Je m'appelle Kelya Joansson, je vais sur mes dix-huit ans, je suis en terminale du lycée de la réserve Quileute de La Push dans le comté de Washington et je suis inexorablement attiré par Seth Clearwater, qui a un an et demi de moins que moi. Cela s'est passé après qu'il soit revenu au lycée après une longue absence, il avait... changé. Le même changement que pour Jacob et sa clique, frôlant les deux mètres et ayant une musculature parfaite. Tout le monde a suspecté une prise de stéroïdes, mais la version officielle est « une poussé de croissance ». Pourtant, Seth est toujours aussi gamin, suivant Jacob comme son ombre sauf quand je croise son regard. J'ai, à chaque fois, la déroutante impression qu'il a au moins cinq ans de plus que moi...

Sans le connaître, sans lui avoir parlé, ne serait-ce qu'une fois, je crois que je l'aime.

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J'enfile mon ciré jaune et mes bottes en caoutchouc, m'empare du paquet de croquette du chien et sors de la maison tout en rabattant ma capuche sur la tête. A l'extérieur, je cours jusqu'au hangars et une fois à l'abri je m'approche de mon chien, Iver, un bel Husky Sibérien gris et blanc aux yeux bleus. Je m'avance vers le coin où il est confortablement installé et je lui en dépose un petit tas de croquettes sur un carton qui traîne.

- Vu que monsieur ne veut pas rentrer parce qu'il pleut trop fort, je viens te nourrir ici, hein, mon beau, le grondé-je.

Soudainement, il se redresse et avance jusqu'à la porte du hangar. Au loin quelqu'un sort de la forêt et se stoppe en entendant mon chien aboyer. Iver se met à courir vers cette personne et je pars à sa poursuite.

Lorsque j'arrive au niveau de l'inconnu, je m'aperçois qu'Iver lui fait la fête. L'inconnu, pas si inconnu, ce révèle être Seth Clearwater torse nu, en bermuda et trempé de la tête aux pieds. Je me fige sur place en croisant son regard et je crois même que je rosis des pommettes. Je détourne le regard et le plante de celui de mon Husky, tout fou.

- Alors, comme ça, quand c'est moi qui t'appelle pour rentrer à la maison, monsieur préfère ne pas se mouiller et reste au hangar, mais quand Seth arrive, tu lui fais la fête ?! l'engueulé-je. À la maison ! ordonné-je en pointant la porte du doigt, et toi aussi ! dis-je à Seth sur le même ton.

Qu'est-ce qui me prend tout à coup ? Je cours vers la maison suivit de près par un Seth obéissant. Iver attends déjà sous le porche que je vienne lui ouvrir. J'enlève mon ciré et mes bottes que je laisse sur le pas de la porte puis j'ouvre. Mon chien entre dans la maison et s'arrête sur la serviette de toilette placée au sol. Je rabats la capuche de mon sweat sur la tête afin d'éviter que mes cheveux partiellement mouillés ne goutent sur le sol. Et je me rends dans la salle de bain à la recherche de serviettes de bain.

Lorsque je reviens dans l'entrée, je constate que Seth est toujours dehors à attendre patiemment. Je lui donne les serviettes, une pour lui et l'autre pour le chien. Je lui demande s'il peut essuyer Iver le temps que j'aille lui chercher des vêtements secs et il acquiesce sans un mot.

Dans la chambre de mes parents, je fouille dans le placard à la recherche des habits de mon père. Je trouve un vieux jogging, un t-shirt et un caleçon. Lorsque je retourne dans le salon, Iver est installé sur sa couverture dans un coin de la pièce et Seth se tient debout sur la serviette au sol. Je lui donne les vêtements et récupère les serviettes humides.

- Euh, ça risque d'être un peu large et un peu petit... expliqué-je, gênée. Tu es plus mince et plus grand que mon père, enfin, c'est déjà ça ! Je t'ai pris une paire de chaussette et des chaussons aussi.

Il me prend les vêtements des mains. Elles se frôlent et j'en ai un frisson.

- Tu as froid ? s'inquiète-t-il.

Étrange. Très étrange. Seth Clearwater s'inquiète pour moi ?

- Non, j'ai juste eu un frisson, ce n'est rien. Euh... dis- moi quand tu es changé, demandé-je en me retournant pour qu'il puisse se changer.

Lorsqu'il a terminé, je récupère son bermuda mouillé...

- Je rêve ou il n'y a pas de caleçon ?

- Euh... non... ne me regarde pas comme ça, j'en mets d'habitude... enfin, c'est juste exceptionnel...tente-t-il de m'expliquer, sans rien m'expliquer à la fois.

- On va simplement dire que tu n'en avais plus...

- Ouais, on va dire ça.

Il se gratte derrière la tête gênée. Si vous saviez à quel point j'ai envie de l'embrasser... Non, Kelya ! Reprends-toi ! Ce n'est pas le moment ! C'est quand même un peu le moment... Non, stop ! Il faut que j'arrête de penser...

J'observe Seth remonter le bas du pantalon de jogging en bermuda afin d'être plus à l'aise et je l'invite à s'asseoir sur le canapé tandis que je file lancer une machine à laver.

Les heures défilent lentement, à vrai dire, nous somme tout deux installés de chaque côté le canapé, à moitié avachi sur un accoudoir, et nous ne parlons que très peu, de tout et de rien, enfin surtout de rien. Je ne sais pas quoi lui dire. « Hey, Seth ! Je suis folle de toi et si on s'embrassait ? » non, franchement, vaut mieux que je me taise.

Iver s'approche de Seth et pose ses deux pattes avant sur l'accoudoir pour le léchouiller, ce dernier se retourne pour le caresser en riant. J'en profite pour m'approcher un peu, enfin juste assez pour pouvoir toucher mon chien.

Le téléphone de Seth sonne et le prénom Emily s'affiche sur l'écran... Qui est-ce ? Une sœur ? Non... non sa sœur ne s'appelle pas comme ça... Sa petite-amie ? Oui, ça doit être ça... Ok, calme, zen, inspire et expire, ne déprime pas, ne surtout pas faire une tête de déprimée ! Il décroche.

- Ouais ? lâche-t-il à son interlocutrice.

- …

- Oui, chez... il laisse sa phrase en suspens et me regarde.

- Kelya, dis-je amer.

- Chez Kelya, reprend-il en souriant comme si on lui avait annoncé la meilleure des nouvelles.

- …

- Super, passe le bonjour à Emily, à plus Sam !

Il raccroche. Il était au téléphone avec Sam, Emily est donc notre prof de traditions ! Je me sens soulagée. Le téléphone de la maison sonne, je me lève et réponds.

- Allô ?

- Ché...is, ...est ma...an ! A...on pè...on...pas...ren...é... ue...blo..é !

- Vous êtes bloqué et vous ne pouvez pas rentrer ? demandé-je.

- Blo...é...ui ! À...lu...ard !

- Bisous, à bientôt !

Elle raccroche. Je repose le téléphone sur sa base et retourne sur le canapé, j'allume mon ordi pour regarder mes mails. Si mes parents sont bloqués ce soir à Port Angeles, l'école nous a peut-être informé de quelque chose.

- Ah, demain nous n'avons pas cours, le directeur a envoyé un mail, le terrain est impraticable.

- C'est sûr que demain ça sera pareil ?

Pour toute réponse j'allume la télé sur les infos régionales. La journaliste nous apprend qu'une alerte tempête a été mise en place et qu'elle durera trois jours minimums.

- Ouais, c'est sûr, dis-je. Euh... Si... si tu veux, tu peux rester dormir à la maison... Il y a la chambre de mon frère, j'ai juste à changer les draps et c'est bon, enfin il ne vit plus à la maison et les draps sont propres, mais bon, je les changerai quand même... déblatéré-je, telle une idiote.

- Je préviens ma mère.

- D'accord !

Je souris alors qu'il s'éloigne téléphoner à sa mère. Il revient assez rapidement sur le canapé.

- C'est ok, je reste cette nuit, de toute façon il pleut de plus en plus...

- Le vent se lève aussi.

Il arque un sourcil.

- Je... j'entends le bruit du vent sur le toit, je me suis habituée à faire ça, petite...

- Ah ! Drôle d'occupation !

- Ouais, je sais. Sinon, tu veux manger quoi ce soir ? changé-je de sujet.

- C'est toi qui vois, je mange de tout...et eum... comme dix.

- Je n'aurais pas deviné... dis-je, amusée.

Je ne me casse pas vraiment la tête et prépare une sauce tomate. Je ferais des pâtes et réchaufferais le tout plus tard.

En attendant, nous regardons la télé, chacun à un bout du canapé. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure et le pire dans tout ça c'est qu'il a un sourire trop craquant sur le visage depuis tout à l'heure. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Je n'ai jamais été aussi proche de lui et aussi bien physiquement que psychologiquement, ne lui ayant jamais parlé avant aujourd'hui !

Vous vous rendez compte ? je passe ma soirée avec Seth ! Avec mon Seth et il va dormir à la maison cette nuit ! Je suis tellement contente !

/

- Ta shauce tomate est shuper bonne ! me complimente-t-il, la bouche pleine.

- Euh, merci beaucoup !

Je rosis des pommettes, je ne suis pas du genre à rougir comme une tomate, fort heureusement, sinon, il aurait remarqué quelque chose depuis tout à l'heure ! Il se resserre plusieurs fois et finis même le plat de pâtes ! J'hallucine, il mange vraiment comme dix !

Après manger, il m'aide à débarrasser la table et je me rends compte que je suis vraiment toute petite à côté de lui et il fait tellement mature... Je suis vraiment trop obnubilé par sa présence, je ne pense qu'à lui, qui est juste en train de me passer nos couverts pour que je les mette dans le lave-vaisselle...

- Tu m'aides à changer les draps ? osé-je lui demander.

- Je te suis !

Nous montons dans la chambre de mon frère. Elle est vidée de tout objet, seul le lit, le bureau, l'armoire et la bibliothèque sont encore là, quelques photos traînent sur le bureau mais rien de plus. Seth enlève les draps déjà sur le lit pendant que j'en prends d'autres puis il m'aide à les mettre.

- Comme ça tu as un frère ? Moi j'ai une sœur ! me dit-il.

- Ouais j'ai un frangin ! J'ai déjà vu ta sœur une fois ou deux, elle est très belle !

- Oh euh merci, mais euh, je ne suis pas le mieux placé pour dire ça... c'est ma sœur.

Je ris doucement et il me fait un de ses sourire si craquant… Nous retournons au salon pour regarder la télé, toujours et encore chacun à un bout du canapé. La soirée se passe tranquillement, on ne parle pas beaucoup mais sa présence me comble de bonheur ! Que je suis niaise...

Tard dans la soirée, je monte me coucher et je constate que Seth est sur mes talons. Je lui souhaite une bonne nuit et chacun rejoint sa chambre et son lit. Je ne cesse de penser que j'aimerais le rejoindre... J'aimerais tellement pouvoir dormir contre lui... Mais non, ce n'est pas possible ! Je dois arrêter de jouer les idiotes !

Je me tourne et me retourne dans mon sommeil, mon cœur bat à cent à l'heure, je ne pense qu'à Seth, endormi dans la chambre d'à côté... Je cède à mes envies et me lève pour le rejoindre.

J'entre discrètement dans la chambre et je reste sur le pas de la porte. Je l'observe un sourire attendrit sur les lèvres. Il ronfle doucement et sa tête est tournée de sorte qu'il ne puisse pas me voir. Je me mordille la lèvre inférieure.

- Je déteste quand on me regarde dormir, dit-il, la tête toujours tournée.

- Désolée... désolée, m'excusé-je tout bas, je sais que dois avoir l'air d'un psychopathe mais c'est juste que je n'arrive pas à dormir, m'expliqué-je.

Il tapote le matelas de la main et je vais m'installer en tailleur sur le lit. Il ne me regarde toujours pas.

- Je ne sais pas pourquoi, mais la pluie m'empêche de dormir, c'est la première fois que ça me le fait en plus alors je me suis dit que peut-être toi aussi mais je ne voulais pas te réveil... déballé-je.

- Kelya ? me coupe-t-il.

- ...n'aurais pa... Oui ?

- Dors.

Je me tais, piqué au vif. Je commence à pivoter pour partir, mais au moment où mes pieds vont toucher le sol, la main de Seth attrape la mienne.

- Je ne t'ai pas dit de partir, tu sais... me dit-il avec une pointe de timidité dans la voix. Juste de dormir...

Je me glisse sous les couvertures avant qu'il ne me renvoie dans ma chambre. Je souris aussi niaisement que permis. C'est dingue, moi qui pensais que je ne tomberai jamais amoureuse à ce point... Je me trompais lourdement !

Je mets un certain temps à m'endormir, mais je tombe quand même dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin, je me réveille avec le bras de Seth sur le ventre, directement au contact de ma peau. Je me mords la lèvre inférieure pour m 'empêcher de gigoter dans tous les sens. Seth ressert son étreinte quelque seconde, il doit se réveiller...

- Oh, désolé ! s'excuse-t-il retirant sont bras.

- Oh non, ne t'en fais pas… Tu… tu me tenais chaud...

Il replace sont bras aussi sec. Mon rythme cardiaque s'accélère, j'entends mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Je tourne la tête vers lui je l'observe. Il m'observe également et me sourit. Un sourire magnifique. J'y réponds timidement.

Je lui caresse distraitement le bras du bout des doigts, mon regard planté dans le sien. Seth se tourne complètement vers moi, créant une faible proximité entre nous. Mon cœur ne cesse de battre la chamade. Il est vraiment très près de moi, à tel point que nos nez se frôlent.

Seth ressert son étreinte et sans que je réalise, il pose ses lèvres sur les miennes. Sa langue caresse mes lèvres alors j'entre-ouvre la bouche, nous nous embrassons, comme si notre vie dépendait de ce baiser.

Au bout de quelques instants on s'éloigne un peu l'un de l'autre. Il plonge son regard dans le miens et me souris. Je suis à bout de souffle, les joues rosies par ce baiser. Je tente de ne pas sourire en me mordillant la lèvre inférieure.

- Je crois que je vais devoir rester aujourd'hui aussi… Écoutes... dit-il en regardant le plafond.

La pluie tombe toujours et le vent souffle fort. Je cesse de le regarder et me concentre sur le déluge extérieur. Du coin de l'œil, je vois son visage se rapprocher du mien. Ses lèvres se posent sur les miennes et ma poitrine va exploser. Deux baisers. Seth m'a embrassé deux fois !

J'entends les pleurs d'Iver au rez-de-chaussée ce qui mets fin à cette étreinte. Je soupire, ce chien de malheur ne pouvait vraiment pas attendre cinq minutes ? Seth rit. Il se moque carrément de moi ! Je me dégage de ses bras et je me lève.

- Monsieur compte-t-il paresser au lit toute la journée ? demandé-je les mains sur les hanches.

- Si tu me tiens compagnie, oui, répond-il.

Je hausse les épaules et quitte la chambre. Ma poitrine se serre sans que je ne comprenne pourquoi... Au rez-de-chaussée, Iver me fait la fête et m'entraîne vers sa gamelle, je lui verse des croquettes et commence à préparer le petit-déjeuner.

L'absence de Seth me met mal à l'aise et ne cesse de vérifier s'il descend les escaliers. Je me sens terriblement seule… Je crois que je deviens folle !

Moins de trois minutes plus tard, Seth me rejoint. Dès que mon regard croise le siens, ses yeux se mettent à pétiller, je suis à peu près sûre que ce doit être pareil pour moi ! Bizarrement, je me sens entière, comme si j'avais besoin de sa présence, comme s'il m'était indispensable.

Il m'attrape par les hanches et m'attire contre lui. Cette attitude me paraît tellement naturelle, comme si ça avait toujours été ainsi et que cela devait être ainsi. Il m'embrasse tendrement et je réponds à son baiser en l'approfondissant. Nous nous éloignons l'un de l'autre et je me mordille la lèvre inférieure.

- Il va falloir que tu arrêtes de faire ça, dit-il, c'est une torture pour moi.

- Pour...pourquoi ? demandé-je ahurie.

- Je dois lutter pour ne pas de sauter dessus et t'embrasser sauvagement à chaque fois !avoue-t-il sans gêne.

Je rougis pour de vrais et il sourit comme un gamin.

Nous mangeons tranquillement tel un vieux couple. Alors que je trempe ma dernière tartine dans mon chocolat, il finit sont bol et le repose distraitement sur la table. Il me paraît songeur.

- Il faut que je te parle, déclare-t-il très sérieux alors que je repose ma tartine sur la table. Non... non continue de manger, écoute juste ce que j'ai à te dire.

- D'accord.

Je continue de manger tout en étant la plus attentive possible.

- Je t'aime.

Je manque de m'étouffer.

- Je t'aime d'un amour sincère, je t'aime plus que ma propre vie et je ferai n'importe quoi pour toi.

Je déglutie péniblement. C'est ahurissant... il me dit ça comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit ! Je crois qu'il ne sait pas vraiment ce qu'est l'amour... Il est jeune. « Dit celle qui est folle de lui » songé-je.

- Je sais très bien qu'à cet instant tu te dis que je suis trop jeune pour savoir ce qu'est l'amour, mais sache que j'en sais plus là-dessus que n'importe qui, continue-t-il.

Je l'écoute sans rien dire.

- Je sais que tu as ressenti un vide lorsque tu as quitté la chambre, je sais aussi que, tu as eu l'impression d'être complète lorsque je suis entré dans la cuisine, je sais aussi qu'inconsciemment, chaque jour en rentrant du lycée, tu ressentais ce même vide, cette impression de n'être que la moitié de toi-même.

Je repose mon bol vide et je plante mon regard dans le sien, il a raison. Il a complètement raison.

- Co… com… ment ? arrivé-je à peine à articuler.

- Je le ressens aussi. Tu es mon univers, ma vie, mon amour, ma raison de vivre... Je t'aime de manière irréaliste et irrévocable. C'est comme ça et ça ne sera jamais autrement, conclue-t-il.

Ma bouche s'entrouvre. Il est le plus sérieux du monde.

- C'est dingue, je sais, dit-il.

Oui, c'est dingue, parce qu'il vient de m'annoncer quelque chose de véridique. Je l'aime et je me sens complète en sa présence. Je réussis à fermer la bouche et je lutte pour pouvoir reprendre mes esprits. J'y arrive péniblement.

- Je... Seth... balbutié-je. Je... euh... pour… euh...

- Tu ?m'incite-t-il à continuer.

- Euh...tu m'aimes aussi ?

- Ton absence me tue.

Mon cœur va exploser dans ma poitrine.

- Pourquoi je t'aime, comme ça ? demandé-je timidement.

- Dis-moi quel changement tu as remarqué en moi ?

- Euh... tu as grandi, tu t'es musclé, tu t'es mis à suivre Jacob et sa bande comme leurs ombres et tu t'es mis à traîner avec Sam Uley... énuméré-je.

- Oui. Tu as remarqué quelque chose d'anormal chez moi à part ça ?

- Tu es chaud, très chaud, mais tu n'as pas de fièvre... dis-je, et tu te balades sous la pluie à moitié nu et sans caleçon sous ton bermuda... rié-je.

- C'est un fait ! rit-il également. Dis-moi, tu voudrais savoir pourquoi ?

- Tu t'éloignes de ma question, Seth.

- Répond simplement et je répondrais à ta question par la même occasion.

- Alors, oui, je voudrais savoir pourquoi, décrété-je.

- As-tu peur du surnaturel ?

- Arrête d'éviter la question ! le réprimandé-je.

- Répond Kelya, s'il te plaît... me dispute-t-il.

- Je ne crois pas au surnaturel, c'est quelque chose de stupide.

Il me regarde comme si je venais de lui dire la plus affreuse des choses.

- Oh ! Je suis désolée... Je ne savais pas que tu y croyais ! m'excusé-je en baissant le regard.

- Regarde-moi Kelya... me supplie-t-il et j'obtempère. J'ai subi un changement majeur dans ma vie, je suis devenue un modificateur, un loup, comme dans nos légendes.

Il a l'air tellement sérieux que je le crois.

- Je ne te mens pas Kelya. Crois-moi, c'est la pure vérité.

- Très bien, mais quel rapport avec moi ?

- La capacité à se transformer en loup peut entraîner un autre phénomène qu'on appelle l'imprégnation, explique-t-il, en gros, c'est la découverte de son âme-sœur et tu es mon âme-sœur, Kelya.

- Montre-moi, chuchoté-je.

Il m'entraîne sous le porche de la maison, malgré le vent et la pluie. Il m'ordonne de rester à l'abri quoi qu'il arrive avant de s'éloigner au milieu de la cour. Je me rends compte du déluge extérieur, il est en plein danger !

- Reviens, laisse tomber, je te crois, il y a trop de vent... Reviens !

Pour toute réponse, il se déshabille. Je ferme les yeux avant de voir son pénis et je l'entends rire au loin.

- Si tu veux voir ma transformation il va falloir me regarder, enfin me contempler.

- Tu n'es pas du tout vantard à ce que je vois ! dis-je en ouvrant les yeux.

Je le détaille avec grand plaisir, il a un corps parfait. Je me mordille la lèvre inférieure.

- Ça te plaît ? rit-il alors que je lève la tête pour le regarder dans les yeux.

- J'ai vu mieux, le taquiné-je.

Il grogne, visiblement mécontent. Je décide de changer de sujet.

- Tu es sûr qu'il n'y a pas de danger Seth ?

- Il n'y a pas de danger pour moi alors quoi qu'il arrive ne bouge pas de là.

J'ai peur, le vent souffle très fort. Je le vois convulser sous mes yeux et dans un craquement d'os, il se transforme en un loup gigantesque. Le loup grogne et avance vers moi, je suis figée sur place, il est beau, couleur sable. Ses yeux sont toujours les mêmes, faisant transparaître son insouciance et sa joie de vivre. Le loup et Seth ne font qu'un. Il est maintenant assez près pour que je le touche, ses poils sont trempés, mais je caresse son museau.

Iver arrive en courant et fait la fête à son ami. Je comprends mieux. Mon chien aime les balades en solo dans la forêt et Seth doit traîner souvent par chez moi... Je rappelle le chien qui se poste à mes côtés sous le porche. Seth s'éloigne et se retransforme. Ses vêtements sont trempés, il ne prend donc pas la peine de se rhabiller. Il revient vers moi et je me blottis contre lui.

- Tu es tout mouillé...

Seth et Iver patiente sous le porche le temps que j'aille chercher des serviettes de bains. Nous réitérons les opérations de la veille : tandis que Seth se sèche et sèche le chien, je récupère quelques vêtements dans l'armoire de mon père, la seule différence étant que le bermuda de Seth est propre et sec.

Sauf que la soirée que nous passons ensuite fût tout autre. Installée dans ses bras, sur le canapé, Seth m'explique sa condition de loup. Il me raconte qu'il chasse les vampires avec la meute, il me dit aussi que les loups sont réellement capables de lire dans les pensées de ses semblables, ce qui facilite leur organisation et il m'apprend que la famille Cullen sont des vampires et qu'Isabella Swan n'est pas morte mais transformée. Il me raconte également les différentes imprégnations de la meute.

- Tu rigoles ? Paul s'est imprégné de la sœur de Jacob ? Rachel Black ?

- Je suis sérieux ! Jacob était énervé ! rit-il avant de reprendre plus sérieusement... Tu sais l'imprégnation ne se contrôle pas... Sam s'est imprégné d'Emily et a été contraint de rompre avec Leah, elle a pu lui pardonner grâce ou à cause de sa condition de louve même si c'est dur pour elle. L'imprégnation est un phénomène étrange que nous-mêmes ne comprenons pas bien...

- Je vois, surtout quand tu me dis que Quil s'est imprégné de la nièce d'Emily... soupiré-je.

- L'objet de l'imprégnation d'un loup peut choisir de refuser une relation, mais le loup lui est tellement dévoué que l'imprégnée finis par succomber, enfin tout ça pour te dire que Quil sera pour Claire ce dont elle a besoin qu'il soit, il sera heureux quoi qu'il arrive...

Il me fait un bisou sur la tempe. Je reçois un SMS de ma mère datant de la veille me disant que mon père et elle sont dans un hôtel de Port Angeles et qu'ils rentreront seulement quand l'alerte à la tempête sera annulée.

- Tu restes encore ce soir ? demandé-je.

Il me fait un bisou sur la joue et rit.

- Sam et Jacob nous ont demandé de rester auprès de nos imprégnées pendant l'alerte à tempête et de toutes les manières j'aurais désobéi pour te rejoindre.

- Sam et Jacob ? Tu ne m'as pas dit qu'il y avait un chef de meute ?

- C'est exceptionnel, m'explique-t-il, Jacob, qui est un Alpha de naissance, a cédé sa place à Sam, qui est le premier à s'être transformé, plus tard, ils ont eu un différent et Jacob a quitté la meute. Maintenant les choses se sont arrangées, mais nous avons deux Alpha.

- Il n'y a pas de problème d'autorité ? demandé-je, intriguée.

- Non, nous avons réussi à nous organiser, Jacob et Sam se complètent sur le terrain, mais il est plus facile pour nous de nous soumettre à Jake, qui est Alpha de naissance, par contre quand nous sommes sous forme humaine, c'est Sam qui dirige.

- Donc si j'ai bien compris, Sam est l'Apha humain et Jacob est l'Apha loup et les deux ensembles élaborent des tactiques ?

- Tu as bien compris ! Tu es fin prête à rencontrer les autres !

- Quoi ? Non ! Je vais faire des gaffes, en plus ça va faire bizarre, non ?

- Nous lisons les pensées des autres et il y a cinq loups qui se sont imprégnés donc nous savons ce que ressentent les autres, m'explique-t-il, par exemple, Embry sait ce que je ressens pour toi et moi je sais qu'il est déçu de ne pas s'être imprégné lui aussi... Tu vois ce que je veux dire ?

- Et s'ils ne m'aimaient pas ?m'inquiété-je.

- Si l'un des loups s'attaque à l'objet d'imprégnation d'un de ses frères, cela pourrait entraîner une bataille à mort, dit-il, grave, nous ressentons les émotions des autres, par exemple je suis très attaché à Kim, car je lis les pensées de Jared, continue-t-il, tu sais si jamais un de mes frères s'attaquent à toi j'en souffrirais et il en souffrirait aussi.

- Ils sont en quelque sorte obligés de m'apprécier ?

- Oui et non... Ils t'aiment parce que je t'aime c'est indéniable mais comme nous partageons nos pensées ils te connaissent aussi bien que moi et t'aiment à ta juste valeur.

J'acquiesce. Nous passons notre soirée dans les bras l'un de l'autre, comme si nous étions ensemble depuis toujours.

L'alerte à la tempête dure les deux jours suivants, Seth reste avec moi sans me lâcher d'une seconde et entre nous, j'adore ça ! J'aime quand il me complimente, il est vraiment adorable et je ne peux m'empêcher de rougir, pourtant, je ne rougis pas facilement…

/

Le lendemain de l'annulation de l'alerte à la tempête, nous arrivons au lycée main dans la main, tout le monde nous dévisage, mais je m'en fiche, je suis avec mon âme-sœur. Les autres élèves chuchotent sur notre passage et très vite Jared s'approche.

- Alors, sœurette, contente d'être parmi nous ?

Sœurette ? Je ne sais pas quoi répondre et ma bouche s'ouvre et se referme inlassablement. Seth me serre un peu plus contre lui et je reprends mes esprits.

- O... oui, très contente.

Jared met une tape dans le dos de Seth et il rejoint « sa Kimmy », comme il dit. Seth m'entraîne vers le reste de la meute. Après quelques mots échangés, j'ai l'impression d'être leur nouvel animal de compagnie car qu'ils m'ont tous « adoptés » ! Nous discutons encore quelques instants avant que la sonnerie ne retentisse.

Durant la journée, les élèves ne cessent de parler du nouveau couple, donc de Seth et moi. Toujours main dans la main, nous profitons d'être ensemble à chaque pause et nous discutons tranquillement avec la meute. Une fille de la classe de Seth s'approche de nous, elle se racle la gorge pour qu'il la regarde.

- Alors donc c'est sérieux, tu sors avec cette pétasse prétentieuse ?l'accuse-t-elle, si vous saviez comme j'ai envie de la frapper !

Je regarde Seth qui a le regard noircit par la colère, je crois qu'il va la bouffer ! Je lui serre un peu plus la main ce qui a l'effet de le calmer légèrement.

- Kelya n'est pas une pétasse prétentieuse et sache que si tu lui fais quoi que ce soit, je t'étripe, la menace Jared.

Je regarde Jared qui me sourit. Jacob entraîne Seth un peu plus loin car il risque d'exploser. Je décide de le rejoindre, sous le regard haineux de ma pseudo-rivale. Je pose ma main sur la joue de Seth afin qu'il me regarde en le forçant à baisser la tête.

- Arrête, murmuré-je pour que seul lui et le reste de la meute entende.

Il se détend, il me regarde avec amour et s'approche de moi. Il me prend dans ses bras et m'embrasse avec tendresse. Une autre fille s'approche de nous et elle tire « ma rivale » en arrière.

- Fais-toi une raison, dit-elle à sa copine.

Jacob rit très vite rejoint par Quil et Embry. Kim les dispute et Seth m'embrasse de nouveau.

Le soir, je rentre chez moi accompagnée de mon âme-sœur, Seth. Je passe le seuil d'entrée et je vois mes parents dans les bras l'un de l'autre.

- Vous étiez à l'hôtel, vous auriez pu faire ça là-bas, non ? ris-je.

- Très drôle ma puce... soupire ma mère. Kelya, qui est-ce ?

- Seth, mon petit-ami.

Seth souris à ma mère et la salue gentiment, mon père vient lui serrer la main.

- Sacré poigne ! lance-t-il.

- Je ne vous ai pas fait mal ? s'inquiète Seth

- Non, ne t'inquiète pas jeune homme ! le rassure mon père.

- Tu me parais bien vieux pour ma fille... tu es sûr d'être au lycée ? demande ma mère, inquisitrice.

- Oui maman, il est sûr, soupiré-je, et je t'en ai déjà parlé, il est plus jeune que moi ! la réprimandé-je.

Seth se gratte derrière la tête et souris, adorable. Je l'aime, je l'aime, je l'aime !

Dans ma chambre, enlacés dans les bras de l'autre je profite de la chaleur de son corps. Que c'est pratique d'avoir un copain à quarante-deux degrés ! Il est installé contre ma tête de lit et je suis entre ses jambes, ses bras m'entourent amoureusement, je lui caresse un bras du bout des doigts.

- Alors, comme ça, tu as déjà parlé de moi à ta mère ?

- Je lui ai dit que j'étais amoureuse du plus beau et merveilleux garçon de cette terre et qu'il était plus jeune que moi mais que je ne lui avais jamais parlé.

- Je t'aime Kelya Clearwater.

- Bébé, va, dis-je en riant.

- Tu m'aimes quand même, de toute façon.

- Oui, je t'aime.

On s'embrasse. Je suis heureuse. Heureuse d'être avec lui, heureuse d'être son âme-sœur, heureuse de l'aimer, heureuse qu'il m'aime et heureuse de pouvoir passer ma vie à ses côtés.

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Je regarde par la fenêtre, la tempête sévit. Seth me rejoint et passe ses bras autour de ma taille, il me fait un de ses merveilleux bisou sur la joue, je ferme les yeux quelques instants et je souris, toujours aussi amoureuse.

- Dites, pourquoi vous regarder toujours dehors quand il y une tempête ?

- C'est parce que ça nous rappelle une belle histoire, notre histoire, dis-je nostalgique.

- Quelle histoire ?

- Le début de notre histoire d'amour !répond Seth.

- Bààh, je n'ose même pas imaginer !

- Jake !le réprimandé-je.

- Maman ! dit-il sur le même ton.

- Jake ! Combien de fois t'ai-je dit de ne pas parler comme ça à ta mère ? s'agace Seth.

Je me retourne, je souris à mon époux puis regarde Jake, notre fils de onze ans. Je m'approche de lui.

- Assied-toi sur le canapé, tu es puni et pour la peine tu vas devoir m'écouter te raconter ma belle histoire d'amour.

- Mais maman !

- Il n'y a pas de « mais » qui tienne alors assis ! ordonné-je.

- Papa ! se plaint-il.

- Fais plaisir à ta mère et sache, jeune homme, que je suis toujours de son côté.

Je souris à mon cher et tendre mari qui me dépose un baiser du bout des lèvres. Jake fait une moue dégoûtée. Je lui souris avant d'aller m'asseoir sur le canapé et il s'assoit à mes côtés, docile, puis je commence à lui raconter...

Une tempête, un chien et deux âmes-sœurs.


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