Résumé : Deidara est malade, et il le sait. Il sait aussi que ses amis s'inquiète et pour ne pas les affoler, cède à tous leurs désirs. Deidara veut guérir. Ses amis le savent, et veulent l'aider, sans savoir s'y prendre. Et finissent par demander une aide inattendue.
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas. Cette fiction n'est possible que par l'autorisation de ce site, je ne dispose de rien, tous les droits reviennent à Masashi Kishimoto.
Note : Bonsoir à toutes et à tous pour ce nouveau numéro de mes folies. Ceci est un petit OS en deux, grand maximum trois parties. Je tiens déjà à prévenir tout à chacun en prévision des OOC qui vont certainement apparaître en espérant qu'ils ne seront pas très dérageant, ainsi que les petites incohérences.
Ensuite, j'ajoute qu'à la base, le sujet principal ne devait pas du tout être abordé. Je voulais quelque chose de simple, de mignon et de sucré (je lis trop de shojo et de fics « sucrées » ces temps-ci, ajouté à cela une certaine discussion avec Miyuki-Cherry-Lemon, et tout était réuni… !). Et finalement, ça a basculé. C'est un sujet assez rare et j'ai essayé de me renseigner comme je le pouvais, mais bon. Sur ce, bonne lecture.
« Oh non, Hidan, soupira Deidara en soupirant, les yeux fermés. La dernière fois que j'y suis allé j'ai eu l'estomac complètement retourné.
Il étouffa un rot sonore tandis que son ami le couvait d'un regard suppliant. Kakuzu le couvrit :
- Sinon, on peut aller à une autre.
- Quoi, s'indigna Hidan en s'attaquant à celui qui voulait pourtant prendre sa défense. Tu veux quitter Hinata !? Tu veux changer de pâtisserie ?!
C'était leur rituel. Une fois par semaine, s'en aller à la pâtisserie du coin, qui exigeait un petit détour, pour se prendre une gourmandise. Ils avaient l'habitude de s'en aller "Chez Hinata", ce qui les ralentissaient souvent, le petit commerce se trouvant assez loin de la gare, qu'ils rejoignaient pour rentrer chez eux après le lycée chaque soir. Kakuzu, assis à côté d'Hidan, tout en enfournant un grain de raisin, hocha posément la tête. Ce dernier ouvrit grand la bouche, outré par un tel blasphème. Deidara s'amusa de son expression et un sourire s'inscrivit sur son visage.
Au moins, ils avaient arrêté de parler de sexe. Le flavescent n'en pouvait plus. A chaque fois que le sujet était abordé, il baissait la tête, prenait de la distance, saisi à la gorge par le dégoût provoqué par sa maladie.
- Kaku a raison, intervint Yahiko en levant un index savant, volant au secours de Kakuzu. J'ai goûté leurs religieuses, elles sont à se damner.
- Vous en voulez à mon estomac ou quoi, grogna Deidara.
Yahiko, assis à sa gauche, le regarda sans répondre, et Deidara ferma les yeux, ignorant cet éclat mécontent qu'il avait lu au fond des prunelles orangées de son camarade de classe. Itachi, à la droite du blond, intervint à son tour.
- Il a raison, on n'est pas toujours obligé de s'empiffrer.
Hidan, protestataire par excellence, assis juste en face de Yahiko, grossit de nouveau les yeux.
- Quoi ? Tu veux mettre fin au rituel ?!
- Je veux juste qu'il ait l'impression que son avis compte, corrigea Itachi.
Ils furent secoué d'éclats de rire tandis que Deidara tentais un sourire gêné tandis que son ami d'enfance lui tapait l'épaule. Il aurait voulu rire franchement avec eux, mais une partie intime de lui se sentit rabaissé par la réplique du brun, aussi préféra-t-il ravaler sa salive tandis que le calme retombait à leur table. Hidan, dont le regard de ses affreuses lentilles roses volait sur le visage de tous ses amis, attendit quelques secondes avant de dire à toute vitesse :
- Au fait, je ne vous ai pas dit, ma copine m'as quitté ! elle disait qu'elle en avait marre que je ne m'occupe pas d'elle et que je ne m'intéresse qu'à mes jeux ! Je la comprend pas cette bourgeoise, avant c'était cool que je ne me « prenne pas la tête avec les études », et maintenant je ne suis pas sérieux ! Merci quoi !
Le jeune homme aux cheveux teints en argenté fut la cible de cinq regards complètement incrédules. Tous ne surent s'ils devaient répondre ou ignorer l'état de fait. Yahiko décida pour les autres et prit la bonne décision :
- Revenons-en à la pâtisserie, éluda-t-il l'air de rien. Ça s'appelle « Aux Sables Rouges », elle vient d'ouvrir, et c'est juste sur le chemin de la gare ! Comme ça, on fait d'une pierre deux coups, et on a plus besoin de faire le grand tour.
- Et il y a une réduction sur les pâtisseries tous les mercredis, compléta Kakuzu.
Lui, tant qu'il payait moins cher, il était satisfait, quoi qu'il arrive. Ses amis pouffèrent et secouèrent la tête.
- Donc, réfléchit lentement Kisame en se tapant le bout des doigts, on repousse le rituel à aujourd'hui ?
Yahiko et Itachi acquiescèrent, Hidan fut immédiatement partant, Kakuzu et Kisame décidèrent de suivre le mouvement, tandis que Deidara se montrait réticent. Voyant que le blond restait emmuré dans son silence, Yahiko continua sur sa lancée :
- Si vous n'avez pas de quoi payer aujourd'hui, j'offre.
Il n'en fallu pas plus pour que le portefeuille de Kakuzu retourne subitement chez lui alors que quelques minutes auparavant il en sortait son badge de cantine. Deidara, de son côté, n'était pas réellement convaincu. Il posa sa main sur son ventre. Il savait qu'il aimait le sucre, il savait qu'il ne résisterait pas à la tentation. Et il savait aussi ce qui se passerait après.
- Vous n'êtes pas plutôt pour une petite salade, risqua-t-il avec une grimace qu'un connaisseur pouvait affilier à la famille des sourires. J'ai pris un peu de poids et…
- Deidara, intervint Itachi en lui tapant l'épaule, un membre de ma famille y travaille.
Le blond leva un sourcil qui voulait clairement dire « et alors, qu'est-ce que ça fait », ce qui poussa Itachi à hausser les épaules. Il n'avait pas d'autres arguments.
- On sait que t'es gay mais t'y vas tout de même un peu fort, bougonna Hidan.
Yahiko et Itachi, comme deux tours aux côtés d'une reine fragile, grossirent les yeux, poussant le fou à regretter quelque peu ses paroles. Le regard de Deidara qui baissait de nouveau la tête, les yeux rivés sur son assiette qu'il n'avait même pas touchée, conforta Hidan dans l'idée qu'il avait « merdé ». Yahiko posa le bout de son index sur la joue cave du flavescent.
- Et je t'interdis de te faire vomir, articula-t-il assez bas pour n'être entendu que de Deidara.
Celui-ci poussa un soupir désenchanté et secoua la tête, avant de se plier au jeu.
- Bon, si tu me payes, je te suis jusqu'en enfer.
Cette déclaration arracha un sourire à tous ceux qui se trouvait à cette même table, autour de lui. Ces cinq excentriques qui avaient redoublé au moins une fois, voire deux, comme lui ou Itachi, et jusqu'à trois fois comme Kisame qui stagnait lamentablement en Terminale alors qu'il avait vingt ans maintenant. Et le pire, c'était qu'ils ne se foulaient toujours pas. Après tout, rater le bac, ce n'était pas si terrible. On les connaissait tous au lycée, on coulait vers eux des regards étranges, entre leurs teintures,leur vernis à ongle, leurs lentilles de contact et parfois leurs cheveux teints d'étranges couleurs, on n'aimait pas trop se mêler à eux.
- Yata, s'exclama Hidan en levant les bras au ciel, vivement ce soir !
La viande et les légumes dégoulinant de sauce le regardaient d'un air suppliant. Deidara les ignora. Il avait déjà mangé son pamplemousse et ses deux mandarines.
Autour de lui ses amis riait. Et il pensait qu'il était content d'être parmi eux. Il était content que ces excentriques redoublants soient toujours ses amis malgré ce qu'il traversait. Et il se sentait même touché lorsque ceux-ci essayaient de l'aider, quand bien même leur méthode était à revoir, notamment en l'emmenant à la pâtisserie. Si c'était aussi facile…
- Mon pauvre estomac, soupira le blond en noyant son visage entre ses mains et ses cheveux.
- Tu verras, lui dit Yahiko en levant son pouce, ça va te booster pour l'athlétisme.
La sonnerie retentit. Ils se levèrent pour aller débarrasser leur plateau et filer en cours avant de signer leur dixième exclusion commune depuis le début de l'année.
Deidara était nerveux. Anxieux. Comme d'habitude. Loin derrière ses cinq amis qui avaient fait une entrée en force dans la pâtisserie, il se triturait l'index et regardait le sol. Ses bras diaphanes étaient marqués par la chair de poule et il tremblait légèrement. Hidan, au lieu de ne prendre qu'une pâtisserie à « 1 euro le mercredi », en avait pris sept. On ne changeait pas la gourmandise. L'avarice incarnée qu'était Kakuzu, tout en mangeant son éclair au chocolat, lui tira les oreilles en lui sommant qu'on ne jetait pas ainsi l'argent par les fenêtres. Le colérique Kisame avait choisi un gâteau au chocolat, le paresseux Yahiko avait préféré une tarte aux fraises tout en téléphonant à la luxurieuse Konan qui l'attendait chez elle avec une pâtisserie d'un autre genre. L'orgueilleux Itachi, tout en hésitant, se tourna vers Deidara, Deidara, pétri d'envie, qui pourtant, n'avait envie de rien.
- Qu'est-ce que tu veux, alors ?
Les yeux bleus maquillés de noir se perdirent sur les sucreries et pâtisserie en tout genre. il courut sur les éclairs, sauta sur les tartelettes, vola par-dessus les gâteaux, se noya dans les viennoiseries, avant de fermer les yeux, craignant d'être totalement submergé.
- Ça m'a vraiment l'air très bon…
Finalement Itachi, qui n'avait plus si faim que ça, ne pris qu'un éclair aux spéculos. Yahiko, après avoir raccroché avec sa petite amie, tapa dans ses mains, insistant auprès du blond. Il avait dit qu'il inviterais, il le fera. Deidara serra les dents et secoua vivement la tête.
- Finalement je ne veux rien, merci !
Yahiko resta silencieux. Itachi de même. Les autres étaient dehors, devant la grande enseigne blanche, dorée et carmine des "Sables Rouges". Hidan, Kakuzu et Kisame, comme dans un film burlesque, se poursuivait, rendus silencieux par les vitres de la pâtisserie qui les isolait de ce petit monde sucré et silencieux. Deidara sentit une boule se former dans sa gorge. Alors que Hidan hurlait au meurtre au dehors, ses cris toujours étouffés par porte et vitre, Itachi regarda attentivement son meilleur ami. Il déplorait son état. Deidara avait perdu plus de dix kilos. Il était d'une pâleur monstrueuse qu'il tentait de cacher sous quelque fond de teint, crayon noir et cheveux longs, ses yeux bleus avaient pâlis et perdu de leur éclat, ses mains étaient diaphanes, à pleurer, et le peu qu'il voyait de son torse le forçait à ne pas imaginer le reste de son corps. A chaque fois qu'il y pensait un peu plus, ses yeux le brulait. Il se tourna vers son cousin, Madara, tout habillé de blanc et décoré d'un tablier, qui semblait attendre que l'on lui commande quelque chose. Itachi haussa les épaules et son cousin eut l'air gêné. La porte de l'arrière-boutique s'ouvrit, faisant sursauter Deidara.
- Mady, goûte moi ça, ordonna une voix lisse. Je viens de la terminer.
Ledit Mady grimaça en voyant la pâtisserie que lui tendais son collègue. Il fixa d'abord la chose qui semblait vaguement être… en fait, il ne sut le déterminer. Peut-être un scorpion, mais c'était à revoir. Puis il regarda la chevelure rouge flamboyante de son collègue, son visage juvénile, sa peau d'un ivoire brillant, ses traits raffinés et élégants, allant de ses yeux marrons plissés et sublimés de longs cils noirs, son nez parfaitement droit et ses lèvres humides et incurvés, ainsi que son menton pointu qui semblait être la touche finale de cette œuvre d'art vivante.
- Dépêche-toi, insista Sasori en fronçant ses parfaits sourcils framboise.
Mais ce visage était le masque de l'orgueil et de l'impatience infantile, reflet de ce visage figé dans les traits de l'adolescence alors que Sasori avait trente ans passé.
Les trois lycéens assistaient à la scène d'une façon assez dubitative, avec, en toile de fond, les trois idiots qui continuaient de jouer tandis qu'Hidan déplorait la mort d'une tarte au citron. Ce fut à ce moment-là que Sasori sembla comprendre qu'il était la cible de tous les regards. Il regarda les trois visages étranges et incrédules, passa des orbes rouges ( !), aux oranges ( !), avant de faire une pause sur les bleues. Dont le possesseur le regardait avec de grands yeux. Madara fit un signe de la main à Itachi et profita de ce moment d'accalmie pour filer dans l'arrière-boutique avant d'être obligé de gouter à la nouvelle expérience de son collègue. A croire qu'il faisait tout le travail ici, et que les deux autres ne faisaient qu'expérimenter. Parce que oui, il y en avait un autre, mais bon, au vue de son utilité…
Quoiqu'il en était, Sasori leva les sourcils en voyant l'adolescent blond. Une telle détresse émanait de lui qu'il en demeura coi quelques instants. Le téléphone de Yahiko vibra.
- Bon, Deidara, on y va, soupira ce dernier sous le ton de la déception.
- Attendez, intervint le pâtissier aux cheveux rouges.
Les lycéens l'interrogèrent du regard. L'homme eut l'air assez agacé.
- Je n'ai pas l'intention de garder ça dans ma main toute la journée. Vous, ajouta-t-il à l'intention de Deidara, vous n'avez rien payé, goûtez-moi ça.
Il tendit le scorpion difforme au blond qui eut un geste de recul. Celui-ci, le cœur battant à tout rompre, ne se sentit pas de refuser. Il accueillit la chose dans ses mains fragiles. Vu la tête que ça avait, c'était forcément infect, alors, il n'avait aucune raison de culpabiliser. Dehors, Hidan, Kakuzu et Kisame semblaient s'être calme. Sous les yeux étonnés d'Itachi et Yahiko, Deidara se décida à croquer ce qui lui semblait être la pince du scorpion, le visage tordu par une grimace d'anticipation.
C'était bon.
Un somptueux glaçage à la fraise légèrement acidulé, ni trop fin, ni trop épais, avec en dessous, une saveur sucrée que Deidara ne parvint à identifier, quand bien même que l'on sentait aisément le beurre, le tout entrecoupé de quelques amandes, avec, en son cœur, un chocolat. Tout en mâchant consciencieusement, le visage transformé par la surprise, il posa sa main sur sa bouche.
C'est bon.
Un sourire sadique étira le visage de Sasori qui voulut se vanter à voix haute de son exploit, mais qui se rendit compte que Madara avait filé à l'anglaise depuis longtemps. Honteux et confus, il jura mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Il ne voulait pas être aussi maigre. Il ne l'avait jamais voulu, il n'avait jamais demandé ça. Deidara voulait juste un corps parfait, un corps proportionné et justement sculpté. Au début, après s'être mis à l'athlétisme, il avait mis en place un régime très strict qui, le vice poussé de plus en plus loin, s'était changé en un contrôle total sur son alimentation. Eviter la graisse superflue. Tout ce qui pourrait le faire enfler malencontreusement.
La brosse à dent tomba au sol en même temps que l'estomac fut secoué d'un ultime spasme. Le gâteau à moitié digéré mêlé de bile atterrit dans la cuvette, noyé dans les larmes de Deidara dont le haut du corps était encore secoué de spasme.
- No solo que, Deidara ?
- No solo son guapos sino que tienen mas fuercas.
- Claro !
Pour le coup, la prof d'espagnol avait l'air assez surprise. Et il y avait de quoi. Tous les élèves avaient le regard rivé vers le l'élève au fond de la classe, caché derrière Itachi et Hidan. Deidara, fier de lui, tout en lâchant un « yes ! », serra le poing en ramenant son coude vers lui tandis que l'enseignante écrivait la phrase au tableau.
- Félicitations, Deidara, ricana Itachi.
- Une phrase en un trimestre ! Ajouta Hidan, hilare, en levant son pouce.
- Vos gueules, répliqua le blond en attrapant la queue de cheval d'Itachi pour lui secouer la tête sous les rires de plus en plus fort d'Hidan.
La sonnerie finit par retentir. Sans que la professeure ne le demande à qui que soit, tous les élèves, qui avaient déjà rangés leurs affaires, se levèrent et sortirent presque en courant de la salle de torture numéro 527. Itachi sortit de son sac en bandoulière un paquet de spéculos qu'il fit passer sous le nez de Deidara et Hidan.
- Vous n'aurez rien !
Et il sortit en courant. Tandis qu'Hidan, indigné, se levait pour le poursuivre, et éventuellement attraper Kakuzu, Yahiko et Kisame qui souffraient en allemand, Deidara sentit son téléphone vibrer dans sa poche. C'était un message de sa mère.
« Je n'ai plus de pain, prend moi deux baguettes à la boulangerie ».
Deidara baissa la tête et posa sa main sur son visage, poussant un profond soupir de dépit tandis que son expression terrorisée disparaissait sous sa chevelure dorée.
Oh non.
Aux Sables Rouges, Sasori jouait distraitement avec une pièce de monnaie, entre les étagères vides des baguettes et des pains de campagne. Autour de lui, alors qu'ils fermaient le commerce, ses deux collègues pinaillaient activement, à propos de ce sujet qui le taraudait en silence.
- L'anorexie, répéta Madara, incrédule, en débarrassant les vitrines. C'est une maladie de fille.
Alors que l'auburn se contentait d'un vague soupir en levant les yeux au ciel, Orochimaru, troisième de la troupe, tout en balayant le sol, corrigea immédiatement :
- Une anorexique sur dix est un homme. C'est à cause de ce genre de remarque que les gens comme lui n'avancent pas. Comme si les garçons étaient soumis à moins de facteurs médiatiques que les filles !
Et tout en continuant de râler, il renforça son coup de balai tandis que Madara, indifférent, s'en allait dans l'arrière-boutique pour ranger les surplus qu'il ramènerait chez lui, et pour prendre des lingettes afin de lustrer et désinfecter les vitrines. Dans la boutique fermée, derrière le rideau de fer, alors qu'Orochimaru balayait, Sasori n'avait de cesse de réfléchir. Il était complètement retourné. Il avait vu ce garçon blond, venu la veille, entrer dans la boulangerie. Il avait vu ses mains squelettiques, ses bras diaphanes, le visage cave, les jambes exsangues. Il ferma les yeux pour s'ôter cette vision de la tête.
- Il n'a que dix-neuf ans, soupira-t-il. Il se battra toute sa vie contre ça.
Madara, paquets de lingettes en main, entra de nouveau dans la boutique. Tout en tirant un des papier humides du paquet bleu, il demanda à Orochimaru :
- Tu penses que c'est dû à quoi ?
En sa qualité d'ancien médecin, celui que Madara et Sasori surnommaient affectueusement « le serpent » devait certainement avoir une piste de réponse. Celui-ci s'arrêta quelques instants, passa une de ses mèches noires derrière son oreille crayeuse, avant de reprendre la tâche en disant d'un ton didactique :
- Ça a certainement un rapport avec la relation qu'il entretien avec ses parents. Sa relation avec sa mère est peut-être très, voire trop intense. Quant à son père…
Il en resta là.
Je veux descendre. Je veux descendre, je veux descendre, répéta Deidara en boucle dans son esprit, yeux fermés, dents serrées. Mais il ne pouvait pas. S'il lâchait, il tomberait et se casserais forcément quelque chose. Le jeune homme tremblait de tout son corps.
- Deidara, tu veux descendre, s'enquit la voix d'Hidan, quelques mètres sous lui.
- Non ! Hurla une voix qui semblait provenir du plus profond des entrailles du flavescent. Je peux encore y arriver !
Pourtant tout son corps criait le contraire. Il était terrorisé, ses mains frêles accrochées aux prises, le front couvert d'une fine pellicule de sueur. Le harnais et le baudrier autour de ses reins, fermement accroché, ne parvenaient pas à le rassurer pour autant, ni même les voix d'Hidan et de Yahiko qui tentaient de le calmer.
- Deidara, intervint la voix posée de Kurenai, professeure de sport, daijobu. Lâche, et repose-toi.
- Non ! Protesta le blond.
Il cligna des yeux, et les larmes tombèrent. Le blond se mit à haleter. Il tendit une main fébrile et tremblante vers le haut. Tasukete... Tasukete... Il hurla de plus belle, replié sur lui-même, suspendu dans le vide, au bord de l'évanouissement, et éclata en sanglot. Sa gorge était si sèche qu'elle le brulait à chaque inspiration. Les dents serrées, il tenta de se ressaisir, et expira fortement et longuement, comme pour se remettre d'une course trop intense. Allez Deidara…pensa-t-il. Ikuso. Ce ne sont que des escaliers après.
- C'est tout bon Deidara, continua Hidan au sol, qui suivait sa progression.
L'argenté, qui l'assurait, au sol, le regardait avec admiration. Deidara, lorsqu'il le voulait, pouvait pousser réellement haut sa détermination et sa force.
Alors, pourquoi ne parvenait-il pas à guérir…
Le blonde tendit encore une main tremblante et fragile, et passa la corde dans le mousqueton.
- C'est bon les gars ! Faites-moi descendre !
Ils applaudirent tous Itachi qui tirait Deidara par le col. Le blond récalcitrant fut donc réceptionné par ses amis, tout sourires, et vraisemblablement décidés à ne pas cesser d'applaudir l'Uchiha qui avait réussi l'impossible, et fut contraint d'aller en espagnol. Il s'installa comme à son habitude, au fond, à gauche, derrière Itachi et Hidan, eux-mêmes derrière deux autres élèves qui s'étaient placés céans à cause du pan de mur qui leur offrait un semblait d'intimité. A peine assis, Deidara n'avait qu'une seule envie : sortir. Le plus vite possible. Au bout d'environ une demi-heure pourtant il fut extirpé de son sommeil paradoxal par la professeure qui lui sommait dans cette langue inconnue de prendre des notes.
- Qu'est-ce que qu'on doit écrire ? Souffla-t-il à Itachi.
- Que puestas c'est le participe passé de poder, répondit son ami sur le même ton.
Le blond intégra l'information, les yeux plissés, blasé.
- Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre, morigéna-t-il, agacé, ce qui fit rire Hidan.
- T'as encore envie de redoubler ?
Le blond intégra de nouveau l'information, les yeux grands ouverts, revigoré.
- …Qu'est-ce qu'on doit écrire ?
Puis, après avoir tenté désespérément de voir le tableau, puis sommé Hidan de pousser sa « grosse tête », il voulut se remettre à dormir.
- J'ai faim, les mecs, bougonna par ailleurs le décoloré aux yeux roses en soupirant et rejetant la tête en arrière.
- J'espère que tu plaisantes, soupira Deidara.
Il n'avait mangé que sa pomme au repas de midi, et pour lui, c'était amplemant suffisant. Il se voyait totalement incapable d'avaler autre chose. D'ailleurs, Hidan avait mangé les frites dont il ne voulait pas, ainsi que son yahourt, alors que lui fallait-il de plus ?!
- Le rituel ! Firent Itachi et Hidan en cœur. Le rituel !
Sasori rendit la monnaie à la bonne femme enceinte qui venait de lui acheter deux baguettes. Il soupira et voulu se laisser tomber sur la caisse enregistreuse, complètement éreinté, vidé, et tous les autres synonymes d'exténué, fatigué, épuisé, quand la porte automatique s'ouvrit de nouveau. Sur les six mêmes clients que le mercredi précédent. L'Akasuna regarda sa montre. C'était donc un rendez-vous hebdomadaire ?
En fin de file, entra Deidara, toujours hésitant et angoissé. Il regardait chaque viennoiserie comme si elle représentait une petite porte des enfers. Si tentante, et si facile à franchir. Tout en se redressant comme un I pour servir les nouveaux clients des Sables Rouges, Sasori pris une décision. Il devait lui venir en aide. Deidara ne pouvait pas s'en sortir seul.