Ecrit sur "C'est bientôt la fin" de Mozart l'Opéra Rock et "Enfant du soleil" des Mystérieuses Cités d'Or. Ce qui explique le ton de cet O.S.


Roulé en boule dans un coin de l'immense canapé du salon, Loki regardait la télévision, blottit dans une couverture. Il portait un immense pull-over marron que Steve avait tricoté pour Hulk (vraiment immense donc le pull) avec un grand "H" brodé dessus. Il avait également un vieux jogging de Tony dont l'élastique distendu le faisait tomber sur ses hanches, révélant sa peau pâle. Il était pieds nus mais portait un bracelet de cheville de perles multicolores offert par Natasha.

Le dieu était mélancolique. Sur l'écran était diffusé Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski. Une jeune femme gracile dansait au rythme langoureux des violons qui chantaient leur musique lancinante, accompagnant ses pas. C'était la scène où le Prince choisissait la mauvaise Odile au-lieu d'Odette. Et Loki avait envie de pleurer.

Oh, il se sentait tout à fait stupide, mais ne pouvait s'empêcher de se comparer à Odette. Parce que lui aussi était dans une peau qui n'était pas la sienne et ne trouvait pas sa place. Parce qu'on avait toujours préféré Thor à lui, comme Odile et Odette. Et il avait mal.

Il se sentait comme Odette au milieu des cygnes. Avec des amis, mais des amis différents de lui. Bien sûr, il adorait Steve pour sa gentillesse, Natasha pour sa complicité, Clint pour ses répliques piquantes et Bruce pour ses conseils. Bien sûr il idolâtrait son frère. Bien sûr il aimait Tony de tout son cœur. Mais il ne se sentait pas à sa place. Et il avait mal.

Puis la fête d'anniversaire du Prince se termina, Odette redevint une princesse et enfila sa longue robe blanche fluide qui tournoyait autour d'elle alors que le Prince la faisait danser. Et Loki eut envie de gémir de douleur. Il avait ce sentiment de mal-être permanent qui s'enroulait dans son ventre, le faisait douter. Il ne méritait rien de ce qui se trouvait dans cette Tour, ni l'amitié des Avengers ni l'amour de Tony.

Il voulut se lever, trébucha lamentablement sur la moquette et se tordit la cheville dans un gémissement de douleur. Il se retrouva rapidement sur le balcon de la Tour, contemplant les étoiles. Et il songea à partir, pour de vrai, pour toujours. Ça le déchirait mais tout plutôt que ce malaise qui lui bouffait le cœur à chaque minute de la journée.

Il fit un pas en avant, maintenant tout au bord du vide. Il allait sauter. C'était mieux, comme ça il ne serait plus jamais mal. Si il partait, ça ne l'empêcherait pas de penser. Et penser était la pire chose qui lui arrivait toujours. Il ferma les yeux, doucement, précautionneusement, après avoir gravé chaque détail du magnifique panorama qui lui faisait face dans sa mémoire. Puis il fit un pas en avant. Et tomba.

La chute fut étrangement longue. Il leva les yeux au ciel, contemplant une dernière fois les étoiles. Il eut un sourire doux, une dernière pensée pour Tony qu'il aimait tant et une mèche de cheveux vint barrer son front, lui brouillant la vue. Puis le choc.

Il vit blanc alors que chaque os de son corps se brisait en milliers d'éclats, que ses poumons se vidaient brusquement et que la douleur déferlait, puissante, brûlante, telle une lame chauffée à blanc. Le sang s'échappa à gros bouillon des dizaines de blessures qui s'ouvrirent sur son corps.

Puis la magie commença son œuvre de guérison, ressoudant ses os, replaçant ses organes, faisant battre son corps et s'emplir les poumons. Alors qu'il hurlait de douleur et de rage, son corps se reconstitua petit à petit. Trois minutes plus tard, il était exempt de toute blessure, allongé sur la chaussée.

Puis il vit une silhouette se dresser sur la rue d'en face. Une longue silhouette noire, rassurante. Un homme approchait. Il s'accroupit près de Loki et le prit délicatement dans ses bras. Le dieu se roula en boule contre le corps chaud, pleurant doucement et maudissant sa magie de l'avoir sauvé. L'homme le souleva et, marchant lentement, le ramena dans la Tour. Toujours dans les bras de son sauver, Loki respira longuement l'odeur de menthe poivrée et de white spirit qui enveloppait le corps chaud.

C'était Tony qui était venu le chercher, comme le vingt-six autres fois. Et Loki pleura encore plus, parce qu'il s'en voulait de faire souffrir ainsi son amant, de le forcer à le voir mourir presque chaque soir. Parce qu'il savait que Tony guettait la nuit, attendant le moment où Loki sauterai. Ils n'en avait jamais parlé, Tony sachant très bien que Loki ne lui dirait rien.

Mais l'ingénieur n'était pas stupide. Et il était surtout très amoureux de son cygne aux ailes brisées. Et alors qu'ils montaient jusqu'au salon principal, il prit une grande décision. L'ascenseur se stoppa en un tintement clair et les deux hommes, l'un portant l'autre, sortirent de la cage de fer.

Tony porta son amant jusque dans le salon où il le déposa sur le canapé. Il faillit renoncer un instant à faire ce qu'il avait décidé, puis se reprit. Il aurait dû faire ça bien avant.

Le génie se plaça debout devant Loki et, les yeux dans les yeux, enleva son débardeur. Loki haussa un sourcil sur ses yeux rouges de larmes. Tony voulait coucher avec lui, comme ça ? La suite le glaça d'épouvante.

Tony saisit son réacteur, le déclipsa et le sortit du cylindre de métal qui s'enfonçait dans son torse. La lumière bleu s'intensifia une seconde avant de reprendre son ton bleu pâle. Loki commença à paniquer. Il savait que si Tony enlevait son réacteur plus de dix minutes, il risquait la mort.

L'ingénieur posa le réacteur sur la table puis, saisissant un cendrier qui se trouvait à proximité, donna un coup puissant sur le réacteur, le faisant exploser en milliers de minuscules débris. Loki hurla et tenta de ressouder les morceaux, en proie à la panique. Il ne réussit à rien, les bouts étant trop petits. Il leva de grands yeux terrorisés vers Tony qui le fixait, le visage impassible.

- Assieds-toi Loki, on doit parler.

- Tony ! Tu as fait quoi là ? Remets-en un autre, vite !

- Non.

- Quoi ? Arrêtes tes bêtises, je vais en chercher un dans l'atelier.

- Je n'en ai pas d'autre.

- Mais... hier encore, tu en avais bien une demi-douzaine !

- Pendant que tu nous refaisait un petit suicide, je les ai tous minutieusement détruits.

- Que... mais pourquoi ?

- Parce qu'en cinq minutes je peux m'en construire un. Ce qui nous laisses cinq autres minutes pour discuter sérieusement.

- Tu n'avais pas besoin de faire ça !

- Si, tu ne m'aurais jamais écouter sinon. Plus que quatre minutes.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Tu OSES poser la question ? Hurla soudain Tony. Vingt-six fois ! C'est la vingt-sixième fois que je te vois sauter putain ! Tu te rends compte de ce que ça me fait ?

- Tony... gémit Loki.

- Tu sens la panique qui monte en toi parce que je n'ai plus de réacteur ? Est-ce que tu putain t'imagines ce que c'est quand je te vois sauter, abruti ?

- Écoutes...

- Non, toi écoutes ! J'en peux plus ! Qu'est-ce que j'ai fais de mal, hein ? Il te reste trois minutes pour me sauver la vie, j'espère que tu te sens bien Loki ! Bien comme moi qui te vois essayer de mourir alors que moi je t'aime ! Alors tu as le choix ! Sois tu changes immédiatement de comportement et tu retournes sur Jotunheim, sois tu décides que non et je meurt sous tes yeux !

- Jotunheim ? Mais non !

- Oh si, je le sais très bien ! Tu es écœuré de vivre ici, je le vois ! Tu te sens à l'écart, pas à ta place ! Mais ta putain de place est chez toi Loki ! Et moi, je ne veux que ton bonheur. Alors tu te casses maintenant et tu retournes chez toi où tu sera heureux bordel !

Tony pleurait maintenant. Et Loki aussi. Et il calculait frénétiquement. Une minute trente. Une minute trente pour décider si il retournait sur Jotunheim ou pas. Oh, il en mourrait d'envie. Mais ce serait un aller sans retour. Les jotuns ne laisseraient pas repartir leur roi à peine arrivé. Et vue leur espérance de vie, lorsqu'il pourrait retourner sur Midgard, ce qui leur aura parut un claquement de doigts sera la vie de Tony. Une minute.

Mais si il restait, Tony mourrait. Il le présumait en tous cas. Il ne savait pas si Tony aurait le cran de mourir. Trente secondes. Oui mais si il partait, il ne reverrait plus ni son frère, ni ses nouveaux amis. Sauf que si il restait, il allait sauter à nouveau, il le savait, et Tony souffrirait. Dix secondes. Tony n'osera pas. Et Loki ne veut pas le quitter. Tant pis, il se forcerai à être heureux. Il ne sauterai plus.

Mais Tony voulait son bonheur. Et c'était la pure vérité, Loki le savait. Parce que cela devait déchirer le cœur de l'ingénieur de le laisser partir. Mais il savait que Loki ne serait jamais aussi heureux qu'à Jotunheim.

Loki leva les yeux vers Tony, décidé. L'ingénieur n'oserait pas, il avait toujours eut peur de la mort. Tony croisa les bras contre son torse, fixant son amant de ses yeux devenus glacials. Et Loki attendit que Tony cavale vers son atelier pour se construire un nouveau réacteur. Son cœur rata un battement. Pourquoi Tony ne bougeait pas ?

- Tony... vas mettre un réacteur tout de suite.

- Tu ne part pas ?

- Non, je veux rester avec toi. Tout ira bien.

- Tout n'ira pas bien Loki. Parce que tu vas souffrir ici. Et la seule chose qui t'empêche de partir actuellement, c'est moi.

- Non, enfin, si, mais aussi Thor et Steve et..

- Ne me MENTS pas ! Pas à MOI ! C'est moi qui t'empêche de partir.

- ... Oui. Mais je t'aime Tony.

- Oh putain, mais moi aussi je t'aime. Si tu savais comme je t'aime bordel !

- Bien, alors vas mettre un réacteur et on va aller se coucher tous les deux.

- Non Loki. C'est parce que je t'aime que je fais ça.

- Arrêtes tes conneries Tony, dit Loki d'une voix blanche.

- Non.

L'ingénieur vacilla légèrement et dû s'appuyer sur le canapé pour ne pas tomber. Loki se précipita pour le soutenir, tentant par la même occasion de l'amener vers l'atelier. Mais Tony resta inflexible. Il s'assit même sur le canapé, contemplant le ciel au travers de sa baie-vitrée.

Loki devint verdâtre. Tony ne bougerai pas. Il allait avoir le cran, putain.

- Je t'aime Loki. Mais je t'empêche d'être heureux. Et moi je ne veux que ton bonheur.

- Tony, je t'interdis de faire ça.

- Je suis mortel Loki. Dans cinquante ans tu m'auras oublié.

- Tony, ne fait pas ça !

- Je t'aime Lok'. Tu vas pouvoir repartir sur Jotunheim.

- Non Tony !

Le milliardaire trembla violemment avant de s'écrouler sur le canapé, le corps parcouru de violents frissons. Son corps s'arqua et un filet de sang s'écoula de sa bouche. Il souriait. Il adressa un dernier « je t'aime » silencieux à Loki. Puis doucement, ses paupières se fermèrent. Il était mort. Et Loki était libre.


... Voila le dernier drabble de ce recueil.

Ce n'était absolument pas censé finir comme ça, désolée. Mais j'ai été prise d'inspiration subite. Et puis, c'est une fausse fin triste, puisque Loki sera heureux.

Je ferme donc Langues de plomb ! Quand j'aurais terminé Sens of Revenge, toutes mes fanfictions Avengers seront terminées. Vous devez donc aller voter sur mon profil pour savoir ce que je vais écrire ensuite (pour ceux qui ne l'ont pas déjà fait).

Je vous embrasse,

Amako.