! Il est juste parti en vacances sans elle et elle est vexée je pense ! Oh mais c'est exquis ! As-tu goûté ces pâtisseries roses, là ?
-Datoooooo ! » Rappliqua le petit-fils le plus adorable de tous.
Une demi-heure plus tard, une femme en élégante en robe mondaine maquillée et coiffée descendit à la place de la mécanicienne en blouse.
« Mamaaaaaan ! Festoya le petit Trunks en accourant vers elle. Zoliii maman !
-Merci mon bébé. Lui sourit-elle en le prenant dans ses bras. Bon, alors il faut que je te raconte. Ce soir, je dois partir pour mon travail. Je vais rentrer tard, donc tu vas manger et puis faire dodo avec Papy et Mamie, compris ? Tu seras gentil avec eux, d'accord ?
-Mamaaaaan !
-Oui. Je serai là demain quand tu te réveilleras, promis.
-Momi ! Répéta l'enfant.
-OK. J'ai encore une heure avec toi avant de partir. Qu'est-ce que tu veux faire ? Jouer ? Une histoire ?
-Tété ! » Déclara le bambin avec enthousiasme en plongeant ses mains dans le décolleté de sa mère qui éclata de rire et s'installa sur un banc pour allaiter son gourmand de bébé. Puis ils lurent une histoire, puis deux.
L'invitée de madame Briefs prit congé. Puis monsieur Briefs vint les rejoindre avec un nouveau jouet qu'il venait de confectionner. Ils jouèrent tous ensemble. Puis Bulma regarda sa montre pour réaliser qu'elle était en retard. Elle embrassa donc son fils et ses parents, enfila son casque et sa veste de protection, puis enfourcha son aéro-moto, et démarra en trombe en agitant la main affectueusement.
« Au revoir ! À bientôt ma chérie !
-Awaaa maman ! » Scandait joyeusement le petit Trunks en agitant les mains au-dessus de sa tête.
Puis il y eut un moment de silence, les deux parents regardant la silhouette de leur fille s'éloigner en souriant. Puis madame Briefs demanda : « Où est-ce qu'elle va au fait ?
-À un congrès indusriel de la capitale secondaire. Répondit tranquillement son mari.
-Ah bon, et qui est son cavalier ce soir ?
-Un cavalier ? Elle n'en a pas, pourquoi ?
-...
-Ma douce ?
-QUOI !? Hurla madame Briefs en faisant sursauter mari et petit-fils adorable. Tu veux dire... Tu veux dire que ma pauvre petite fille est partie toute seule sans personne pour la protéger ?! »
Et en effet, Bulma partait seule. Seule, mais assurée et déterminée, minuscule silhouette sur fond de soleil couchant, libre comme l'air sur sa moto volante lancée à pleine vitesse, inconsciente à l'ombre au tableau qui arrivait irrémédiablement sur elle comme la pénombre du crépuscule.
OOOOO
À trente-quatre ans, Bulma avait déjà assisté à une bonne centaine de congrès scientifiques en tous genres, et les congrès industriels n'étaient pas franchement différents pour elle. Des poinées de main, des écanges d'infrmations, des signatures, des promesses, et encore des poignées de main. Elle était dans son élément. Elle était à l'aise. Elle prenait le temps d'échanger des informations avec ses confrères, les actualités économiques de chacun, leurs projets de développement et recherches en cours. Elle dut prendre le temps à chaque fois de les rassurer sur la bonne santé économique de Capsule Corporation dont elle tenait à présent seule les rênes, et même dévier deux propositions timides et polies de rendez-vous non-professionnel. Elle était sereine et déterminée. Tout se passait bien, elle avait son avenir en main.
Elle était sereine et déterminée, mais pourtant elle n'était pas prête pour la confrontation qui vint vers elle ce soir là, le sourire aux lèvres et une coupe de vin à la main.
Ils étaient deux, la quarantaine. L'un portait une chemise jaune, et l'autre une orange. C'était le duo bien connu des frères Kamel et Laion, les deux directeurs d'une entreprise réputée pour ses technologies laser de pointe.
« Alors, mademoiselle Briefs ! La salua chaleureusement le premier. Les médias n'ont d'yeux que pour vous et votre entreprise en ce moment ! Dites-nous donc : et nous, quand est-ce que vous nous rachetez ?
-Oh ne vous en faites pas monsieur Kamel ! Répondit-elle en riant. Je ne m'empare que de mes fournisseurs de matières premières ! Je n'en suis pas encore à conquérir le monde entier !
-Pas encore hein ? Répéta le second amusé.
-Et dites-moi, reprit le premier, quelles sont les nouvelles de votre usine qui a explosé ? On n'en entend plus que très peu parler depuis que vous vous lancez dans votre folie des rachats…
-Oui, j'avoue que ça m'arrange bien d'ailleurs ! L'enquête piétine. Heureusement que certains journalistes sont plus curieux de creuser le sujet que les enquêteurs de police. Nous avons dû porter plainte contre eux. Mais les salariés ont trouvé un nouveau rythme dans des locaux-capsule et les productions ont été re-réparties entre les différentes usines. Donc nous nous en sortons plutôt bien. » Résuma Bulma, toujours sereine.
Ce furent les réactions de ses deux interlocuteurs qui piquèrent son attention : l'un fronça les sourcils d'un air agacé tandis que l'autre pinçait les lèvres en une esquisse de rictus. Mais cela ne dura qu'une fraction de seconde avant que le premier ne reprenne avec un sourire affable : « Tant mieux. C'était tout de même très inquiétant. Il faut dire que cette explosion avait fait un bruit d'enfer ce jour-là.
-C'est vrai, renchérit le second, on était pourtant à plus de trois kilomètres de là, mais quel boucan ça a fait !
-Vous… vous étiez dans les environs le jour de l'explosion ? » Demanda Bulma, intriguée. Elle n'avait pas notion que le duo ait une usine à proximité du secteur R2D2…
L'homme en jaune fit un pas de côté et un geste d'invitation de la main pour proposer à Bulma de le suivre : « En effet, nous avons une résidence de vacances dans les environs. Un endroit sûr pour tester certaines de nos inventions.
-Des inventions ? » Sans réfléchir, Bulma lui avait emboîté le pas, son verre à la main, marchant sans le savoir vers le piège tendu. Tous les trois se dirigèrent vers une petite terrasse, plus au calme que la grande salle de réception où ils se trouvaient.
« En effet. Continua le dénommé Kamel. Nous étudions de nouvelles propriétés de certaines longueurs d'ondes émises en triangulation laser.
-Oui, c'est prodigieux, tout ce qu'on peut faire avec des lasers ! Ajouta le dénommé Laion avec grand enthousiasme.
-Vous piquez ma curiosité ! Dites-m'en plus ! » Bulma tentait de conserver son air décontracté malgré sa perplexité grandissante.
« J'espérais le faire, justement. Répondit le premier en tirant de sa poche, un objet ressemblant à une télécommande jaune, comprenant un curseur et un gros bouton rouge.
-Alors, qu'est-ce que vous pensez de ce petit bijou ? Demanda le second avec impatience.
-Eh bien… Répondit Bulma en haussant les épaules. Je dirais que c'est très assorti à votre chemise.
-Mais encore ?
-Hmmm… L'antenne pourrait certainement être optimisée pour être plus courte, ce qui serait plus confortable à conserver dans une poche. Une connaissance à moi ferait aussi remarquer qu'il est typique des créatures qui ont dix doigts de créer un curseur numéroté de 1 à 10, à savoir si 10 est vraiment le seuil maximal intéressant pour l'usage que vous voulez faire de cette télécommande. Ensuite, cela dépend des composants électroniques qu'elle contient et de ce qu'elle fait, bien sûr, mais je la trouve un peu grande pour une poche.
-Ah ! Nous y venons ! D'après vous, que fait donc cette télécommande ?
-Que voulez-vous que j'en sache ? S'amusa Bulma d'un air qui se voulait détaché.
-Essayez donc de deviner !
-Oui, renchérit l'homme en orange. Qu'est-ce qui se passe si on appuie sur le bouton ?
-Euh… Vous connaissant, je suppose que des lasers s'activent…
-Ah, vous nous connaissez bien ! Approuva l'homme en jaune. La question est donc : que font ces lasers ? »
Cette fois-ci, Bulma se contenta de hausser les sourcils et d'attendre. Elle n'avait pas que ça à faire et voyait mal où ils voulaient en venir, mais cette discussion la mettait mal à l'aise.
« Allez, un indice pour vous aider. Concéda Kamel. On a testé cette télécommande une seule fois, dans notre fameuse résidence de vacances.
-Le jour où ça a fait boum. » Renchérit Laion avec un sourire jusqu'aux oreilles.
Les oreilles de Bulma se mirent à siffler. Elle fronça les sourcils davantage : « Qu'est-ce que vous insin…
-Et donc, la coupa ce dernier, d'après vous, qu'est-ce qui pourrait arriver si j'appuie à nouveau sur ce bouton, ici, maintenant ? »
Des menaces.
Le cerveau de l'inventrice se mit à tourner à toute vitesse. C'était donc eux ? Mais pourquoi ? Comment ? Une bombe ? Non, impossible de faire entrer une bombe dans son usine sans se faire remarquer ! Il avait parlé de triangulation laser. Mais d'où étaient émis ces lasers ? Comment avaient-ils pu viser précisément la salle du dimocompresseur à plusieurs kilomètres de distance ? Impossible de viser avec une télécommande de ce type, et un laser se serait arrêté au premier obstacle rencontré ! Il y avait donc un ou des émetteurs de lasers probablement placés directement dans son usine. Mais comment cela aurait-il été possible sans qu'ils n'aient été remarqués ? Ou bien provenaient-ils d'un objet banal ?
En face d'elle, les deux hommes attendaient patiemment sans parvenir à masquer leurs sourires qui n'avaient à présent plus rien d'affable ni de bienveillant.
Capsule Corporation avait-elle acheté des objets en provenance de Laseris Corporation récemment ? Ils faisaient très rarement affaire pourtant… Trois machines à découpe laser deux ans auparavant, mais sinon…
« Quelle est votre usine la plus proche d'ici, dites-moi ? » Demanda l'homme en jaune d'un air faussement détaché en s'accoudant à la rambarde qui donnait vers l'extérieur.
Activation de proximité. Il pouvait donc y avoir des objets susceptibles de provoquer une explosion dans plusieurs de ses usines ? Qu'est-ce qui pouvait donc venir de leur entreprise, qui aurait été équipé à plusieurs endroits ? Depuis une de leurs filiales peut-être ?
… Oh merde… Des objets conventionnels à technologie laser... placés partout... Surtout autour des zones à risque...
« C'est une usine au sud de cette ville. Répondit prudemment Bulma en regardant l'homme droit dans les yeux. Elle produit principalement du mobilier compressible, mais il n'y a pas de dimocompresseur. La plus forte concentration de détecteurs incendie est donc sans doute dans la scierie. Rien que les procédures de sécurité de l'usine ne sauraient gérer.
-Bravo, vous avez déjà deviné ! » La félicita l'homme en orange.
L'homme en jaune qui tenait toujours sa télécommande, ou plutôt son détonnateur en main, se contenta de hausser les sourcils et de se redresser pour mieux lui faire face : « Votre perspicacité est impressionnante. Est-ce que vous arriverez aussi à deviner ce qui se passerait si je tournais ce curseur sur deux ? Ou sur trois ? »
Bulma pinça les lèvres, n'aimant absolument pas la tournure que prenaient les choses. Ces hommes étaient en train de la menacer de déclencher des explosions multiples dans ses usines ! Et ils avaient bien calculé leur coup ces vautours ! Les détecteurs avaient été achetés il y a plus d'un an ! Ils avaient attendu tout ce temps que le moment soit le plus propice pour eux ?
Quelle était la deuxième usine la plus proche ? La troisième ? Ou bien c'était le rayon d'action ? Non, sinon la triangulaion tomberait n'importe où entre les usines. Comment fonctionnait leur système dans les détecteurs incendie ? Il avait tout de même fallu une impressionnante détonation pour provoquer un incendie de cette envergure sur le dimocompresseur ! Le problème, c'était qu'ils avaient placé leurs nouveaux détecteurs incendie ultra-performants un peu partout. Les usines, mais aussi les points de dépôt en étaient équipés ! Et aussi…
Boboum boboum.
Le sang de Bulma se fige. Pourtant, elle entend son propre pouls battre à ses tempes comme autant de coups de marteau. Boboum boboum. L'homme en jaune qui la regarde avec un air amusé vient de régler le curseur sur deux. Le second ricane dans son dos. Savent-ils ce qu'ils font ? Ou bien attendent-ils qu'elle réagisse ? Il ne faut pas qu'ils sachent…
« Il n'y en a que dans vos usines, ou bien vous en avez placés ailleurs aussi, des détecteurs incendie ? » La nargue l'homme en orange. Il sait. Ils savent.
Ils savent que son père a placé les mêmes détecteurs incendie partout, dans tous les locaux reliés de près ou de loin à Capsule Corp. Partout. Donc il y en a aussi... chez elle, dans sa maison. C'est le troisième lieu le plus proche. Trunks. Papa. Maman. Ils sont en danger.
Boboum boboum.
C'est comme si l'air autour de Bulma était soudain devenu dense comme du cristal. Elle doit réfléchir, vite. Sa famille est en danger. Boboum boboum. Elle a peur. C'est un mauvais rêve. Un putain de cauchemar !
Malheureusement c'est bien réel, et elle le sait. Elle a peur. Elle a envie de crier, mais elle est seule. Il faut qu'elle protège les siens, quite à gagner du temps.
« Qu'est-ce que vous voulez ? » Murmure-t-elle. Sa voix lui semble à peine être un souffle à travers ses dents serrées, pourtant ils l'entendent, car ils échangent tous deux un regard satisfait et entendu.
« On y est. Dit l'homme en orange qui décidément parle beaucoup pour ne rien dire.
-Ne vous en faites pas, rien de bien compliqué. Assure l'homme en jaune. Ce serait tout de même regrettable qu'on apprenne la survenue d'incendies en chaîne dans plusieurs usines de la célèbre Capsule Corporation, si tôt après votre nomination ! Et honnêtement, ça doit vous peser de devoir gérer tant de formalités, tant de calculs politiques et stratégiques de gestion d'entreprise ! Vous gâchez votre potentiel d'inventrice ! »
Boboum boboum. Bulma écoute, lèvres pincées et oreilles bourdonnantes. Elle doit trouver la faille. Elle doit protéger les siens. Elle n'a pas le droit à l'erreur.
« Que diriez-vous, poursuit l'homme en jaune en promenant son pouce sur le bouton rouge du détonateur, de vous libérer de ce fardeau ? Il vous suffirait de deux signatures. Un contrat de cession totale des droits de Capsule Corporation à notre profit, et un contrat d'embauche en tant qu'ingénieure en recherche et développement chez Laseris Corp'. Vous pourrez continuer à vous consacrer à vos projets d'inventions avec juste quelques orientations de notre part, et nous prendrons en charge pour vous le côté difficile de gestion de l'entreprise.
-Vous serez même libérée du harcèlement des médias. » Ajoute l'homme en orange.
Céder toute l'entreprise et finir comme baillonnée à travailler pour ces gens. Conclut Bulma. Boboum boboum. Elle ne pourra pas faire retirer les centaines de détecteurs incendie après avoir signé ces papiers, ils activeront leur détonateur avant qu'elle ait pu le faire dans toutes les usines et on l'accusera de sabotage. Mais si elle ne signe pas, sa famille est en danger maintenant, tout de suite. Boboum boboum. Elle est seule. Où sont ces incompétents de guerriers Z quand elle a besoin d'eux ? Elle aurait dû demander à Son Gohan ou à Krilin de l'accompagner ! Merde ! Elle est seule, elle doit gagner du temps. Trouver un moyen de faire retirer tous ces détecteurs avant de signer leurs papiers. Ou de neutraliser leur détonateur. Boboum boboum. Non, à tous les coups, ils en ont plusieurs, ça se devine facilement vu le volume des poches du second type en veste orange. Comment faire ? Cet incapable de Shenron est en sommeil pour encore plus de six mois !
« Alors ? Qu'en pensez-vous ? » La presse l'homme au détonateur.
En détresse, Bulma jette un regard vers la salle de réception. Tous les convives discutent sans se soucier d'elle. Elle qui se croyait l'épicentre de l'attention. De loin, la conversation doit avoir l'air parfaitement anodine. Elle est seule. Elle doit protéger sa famille. Boboum boboum. Peut-être aura-t-elle le temps de prévenir son père de tout retirer de la maison au moins ? Ces enfoirés sont-ils capables de régler leur curseur sur dix si elle refuse de coopérer ? Heureusement que ça ne monte pas plus haut...
« Comment voulez-vous procéder ? » Demande-t-elle d'une voix vide. Il faut gagner du temps, trouver la faille. Boboum boboum.
Les deux hommes sourient d'un air satisfait. « Ah ! On savait que vous seriez raisonnable ! » Approuve l'homme en orange.
-Notre véhicule est aménagé en bureau mobile. Lui répond l'homme en jaune. Tous les papiers sont prêts d'avance et dans le règles. Nous pouvons régler cela sur-le-champ si vous voulez bien nous suivre.
-Je n'ai pas vraiment le choix… » Murmure Bulma en luttant pour ne pas trembler. Evidemment. Ça aurait été trop peu discret d'apporter des papiers de ce genre à signer directement dans la grande salle, au milieu de tous les convives. Le congrès avait beau avoir été prévu à cet effet, avec de nombreuses tables et crayons mis à disposition, cela restait évidemment trop risqué pour eux.
« Oh, bien sûr que si vous avez le choix ! Nous pouvons continuer à négocier si vous le souhaiez ! » Réplique l'homme au détonateur avec un sourire hypocrite en tournant le curseur de sa télécommande sur trois. Il pose son pouce et caresse le bouton rouge.
-Non, c'est bon ! S'empresse-t-elle de l'interrompre. Je vous suis !
-Ah, bien ! J'étais sûr que nous trouverions un terrain d'entente ! »
Ses nerfs ont dérapé. Elle a failli paniquer. Elle se sent comme congelée et la tête en surchauffe. Il faut garder la tête froide. Boboum boboum. Facile à dire. Elle a envie de hurler ! Le verre de vin dans sa main tremble. Elle le pose rageusement sur la rambarde à côté d'elle. Que se passera-t-il si elle hurle ? Mieux vaut ne pas le savoir, ils ont forcément prévu cette hypothèse...
Boboum boboum. L'homme en jaune ouvre la marche et pénètre dans la salle de réception. L'homme en orange lui fait signe de le suivre et lui emboîte le pas. Si l'air de l'extérieur a paru figé dans la glace à Bulma, l'atmosphère chaude de l'intérieur parait suffocante. Elle se sent prise au piège. Elle l'est. Boboum boboum. Garder son calme. Surtout garder son calme. Boboum boboum.
Ils avancent silencieusement dans la pièce surpeuplée. Il fait chaud. Trop chaud. Tous les visages amicaux paraissent soudain menaçants. Boboum boboum.
« Ah Kamel ! » Un convive que Bulma ne connaît pas accoste l'homme à la chemise jaune. Ils échangent quelques mots, mais ce dernier est visiblement tendu. Il abrège la conversation poliment avant que Bulma n'ait eu le temps de se saisir de l'occasion pour formuler un plan de secours.
Ils reprennent leur marche. La traversée de cette foule ressemble à la traversée d'un marécage. Boboum boboum. Bulma hésite. Faut-il que quelqu'un vienne lui adresser la parole ? Vaut-il mieux éviter ? Comment envoyer des signaux de détresse compréhensibles à des gens qu'elle connaît à peine ? Comment désactiver ou faire retirer en masse une centaine de détecteurs incendie explosifs disséminés dans une quarantaine de lieux différents ?
« Ah ! Mademoiselle Briefs ! Je suis sûr que vous êtes la personne de la situation ! Venez-donc écouter cela, s'il vous plaît !
-Oh... S'étonne Bulma. Euh c'est que...
-Désolé, mais Mademoiselle Briefs a promis de nous prêter ses lumières un moment. Interromp l'homme en jaune qui marche devant elle.
-Mais c'est très urgent ! Objecte le petit scientifique qui les interrompus. Madame Vanra prétend que...
-Je vous la rends dans à peine dix minutes ! N'est-ce pas mademoiselle Briefs ?
-Euh...
-Désolés messieurs dames. Interfère l'homme à la chemise orange arrivé juste à côté de Bulma. Chacun son tour.
-Monsieur Laion ! S'exclame joyeusement la dénommée Vanra. Vous aussi vous êtes un grand chercheur ! S'il vous plaît, prêtez-nous vos lumières aussi, ce que j'ai à dire pourrait bouleverser toute l'organisation sociétale de la planète !
-Comment ça ?
-Madame Vanra prétend l'existence d'un réchauffement climatique global de grande ampleur qui nous mènerait droit à une catastrophe environnementale planétaire. Résume un troisième convive, un dénommé Loucoeuvre que Bulma connaît bien.
-Qu'est-ce que c'est que cette idée tordue ? S'étonne Laion.
-On n'a pas le temps pour ça. » Fait remarquer Kamel. Bulma remarque avec inquiétude qu'il fronce les sourcils et tape du pied nerveusement.
« Allons monsieur ! Objecte Vanra sur un ton dramatique. Que pourrait-il y avoir de plus urgent que l'annonce d'une catastrophe imminente contre laquelle Mister Satan ne pourrait pas nous sauver ? C'est notre responsabilité de scientifiques de juger si c'est vrai et si oui quoi faire ! Monsieur Laion ! Mademoiselle Briefs ! Vous êtes tous deux d'éminents chercheurs ! Écouterez-vous des arguments scientifiques ? »
Du coin de l'oeil, Bulma remarque que l'homme à la chemise orange hésite. Il jette des regards à la dérobée à son confrère en jaune. Clairement, c'est ce dernier qui dirige les opérations, mais lui, dans son ombre, est manifestement en manque de reconnaissance. Cette occasion le tente.
Boboum boboum. Bulma dévisage l'un après l'autre les deux terroristes. Cette occasion est-elle sa chance ? Ou au contraire un risque supplémentaire ?
« Bon, mais faites vite car nous sommes pressés. Cède Laion.
-Mais...
-Ne t'en fais pas Kamel ! Pars devant ! On te rattrapera vite avec Mademoiselle Briefs. »
L'homme en jaune hésite mais il est coincé. Objecter davantage semblerait louche. Finalement, il fait un pas en direction de Bulma qui recule instinctivement. Là, il murmure : « Je ne suis pas très patient, tâchez de faire vite et de venir me voir directement ensuite. Je risque de passer le temps en appuyant sur des boutons sinon... »
Et il s'en va, laissant planer sa menace dans l'air comme on lancerait une grenade explosive
« Merci. Dit Vanra. Voyez-vous, ces trois confrères peinent à entendre mes arguments.
-De rien, répond Laion en prenant un air important. Dites-nous vite de quoi il s'agit ! »
Boboum boboum. Vanra commence à exposer les faits. Bulma lutte contre la panique. Elle se sent comme attachée à un élastique à un arbre dans une forêt en feu. À sa droite, le pseudo-scientifique à la chemise orange n'y comprend manifestement pas grand chose aux sciences environnementales. Pas étonnant : il manipule des lasers à longueur de journée ! Les trois autres scientifiques écoutent attentivement, mais deux d'entre eux lèvent régulièrement les yeux au ciel d'un air exaspéré.
« C'est complètement saugrenu ! Maugrée l'un d'eux. On perd notre temps !
-Vous ne pouvez pas contester des faits observés ! Proteste la climatologue. Mademoiselle Briefs, Monsieur Laion, quel est votre avis s'il vous plaît ?
-Ce n'est pas mon domaine d'expertise. Commence ce dernier. Mais tout ça ne semble pas logique. Il doit y avoir une erreur dans les chiffres. Il faut que d'autres gens que vous fassent les mêmes observations et nous les consoliden d'ici le prochain congrès. Bon, et maintenant...
-Mais enfin ! Se désespère Vanra. Ce n'est pas possible d'être au milieu de scientifiques reconnus et que tout ce qu'ils trouvent à me répondre c'est que ce n'est pas logique donc que mes chiffres sont faux !
-Et mademoiselle Briefs ?
-Oui, on ne vous a pas encore entendue mademoiselle...
-Votre expertise n'est plus à prouver, oui, quel est votre avis mademoiselle Briefs ? »
Ils ont presque tous parlé en même temps. D'ordinaire, Bulma aime être au centre de l'attention. Mais cette fois elle a l'impression que le moindre faux pas lui fera perdre sa famille. Depuis le début de cette conversation elle tend l'oreille, craignant d'entendre une explosion. Boboum boboum. Elle doit rapidement se sortir de là si elle veut éviter le pire. Les médias trouveraient tellement plus logique qu'elle passe entièrement la main de son entreprise suite à une seconde explosion louche dans une de ses usines ! Oh non... Boboum boboum.
On attend son avis. Elle doit vite le donner pour se sortir de là avant qu'il n'arrive un drame. Sa famille est en danger. Boboum boboum.
« Moi je pense que les chiffres ne mentent pas quand ils sont collectés avec sérieux, et je crois que madame Vanra est quelqu'un de sérieux.
-Ah merci !
-Par contre, je pense que c'est la conclusion qui pourrait être erronée.
-Ah bon ? Comment ça ? La questionnent les quatre collègues.
-Kamel nous attend, je vous rappelle. » Objecte Laion qui n'en a visiblement plus rien à faire de cette discussion à laquelle il ne comprend finalement rien.
Bulma bloque et jette un regard inquiet à ce dernier qui tire de sa poche, à sa plus grande horreur, une télécommande identique à celle de son complice, mais orange. « Désolé messieurs-dames mais puisqu'il n'y aura pas de fin du monde, nous devons vous laisser, mademoiselle Briefs m'a promis de m'aider à optimiser ma dernière création.
-Ah non ! Vous ne pouvez pas partir comme ça ! Mademoiselle Briefs, que vouliez-vous dire par là ? »
Il faut abréger. Tant pis pour les formes, de toutes manières, Bulma ne réfléchit plus assez clairement pour penser à dire les choses de manière conventionnelle. « Vous avez observé une disparition des glaciers, mais seulement sur certaines chaînes de montagnes et au pôle sud. S'il y avait un réchauffement global, on l'observerait partout, il faut donc vérifier si c'est le cas ou non. Idem pour les raz-de-marée : ceux dont vous parlez sont tous localisés autour d'un même océan. Et comme pour les montagnes qui s'effondrent, je ne vois pas très bien le lien qu'il pourrait y avoir entre la chaleur de l'atmosphère et la pénétration des astéroïdes. Par contre, vu les endroits que vous citez, on est à nouveau sur un phénomène localisé. Et puisque vous dites que le phénomène s'est emballé depuis trois-quatre dernières années, moi je pense que ce sont juste des terrains d'entraînement un peu trop sollicités.
-D'entraînement ? Mais de qui ? Dequoi ? Des armées secrètes ?
-Mais non, juste des guerriers... » Voyant la mine perplexe de ses confrères, Bulma réalise l'aberration que ce qu'elle vient de dire doit représenter pour eux. Bande de crétins ! Elle n'a pas que ça à faire ! Sa maison va exploser, bordel ! À sa droite, le type en orange avec sa télécommande commence à s'agiter nerveusement. « Bon, écoutez, je ne sais pas où ils s'entraînent, Mister Satan et ses disciples, mais regardez donc les rediffusions du combat contre Cell et allez voir l'état dans lequel se trouve le lieu où ils se sont battus, et ça vous donnera une idée de ce que je veux dire. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai à faire dans l'immédiat mais je serai ravie d'en reparler bientôt avec vous.
-Voilà c'est ça, vous en reparlerez après. » Abrège l'homme en orange. Sans attendre, il reprend sa marche vers la sortie en jetant un regard menaçant à Bulma, qui s'empresse de saluer ses confrères d'un bref signe de la tête et de lui emboîter docilement le pas.
Boboum boboum. Il y a un fou furieux qui s'ennuie dehors avec un détonateur entre les mains. Elle ne voit pas comment se sortir de cette situation mais s'il le faut, elle préfère encore tenter de signer leurs maudits papiers, quitte à formuler un plan de sauvetage plus tard. Il y aura bien un moyen. Il le faut.
Boboum boboum. Oh pourvu que le fou à la chemise jaune ne se soit pas impatienté !
L'homme en orange qui marche juste devant elle lui jette un regard amusé. Bulma n'ose pas imaginer quelle expression elle doit avoir sur le visage. Ça n'a plus vraiment d'importance, maintenant qu'ils sont sortis du bâtiment, il n'y a plus personne pour trouver ça louche. C'est bien la première fois de sa vie qu'elle n'a pas peur pour elle mais pour d'autres, alors qu'elle est toute seule dans un parking désert, plongé dans la pénombre, à rejoindre deux hommes malintentionnés.
« C'est juste un peu plus loin par là. Dépêchons-nous ! » Annonce-t-il.
Evidemment, ils se sont garés dans une zone un peu isolée, mais surtout plus proche de l'entrée principale que de cette entrée secondaire par laquelle ils sont sortis pour croiser moins de monde. C'est probablement cet aérovan là-bas. La porte latérale du luxueux véhicule est ouverte sur une pièce lumineuse avec un bureau et une liasse de papiers dessus. Sauf qu'il y a non pas une, mais deux silhouettes à contre-jour devant. Impossible de distinguer leurs têtes dans une source de lumière si basse ou de localiser lequel a la chemise jaune à contre-jour. Les deux semblent discuter. Opportunité ? Menace ? C'est peut-être un greffier ou notaire, venu avec eux pour leur permettre de rendre la procédure non réversible ? Boboum boboum. Finalement, l'une des deux silhouettes semble saluer l'autre et s'éloigne, sans doute en direction de l'entrée principale de la salle de réception. C'était probablement juste un convive qui voulait discuter avec Kamel. Peut-être même que grâce à cela, ce dernier ne s'est pas trop impatienté et que rien n'a encore explosé. À mesure qu'elle approche, Bulma distingue les reflets jaunes sur la chemise de l'homme resté à contre-jour qui semble les regarder approcher, immobile et droit comme un piquet.
Devant elle, l'acolyte presse le pas. Bulma tente de le suivre tant bien que mal sur le sol bétonné avec ses chaussures à talons. Boboum boboum. L'atmosphère se fait à nouveau pesante. Ça sent la peur à plein nez. L'impression est d'un coup si saisissante qu'elle prend Bulma à la gorge. Elle a l'impression de suffoquer.
« Désolé pour l'attente ! Lance gaiement l'homme en orange juste devant elle. C'est bon, on peut passer au clou du spectacle ! »
En face, l'homme à la chemise jaune ne répond pas, il ne bouge pas, il les regarde approcher. Bulma a l'impression de le voir comme vaciller dans la lumière du véhicule. Ils ne sont plus qu'à quelques mètres et l'odeur de peur s'accroît davantage. Les sens aux aguets, Bulma a brusquement l'impression que quelque chose cloche. Le tein de l'homme en face semble plus pâle, même si c'est sans doute un effet du contre-jour, mais surtout, il tient son bras droit presque nerveusement contre lui. Elle ne voit pas sa télécommande.
« Ça va ? Poursuit son guide. Tu ne t'es pas trop impatienté ? On n'a rien entendu de l'intérieur de la salle... »
Quelque chose cloche. Alertent les sens de Bulma en arrivant à deux pas de leur destination.
Alors l'homme à contre-jour oscille vers eux : « M... Mademoiselle... Mademoiselle Briefs pardon...
-Hein ? »
Sa voix n'est à peine qu'un murmure. Et soudain il tremble et s'écroule à genoux avec un gémissement de douleur : « Pardon, je...
-Eh, ça va pas ? S'étonne son acolyte qui s'est arrêté net tout comme Bulma. Qu'est-ce qui te prend ?
-Je... Je ne suis qu'un pathétique insignifiant... crétin... je
-Non mais sérieusement, Kamel, qu'est-ce que...
-Ta gueule Laion ! Gémit l'homme au sol. Faut que je finisse d'accord ? Mademoiselle Briefs... je ne... mérite pas une seconde de votre attention... je ne vous importunerai plus jamais. »
En fait, ça ne sent pas la peur, ça sent carrément l'urine. L'homme à genoux devant elle paraît purement misérable. Tentant de comprendre, Bulma regarde autour d'elle tandis que l'acolyte qui reste menaçant, objecte :
« Mais qu'est-ce tu fabriques enfin ? AAH ! Putain c'est quoi ce bordel ?
-Ta gueule Laion ! Ta gueule ! »
Bulma, qui regardait dans la direction opposée, sursaute pour se rendre compte que le type devant elle tient à bout de bras un objet métallique fumant au milieu duquel on aperçoit un large trou par lequel filtre la lumière. Son détonateur. En face, les cris de l'homme au sol résonnent de terreur. Il serre son bras droit contre lui de manière presque compulsive et son regard s'échappe vers le côté, vers la seconde entrée de la salle de réception.
Bulma suit son regard.
Boboum.
La porte principale de la salle de réception n'est pas si loin, une silhouette s'y tient à contre-jour. Le convive qui vient de parir. Cette silhouette, Bulma la reconnaîtrait entre mille. Petite, massive, coiffure en forme de flamme.
Boboum.
La silhouette lève une main vers le côté, dans une forme de salut appartenant à une race disparue. La seconde main s'écarte à son tour pour lui permettre de distinguer dans le contre-jour, la forme d'un objet rectangulaire muni d'une antenne trop grosse.
Oubliant tout, Bulma tend la main dans la direction de la silhouette et se précipite.
Mais une main la saisit par le bras : « Non mais tu crois aller où comme ça ? » Menace chemise orange d'un ton autoritaire.
Vlan ! La gifle part d'elle-même. « Bas les pattes, le crétin insignifiant ! » Hurle Bulma.
De surprise, l'homme l'a laissée arracher son bras et grimacé pour ses oreilles. « Non mais si tu crois que...
-On réglera ça plus tard, et croyez-moi, j'aurai vos peaux ! Poursuit Bulma en enchaînant avec une seconde gifle. Pour l'instant vous ne valez pas une seconde de mon attention ! »
L'homme en orange tente de la saisir par le poignet, mais Bulma ne fait déjà plus attention à lui. Derrière elle, elle entend des éclats de voix, des insultes, des bruits sourds puis un affreux cri de douleur. Apparemment, le crétin au sol s'est interposé. Elle n'en a rien à foutre.
Dans l'embrasure de la porte d'entrée, la silhouette aux bras croisés penche la tête sur le côté en observant la scène. Puis il hausse les épaules, se tourne de côté, et disparaît dans le couloir.
« Attends ! » Appelle Bulma qui marche aussi vite qu'elle peut sur ses maudits talons.
Peine perdue.
Lorsqu'elle atteint enfin le hall d'entrée, celui-ci est vide. Au bout du couloir, dans une vaste salle de réception illuminée, tous les grands industriels, entrepreneurs et scientifiques de la planète, échangent des poignées de main en mangeant des petits fours.
OOOOO
Passer la porte de cette salle de réception fit l'effet à Bulma de traverser la membrane d'une bulle spatio-temporelle.
Il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits. Elle avait bien failli y rester piégée, dans cette bulle de panique et d'angoisse. Elle ne devait son salut qu'à l'intervention miraculeuse d'une seule personne, et ça tombait bien, car elle avait justement un mot à lui dire. Malheureusement, elle avait beau regarder frénétiquement en tous sens, il était introuvable. Quelle idée d'être si petit aussi ! Il ne pouvait tout de même pas passer inaperçu avec une coiffure comme la sienne et sans costume ! Bon, apparemment si... Vers le buffet peut-être ?
« Vous cherchez quelqu'un, Bulma ? Vous êtes toute pâle...
-Ah. Bonjour Grenoy. » Soupira Bulma devant son confrère inquiet.
Bon, il fallait se résoudre à l'évidence, le sauveur ne voulait pas qu'on le trouve. Pourquoi ? Peut-être valait-il mieux qu'il reste discret ? Au moins pour le moment ? Oh mais oui ! Elle avait une autre priorité !
« C'est que... Tenta-t-elle d'expliquer. Je viens... de trouver, enfin... de comprendre la raison de l'explosion de mon usine à R2D2. Il faut... que je passe des consignes de sécurité de toute urgence... Dites Grenoy, est-ce que vous accepteriez de me rendre un service s'il vous plaît ?
-Bien évidemment ! S'enflamma son aimable confrère. Que puis-je faire pour vous ?
-Vous voulez bien m'excuser auprès des organisateurs s'il vous plaît ? Je devais faire un petit discours à la fin de la soirée, mais je dois partir.
-Pas de souci, je me charge de leur expliquer, comptez sur moi, allez sécuriser vos usines !
-Merci beaucoup Grenoy. Je vous revaudrai ça. » Sans attendre, Bulma fit volte-face en sortant son portable-capsule de sa poche. Il n'y avait pas une minute à perdre.
Le plus surpris fut son père, qui répondit tardivement au téléphone et se retrouva forcé de concilier avec sa fille presque hystérique au bout du fil, à lui promettre de retirer sur-le-champ tous les détecteurs incendie de la maison, de les passer au broyeur et d'entasser les débris dans la chambre de gravité, seul endroit à portée de main susceptible d'encaisser le choc d'une potentielle explosion. Les responsables de sécurité des usines firent moins de difficultés et posèrent moins de questions avant de jurer d'appliquer immédiatement les nouvelles consignes. Seule dans le hall d'entrée, Bulma soupira, espérant évacuer une partie de tout le stress accumulé. Ça faisait beaucoup pour une soirée.
Bon. À l'heure qu'il était, son père et les droïdes ménagers avaient probablement fini de broyer toutes ces bombes. Un coup de fil de vérification le lui confirma. Elle put enfin souffler, promettre à son père de tout lui raconter demain et l'autoriser à retourner se coucher.
Regardant autour d'elle d'un air suspicieux, elle déclara à voix haute : « C'est bon, c'est géré, tu peux te montrer maintenant. »
Une seconde.
Deux secondes.
Trois secondes.
Pfffff ! Personne !
De toutes manières elle était trop stressée pour rester là. Elle voulait rentrer chez elle, et c'est ce qu'elle allait faire. Un bon bol d'air pendant le trajet retour lui ferait du bien. Son aéro-moto était garée juste après la porte, mais quelle ne fut pas la surprise de Bulma en ouvrant le compartiment où elle rangeait ses chaussures plates, lorsqu'elle en retira une télécommande jaune, avec un bouton rouge et un curseur positionné sur zéro !
Perplexe, Bulma observa longuement le détonateur avant d'à nouveau regarder autour d'elle : « Allez ! Montre-toi ! »
Une seconde.
Deux secondes.
Trois secondes.
« Froussard ! » Tenta-t-elle.
Toujours rien.
Il ne lui restait donc plus qu'à rentrer chez elle. Ce qu'elle fit sans plus attendre. Elle fonça à toute allure, les pensées ailleurs, pilotant son bolide de manière automatique. Tant de questions et d'hypothèses se bousculaient dans sa tête !
Arriver devant sa maison intacte lui procura une immense sensation de soulagement. Elle avait eu le temps du trajet pour faire le tri dans ses réflexions, mais il fallait bien avouer que ce n'était pas aux menaces qu'elle avait reçues et à ce qu'il convenait de faire pour la suite qu'elle avait le plus pensé.
Toute la maisonnée semblait endormie. Bulma gravit silencieusement les marches jusqu'à l'étage des chambres pour aller embrasser son fils sur le front. Celui-ci se retourna dans son sommeil pour se positionner sur le ventre et les fesses en l'air, en soupirant longuement. Calme. Si calme. Bulma sourit en refermant silencieusement la porte.
Dans le couloir, elle hésita sur la destination à choisir. Finalement, elle haussa les épaules et entra dans sa propre chambre. À quoi bon se fatiguer à monter cinq étages pour espérer voir une personne qui avait décidé de choisir seule où et quand apparaître si tant était qu'il s'y décidait ?
Elle jeta un regard circulaire à la pièce plongée dans un serein désordre organisé. Tout y était à sa place. Bulma soupira à nouveau de frustration et se dirigea vers sa salle de bains, défaisant d'un geste nerveux sa coiffure soignée trop serrée pour libérer ses cheveux courts et son malheureux cuir chevelu. Puis elle se planta devant le miroir et attendit.
Une secondes
Deux secondes
Trois secondes
Une ombre apparut derrière la porte-fenêtre menant à son balcon.
Bulma retint sa respiration.
Une seconde. La poignée se mit à tourner toute seule comme par magie.
Deux secondes. Un goût de métal en fusion dans la bouche la fit pincer les lèvres.
Trois secondes. La porte s'ouvrit lentement en un glissement feutré, et un courant d'air frais s'engouffra dans la pièce.
Et il était là, lui renvoyant un regard sombre à travers le reflet du miroir.
Bulma inspira profondément, espérant de tout cœur que sa voix sonnerait claire et posée : « Je me doute bien que si tu es venu à mon aide, c'est que tu attends quelque chose en retour, mais... merci beaucoup. Vraiment. Tu m'as tirée d'un sacré pétrin. »
Son rictus.
« Je t'ai pourtant déjà dit que je n'aime pas qu'on présume à mon sujet »
Sa voix.
Ses expressions, ses intonations. Elles étaient les mêmes qu'avant mais semblaient pourtant différentes. Comme si le mépris et la moquerie avaient fait place à quelque chose de plus apaisé, de plus simple.
Bulma dut à nouveau inspirer profondément pour se calmer avant de reprendre : « Et moi il me semble t'avoir déjà dit que je n'aime pas qu'on me fasse attendre. Qu'est-ce que tu veux ?
Une seconde. Haussement de sourcils.
Deux secondes. Soupir.
Trois secondes, regard détourné : « De rien. »
« De rien ? C'est ta manière de me demander pardon ? » Cette fois-ci, Bulma s'était retournée. Une partie d'elle-même se consumait d'espoir futile. L'autre partie était blessée.
Il était là, en chair et en os, au milieu de sa chambre, regardant le tapis, bras ballants à ses côtés. Fait surprenant : il portait un pantalon noir et une chemise que Bulma reconnut comme ceux qu'elle avait fait fabriquer sur mesure pour lui. À sa question, il redressa brusquement la tête :
« Comment ça pardon ? » Demanda-t-il en heurtant son regard de plein fouet.
Bulma soupira, sans se rendre compte qu'elle serrait ses mains sur ses avant-bras : « Tu as notion de combien c'est blessant de se faire plaquer après avoir dit ce que je t'ai dit ? Le fait que je sois… amoureuse de toi ne… t'autorise pas à me traiter comme un objet dont on dispose à sa guise. J'ai ma fierté aussi. » Elle avait pourtant bien préparé sa phrase, mais la prononcer finalement n'avait pas tout à fait les accents souhaités. Elle avait même brièvement détourné à son tour les yeux vers le sol, et dut se rappeler elle-même à l'ordre pour relever la tête.
Végéta la regardait d'un air perplexe.
Alors elle continua : « Dis-moi, j'ai besoin de savoir : tu reviens pour quoi ? Tu reviens pour combien de temps ? »
Il haussa les épaules, sourcils froncés : « Est-ce que ça a une importance ?
-Evidemment ! A quoi tu t'attendais ? Tu t'imagines pouvoir me laisser tomber comme ça quand ça t'embête, me dire que je ne représente rien à tes yeux, me laisser sans nouvelles pendant des mois, et revenir d'un coup comme si de rien n'était en jouant les sauveurs ?
-Tsss ! Je ne suis pas venu pour que tu me fasses la morale, Bulma.
-Forcément. Mais tu es venu pour quoi alors ? » Cette fois-ci, Bulma avait osé deux pas dans sa direction. Il fit de même, visiblement aussi agacé qu'elle, mais elle poursuivit. « Tu es venu pour chercher des remerciements, non ? Qu'est-ce que tu veux au juste ? Besoin de matériel ? De stocks de nourriture ? Une réparation sur le vaisseau ? Ou bien tu viens juste chercher ma reconnaissance pour ce soir ?
-Arrête. Tais-toi.
-Ah oui ? C'est ça que tu veux ? Que je me taise ? Et ensuite ? »
Végéta expira bruyamment et rompit d'un coup le reste de la distance entre eux. Il la fixa droit dans les yeux, à quelques centimètres à peine.
« Je te suis reconnaissante, Végéta, mais ne vas pas imaginer que ça efface le mépris que tu m'as lancé à la gueule la dernière fois.
-J'ai dit, tais-toi ! » Grogna-t-il en la saisissant par la gorge.
Elle n'en avait rien à faire, au contraire, la poussée d'adrénaline lui donna plus de hargne encore : « Alors si tu es juste venu ce soir pour tirer ton coup, je te rappelle que je ne suis pas un p..
-Je sais ! » La coupa-t-il rageusement.
Et Bulma se vit interrompre brutalement toute les répliques auxquelles elle avait pu penser et même toutes ses pensées quand une paire de lèvres brûlantes vint se plaquer contre les siennes.
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Une seconde
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Deux secondes
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Trois secondes
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« Eh ben ! Si j'avais su que c'était aussi efficace… » Souffla un rictus amusé contre sa bouche.