Amis lecteurs BONJOUR!Je vous souhaite une bonne année 2014.
Voici l'épilogue de cette fanfiction. Sans doute en ferais-je un autre du POV de Jon. Une sorte d'épilogue alternatif.
Je vous remercie pour cette année passée avec vous, bercée par vos reviews.
Je vous annonce qu'une autre fanfiction sur l'univers de GoT est en préparation, j'espère vous retrouver dans cette nouvelle épopée.
Fandom:
Game of Thrones (Le Trône de Fer)
Résumé:
Il y en a qui disent que le monde finira en feu, il y en a qui disent en glace. Westeros est sur le déclin. Westeros se meurt. Baratheon, Stark, Lannister se font la guerre. Le temps est venu pour les Targaryen de l'ancienne Valyria... A qui reviendra le Trône de Fer?
Disclaimer:
L'univers de GoT appartient à son auteur, George R.R Martin.
Je prends en comptes les 2 premiers tomes de l'Intégrale et une bonne moitié du 3eme...
Random:
K+. Des elements MA à venir.
Bonne lecture et... reviews?
Epilogue: Le Trone de Fer.
Daenerys
Port-Réal, quinze ans après «Le Grand Hiver».
Le zéphyr doux et tiède balayait les terres de Port Réal. Les jardins du château embaumaient le jasmin et les lys. Des suivantes s'ébrouaient dans les bassins profonds, protégées du soleil par une vaste palmeraie. Il faisait bon vivre dans le palais royal et une grande insouciance régnait. Les ruines de la villes avaient été balayées, le château restauré et même agrandi. Une partie des jardins était même accessible à la populace pour qu'ils puissent avoir l'illusion d'une certaine proximité avec le pouvoir. On oubliait peu à peu les combats et toutes les atrocités perpétrées lors de la Guerre des Cinq Rois.
La vie reprenait son cours. On aimait le couple royal pour sa sagesse et sa douceur, on appréciait l'air désormais odorant de la capitale, loin de bouges d'antan...Malgré une hausse de la population, les travaux d'assainissement réalisés par le Roi Brandon avaient fait merveille. Port Réal retrouvait sa gloire d'antan. Les cris de la ville égayaient les espaces les plus reculés du palais. Ainsi, Daenerys jamais n'oubliait les pauvre âmes sur lesquelles elle régnait depuis près de quinze année.
La reine laissait ses pensées vagabonder par delà les murs de la palmeraie. La paix, le calme... Tout ce à quoi elle goutait autrefois lui assurait un profond ennui désormais. Elle regrettait sa jeunesse palpitante, la guerre, l'attente de lendemains meilleurs et cette peur au ventre, continuelle. Et puis autre chose. Un homme. Ses yeux. Ses serments. Ses lèvres. Ses caresses. Sa fouge... A l'époque, elle avait véritablement vécu. Désormais, la Targaryen voyait sa vie s'écouler lentement. C'était avec une honte confuse qu'elle devait bien se l'avouer: elle était belligérante et pas pacifiste. De l'enfant innocente qu'on avait vendu au Khal Drogo, pleine d'idéaux il ne restait plus rien. Désormais, elle était un dragon. Et les dragons se repaissent de sang même si elle répugnait à cette idée...
Elle chassa au loin ses pensées et revint à la conversation qui se poursuivait depuis des heures. Dans la pièce couverte de tentures aux couleurs de sa Maison, elle siégeait face à son Conseil Restreint.
«-Il faudrait se montrer sans pitié, Ma Reine.» Argua Tyrion Lannister.
«-Certes. Mais dois-je rappeler que Petyr Baelish servit de longues années le royaume. Il lui évita à de nombreuses reprises la banqueroute!» Rappela le sage et ventripotent Varys.
«-Littlefinger s'est tapi trop longtemps pour ne rien avoir à se reprocher!» S'énerva cette fois-ci Bran.
Daenerys darda son regard mauve vers son époux. Brandon avait gagné en assurance, en maturité. Malgré son boitillement il émanait de lui une réelle puissance. Une aura. Il charmait mais inspirait aussi la crainte à leurs vassaux. Ses pouvoirs magiques étaient devenus des mythes. Mais ce qui demeurait pure vérité, c'était son honnêteté et sa justice. De tous les membres du Conseil, il était celui auquel elle se ralliait le plus souvent.
«-Sans oublier qu'il raconte à qui le veut que Sansa n'est pas morte, qu'il l'a mise en lieu sûr et qu'elle s'était enfuie car elle détestait l'idée d'être mon épouse.» Souligna le Lutin avec morgue. Il tentait de contrôler ses nerfs mais il ne pouvait s'empêcher de trembler. Parler de sa défunte épouse lui demeurait difficile malgré les années.
«-Vous ne dites rien, Messire?» Demanda Daenerys, surprise, à son voisin de droite.
«-Il se trouve, Ma Reine, que je médite.»
Le Silure, malgré son âge très avancé, gardait toutes ses qualités en matière de stratégie politique. Lorsque Bran avait découvert que son Grand Oncle était le seul survivant Tully, il l'avait appelé à ses côtés. Et Daenerys devait en convenir, jamais il n'avait failli à sa mission. Le vieil homme prit une profonde inspiration et murmura, sombre:
«-Littlefinger représente un réel danger pour votre pouvoir, Votre Majesté. Varys nous à prouvé à maintes reprises qu'il cherchait à faire se soulever les Îles de Fer contre vous. Or, je me dois de vous rappeler que nous avons éprouvé de nombreuses difficultés à les faire rentrer dans le rang. Encore aujourd'hui, le feu pourrait reprendre sous les braises mal éteintes. Asha Greyjoy et son frère sont nés pour détruire des vies...
-J'entends bien, mais...
-Désormais il répand des mensonges envers Lady Sansa, l'épouse défunte de vôtre Main, soeur de votre époux et feu ma petite nièce. Sans oublier qu'il soutient que Rickon Stark, Seigneur des Terres de l'Orage par votre volonté, est lui aussi un imposteur. Et que la jeune Arya qui demeure à Vivesaigues n'est pas une nordienne. Les murmures de Petyr Baelish commencent à enfler.
-Et lorsqu'elles enflent trop, les rumeurs deviennent réalité. C'est ce qui causa la mort de Ned Stark, Ma Reine.» Rappela Tyrion Lannister.
«-Mon père disait vrai.» Persifla Bran, sensible à l'honneur de sa Maison et des siens.
«-Je n'ai jamais soutenu le contraire...» Souligna le nain dans un signe d'apaisement avant de reprendre:
«- ...Cependant il n'y avait pas de preuves encore tangibles que déjà la nouvelle se répandait dans le royaume. Cersei avait bien des défauts mais elle n'a agi qu'en voulant faire taire la rumeur. Car les rumeurs ont bien plus de pouvoir que la vérité, Messire Stark.»
Le Silure opina du chef et prononça de sa voix grave:
«- Je pense que vôtre Main à raison, Votre Grâce. Il serait sage de décoller la tête de Petyr Baelish. Le plus tôt sera le mieux.»
Daenerys demeurait soucieuse. Elle détestait toujours autant donner la mort à des individus. La reine ignorait tout de Baelish. Bran ne pouvait pas la conseiller plus avant, il n'avait jamais croisé le personnage. Quand aux autres, ils avaient tous quelque chose à lui reprocher. L'ordre attendait devant elle, la plume d'oie déjà trempée dans l'encre noire. Il était temps désormais de trancher. Elle inspira profondément et signa l'arrêt de mort de son dernier ennemi. Elle tendit le pli à Tyrion et murmura, la voix nouée:
«-Que la chose soit faite proprement.»
Le Lannister s'inclina et promit.
«-Il sera fait selon vos ordres.»
La beauté blonde opina du chef et se leva, indiquant à ses conseillers qu'elle ajournait la séance. Bran offrit le bras à sa femme et ils déambulèrent dans les loggias du palais. Malgré son boitillement, Brandon inspirait le respect. Elle le dévisageait à la dérobée, absorbée par ses traits délicats et nobles. C'est son époux qui brisa le silence:
«-Quand arrive t'il?
-D'après sa lettre, aujourd'hui.» Soupira Daenerys.
Bran caressa avec une infinie tendresse la joue de sa femme et pressa ses lèvres sur la peau d'albâtre satiné. La reine Targaryen l'observait, pleine de douceur. Le Seigneur de Winterfell souffla:
«-Encore aujourd'hui, votre voix tremble lorsqu'on évoque son nom.
-Il est une partie de moi.
-Après toutes ces années, encore, vous l'aimez?» Soupira, avec une pointe d'envie, le maitre du Septentrion.
Un ange passa. Jamais ils n'avaient parlé de lui. Jon était leur secret depuis cette horrible nuit où on l'avait droguée, poussée dans un carrosse et qu'on avait lancé l'attelage à pleine vitesse. Depuis la soirée où Jon était devenu Lord Commandant de la Garde de Nuit. La Targaryen baissa les yeux.
«-Oui.» Affirma Daenerys pleine de regrets.
Elle fit face à son époux, honteuse et triste. Ce dernier lui sourit. La reine Targaryen savait qu'était née dans le coeur de ce mari de fortune une puissante passion pour elle. Et Daenerys devait avouer qu'elle l'appréciait. Bran était devenu sans doute son ami le plus proche. Son frère. Son amant, quelques fois. Toujours par devoir. Jamais par plaisir.
«-Vous savez que je vous aime.» S'entendit elle dire.
Son époux prit son visage entre ses paumes et posa son front contre celui de sa femme. Pendant un long moment, ils demeurèrent ainsi enlacés avant qu'il ne réponde dans un soupir:
«-Et vous savez à quel point j'aurais voulu que cela soit suffisant.»
Il n'y avait pas de reproche dans la voix de Bran. C'était juste un constat. Effroyablement triste mais bel et bien réel.
Daenerys se sentait coupable. Son mari s'était toujours montré aimant avec elle et les siens. Cordial, avisé, intelligent et pragmatique. Un monarque idéal, un époux conciliant et un ami avisé. Pourtant, elle n'avait pas pu oublier Jon. Malgré tout ce qu'il lui avait fait subir. C'était injuste d'une certaine manière. Les Dieux les avaient sans doute maudits, tous les trois. Condamnés à n'être jamais pleinement heureux. A regrets elle constata:
«-Avec vous, cela aurait été aussi simple que de respirer.
-Si vous aviez été une fille ordinaire sans doute. Mais vous êtes tout sauf ça. Et c'est ainsi que que vous aime, Daenerys.» Confessa Bran.
«-Il faut que je vous...
-Messire! Ma Reine!»
Un éclair chatain se précipita vers le couple royal. L'ancien infirme ne put se retenir d'afficher un sourire bienveillant. Un des sourires qu'il avait emprunté à Ned Stark sans le savoir. Le messager salua ses monarques avec déférence et attendit qu'on lui donne la parole. Daenerys observait la scène de son visage grave de reine.
«-Et bien, Robb?
-Ils arrivent, Ma Reine. Ils...
-Qui?
-Le Lord Commandant de la Garde de Nuit.» Précisa le fils de Tyrion Lannister.
-«Ser Jaime vient de rejoindre sa colonne avec les autres membres de la Garde Royale.»
Bran sourit et passa la main dans les cheveux de son neveu.
Daenerys sentit son coeur exploser dans sa poitrine. Jon était en vue. Jon revenait vers elle. Elle accouru vers les remparts et se ficha à côté d'une sentinelle. Son sang brûlait ses joues rosies par la course. Elle s'embrasait de nouveau. Comme si ces années loin de lui n'avaient été qu'un long hiver et qu'on la sortait d'une hibernation. Bran la rejoignit de son pas claudiquant ainsi de Robb Lannister. La beauté blonde plissait les yeux et aperçut enfin le nuage de poussières. Les chevaux étaient lancé au grand galop pour rejoindre Port Réal. En tête de la colonne, un individu à la casaque plus sombre que les autres. Malgré la distance, elle le reconnut. Heureuse, Daenerys battit des mains et se retourna vers Bran.
«-Et bien, il est temps d'aller se préparer pour accueillir nos hôtes!» S'exclama t'elle avant de prendre précipitamment congé.
L'ancienne khaleesi s'enferma à double tour dans ses appartements. Face à sa coiffeuse, elle entreprit de se rafraichir avec de l'eau de mélisse. Avec application, elle tamponna un baume sur sa peau et ramena ses cheveux en arrière afin de faciliter sa préparation. Puis, elle contempla son reflet avec angoisse. Le temps avait laissé sur elle des traces. Sa beauté s'était fanée en quinze années. Sa peau laiteuse était désormais parcourue de fines ridules. Ses yeux avaient perdu de leur éclat même s'ils conservaient leur mauve unique... On devinait encore la jeune fille qu'elle avait été.
On le devinait, oui...
Quinze ans.
Il avait attendu quinze ans pour lui revenir.
A l'idée de le revoir la tête lui tournait, son coeur s'emballait et les larmes montaient à ses yeux. Mais personne ne devait rien savoir. Jamais. Il en allait de leur sécurité.
Après avoir recouvré ses esprits, elle appela une de ses servantes. Irri était morte en couches quelques années plus tôt et depuis, Daenerys se sentait bien seule. La dothrak avait emporté avec elle les derniers pans de la jeunesse de la khaleesi. Son mariage avec Drogo, la naissance des Dragons, l'errance, le Mur, l'arrivée à Port Réal... Sa nouvelle aide se prénommait Alice et venait de Mereen. La pauvrette ne parlait que quelques mots de langue commune mais s'avérait une véritable artiste. Sous ses traits habiles, Daenerys vit s'estomper les rides et réapparaitre son teint de jeune fille. Grâce à son travail, la reine recouvrait peu à peu sa superbe d'antan. Elle souriait à son reflet, heureuse du résultat qu'elle devinait. Il la reconnaitrait. Il l'aimerait toujours, comme autrefois. Oui, il ne pourrait pas en être autrement. La jolie blonde se le martelait mentalement. Elle devait se convaincre elle-même de son potentiel de séduction.
De nombreux événements s'étaient produits en quinze ans. Peut-être qu'il l'avait oubliée? Remplacée? Rien qu'a cette idée, le coeur de Daenerys se serrait. Plus elle y pensait plus elle s'angoissait. La Mère des Dragons décida donc de se replonger dans la lecture de la missive qui avait fait bondir son coeur quelques semaines auparavant. Histoire de patienter, encore un peu.
«A Daenerys Targaryen, Reine des Sept Couronnes.
Vôtre Grâce,
J'ai l'audace de vous demander audience dans les plus brefs délais. La Garde de Nuit a vu son nombre de soldats croitre de façon impressionnante ces quinze dernières années. A un point tel que les trois castels habités ne peuvent plus loger décemment toutes les garnisons.
Il nous faut envisager la restauration de plusieurs châteaux du Don. Or, la Garde de Nuit ne possède aucun fond pour y parvenir. Il faudrait donc que nous trouvions un accord afin de financer les besoins de mes hommes mais aussi pour choisir l'emplacement des futures garnisons, selon le gré de Vôtre Majesté.
Avec tout mon respect.
Jon Snow , Lord Commandant de la Garde de Nuit».
Daenerys replia précautionneusement le pli et le rangea dans son tiroir qu'elle prit soin de fermer à clé. Jon était son secret le mieux gardé. Jamais elle ne l'évoquait, jamais elle n'en parlait avec quiconque. Alice toussota afin de signifier à sa maitresse qu'elle avait terminé. La reine jeta un oeil critique à son reflet et sourit.
«-Tu as su me donner une seconde jeunesse.» Gratifia t'elle sa suivante.
La jeune fille de Mereen rougit devant le compliment et demanda d'une toute petite voix:
«-Ma reine, que souhaitez vous porter pour recevoir le Lord Commandant de la Garde de Nuit?»
La Mère des Dragons se leva et admira ses riches atours. Mais son choix était déjà fait. Il lui était évident. D'un geste sûr elle ordonna:
«-Celle là.»Alice masqua sa surprise et se munit de la robe désignée. Depuis qu'elle était au service de la reine, jamais elle ne l'avait portée.
C'était une robe toute simple, d'un bleu profond dont le décolleté était à peine relevé par quelques pierres. Les manches amples en gaze arrivaient jusqu'aux chevilles de la propriétaire. Un vêtement certes royal mais fort peu adéquat pour une visite officielle de cette importance. Ce qu'Alice ignorait, c'était toute la portée symbolique de ces atours. Daenerys n'avait jamais osé porter à nouveau cette robe depuis le soir maudit où Jon avait forcé le destin à les séparer. Alors qu'elle s'était endormie, Bran et Tyrion avaient obligé l'armée à quitter le Mur. Jon était devenu Lord Commandant et plus rien ne pourrait jamais être comme avant. Certes, il lui avait donné sa foi, son amour. Il avait touché son ventre à peine rebondi. Il avait entendu la vie qui grandissait en elle... Mais ce soir là, tout avait changé.
Daenerys sourit pour elle-même à ce souvenir. Ce qu'elle avait pu être bête! Comment croire à telles sottises? Sans doute parce qu'elle l'aimait éperdument. Elle avait cru que les Dieux lui donneraient une chance d'accéder au bonheur. Mais c'était oublier leur cruauté. Lorsqu'elle s'était éveillée, ce matin là, parée de sa robe couleur de nuit, ils avaient quitté le Don. Jon était devenu Lord Commandant de la Garde. Elle se devait de régner. La douleur de leur séparation l'avait presque rendue folle. Et puis elle s'était résignée. Mais toujours elle avait conservé la robe saphir. Aujourd'hui elle la porterait pour Jon. Daenerys avait attendu quinze ans pour qu'il puisse l'admirer dans ces atours.
Alice serra la robe afin qu'elle épouse divinement le corps de sa reine. La Targaryen devait admettre qu'elle avait conservé une taille assez fine malgré les années et les banquets. Enfin, la servante tressa la longue cascade d'or de sa maitresse, glissant les petites clochettes dothraks rappelant sa vaillance. Elle releva ensuite les lourdes boucles et les attacha pour qu'elles forment de compliquées volutes. Ici et là, elle piqua des petits saphirs et des aigues marines dans les cheveux dorés. Puis, Alice déposa une fine couronne d'or sur la tête royale Daenerys Targaryen. Cette dernière sourit à son reflet, poussa un profond soupir.
Bran apparut dans le cadre de la porte. Il la dévisageait avec dévotion et déglutit péniblement. L'ancienne Khaleesi lu dans les yeux de son époux tous les compliments du monde et lui adressa un sourire reconnaissant. Mal à l'aise et résigné, il murmura:
«-Il est temps.»
C'est avec la beauté grave et distante des statues qu'elle pénétra dans la salle du trône. Dans un délicieux frissonnement de tissus, les nobles s'abimèrent dans un profond salut, s'écartant du couple royal afin de lui former une haie d'honneur. Au centre de l'immense basilique de pierre se tenait le Trône de Fer, entouré des trois dragons de la reine. Les mille épées ennemies fondues par le feu de Balerion... Aux murs, tapisseries relatant la conquête de Westeros et les batailles du Mur ainsi que les armoiries des plus illustres maisons des Sept Couronnes. Port Réal avait retrouvé son faste d'antan, privé de sa décadence.
D'un pas lent, Daenerys gravit les marches qui la menèrent à son trône. Elle salua sa Main, Tyrion Lannister, flanqué de son fils. Robb avait grandi et se trouvait dans la fleur de l'âge. Homme fait de dix-huit années, courageux et loyal, il veillait sur Castral Roc d'une main de fer. Après un échange courtois et chaleureux, elle reprit son chemin vers le Trône de Fer. Un jeune homme y attendait patiemment sa venue. La reine lui adressa un tendre sourire.
«-Eddard, ne soit pas si solennel...» Le corrigea t'elle avec douceur.
-«Ce n'est qu'une visite officielle... Et de ton oncle en plus!» Dédramatisa Bran, donnant l'accolade à l'adolescent.
«-Je... C'est que... C'est la toute première fois que j'assiste à ce genre de cérémonie.» Plaida le garçon, inquiet.
«-Tout se passera bien.» Lui assura Daenerys. Elle coula un regard tendre à l'enfant aux yeux mauves et à la tignasse sombre avant de prendre place sur le Trône de Fer.
Comme à l'accoutumée, les éclats de lames égratignèrent sa peau nue mais elle demeura stoïque. A ses côtés prit place Brandon. Le silence solennel fut brisé par le rire cristallin d'une jeune fille blonde. Celle-ci avança à petits pas rapides vers le couple royal, rougit lorsqu'elle passa à hauteur de Robb Lannister et trouva sa place aux côtés du dénommé Eddard.
«-Rhaelya...» La réprimanda Bran.
Daenerys accueillit la jeune beauté blonde aux prunelles grises avec un sourire moqueur:
«-Que faisais-tu encore?
-J'étais curieuse... Le Lord Commandant Snow... Je voulais le voir...
-Nous le recevons en audience, Rhaelya... A moins d'être aveugle tu ne pouvais le manquer!» Souligna Daenerys, amusée.
«-Oh, Mère, mais ça ne sera pas pareil! Il sera tout miel devant vous! Je voulais...
-Elle est amoureuse de Jon Snow!» Se moqua Eddard.
Bran et Daenerys cillèrent l'espace d'un instant. Le roi rappela d'une voix dure:
«-Un Lord Commandant est tenu à un voeu de célibat.
-Tu ne pouvais pas te taire!» Râla Rhaelya à Eddard avant de s'expliquer:
«-C'est que, dans les chansons, il est si brave, si beau, si téméraire, si galant!»
-Jon Snow est aussi vôtre oncle, souviens t'en.» Darda Bran en toisant les deux adolescents.
«-Votre père à raison. Rhaelya, n'oublie jamais plus ta place.» Renchérit Daenerys d'une voix grave avant de poursuivre:
«-Tu n'es pas née fille de ferme mais princesse héritière des Sept Couronnes. Les chimères, si charmantes dans la bouche d'une enfant n'ont plus aucun attrait lorsqu'on est devenue une jeune femme. Quant à toi, Eddard, je te prierai de cesser de trahir les secrets de ta soeur.»
«-Pardon, Mère.» Hoquetèrent les adolescents à l'unisson.
Malgré leurs liens gémellaires, les deux héritiers du trône de Westeros se montraient forts dissemblables. Eddard ressemblait aux Starks avec sa tignasse sombre et son sens de l'honneur exacerbé. Il avait cependant hérité des yeux mauves de sa mère. Rhaelya arborait la crinière blonde des Targaryen et possédait leur terrible caractère mais les yeux gris des membres de la maison du Nord. Ils piaillaient d'impatience en ce jour solennel où leurs parents les associaient enfin aux affaires du royaume et au trône. Daenerys les couvait du regard, attendrie. Ses enfants s'apprêtaient sans le savoir à rencontrer leur père...
En effet, quinze années auparavant, Mestre Samwell Tarly n'avait pu se résoudre à administrer à Daenerys la potion qui devait lui faire perdre le bébé. Jon était certes son Lord Commandant mais surtout son ami. Peut être même son meilleur ami. Cette décision de tuer son enfant à naître n'était pas juste.
Pire, elle lui coûterait son âme.
Sam avait longtemps hésité. Devait-il écouter la loi des hommes où la loi des Dieux? Il avait choisi de laisser le destin décider. C'était les dieux qui avaient fait naitre la vie entre les reins de Daenerys Targaryen. Il fallait donc les laisser décider de ce qui était le plus juste. Sam avait donc rebroussé chemin, s'était recueilli devant l'arbre coeur et avait prié de longues heures...Quelques mois plus tard était arrivée la glorieuse nouvelle. Daenerys Targaryen et Brandon Stark avaient accueilli non pas un mais deux héritiers à Port Réal...
Les trompettes retentirent. La reine retint son souffle. Les portes s'ouvrirent. Il lui apparut dans toute la vigueur d'un homme fait, le visage mangé par une barbe sombre, emmitouflé dans ses hardes noires. Mais le sourire aux lèvres. Un sourire incroyable. Il posa son regard sur elle. Et les quinze années de solitudes s'effacèrent en un battement de coeur. Daenerys sentit son corps s'embraser. Le héraut annonça:
«-Jon Snow, Lord Commandant de la Garde de Nuit.»
Il s'approcha du trône de fer, s'agenouilla et baisa la main de sa reine avec humilité. Leurs regards se croisèrent et ils purent lire tout l'amour qu'ils nourrissaient encore l'un pour l'autre. Plus rien n'existait autour d'eux. Ils s'adressèrent un sourire complice. Il fallait se rendre à l'évidence... Bientôt, le feu et la glace ne feraient à nouveau plus qu'un.
-Fin-