Chapitre 1


Il se sentait ravagé. Vide. Détruit.

Et surtout, il ne comprenait pas. Il me comprenait pas pourquoi c'était ses proches qu'on arrachait, un à un, à ce monde, certes infâme, mais qui lui semblerait tellement plus chaleureux s'ils étaient là. Si Dumbledore était la. Si Sirius était la. Si ses parents ...

Il mit fin à ses pensées. Ce n'était pas utile de ressasser le passé et les regrets.

Hedwige hulula doucement, comme si elle ressentait le désarroi du jeune homme.

- Ne fait pas de bruit, chuchota-t-il en lui glissant quelques friandises. Tu vas les réveiller. Ce n'est pas vraiment conseillé, si tu ne veux pas finir à la rue avant la fin des vacances...

Et celles ci s'annonçait plutôt... houleuses. En premier lieu, les Dursley n'avaient pas même daigné venir le chercher à la gare de King's Cross. Il avait donc hélé un taxi, qui l'avait conduit chez sa merveilleuse famille.

- Mon garçon, tu nous coûtes trop cher, avait avancé l'oncle Vernon. Nous sommes déjà obligés de te nourrir tout l'été, c'est ... Scandaleux ! avait-il hurlé a travers toute la maison, le teint violacé, quand Harry avait franchi le seuil de la maison, sa valise à la main. N'y a t il pas des ... des personnes de ton espèce pour t'héberger ?!
Harry n'avait pas voulu l'agacer plus qu'il ne l'était déjà et avait simplement salué sa tante, qui l'avait regardé, horrifiée, du haut de son cou chevalin avant de monter dans sa chambre.

Harry en était donc là, entouré de ses macabres pensées. Il revoyait sans cesse la scène qui s'était déroulé au sommet de la tour d'astronomie. Le cœur au bout des lèvres, la vision du directeur basculant pardessus la muraille, à cause de ce traître se rejouait sous ses paupières closes sans cesse. Il se redressa, passa une main sur son visage et tenta d'éclaircir ses pensées: pourquoi n'avait-il pas mieux suivi les cours d'occlumencie ?

Il se souvenait: parce que c'était de la torture, de façon pure et simple. Qu'attendre d'autre venant d'un abject traitre comme Rogue ?

Harry se demandait comment allaient se dérouler les vacances. Les Weasley allaient-ils lui proposer de passer l'été au Terrier ? Ou irait-il rejoindre le quartier général de l'Ordre ? Était-il seulement lieu d'appeler cela des vacances ? L'Élu se demandait si Voldemort avait pris possession de Poudlard ou si se serait Mc Gonagall qui aurait réussi à garder la main sur l'école.

En soupirant il tendit le bras pour attraper le médaillon qui trônait sur sa table de chevet.

Un faux Horcruxe. Dumbledore avait risqué sa vie pour un faux Horcruxe. Si seulement Harry savait qui était ce R.A.B., peut-être saurait-il si le vrai avait été détruit, mais il ne savait par où commencer.

Alors que sa cicatrice présageait un futur chaotique et que les pensées se bousculaient dans son esprit, le Sauveur, titre bien pompeux pour un jeune homme désespéré, plongea dans un sommeil aux songes agités.


Il émergea des bras de Morphée alors que les premiers rayons du soleil commençaient à poindre. Le hibou qui l'avait réveillé attendait, toquant furieusement sur la fenêtre de la petite chambre.

Harry était surpris : il ne s'attendait pas à recevoir du courrier, alors que cela ne faisait que quelques heures que les vacances avaient été proclamées. De plus il ne connaissait pas cette petite boule de plume visiblement terriblement offensée d'avoir été ignorée. Il ouvrit la fenêtre pour laisser entrer le volatile et s'empara de la lettre qu'avait transporté l'oiseau, en se faisant mordre méchamment le doigt. Il lui tendit de la nourriture énergisante spécial hibou, que celui-ci accepta d'un air courroucé. Il déplia la lettre et commença sa lecture :

Harry, j'espère que tu es arrivé sain et sauf chez ton oncle et ta tante.

Cela fait plusieurs années que nous nous connaissons, et je sais que quelques conseils sont de mise : il faut que tu saches que, quoique tu aies fait ce soir-là, il est absolument certain que rien de tout cela n'est de ta faute !
Ce qui s'est déroulé ce là était hors de ton contrôle. Ce sont des forces imprévisibles et qui surpassent de loin les nôtres. Je te connais, Harry, tu es mon meilleur ami. Je sais que tu vas te torturer l'esprit pendant des heures. Tu ne pouvais rien faire, ils étaient trop nombreux. Personne ne s'attendait à ce que Rogue nous trahisse.

Ron et moi sommes logés sous la sécurité de l'Ordre. Cela me rassure, même s'ils ne nous communiquent pas grand chose. Fred et George sont là aussi. Ils ont laissé traîner leurs oreilles, comme tu t'en serais douté, et ont pu comprendre que Voldemort menait des attaques de plus en plus meurtrières... Il n'hésite plus à s'attaquer aux Moldus, sang-mêlé et même aux sang pur qui n'adhèrent pas à ses idées... Il fait régner la peur et ne se cache plus. Bien sûr la Gazette n'en parle pas, ils ne veulent pas affoler la population et risquer un esclandre !
L'Ordre a parlé de former les jeunes sorciers qui le désirent au combat... Moi, je crois qu'en réalité, c'est toi qu'ils veulent entraîner. Ils veulent nous préparer à ce futur plus qu'incertain.
Point positif, nous serons bientôt réunis !
Ils m'ont demandé te tenir prêt à partir dès l'aube, de préparer tes affaires et de bien surveiller ton jardin... On se voit très vite !
Bises, Hermione

Il sourit tristement. Hermione ne se trompait jamais, et savait tout le temps démasquer ses sentiments.

Il relu rapidement la lettre. Ils voulaient les former au combat... Le regard d'Harry se perdit dans le vague, avant qu'il ne se remémore les propos d'Hermione : tiens toi prêt, surveille ton jardin. Il allait partir ! Il s'activa alors : n'ayant pas dépaqueté sa valise, il ne lui restait qu'à fermer Hedwige dans sa cage. Il réduisit sa valise de façon à ce qu'elle passe dans sa poche, puis descendit silencieusement les marches et arriva dans le living-room, la cage à la main. Il se posta à la fenêtre donnant sur le carré de verdure soigneusement fleuri des Dursley et guetta, songeant que les vacances s'annonçaient finalement plus intéressantes qu'une poignée d'heures auparavant. Une idée effleura son esprit... D'ici quelques jours, il aurait dix sept ans... Il serait majeur, et, par conséquent, ne reviendrait plus dans cette maison. Malgré toutes les souffrances qu'il avait enduré ici, il ressenti tout de même un petit pincement au cœur. Il savait que sa tante avait accepté de l'hébergé en dépit de la crainte que lui inspiraient les sorciers, en dépit de la haine envers sa soeur. Il prit un papier pour inscrire quelques mots rapides en guise d'adieu et de remerciement : Je suis parti. Merci, pour tout. C'était concis, mais il lui semblait que c'était nécessaire, par acquis de conscience.

Il avait tout juste posé son stylo qu'un craquement résonna à travers le jardin. Harry tira immédiatement sa baguette de sa poche, et tendit le cou pour voir le petit jardin. Il fronça les sourcils quand il vit une chaise, qui lévitait quelques centimètres au dessus du sol. Il sortit de la maison et en fit le tour, indécis quant à l'idée de la toucher.

- Potter ! On va pas y coucher !

Reconnaissable entre mille, la voix de Maugrey avait surgi de nulle part.

- Je dois faire quoi ?

Tu fais quoi, sur une chaise ? Tu y poses tes fesses, bien évidemment !

Un dernier geste d'hésitation et Harry s'assit. Il fut immédiatement compressé de toute part et la nausée l'envahit alors qu'il atterrissait brusquement dans une cuisine rustique.