SIXÈME ANNÉE

1

L'événement de l'année

Cette nouvelle année commença sous la pluie. Tous les élèves étaient trempés et pour couronner le tout Peeves, l'esprit frappeur, s'amusait à lancer des ballons rouges pleins d'eau sur les jeunes gens.

_ PEEVES ! hurla le professeur McGonagall. Peeves, descends IMMÉDIATEMENT !

Elle venait de sortir de la Grande Salle. Elle glissa sur le sol humide et se rattrapa au cou d'Hermione Granger, une quatrième année, bien connu pour faire partie des Gryffondor les plus doués de l'école.

_ Aïe … Désolée, Miss Granger…

_ Il n'y a pas de mal, professeur !

_ Peeves, descends TOUT DE SUITE !

Elle redressa son chapeau et lança à Peeves un regard noir.

_ Je ne fais rien de mal, professeur ! dit-il en jetant une nouvelle bombe sur un groupe de filles qui se réfugièrent en hurlant dans la Grande Salle.

_ Ils sont déjà mouillés, non ? Petits morveux ! Ha ! Ha ! ricana-t-il en lançant une autre bombe sur les deuxième année qui venaient d'arriver.

_ Je vais appeler le directeur ! Je te préviens, Peeves !

Celui-ci lui tira la langue, jeta en l'air la dernière de ses bombes à eau et fila dans l'escalier de marbre en glapissant comme un fou.

_ Bon, allons-y, maintenant ! dit le professeur McGonagall. Tout le monde dans la Grande Salle !

Kaya suivit le groupe d'élèves. La Grande Salle était toujours aussi splendide avec ses décorations en l'honneur du festin de début d'année. Assiettes et gobelets d'or scintillaient à la lumière de centaines de chandelles qui flottaient en l'air au-dessus des convives. Les quatre tables des maisons étaient fidèles au poste ainsi que celle des professeurs, où le professeur Flitwick était assis à côté du professeur Chourave, qui bavardait avec le professeur Sinistra. De l'autre côté on pouvait voir le professeur Snape, à côté de qui il y avait une chaise vide, certainement celle du professeur McGonagall. Au centre de la table siégeait le professeur Dumbledore qui avait joint ses longs doigts fins sous son menton et contemplait le plafond, perdu dans ses penses. Hagrid devait être avec les premières années et le nouveau professeur de Défense contre les forces du mal se faisait désirer. Kaya s'assit à la table des Gryffondor, où elle fut rejointe par Célia et Médéa. Elle n'avait pas revu le professeur Snape depuis leur dispute pendant les vacances. Du moment où elle était entrée, il n'avait cessé de la regarder de ses yeux pénétrants, mais de son côté elle s'astreignait à faire comme s'il n'était pas là.

Les grandes portes s'ouvrirent, laissant passer le professeur McGonagall et les nouveaux venus trempés jusqu'à l'os, l'un d'eux avait sur le dos le manteau en peau de taupe d'Hagrid, il était tellement grand pour lui qu'il dépassait tout juste du col, ce qui fit gentiment rire la jeune sorcière, attendrie par cette vision.

Le professeur McGonagall posa alors sur le sol un tabouret à trois pieds et y plaça le Choixpeau, qui se mit à chanter :

« Voici un peu plus de mille ans

Lorsque j'étais jeune et fringuant

Vivaient quatre illustres sorciers

Dont les noms nous sont familiers :

Le hardi Gryffondor habitait dans la plaine,

Poufsouffle la gentille vivait dans les chênes,

Serdaigle la loyale régnait sur les sommets,

Serpentard le rusé préférait les marais.

Ils avaient un espoir, un souhait et un rêve,

Le projet audacieux d'éduquer les élèves,

Ainsi naquit Poudlard

Sous leurs quatre étendards.

Chacun montra très vite

Sa vertu favorite

Et en fit le blason

De sa propre maison.

Aux yeux de Gryffondor, il fallait à tout âge

Montrer par-dessus tout la vertu de courage,

La passion de Serdaigle envers l'intelligence

Animait son amour des bienfaits de la science

Poufsouffle avait le goût du travail acharné,

Tous ceux de sa maison y étaient destinés,

Serpentard, assoiffé de pouvoir et d'action,

Recherchait en chacun le feu de l'ambition.

Ainsi, tout au long de leur vie,

Ils choisirent leurs favoris,

Mais qui pourrait les remplacer

Quand la mort viendrait les chercher ?

Gryffondor eut l'idée parfaite

De me déloger de sa tête

Les quatre sorciers aussitôt

Me firent le don d'un cerveau

Pour que je puisse sans erreur

Voir tout au fond de votre coeur

Et décider avec raison

Ce que sera votre maison ! »

Lorsqu'il eut fini tout le monde applaudit. Le professeur de métamorphose déroula un grand parchemin.

_ Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Lorsque le chapeau annoncera le nom de votre maison, vous irez prendre place à la table correspondante. Je commence : Ackerley, Stewart !

Le jeune garçon prit le chapeau, le posa sur sa tête et s'assit.

_ Serdaigle ! cria le Choixpeau.

_ Baddock, Malcolm !

_ Serpentard !

Fred et George sifflèrent Baddock lorsqu'il s'assit à la table.

_ Branstone, Eleanor !

_ Poufsouffle !

_ Cauldwell, Owen !

_ Poufsouffle !

_ Crivey, Dennis !

Le petit Dennis enfoui dans le manteau de fourrure s'avança en se prenant les pieds dedans.

_ Gryffondor !

Le garçon accourut auprès de Colin, un Gryffon de troisième année, qui semblait être son grand frère. Le choixpeau continua la répartition.

_ Madley, Laura !

_ Poufsouffle !

_ McDonald, Natalie !

_ Gryffondor !

_ Pritchard, Graham !

_ Serpentard !

_ Quirke, Orla !

_ Serdaigle !

_ Whitby, Kevin !

_ Poufsouffle !

La Répartition était terminée, le professeur McGonagall prit le Choixpeau et le tabouret et s'assit à côté du professeur Snape, qui observait inlassablement Kaya. Le directeur s'était levé, toujours souriant, il ouvrit les bras pour souhaiter bienvenue à tous les élèves.

_ Je n'ai que deux mots à vous dire : Bon appétit !

Les plats se remplirent et les élèves se jetèrent dessus.

Kaya se surprit à penser à son frère adoptif, elle était un peu triste de ne plus voir Oli'. Rien qu'à cette pensée, sa gorge se resserra. Elle sentait toujours le regard froid du professeur de potions sur elle, ce qui lui donnait la chair de poule. Pour se forcer à ne plus y penser, elle écouta le récit des aventures de ses amies durant tout le repas.

À la fin de celui-ci Albus Dumbledore se releva, mettant fin aux bavardages.

_ Et voilà ! dit-il. Maintenant que nous avons été nourris et abreuvés, je dois, une fois de plus, vous demander votre attention afin de vous donner quelques informations. Mr Rusard, le concierge, m'a demandé de vous avertir que la liste des objets interdits dans l'enceinte du château comporte également cette année les Yo-Yos hurleurs, les Frisbees à dents de serpent et les Boomerangs à mouvement perpétuel. La liste complète comprend quatre cent trente-sept articles, si mes souvenirs sont exacts, et peut être consultée dans le bureau de Mr Rusard, pour ceux qui seraient intéressés. Je voudrais également vous rappeler que comme toujours la forêt est interdite à tous les élèves et le village de Pré-au-Lard à celles et ceux qui n'ont pas encore atteint la troisième année d'études. Je suis également au regret de vous annoncer que la Coupe de Quidditch des Quatre Maisons n'aura pas lieu cette année, cela est dû à un événement particulier qui commencera en octobre et se poursuivra tout au long de l'année scolaire, en exigeant de la part des professeurs beaucoup de temps et d'énergie. Mais je suis persuadé que vous en serez tous enchantés, J'ai en effet le grand plaisir de vous annoncer que cette année, à Poudlard ….

Un coup de tonnerre assourdissant retentit et les portes de la Grande Salle s'ouvrirent à la volée. Un homme se tenait sur le seuil, appuyé sur un grand bâton et enveloppé d'une cape de voyage noire. Un éclair l'illumina, il retira son capuchon, secoua une longue crinière de cheveux gris sombre, puis s'avança en direction de la table des professeurs. Un claquement sourd, régulier, résonnait en écho dans la Grande Salle, ponctuant ses pas. Il se dirigea vers Dumbledore, lui serra la main, s'assit et commença à manger.

_ Je vous présente notre nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, déclara Dumbledore. Le professeur Maugrey.

Seul Le directeur et Hagrid applaudirent, le reste de l'auditoire restant figé par cette entrée des plus inquiétante. Les cours de défense s'annonçaient, cette année encore, particulièrement intéressants.

_ Comme je m'apprêtais à vous dire, nous allons avoir l'honneur d'accueillir au cours des prochains mois un événement que nous n'avons plus connu depuis un siècle. J'ai le très grand plaisir de vous annoncer que le Tournoi des Trois Sorciers se déroulera cette année à Poudlard.

_ VOUS PLAISANTEZ ! s'exclama Fred Weasley.

Presque tout le monde éclata de rire.

_ Non je ne plaisante pas, Mr Weasley. Mais si vous aimez la plaisanterie, j'en ai entendu une très bonne, cet été. C'est un troll, une harpie et un farfadet qui entrent dans un bar …

Le professeur McGonagall s'éclaircit bruyamment la gorge.

_ Heu … c'est vrai…, dit-il. Le moment n'est peut-être pas venu de … Où en étais-je ? Ah, oui, le Tournoi de Trois Sorciers… Certains d'entre vous ne savent pas en quoi consiste ce tournoi, je demande donc à ceux qui savent de me pardonner d'avoir à donner quelques explications. Pendant ce temps-là, ils sont autorisés à penser à autre chose. Le Tournoi des Trois Sorciers a eu lieu pour la première fois il y a quelque sept cents ans. Il s'agissait d'une compétition amicale entre les trois plus grandes écoles de sorcellerie d'Europe – Poudlard, Beauxbâtons et Durmstrang. Un champion était sélectionné pour représenter chacune des écoles et les trois champions devaient accomplir trois tâches à caractère magique. Chaque école accueillait le tournoi à tour de rôle tous les cinq ans et tout le monde y voyait un excellent moyen d'établir des relations entre jeunes sorcières et sorciers de différentes nationalités – jusqu'à ce que le nombre de morts devienne si élevé que la décision fut prise d'interrompre le tournoi. Au cours des siècles, il y a eu plusieurs tentatives pour rétablir le tournoi, mais aucune n'a rencontré un grand succès. Cette année, pourtant, notre Département de la coopération magique internationale et celui des jeux et des sports magiques ont estimé que le moment était venu d'essayer de le faire revivre. Nous avons tous beaucoup travaillé au cours de l'été pour nous assurer que, cette fois, aucun champion ne se trouvera en danger de mort. Les Responsables de Beauxbâtons et de Durmstrang arriveront en octobre avec une liste de candidats et la sélection des trois champions aura lieu le jour de Halloween. Un juge impartial décidera quels sont les élèves qui sont le plus dignes de concourir pour le Trophée des Trois Sorciers, la gloire de leur école et une récompense personnelle de mille Gallions. Je sais que vous êtes tous impatients de rapporter à Poudlard le Trophée des Trois Sorciers, mais les responsables des trois écoles en compétition, en accord avec le ministère de la magie, ont jugé qu'il valait mieux, cette année, imposer de nouvelles règles concernant l'âge des candidats. Seuls les élèves majeurs- c'est-à-dire qui ont dix-sept ans ou plus – seront autorisés à soumettre leur nom à la sélection. Il s'agit là, dit-il en haussant la voix pour qu'on l'entende par-dessus les exclamations scandalisées, il s'agit là, dis-je, d'une mesure que nous estimons nécessaire, compte tenu de la difficulté des tâches imposées qui resteront dangereuses en dépit des précautions prises. Il est en effet hautement improbable que des élèves n'ayant pas encore atteint la sixième ou la septième année d'études puissent les accomplir sans risques. Je m'assurerai personnellement qu'aucun élève d'âge inférieur à la limite imposée ne puisse tricher sur son âge pour essayer de se faire admettre comme champion de Poudlard par notre juge impartial. Je vous demande donc de ne pas perdre votre temps à essayer de vous porter candidat si vous avez moins de dix-sept ans. Comme je vous l'ai déjà dit, les délégations des écoles de Beauxbâtons et de Drumstrang arriveront en octobre et resteront parmi nous pendant la plus grande partie de l'année scolaire. Je ne doute pas que vous manifesterez la plus grande courtoisie envers nos hôtes étrangers tout au long de leur séjour et que vous apporterez votre entier soutien au champion de Poudlard lorsqu'il – ou elle – aura été désigné. Mais il se fait tard, à présent, et je sais combien il est important que vous soyez frais et dispos pour vos premiers cours, demain matin. Alors, tout le monde au lit ! Et vite !

Il se rassit et se tourna vers Maugrey. Tout le monde obéit et prit le chemin de sa salle commune, sauf les jumeaux qui étaient furieux de ne pas pouvoir se présenter au championnat.

Le lendemain matin, Kaya entra dans la Grande Salle pour prendre son petit déjeuner et son emploi du temps. Les quarte directeurs de maisons étaient présents, Kaya ignora royalement le professeur Snape tout en se dirigeant vers le professeur McGonagall qui, comme à l'accoutumée, accueillit la jeune fille avec un grand sourire.

_ Miss Gilmore, cette année vous devez choisir dans quelles matières vous souhaitez poursuivre vos études. Vous avez le choix entre toutes, étant donné vos résultats.

_ Je pensais poursuivre sortilèges, défense contre les forces du Mal, métamorphose, botanique, potion, histoire de la magie et soins aux créatures magiques.

Le professeur McGonagall lui sourit et lui donna un rouleau de parchemin.

_ Je suis très heureuse de vous compter à nouveau parmi mes élèves, Miss Gilmore.

_ Merci. J'aime beaucoup votre matière. Et vous êtes un excellent professeur. Je n'aurai pas pu faire autrement.

Alors que Kaya prenait son petit déjeuner en inspectant son emploi du temps, le professeur Dumbledore s'avança vers elle et lui demanda de le suivre.

_ Assieds-toi, lui dit-il tout en passant de l'autre côté de son bureau. Tu sais peut-être pourquoi je t'ai demandé de venir.

_ Non, je ne vois pas, lui répondit-elle un peu troublée d'être si tôt convoquée dans le bureau directorial.

_ Le professeur Snape m'a parlé d'un petit incident qu'il se serait passé entre vous cet été.

Elle ne répondit rien mais continua à le regarder dans les yeux, sentant que la conversation n'allait pas tourner en sa faveur.

_ Kaya, tu dois apprendre à te contrôler. Tu peux mettre la vie des gens qui t'entourent en grand danger. D'autant plus que nous ne connaissons pas l'étendue de tes pouvoirs.

_ Je suis désolée professeur.

_ Je suis sûr que tu l'es, mais je veux que trois soirs par semaines tu t'entraines pour les prendre en mains et ceci prend effet dès ce soir, après le diner. Tu attendras dans la Grande Salle qu'on vienne te chercher.

_ Très bien, soupira-t-elle, excédée qu'on ne lui demande pas son avis.

_ Tu peux retourner dans la Grande Salle.

Elle sortit du bureau et alla directement dans son dortoir chercher ses affaires pour le premier cours de la journée.

L'après-midi, les sixième année avait leur premier cours de défense contre les forces du Mal, avec leur nouveau professeur, qu'ils espéraient aussi bon que Lupin. Le professeur Maugrey Fol'œil dégageait quelque chose d'inquiétant, voire de dérangent. Cela aurait pu provenir de son œil, mais pas exclusivement. Sa présence mettait extrêmement mal à l'aise. Pour introduire l'année, il avait décidé de faire son cours sur les Détraqueurs.

_ Les Détraqueurs comptent parmi les plus répugnantes créatures qu'on puisse trouver à la surface de la terre. Ils infestent les lieux les plus sombres, les plus immondes, ils jouissent de la pourriture et du désespoir, ils vident de toute paix, de tout espoir, de tout bonheur, l'air qui les entoure. Même les Moldus sentent leur présence, bien qu'ils ne puissent pas les voir. Quand on s'approche trop près d'un Détraqueur, toute sensation de plaisir, tout souvenir heureux disparait. Si on lui en donne le temps, le Détraqueur se nourrit des autres jusqu'à les réduire à quelque chose qui lui ressemble - des êtres maléfiques, dépourvus d'âme. Celui qui subit son pouvoir ne garde plus en mémoire que les pires moments de sa vie. Ils se nourrissent des émotions humaines positives ; une grande foule est pour eux un festin. Ils privent un sorcier de ses pouvoirs s'ils restent trop longtemps en sa présence. Ils sont les gardes de la prison d'Azkaban et en font un endroit horrible. Il existe des moyens de se défendre contre les Détraqueurs, en particulier le sortilège du Patronus. Le souffle d'un Détraqueur est rauque et il semble vouloir aspirer autre chose que l'air d'une pièce où il se trouve. Ses mains sont luisantes, grisâtres, visqueuses et couverte de croûtes. Il dégage de la froideur. La dernière arme du Détraqueur est la pire ; elle s'appelle le Baiser du Détraqueur. Le Détraqueur enlève sa cagoule, referme sa mâchoire sur les lèvres de sa victime et aspire son âme, le laissant comme une "coquille vide", vivant mais complètement et irrémédiablement "parti".

Cette première heure de défense laissa une grande impression, surtout d'effroi. Kaya retrouva bien, dans la description de Fol'œil, la créature qu'elle avait contemplé le soir où Snape l'avait amené dans le bureau de Dumbledore et apprit enfin la vérité sur ses origines.

À la fin du diner, Kaya resta assise alors que tous les autres montaient dans leur salle commune. Quand la Grande Salle fut quasiment vide, elle put voir Dumbledore s'avancer vers elle en compagnie du professeur Snape. Elle se leva d'un bon. Quand ils arrivèrent à côté d'elle, elle foudroya le directeur du regard.

_ Pourquoi lui ? demanda-t-elle énervée.

_ Parce que je suis très occupé cette année avec le championnat et aussi parce que le professeur Snape est la seule autre personne à être au courant pour toi, sans parler du fait qu'il a une facilité déconcertante pour te faire sortir de tes gons et te faire utiliser tes pouvoirs, lui expliqua-t-il calmement.

_ Cela ne me réjouit pas plus que vous Miss Gilmore, lança l'homme au regard glacé.

_ Alors pourquoi avoir accepté ? Vous auriez pu décliner l'offre, lui cracha-t-elle à la figure.

_ Je vois que les leçons commencent bien, s'interposa le directeur en souriant. Bon je vais vous laisser maintenant. Bonne soirée.

« Bonne soirée ! Tu parles, pensa Kaya hors d'elle. »

_ Suivez-moi, Gilmore, dit sèchement Snape.

Sachant qu'elle n'avait pas le choix, elle obéit sans rien dire. Ils montèrent au septième étage et prirent le couloir de gauche. Kaya n'avait jamais eu l'occasion de monter dans cette partie du château. Ils passèrent devant une immense tapisserie représentant Barnabas le Follet, qui tentait d'apprendre à des trolls l'art de la danse, quand Snape fit demi-tour. Kaya s'arrêta net. Puis il revint vers elle.

« Mais que fait-il ? se demanda-t-elle. »

Il faisait les cents pas, passant trois fois devant la tapisserie, sous le regard interloqué de son élève, qui ne bougeait pas. Puis une porte apparut sur le mur qui était jusque-là entièrement vide. Kaya était bouche bée, elle était loin de s'imaginer que l'école avait des pièces secrètes, autre que la chambre des secrets. Snape ouvrit la porte et se retourna vers Kaya.

_ Bougez-vous Gilmore. On ne va pas y passer la nuit.

Ils entrèrent dans une immense salle, où les murs étaient recouverts de grandes bibliothèques remplies de livres en tous genres, le sol était protégé de tapis de gym, certainement pour amortir les éventuelles chutes. Au centre de celle-ci il y avait plusieurs mannequins, tenus debout par un pied en bois.

_ Commençons. Je veux que vous attaquiez l'un de ces mannequins.

_ Mais je ne sais pas comment !

_ Vous le faites exprès ! s'écria-t-il. Repensez à quelque chose qui vous a mis extrêmement en colère !

Elle se mit à sourire.

_ Qu'est-ce qui vous fait rire ? hurla-t-il.

_ Ça paraît très simple pour vous en tout cas, rigola-t-elle.

Puis elle se retourna vers l'un des mannequins. Elle se concentra de toutes ses forces pour se souvenir de ce qui l'avait mise hors d'elle la dernière fois. Elle repensa à cet été, à ses visites qu'elle aimait tant jusqu'au jour où … Un léger vent se leva, qui fit voler ses cheveux, qui fonçaient à vue d'œil, puis il se fit de plus en plus fort. Elle se trouvait à présent au cœur d'une petite tornade, ses yeux étaient devenus entièrement noirs, des étincelles jaillissaient de ses doigts tendus. Elle leva sa main droite en direction du mannequin et un éclair la lia à lui. Des flammes apparurent sur celui-ci. Elle baissa son bras et poussa un cri aussi strident que celui d'un aigle, qui obligea Snape à se protéger les oreilles de ses deux mains. Puis elle tomba à genoux sur le sol, exténuée. Le vent s'arrêta, ses cheveux et ses yeux reprirent leurs couleurs originelles. Snape sortit sa baguette, la pointa sur le mannequin et lança un sortilège d'extinction pour éteindre le feu.

_ Relevez-vous, lui ordonna-t-il.

Elle se remit péniblement sur ses jambes. Elle semblait très affaiblie.

_ Recommencez !

Elle fixa de nouveau l'un des mannequins, se concentra, mais cette fois-ci rien ne se produisit.

_ Alors ? Vous pensez sincèrement que je vais passer ma nuit ici ? grogna-t-il.

_ Je suis fatiguée, dit-elle tout doucement.

_ Arrêtez de vous plaindre !

Elle le fusilla du regard, elle tremblait. Ses cheveux se foncèrent et se remirent à voler légèrement, ses yeux redevinrent noirs. Elle retomba un genou à terre, mais ne le quitta pas des yeux une seconde. Sa respiration s'accéléra, elle plissa les yeux et Snape traversa la pièce, pour venir s'écraser contre l'une des bibliothèques. Il glissa sur le sol inconscient. Kaya se calma, s'appuya à quatre pâtes sur les matelas et s'effondra finalement, évanouie. Quand elle revint à elle, elle leva la tête et s'aperçut que Snape n'avait pas bougé. Elle s'efforça de ramper vers lui. Quand elle l'eut atteint, elle le saisit par le col de sa cape et le secoua pour le réveiller, voyant que cela n'avait pas l'effet escompté, elle le gifla du peu de force qui lui restait, mais il n'ouvrit pas les yeux pour autant. Des larmes commençaient à apparaître dans les yeux de la jeune fille. Elle avait peur qu'il soit dans le coma, sa respiration et les battements de son cœur lui indiquant qu'il était en vie. Elle s'adossa contre la bibliothèque et le prit dans ses bras. Elle passa sa main dans ses cheveux pour lui soutenir la tête. Quand elle eut posé celle-ci dans le creux de son bras, elle regarda sa main tachée de sang.

« Mon Dieu ! Non ! »

Elle se mit à pleurer. Il fallait qu'elle aille chercher quelqu'un mais elle ne pouvait se résigner à le laisser seul ici, d'ailleurs quelle explication aurait-elle pu donner ? Elle serra la tête de son professeur contre sa poitrine, caressant son visage de sa main gauche. Les larmes coulant sans relâche le long de ses joues.

_ Arrêtez de pleurnicher, murmura-t-il faiblement.

Elle se mit à rire, soulagée de voir qu'il était revenu à lui.

_ Vous m'avez fait peur, lui dit-elle pleine de tendresse.

Quand il eut retrouvé suffisamment de force, il se dégagea de son étreinte.

_ N'allez pas si vite, vous êtes blessé et vous perdez du sang.

_ Vous ne sembliez pas vous inquiéter autant pour moi quand vous m'avez projeté contre le mur, lança-t-il en se passant la main derrière la tête.

_ Ah ah, très drôle, sortit-elle. Vous êtes là pour m'apprendre à me contrôler il me semble.

_ En effet. Je ne suis donc pas votre punching-ball, lui dit-il en la regardant froidement.

_ Je suis désolée professeur. J'aurais dû rediriger cette attaque contre l'un des mannequins, mais je … Je n'étais plus moi-même et …

_ Arrêtez de vous chercher des excuses, Gilmore.

Ils restèrent assis, l'un à côté de l'autre un bon moment, dans le silence. Un silence qui n'avait rien de pesant, mais plutôt relaxant. D'un coup elle se leva, quand elle s'en sentit le courage et elle commença à avancer vers la porte.

_ Où allez-vous ?

_ Je vais me coucher.

_ Vous pensez pouvoir partir comme ça, sans m'en informer ?

_ Je serai bien restée toute la nuit ici avec vous, mais quelque chose me dit que vous n'en avez aucune envie, lui sourit-elle. Je ne m'en fais pas pour vous, vous n'avez jamais eu besoin d'aide de personne, ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer.

Elle s'éloigna.

_ Gilmore !

_ Ne vous en faites pas, je ne parlerai de tout cela à personne…

Puis elle sortit, refermant la porte sur le professeur de potions.

Quand elle regagna sa chambre, il ne lui restait plus beaucoup de temps pour dormir. Sa journée s'annonçait déjà dure, par le manque de sommeil.

Le lendemain, pour la première fois depuis son arrivée dans cette école, elle ne fut pas la première levée, ni même la première à entrer dans la Grande Salle. En effet, tout le monde avait déjà fini de prendre son petit déjeuner. Elle se sentait en retard, elle avait horreur de ça. Pourtant elle savait qu'elle avait encore une heure devant elle, mais ce chamboulement soudain dans son petit train-train habituel la mettait mal à l'aise. Elle se jeta sur une tasse de café et des tartines, qu'elle engloutit en quelques minutes et remonta dans son dortoir en deux temps trois mouvements, pour récupérer ses affaires et son emploi du temps. Elle le consulta en sortant de sa salle commune et se figea sur place quand elle constata que son premier cours de la journée n'était autre que celui de potion. Elle courut jusqu'aux cachots et arriva en même temps que le reste de la classe. Elle s'assit à sa place habituelle, sortit ses affaires et leva les yeux vers le bureau du professeur Snape en s'asseyant. Quand il vit les yeux bleus se poser sur lui, il détourna le regard et passa l'heure à esquiver Kaya. Il lui sembla que cette année n'allait pas être plus simple entre eux, que la précédente. Le comportement de cet homme commençait à l'énerver au plus haut point. N'était-il pas capable d'être constant ? De la haïr pour de bon ou de … ? Son raisonnement lui parut tellement stupide. La raison de son attitude à son égard était claire. Il la méprisait, il le lui avait d'ailleurs déjà dit. Mais les obligations qu'il avait envers Dumbledore, le forçaient à se modérer et à prendre son mal en patience. Ses visites cet été devaient surement cacher quelque chose, il n'était certainement pas venu par intérêt pour elle, mais à la demande du directeur, comme cela devait être aussi le cas pour toutes les fois où il s'était occupé d'elle.

Dans l'après-midi, elle retourna au premier, pour son cours d'histoire de la magie. Cette année, ils allaient entamer le vingtième siècle, et la naissance de Tom Jedusor, connu plus tard sous le nom de Lord Voldemort. Quand le professeur Binns évoqua la naissance en 1911 de Joscelind Wadcock, célèbre poursuiveuse de Club de Flaquemare, le cœur de Kaya manqua un battement en pensant à Olivier. Ce qu'il pouvait lui manquer…