Bonjour mes poulets !

Me voici avec une nouvelle fanfiction qui contiendra sans doute une dizaine de chapitres ! L'idée me traîne en tête depuis un moment déjà, donc j'ai voulu la mettre en forme.

Résumé : C'est une histoire d'amitié, saupoudrée d'histoires d'amour. C'est une histoire d'anciens et de nouveaux. De pardon et de repenti. Ou comment l'amitié peut nous donner des ailes. Et nous les briser la seconde qui suit.

Rating : K+

Note : Aucun personnage ne m'appartient (comme toujours) à part ma Lula d'amour. La fanfiction étant en grande partie sur elle, j'espère que vous saurez l'apprécier. Elle est un peu hors du commun, elle est un peu tout et son contraire. Mais elle est humaine. Du moins, c'est ce que je vais essayer de retranscrire.

Note (2) : Pour les fans du Sterek, n'ayez pas peur, il y en aura :) On ne change pas une équipe qui gagne. Cependant, c'est une histoire qui va beaucoup traiter du thème de l'amitié. Beaucoup de fiction se penchent sur l'amour, alors j'ai voulu prendre le contre-pied. Puis surtout, j'ai envie de creuser un peu plus le passé de Derek, ça me semble important. J'espère que je saurais vous convaincre.

Note (3) : Je pars du principe qu'il n'y a pas de meute d'alphas psychopathes dans le coin ;)

Note (4) : Ce premier chapitre sert à poser les bases de l'histoire, j'espère cependant qu'il vous plaira. Et surtout, j'espère qu'il vous fera vous poser plein de questions !

Bonne lecture à tous !


Chapitre 1

« Plusieurs personnes entrent et sortent de nos vies,

seuls les vrais amis laissent une empreinte sur nos cœurs. »

+ ANTOINE CHUQUET


- « Mademoiselle Finstock ! »

Les talons de la jeune femme se mirent à claquer dans le couloir du lycée. Un sourire au coin de ses lèvres rouges, elle se rendit auprès du directeur qui l'attendait d'un pied ferme, près de la porte de son bureau, tout aussi souriant. Elle serra vigoureusement la main de l'homme et ils échangèrent quelques politesses de rigueur.

Stiles ne sut pas réellement ce qui attira son attention. Était-ce le rire clair et communicatif de la jeune femme qui résonnait dans le couloir ? Ou bien le fait d'avoir entendu distinctement le directeur prononcer le nom de 'Finstock' qui lui rappelait son coach de crosse ? Ce qui était certain, c'est que cette demoiselle avait su l'intriguer. Elle semblait trop âgée pour être lycéenne et pourtant trop jeune pour être professeur. L'adolescent hyperactif fit quelques pas, s'adossa à un casier et tendit l'oreille tout en faisant semblant de jouer avec son téléphone portable. Bien sûr, sa curiosité maladive le poussait dans cette tentative d'espionnage.

- « Ça fait combien de temps que tu as quitté le lycée ? »

Depuis que Gérard Argent était mort, c'était M. Laeddis, professeur d'histoire et géographie, qui s'était vu attribuer le poste de directeur. Et apparemment, Laeddis semblait avoir eu cette fille pour élève.

- « Six ans. Qui aurait cru que j'y reviendrais pour enseigner ? » répondit l'inconnue d'une voix joviale.

- « J'y ai cru. (…) Tu faisais des miracles en tutorat. Un bon paquet d'élèves te doivent leur diplôme de fin d'année. »

- « N'exagérez pas ! Vous allez me faire rougir, John. » souffla-t-elle en se penchant un peu vers l'homme d'une soixantaine d'années, amusé par la fausse modestie de la jeune femme.

Des banalités furent échangées. Pourtant, Stiles ne pouvait décrocher son regard de cette grande brune, perchée sur des talons d'une dizaine de centimètres sur lesquels elle ne semblait pas à son aise. Son visage poupin et légèrement rosé était radieux. Ses grands yeux bleus pétillaient. La demoiselle ne cessait de sourire bien que quelque chose de mystérieux voguait dans son regard azur. Ce quelque chose, Stiles ne mit pas longtemps à le décerner. Il avait le même air dans ses prunelles noisettes. Cet air qui veut dire : 'Je suis brisé, mais je cache ça derrière mon sourire'. Cette expression-là, Stiles la trimbalait depuis que sa mère était morte, des années auparavant. Seul quelqu'un qui partageait cette même blessure de l'âme pouvait le comprendre.

- « Si je me souviens bien, Clyde, Derek et toi étiez inséparables. Sacré trio. »

Cette fois, la curiosité de Stiles atteignit son paroxysme. Parlaient-ils de Derek comme dans Derek -I'm the alpha now- Hale ? Après tout, bien qu'il gardait sa date d'anniversaire secrète, le lycanthrope devait à peu près avoir le même âge que cette fille. L'adolescent fronça les sourcils et constata la gêne soudaine de l'inconnue. Celle-ci passa sa main dans ses cheveux coupés au carré et se mit à regarder la pointe de ses chaussures.

- « Surtout de Derek, si je ne m'abuse. » insista Laeddis, ne se rendant pas compte du malaise que cette conversation engendrait chez la jeune femme. « En même temps, après le terrible incident qui est arrivé à Clyde... »

Cette fois, la jeune femme releva brutalement la tête vers son interlocuteur et son visage auparavant si souriant devint bien sombre et menaçant. Sa main se crispa sur son cartable en cuir et elle finit par répondre, d'une voix glaciale :

- « Vous savez, les amitiés lycéennes, ça va, ça vient. Et surtout, ça se perd. (…) Si on pouvait parler d'autre chose, ça m'arrangerait grandement. »

Le directeur eut un sourire triste et comprit son manque de tact. Il posa sa main dans le dos de la jeune femme et l'entraîna dans son bureau.

Stiles resta un long moment adossé à ce casier qui n'était pas le sien. Tout chez cette fille l'intriguait. Sa façon d'être, son regard mélancolique, son visage rayonnant. Sans savoir pourquoi, il pouvait dire avec certitude que c'était bien de Derek Hale dont Laeddis avait parlé, quelques minutes auparavant. Interrompu dans ses pensées par Scott, Stiles fut contraint de suivre son meilleur ami pour se rendre en cours. Les deux premières heures furent une véritable torture. Stiles passa son temps à bailler et se prit encore le chou avec M. Harris, leur professeur de chimie. La dure vie lycéenne.

Stiles profita de la pause pour aller échanger quelques mots avec Isaac et Lydia, qui n'étaient pas dans leur classe cette année. Scott, quant à lui, passa son temps à s'engueuler avec Allison parce que celui-ci avait oublié leur anniversaire de rencontre. La routine, je vous dis.

En entrant dans la salle de mathématiques, Stiles fut étonné de constater que leur professeur, un vieux croulant qui était toujours en avance, n'était pas présent. D'ailleurs, aucun enseignant n'était présent. Les élèves chahutèrent un peu, espérant sans doute passer cette heure de mathématiques à ne rien faire.

Au bout de dix minutes, des talons claquèrent sur le carrelage de la salle, ne calmant pas pour autant le brouhaha crée par ces élèves de dernière année turbulents. Stiles resta bouche bée en voyant l'inconnue de ce matin entrer dans la classe, déposer son cartable sur le bureau, en sortir quelques affaires en silence et finir par s'asseoir sur le bureau en observant chacun des visages présent dans la classe. Peu à peu, le chahut s'apaisa et en remarquant le regard dur de la jeune femme, les lycéens se recroquevillèrent sur leur chaise.

- « Vous êtes en retard ! » fanfaronna Jackson, ce qui fit ricaner toute la classe.

L'enseignante se leva, un sourire légèrement moqueur sur le visage. Elle jeta un œil à son trombinoscope posé sur le bord de son bureau puis releva la tête vers Jackson.

- « C'est vrai, M. Whittemore. » Sa voix était étonnamment douce ce qui laissa penser à Jackson qu'ils allaient sans doute pouvoir s'amuser à ennuyer cette toute jeune professeur. « Vous êtes joueur de crosse, Jackson ? »

L'adolescent moqueur bomba inconsciemment le torse à cette question et s'empressa de répondre avec fierté :

- « Bien sûr. Je suis même co-capitaine de l'équipe. » Jackson ne put s'empêcher de lancer un regard menaçant à Scott qui était bien trop occupé à envoyer des textos pour s'en rendre compte.

- « Co-capitaine ! » s'exclama la jeune femme, toujours aussi souriante. « Pour votre information, M. Whittemore, j'ai toujours détesté les joueurs de Crosse. »

Le visage de Jackson se décomposa face au ton soudain plus arrogant de la nouvelle enseignante.

- « Donc malheureusement pour vous, Jackson, je ne vais pas beaucoup vous aimer, cette année. »

Cette fois, la plupart des élèves contemplèrent leur pupitre tandis que Whittemore roulait des yeux. C'était bien la première fois que pratiquer ce sport lui portait préjudice.

- « On peut commencer ou quelqu'un a encore une remarque idiote à faire ? » Tous restèrent silencieux. « Très bien... »

La jeune femme retira son manteau qu'elle posa sur le dos de sa chaise. Puis, sous le regard estomaqué de ses élèves, elle se déchaussa et soupira d'aise lorsque ses pieds nus entrèrent en contact avec le sol.

- « J'ai voulu avoir l'air sophistiqué devant le directeur pour mon premier jour, mais je déteste les talons autant que je déteste la crosse. »

Elle lança un regard narquois à Jackson qui s'enfonça un peu plus dans son siège, si cela était encore possible. La jeune enseignante vint se rasseoir sur le bureau et Stilinski ne put s'empêcher de lâcher un rire en lisant ce qu'il y avait marqué sur son tee-shirt : 'Sarcasm : the ability to insult idiots without them realizing it' (Sarcasme : la capacité d'insulter les idiots sans qu'ils ne s'en rendent compte). Décidément, cette professeur n'était pas très conventionnelle. Surtout, elle avait réussi à imposer sa présence et son autorité en quelques minutes à peine. Rien que pour ça, Stiles lui tirait son chapeau. Il savait à quel point les lycéens pouvaient être cruels avec les nouveaux enseignants.

- « Mon nom est Tallulah Finstock. J'ai l'âge d'être votre sœur plutôt que votre mère, du coup, j'aimerais sincèrement que vous ne m'appeliez pas Madame, mais Lula. (…) Tout le monde m'appelle Lula, parce que vous serez d'accord, Tallulah est le pire prénom qu'il existe sur cette terre. (…) Donc voilà, on est gentils et on m'appelle Lula. (...) Sauf Jackson, bien sûr, qui ne m'appellera pas vu que je préférerais éviter d'entendre sa voix insupportable durant mon cours. »

De nombreux élèves se mirent à rire en entendant le discours de leur professeur. Ils étaient sans doute amusés par le fait que Jackson Whittemore soit devenu si vite son souffre-douleur, lui qui était souvent le chouchou des enseignants.

Un élève leva la main et Lula secoua la sienne comme si elle était agacée, incitant ainsi l'adolescent à baisser sa menotte.

- « Je sais ce que vous allez me demander Monsieur... » Elle jeta à nouveau un œil au trombinoscope. « Monsieur Greenberg. Vous voulez savoir si je suis de la famille du Coach Bobby Finstock. (…) La réponse est... Peut-être. Mais si vous êtes assez intelligent, des indices physiques et comportementaux vous permettront sans doute de vous faire une idée sur la question. »

Bien sûr que Lula était de la famille du coach. Poser la question semblait même idiot aux yeux de Stiles. Il était même certain que Lula était la fille de Bobby. Tout chez cette jeune femme respirait le Coach Finstock. Ses yeux bleus clairs, son sourire à la fois tendre et facétieux, ses joues rebondies... et surtout sa raillerie constante dont Jackson avait déjà fait les frais. Et si elle détestait le sport que son père coachait, c'était sans doute parce que plus jeune, elle avait du en entendre parler pendant des journées entières et qu'aujourd'hui, elle en faisait une overdose. Du moins, Stiles en était intimement persuadé.

- « A moins que vous ne vouliez aussi savoir le nom de mon chien, je propose que l'on commence le cours. (…) Sortez vos bouquins. »

Dans un calme plat et avec un enjouement presque exceptionnel pour des adolescents, ils s'exécutèrent.

- « Vous, là. »

Stiles sursauta en se rendant compte que le doigt de l'institutrice le pointait. Il déglutit difficilement et hocha simplement la tête, se demandant à quelle sauce il allait être mangé.

- « Vous allez ramasser les livres de vos camarades et les mettre à la poubelle. »

- « Euh... » Stiles se demandait si l'enseignante n'essayait pas de lui tendre un piège. Cela faisait à peine un quart d'heure que Lula était arrivée dans leur classe, et pourtant, il ne savait pas à quoi s'attendre avec elle. « Je veux bien, mais ça ne va pas être très pratique pour faire nos exercices. » ironisa Stiles.

- « Leçon numéro une, Monsieur Stilinski. » Elle se mit à marcher le long de l'estrade en bois tout en regardant le sol. « On ne fait pas des mathématiques en utilisant des manuels. (…) Vous essayez déjà de résoudre des équations du second degré, mais les trois quart d'entre vous seraient incapables de calculer le périmètre de cette pièce. (…) Vous croyez que les mathématiques ne servent à rien dans la vie de tous les jours. Laissez-moi vous prouver le contraire. »

Elle fit signe à Stiles de ramasser les manuels de mathématiques.

- « Pose-les plutôt sur mon bureau. Plus écolo... Et puis ils pourront toujours servir lorsque je ne saurais pas quoi vous donner pour une éventuelle retenue. N'est-ce pas M. McCall ? » Le visage de Scott devint un peu trop rouge pour être innocent. « Le mot 'retenue' vous encouragerait-il à ranger votre téléphone portable ? »

Scott hocha simplement la tête et enfonça son téléphone dans la poche de son jean alors que Stiles voguait de pupitre en pupitre pour récupérer les livres. Lorsqu'ils les posa enfin sur le bureau de Lula, la jeune femme montra du doigt le trombinoscope et murmura à l'adolescent :

- « Il se prononce comment ton prénom ? (…) Tu sais que tu peux porter plainte contre tes parents pour maltraitance avec un nom pareil ? »

- « Oh ! » Stiles accorda un grand sourire à sa nouvelle enseignante. « Ça ne se prononce pas. Tout le monde m'appelle Stiles. »

- « Stiles. C'est mignon. (…) Prend ce mètre. Choisis deux partenaires et vous allez chercher comment trouver le périmètre, l'aire et le volume de cette étagère. »

Stiles attrapa le mètre ruban au vol et se retourna vers Scott pour lui faire un clin d'œil. Et Scott pivota vers Allison en levant le pouce. Apparemment, ces deux-là s'étaient réconciliés et les trois amis comptaient bien faire équipe ensemble pour venir à bout de cette étagère.

- « Pour les autres, je vous ai préparé une petite interrogation pour savoir quel est votre niveau en mathématiques. »

Les lycéens poussèrent quelques soupirs et râles de mécontentement. Quant à Stiles et ses deux compères, ils échangèrent un regard complice, bien heureux d'échapper à l'interrogation surprise de Lula.

Le reste de l'heure passa à la vitesse de l'éclair. Cela faisait bien longtemps que Stiles ne s'était pas autant amusé durant un cours de mathématiques. Même Scott, qui rechignait dès qu'il s'agissait de chiffres, avait réussi l'exercice pratique et y avait même pris du plaisir, ce qui relevait du miracle. A la fin du cours, Stiles fit signe à Scott qu'il le rejoignait d'ici quelques minutes et attendit que le reste des élèves sortent de la classe. Lorsqu'il fut seul avec l'enseignante, il s'approcha de son bureau. L'adolescent savait qu'il faisait preuve d'une curiosité quasi-maladive qui lui porterait peut-être préjudice. Cependant, il était incapable de sortir de cette classe sans poser quelques questions à cette jeune femme aussi étonnante que passionnante. Sans relever la tête de ses copies, Lula remarqua le regard de Stiles sur elle.

- « Tu dois avoir un autre cours avant la pause de midi, non ? »

- « Ouais. Cours de sport. (…) Mais j'aurais quelque chose à vous demander, donc si je suis en retard, je dirais à votre père que vous m'avez collé une retenue, il ne sera pas étonné. »

Lula leva les yeux vers l'adolescent et lâcha un léger rire. Cela serait mentir que de dire que la jeune enseignante n'avait pas remarqué que ce gamin était d'une intelligence et d'un humour rares. Il ne fallait pas sortir des grandes écoles pour le remarquer. Elle posa son crayon et avec un signe de tête, elle riposta avec la même ironie :

- « Si c'est pour me demander où j'ai acheté mon super tee-shirt, je ne suis pas du genre à refiler mes adresses. »

Ce fut au tour de Stiles de se mettre à rire.

- « En fait, je voudrais plutôt savoir si vous êtes une amie de Derek Hale. »

Stiles n'y avait pas été par quatre chemins. Cette question l'avait tourmenté toute la matinée et il était bien décidé à obtenir des réponses maintenant qu'il se trouvait face à la jeune femme. Le visage de Lula devint tout d'un coup très pâle et sa bouche s'entrouvrit sans qu'aucun son n'en sorte. Elle se mordit quelques instants la lèvre inférieure, visiblement gênée.

- « Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » demanda-t-elle d'un ton plus arrogant qu'auparavant.

- « Votre conversation de ce matin avec le directeur ? » questionna l'adolescent timidement.

- « Et pourquoi ça t'intéresse ? »

Stiles resta silencieux et haussa les épaules. Il ne savait même pas pourquoi ça l'intéressait tant que ça. Peut-être parce que cela l'étonnait que Derek ait pu être ami avec une personne aussi extravagante. Surtout que, pour être totalement franc, Stiles se reconnaissait en Lula.

- « Alors je vais te donner un conseil, Stiles. Ne me parle plus jamais de cet homme. Il est sorti de ma vie il y a bien longtemps. »

Sur les derniers mots, la voix de Lula était redevenue plus douce comme si elle ne voulait pas brusquer l'adolescent. Elle accorda un sourire à Stiles, ce qui était sans doute le signe qu'elle n'en voulait pas à l'adolescent pour sa curiosité.

- « Maintenant, va en cours. »

Stiles attrapa son sac à dos et se dirigea vers la porte de sortie, encore plus perdu dans ses pensées qu'auparavant. Désormais, il était bien décidé à interroger Derek dès qu'il le croiserait. Avec le temps, Stiles avait appris à se méfier des personnes débarquant à Beacon Hills comme un cheveu sur la soupe. Alors maintenant qu'il savait qu'elle avait un passé commun avec Derek, c'était encore plus intriguant.

- « Lula ? » appela-t-il avant de sortir de la classe. Elle releva ses yeux bleus vers lui. « Je fais partie de l'équipe de crosse, moi aussi. »

Stiles avait prononcé ça comme un aveu honteux. Comme si soudain il avait peur de perdre sa place de 'chouchou' dans le cœur de la nouvelle enseignante. Car c'était clairement ce qu'il était devenu en l'espace d'une heure. La jeune femme se pinça les lèvres pour ne pas exploser de rire face à cette confession. Cet adolescent l'étonnait.

- « Oh, tu sais, ce n'est pas vraiment la crosse que je déteste. Ce sont plutôt les joueurs arrogants dans le genre de Jackson qui m'agacent. (…) Tu n'es pas ce genre de personne, je me trompe, Stiles ? »

- « Je suis un ange. » ironisa l'adolescent hyperactif.

- « N'en fais pas trop quand même. (…) Je n'aime pas les lèche-bottes non plus. »

Et il était sorti de la salle de classe en riant.

En fin d'après-midi, Lula Finstock fut soulagée de terminer cette première journée. Lorsque ses derniers élèves quittèrent la salle de classe, elle fit quelques étirements des cervicales comme pour soulager la tension qui y régnait. Puis elle s'empressa de ramasser ses affaires et de sortir du lycée. La jeune enseignante avait hâte d'être chez elle et de boire un verre de thé glacé, son addiction préférée. Elle ré-enfila ses talons, s'en alla saluer ses collègues dans la salle des professeurs.

Puis elle put enfin respirer l'air libre sur le perron de l'école. Lula avait l'étrange impression de remonter six ans en arrière, lorsqu'elle descendait ces quelques marches en compagnie de Clyde et de Derek. A l'époque, ces trois-là chahutaient beaucoup. Lula était incapable de se rappeler du nombre exact de fois où Clyde avait dévalé ces marches sur les fesses après que Derek l'ai fait trébuché. Et elle se souvenait encore moins du nombre de fois où elle avait descendu cet escalier en tenant les bras de ses deux amis, telle une princesse. Lorsque ce souvenir se rappela à elle, la jeune femme ferma les yeux quelques instants et soupira. Toutes ces histoires était bien loin déjà. Et surtout, dieu que cela avait été éphémère ! Si elle avait su ce qui l'attendait, elle se serait accrochée à jamais à ces petits moments de bonheur qui paraissaient si insignifiants sur l'instant.

Revenir à Beacon Hills rendait Lula nostalgique et terriblement angoissée. Elle en avait vécu des choses, dans cette ville qui paraissait si banale de prime abord. La Miss Finstock descendit les quelques marches qui lui rendraient sa liberté pour ce soir. La jeune femme était si perdue dans ses pensées, qu'elle n'eut pas le temps d'éviter un élève qui lui fonça dessus avant de s'excuser d'une mine penaude.

- « Désolé, M'dame. » assura le garçon tout en se passant la main dans la nuque.

Se faire appeler Madame fit frissonner la jeune femme qui roula des yeux. Elle n'avait que vingt-quatre ans, nom d'une pipe. A peine sept ans de plus que ces lycéens qui maniait à la perfection la fausse innocence et la roublardise. Lula s'attarda sur l'adolescent qui se tenait face à elle. Celui-ci la dépassait d'une bonne tête et tout ce qu'elle aperçut en premier lieu, ce fut ce sourire étincelant qu'il lui lança. Le genre de sourire capable de soigner toutes les blessures. Lula aurait tué pour avoir un tel sourire. Ce garçon ne se doutait sans doute pas un instant de la chance qu'il avait de posséder un sourire qui avait le pouvoir de faire oublier tous ses problèmes à la personne en face de lui.

- « Il y a un problème, Isaac ? »

Perdue dans son observation, Lula ne remarqua pas qu'une nouvelle personne venait de se positionner derrière l'adolescent. Cette voix lui parut familière, mais elle n'y prêta pas la moindre attention. Elle devait bien avouer que le visage angélique de ce garçon la perturbait un peu trop. Isaac adressa un nouveau sourire à l'enseignante et secoua vivement la tête :

- « Non, c'est bon, j'arrive. (…) Je ne vous ai pas fait mal au moins ? » s'inquiéta l'adolescent.

- « Ça va aller. Fais plus attention la prochaine fois. Je sais que c'est chouette quand c'est la fin des cours, mais quand même. »

Isaac hocha la tête tandis que la personne qui avait parlé un peu plus tôt se positionna devant Lula.

- « Va dans la voiture, Isaac, j'arrive. » intima une voix autoritaire, si bien que l'adolescent ne se fit pas prier.

Et cette fois, le cœur de la jeune femme cogna trois coups trop rapides. Elle comprenait désormais pourquoi la voix lui avait parut familière.

- « Lulu ? »

Clyde étant mort et enterré, il ne pouvait y avoir qu'une personne pour oser l'appeler Lulu. Les gens l'appelaient Lula, mais jamais Lulu. C'était un surnom intime, qu'elle n'avait pas entendu depuis des années.

-FLASHBACK-

- « T'es nouvelle alors ? (…) C'est quoi ton nom ? Moi c'est Clyde et le mec qui ne parle pas à côté de moi, c'est Derek. »

L'adolescente avait haussé les sourcils en entendant que l'on s'adressait à elle. Elle se retourna et son regard se posa sur deux garçons vêtus de vestes en cuir. L'un d'entre eux était l'archétype du beau gosse américain. Des cheveux châtains clairs, en bataille, une mèche lui tombant négligemment sur l'œil. Ses yeux verts étaient emplis de malice et il semblait être du genre à aimer s'attirer des ennuis. L'autre, en retrait, était plus grand, plus imposant et surtout, bien moins souriant. Pourtant, le regard de la demoiselle fut attiré par cette mâchoire carrée et ces sourcils désordonnés. Elle lui adressa un sourire amical, qu'il mit un temps fou à lui retourner.

- « Moi c'est Tallulah. Mais tout le monde m'appelle Lula, en fait. »

- « Purée, tu pourrais porter plainte contre tes parents pour t'avoir refilé un nom pareil ! » s'époumona Clyde en éclatant de rire. « Mais tu sais quoi ? Tu vas vite apprendre qu'on est pas comme tout le monde, Derek et moi. (…) On ne va pas t'appeler Lula. On va t'appeler Lulu. »

Lula avait roulé des yeux. Elle se demandait bien pourquoi ces deux garçons avaient décidé de s'intéresser à elle. L'adolescente était bien loin des canons de beauté habituels. Elle ne ressemblait pas aux mannequins des magazines. Ses cheveux étaient indisciplinés, ses joues étaient trop rouges, ses sourcils quasi-inexistants et sa taille de pantalon voguait entre le 42 et le 44. Bref, Tallulah Finstock ne vendait pas du rêve, loin de là.

- « Pourquoi tu viens t'enterrer à Beacon Hills ? » demanda Clyde tout en posant ses fesses sur le même banc que Lula.

- « Mon père a été muté ici. (…) C'est un prof d'économie et puis le nouveau coach de crosse aussi. »

- « Sérieux ? Tu pourrais lui toucher un mot pour que je devienne titulaire ? »

- « Rêve. Mon père n'est pas du genre à se laisser soudoyer. »

Lula jeta un regard en coin à Derek, qui restait bien droit, les mains enfoncées dans les poches de son jean, écoutant attentivement la conversation. La jeune femme fronça légèrement les sourcils en constatant que, comme l'avait mentionné Clyde, son ami n'était pas très loquace.

- « Tu es une catastrophe dans ce sport, Clyde. (…) J'aime bien ton tee-shirt, au fait, Lulu. » avait soudainement dit Derek, comme s'il avait senti l'incompréhension de Lula.

Lula sourit au brun et ses yeux se posèrent sur son propre tee-shirt qui disait : 'I will not keep calm and you can fuck off' ('Je ne garderais pas mon calme et tu peux aller te faire foutre'). Ravi de voir que Derek n'était pas muet, elle souffla un remerciement.

-FIN DU FLASHBACK-

La jeune femme se mordit violemment la lèvre inférieure. Elle n'en revenait pas que Derek soit là, face à elle, après toutes ces années. Aux dernières nouvelles, elle avait appris qu'il était à New-York. Apparemment, ce n'était plus le cas et son père s'était bien gardé de lui dire que Hale était revenu à Beacon Hills.

- « T'as changé. » finit-elle par dire, plus pour elle-même que pour Derek.

- « Pas toi. » riposta le lycanthrope.

Un nouveau silence s'installa entre les deux jeunes gens qui se toisaient toujours du regard. Le visage de la jeune enseignante laissait transparaître sa gêne mais Derek restait quasi-impassible.

- « Qu'est-ce que tu fais là, Lulu ? »

- « Arrête de m'appeler Lulu ! » s'empressa de dire Lula, d'un ton autoritaire. Ce surnom ne lui rappelait que de mauvais souvenirs. Surtout, elle ne considérait plus Derek comme faisant partie de ses amis intimes. Et ce depuis bien longtemps.

- « Ah, et je dois t'appeler comment alors ? » Le ton de Derek était soudain devenu moqueur, presque sur la défensive.

- « Tallulah. » dit-elle d'un air glacial tandis que Derek se mit à ricaner. Jaune, sans aucun doute.

- « Tu détestes ton vrai prénom. Personne ne t'appelle Tallulah ! »

- « Ça tombe bien, parce que tu n'es personne à mes yeux. »

Le visage de Derek se décomposa. Il n'avait jamais oublié Lula. Il ne l'oublierait sans doute jamais. Durant ses années lycée, elle avait été sa meilleure amie, celle à qui il pouvait confier le moindre de ses secrets. D'ailleurs, la seule personne encore vivante qui devait le connaître par cœur, c'était toujours Lula. Sans un mot, sa main crispée sur l'anse de son cartable en cuir brun, Lula contourna son ancien ami et se dirigea tête baissée vers le parking. Derek resta de longues minutes à observer le sol, encore sous le choc de ces retrouvailles. Il rejoignit enfin Isaac dans la voiture et en envoyant le regard bleu de son bêta posé sur lui, Derek leva la main en disant :

- « Pas de question, Isaac. »

Bien évidemment, Isaac avait espionné la conversation de l'Alpha avec cette femme. De nombreuses questions brûlaient les lèvres de l'adolescent, qui se contenta d'observer Lula rentrer dans sa voiture. Il put la voir s'effondrer sur son volant, des larmes coulant sur ses joues roses. Le cœur du bêta se serra.

- « C'est ton ex petite amie ? » demanda tout de même Lahey.

Les doigts de Derek se serrèrent autour des clés de voiture, et il démarra.

- « Qu'est-ce qui te fait penser ça ? »

- « Elle est en train de pleurer. »

- « Je sais. (…) Tu apprendras bien assez vite que les ruptures amicales peuvent faire bien plus de mal que les ruptures amoureuses. » répondit froidement l'Alpha.

Isaac décida qu'il n'avait pas à en demander plus. Il voyait bien que Derek était assez mal à l'aise comme ça. D'ailleurs, cela faisait bien longtemps que Lahey n'avait pas vu Hale aussi fébrile et nerveux. Tout le long de la route qui menait au loft, Derek et Isaac restèrent silencieux. Lorsque l'Alpha se gara, il resta un long moment à regarder dans le vide, ce qui inquiéta son bêta.

- « T'es sûr que ça va ? »

- « Oui. » assura-t-il. Puis il frappa violemment sur le volant en voyant une silhouette devant la porte de l'appartement. « Qu'est-ce qu'il fait là celui là ? »

Derek sortit rapidement de la voiture et se dirigea d'un pas menaçant vers Stiles qui était adossé à leur porte d'entrée.

- « Stiles, t'as rien de mieux à faire que de venir m'ennuyer ce soir ? » tonna Derek d'une voix rauque.

Stiles haussa un sourcil tout en prenant un air innocent. Apparemment, Derek Hale n'était pas d'une humeur flamboyante, en cet fin d'après-midi.

- « Qui t'a dit que je venais te voir ? T'es pas le centre du monde, hein. Et puis Isaac habite aussi dans ce loft si je ne me trompe pas. »

Isaac adressa un sourire à Stilinski et fit un signe de tête pour acquiescer, même s'il savait très bien que ce n'était pas lui que le jeune humain venait voir.

- « Mais t'as raison, Derek. C'est toi, Ô grand alpha royal, que je viens voir. »

- « N'en fais pas trop quand même. Je ne supporte pas les lèche-bottes. » gronda le loup-garou.

Stiles eut un grand sourire en constatant que c'était la deuxième fois dans la journée qu'il entendait cette phrase. Cela tombait plutôt parce que c'était justement de Lula qu'il était venu parler. Stiles avait bien tenté de calmer sa curiosité, mais les questions revenaient sans cesse dans ses pensées. Il se doutait que Derek ne se montrerait sans doute pas très coopératif, mais il saurait l'amadouer. Il finissait toujours par apprivoiser Derek. Stiles était le petit prince, Derek était le renard.

- « Tu me fais rentrer ? » insista l'adolescent hyperactif.

Derek grogna et resta sans bouger un long moment. Isaac donna une tape dans l'épaule de son alpha.

- « N'essaye pas de lutter, Derek. » ironisa-t-il. « Personne ne résiste à Stiles bien longtemps. Surtout pas toi. »

Et le grand méchant loup attrapa les clés de son loft.


Et voilà pour ce premier chapitre.

Bon, je sais qu'il est difficile d'accepter un nouveau personnage dans un univers comme Teen Wolf. J'espère cependant que Lula aura su vous amuser un peu, vous attendrir et que son personnage vous intriguera autant qu'il intrigue Stiles !

En tout cas, si j'ai choisi qu'elle soit la fille du Coach, c'est parce que c'est un personnage que j'adore !

J'attends vos questions, vos impressions, vos suppositions ! Bref, j'attends vos commentaires !

Et je vous aime toujours.