Pairing – Drago Malefoy / Hermione Granger.
Genre – Hermione n'est pas douée.
Rating – T.
Disclaimer – Le monde & les personnages adultes appartiennent à J.K. Rowling. Je ne prends pas en compte le Tome 7.
Note de l'auteure – Tadaaaam ! Cet OS est prêt depuis plus d'un an. Oui, j'aurai pu le poster l'an dernier, mais j'ai… oublié. Il est juste trognon mignon con con & j'espère qu'il vous plaira ; même si j'aurai sérieusement dû le reprendre & tout & tout parce que du coup il ne satisfait plus tout à fait -mais vous auriez dû attendre 2017 je crois…
Et comme toujours, je remercie Loufoca Granger de m'avoir bêtarisée (& de m'avoir rappelé de poster cette année xD) ; Que ferai-je sans toi hein ? :P
Bonne lecture !
Cupidon sous tension
14 Février 2006. Kovalam, Kerala, Inde.
Le sable glissait entre ses orteils, chatouillant presque agréablement sa peau. Quelques pas de plus et ils se retrouveraient dans l'eau. Une petite vaguelette vint caresser ses pieds et il grelotta malgré lui sous l'effet du froid. Il était trop tôt, le soleil qui venait seulement d'apparaître n'avait pas encore eu l'occasion de réchauffer l'océan qui s'étendait, à perte de vue.
Drago aurait voulu plonger, juste pour un petit bain revigorant, mais il n'en avait pas le temps. Il était sorti, s'échappant de sa chambre, pour une bonne raison, et attraper une pneumonie n'en était pas une. A regret, il relâcha son attention de cette surface houleuse pour revenir vers la civilisation. Quelques hommes vêtus aux couleurs de l'hôtel installaient des chaises longues et des parasols, en prévision de la belle journée qui attendait les touristes. Drago leur adressa un « Namaste » bien prononcé –il adorait crâner en apprenant des petits mots à chaque voyage- et ils lui répondirent en un chœur savamment orchestré.
Il enfila ses sandales pour ne pas salir le hall et récupéra ses clés auprès d'une jeune indienne plus que charmante à l'accueil. Autrefois, il se serait plu à la séduire sans doute. Mais quelqu'un l'attendait, et aucune femme –aussi belle soit elle – n'aurait pu tenir la comparaison. Il grimpa quatre à quatre les marches menant au premier étage et enfonça la clé dans la serrure de la première porte à sa gauche.
L'hôtel était luxueux et, dans un autre pays, ils n'auraient probablement pas pu s'offrir un tel décor. Leur chambre ressemblait à un appartement avec ce balcon, cette salle de bain, ce dressing et cet immense lit… Il s'arrêta sur le seuil pour contempler la jeune femme qui y dormait encore, perdue dans des draps d'un blanc lumineux, puis referma la porte dans son dos en tâchant de ne pas la réveiller.
Il lui fallut cinq bonnes minutes pour tout installer et appeler le service d'étage, mais il agit dans un silence de cathédrale, soucieux de ne pas rompre le charme. Lorsqu'il perçut les bruits de pas du serveur dans le couloir, il s'y rua, récupéra le plateau avec un sourire, et se renferma dans la chambre non sans avoir accroché le panneau « Ne pas déranger » à la porte.
Il s'avança vers le lit, déposa le repas sur la table de nuit et se glissa sous les draps, jusqu'à toucher l'épaule de sa jeune compagne. Il déposa un baiser dans le creux de son cou, humant son parfum de soleil et de sel. Sa peau s'était imprégnée d'eau de mer durant leur bain de minuit de la veille et s'y accrochait avec ferveur, tout comme lui.
« Hermione, c'est l'heure de se réveiller… »
Elle émit un petit soupir en appréciant la caresse des mains de Drago contre ses épaules et ouvrit doucement les yeux. Son regard papillonna des rideaux qui se balançaient au rythme du vent, à l'océan qu'elle apercevait par la fenêtre. Puis elle se retourna légèrement, jusqu'à croiser le regard d'argent de son amant. Il lui adressa un sourire à lui briser le cœur et elle ne patienta pas une seule seconde avant d'attirer sa bouche contre la sienne.
Il entoura sa taille de ses bras, la collant à lui comme pour se fondre en elle et sentit sa peau s'enflammer. Leur souffle commun se heurta, au même rythme, avide de plus sans pouvoir réellement l'obtenir. Du moins, pas pour le moment… Il avait à faire d'abord. Il ne s'était pas donné tant de mal pour rien. Il repoussa son désir aussi loin que possible, faisant preuve d'un contrôle hors-norme, et se détacha d'elle. Un grondement de frustration enfla dans la poitrine de la lionne et elle le fustigea du regard. Il s'excusa d'un petit rictus avant de se reculer, allant jusqu'à quitter le lit.
« J'ai préparé… une petite surprise.
- Pour quelle occasion ? Qu'est-ce que tu veux exactement ? s'étonna Hermione en se redressant d'un seul coup, curieuse et légèrement soupçonneuse.
- Et bien… »
Il baissa les yeux vers le sol, brusquement mal à l'aise. La veille, elle avait observé tous les couples de touristes qui évoquaient leurs projets pour la Saint-Valentin et avait paru lui en vouloir. Ces deux idées s'étaient associées dans son esprit et il s'était imaginé qu'elle voulait que lui aussi organise quelque chose pour cet événement. Et il détestait qu'elle lui en veuille. Il secoua la tête, chassant sa honte, ravalant la remarque désobligeante qui lui brûlait la gorge. Il aurait voulu être méchant, juste pour se défendre, mais savait que ce n'était pas la solution. Elle n'y était pour rien s'il avait une imagination si fertile dès qu'un problème les séparait.
« C'est la Saint-Valentin aujourd'hui. »
Ces mots eurent du mal à franchir la barrière de ses lèvres et l'expression d'Hermione ne l'aida pas beaucoup. Sa mâchoire s'était relâchée sous l'étonnement et elle ressemblait plus ou moins à un poisson sorti de l'eau. Finalement, elle étouffa –très mal- un rire avant de bredouiller :
« Et alors ?
- J'ai juste cru que… Laisse tomber. »
Il se releva brutalement, le corps crispé et s'éloigna en direction de la salle de bain sans un regard en arrière. Elle mit quelques secondes à comprendre qu'elle l'avait offensé et se figea, totalement perdue. Elle ouvrit la bouche, la referma, puis observa les lieux. Sur la table où ils déjeunaient tous les matins, il avait disposé un bouquet de ces fleurs magnifiques qu'elle avait vues au marché la veille, ainsi qu'un petit cadeau bien emballé. Et son petit-déjeuner préféré – à la française – l'attendait sur le plateau près du lit.
La boule au ventre, elle se laissa retomber sur le matelas, étourdie de remords. Drago pouvait être en colère –souvent, triste –parfois, stupide –là, il battait tous les records ; mais elle parvenait toujours à le faire sortir de son cocon, qu'il le veuille ou non. Une seule émotion était capable de maintenir la barrière entre eux désormais : l'humiliation. Et sans le vouloir, elle venait juste de l'humilier.
Elle se redressa d'un bond et s'enroula dans son drap afin de cacher sa nudité. S'armant de tout son courage –et Merlin seul savait à quel point il en fallait pour affronter un Malefoy blessé dans son orgueil– elle se dirigea vers la porte par laquelle Drago s'était engouffré quelques secondes plus tôt. Elle ne prit pas la peine de frapper puisqu'il n'aurait pas répondu, et l'ouvrit.
Il s'était allongé dans la baignoire déjà remplie et les joues d'Hermione s'enflammèrent lorsqu'elle comprit qu'il leur avait aussi fait couler un bain. Elle évita d'y songer, redoutant de laisser passer une infime émotion sur ses traits et se concentra sur ceux de Drago. Sa mâchoire était serrée, son regard d'un gris d'orage, mais elle n'avait pas peur. Elle n'avait plus peur. Elle avait subi sa colère et sa peine des années plus tôt et elle avait survécu. Une petite crise dans leur couple n'effacerait jamais ce qu'ils avaient vécu.
« Drago… chuchota-t-elle avec un sourire plein de promesses. On peut oublier ces dernières minutes ? Je me remets sous la couette et tu me réveilles à nouveau. On rejoue toute la scène…
- Tu ne connais pas ton texte, de toute évidence. Pas la peine d'accentuer davantage le ridicule de la situation. »
Mon ridicule, sembla hurler son cœur. Elle repoussa une boucle brune de son front avant de faire quelques pas jusqu'à la baignoire. Elle s'assit au bord, consciente du risque qu'elle prenait, et laissa glisser imperceptiblement son drap sur ses épaules nues, dévoilant jusqu'au haut de sa poitrine. D'accord, c'était un coup bas, mais toutes les solutions possibles devaient être exploitées. Il n'avait même pas levé les yeux vers elle. La situation était grave. Elle poussa un petit soupir, presque exaspéré, et tâcha de s'expliquer :
« J'ai été surprise, d'accord ? On ne peut pas dire que tu fasses souvent ce genre de choses, alors j'ai le droit de me poser des questions… Nous n'avons jamais fêté la Saint-Valentin. Pas une seule fois. Même pas à Venise alors qu'il y avait tous ces couples qui s'offraient des cadeaux autour de nous. Comment aurai-je pu imaginer une seule seconde que tu avais prévu quelque chose ?
- Attends, s'emporta-t-il en la regardant enfin. Parce que ça va être de ma faute maintenant ?! C'est toi qui es incapable d'accepter ce que j'ai à t'offrir !
- Quoi ?
- Et je t'ai payé le diner à Venise. Avec le plat et le dessert ! Et le champagne ! » ajouta-t-il en ponctuant chaque mot comme s'il s'agissait d'armes aiguisées.
Hermione se figea, résistant difficilement à l'envie de lui en coller une. S'ils avaient clairement défini leur relation, ils auraient pu dire qu'il était « son petit-ami », mais en tant que tel, il craignait sincèrement. Si elle était franche, elle aurait simplement dit qu'il assurait le service minimum, sauf dans l'enceinte de leur lit. Et parfois –comme ce jour là – elle lui en voulait.
« Et alors ? Tu penses peut-être que c'est suffisant ? Cesse donc de croire que tout est si facile, Drago. Tu ne fais jamais réellement attention à moi, alors j'avais parfaitement le droit d'être étonnée que pour une fois, Monsieur daigne être romantique ! »
Elle s'était mise à crier et sa voix partait dans les aigus. Un éclat de folie, d'hystérie même, anima ses iris et il serra les dents. Ils se disputaient rarement. Non, correction : ils ne se disputaient jamais. La dernière fois datait de sept longues années déjà, mais ils s'ignoraient plus qu'ils ne se chamaillaient et la réconciliation avait bien valu toute cette peine. Il redoutait presque que ce ne soit pas le cas cette fois ci. Il ne savait pas se disputer, ce n'était pas dans sa nature. Il cognait ou il fuyait. Il ne faisait jamais face. Mais il n'allait pas cogner Hermione et il ne pouvait pas fuir en tenue d'Adam.
« Et cet effort est tellement bien récompensé… railla-t-il avec une amertume bien réelle.
- Ne joue pas les martyrs ! Tu as déjà endossé le rôle du pauvre garçon à de nombreuses reprises, Drago, mais là, tu n'as aucune raison de le faire. Sois un peu adulte, par Merlin ! »
Le « Par Merlin » marqua la fin de l'existence de leurs cerveaux respectifs. Ou peut-être était-ce le ton sur lequel elle avait lancé cet ordre. Drago n'avait jamais eu l'intention de grandir, et il le montra à la perfection en une seule phrase, prononcée avec la voix trainante qui le caractérisait dix années plus tôt :
« Et toi, cesse donc d'agir comme une insupportable Miss-je-sais-tout. Tu es juste offensée que je sois meilleur que toi là-dedans !
- Dans quoi exactement ? répliqua-t-elle sans relever le petit surnom désobligeant dont il avait osé se servir.
- Dans notre relation. Je me débrouille bien mieux que toi, l'espèce de furie qui ne comprend absolument rien aux efforts que je dois faire pour supporter tout ce que tu me demandes. Je n'ai jamais voulu de tout ça, d'accord ? De cette relation, de ce « nous », de… Tu ne cherches même pas à comprendre ce que ça fait ! Je dois beaucoup travailler sur moi pour… »
Elle se leva d'un bond, interrompant ainsi la tirade qu'il s'apprêtait à énoncer et il remarqua un détail qu'il n'avait probablement pas voulu voir plus tôt. Les yeux d'Hermione s'étaient remplis de larmes, sans doute à l'évocation d'une insulte poussiéreuse. Miss-je-sais-tout. Ou peut-être qu'elle n'appréciait simplement pas qu'il la traite de furie. C'était ce qu'il croyait en tout cas et il regretta brusquement ce qu'il avait dit.
Il faillit sortir du bain pour l'attirer dans ses bras, mais son orgueil fixait ses muscles dans une position presque douloureuse. La voix tremblotante, Hermione parvint à murmurer :
« Si cela te demande tant d'efforts, peut-être que tu devrais simplement arrêter. »
Elle n'attendit même pas sa réponse et lui tourna le dos. Il resta figé, stupéfait par ce qu'elle venait de dire. Il aurait pu se terrer un peu plus longtemps derrière sa fierté qui venait de lui faire dire des choses qu'il regrettait déjà, mais il n'en fut pas capable. Il se redressa aussi rapidement que possible, craignant qu'elle ne quitte leur hôtel avant qu'il n'ait eu le temps de se sécher, et se contenta d'accrocher une serviette à sa taille avant de lui courir après. Il manqua de trébucher sur le carrelage, à cause de ses pieds mouillés, mais finit par atteindre leur chambre en un seul morceau.
Hermione était toujours là, évidemment, seulement débarrassée de son drap. Elle venait d'enfiler une culotte, mais déambulait trop peu vêtue, à la recherche d'une tenue. Il s'avança dans son dos, mal à l'aise, plus maladroit encore lorsqu'il s'agissait de se réconcilier.
« Hermione…
- Laisse-moi tranquille.
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Mes mots ont dépassés ma pensée. Je… »
Il savait que deux phrases pouvaient la calmer, la faire revenir à lui et effacer leur dispute. « Je suis désolé » ou « Je t'aime ». Il ne pouvait prononcer ni l'un ni l'autre sans un effort phénoménal, sans perdre encore un peu de sa carapace. Il ferma les yeux, le corps tendu, douloureux. Il devait dire quelque chose, n'importe quoi, ou agir, d'une façon ou d'une autre.
Il tendit la main vers elle, mais serra le vide. Elle était déjà à l'autre bout de la pièce, un t-shirt sur le dos, un jean enserrant ses cuisses. Elle pouvait partir désormais. Et tout serait oublié : ce qu'ils avaient vécu ensemble, ce qu'ils s'étaient fait subir l'un à l'autre, ce qu'ils avaient partagé, ce qu'ils s'étaient donné, ce qu'ils y avaient perdu… Il ne parvint pas à se faire à cette idée. En huit années, Hermione était devenue le pilier de son existence. Sa vie toute entière s'effondrerait au moment où elle le quitterait.
Elle avait déjà atteint la porte lorsqu'il admit, la voix brisée par l'angoisse :
« Je ne peux pas vivre sans toi. »
Cela valait bien tous les « Je t'aime » du monde. Elle s'arrêta et se retourna pour lui faire face. La fureur qui l'animait s'évanouit et ses joues se teintèrent d'un seul coup. Elle mordilla nerveusement ses lèvres, retenant le sourire qui menaçait d'y éclore et bredouilla :
« Vraiment ?
- Oui. Je te l'ai dit il y a longtemps… Je devrais peut-être te le répéter plus souvent. »
Et cela égalait toutes les excuses. Elle s'empourpra davantage en s'adossant à la porte, ses yeux brillants encore de larmes. Il fit quelques pas en sa direction, mais elle l'arrêta d'un geste de la main. Il serra les poings, agacé qu'elle doive encore et toujours s'assurer qu'elle pouvait lui faire confiance. Elle hésita une seconde avant de demander :
« Mais tu pensais ce que tu as dit dans la salle de bain ?
- Non. Enfin, si… Pour aujourd'hui. Tu as raison, ce n'est pas dans mes habitudes, mais j'avais espéré que cela se déroule différemment. Nous aurions dû petit-déjeuner au lit, tu aurais ouvert ton cadeau, puis nous aurions pris ce bain ensemble… C'était le plan.
- Et j'ai tout fait foirer, regretta-t-elle en un grognement.
- J'aurais dû te prévenir. Mettre un mot du style « Attention, demain, je serais super romantique, prépare-toi ! » ou… Le fait est que je ne devrais pas avoir à te tenir au courant en réalité. On est… une sorte de couple, tu devrais avoir l'habitude de ce traitement. »
Elle haussa les épaules, de plus en plus mal à l'aise. Elle aurait donné n'importe quoi pour qu'il soit toujours ainsi, elle devait l'admettre. Mais il ne tiendrait jamais à ce rythme. Elle le connaissait trop bien. Elle se contenterait de cette journée. Au moins une où tout serait parfait s'ils s'en donnaient un peu la peine. Il avait déjà fait la moitié du travail. Elle pouvait faire le reste.
D'un mouvement ample, elle sécha ses larmes et parcourut les lieux du regard. Elle remarqua qu'il était presque nu, que les fleurs risquaient de se faner et les croissants étaient déjà froids. Mais peu lui importait.
« On peut la rejouer alors ? »
Il ébaucha un sourire charmeur et acquiesça calmement, prêt à recommencer cette matinée et à la vivre exactement comme elle aurait dû se dérouler. Avec juste une heure de retard.
Hermione avait parfois la sensation de ne pas pouvoir se rappeler de tout, comme si son cerveau manquait de place. Pourtant, il lui en fallait bien pour garder chaque voyage à l'esprit. Généralement, une odeur, un goût, ou juste la vision d'une couleur suffisait à ranimer ses souvenirs. Pour l'Inde, ce fut le parfum des fleurs –celles que Drago lui avait offertes et qui envahissaient les marchés.
Drago, lui, ne se rappelait que d'une chose : l'avalanche de couleurs dans les rues, et ce qu'il avait imaginé pendant quelques secondes en observant tous ces gens.
Main dans la main, ils se faufilaient entre les corps pressants des habitants de Thiruvananthapuram –la plus grande ville à des dizaines de kilomètres de leur hôtel. Le marché menaçait de les avaler, mais ils ne se lâchaient pas, refusant de se perdre. Cela leur était déjà arrivé dans d'autres villes et la situation n'avait rien eu d'amusante : demander de l'aide à des gens qui ne parlaient pas un mot d'anglais n'était guère efficace. La paume d'Hermione était moite et elle faillit desserrer l'étau de ses doigts autour de ceux de Drago. Il le sentit et se figea. Ses mots furent noyés dans le brouhaha environnant, mais Hermione réussit à lire sur ses lèvres :
« On y est presque.
- On devrait faire demi-tour ! Revenir un jour de… non-marché.
- Nous sommes en Inde, Hermione. Il y a toujours des marchés. »
Il roula des yeux dans ses orbites, narquois, et l'ancienne Gryffondor soupira. Elle détestait les bains de foule. Un filet de sueur coula le long de sa colonne vertébrale. Elle était en nage. Ses cheveux devaient frisotter encore plus que d'habitude. L'ancien Drago en aurait profité pour se moquer –le nouveau aussi d'ailleurs, mais leur dispute était encore trop fraiche dans son esprit et il n'osa pas prendre de risque.
Il fut bousculé par la foule et se retrouva collé à elle. Sans réfléchir, il l'embrassa pour la rassurer et elle se laissa aller contre son torse, malgré la moiteur de sa peau. Il relâcha finalement son baiser et glissa ses lèvres jusqu'à son oreille afin qu'elle entende ce qu'il avait à dire.
« Tu me parles de cette bibliothèque depuis qu'on est arrivés, Hermione. Pas question de laisser tomber. On y va, tu admires pendant que je grommelle pour la forme et on rentre à l'hôtel pour… »
Il se décrocha d'elle pour hausser les sourcils d'une manière très subjective, la laissant deviner toute seule la suite de sa phrase. Elle éclata de rire face à sa mimique, puis s'accrocha au bas de sa chemise, prête à jouer des coudes. Elle le laissa l'attirer dans la foule, sans le lâcher une seule seconde, et avant qu'elle n'ait eu le temps de paniquer à nouveau, ils se retrouvèrent près des barrières qui séparaient le marché du reste du monde.
Drago ne chercha pas de sortie prévue, préférant l'enjamber, et il aida Hermione à faire de même. Ils retrouvèrent leur respiration en avalant une bouffée d'air frais, et Drago tourna un instant sur lui-même pour se repérer. Il désigna finalement la gauche de la grande place sur laquelle ils se trouvaient et elle fronça les sourcils.
« Tu es sûr ?
- Tu ne fais pas confiance à mon instinct ? »
Elle grimaça, dévoilant ainsi parfaitement ce qu'elle pensait de son instinct. Il fut pris d'une envie de rire puisqu'il savait à quoi elle pensait, mais joua les ignorants. Hermione croisa ses bras sur sa poitrine et –faussement agacée- rétorqua :
« Tu parles du même instinct qui nous a conduit dans un bordel à Bangkok ?
- Le tien nous conduit toujours dans des bibliothèques ou des centres bizarres… Je préfère le mien. Il est beaucoup plus amusant. Il nous promet toujours de belles surprises !
- On va demander notre chemin, Drago, soupira-t-elle sans relever ses idioties.
- Où est passé ton sens de l'aventure ?
- Je l'ai perdu en apprenant que je ne valais que mille satangs.
- Mille satangs et un kilo de riz. »
Elle haussa un sourcil interrogateur, lui demandant silencieusement si selon lui, elle ne valait vraiment que ça, et il passa nerveusement sa main dans ses cheveux sans répondre. Elle lui enfonça son coude dans les côtes, trop tendrement pour lui faire mal, et il étouffa un ricanement moqueur.
« C'est pour ça que j'ai refusé la transaction, tu sais. Ce n'était pas suffisant.
- Ah, parce que tu aurais accepté, autrement ?
- J'aurais au moins fait mine de réfléchir, mentit-il, un sourire au bord des lèvres avant de surprendre son regard assassin. Je plaisantais… Et je sais où nous sommes, Hermione. J'ai regardé le plan avant de quitter l'hôtel. Ta fichue bibliothèque est à côté du temple qu'on voit là-bas ! »
Il désigna un toit multicolore, perçant derrière les tentures du marché, et elle décida de le croire. Il emmêla à nouveau ses doigts aux siens et ils avancèrent dans les rues pleines de monde sans lâcher le toit du temple. Finalement, ils atteignirent la bibliothèque tant recherchée et un immense sourire marqua les lèvres d'Hermione. Drago, lui, parut moins emballé. Elle tenait toujours à visiter les bibliothèques de chaque ville, comme s'il s'agissait de lieux touristiques, mais lui voyait toujours la même chose.
« Merci, Drago. Tu viens avec moi ?
- Uhm… Je vais t'attendre ici. Prend tout ton temps. » Proposa-t-il en croisant les doigts pour que ça ne dure pas trois heures.
Elle déposa un baiser sur sa joue mal rasée et se rua vers les portes d'où quelques badauds s'extirpaient, l'air épuisé. Drago poussa un soupir dépité, puis alla s'installer sur les marches du bâtiment juste en face, les yeux fixés sur Hermione qui disparut brusquement dans la pénombre. Il bascula finalement la tête en arrière, jaugea le soleil jusqu'à ce que ses rayons le brûlent, et regretta de ne pas être au bord de l'eau. Avec cette chaleur, il aurait donné n'importe quoi pour un petit plongeon.
Une musique attira son attention et il jeta un coup d'œil vers le temple, éclat de couleur dans la grisaille de la vie. Ici, tout était sale, comme dans les villes occidentales, et les seules traces de l'identité indienne s'exposaient dans leurs lieux de cultes, sur leurs marchés aux saveurs si particulières, et sur les vêtements des habitants. Il se redressa sur ses coudes pour observer les gens qui sortaient du bâtiment rouge et or –évitant de penser à son ancienne maison ennemie- et esquissa un sourire en remarquant un couple de jeunes mariés.
Ils étaient beaux, jeunes et amoureux, et Drago fut comme attiré par ce qu'ils dégageaient. Il trouvait les mariages ennuyeux en général : l'idée de se faire passer un jour la corde au cou ne lui avait même jamais traversé l'esprit. Hermione et lui étaient bien au-dessus de ça, leurs désirs étaient différents de ceux du commun des mortels. Il se sentit présomptueux d'oser les mettre sur une sorte de piédestal, mais c'était ainsi qu'il les voyait.
Pourtant, son attention ne se détacha pas du jeune couple. Une émotion fugace le perturba, et il la définit rapidement comme de la jalousie. Tâchant de comprendre ce ressenti, il scruta les gens qui célébraient l'union de ces deux inconnus. Tout était lumineux, éclatant d'un bonheur pur et éphémère. Non, cela ne pouvait durer toujours. Il plissa les yeux pour remarquer les détails, toutes les couleurs qui agressaient sa rétine, et le parfum de ce qu'ils faisaient brûler –pour porter chance, pour chasser les esprits, ou il ne savait quelle ânerie.
« Drago, il faut que tu viennes voir ça ! »
Il tourna la tête pour remarquer qu'Hermione l'avait rejoint, un sourire béat aux lèvres –cela l'agaça un peu que des livres puissent la mettre dans un état juste en existant alors que lui devait au moins se mettre nu.
« Voir quoi ? s'enquit-il, soupçonneux.
- Ils ont un rayonnage entier de livres de magie. C'est incroyable, je te jure ! Je me demande si leur ministère sorcier est au courant... Mais il faut absolument que tu viennes ! C'est magnifique. Ils ont des énormes grimoires qui datent au moins de… »
Elle s'interrompit, poussa un profond soupir dépité, et se laissa tomber à côté de lui avec un air abattu.
« Non, laisse tomber, ça ne t'intéresserait même pas. »
Il secoua la tête pour lui donner raison avant de passer un bras par dessus ses épaules pour l'attirer contre son torse.
« Sans doute pas, mais on peut aller voir quand même…
- Tu veux ?
- Oui, répondit-il en pensant que ça ne lui disait trop rien mais qu'il pouvait lui faire plaisir. On peut rester encore deux minutes avant d'y aller ? Il y a un mariage là-bas. Tu sais comment ça va se finir ?
- Par un divorce.
- Je parlais de la cérémonie, Hermione.
- Alors non… Je ne suis pas certaine que leurs festivités se terminent comme celles qu'on a vu ailleurs. Tu veux rester regarder ? »
Il acquiesça et reporta son attention sur le mariage. Hermione déposa quelques petits baisers mouillés sur sa nuque, pas intéressée du tout par l'événement. Ils n'avaient jamais réellement évoqué l'idée de rendre leur relation plus officielle et son cerveau s'était mis à repousser les mots comme « engagement » au bout de quelques années. Elle ne comprit pas qu'ils venaient de naitre dans celui de son amant.
« Hermione…
- Mmh ? émit-elle en se collant davantage à lui.
- Je crois que si je devais me marier, je le ferais dans un pays comme celui-ci. »
Elle se crispa d'un seul coup et s'efforça d'éloigner sa bouche du corps chaud de l'homme qui venait de lui provoquer une mini-crise cardiaque. Les yeux écarquillés, elle le contempla une seconde avant qu'il ne le remarque et l'observe à son tour.
« Quoi ?
- Personne ne va te forcer à te marier, Drago.
- Je le sais pertinemment. Je disais juste que…
- Aurais-tu accepté cet alcool étrange qu'a proposé le serveur ce midi ? Parce que tu n'as pas l'air dans ton état normal.
- Je formulais juste une idée, Hermione. Je n'allais pas te demander en mariage, ne t'inquiètes pas.
- Cela ne m'inquiète pas », mentit-elle, mal, sa voix la trahissant en flanchant sur le « pas ».
Il leva les yeux au ciel, puis se mit debout avant de lui tendre la main. Il ne voulait pas lui faire peur en admettant que cette idée de mariage ne le rendait plus aussi malade qu'auparavant. Après tout, ils agissaient comme un couple marié depuis longtemps : ils n'avaient pas passé plus de quelques heures séparés depuis une éternité, étaient fidèles l'un à l'autre… L'alliance seule manquait.
Il jeta un dernier coup d'œil au temple et au jeune homme qui scrutait sa jeune épouse avec l'air de ne pas croire en sa chance. Drago s'imaginait facilement avec la même tête –il devait d'ailleurs beaucoup y ressembler lorsqu'il passait une nuit entre les bras de sa lionne. Pourtant, il sentait que le moment n'était pas prédisposé à une demande –et un refus l'aurait achevé. Ainsi, il serra les doigts d'Hermione dans les siens et lui posa une autre question, dont la réponse était plus évidente :
« On va voir ces livres alors ? »
Elle acquiesça vigoureusement avant de le tirer vers la bibliothèque, débitant un flot d'informations discontinues au sujet du lieu qui n'avait pourtant pas une grande histoire. Il l'écouta d'une oreille inattentive en se rassérénant comme il pouvait : un jour, elle aurait peut-être envie à nouveau de mettre un nom sur leur relation. Et lorsque ce serait le cas, ce temple serait toujours là, prêt à les accueillir.
Note _ Voilivoilou ! J'espère qu'il vous a plu ! :D N'hésitez pas à laisser un petit message… ^.^
(Pour ceux qui attendaient les résultats du sondage pour ma prochaine fic, je les donnerai demain sur le blog ! Désolée pour le retard d'une journée. xD)
Bonne Saint-Valentin les coupains :P (Oui c'était juste pour la rime !)
Bewitch_Tales