La matinée se passa et aucun des deux ne reparla des derniers évènements. Ciel s'était obligé à oublier mais il savait que le démon y pensait toujours, il suffisait de voir ses yeux. Il savait que cette bête lui en voulait.
Néanmoins, tout cela est clair à présent. Je suis malheureux et Sebastian doit rester à sa place s'il ne veut pas être fauché par Undertaker…
Toutefois, il craignait que le démon tente de nouveau de tâter le terrain. Ses craintes se réalisèrent lors de l'heure de son thé. Le majordome lui avait servi son breuvage ainsi que sa collation mais il restait là, le fixant d'une manière éloquente.
_ Je t'ai déjà dit de ne pas me regarder comme ça, envoya Ciel. Ma décision est prise, point.
_ Je ne suis tout de même pas d'accord et j'aimerai tenter des négociations. Vous m'aviez dit tant tôt que vous m'aimez… j'espère pourvoir vous changer d'avis vu vos sentiments pour ma personne.
_ Tu rêves, démon. De plus, j'ai dit que je croyais t'aimais. Sur quoi, tu m'as répliqué que je ne connaissais pas ce sentiment. Alors peut-être qui sait. Je ne vois pas pourquoi tu veux tenter alors que c'est un non catégorique. Et je souhaite ne plus reparler de cela.
Ciel fusillait du regard le majordome. Ce dernier ne dégageait aucune expression, bien que ses yeux continuent inlassablement de brûler. Puis, un vil sourire apparut.
_ Je vais tenter de jouer avec la jalousie, dans ce cas, ricana la bête.
Ciel fronça les sourcils.
_ Vous savez, j'ai couché avec de nombreuses personnes avant vous. Plus souvent des femmes d'ailleurs. Y compris durant nos missions vues qu'il était plus aisé de les résoudre en les faisant parler.
Le jeune garçon hochait la tête de gauche à droite, dégouté.
_ Comme Beast ou bien…
_ Cette pute du cirque ? Fit Ciel rouge de colère.
_ Précisément. Alors, êtes-vous jaloux ?
Ciel hésita à répondre puis :
_ Bien sur que je suis jaloux, imbécile !
Sebastian s'avança en se baissant légèrement sur son contractant, toujours le rictus apparent.
_ Vous êtes jaloux mais n'ayez crainte, il n'y a qu'avec vous que je prends du plaisir et que je désire. Alors, il suffit d'un ordre et je serai juste à vous, comme vous serez à moi. Et plus jamais je n'irai voir ailleurs car je vous aurai vous.
_ Tu n'es qu'un idiot, reprit Ciel. Tu penses vraiment que je vais tomber dans ton petit manège ? Tombant dans le piège comme une femme énamourée ? Mais Sebastian, écoute-moi bien : je suis jaloux mais pire encore, tu m'as blessé. Tu m'as blessé en me provoquant. Tu veux que je te donne l'ordre que tu ne touches que moi ? Tu ne l'auras pas. Car tu m'as donné une autre bonne raison de rester sur mes positions.
Le visage du démon se décomposa, son sourire disparut.
_ Tu penses vraiment que j'allais tomber tes bras ? Continua le Comte en devenant de plus en plus écœuré. Non, démon. Non. Cela suffit. Alors maintenant, tu peux aller fricoter avec qui tu veux, ça ne me regarde pas. Tu peux faire ce que tu veux avec qui tu veux. Mais ne viens pas m'en parler et n'essaye même pas de me rendre jaloux car tu n'obtiendras que répugnance et dégout. Suis-je clair ?
Il y eut un moment de silence, où le majordome arborait encore une tête surprise. Un nouveau sourire se forma et Ciel aperçut sa lueur déterminée.
_ Tôt ou tard, vous reviendrez sur vos paroles. Vous êtes en colère et j'ai poussé le bouchon un peu trop loin. Mais vous reviendrez me voir, car vous me voulez, votre propre démon.
_ Je ne suis pas n'importe quel humain, répliqua le jeune garçon. Tu devrais le savoir pourtant… et jamais, plus jamais tu ne me toucheras comme cette nuit. C'est fini, Sebastian. C'est fini.
Le démon serra les dents, visiblement courroucé. Il se baissa de nouveau sur son contractant, quémandant un baiser. Ce dernier tourna vivement la tête, regardant le sol. Son regard était attristé. Sebastian caressa sa joue doucement.
_ Embrassez-moi.
_ Non.
_ Embrassez-moi, s'il vous plait.
Sa voix était légèrement plus aigüe, résonnant comme une plainte.
_ J'ai dit non, fit Ciel dans un souffle.
Le jeune garçon détourna encore plus le regard et finit par se lever, laissant le majordome avec sa main dans le vide et une expression vexée.
_ Tu peux disposer, je n'ai plus besoin de toi.
Sebastian se redressa et envoya un regard meurtrier sur son Jeune Maître.
_ N'oubliez pas, vous m'appartenez.
_ Seulement mon âme.
_ Vous êtes borné.
_ Toi aussi.
_ Mais Bocchan ! Au moins juste un b…
_ NON ! Cria Ciel en se retournant. Tu n'as aucun droit de me demander cela. Et tu n'as pas à lever la voix sur moi, surtout pour demander ces choses qui ne font partie que de tes caprices !
Sebastian s'offusqua.
_ Et c'est vous qui me dites ça ?
_ Oui ! Maintenant je t'ordonne de me laisser ou je vais vraiment employer le pacte, c'est ce que tu veux ?
Cette menace refroidit le démon net. Il sembla se calmer et s'inclina.
_ Je vous laisse dans ce cas.
Ciel savait qu'il allait lui en vouloir pour un moment mais il s'en moqua et le majordome partit, le laissant enfin seul. Néanmoins, il savait qu'il avait pris la bonne décision autant pour lui que pour la bête. Ils se détruisaient déjà. S'ils rajoutaient ce genre de relation, cela aurait été pire, autant limiter les dégâts bien que leurs envies soient contradictoires.
Le jeune garçon se fit la promesse de ne plus jamais tomber dans les bras de la bête. L'un et l'autre devaient continuer leur rôle, à point c'est tout.
FIN
Et voilà... cette fiction se termine ainsi...