Disclaimers : les gars, c'est l'OS XVIII les années passent, les neurones trépassent, ok ? et si vous êtes encore là, les vôtres ne sont plus, Béatrice paupiettes et spiritueux (c'est du latin, sisi :p)

Héhé vous n'y croyez plus pour ceux qui sont encore là ? Ben si, je suis là, le miracle de presque noël

Genre : Le genre : elle essaie désespérément de poster plus d'une fois par an mais un jour elle y arrivera ! Inspiration : Ze Voice.

Rating : T & M, dépendent des OS. Celui-là c'est M.

Résumé ? Perturbation de train-train quotidien, étoile filante dans un ciel d'encre... XD

Micis ! J'ai répondu à tout le monde *fière*

Suite d'OS pour qui ? Toujours pour mon petit Hamster Américain que j'aime et que je n'ai pas encore pu voir cette année -_-. Plein de bisous et de sourires ! Pour NausS nossi parce que ça fait plaisir d'avoir des nouvelles surtout quand le temps passe. Et pour vous !

Câlin Spécial : toujours aux Dame Lysa, l'année 2019 a été plus que rock n roll pour toi et moi et je ne t'oublie pas ! et à ma petite ensorceleuse à qui j'envoie d'énormes bisous et ondes positives.

Me, Mon nombril & I : Elle poste encore, la Mite ? Oui et je pourrais dire exactement la même chose que l'année dernière : vie particulièrement pénible entre 2-3 jolies choses. Santé en dents de scie et merdes astrales mais enfin on en sort, donc me voilà. 2020 commence bien (sauf aux infos :()!

Je veux poster plus en 2020 : ne mettons pas nos doigts en grève et croisons-les pour de bon pour que la vie et mon emploi du temps de fous furieux ne me mettent pas de bâtons dans les roues ! En tous cas vos retours me touchent. Ce n'est pas parce que j'écris peu en ce moment que j'arrête. Si je devais arrêter, je préviendrais par correction, pour qu'il n'y ait pas d'attente vide. Mais c'est pas pour tout de suite :).


Update : je remets un Kit Persos, au cas où parce que ça fait 1 an : normalement vous l'avez découvert au fil de la lecture

Heero et Dorothy partagent un cabinet médical.

Heero et Trowa sont co-propriétaires d'un appart et sont voisins de Duo.

Duo vit seul et a 2 meilleurs amis : Quatre et Wu Fei

Dorothy a 2 meilleures amies : Réléna et Lucrézia qui sont belles-sœurs.

Une est la patronne de Trowa mais seulement dans son activité de vétérinaire

Trowa et Quatre se sont plus ou moins acoquinés après quelques péripéties et quiproquos.

Wu Fei et Dorothy se sont acoquinés tout court.

Dorothy et Trowa se connaissent par Heero.

Le plus grand Fan de Duo s'appelle Silence

Attention le rating est M pour ce chapitre. C'est un M light mais vous connaissez le pouvoir suggestif des mots :).

Et no fait : Bonne année Twenty-Twenty ! Santé, Amour & Bonheur en tout ! Et de la chance, bordel. De la chance sur vos pommes :D


OS XVIII - (tre sinon rien) : Don't Stalk me Now: The Ex-ecutioner Song

T

L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, les personnages ne se pintent pas et même s'ils le faisaient ils n'existent pas :D

T

Dubaï 21h30, Buffet de l'Alcôve des Délices, Aile Ouest, Hôtel Al Toubab

- Les sushis sont infâmes, comment pouvez-vous servir une chose pareille ?

- ...

T

Ah non, ça n'allait pas recommencer. Un seul Heero Yuy suffisait dans ce monde, même s'il avait soigné son pote.

Wu Fei inspira le plus calmement du monde.

Il ne pouvait pas se permettre de donner un coup de poing à un invité.

Mais une minute.

Il reconnaissait cette voix ?

T

- Et ce champagne est imbuvable.

- C'est parce que c'est le vôtre. Scandale Sanitaire ou cépage approximatif ?

T

Le reporter se tourna.

Des yeux bleu roi.

Une chevelure auburn.

Un sourire, parfait mélange de narquois et d'aristocratie.

Une veste militaire de style empire rouge sur un pantalon blanc.

Aux pieds ce qui ressemblait à des baskets vernies.

Excentrique et pourtant moderne.

Il avait pu entrer malgré son propre dress code.

T

- Tiens, tiens, Tintin à Dubaï ? Si je m'attendais à ça.

- …

- Qui va être embroché par l'épée de justice ?

Le reporter de guerre haussa un sourcil.

Lui dire qu'il était essentiellement là pour entretenir la fangirlitude de la potentielle cliente d'un de ses meilleurs amis était inconcevable.

De toute façon c'était lui qui posait les questions.

Et les reposait, jusqu'à obtenir une réponse satisfaisante.

T

- Alors ? Scandale sanitaire ou cépage approximatif ?

T

Le nouvel arrivé fit la moue en regardant ses ongles manucurés qui tranchaient avec ses doigts calleux bien qu'élégants.

T

- Tant qu'il y aura des acheteurs... et ce produit si infâme qu'il soit est populaire en partie parce qu'il est bio et totalement élitiste. Servi à toutes les ambassades à des personnes qui font semblant de se délecter.

T

Wu Fei haussa un sourcil très haut.

T

- Le bio est dévoyé mais il en existe du très bon. Ce n'est pas toujours le cas, vraisemblablement.

T

Un sourire ironique fleurit sur les lèvres du producteur.

T

- Qu'y puis-je s'ils aiment la torture ?

- Les additifs, peut-être ?

- Mon champagne ne contient aucun additif controversé. Les convives ont le goût de s'abreuver volontairement de ma richesse. La qualité peut être atroce, assurément.

- Et cesser la production ?

- Quand on cessera la production de merveilleux fromages issus des plus nobles moisissures ? Je ne provoquerai pas le chômage de mes équipes par moralité déplacée et élitisme inversé. Notre moralité est propre, comme notre champagne, n'en déplaise… à certains.

- Pas sûr.

- Ne…vous… déplai…se, comme dirait la chanson. Mais diantre…

T

Le regard bleu roi se fit joueur.

T

- Serai-je le futur embroché de votre épée de justice, cher Tintin ?

- Aurais-je des raisons d'émousser ma lame sur du menu fretin ?

T

Le potentiel suspect fit un pas de plus vers Wu Fei, l'obligeant à relever la tête vers lui.

Une haute stature, un port altier, une présence manifeste.

Un homme qui avait l'habitude d'être obéi à son seul regard.

T

- En affaires, je suis un prédateur. Je ne serai assurément jamais au menu. Et pour cause. Mon agenda respire l'ennui. Mon prochain partenariat est réticent mais clean.

- …

- La belle harpie est difficile à convaincre. Mais j'ai une solution à l'hypothétique problématique éthique qu'elle me soumet. Je lui aurais bien dit de changer sa pilule mais l'étiquette ne me le permet guère. Et pour ce qui est du reste...

T

L'homme haussa les épaules, feignant de regarder ses ongles.

T

- ...

- Pour ce qui est du reste... je m'en tiens éloigné, tu le sais.

T

Famille Khushrenada, totalement imbuvable, investisseurs avertis « Business Angels » fricotant avec les politiciens véreux pour mieux les manipuler.

Une partie des bénéfices permettant systématiquement d'aider la population locale, c'était mieux que d'être en délicatesse avec le FISC du pays concerné.

Dès que les affaires marchaient moins et que le coût social devenait trop élevé, la famille changeait de pays.

Aider des politiciens véreux pouvait altérer l'image de leur entreprise.

Khushrenada fils semblait un peu moins opportuniste, tout en restant insupportable.

Il avait aussi augmenté la fortune familiale de 13% en 5 ans, via sa branche TR Champagne.

Wu Fei ne comptait plus les articles rédigés sur les rapports borderlines de la famille.

Mais lui était plutôt clean pour le moment.

Alors oui, il savait. Mais il ne répondrait pas.

T

- …

- Mais on ne choisit pas sa famille. Tout comme on ne choisit pas ses attirances.

T

Le regard bleu roi se fit intense.

Il avait des yeux bien trop intelligents pour ses lèvres.

Wu Fei leva les yeux au ciel.

T

- Et c'est reparti...

- Tu es encore plus beau que dans mon souvenir, Dragon.


18h30 heure de Paris, devant chez Duo, même moment

- Nooon. Tu me feras jamais croire que c'est ton mec ! So out of your league, comme qui dirait.

T

Il éclata d'un rire incrédule et conclut.

T

- C'est juste pas pour toi, quoi. C'est pas pour rien que Quatre est juste un pote. Ça c'est plus pour Quatre.

T

Les deux ennemis prirent la peine de regarder l'imbécile à terre...

Puis ils levèrent les yeux au plafond en un osmotique…

T

- Ta gueule.

- Ta gueule.

T

Et au moment où Duo resserrait la main sur sa batte.

Le Docteur attrapa ses lèvres.

T

- Heehmph…

T

Duo avait Heero sur le bout de la langue.

- …

- …

T

Bon, le David, là, était plutôt en format carpe.

Les murs avaient des oreilles, surtout dans un immeuble à forte tendance gériatrique.

Dites-le avec un sonotone, tout le monde était sourd, sauf pour gossiper.

Si leurs voisins les voyaient, là, maintenant, tout de suite ? Ils se seraient vraisemblablement crus morts et punis par l'au-delà, réincarnés dans leur immeuble à un stade de sénilité avancée.

On entendait le torse nu de l'un caresser contre la combinaison de l'autre.

On entendait la soie du bas de pyjama noir se frotter contre le coton kaki enveloppant les jambes.

On entendait les bruits de leurs respirations, des mouvements de leurs lèvres à mesure qu'elles se prenaient et se déprenaient et leurs soupirs moites.

On entendait éventuellement un petit vélo pédaler à vide dans l'esprit de l'éconduit.

T

- Fake news!

T

Et pourtant David voyait de longs doigts sur une tresse qui ordinairement détestait être touchée.

Duo allait très loin pour le rendre jaloux.

Parce que c'était uniquement pour le rendre jaloux, sinon il ne l'aurait pas chopé.

Quand tu t'en fous, tu t'en fous, non ?

En plus c'était n'importe quoi, y avait ce sale clebs qui faisait la fête autour d'eux.

On aurait dit un de ces films de noël américains de l'apocalypse.

Et ils allaient chacun se tenir sur une jambe, l'autre restant repliée, le talon sous la fesse ?

On ne mélangeait pas les jolis torchons avec les serviettes classes.

Et être en couple amoindrissait les chances mais ne les faisaient pas disparaître.

David était bien placé pour le savoir.

Il sourit. Il avait gagné.

T

- Non mais la romance à la bière c'est pas possible.

T

La main du docteur avait migré des omoplates à la nuque de Duo, juste à la base du crâne pour exercer une douce pression…

et un son très proche du ronronnement s'échappait désormais de la bouche énervée.

T

- Hmmm…

T

Merde. Il aimait ça le salaud.

La main gauche de Duo migra de la hanche nue à la naissance de la fesse droite du docteur, à travers le pyjama noir.

La main droite était le long du corps... la batte de baseball vacillait doucement, prête à toucher le sol dans l'indifférence générale, sauf du clebs qui frétillait utile en évitant un KO involontaire.

David avait failli se faire homeruner, la logique aurait voulu qu'il se taille.

C'était presque le moment parfait, il était mal assis et du coup ses jambes étaient trop ankylosées.

Mais il ne cherchait même pas à se redresser : il avait bien trop mal à l'ego – et aux dents pour avoir un quelconque instinct de survie.

De toute façon la peur n'évitait pas le danger.

T

- Ça va, je vous dérange pas ?

- …

- …

- Hey !

T

Courageux et con commençaient de la même manière, après tout.

Dans inconscient, y avait con aussi, non ?

Un con, sciemment.

Objectivement, David avait rusé pour arriver jusqu'à Duo, il ne repartirait pas les mains vides.

Le concours de langue n'allait pas lui payer le dentiste.

Sans le voisin et son clebs – et sans la sortie de son jeu, Duo serait bien plus à l'écoute, comme il l'était quand ils étaient ensemble.

Il aurait dû mieux choisir son jour pour venir le voir.

Mais pourquoi n'y avait-il pas pensé ?

T

- Hey ! Je suis là !

T

Duo se raidit imperceptiblement.

Pénible ce bruit de fond, quand même.

Le docteur mordilla la lèvre inférieure de son patient, murmurant un « on l'emmerde » contre son souffle avant de l'avaler.

Puis vint chercher une langue trop bien pendue pour ne pas en faire bon usage.

S'engueuler à même la bouche était un bon compromis.

Les bienfaits de la communication non verbale.

T

- Hmm…

T

Le docteur reprendrait bien un peu de ronronnement avec ces lèvres chaudes.

Et Duo, de plus en plus chaud, glissa sa jambe entre les cuisses de son voisin.

Oooh… Okay…

T

- Heerrrrr…

T

Le ronronnement se mua en un presque rugissement.

T

- Ça va, j'ai compris. T'as gagné, je suis jaloux.

- …

- Bon, Duo…

T

Ce bourdonnement insistant finit par faire tressauter les paupières de Heero.

Et en reconnaître l'origine.

Mais honnêtement ? Entre répondre à un connard et répondre à un baiser, le choix était vite fait.

T

- ... tu peux me prêter Docteur Love ?

T

Cette persistance auditive finit par froncer sérieusement les sourcils de Duo.

Et il finit par en identifier la source.

Mais honnêtement ?

Entre rouler une pelle et creuser une tombe, le choix était vite fait.

Silence s'éloigna.

La main se resserra sur la batte.

Leurs lèvres se détachèrent sur un dernier smack.

Duo ouvrit les yeux.

T

- …

- …

T

Des yeux devenus violents, violets sous la lumière, voilés dans un regard bleu noir.

Du permanganate de potassium dans du bleu de méthylène.

Un sourire en coin...

Avant que Duo ne pousse sans ménagement son voisin pour rejoindre en 3 enjambées l'ex trop surpris pour se relever.

Et vint coller la tête de la batte contre une joue gauche en sueur.

Appuya fort où la dent avait disparu.

David frotta sa cuisse pour chasser les fourmis.

Un feu allait finir par enflammer son jean à ce rythme.

T

- Si tu te repointes chez moi, je te bute.

- Tu penses pas ce que...

- Si tu te repointes chez moi. Je te bute, David.

T

...

Contre toute attente…

David lui sourit.

Plan B.

T

- Même si je peux te ramener ton nouveau jeu vidéo ?


Buffet de l'Alcôve des Délices, Aile Ouest, Hôtel Al Toubab, même moment

- Tu es encore plus beau que dans mon souvenir, Wu Fei.

- Et irrémédiablement pas intéressé.

T

L'aristocrate le regardait avec des yeux dramatiquement énamourés.

T

- Quel dommage. Depuis que tu as intégré mon ancienne école militaire, tu quittes rarement mes pensées. Chaque corps que j'étreins me rapproche du tiens, Wu Fei.

T

Le reporter haussa un sourcil narquois.

T

- Depuis 9 ans ? Rapproche-toi plutôt de la mère de ta fille.

- … J'ai ton odeur dans la tête depuis le Yémen. Un bombardement. Toi et moi dans ce bunker, collés l'un contre...

- Ronfler des heures dans mon cou pendant mon tour de garde pour nous empêcher de crever peut laisser un traumatisme, oui. Il devait y avoir de l'opium dans ton souvenir, Treize.

T

Khushrenada eut un soupir à fendre l'âme.

Il adorait ces joutes verbales.

L'aristocrate était fasciné par les incorruptibles, surtout quand ils étaient beaux, courageux, intelligents, vifs.

Intouchables.

Icare devant le soleil.

Irrémédiable lapin devant l'éternel.

Loup-garou en manque de pleine lune.

Coureur de raretés, quelle que soit le sexe.

T

- J'essaie désespérément d'éveiller tes sens à mon désir, Wu Fei.

- Et moi j'essaie désespérément de ne pas rire. Mais si je ris trop fort je ne vois plus rien. Et j'ai besoin de mes yeux pour observer. Et de ma crédibilité pour enquêter.

T

Treize soupira encore.

T

- Si fougueux dragon.

- As-tu des choses à me révéler ?

- Hm ?

T

Personne ne savait. Et personne ne devait savoir.

Leurs rencontres devaient se jouer et non se déjouer.

Un jeu sérieux. Un jeu dangereux.

Fantaisies militaires, dirait le chanteur.

Il fallait savoir observer pour comprendre.

Ne jamais perdre de vue que, sur cette excentrique veste militaire de créateur, trônait une authentique médaille commémorative française.

Vu le personnage, on aurait plutôt misé sur une médaille en chocolat.

Vu la famille, on aurait sûrement pensé qu'il avait acheté le gouvernement qui la lui avait attribuée.

T

- Tes oreilles auraient-elles traîné ?

T

Faire semblant de ne pas se connaître quand il était de notoriété publique qu'une enquête avait été menée, était ridicule.

Rendait bien plus suspect que de se parler au grand jour.

Aucun indic ne donnerait ses infos en pleine lumière.

Le jeu de séduction était bien réel, même si le séducteur était le seul à être séduit.

Ou plutôt non.

Une personnalité pouvait séduire bien plus qu'un sexe.

Mais là ou pour l'un, un désir jamais concrétisé naissait, pour l'autre, une forme de camaraderie… voire d'amitié suffisait.

C'était frustrant. Mais c'était comme ça.

T

- Et que me donnerais-tu en échange cher Dragon ?

- Je continuerais à t'adresser la parole ?

T

Le regard de l'excentrique aristocrate se fit pétillant comme le champagne.

T

- Je prends.


M.E.F, prestigieux institut, 18h45 (heure de Paris)

T

Réléna, dans un immense canapé de velours carmin, peignoir blanc, serviette capillaire et chaussons assortis, rondelles de concombre sur les paupières, attendait patiemment que l'on vienne l'achever.

En même temps, il lui avait proposé un délicieux thé matcha et quelques langues de chat végétaliennes pour la détendre.

Elle aurait préféré un excellent Chablis mais ça n'allait pas avec les petits gâteaux.

Et elle avait faim.

Elle profitait d'un repos bien mérité, l'organisation de la fête avançant tout de même malgré la réticence du parrain à intervenir.

Elle s'occuperait de son cas bien assez tôt.

Mais bon.

Elle grignotait un petit biscuit quand George Brassens vint murmurer puis murmurer et vibrer de plus en plus fort à son oreille.

T

Le temps ne fait rien à l'affaire…. Quand on est…

T

- Alexis ? Alexis ? Décroche le téléph… ah merde, ça marche pas.

T

De guerre lasse, elle palpa la table à l'aveugle, décrocha le téléphone et enclencha le haut-parleur.

T

- Allo ?

- Help, Léna ?

T

Réléna claqua sa langue contre son palais en désapprobation.

Les manières, bordel.

T

- Bonjour, Millardo. J'ai décroché par réflexe, je suis occupée.

- Mais…. mais c'est urgent.

- Je dois m'occuper du chat. Et si c'était vraiment urgent c'est Lu qui aurait appelé.

- ...

- Quoi, si elle fait un retour de couche, appelle Dot ?

- Hein ? Avec qui ? NOOOON !

T

Aïe… c'était ça aussi.

Ils sont pas d'humeur mais ils ont envie… mais ils sont pas d'humeur.

Foutus hormones.

T

- Bon alors t'as encore merdé. Elle allait bien la dernière fois que je l'ai vue….

- Mais…

- Lu t'a viré de la maison qui rend sourd et tu ne sais pas pourquoi, hein ?

- Euh... j'entends pas, y a un avion qui passe.

T

Ça voulait dire : « oui ».

Il l'appelait souvent en ce moment.

Lucrezia était vraiment à cran et Millardo quand même un super papa et un mari dépassé. Avant il était un papa dépassé, il y avait objectivement du progrès mais quand t'es dedans, tu vois pas.

Toujours prêt à bien faire, complètement maladroit.

Quand il reprendra ses esprits…

Quand ?

Quand reprendra-t-il ses esprits ?

T

- Okay, va chercher des chocolats « Délices de Paris », dis-lui que tu l'aimes, ce genre de conneries. Pense-le et fous-moi la paix.

- Mais...

- Dis-lui que t'es le dernier des cons, elle te croira sur parole. Elle va redescendre à un moment, tu vas récupérer quelques neurones.

T

Derrière sa temporaire incompétence informatique (et sa couvade qui redescendait) et sous cette blondeur incroyable, Millardo avait une discipline militaire, un cursus atypique, un cerveau.

Chipouilleries fraternelles mises à part, il était plutôt structuré entre deux conneries.

T

- Quoi, j'ai tort, Mi-Mill ?

- Ne m'appelle pas comme ça, Rélénaze.

T

Ouch.

Millardo, d'ordinaire si patient, en ce moment si lunaire, si paniqué… commençait à montrer des signes d'exaspération.

Reprendre ses esprits c'est parfois être intelligent pour deux.

Mais monter en puissance en différé était plus dangereux que de monter en puissance en même temps.

Il n'y avait rien de plus blessant qu'un mouvement d'humeur, qu'un ras-le-bol justifié pourtant vécu comme une injustice quand il se manifestait entre deux croissants.

La fausse fête surprise leur ferait vraiment du bien, sisi.

Pourvu qu'ils tiennent jusque-là.

Les fêtés n'avaient vraiment pas intérêt à gâcher leur propre party.

Personne ne souhaitait voir Tata Réléna sortir de ses Louboutin.

T

- Et Tata Rélénaze elle a tort, Mi-Mill ?

T

« C'est toi qui m'appelle, Mi-Mill »

« Je suis ton alliée, c'est pas moi qu'il faut faire chier »

T

« Non parce que ton coup de pression parce que ta femme te court, ça va pas le faire »

« Tata Rélénaze t'aime quand même »

« Cordialement »,

Un long soupir au bout du fil.

Une longue inspiration.

Puis.

T

- ... Tu peux m'aider à choisir les chocolats genre là ?

- ? Non mais ton nombril te rend sourd ou quoi ? Je t'ai dit que je pouvais pas, je vais m'occuper du chat.

- Mais t'as pas de chat.

- Si, si. Là j'ai Wolverine dans le slip, c'est le moment de rendre minouche présentable.

- ...

- Écoute, je peux rencontrer l'homme de ma vie d'une minute à l'autre, donc là je suis chez « Minou En Force », l'institut esthétique des stars, pour ne rien te cacher.

- ...

- Alors tu te démerdes ou on se rejoint à Délices de Paris, mettons dans 1h ? Et t'as intérêt à m'inviter parce que je le vaux bien.

- Oui... mais après elle va dire que je cherche à la faire grossir.

- ... Elles sont chiantes les femmes. Mais rassure-toi, tu les surpasses, frangin.

T

Réléna esquissa un sourire accompli…

T

- Merci, Tata. Tu es ma sœur préférée.

T

… avant de tenter de lever les yeux au plafond sans faire bouger les rondelles de concombres.

Sans succès.

T

- Moi aussi, je m'aime. Si je n'existais pas il faudrait m'inventer. Mais j'y pense. J'existe ! C'est parce que tu es l'aîné, sinon, je serais fille unique.

- Et nos parents, à l'asile.

T

L'éclat de rire de Réléna la surprit.

T

- Haha, t'as gagné !

T

Et Millardo de rire doucement, de bon cœur.

Mission accomplie, Tata Réléna.

T

- Ma petite sœur préférée. Merci.


Dubaï, Alcôve des Délices, non loin du Buffet Aile Nord, Hôtel Al Toubab, même moment

T

Wu Fei, assez bien aiguillé, même s'il ne l'admettrait jamais auprès de l'intéressé, entreprit de fureter discrètement.

Chemin faisant, il essaya de repérer où était Quatre, sûrement à tenter de convaincre son éventuelle cliente.

Ou pas, il venait d'apercevoir Dorothy et Une en grande conversation.

Dorothy regardait Anna-Lisa.

Anna-Lisa regardait le décolleté de Dorothy comme s'il faisait intégrante parti de la conversation.

Leur attitude corporelle n'était pas hostile. En revanche, deux séduisantes femmes seules attiraient les regards et les convoitises.

T

- Celui-là il bouge un orteil et je…

T

« Je » lui ferai une guerre comme il en a jamais vu.

« Je » rien du tout, oui ?

Elles sauraient bien évidemment les remettre en place, il n'en doutait pas.

Il avait un travail à accomplir et de fortes envies de mettre quelques droites.

Mais il avait besoin de ses doigts pour rédiger ses articles.

Le pragmatisme l'aidait à ne pas se comporter comme un mâle Alpha mais il ne fallait pas pousser.

T

- Mais où est Raberba ?

T

Le reporter de guerre pivota complètement sur sa gauche et le vit se diriger vers une table privée avec des bouteilles qui n'avaient rien à voir avec l'horreur ambiante.

Il avait laissé les femmes entre elles pour tenter de – et apparemment réussir à - trouver de l'alcool acceptable.

Sur ses talons il y avait… Barton ? Le voisin ? Mais que faisait-il là ?

Et Yuy ? Pas là apparemment.

T

- Quatre n'avait pas dit qu'il inviterait son quatre-heures en rendez-vous. Ce n'est pas poli de ramener son goûter à un dîner. Ce n'est pas pro.

T

C'était quelque chose qu'il ne faisait jamais.

A moins que ce ne soit une coïncidence…

Et Wu Fei ne croyait pas aux coïncidences.

Il croyait aux faits.

Une chemise pourpre, un pantalon écru, ceinture de cuir caramel assorti aux chaussures.

Une démarche élégante, plutôt féline, un prédateur tranquille.

Un fauve temporairement repu attendant que la faim le reprenne.

Venir faire ses courses le ventre plein évitait de se jeter sur la nourriture.

Se nourrir, c'est d'abord visuellement apprécier son plat.

Apprécier son odeur pour prédéfinir son goût.

Barton n'était pas là pour faire de la figuration.

Mais l'attitude corporelle de Raberba ne révélait que du professionnalisme.

Derrière son dos, Barton ne pouvait pas voir qu'il venait de se mordre la lèvre.

T

- Si Quatre ne l'a pas invité, Duo a parlé ? Non. Il a peut-être une détermination – ou une inconscience - qui force le respect.

T

Les mains chargées de flûte et d'un nouveau cru, ils se dirigeaient à présent vers Jolly Docteur et sa groupie.

Les yeux de Une quittèrent enfin le décolleté pour se poser sur Barton.

Décidément elle avait du mal à miser sur le bon cheval. Celui-ci n'aimait que les étalons.

Ou pas ? Son regard semblait plus confiant. L'attitude corporelle de Barton était plus amicale, moins sexy.

Ils se connaissaient.

C'était par elle qu'il était venu.

Par l'hypothétique cliente de Raberba Winner.

En direct de ses plates-bandes.

Tant mieux.

C'était pire.

T

- …

T

Mais égoïstement, il voyait sa femme et sa groupie avec deux hommes qui avaient de quoi dissuader les renards.

Et il avait du travail.

Il redeviendrait un ami plus tard, là il devait être professionnel.

T

T

- Vous en avez mis un temps ! Franchement, Tro, c'est long pour une branl…

- On est partis chercher à boire, Dorothy.

T

Trowa remit aux deux femmes une grande flûte.

Craignant de perdre à jamais le sens du goût, Une daigna enfin relever son regard des seins de sa rivale.

Rivale qui fronçait tant les sourcils qu'ils s'en roulaient une pelle endiablée.

T

- Euh… non, Trowa.

- Mais si, tiens, Dot. C'est Raberba qui régale.

- C'est plutôt « Raberba » qui a trouvé une cuvée plus en adéquation avec notre palais du moment.

- Auriez-vous recouvré la raison, maître Winner ? Pensez-vous enfin que la fusion est un non-sens ?

T

L'avocat sourit, en bon professionnel qu'il était.

T

- Je pense que le goût se cultive, Miss Une, mais que nous ne sommes pas d'humeurs à être cultivés. Trowa ?

- Mais, certainement.

T

Trowa venait de prendre son ton d'aristocrate pour la première fois depuis bien longtemps.

Un ton qui donnait tout naturellement envie à quiconque l'entendait, de tendre l'oreille.

De tendre son corps.

Et en l'occurrence ici : de simplement tendre son verre.

Il déboucha la bouteille avec expertise avant de servir Une, Dorothy, Quatre, puis lui-même.

T

- Eh bien, faites-nous rêver, maître Winner.

- Chère Lady, Dame Dorothy, vous êtes en présence d'un authentique Heidsieck 1907.

T

La dite Lady battit des paupières.

T

- Oh. Si seulement les Khushrenada faisaient ça. Il n'existe que 200 bouteilles uniquement disponibles au Ritz de Moscou si je ne m'abuse ? à 40000 dollars la coupe ? Serait-ce une contrefaçon ?

- Une seule manière de le savoir. J'ai déjà eu l'occasion d'en boire après tout.

- Ça fait cher la gorgée, Winner. A-t-on vraiment le droit de le boire ?

T

Raberba haussa les épaules.

T

- Il était sur une table, dans son seau. Prêt à être dégusté.

- Dans ce cas vous sortirez le chéquier si le propriétaire se manifeste, n'est-ce pas, maître ?

T

L'avocat haussa un sourcil très haut.

T

- Préférez-vous cultiver votre palais, très chère ?

T

Une répondit en levant son verre.

Quatre confirma qu'il ne s'agissait pas d'une contrefaçon.

La flûte descendit très gentiment – et très rapidement, appelant un nouveau service.

Et Trowa ne poserait jamais cette bouteille sur la table au risque de la voir disparaître.

Quitte à avoir une crampe à la veuve poignet.

Alors qu'elle trinquait, Anna-Lisa chercha le regard de Dorothy avant de demander.

T

- Et donc vous vous connaissez depuis longtemps avec Trowa ?

- Quelques années, oui, par son colocataire, avec lequel je partage mon cabinet.

- Par Heero, évidemment, le monde est petit. Ils sont rarement l'un sans l'autre. Séduisant spécimen, ce docteur. Très séduisant...

- Ah ça oui…

T

Ça, c'était Quatre.

L'avocat qui ne pouvait poser aucune question à Une sur ses rapports avec Trowa, sous peine de devenir plus suspect qu'il ne l'était déjà.

C'était extrêmement frustrant.

T

- Oui, Heero se fait draguer tout le temps. Et il rembarre tout le temps aussi.

- Je suppose que vous vous faites aussi draguer dans votre cabinet ?

T

Non, Une n'était pas amère. Elle cherchait juste à savoir si Wu Fei pouvait être corrompu.

Une et Trowa partageaient un environnement gériatrique : lui, dans son voisinage et son lieu de travail, elle, seulement sur son lieu de travail.

Difficile de se mettre quelque chose sous la dent.

T

- Plus souvent à l'hôpital qu'au cabinet.

T

Sourire.

T

- Et la dernière fois que c'est arrivé ?

- Ah, c'était Wu Fei.

- On le voit pas du tout en dragueur.

- Ce n'est pas un dragueur. C'est un missile parfaitement programmé qui explose tout sur son passage.

- Carrément ?

- Ma vie n'est plus la même depuis qu'il en fait partie. Alors oui.

T

Avoir ses yeux pour pleurer ? Check.

T

- ... Et du coup Raberba Winner, vous le connaissez...

- Par Wu Fei, vu que c'est l'un de ses meilleurs amis.

- Et ça fait longtemps que vous connaissez Wu Fei ?

- Non. Pourquoi, t'as de l'espoir ?

T

Dorothy sourit.

Tutoiement total, sans cérémonie.

T

- Je n'ai pas...

- Non mais l'espoir fait vivre. La vie est trop courte alors espère utile, Anna-Lisa.

T

Quatre battit des cils.

Trowa resservit du champagne à tout le monde.

Mais aucun ne but plus d'une gorgée.

T

- ...

- Non mais autant se tutoyer. On va bomber les boobs cinq minutes et après tu seras passée à autre chose et on deviendra copines.

- ...

T

Une n'eut pas le temps de répondre, Quelque chose attira le regard de Dorothy.

Elle attendit quelques secondes avant de s'exclamer.

T

- Trowa, cache la bouteille !

- Pourquoi ?

- Y a un dandy chic qui vient nous voir à 3 heures. Un rien plus grand que toi, élégant, veste napoléonienne rouge sur un pantalon blanc et… une bouteille pas d'ici à la main, mais pas comme la nôtre. Intéressant.

- Ah ?

- Plutôt séduisant, Une.

- Wu Fei aurait-il de la concurrence ?

- Non, avec ce type on est presque frères de sourcils. Ce serait incestueux. Je te le laisse volontiers, de toute façon c'est toi qu'il fixe.

T

Une fronça les sourcils.

Et finit sa flûte cul sec.

T

- C'est Khushrenada.

- Il te dévore des yeux qui sont d'un bleu... Il a l'air de vouloir fusionner avec toi.

- Le célibat c'est très bien, merci. C'est le producteur du Champagne immonde, Dorothy.

- Ah. Disgrâce infâme.

- Oui. Parfum de champagne infâme.

- Pas de bol.

T

à défaut de Wu Fei Bonding, elles feraient peut-être un Roi Lion Bonding ?


Devant chez Duo, même moment.

T

- Même si je peux te ramener ton nouveau jeu vidéo ?

- ?

- Je... je bosse chez l'éditeur !

- Tu te fous de ma gueule ?

T

Duo appuya fortement la batte contre la joue.

T

- Sérieux ?

- Oui ! Faut bien financer les cours Florent !

T

Bon, il travaillait pour une entreprise qui était sous-traitant de l'éditeur.

C'était presque pareil.

Heero haussa un sourcil très haut mais garda le silence.

Le regard de son voisin resta impassible.

La main sur la batte ne tremblait pas.

T

- Et t'es en CDI ?

- Yes, Duo. Je peux t'avoir ce que tu veux, tu sais…

T

David fit une moue qu'il pensait sexy.

Il tenta de poser une main sur la batte.

Très mauvaise idée, Duo appuya un peu plus fort.

Difficile de prendre un air sexy quand la peur faisait prendre à sa voix des accents de Gollum.

T

- On est… vraiment partis sur de très mauvaises bases. J'aurais dû commencer par m'excuser au lieu de dire n'importe quoi. La fierté, tout ça.

T

Duo fit glisser la batte du flanc du cou à l'épaule, s'écartant du visage de David.

Celui-ci jeta un regard triomphant au docteur…

T

- T'as un boulot, c'est cool. Tu vas pouvoir me rembourser.

T

… avant de pâlir.

Le docteur avait un regard à vouloir entamer un seau de popcorn.

T

- Je...

- Doc, t'es témoin ? Il a bien dit « ce que je veux ? »

- Hn.

T

Le docteur s'autorisa un regard triomphant alors que Duo relevait le menton de son ex, de sa batte.

T

- Donc je veux mes thunes, bordel. Je veux ce que tu me dois.

- Mais...

- Mais t'as pas le choix en fait, Dave. Ce qui te sauve là, c'est ni la taule, ni le témoin. C'est la thune et t'as pas intérêt à m'enfler parce que je sais où tu vis.

- …

- Et si tu fuis… je saurais te trouver. N'oublie jamais que j'ai le bras aussi long que ma bite.

T

David essaya de bouger, sans succès.

T

- Mon avocat se fera un plaisir de t'adresser comment il appelle ça ? Une recon…

- ... naissance de dettes ?

T

Ils en étaient quand même à terminer leurs phrases respectives, quand même.

David eut un mouvement de recul.

Il était dos au mur. Dans tous les sens du terme.

T

- Yessir.

- Toi tu la signes et tu t'exécutes ou je t'exécute.

- Attends, tu t'es cru dans un de tes jeux vidéos ou quoi ?

T

La tête de la batte de base-ball se trouva directement appuyée sur une carotide.

T

- Si t'en connais un qui s'appelle « paye tes dettes, respecte ton échéancier et me casse pas les couilles » ? Carrément.

- …

- Maintenant, file-moi mon courrier, reprends tes bières nases et get. The. Fuck. out.

T

Duo ôta la batte.

David déglutit avant de partir ventre à terre en mode Ex-Force One, en craquant son pantalon aux fesses, nargué par le regard moqueur du docteur Beaugosse…

Et un chien.

Qui n'avait plus rien de mignon devant son ennemi.

On avait tendance à oublier que ces petits êtres étaient aussi des chiens de chasse.

Duo resta un petit moment à cligner des yeux, silencieux.

Avant de marmonner.

T

- Il court, il court, le fumier... bon, faut que j'appelle le livreur...

- Ça ne sert à rien. Ton colis doit déjà être en partance pour un point-relais. Dans le meilleur cas tu joueras demain.

T

Un Duo à présent sous pilote automatique consulta le tracking, par acquis de conscience.

Pas de livraison reprogrammée.

Le colis sera disponible au point de retrait dès le lendemain.

Peut-être.

Adieu monde cruel.

T

- Putain... je vais me prendre une bière. Voire 10.

- L'abus d'alcool...

- Oui bon on va partager. Me faites pas chier.

T

David n'étant plus là, les apparences n'avaient pas besoin d'être

Duo se tourna, posa la batte sur son socle, à l'entrée.

Silence et son maître suivirent, ce dernier claqua la porte du talon.


Dubaï, Alcôve des Délices, non loin du Buffet Aile Nord, Hôtel Al Toubab, même moment

T

Treize salua de la tête Quatre et Trowa et prit tour à tour la main de Une, puis de Dorothy, les effleurant de son souffle sans jamais les toucher.

T

- Mesdames vous êtes sublimes. Docteur, vous ne ressemblez guère à votre kikipédia.

- La même blondeur, cependant. Mais comment me connaissez-vous ?

- Par Wu Fei, Il ne vous a jamais parlé de moi ? Ce n'est pas étonnant, il ne mélange jamais affaires et plaisir.

T

Treize parlait comme si le plaisir venait de lui.

Quatre et Trowa faillirent s'étrangler.

Le premier, de rire.

T

- Moi non plus, je ne porte que Wu Fei quand nous sommes ensemble. Et inversement.

T

Le regard bleu roi se serait presque figé. Treize sourit aimablement, avant de se tourner vers Une.

T

- Heureux de vous revoir, Miss Une.

- Et pas vraiment convaincue que nous nous reverrons, Monsieur Khushrenada. Votre succès est appréciable mais votre cuvée ne correspond pas vraiment à notre image.

- Allons, cette piquette imbuvable est appréciée. Regardez-les, ils se délectent.

- Ils sont trop saouls pour se rendre compte.

- Ils boivent mon image comme ils boivent la vôtre, Anna-Lisa.

T

Une croisa les bras avec défiance.

Dorothy tendit sa flûte à l'aveugle, pour un refill.

Trowa et Raberba échangèrent un regard avant de remplir le verre.

Dorothy but une longue gorgée… et fit les gros yeux.

C'était de l'eau pétillante. Parce que quand même. Il fallait éventuellement en laisser à Wu Fei, il le méritait le pauvre.

Un peu, quand même.

Quatre et Trowa restèrent en retrait, observant les interactions.

Le premier avait besoin de rassembler un maximum d'informations pour développer la meilleure stratégie.

T

- Vous détestez le champagne, Treize, c'est de notoriété publique.

- Il n'empêche que j'effectue mon travail avec le plus grand sérieux, Anna-Lisa. Je défends des intérêts, un patrimoine, un savoir-faire et des valeurs ? Oui, quand même.

- Votre famille...

- Je défends surtout une région, des emplois et les êtres derrière. Donc je m'arrange pour que l'entreprise prospère.

- ...

T

Une connaissait les contraintes d'une entreprise.

Elle ne pouvait présenter aucun contre-argument, pas sur ce point.

Pas avec des pertes humaines.

Alors elle finit son verre pour ne pas lui donner raison.

L'aristocrate poursuivit.

Qui ne dit mot, ressent à défaut de totalement consentir.

T

- Le cru n'est pas de mauvaise qualité, chère Une, il est juste dégueulasse pour qui n'aime pas. Mais nous avons une clientèle.

T

Elle releva des yeux marron orage.

T

- Mon nom, mon prestige, Treize.

- Mon argent, Une. Mes collaborateurs. Mes employés. Nous avons besoin l'un de l'autre. Le compromis, très chère, est souhaitable.

T

Apparences, apparences…

Étiquette, vacuité, oisiveté.

De Charybde en Scylla. De balivernes en billevesées, pour un discours jugé risible par d'autoproclamés intelligents, incapables de jauger leur propre bêtise.

Quelle erreur.

La bouche de Treize Khushrenada était une arme de destruction massive.

Le regard de Une se fit glacial.

T

- ... Cette… chose est éloignée de...

- L'entrée de gamme est infecte pour certains, mais mélangée elle devient délicieuse, toute à votre image.

T

Une secoua la tête.

T

- Quoi, n'êtes-vous point délicieuse ? Je m'inscris en faux, vous êtes magnifique.

T

Trowa fronça les sourcils.

Quatre se délectait du tour que prenait la conversation.

Dorothy se mordit la lèvre pour ne pas rire.

Un léger rouge aux joues sûrement du à l'Heidsick, Une ne dévia pas de sa trajectoire.

T

- Buvable n'est pas délicieux, Treize.

- Avez-vous goûté ?

- Goûté quoi ?

- Le prototype en ma possession.

- Question stupide, c'est un prototype.

T

Le producteur lui décocha un sourire carnassier.

T

- Certes. Vous ne verrez donc aucun inconvénient à combler cette lacune ?

T

Une pâlit.

T

- Non. Je viens de boire un cru exceptionnel, sauf votre respect. Ce n'est pas pour mettre mon palais en un accident de travail.

T

Treize émit un rire bref mais sincère.

T

- Pourtant c'est l'Ambroisie de la réconciliation. Celle qui me permettra de conserver les emplois et peut-être obtenir l'assentiment de mon assistance…

T

Aucun n'échappa au regard de Treize.

Une goutte de sueur s'échappa de la tempe de Une.

La doctoresse déglutit.

Quatre resta impassible mais à l'intérieur il tremblait. Il saurait rester professionnel.

Ce qu'il ne fallait pas faire pour un contrat juteux.

Trowa s'accrocha à sa bouteille d'Heidsieck 1907 comme Arthur à Excalibur.

Ils répondirent, unanime.

T

- Sans façons.

T

Treize sourit de toutes ses dents.

T

- Goûtez.

- Il n'y a que 2 flûtes propres sur la table.

- Eh bien vous goûterez tour à tour. Souffririez-vous d'un herpès, très chère ?

- …

T

Khushrenada avisa les 2 flûtes propres, ôta le col, ouvrit la bouteille.

Servit.

Puis tendit les verres, l'un à Une, l'autre à Dorothy « honneur aux dames » oblige.

Il lança un regard à la cantonade, signifiant que tous goûteraient, ce point ne souffrant aucune discussion.

T

- Goûtez.

T

Un ange passa (non, Quatre n'était pas mort. Et pour cause, il n'avait pas encore goûté)

Une avait trempé ses lèvres.

Froncé les sourcils.

Puis retrempé. Et retrempé. Puis franchement bu.

Dorothy avait dégommé la sienne d'une traite comme on le ferait avec le Smecta.

Oulà. L'Ambroisie était chargée quand même.

Treize questionna, impassible.

T

- Alors ?

- Bon, on n'en est pas au point où mes seins vont s'enfuir de mes vêtements en lambeaux et où je vais orgasmer en déclamant des vers...

- De toute façon t'as pas de boobs, Anna...

- Merci, Dorothy. Mais...

- Mais ?

- Mais objectivement, Treize, ce n'est pas mal en bouche.

- Hm. C'est ce qu'ils disent tous, Anna-Lisa.

- …

- Plait-il ?

- C'est plus que buvable, Khushrenada.

- Et pourtant c'est la même base, Une. On y a juste ajouté de la liqueur de Rose bio de notre domaine primé.

T

La femme d'affaires réfléchit.

T

- Vous allez continuer à commercialiser cette entrée de gamme qui se prend pour de la haute. Et vous comptez sur cette version pour réconcilier une partie de votre public avec ce cépage.

- Il y aura des choses à affiner mais on s'approche d'un résultat final intéressant, un peu plus cohérent avec votre propre image.

T

Une fit volte-face.

T

- Il est hors de question que j'appose mon nom sur une formulation que je ne maîtrise pas.

- D'où les éventuels réajustements si nous unissons nos forces...

- Ou reformulations, si besoin. Mais en partant de cette horreur tout est meilleur, à une exception près. D'ailleurs Trowa ? Raberba ? Posez vos flûtes. Dorothy et moi vous passerons les nôtres. Que le tour soit complet.

T

Trowa garda Excalibur à portée de main pour une purification postérieure, lui et Raberba posant leurs flûtes utilisées respectives comme on rendait les armes.

T

T

De retour d'investigation, Wu Fei sembla assez satisfait.

Avant de froncer les sourcils.

Dorothy, hilare, sirotait un vin pétillant ou un champagne qui semblait rosé, une main posée négligemment sur l'épaule d'un Treize charmé.

Anna-Lisa… analysait une flûte qui contenait un fond de la même boisson rosée.

Raberba et Barton trinquaient avec une bouteille qui n'avait rien de rosé.

Normal… ou pas.

Le reporter s'arrêta net devant eux.

T

- ?!

T

Quatre – à ce moment précis, ce ne pouvait être Raberba Winner, l'avocat – lui tendit son propre verre.

T

- Tiens, Wu, bois, c'est cadeau.

T

Avant de finir celle d'un Barton outré, cul-sec.

Le liquide pétillant n'avait rien de rosé.


2 heures plus tard.

T

La fête battait toujours son plein, mais les apparences faisaient qu'il fallait savoir s'éclipser avant.

Certains diraient : quelle image pouvait-on avoir avec un verre dans le nez ?

Culturellement… cela dépendait. Vraiment.

Ceux qui partaient trop tôt ne seraient jamais réinvités car ils ne servaient à rien.

Ceux qui partaient trop tard étaient des pique-assiettes et ne présentaient aucun intérêt.

Ceux qui partaient au bon moment faisaient du business et gagnaient en crédibilité.

Il était donc l'heure de rejoindre ses quartiers respectifs.

Une Une spectaculairement sobre tendit la main pour que Wu Fei la prenne.

Wu Fei qui était resté près de Quatre, n'avait à aucun moment rejoint Dorothy, Treize étant dans les parages.

Certains diraient que c'était éventuellement à cause du Heidsieck… mais non.

Il fallait savoir se faire désirer un peu.

Laisser un peu d'espace et observer.

Y en avait bien une qui voulait réduire l'espace, ah, ça oui.

T

- Wu Fei, au risque de me répéter, ce fut un honneur que de vous rencontrer. Au plaisir de vous revoir à l'occasion ou de retrouver vos reportages.

- En voilà une qui a abusé du prototype du champagne dégueu et pas assez du Heisieck 1907. Parait que le bon champagne ne tourne pas la tête.

T

Wu Fei choisit d'ignorer les interférences de Dorothy.

T

- Anna-Lisa, heureux d'avoir fait votre connaissance.

T

Une battit des cils.

T

- J'aimerais tant connaître votre prochain sujet, mais je sais que vous ne pouvez répondre.

- Effectivement.

- Ça sent la rose bourrée, quand même. Trowa, toi qui la connaît ?

T

Mais Barton n'écoutait pas Quatre, occupé qu'il était à répondre au non sens de Treize.

Treize qui ne le quittait plus des yeux.

T

- Favre de la Valbonne… Nos ancêtres étant des forniqueurs notoires, il est tout à fait possible que nos arbres généalogiques aient une branche commune. Cette noblesse dans ce corps athlétique. Cette mâchoire racée et masculine, cette ombre de barbe subtilement virile. Ces lèvres pleines. Cet éclat vert qu'aucune lentille ne saurait imiter. Ce brun roux est naturel ?

- … Oui.

- Le mien aussi. Alors…

T

Quatre leva les yeux au ciel.

T

- Rien du tout, Treize. A bien y réfléchir, vous collez une moustache à Trowa et c'est le portrait craché de mon père. Parfois les branches communes sont pourries donc autant couper court.

- …

- …

- …

T

Le sourcil de Wu Fei tressauta.

Une, imperturbable, resta charmante, toute trace d'intimidation totalement disparue.

Penchant la tête sur le côté, elle offrit son sourire le plus professionnel au reporter.

Certaines personnes se comportaient beaucoup trop normalement quand elles étaient faites.

Par exemple, des gens complètement saouls qui se retrouvaient au volant à conduire avec un excès de prudence qui les rendait dangereux.

Conduire à 40 à contresens sur une autoroute, par exemple.

T

- Vous aurais-je convaincu de reprendre votre blog, même de manière sporadique ? Comme dit lors de nos précédents échanges, vos posts manquent cruellement à vos lecteurs les plus assidus.

- Merci sincèrement de votre accueil. Je ne vous promets rien mais j'essaierai.

T

Le grand reporter lui fit un clin d'œil amical.

Quatre écarquilla les yeux.

T

- Wow. Même Duo et moi n'avons jamais obtenu ça. Quand on lui a demandé de reprendre son blog, il nous a dit « pas le temps »

- Quoi, Quatre ? Tu préfères un pipeau poli aux inconnus à du sincère aux proches ?

- à titre personnel, Dorothy, je préfère une pipe.

- Moi aussi.

T

Ça c'était Treize.

Dorothy éclata de rire alors qu'Une continuait, à voix basse.

Les lèvres se rapprochant un peu plus de Wu Fei, à un cheveu de son espace vital.

Dorothy plissa les paupières, les yeux à présent rivés sur la bouche de la jeune femme.

T

- Je sais que pour le moment vous n'avez rien trouvé de probant sur TR Champagne… Si vous pouviez m'avertir avant qu'un scandale n'éclate... voici ma carte professionnelle.

- Je suis souvent en mission. N'hésitez pas à m'envoyer un mail via le blog ou le mag.

- Je saurais m'en souvenir, cher Wu Fei *pose sa main sur l'épaule*

- Range ta main, pétasse. Arrête de rire, Quatre.

T

Une s'exécuta et pourtant elle n'entendait vraiment rien des conversations périphériques, concentrée qu'elle était.

Elle vint se placer près de Trowa, lui parlant à l'oreille.

T

Dorothy haussa les épaules et rejoignit Wu Fei, lisant par-dessus son épaule.

T

- Non mais en manuscrit, y a son portable perso. Elle t'a pris pour Détective Dee ce n'est pas possible.

- ... Tu as des oreilles bioniques ?

T

Tiens, les premiers mots de Wu Fei envers Dorothy depuis son retour.

T

- Petite j'avais des problèmes d'audition, j'ai appris à lire sur les lèvres. Et comme elle est placée maintenant, je ne distingue plus ses lèvres. Dommage.

T

L'avocat pouffa. Dorothy reprit doucement.

T

- Arrête-moi si je me trompe, Fei, tu ne pourrais la prévenir qu'en absence de fusion. Intégrité journalistique, tout ça.

- Conflit d'intérêt. Ça veut surtout dire qu'elle n'a pas pris sa décision.

T

Ça c'était Raberba. En toute sobriété jamais perdue.

T

- Pour le coup, c'est tout à son honneur.

- Et ça m'emmerde, Dorothy. Cela m'emmerde prodigieusement.

- Curieusement, j'ai l'impression qu'une écharde dans ton pied ne t'empêchera jamais de marcher.

- …

T

L'avocat ne fit aucun commentaire.

Dorothy souriait de toutes ses dents.

Avant de bailler à s'en décrocher la mâchoire, mais avec élégance.

Oui oui, c'était possible.

T

- Bon j'ai sommeil. Et Wu Fei aussi.

T

Wu Fei cligna des paupières.

La doctoresse ôta la main qui résidait sur l'épaule du reporter.

Puis elle replaça une mèche rebelle brune derrière son oreille, laissant la pulpe de son index effleurer sa bouche entrouverte.

Elle se mordit la lèvre brièvement.

Avant d'ôter son doigt pour aller rencontrer son auditoire.

T

- Anna-Lisa, « Al », ce fut un plaisir. Voici ma carte. Si tu n'arrives pas à joindre Wu Fei, n'hésite pas à m'appeler, ce sera peut-être plus facile, hm ?

T

Elles échangèrent un air-baiser à un cil de leurs joues.

Échec et mat.

T

- Tro', c'est toujours un plaisir.

T

Ses lèvres effleurèrent sa joue.

T

- Quatre...

T

La doctoresse s'approcha de son oreille.

T

- C'était fun. Bien souvent dégueulasse. Chiant. Mais fun.

- Il a intérêt à te garder.

T

Puis elle tendit la main à Treize qui l'effleura à nouveau de son souffle.

T

- Chère Dorothy, ce fut une joie.

- Cher Treize, ce fut.

T

L'aristocrate cligna des paupières.

T

- « Fut », très chère ?

- Oui, « Fut », tout court. J'apposerai un adjectif plus tard si on ne meurt pas d'intoxication alimentaire. Car si votre cuvée horrible et sa version upgradée me rendent malade, il vous faudra ajouter à votre playlist musicale le best off des meilleurs cantiques. Et c'est le médecin qui vous parle.

T

Sur ce dernier salut Dorothy se tourna vers la sortie et chacun pu voir les dernières finitions de sa combinaison ivoire.

Si elle était subtilement décolletée devant, elle était diaboliquement et élégamment échancrée derrière, une chaîne de dos en or très fine au bout de laquelle se balançait un petit dragon de diamant si similaire à sa monoboucle.

Less is more, avait-elle dit à Raberba.

La main du propriétaire désigné, aussi ravi que surpris, se posa juste au creux des reins, effleurant la queue de l'animal à chaque mouvement de hanche.

Leçon Too Bad numéro 0 : achever de convaincre que la place était prise - Achever Une et les autres, par la même occasion.

Le reporter se contenta d'un efficace.

T

- Bonne soirée à tous.

- Coin-coin !

T

Ça c'était Treize, Quatre, Trowa et Une qui sans se concerter et peut-être un rien jaloux.

On pouvait être grand reporter, crédible et un canard.

Un canard, certes. Mais digne.

Fatigue et frustration ne faisaient pas toujours bon ménage.

Une et Treize discutèrent quelque peu avant de prendre également congé, convenant qu'ils se reverraient éventuellement à Paris.

Barton attendit une dizaine de minutes avant de prendre lui-même congé de Raberba, laissant à regret le reste de Heidsick 1907.

Il était convenu devait rejoindre Une dans sa suite, pour le debriefing.

Il avait également attendu pour donner l'impression ni à Quatre, ni à Treize qu'ils allaient débriefer à cette heure, car c'était une forme d'aveu de faiblesse.

Et il était là pour l'empêcher au maximum de se rendre ridicule. Elle avait été flirteuse, oui. Mais professionnelle la plupart du temps.

Elle ne s'en était pas trop mal sortie.


Couleur de l'hôtel Al Toubab, 30 minutes plus tard

T

Trowa devait passer par ses quartiers, ayant envie de se retrouver un peu seul.

Tout à ses pensées, il ne s'était pas attendu à sentir quelque chose dans son dos.

T

- Haut les mains.

T

Trowa releva les mains avant de se tourner prestement pour tenir le canon de…

Enfin, le goulot ?

Il tomba sur un chesch recouvrant des mèches d'or.

Des turquoises rieuses et un sourire sensuel.

Une chemise entrouverte assortie au regard dont l'échancrure attirait irrémédiablement l'œil.

Un pantalon de lin écru et des chaussettes.

Un sac de toile à l'épaule dont la forme laisser deviner celle de ses richelieus.

Ses mains à présent pointaient une bouteille hors de prix sur la poitrine de Trowa.

Trowa leva les yeux au plafond.

T

- …

- Il n'est pas très prudent de discuter dans le couloir… tu me laisses entrer ?

T

Effectivement si Une les voyait ensemble dans le couloir, elle paniquerait.

De toute façon ce ne serait pas long.

Le vétérinaire sortit la carte de son messenger et déverrouilla la porte, Raberba sur les talons.

Une lumière tamisée s'alluma automatiquement, économie d'énergie oblige.

La porte se referma derrière eux.

Trowa faisait un hôte pitoyable, laissant son invité dans l'entrée, l'Heidsieck trônant à présent sur un meuble de rangement.

Le sac à chaussures, à leurs pieds.

T

- Une ne s'est pas décidée.

- Hm. Je n'en attendais pas moins d'elle.

- Elle se prononcera à son retour.

T

Raberba fit une petite moue.

T

- Elle avait l'air assez convaincue.

- Elle avait l'air de vouloir se prononcer à son retour.

T

Raberba regarda fixement son vis-à-vis.

Comme il ne l'avait jamais regardé.

Comme un papillon de nuit regardait une flamme.

T

- Tu ne me diras rien.

- Je ne sais rien et même si je savais, je ne pourrais rien te dire.

- Et toi, que penses-tu ?

T

Trowa haussa les épaules, le mouvement foulant cette diabolique chemise pourpre.

T

- Que je n'ai aucun pouvoir décisionnel.

- Qu'en penses-tu, Trowa ?

T

La main de Quatre se posa sur le pourpre.

Sur un épaule, pour lisser un pli imaginaire.

Les émeraudes impassibles se rivèrent aux turquoises rieuses.

Les épaules de Trowa tressautèrent.

Quatre effleura du bout des doigts le col de la chemise avant de les retirer.

Trowa répondit.

T

- Qu'elle a raison d'attendre avant de se prononcer.

- Hm-hm.

T

Puis Quatre se mit à genoux sans le quitter des yeux, lui décochant un sourire ravageur.

T

- Que sur le moment...

- … Sur le moment ?

T

et déboucla la ceinture de cuir.

T

- ... sur *déglutit* le moment...

- Hm ?

T

Déboutonna le pantalon de lin écru.

T

- … sur le moment on peut...

T

et le fit glisser sur les cuisses, laissant le boxer blanc en place, murmurant contre le renflement,

T

- On peut ?

- ... prendre une décision…

- Hmm…

T

prit Trowa dans sa paume,

T

- et la regretter plus tard.

T

dans sa bouche moîte.

T

- Et qu'il vaut mieux…

T

sur sa langue chaude.

T

- se décider à tête...

T

dont acte.

T

- reposée.

- Hmm... bien réveillé.

T

Trowa ferma les yeux pour se répandre.

Pour se reprendre.

Lapsus.

Sa voix se fit encore plus profonde.

T

- Je ne peux ni ne veux influencer Une, Raberba.

T

Qui ne perdait rien de sa superbe.

Un Séraphin décadent, aucunement déchu.

Un Séraphin au sourire diaboliquement érotique.

Un fauve professionnel et concentré... il adorait ça.

L'indépendance était la plus grisante des séductions pour lui.

T

- Pour paraphraser un grand sage. Redescends.

- …

- Ou plutôt non. Non, ne redescends pas.

- …

- …. Je n'ai ni besoin ni envie de te faire parler, Trowa. Juste de te faire jouir… de ma présence. Mais si tu n'en as pas envie… hmm…

T

Et le fauve glissa plus fermement l'épée dans son fourreau.

T

- Bébé, on ne parle pas la bouche pleine.

T

Trowa allait difficilement débriefer ce soir.


Chez Duo, même moment

T

Duo partit directement dans la cuisine et y resta un long moment, on entendait distinctement le bruit d'un frigidaire ouvert et de bouteilles qui s'entrechoquaient.

Heero, encore dans l'entrée, sortit de sa poche une friandise pour Silence, avant que celui-ci n'aille jouer avec une boite en carton.

Ce chien se prenait décidément pour un chat.

Le docteur ôta ses chaussures avant de se rendre au salon où Duo l'attendait avec bières fraîches, 2 décapsuleurs et un océan de cacahuètes.

La télé était allumée sur le canal réservé à la console.

Duo la regardait fixement.

Mauvais plan.

Avisant la télécommande, Heero changea de canal, trouva une playlist Rock Balades Freezer (il évita de justesse la playlist « jeux ») et lança la musique.

Tout expert qu'il était en électronique, il avait oublié le son.

Et aussi douce qu'une balade rock pouvait être.

T

- AND IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII WILL LOOOVE YOUUUU BAAAAABYYYYYYY ALLLLLLWAAAAYSS AND IIIIIIIIIIIII'LL BE THEEEEEEEERE FOREEEEEVEER

T

Duo cligna des yeux.

T

- C'est quoi cette musique de merde ?

- C'est ta playlist.

- Ah. Ben ça reste de la merde.

T

Heero éteignit la télé.

Duo cligna à nouveau des paupières avant de donner bière et décapsuleur à son invité.

T

- Merci.

- Ça m'arrache la gueule mais... non. Merci pour... Merci.

- Hn.

T

Ils trinquèrent et burent une gorgée en silence.

Duo ayant soudainement chaud, il fit glisser la fermeture éclair de sa combinaison jusqu'à son estomac.

Il fit passer la bouteille fraîche sur son front puis sur son cou avant de reprendre une longue gorgée.

Le docteur avait les yeux sur sa pomme d'Adam.

Duo fronçait les sourcils à mesure qu'il buvait.

Puis il prit une bonne poignée de cacahuètes en fixant Heero.

Fixant ses lèvres.

T

- Okay... What the actual Fuck?

- C'est tellement n'importe quoi que c'en est cohérent.

- Cohérent ? Me calmer par la bouche ?

T

Ah, parce que quand même.

Tout était surréaliste aujourd'hui. Mais ça ?!

Ça, fallait en parler quand même.

Vite fait.

Heero haussa un sourcil.

T

- Quoi, t'aurais préféré un coup de poing ?

- Ouais c'est ça. Vous et quelle armée ? J'avais une batte de base-ball.

- Justement. On a remplacé une connerie irréversible par une autre.

- Irréversible ?

- Non, cette connerie-là n'est pas irréversible, vu qu'on ne va jamais recommencer. Mais ça a marché. Esprit occupé, tentative de meurtre avortée, claque-merde de l'autre temporairement fermé.

- Même avec une explication c'est pas cohérent, doc. Et si vous trouvez ça cohérent, vous avez un pet au casque.

T

Le docteur émit un rire sarcastique.

T

- Tu peux parler. C'est tellement logique un gâteau sous cloche dans une boîte aux lettres.

- Ça n'a rien à voir. Vous confondez des chèvres avec des lapins.

T

Heero prit une longue gorgée puis fixa intensément son voisin et lui décocha un sourire en coin qui en devint presque sensuel.

T

- Vous, vous… Vous, Duo ?

- On se connaît pas.

T

Heero leva les yeux au plafond.

T

- Ma langue était dans ta bouche il y a bien heure, voisin.

- ... Ouais, je crois qu'on va se dire « tu »...

T

T

Tsuzuku !


Radis 4 OS X N'œuf (*sort*)

Prochain OS : ? Euh... toujours aucun pronostic, comme ça, toute surprise est une bonne ! *y croit*

On croise les doigts pour que j'ai le temps de corriger. Mais quand je peux, je fais même avec un peu de retard, donc here I am :p

Je me marre bien avec cette fic, j'espère que ceux qui restent l'aiment encore aussi ! Et mine de rien, ça bouge :)

Ils avancent ! Oui oui, ils avancent :D

Et bon, le chapitre est long mais vu comme je poste... au moins c'est pas de l'arnaque *s'accroche à son radeau en flammes*

B peluche'

Petite Mithy *Wonder Woman in 2019 A.O.C :D*