Disclaimer: Le monde d'Harry Potter ainsi que ses personnages appartiennent à J.K. Rowling, aux divers éditeurs et à Warner Bros Inc. Cette fiction est écrite à but purement non lucratif, et en aucun cas avec une intention de violation de copyright.
Note de l'Auteur: Comme d'habitude, quelques mots sur le chapitre. Le ton est beaucoup plus léger que le précédent, mais j'ai tenté de rester réaliste et de ne pas tomber dans la guimauve sirupeuse. Etant donné que c'est le dernier chapitre, il n'est pas très fort en action, mais j'espère qu'il conclura cette fiction de façon réussie.
Le rating est justifié pour ce chapitre, ce qui signifie que si vous n'avez pas l'âge requis ou que vous n'aimez pas lire ce genre de scènes, fermez les yeux quand ça commence à devenir chaud (je vous surveille). Je n'avais encore jamais écrit un lime aussi long pour un yaoi, uniquement pour mes yuri, je ne sais pas ce qui m'est arrivé. Navrée pour ceux qui se réjouissaient de l'absence de scène explicite dans la fiction. Tout ce que je peux dire pour me faire "pardonner", c'est que je suis restée soft.
Voici donc le dernier chapitre de mon histoire. J'ai passé des moments géniaux à l'écrire, à lire vos réactions et à y répondre. J'espère avoir réussi à vous distraire, à vous faire ressentir des choses. Si c'est le cas pour certains, j'ai réussi le pari que je m'étais lancé en commençant cette fiction. J'ai fait de mon mieux pour répondre à toutes les reviews, mais je ne suis pas quelqu'un de très organisé. Si j'ai oublié quelqu'un, sachez que ce n'est absolument pas volontaire.
Merci à ceux qui ont lu et liront cette histoire, merci à ceux qui m'ont laissé leurs avis et leurs impressions, qui m'ont encouragés, aidés à rectifier des incohérences. N'hésitez pas à me laisser un petit mot pour me dire ce que vous avez pensé de ma fiction.
Alice Saturne, à votre service.
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Chapitre 10: Fin
Le ciel était encore sombre, le cercle laiteux de la lune bas dans le ciel. Assis sur le sol, les yeux perdus dans le vague, Draco avait plongé ses pieds nus dans l'herbe humide. La morsure du froid parcourut son corps, mais il ne bougea pas, trop occupé à se remémorer les souvenirs que cette sensation amenait avec elle.
Ce n'était que quelques semaines après avoir emménagé dans la maison sur la colline qu'il avait découvert cet endroit. Le sommeil le fuyait alors comme la peste, et il passait ses nuits à se retourner sans trouver le repos, inquiété par les craquements sinistres émis par cette maison encore inconnue. Une de ces nuits épuisée l'avait vu maudire le sommeil jusqu'aux petites heures du matin. Les ombres, peu à peu, avaient fini par se lever dans sa chambre, signalant l'imminence du lever de soleil. N'y tenant plus, Draco s'était levé, avait marché sur la pointe des pieds jusqu'à la porte d'entrée. Pieds nus, à peine couvert d'un pantalon enfilé à la hâte et d'une cape négligemment jetée sur ses épaules, il était sorti dans le jardin. Avait respiré les senteurs fraîches de la fin d'une nuit d'été, celle de la rosée et des herbages coupés dans les champs avoisinants. Il avait plongé ses pieds dans l'herbe humide, frissonné à la sensation glacée, rassurante.
Draco fut tiré de ses pensées par le hurlement strident d'un oiseau nocturne. Il regarda autour de lui. Rien n'avait changé. Contrairement à ses souvenirs, le soleil ne faisait pas encore mine d'apparaître à l'horizon, et le froid de cette fin d'hiver parcourait sa peau de frissons extatiques. Il pouvait apercevoir, au bas de la colline et à perte de vue, les silhouettes sombres découpées par les arbres des vergers et les vastes étendues des champs fraîchement semés. Le paysage n'était encore éclairé que par la lueur opaline de la lune, qui lui donnait des reflets fantomatiques et mystérieux.
Ce n'étaient pas les sombres spectres du passés qui tenaient Draco éveillé cette nuit-là, mais un sentiment plus modéré, doux-amer, qui venait secouer son cœur d'un étrange tressaillement.
Appréhension.
Draco ferma les yeux et laissa la brise fraîche l'envelopper, caresse invisible qui se promenait sur sa peau comme une promesse.
Quoi qu'il arrive, sa vie avait changé et il ne pouvait pas retourner en arrière.
Au point culminant de la colline qui surplombait la campagne anglaise, Draco Malfoy se rendait compte, pour la première fois de sa vie, que l'incertitude pouvait être grisante.
OoOoOoO
Le petit déjeuner fut pris dans un silence plaisant. Draco fit mine de ne pas voir sa mère rougir comme une adolescente lorsque la chouette d'Alfonso se percha à côté d'elle, un parchemin accroché à la patte. Il cacha son sourire derrière sa tasse de café, et détourna poliment le regard tandis qu'elle parcourait la lettre.
Narcissa ne fit aucun commentaire lorsque le Grand-Duc de Potter lui tendit diligemment la patte et que Draco lut le mot concis du Guérisseur.
Ce soir, 19h devant le Chaudron Baveur.
Draco jeta une friandise au hibou, qui le remercia d'un mordillement de son bec acéré, trop léger pour être douloureux. Draco sourit et tapota la tête de l'élégant oiseau.
Il leva la tête vers sa mère, et fut surpris de voir son regard fixé sur le hibou, une expression amusée sur le visage.
« Mère ? »
Narcissa tourna la tête vers lui et lui sourit, un sourire tendre et intime, un sourire qu'il avait rêvé de revoir sur le visage de sa mère. Elle paraissait soudain plus jeune, plus enjouée. Si les traces amères laissées par les épreuves et le deuil ne s'étaient pas effacées, elles avaient été adoucies par les joies inattendues que les derniers mois avaient apportés sur leur foyer.
« Draco, » murmura sa mère comme pour elle-même, « Je suis heureuse pour toi. »
Elle posa doucement le parchemin sur la table et se leva. Embrassa le front de son fils stupéfait.
« Heureuse pour moi ? Je ne comprends pas.»
« Oh, Draco, » soupira-t-elle d'un ton attendri. « Me penses-tu trop vieille pour reconnaître l'amour lorsqu'il éclaire le visage de mon fils ? »
« Mère, je…, » commença Draco. Se tut. Incapable de trouver les mots pour exprimer le bourdonnement d'émotions qui vibrait dans sa poitrine en continu, qui ronronnait comme un chat repu au creux de sa cage thoracique.
« N'oublie pas de saluer monsieur Potter de ma part, » lui dit sa mère, les yeux rieurs.
Elle se glissa hors de la pièce avec un froissement de robe, laissant derrière elle son fils abasourdi. Draco resta longtemps dans le silence de la maison, assis à la table de la cuisine, à serrer contre lui le mot de Potter.
OoOoOoO
Draco prêta un soin tout particulier à sa tenue, ce soir-là. Il avait beau savoir que Potter, au cours des derniers mois, l'avait vu à ses pires moments, l'avait vu trempé et tremblant comme un chaton perdu, l'avait vu cynique et crachant sa rage comme du venin, l'avait vu nerveux et épuisé après de longues nuits blanches, il ne put s'empêcher de lisser fébrilement le col de sa cape chatoyante et de cirer le cuir déjà brillant de ses bottines en cuir de dragon.
Devant le miroir en pied, il s'observa longuement, un peu effrayé d'avoir tant changé.
Il vit un homme qu'il ne connaissait pas. Un homme toujours blessé, mais plus confiant. Les traits tirés et les cernes bleuâtres n'étaient plus qu'un lointain souvenir, et il se vit plus jeune.
Il retrouva au fond de ses yeux gris et dans la teinte délicate de sa peau les traces de l'adolescent qu'il avait été. Celui qui avait été brisé en mille morceaux par la guerre, pour le meilleur comme pour le pire. Petit aristocrate arrogant, qui avait bu des idéaux cruels comme du petit lait, pour finir hanté par les hurlements de douleurs des prisonniers dans les caves. Gamin terrifié qui avait adoré et haï son père, pleuré pour sa mère, jusqu'à s'en oublier. Cet adolescent, il voulait en garder un peu en lui, en mémoire de ce qu'il ne serait plus jamais.
Il vit dans ses épaules athlétiques et l'agitation nerveuse de ses mains l'homme qu'il était devenu après la guerre, taciturne et mélancolique, celui qui avait trop de regret, qui les nourrissait comme des trésors haïs. Celui qui s'enfermait le jour dans son atelier pour se perdre dans la confection de ses potions, et qui la nuit faisait les cent-pas dans le séjour, incapable de trouver le sommeil.
Enfin, il vit dans sa tête haute et son expression déterminée l'homme qu'il était devenu, celui qui avait éclot dans la douleur et dans l'amertume, mais aussi dans l'amitié et la joie. Celui qui avait appris à se battre pour ce qu'il voulait. Celui qui avait cessé de chasser son passé, de l'enfermer derrière des barrières impénétrables, pour le laisser faire partie de lui et faire de lui quelqu'un de plus fort.
Draco savait qu'il ne serait jamais totalement guéri des erreurs qu'il avait faites par le passé. Mais, et pour la première fois de sa vie, il était fier de l'homme qu'il était devenu.
Sa montre à gousset indiquait dix-huit heures cinquante lorsqu'il transplana.
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Le Chemin de Traverse était presque en tout point semblable à celui de ses souvenirs d'enfant. Bondé, bruyant, une explosion de couleurs et d'arômes enivrants. Draco ne tenta pas de se cacher. Il se campa fièrement devant le Chaudron Baveur, repoussa sa peur tout au fond de lui. Si quelques regards surpris furent lancés en sa direction, personne ne sembla lui prêter attention bien longtemps et bientôt, l'inconfort qu'il ressentait à se trouver si exposé se métamorphosa en une nervosité plus douce, réminiscence de ses rendez-vous dans les coins sombres de Poudlard, lorsqu'il attendait un camarade, les nœuds dans l'estomac et l'excitation bourdonnant sous sa peau.
Son cœur battait la chamade, ses paumes étaient moites et il attendit avec une impatience mêlée d'appréhension l'apparition des yeux brillants et de la tignasse en bataille de Potter.
Il fut incapable de retenir un petit rire. Si on lui avait dit, dix ans auparavant, qu'il attendrait un jour Harry Potter avec cette boule de désir au creux du ventre et cette douce anxiété adolescente qui précédait les rendez-vous galants, il aurait probablement jeté un sort à la personne proférant ces inepties.
« On rit tout seul, Draco ? »
Draco se retourna d'un mouvement et se trouva face à face avec les yeux verts de Potter.
Potter inclina la tête et un sourire éclaira son visage. Draco eût le souffle coupé en voyant la joie qui irradiait de l'homme, le visage ouvert et les fossettes au creux des joues.
« Tu es venu, » finit par dire le Guérisseur, d'une voix si basse que Draco peina à l'entendre.
« Tu en doutais ?, » demanda Draco, un peu désarçonné.
L'homme sembla pondérer un instant. Son expression se fit plus sérieuse et il fixa Draco dans les yeux. Il y vit de la confiance, de l'affection, et cette flamme qui l'avait longtemps décontenancé mais qu'il comprenait enfin. Cette flamme qui reflétait ses sentiments comme un miroir parfait.
Désir.
« Non. Je n'en doutais pas, » finit par souffler Potter, comme un secret au creux de son oreille.
Un frisson d'excitation parcourut le dos de Draco.
Le moment s'étira quelques secondes, durant lequel Draco observa la peau de Potter rendue presque ambrée par la lueur des lanternes, saisi par l'envie d'embrasser chaque parcelle de cette peau, d'en découvrir la saveur, l'odeur.
« Allons-y, » dit Potter, secouant Draco de ses fantasmes.
Ils entrèrent dans l'auberge côte à côte. La tenancière sembla familière à Draco, comme si il l'avait croisé auparavant sans vraiment lui prêter attention.
Son visage s'éclaira lorsqu'elle les vit entrer.
« Bonsoir, Harry ! »
Elle tourna les yeux vers Draco, et celui-ci la vit se figer, l'étonnement évident sur son visage. Lorsqu'elle reprit, son ton était prudent.
« Draco Malfoy, » salua-t-elle en hochant la tête. Draco imita le geste, raide et maladroit. Il sentit la main de Potter se poser sur son bras, réconfortant et son corps se détendit subrepticement. La compréhension s'afficha sur le visage de la jeune femme alors que son regard voyageait de l'un à l'autre. Elle finit par éclater de rire et secouer la tête.
« Je suppose que ce n'est pas aussi étonnant que cela devrait l'être, » l'entendit dire Draco. Potter eût l'air aussi éberlué qu'il l'était, mais il haussa les épaules et se dirigea vers la table en retrait que la jeune femme leur avait désigné.
Ils s'assirent en silence. Draco inspira profondément les effluves épicés de tourte à la viande, affamé.
« Hannah fait les meilleures tartes du monde, » lui dit Potter comme s'il lisait dans ses pensées.
Draco laissa Potter commander pour lui. Le service était rapide et, cinq minutes plus tard, ils furent attablés devant un bol de soupe à la citrouille fumante et un verre de vin.
Ils discutèrent de tout et de rien, laissant échapper au détour d'une conversation facile des détails plus personnels, et bientôt, Draco se sentit envahit par une sensation de bien-être chaleureux qui n'était pas due qu'à la douce ivresse de l'alcool.
Il était facile, constata-t-il avec surprise, de se laisser aller dans l'ambiance tamisée du petit restaurant. Au fil de la conversation, Draco sentit les bruits de la petite salle s'estomper, jusqu'à ce qu'il ait l'impression d'être seul avec Potter, dans un monde à part où rien n'était plus important que le rire de l'homme, la façon dont son regard glissait sur le visage de Draco comme s'il ne savait pas s'il avait plus envie de l'écouter ou de l'embrasser.
Lorsque le dessert leur fut servi, leur tête-à-tête avait dévié sur des sujets plus sérieux, et Draco tenta avec gêne d'expliquer la peur qui l'avait saisi après la parution de l'article de Rita Skeeter. Potter, lui, avoua à mots couverts les difficultés qu'il avait eu à trouver sa place après la guerre, entre une adulation dont il ne voulait pas et les deuils trop nombreux qu'il avait dû faire.
Lorsqu'ils se levèrent, plus de trois heures s'étaient écoulées. Draco laissa Potter régler l'addition sans protester, et ils sortirent de l'auberge repu et apaisé. Sans se concerter, ils marchèrent en silence dans l'avenue désertée.
Draco observa du coin de l'œil le profil de Potter, ses lèvres pleines et ses pommettes hautes, le désordre de ses cheveux, et l'envie de l'embrasser le saisit de nouveau, implacable. Il n'en fit rien. Il continua sa marche silencieuse aux côtés de l'homme, les mains dans les poches.
Potter le fit sursauter lorsqu'il s'arrêta abruptement et se tourna vers lui, une expression déterminée sur le visage. Le cœur de Draco accéléra, et il soutint le regard de Potter.
Même quand la main de Potter se glissa lentement derrière sa nuque et s'approcha de lui. Lorsque leurs lèvres se touchèrent, Draco se laissa fondre dans le baiser et ferma les paupières.
Le baiser n'était en rien comme ceux qu'ils avaient échangés la veille, fiers et furieux. Il était hésitant, une question à laquelle Draco répondit lentement en penchant la tête pour l'accueillir. Les lèvres de Potter étaient un peu sèches, un peu tremblantes.
Parfaites.
Il sentit le Guérisseur frissonner contre lui, et leur étreinte prit soudain une signification différente. Draco laissa sa langue effleurer les lèvres sous les siennes, et Potter ouvrit la bouche, acceptant sans un mot le changement de rythme.
Lorsqu'ils se séparèrent, les jambes de Draco peinaient à le porter, et Potter avait l'air quelque peu hébété.
« J'ai eu envie de faire ça toute la soirée, » dit-il à voix basse. Ses yeux étaient assombris par le désir. Il se mordilla la lèvre, l'air soudain nerveux, et Draco eût la soudaine impression que tout se jouait à cet instant.
« Je…tu…, » bégaya Potter. Il ferma la bouche et serra les lèvres. « Viens chez moi, » finit-il par lâcher précipitamment, comme s'il s'attendait à essuyer un refus.
Draco hocha la tête, trop étourdi pour réfléchir. Potter le regarda dans les yeux, le serra contre lui.
Une seconde après, ils avaient transplanés.
OoOoOoO
Draco ne prêta aucune attention à l'endroit où ils avaient apparus. L'esprit embrumé par le désir, il plaqua Potter contre le mur à l'instant où celui-ci referma la porte.
Ils reprirent leur exploration, bouches scellées l'une contre l'autre, mains fiévreuses qui se promenaient partout, allumaient en Draco un feu qu'il n'avait pas ressenti avec une telle force depuis des années. Il s'abreuva à la bouche pécheresse, mordit la chair tentante d'un cou offert, marmonna qu'il y avait trop de vêtements, pourquoi avait-il autant de vêtements tout en déboutonnant la chemise de ses doigts tremblants, peu soucieux de ne pas abîmer le tissu coûteux. Ses épaules soudainement libérées du poids de sa cape lui apprirent que Potter n'était pas en reste, respiration rauque dans son oreille. Chaque souffle semblait abreuver le désir de Draco.
« A-attends, » haleta Harry, même si ses mains brûlantes, brûlantes, ne cessèrent pas leur danse sous la chemise de Draco, « p-pas ici –chambre. »
Draco posa ses mains sur le torse dévoilé par la chemise ouverte et entendit Harry prendre une brusque inspiration, sentit les frissons parcourir la peau, sentit les poils se hérisser sous sa caresse.
Harry émit un bruit à mi-chemin entre le grognement et le gémissement, et Draco sut que c'était maintenant ou jamais, que s'il laissait filer l'instant il allait se rappeler qu'il n'avait rien fait de tel depuis des années, qu'il aurait pu être vierge pour ce que ça changeait. Il se laissa tomber à genoux, et entendit le Guérisseur prononcer son nom, le ton suppliant et empli de révérence, et il ressentit le besoin irrésistible de le forcer à gémir son prénom, encore et encore, de le briser de plaisir, de le faire hurler.
Il posa ses mains sur les hanches de l'homme, pour le stabiliser et l'empêcher de bouger, et il entendit un nouveau gémissement, sans mots, juste un bruit désespéré. Draco posa sa bouche sur le tissu épais du pantalon, sentit le sexe de Potter à travers, dur, et il dut prendre une profonde inspiration pour se calmer, pour ne pas jouir ici, comme un adolescent, juste à sentir Potter frémir de plaisir frustré sous la pression à peine présente de sa bouche à travers le vêtement.
Ses doigts tremblants durent s'y reprendre à deux fois pour déboutonner le pantalon, mais Harry ne semblait pas s'en rendre compte. Il parlait, scandait une litanie de Draco, Draco, N'arrête pas, N'arrête surtout pas, comme si Draco allait se lever et le laisser planté là, dans le couloir, comme si il en était physiquement capable. Draco avait la nette impression que s'il essayait de se lever à ce moment, ses jambes ne répondraient pas.
Le cri qu'Harry poussa quand Draco posa sa bouche sur lui sembla lui être arraché de sa gorge, rauque. Son corps fit un mouvement involontaire vers l'avant, et Draco dut le plaquer au mur, une main fermement agrippée à la hanche, bloquant efficacement ses mouvements.
« Désolé, désolé, » marmonna l'autre homme d'une voix contrite.
Draco ne répondit pas, se contenta de le prendre en main plus vigoureusement, laissant sa bouche faire le reste du travail et il sentit le Guérisseur s'arquer, une unique plainte.
Draco se perdit dans le mouvement, sans se préoccuper de sa mâchoire douloureuse, laissant le désir monter en lui par vagues alors qu'il entendait les halètements rauques de l'homme.
Lorsqu'il sentit le corps de l'homme se tendre, il ne recula pas.
« Dra- oh, j…, » gémit-il, tentant de repousser Draco d'un geste pathétiquement faible. Draco se contenta de l'appuyer contre le mur, pression autoritaire, et de le laisser jouir en lui. Il fut silencieux, contraste surprenant avec la mélopée interminable de mots insensés qu'il avait scandée plus tôt. Son corps entier se contracta, et Draco le sentit trembler sous sa main gauche, sentit ses genoux manquer de se dérober. Il continua jusqu'à ce qu'Harry pousse des gémissements pathétiques, tentant de reculer, de faire cesser la pression sur son sexe trop sensible.
Draco recula, sentit la main d'Harry saisir son bras et tenter faiblement de le relever. Il s'exécuta, malgré ses jambes ankylosées. Potter l'embrassa alors, lentement, sans paraître se préoccuper de ce que Draco venait de faire avec sa bouche.
Draco le sentit palper son érection et grogna, un bruit guttural de désir pur qu'il ne se connaissait pas.
« Dans la chambre, » murmura Harry, qui semblait avoir repris ses esprits, « Maintenant. »
Draco ne fut que trop heureux de le suivre.
OoOoOoO
Lorsque Draco se réveilla, il mit quelques minutes à se souvenir de la raison pour laquelle il n'était pas dans sa chambre. Il sentit contre lui le torse chaud de son amant endormi et poussa un soupir d'aise. Il aurait voulu rester là des heures, à profiter de l'agréable tiédeur émise par leurs deux corps sous les draps, mais une envie pressante le torturait. Il se leva avec résignation, trébuchant un peu. Il avait le corps endolori par la nuit qu'il venait de passer, où le sommeil avait été la dernière de leurs activités. Après un instant d'hésitation, il revêtit rapidement son pantalon.
Il fit rapide passage à la salle de bain avant de se mettre en quête de la cuisine, démangé par l'envie de sa dose de café matinale. Il finit par déboucher dans la pièce, et s'arrêta un instant, suffoqué par le spectacle qui s'étendait devant lui.
Il avait supposé qu'Harry vivait dans la maison des Black, celle dont il avait hérité de son parrain et qui avait valu à sa tante Bellatrix une ire monumentale lorsqu'elle avait appris que ce qu'elle estimait être son bien était aux mains de l'Ordre du Phoenix. Mais la vue qui s'offrait à lui depuis l'immense fenêtre était loin d'être celle d'un petit square Londonien, mais celle d'un pré qui paraissait infini. L'étendue verdoyante, le bleu du ciel à peine brisé par quelques nuages blancs, et un soleil déjà haut dans le ciel donnaient au tableau un aspect irréel.
Draco parvint à trouver le café et il s'assit sur le bord de la fenêtre, sa tasse dans les mains. Se délecta du paysage qui s'étendait à perte de vue et du silence paisible de la petite cuisine.
Ce ne fut qu'une heure et trois cafés plus tard qu'Harry déboula dans la cuisine, une expression de douleur paniquée sur le visage. Draco sentit sa gorge se serrer d'inquiétude. L'idée que l'homme ne regrette la nuit précédente lui était insupportable.
Harry s'assit à sa table et se prit la tête dans les mains.
Les doigts tremblants, Draco posa doucement sa tasse. De l'endroit d'où il se trouvait, Harry ne pouvait le voir.
« Harry, » appela-t-il doucement, et le visage torturé de l'homme réapparut brusquement, yeux rougis.
Draco repoussa le rideau qui le masquait et sauta sur ses pieds. Il vit Harry se lever, l'expression de son visage s'adoucir, passer de la souffrance au soulagement le plus complet. L'homme se précipita vers lui, et Draco n'eût que le temps de reculer d'un pas avant de se trouver pris dans une étreinte qui lui coupa le souffle.
« J'ai cru que tu étais parti, » murmura Potter d'une voix brisée, « j'ai cru que tu étais parti, et je ne savais pas quoi faire. »
Oh. Draco recula d'un pas, saisit le menton de Potter d'une main pour le forcer à le regarder dans les yeux. L'expression de pure vulnérabilité que l'homme tenta sans grand succès de masquer lui fit comprendre, plus que toute autre chose, que Potter était aussi abimé que lui. Le cœur de Draco se serra, mélange de joie et de douleur. Il déposa un baiser sur les lèvres encore tremblantes, incapable de trouver une réponse plus appropriée.
« Je suis là, » chuchota-t-il à l'oreille de son amant, « Je suis là et je n'ai aucune intention de partir, je te le promets. »
Lorsqu'Harry plongea ses yeux dans les siens, il sut au plus profond de lui qu'il tiendrait cette promesse.
Les choses ne seraient pas faciles, mais qu'est-ce qui l'était, vraiment ?
Draco sourit et répéta ces mots pour lui-même, comme une mélodie.
« Je te le promets. »
Fin