L'aube d'une nouvelle ère


Résumé : Recueils d'OS. Mystogan est couronné roi. Mais il a encore un long chemin à faire. Heureusement, Erza Knightwalker est là. Mystwalker.

Crédit : Fairy Tail est un manga rédigé par Hiro Mashima, je n'ai aucun droit dessus. Je me contente d'utiliser les personnages et le contexte dans le simple but de divertir. Je ne reçois aucune rémunération pour cela.

N/A. Bonjour à tous. Déjà, merci à vous d'être encore là. Je ne sais pas quoi dire, si ce n'est que je compte bien terminer cette histoire. Nous sommes presque à la fin de l'ADNE et j'ai du mal à me faire à l'idée de me séparer des personnages. Mais ils méritent aussi d'avoir enfin une fin dans cette fanfiction. Et surtout, vous aussi. La même que ce que j'avais prévu en janvier 2013… Bref. Nous y sommes presque. J'espère ne pas vous décevoir. Bises à vous tous. Je vous aime. Un auteur de fanfiction –ou même un auteur tout court- n'est rien sans ses lecteurs. Vous êtes tout. Merci aussi à toutes les personnes qui m'ont envoyées des MP (parfois très directives) pour me rappeler que je devais travailler un peu sur cette histoire. Vous aviez raison. Encore merci.


OS 35. Demande


Depuis trois jours, Erza Knightwalker essayait désespérément de profiter pleinement de sa première semaine de véritables congés depuis des années. Si l'on omettait l'année écoulée à Aubac, qui n'avait pas vraiment été une année sabbatique. Le fait de se reposer avait quelque chose de très étrange, pour la jeune femme qui n'avait pas l'habitude de se voir octroyer du temps libre et qui ne savait pas quoi en faire. Elle tournait donc en rond dans ses appartements ou tentait désespérément de lire un livre -mais été incapable de se concentrer plus de quelques minutes. L'ennui l'avait même poussée à ranger ses affaires. Ce qui n'arrivait jamais.

Oh, bien entendu, dès que Jellal avait quelques instants de libres, les choses devenaient tout de suite plus intéressantes. Sans la contrainte de son emploi du temps surchargé, ils pouvaient être à deux plus longtemps. Et son amant s'était même permit d'avoir lui aussi une journée de repos pour qu'ils puissent rester ensemble pendant de longues heures, la veille. Cela avait été une journée formidable.

Mais Jellal était toujours le Roi et même s'il en mourrait d'envie, il ne pouvait pas manquer à ses obligations trop longtemps. Son devoir passait avant tout. L'administration d'un royaume était une entreprise à temps plein et il était retourné dès les premières lueurs de l'aurore à ses fonctions régaliennes.

Erza était donc seule dans sa chambre, attendant que le soir arrive pour retrouver la chaleur des bras du Roi, incapable de trouver quoi faire derrière un ennui mortel et lassant. Oui, elle essayer de profiter de ses quelques instants de tranquillités. Mais c'était une rude tâche : son aversion pour l'oisiveté n'aidant absolument pas.

Elle allait devenir folle.

Cela ne faisait pas plus d'une heure qu'elle s'était réveillée. Jellal avait déjà quitté ses appartements bien plus tôt, le conseil ayant besoin de discuter d'une affaire urgente. La rousse n'avait aucune idée de ce qui se passait, mais le Roi l'avait rassurée en lui disant qu'il s'agissait de questions économiques particulièrement ennuyantes. Elle n'avait pas cherché plus loin : les finances ne l'intéressaient pas du tout. A dire vrai, elle détestait les sujets qui ne traitaient pas de l'armée. Dès qu'il en était fait mention, le Roi s'appliquait à lui expliquer de long en large les différentes problématiques. A défaut, il n'abordait que très rarement les sujets qu'il savait ne pas intéresser Erza : les finances, les remaniements administratifs, les nominations, etc.

Le fait de ne plus être commandante d'une division de l'armée d'Edolas lui permettait de ne plus être obligée d'assister aux réunions du Conseil. Elle y allait pourtant souvent. Cependant, elle devait bien avouer que sa présence n'était pas toujours très studieuse : elle passait son temps à détailler Jellal et n'écoutait que rarement l'avis des conseillers. Ces derniers n'aimaient d'ailleurs pas sa présence –dès qu'elle prenait la parole, le Roi se rangeait aussitôt derrière elle- mais s'en accommodaient pourtant. Ils n'avaient pas vraiment le choix : l'éviction du conseiller Lahar n'avait pas disparue des mémoires.

Doucement, Jellal avait commencé à faire évoluer les pratiques internes au château. Il profitait d'une confiance sans limite de son peuple pour réformer les matières législatives les plus complexe et pouvait s'orgueillir de résultats inespérés. Erza était particulièrement fière de lui.

Ne sachant pas quoi faire, la jeune femme s'allongea sur son énorme lit –toujours en robe de nuit, elle n'avait pas encore pris le temps de se préparer pour le reste de la journée- et étudia les diverses rayures sur le plafond marbré. Elle n'arrivait pas à croire la tournure qu'avait prise sa vie. Elle avait été un soldat, une tueuse. Maintenant elle se sentait comme tout le monde : elle n'était qu'une jeune femme amoureuse et épanouie. Sa vie était parfaite. Son monde était beau. Peut-être même trop beau pour être vrai. Et elle adorait ça.

Si elle avait pu prévoir à quel point elle aurait été heureuse à l'avenir, elle aurait surement cédée aux avances de Jellal bien plus tôt.

Leur relation devait être la meilleure chose qu'il lui soit arrivé dans toute sa vie. Elle lui avait insufflée un nouveau but, bien loin des précédents. Celui de rendre heureux quelqu'un, de s'assurer qu'il soit toujours en sécurité, de partager tout ce qu'elle possédait –et elle-même- avec lui. Chacun des moments où ils étaient ensemble lui permettait d'oublier que ses mains avaient été assassines et recouvertes du sang d'innocentes personnes.

Il lui avait sauvé la vie. Erza l'aimait plus que tout. Même si parfois, il était complétement stupide. Mais même ses défauts lui plaisaient. Elle savait qu'elle était complétement fichue : il avait eu raison d'elle. Il l'avait transformée en une femme douce et mièvre. Enfin, pas totalement. Elle avait toujours un très mauvais caractère, comme il s'amusait à le répéter. Quand même, elle avait la conviction qu'elle s'était adoucie. Qu'elle était moins… sauvage. Plus posée.

Le changement lui faisait parfois peur. Mais elle ne le regrettait pas. Elle ne regretterait jamais Jellal. C'était un cadeau des dieux. Et même si leur relation devait s'arrêter brusquement, ça n'avait pas d'importance. Tant qu'il était dans sa vie, elle survivrait. Même si son cœur, voire même son âme entière, devait en brûler.

Une voix la sortie soudain de ses sombres pensées :

-Erza ?

Surprise, la jeune femme détourna le regard du plafond et se redressa pour faire face à son interlocuteur. Les cheveux blonds de son presque-frère furent la première chose qu'elle discerna de lui. Il avait la tête baissée, comme s'il avait peur d'interrompre quelque chose. Ce qui fit rougir la jeune femme.

Sugar-Boy avait découvert, quelques semaines plus tôt, qu'elle entretenait une relation plus qu'intime avec le souverain d'Edolas. Et il n'avait pas hésité un seul instant à la taquiner avec ça. Même après plusieurs raclées, il continuait à l'appeler « madame la future-reine » ou encore « ma suzeraine ». Il avait aussi une imagination à toute épreuve, imaginant son intimité avec le Roi et n'hésitant pas à lui en faire l'étalage.

Elle n'avait pas réussi, malgré de nombreuses claques, à lui remettre les idées en place. Elle était même bien trop souvent gênée par ses allusions, comme quand il lui avait donné une leçon sur « les fleurs et des abeilles », et préférait parfois prendre la fuite. Parler de sa vie privée n'avait jamais été le fort d'Erza. Elle n'aimait pas du tout la voir étaler devant tous. Heureusement, Sugar-Boy, malgré ses pitreries, savait rester discret. Bien entendue, il y avait des rumeurs sur sa relation avec Jellal, mais rien d'affirmatif. Les rumeurs, elle pouvait y faire face. Elle en avait subies toute sa vie.

-Sug'? Qu'est-ce que tu fais ici? s'enquit-elle.

Depuis que Hughes était devenu le père d'un magnifique petit bébé, ce dernier avait eu droit à une réduction drastique de ses horaires de travail, et Sugar-Boy avait récupéré plus de la moitié de ses charges. Bien que Jellal affirmait l'avoir décidé sans aucune contrainte, Erza soupçonnait que les menaces de Kana avaient surtout eu raison de son courage. A la fin de sa grossesse, la « fée » avait été quasiment insupportable et effrayante. La demoiselle n'avait pu souhaiter prendre du thé et avait, à la place, décidée de jeter ses tasses sur toutes les personnes qui l'ennuyaient. Le pauvre Hughes avait subi ses changements d'humeurs avec une patience à toute épreuve.

Erza, elle, avait rapidement décidée de ne pas s'approcher de l'épouse de son meilleur ami pendant plusieurs semaines. Jellal n'avait pas eu cette chance. Heureusement, la naissance n'avait plus tardée et un magnifique petit garçon avait vu le jour. Tout le monde en était fou. Même Erza devait avouer que le petit Ned était un parfait bébé. Avec beaucoup trop de voix.

Se dandinant d'un pied à l'autre, Sugar-Boy détailla les appartements d'Erza, comme s'il était à la recherche de quelque chose. Celle-ci fronça les sourcils et se leva de son lit. Elle n'aimait pas du tout l'expression du blond. Il paraissait nerveux, inquiet. Sérieux, même. Or, Sugar-Boy n'était pas quelque de réfléchi. C'était un fonceur, à l'instar de Hugues. Il y avait un problème.

-Tu n'aurais pas vue le Roi, par hasard? lui demanda-t-il à son tour.

La question dérouta la rousse. Son cœur rata un battement –comme dans les livres- alors qu'une insidieuse panique se répandait dans tout son être. La peur la paralysa pendant quelques secondes, avant que son esprit ne redevienne pragmatique. Elle savait où il était. Jellal était en sécurité, à une Réunion du Conseil. Elle n'avait pas à avoir peur.

-Il est à une réunion du Conseil, répondit-elle donc.

Ce qui n'empêcha pas son rythme cardiaque de continuer à battre follement. Elle pouvait même entendre les battements de son cœur résonner dans ses oreilles. Son sang bouillonnait. Elle devait avoir l'air particulièrement stupide à cet instant. Elle s'en fichait éperdument.

-Non, il devrait être à une réunion du Conseil. Il n'y est pas, répliqua le blond.

Erza écarquilla les yeux à ses dires, mortifiée. Stupéfaite, elle sortit de son lit brusquement. Elle attrapa vivement la première paire de chaussures qu'elle trouva, une paire de ballerine usée, et les enfila instinctivement. Son esprit ne s'attardait que sur une seule chose : Jellal avait disparu. La panique la saisie. Elle se précipita pour prendre un manteau : elle n'avait pas le temps de se changer, encore moins de se coiffer. Si Jellal était en danger, chaque seconde comptait.

-Comment ça, il n'y est pas. Où est-il? s'écria-t-elle tout en essayant désespérément de fermer les boutons de son manteau.

Ses doigts, malheureusement, tremblaient et elle perdit d'interminables secondes à essayer de les faire fonctionner normalement. Elle en aurait hurlé de frustration si cela ne s'était pas avérer totalement inutile. En même temps, son cerveau tournait à plein régime. Qui aurait pu vouloir enlever le Roi et surtout, y arriver en pleine journée ?

Faisant une liste-mentale de toutes les personnes qu'elle allait devoir interroger (elle s'attarda particulièrement sur l'ancien conseiller Lahar), elle examina en même temps le parcours quotidien du Roi. Ses déplacements étaient toujours bien encadrés, même à l'intérieur du château. Il était aussi totalement capable de se défendre contre n'importe qui. Donc, soit ses agresseurs étaient plusieurs, soit il avait été attaqué par surprise.

-Je ne sais pas, j'imaginais qu'il était peut-être ici avec toi, se hasarda Sugar-Boy.

Erza le foudroya du regard tandis qu'elle abandonnait la fermeture de son manteau, laissant à la vue de tout à chacun ses longues et fines jambes. Qu'elle importance, après tout.

-La réunion devait commencer il y a plus d'une heure! Et tu ne viens que maintenant? s'étrangla-t-elle.

Elle allait le frapper. Lui et toutes les personnes chargées de protéger le Roi. Comment avait-il pu disparaitre sans que personne ne pense à la prévenir tout de suite ? Bon, d'accord, elle était en congés mais son engagement dépassait largement quelques heures de repos ! Et Sugar-Boy était bien placé pour le savoir. Mince alors, c'était l'homme de sa vie qui venait de disparaitre dans la nature. Elle aurait dû être la première être au courant.

-Euh... La réunion devait commencer il y a quelques minutes, l'informa son ami.

La rousse se figea à cette réponse et cligna des paupières, hébétée. Jellal lui avait affirmé que la réunion du Conseil devait commencer aux premières lueurs du soleil. Elle n'avait eu aucune raison de douter de sa parole. Or, c'était faux. Ce qui voulait dire que le souverain lui avait menti. Pourquoi ? La réponse était évidente…

-Je vais le tuer! hurla-t-elle brusquement.

Puis elle traversa la pièce à grandes enjambées tout en attrapant son épée au passage. Sugar-Boy, poussé par son instinct de survie, s'écarta de son chemin, ahuri par le comportement furibond de l'ancienne commandante. Bien qu'il fût habitué à ses éclats, Erza était rarement aussi en colère. Et elle avait bien des raisons de l'être : elle allait frapper Jellal pour ce qui venait de se passer. Pour toute la peur qu'il venait de lui faire ressentir. Une panique que la jeune femme ne voulait plus jamais ressentir, la même que celle qui, il y avait deux ans de ça, l'avait submergée quand un poignard avait transpercé le ventre de son souverain.

-Erza! Attends! Où vas-tu? somma-t-il à la jeune femme.

Mais celle-ci n'en eu cure. Au contraire, elle avance encore plus vite. Elle ne mit que quelques instants pour sortir de ses appartements, Sugar-Boy sur les talons. Les serviteurs qu'ils croisèrent sur leur passage les dévisagèrent ouvertement. Il fallait dire qu'Erza ressemblait à une furie et dégageait une aura reconnaissable entre mille : signe qu'il valait mieux rester loin d'elle sous peine de subir son légendaire courroux. Quand elle daigna enfin expliquer, ce fut sur un ton rageur :

-Cet idiot est encore parti dans la Ville-basse!

Sugar-Boy eu l'intelligence de ne pas remettre en question son analyse.

-Mais pour quoi le Roi ferait-il ça?

Erza renifla dédaigneusement. Jellal détestait être enfermé dans le château. Il éprouvait souvent le besoin de fuir son palais pour visiter la population. Il se fichait pas mal des risques, persuadé que personne ne pouvait le reconnaitre quand il était déguisé en « Mystogan ». Ces derniers temps, il demandait toujours à Erza de l'accompagner lors de ses sorties. Réticente, la jeune femme le suivait pourtant à chaque fois pour assurer sa sécurité.

Mais aujourd'hui il avait préféré partir seul. Sans elle. Ce qui releva l'estomac d'Erza. Peut-être en avait-il assez d'être avec elle. Elle n'en avait aucune idée. Le plus important c'était qu'il avait décidé de partir sans protection et qu'il lui avait menti.

-Je ne sais pas, mais il va m'entendre, s'écria-t-elle.

Elle accéléra encore le pas.

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Seul le bon sens de Sugar-Boy finit par convaincre Erza qu'elle devait d'abord vérifier que le Roi n'était pas de retour dans la salle du Conseil avant de dévaler la ville-basse à sa recherche. Bien qu'il avait aussi affirmé à la jeune femme que sa tenue n'était pas du tout appropriée pour une balade dans les couloirs officiels du palais-royal, cet argument n'atteignit pas Erza. Les convenances sociales ne l'intéressaient surement pas en ce moment. Pas le moins du monde même. Elle s'en fichait totalement. Elle était bien trop en colère pour ça.

Quand ils arrivèrent dans le couloir menant à la porte du Conseil, Erza fut infiniment soulagée de constater que Jellal était là. Habillé royalement, il discutait d'une chose ou d'une autre avec l'un de ses conseillers et tout paraissait absolument normal. Si Sugar-Boy n'était pas venu informer la jeune femme de la disparition temporaire du jeune Roi, elle ne l'aurait jamais soupçonné. Jellal était doué pour assurer ses arrières.

Le soulagement fit place à la consternation. Elle fonça vers lui. Sugar-Boy essaya de l'arrêter, mais c'était peine perdue. Personne n'était capable de l'empêcher de dire au Roi ce qu'elle pensait de son comportement. Jellal ne remarqua pas tout de suite sa présence, contrairement à d'autres.

-Mademoiselle Knightwalker, nous ne vous attendions pas, la salua l'un des conseillers pour faire bonne figure tout en la détaillant d'un regard critique.

Jellal se retourna aussitôt vers elle, l'air surprit de la voir ici. Mais il ne lui parut pas mécontent. Ses yeux s'attardèrent longtemps sur sa tenue et un petit sourire amusé se dessina sur ses lèvres quand il constata qu'elle était encore en chemise de nuit. Ses vêtements débraillés ne devaient pas le déranger mais, au contraire, l'amuser. Erza n'en fut que plus agacée encore.

Elle leva aussitôt un doigt accusateur vers lui.

-Où étiez-vous? lui intima-t-elle de répondre.

Le sourire du Roi disparu aussi vite qu'il était apparu. Il prit une expression presque coupable. Ce n'était cependant pas suffisant pour calmer sa fougueuse commandante. L'un des conseillers présents se racla la gorge et Erza le foudroya du regard.

-Mademoiselle Knightwalker! Ce n'est pas à vous d'interroger le Roi, lui rappela-t-il.

Ce n'était surement pas la meilleure chose à dire. Mais alors, vraiment pas. Elle se retourna aussitôt vers l'homme –un vieil homme gras aux cheveux blancs- et s'écria :

-Ce n'est pas toi que je parle, alors la ferme!

Tous les conseillers reculèrent en même temps, horrifiés et inquiets par le ton employé par la jeune femme. Celle-ci s'en moqua totalement et retourna de nouveau son regard vers Jellal. Il avait l'air mécontent de son attitude. Ses yeux étaient plissés et toute sa nonchalance habituelle n'était plus. Au contraire, il se tenait bien droit. Trop même pour Erza.

Sugar-Boy posa une main sur son épaule. Elle se dégagea vivement. Oh non, elle n'allait pas se calmer tant qu'elle n'aurait pas les réponses qu'elle cherchait. Tant pis si cela heurtait les bons-principes d'Edolas entier. Elle voulait savoir où il était allé, et maintenant.

-Mademoiselle Knightwalker, vos réactions sont disproportionnées, la fustigea Jellal.

Oh, elle allait vraiment le tuer. A tout du moins le gifler.

-Disproportionnées? Vous êtes parti sans prévenir aucun des hommes chargés de votre sécurité! s'indigna-t-elle donc fort logiquement.

Jellal eu la décence de paraitre un peu coupable. Son expression sérieuse s'adouci. Ce qui aurait pu suffire à toute autre occasion à calmer Erza. Mais pas aujourd'hui, pas alors qu'elle sentait encore ses mains trembler de peur à l'idée qu'il aurait pu être enlevé. Ou tuer. Et qu'elle n'aurait pas été là pour le protéger, simplement car il avait voulu se balader tout seul. Non, ses beaux yeux n'étaient pas suffisants pour qu'elle se détende. Loin de là.

-J'avais mes raisons, expliqua-t-il tout de même.

Ce n'était pas du tout la réponse qu'espérait Erza. Elle croisa les bras, bien décidée à lui faire comprendre qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire. Il comprit le message –il la connaissait parfaitement- et grimaça. C'était ridicule. Aussi lui demanda-t-elle :

-Et qu'est-ce qui pourrait justifier de mettre votre fessier-royal en danger?

Les conseillers semblèrent outrager par la semi-insulte. De nouveau, Sugar-Boy posa la main sur son épaule, peut-être pour éviter une scène en plein milieu du couloir. Déjà, un certain nombre de serviteurs commençait à s'entasser tout autour d'eux.

-Nous pourrions peut-être en parler après la réunion du conseil et autre part qu'en plein milieu d'un couloir? indiqua Jellal tout en regardant les personnes présentes.

Malheureusement, le bon sens d'Erza devait être parti en congés avec elle car elle ne décampa pas de sa position. Pas le moins du monde.

-Non! Je veux le savoir maintenant! exigea-t-elle fermement.

Le Roi qui jusqu'à présent était resté calme perdit à son tour contenance. Il la foudroya à son tour du regard, pinça les lèvres avant de finalement avouer :

-Très bien. Je suis allé acheter une bague.

Erza ne s'attendait bien évidement pas à cette réponse. Elle cligna des paupières, essayant de comprendre ses propos. Une bague ? Mais pour quoi faire ?

-Une bague? Vous vous fichez de moi? Pourquoi vous auriez besoin d'acheter une bague dans la ville basse? Les meilleurs joaillers viennent directement au palais!

Rien n'aurait pu préparer Erza à la réponse.

-C'est plus facile pour demander quelqu'un en mariage d'avoir un anneau. Et je ne voulais pas que tout le monde soit au courant avant que je ne fasse ma demande.

Encore une fois, le cœur d'Erza rata un battement. Son expression se figea tandis qu'elle essayait d'emmagasiner ce que Jellal venait de dire. Venait-il de parler de mariage ? Merde, pourquoi n'y avait-il pas de chaises dans les couloirs ? Et pourquoi ses jambes venaient-elle de se mettre à trembler comme une petite fleur au vent ?

-En... Mariage?... réussit-elle à balbutier.

Erza n'était pas la seule à être surprise, bien entendue. Les conseils présents étaient étourdis. Sugar-Boy avait toujours la main posée sur l'épaule d'Erza, mais paraissait être à des kilomètres de là. Les serviteurs, eux, commencèrent presque aussitôt à chuchoter. Un des conseillers –le même que précédemment- trouva cependant le courage de s'exprimer.

-Majesté, peut-être serait-il nécessaire d'en parler d'abord au Conseil?

L'attention de Jellal se reporta sur ce dernier. Erza le détailla, toujours sous le choc, répondre au vieil homme :

-Je n'en vois pas l'intérêt.

Ce dernier n'en démordait pourtant pas.

-Mais... Majesté... L'usage veut que...

-Mais vous allez vous taire! coupa Erza brusquement.

Ce n'était surement pas le moment de parler d'usage et de tradition. Pas alors que Jellal parlait de mariage. Mais avec qui ? Avait-il décidé de la quitter ? Et pourquoi elle pensait à ça maintenant ? Que devait-elle faire ? Que devait-elle dire ? S'il venait à en épouser une autre, comment allait-elle pouvoir supporter d'assurer sa sécurité alors qu'elle allait mourir d'envie de mettre elle-même fin aux jours de la future reine.

Pourquoi avait-elle quittée sa chambre, déjà ?

-Mademoiselle Knightwalker, ce n'est pas le moment d'outrepasser vos prérogatives! lui rappela le vieil homme.

Erza se retourna brusquement vers le conseiller. Les autres membres du conseil n'ouvrirent eux pas la bouche. Oubliant qu'il était son supérieur hiérarchique, elle s'avança vers le sénior, laissant un Sugar-Boy toujours inerte derrière elle.

-Outrepasser mes prérogatives? Je vais t'arracher les yeux si tu continues de...

Elle s'arrête cependant quand la main chaude du Roi attrapa la sienne, l'empêchant de frapper le conseiller apeuré. Elle essaya de se dégager, mais la prise de Jellal était ferme.

-Erza! S'il-te-plais! la supplia-t-il.

Ce fut le tutoiement public plus que la plaidoirie de Jellal qui réussit à convaincre Erza de se calmer. Quand son regard d'arrêta dans le sien, ce fut comme si le reste du monde venait de disparaitre. Comme s'ils étaient seuls désormais, et non pas dans un couloir désormais surchargé.

-Ce n'était pas du tout comme ça que j'avais imaginé faire ma demande mais, après tout, c'est la hauteur de ta réputation, s'amusa Jellal d'une voix profonde.

Son ténor mélodieux fit naitre des centaines de papillons dans le ventre d'Erza.

-Est-ce un compliment ou une insulte? s'enquit-elle sans vraiment s'intéresser à une éventuelle réponse.

Le sourire le Jellal la surprit encore. Elle le détailla davantage, essayant de graver cet instant pour toujours dans sa mémoire. Un moment magique. Il était beau, dans ses vêtements bleu et argenté. Ses cheveux étaient indisciplinés, ses beaux yeux brillaient de milles-feux, son tatouage ne faisait que ressortit son côté mystérieux, ses fines lèvres étaient avenantes, il était simplement parfait.

Et elle, elle était grotesque, en chemise de nuit et entourée d'un manteau à moitié boutonné, les cheveux non-brossés, sans la moindre touche de maquillage. Elle était ridicule. Il la trouvait merveilleuse.

-Un compliment, sans aucun doute, répondit-il.

Puis il se mit à genoux devant elle, sortit d'une de ses poches un écrin, puis l'ouvrit pour lui laisser découvrir le plus beau bijou qu'elle n'avait jamais vue de sa vie.

-J'avais préparé un long discours, avec quelques anecdotes, des jolies tournures de phrases, mais... En réalité, on n'en a rien à faire. La seule chose qui importe vraiment c'est de savoir si toi, Erza Knightwalker, tu es prête à devenir ma femme ?

Sans attendre une seconde, sans même réfléchir à ce qu'elle devait dire ou faire, Erza se laissa choir sur le sol pour être à la hauteur du Roi. Il lui souriait toujours, magnifique. Et elle n'hésita pas.

-Oui. Oui ! s'écria-t-elle en se jetant dans ses bras.

Erza ne remarqua pas les mines déconfites de quelques-uns des conseillers. Ni le regard heureux de Sugard-Boy. Elle n'entendit même pas les applaudissements qui éclatèrent autour d'eux, portés par les serviteurs privilégiés qui avaient pu assister à la scène. Non, Erza Knightwalker ne remarqua rien de tout ça. Car en cet instant précis, elle ne pouvait voir qu'une seule chose : Jellal, son fiancé.