Voilà le dernier chapitre et le plus long ! Cette histoire va vraiment me manquer, c'est de loin ma meilleure fanfic. Attention, toujours du slash.
Merci à toutes (tous ?) de m'avoir suivie et envoyé tous ces gentils reviews ! Merci à toi aussi, Guest à qui je n'ai pas pu répondre :D
Dean et Castiel étaient allongés côte à côte sur les dalles glacées qu'ils avaient trempé de sueur. Ils contemplaient le plafond, perdus dans leurs pensées. Prenant pleinement conscience de ce qu'ils venaient de faire, Dean demanda, préoccupé:
- Tu regrettes ?
Le prêtre le regarda, deux rides profondes séparant ses sourcils froncés:
- Non, Dean. Je n'ai jamais ressenti autant de... choses, de toute ma vie. C'est comme si tu m'avais réveillé de ma torpeur, que tu m'avais redonné naissance. (Il contempla le crucifix et la culpabilité se peint sur son beau visage.) Je regrette seulement que cela ait dû se faire dans le blasphème... Oh, Seigneur, pardonnez-moi !
Dean se redressa sur ses coudes et fixa Castiel avec sévérité:
- Cass, Il n'a rien à te pardonner. Tu m'aimes et je t'aime de tout mon être. Il n'y a rien de mal là-dedans. N'oublie pas que tu es l'Ange qui m'a sauvé de la perdition, alors pourquoi Dieu nous aurait-il fait nous rencontrer s'il n'allait pas aimer le résultat ?
- ... Ta logique est implacable, Dean, répondit Castiel après un moment de réflexion.
Il se leva à son tour pour embrasser Dean.
Le lendemain se passa dans la béatitude; les deux hommes étaient simplement heureux l'un avec l'autre et Dean était sobre depuis maintenant trois jours. Le pire était passé. L'esprit de l'ecclésiastique était toujours hanté par le fantôme du remords, mais il avait peu à peu appris qu'écouter son cœur et son corps ne pouvait pas être que maléfique. Dans l'absolu, rien n'avait changé et sa foi restait inébranlable.
La réunion pour alcooliques arriva bien assez tôt et Dean prit spécialement son après-midi de congé pour y participer; les autres membres furent ainsi étonné de le voir en avance pour une fois, déjà assis à côté du prêtre.
- Bienvenue à vous tous, déclara Castiel, sa voix grave se répercutant contre les hauts plafonds de la nef en un écho apaisant. Qui désire nous parler de ses progrès aujourd'hui ?
A la surprise générale, Dean leva deux doigts en s'éclaircissant la gorge.
- D-Dean ? Très bien, nous t'écoutons...
- Ouais, alors voilà. Je m'appelle Dean, mais ça vous le savez déjà... Je suis sobre depuis maintenant trois jours et c'est grâce à lui. (Il désigna Castiel.) Je ne sais pas comment ou pourquoi il l'a fait, mais il m'a aidé, supporté, et accueilli bras ouverts en son église quand j'étais sur le point de lâcher prise définitivement. Je suis persuadé qu'il n'est guidé que par sa compassion et son devoir d'aider tous le monde, même les rejets dans notre genre. Et rien que pour ça, il mérite notre reconnaissance et sa place au Paradis.
Il lui sourit et commença à applaudir, suivi de Benny, Sylvia et Bobby. Les saphirs de Castiel s'embuèrent légèrement et il leva les mains en niant en mériter autant.
Tu m'as dit que lorsque je serai assez fort, je pourrai parler à cœur ouvert de ce qui m'a fait plonger au fond de ce gouffre de désespoir et d'alcool, continua Dean, plus sérieux que jamais. Je crois aujourd'hui en être capable...
- Tout a commencé le 22 novembre 1983. J'avais presque 5 ans. Je dormais quand j'ai été réveillé en sursaut par un cri venant de la chambre de mes parents. Je me suis levé et j'ai couru vers eux, mais ce que j'y ai vu... (Il dû s'arrêter pour inspirer profondément.) Mon père avait été violemment frappé à la tête par un homme en noir et il gisait sur le lit, sonné. L'homme... tenait ma mère collée au mur, elle appelait à l'aide et lui riait aux éclats... Le... démon - parce qu'il fallait être inhumain pour ça - l'aspergea alors d'essence avant de craquer une allumette. Sa robe de chambre s'est enflammée en une seconde, suivie de ses longs cheveux blonds, et l'odeur de sa peau carbonisée a empli la pièce... Il n'y a rien de pire que cette odeur, rien, ça m'a foutu une de ces nausées !... (Il essuya une larme qui perla au coin de son œil vert et sa voix se fit plus bourrue, car il réprimait ses sanglots.) Mon père, qui s'était remis du coup, m'a agrippé les épaules et m'a ordonné de détourner le regard, et de prendre Sam - mon petit frère - pour partir le plus loin possible... Je me rappelle encore ma mère, qui même à l'agonie, ne pensait qu'à nous et nous criait de partir sans nous retourner... Mais je ne pouvais plus réagir, j'étais sous le choc et mon père, John, dut me gifler et me pousser dans le couloir pour que mes jambes réagissent. Il me jeta un ultime regard rempli de souffrance, et se jeta sur le démon dans un corps à corps mortel, qu'il perdit. (Dean pleurait complètement à présent et il n'était de loin pas le seul dans l'église.) Alors, j'ai couru dans la chambre de Sam et l'ai sorti de son berceau, il hurlait, à croire qu'il savait ce qu'il s'était passé... Tout n'était que cris, pleurs et craquements de la maison qui s'embrasait autour de moi et le démon riait toujours, un rire horrible qui recouvrait le vacarme... Mes parents étaient morts. Et moi ! Je n'ai rien pu faire ! (Sa voix se brisa.) J'étais incapable de faire quoi que ce soit à part crever de peur et les regarder se faire massacrer devant mes yeux ! C'est de ma faute, si j'avais aidé mon père... Si j'avais appelé les flics...
Dean cacha son visage inondé de larmes dans ses mains. Il était littéralement effondré, ses épaules courbées par le fardeau de la culpabilité qu'il portait depuis son enfance gâchée. Il était quasi impossible de ne pas ressentir une sincère pitié en regardant ce grand garçon à qui on avait arraché son innocence pleurer seul debout dans une église. Castiel pleurait aussi, comprenant enfin avec horreur ce qui rongeait l'être qu'il aimait; il le serra dans ses bras de toutes ses forces, caressant ses cheveux, sans se préoccuper de ce qu'en penserait les autres.
- Chuut, Dean, chuuut... Tu as ait tout ce que tu as pu. Tu n'étais qu'un enfant. Ne sois pas trop dur avec toi-même... Tu as fait tout ce qui était en ton devoir et même plus, à savoir obéir à tes parents et sauver ton petit frère.
Et comme deux jours plutôt, dans la nuit du samedi au dimanche, Dean s'accrocha à lui de toutes ses forces, terrorisé à l'idée de resombrer dans ce cauchemar.
La réunion se termina après l'histoire de Dean; tous les problèmes des autres membres paraissaient en effet trop insignifiants à côté des siens. Dean avait séché ses larmes et remis son masque de rebelle désabusé. Benny, Sylvia et Bobby lui souhaitèrent bon courage avec une embrassade collective et le saluèrent. Juste avant de sortir de l'église, Bobby se retourna, ses petits yeux bruns brillant de malice sous sa casquette de camionneur:
- Amusez-vous bien, les gars.
Dean arqua les sourcils et Castiel demanda, perplexe:
- Pourquoi nous a-t-il dit ça ?
Le premier éclata de rire avant de lui donner une tape dans le dos.
- Je crois qu'il a deviné... Pour nous...
Le prêtre fut un instant horrifié, puis il céda à l'hilarité de son âme-sœur.
Les bras croisés derrière la tête, Dean était allongé dans son lit. Il repensait à son frère, submergé par les souvenirs qu'avaient ravivés la réunion de l'après-midi. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils plus parlé, déjà ? Cela devait faire depuis que Sam était entré à la fac. Ils étaient si différents et pourtant si proches; lui ne rêvait que d'une vie normale et posée, il avait accepté la mort de ses parents... Dean quant à lui n'avait jamais réussi à l'accepter, et surtout à se pardonner, et Sam ne pouvait plus supporter de le voir s'autodétruire jour après jour. Il était donc parti et Dean n'avait pas essayé de le retenir.
Ce dernier tourna la tête du côté de sa table de nuit et contempla son portable. Il finit par l'attraper et composer le numéro qu'il savait par cœur.
- Sam ? C'est Dean... Je voulais juste savoir comment t'allais. Moi, je vais mieux, merci. (Il regarda le vitrail qui perçait le mur de sa chambre.) Beaucoup mieux. Je suis sobre depuis 3 jours. Quoi de neuf ? (Il sourit, rempli de fierté.) Quoi ?! Tu bosses dans un cabinet d'avocats maintenant ?! Waouh. Juste, waouh. Bravo. A ton mariage ? J'y crois pas, mon petit frère se marie déjà... Je viens de prendre un coup de vieux. Bien sûr que j'y serai ! Avec joie. Ok, alors à bientôt, j'attends ton invit'. (Il était sur le point de raccrocher lorsqu'il se rappela:) Sam, attends... Je pourrai y amener quelqu'un ?
Un soir de pleine lune, Dean donnait un coup de main à Castiel pour faire le ménage dans l'église, profitant de la relative luminosité qui traversait les somptueux vitraux. Le prêtre balayait les miettes d'hosties devant l'autel d'un rythme lent et harmonieux, presque hypnotisant, lorsque son regard fut attiré par Dean: celui-ci dépoussiérait le confessionnal, les muscles de son dos moulés par son T-shirt kaki jouant à chacun de ses mouvements. Guidé par une soudaine envie, il posa son balais et entra dans la cabine exigüe, avant d'en fermer la porte.
- Es-tu prêt à te confesser, mon Fils ? dit le prêtre d'un air aguicheur à Dean qui s'était retourné.
Dean se prêta avec plaisir au jeu de rôle:
- Pardonnez-moi, mon Père, car j'ai péché...
Castiel ôta le T-shirt de Dean mais le laissa enroulé autour de ses poignets, en une chaîne improvisée.
- Et quelle est la nature de votre Péché ?
Le prêtre l'embrassa dans le cou, tandis que sa main se glissa dans son jeans, trouvant ainsi un écho à son propre désir.
- La luxure, mon Père... La plus délicieuse de toute..., murmura Dean.
Castiel serra son sexe entre ses doigts, le faisant gémir.
- Mais encore... ?
- J'ai péché... avec un homme. Un prêtre, qui plus est... (Il lui jeta un regard de fauve.) Et il m'a laissé le souiller, le profaner sans opposer aucune résistance...
Dean reprit le dessus sur Castiel qui ne demandait que ça et le poussa contre la paroi du confessionnal, l'embrassant sauvagement.
- Je t'absous, mon Fils... Mais à une seule condition.
Dean arrêta ses baisers et fixa les yeux bleus du prêtre, plus pénétrants que jamais.
- Laquelle ?
- Reste à mes côtés. Pour toujours.
- C'est promis.
Et il se laissa tomber à genoux devant Castiel.