Hello !

Alors, je sais qu'il y a un bon moment que je ne suis pas repassée par ici..

La dernière fois, j'ai essayé de me lancer dans une fic alors que j'étais en stage…Mauvaise idée ! Mais pour celle-ci, j'ai déjà de bonnes idées (enfin, à vous de me dire par la suite), et je vais essayer de m'y tenir et de la terminer ! (oh ho, champagne si ça arrive !)

Cette fic va s'organiser différemment : un chapitre présentera Castiel, l'autre Dean, et ainsi de suite. Je pense qu'à à peu près 5 chapitres chacun, je les 'mélangerai' ensuite tous les deux dans les chapitres suivants pour continuer l'histoire. Mais pour aller là où je veux, c'est indispensable d'avoir bien en tête leur point de vue et leur manière de penser, si si, je vous assure ! (vous m'suivez ?) Cas sera désigné par 'Il' pour le moment, tandis que les chapitres de Dean se feront avec 'Je'. Les chapitres sont pour le moment courts, parce que je ne vais pas griller toutes mes cartouches dès le premier, mais ça va s'allonger, vous inquiétez pas ^^'

Bref, j'espère que ça vous plaira !


Thème musical du chapitre – Never say never, The Fray.

I. Dis-moi ce que tu bois, et je te dirais qui tu es.

Il tapota sa feuille du bout de son stylo et poussa un petit soupir. Le bruit de la pendule, ce tic tac incessant, tout près de lui, l'irritait au plus haut point. C'est qu'il aurait tout donné pour ne pas être ici. Mais plutôt dans son fauteuil le plus confortable, une tasse de chocolat chaud lui réchauffant les mains. À cette pensée, il poussa un petit soupir mélancolique. Mais il n'était que 14H30. Il lui restait encore quatre heures avant de claquer la portière de sa voiture. Une éternité ! Pourtant, c'est lui qui avait voulu retravailler. Il n'allait pas cracher sur cette évidence. Castiel avait toujours été quelqu'un qui assumait pleinement ses choix. Il ne pouvait que constater que celui-ci était mauvais, voilà tout. Rejeter la faute sur les autres était trop facile. Il pourrait très bien dire qu'il s'était forcé à reprendre le chemin du travail pour satisfaire sa jeune sœur, Anna. Lui montrer qu'il allait beaucoup mieux, et qu'il pouvait reprendre une vie normale, comme le monsieur-tout-le-monde qu'il était encore, il y a dix ans de cela. Qu'elle arrête enfin de s'inquiéter pour lui. Il était l'aîné, mais dans de nombreuses situations, il avait bien eu l'impression que c'était plutôt l'inverse. C'est qu'elle avait du le ramasser à la petite cuillère à de nombreuses reprises. Beaucoup trop nombreuses.

Elle ne lui avait jamais dit, objectivement parlant, de reprendre le travail. Mais il était loin d'être dupe, et il avait su comprendre, saisir le moindre sous-entendu qu'elle émettait. Il avait voulu lui prouver qu'elle n'avait pas à spécialement dicter ses actes, pour qu'il puisse se reprendre en main et décider seul du tournant que devait prendre désormais sa vie. Il voulait lui prouver, mais surtout prouver à lui-même, qu'il était capable d'être aussi autonome qu'auparavant. Le Castiel qu'elle avait connu depuis toute petite ne devait pas être si loin que ça… À 35 ans, reprendre le travail avait été certes compliqué, mais pas tout à fait impossible. Au départ, il avait prévu de compter sur ses compétences d'informaticien. Mais dans toutes les annonces qu'il avait pu éplucher, aucune n'entrait véritablement dans son tableau de capacités. Soit c'était trop pointu, soit ça ne l'était pas assez. En solution de dernier recours, il avait finalement cédé pour un service SAV de produits multimédias. Et maintenant qu'il y était depuis deux semaines après, il savait d'ores et déjà que ce choix était l'un des plus lamentables qu'il avait fait au cours de son existence.

« - Ah ?...Essayez d'appuyer sur 'off' ? Oui oui, j'attends… » Il tapota du bout de son crayon le visage de la figurine en plastique qui ornait son bureau. Chaque jour c'était la même chose, en général des personnes du troisième âge dépassées par le progrès, et qui appelaient pour des raisons aussi futiles que celles d'apprendre à éteindre un lecteur Blueray… « - Ça marche ? Ah, j'en suis ravi alors ! » Lança-t-il à la vieille femme à l'autre bout du fil, sans beaucoup d'entrain. Il savait qu'il fallait bien vite mettre fin à cette conversation, avant qu'elle ne se mette à raconter sa vie pendant de longues minutes. « - À votre service, au revoir ! » Coupa-t-il précipitamment avant de raccrocher, ne laissant ainsi aucune possibilité à la cliente de rajouter quoi que ce soit. C'était un métier qui lui tapait sur les nerfs, mais ça l'occupait. C'était déjà ça. Dire que cela lui permettait de se calmer était mentir : dans la journée, il imaginait au moins trente fois faire subir maintes tortures à la pendule et à son tic-tac insupportable. Mais il était bien payé. On peut dire que ça compensait. Enfin, pour le moment.

Chaque fin de journée était une délivrance. Il lui restait tout juste assez de force pour réajuster son trench-coat beige. Ce simple vêtement faisait partie intégrante de sa personnalité : il aimait cacher le bas de son visage dans ce col relevé, quand il faisait froid, ou lorsqu'il croisait quelqu'un qu'il n'aimait pas. Comme si ce simple geste aurait soudainement pu le rendre invisible au reste du monde. Dans ses poches, on pouvait y trouver des trésors : de vieux tickets de métro, des numéros qu'il aurait du appeler mais dont il ne se souvenait plus à qui ils appartenaient, des notes, des emballages de bonbons, et un stylo, «au cas où» disait-il toujours. Mais au cas où, quoi ? Signer pour une nouvelle vie, une nouvelle dimension, un nouveau départ ? Bien sûr, où était le contrat ?

Il se dépêcha de rassembler ses affaires puis salua tout le monde d'un rapide geste de la tête avant de s'enfoncer d'un pas décidé vers la première sortie. Les autres auraient pu dire de Castiel qu'il était un être réservé, mais qui ne faisait rien pour changer. Cependant, personne ne s'était jamais pour venir le blâmer, ou lui dire ses quatre vérités en face. C'est que l'alcoolisme, ça vous change un homme ils étaient persuadés qu'il n'avait pas toujours été comme ça, aussi passif, aussi peu enclin à la discussion, et aussi…'transparent' ? Il était là parce qu'il fallait qu'il soit là, et il ne cherchait aucun autre effort à faire, voilà tout.

Il soupira et pesta quand il découvrit qu'aucune place n'était disponible dans la rue de son habitation. Mais pourquoi est-ce que cela l'étonnait ? Il était plus de 18H30, tout le monde était pressé de rentrer chez soi, l'énergie vidée, fatiguée de nourrir le monstre carnassier que le commun des mortels désignait sous le nom de société. Prenant son mal en patience, il réussit facilement à trouver une place. Juste devant un garage, mais qu'importe. Que le propriétaire vienne lui apporter une plainte, et il se fera un plaisir de la déchirer sous ses yeux. Quittant l'habitacle, il verrouilla son véhicule avant de commencer à longer la rue qui le mènerait à son domicile. Au pied d'un réverbère, se tenait un SDF qui avait élu domicile ici depuis quelques temps. Autour de lui, aucun chien ni aucun instrument de musique, seulement de grosses couvertures pour pouvoir se tenir assez chaud. Et encore, ce n'était pas assez. Castiel l'avait déjà aperçu auparavant.

« - Monsieur, vous ne devriez pas être là... » Commença-t-il, une fois arrivé à sa hauteur. Non seulement parce que ce domaine était privé, mais surtout parce qu'il pensait que son interlocuteur serait bien mieux au chaud, dans un centre, là où on prendrait soin de lui avec un repas et une bonne douche, qui lui redonnerait du baume au cœur. Mais l'autre semblait absent, ne pas l'écouter. Il fixait le trottoir d'en face, d'un air à la fois pensif, et désintéressé.

« - Vous ne devriez pas être là. » Répéta-t-il alors, d'une voix un peu plus forte. Ce qui eut le don de faire réagir le deuxième homme. Du regard, il longea progressivement la silhouette de Castiel avant de finalement détailler son visage. Il laissa un sourire en coin se dessiner sur ses lèvres avant de hausser les épaules.

« - Ah oui ? Et pourquoi ça ? Tu vas faire quoi, m'passer les menottes ? » Il sortit une main de sous la couverture qu'il avait contre lui et Castiel eut un mouvement de recul quand il vit que l'homme tenait dans sa main une bouteille de vin rouge. Il ne pouvait pas le savoir, évidemment, mais il le narguait. En agitant ça devant son nez, il le narguait. Finalement, l'homme à l'impair serra les dents avant de tourner les talons et de s'enfoncer dans l'obscurité, rentrant chez lui en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Il avait laissé ses souvenirs reprendre le dessus, et maintenant, c'était comme s'il pouvait sentir cette odeur, l'odeur du vin, compagnon beaucoup trop imposant de ses soirées du passé.

Il se débarrassa rapidement de sa veste et de ses chaussures avant d'aller à la cuisine. Il y but de grands verres d'eau pour se donner conscience tranquille. De toute façon, plus aucune trace d'alcool n'était présente dans la maison, désormais. Il poussa un long soupir et serra sa main, enfonçant lentement le peu d'ongles qu'il avait dans sa peau.

Un jour. Oui, un jour. Un jour, il y arrivera.