- ESPÈCE DE SALE GOSSE ! REVIENS ICI IMMEDIATEMENT ! hurla une voix tonitruante dans la rue.

Sans se retourner, Harry prit une nouvelle bouffée de sa cigarette, se détendant immédiatement. Comme à chaque fois qu'il restait plus de deux jours avec sa « famille » – s'il pouvait la nommer ainsi –, il en sortait complètement tendu et en colère. Harry bénissait sa nicotine dans les cas comme celui-ci, et ses amis aussi d'ailleurs... ses colères pouvaient être épouvantables.

Sa cigarette se termina un peu plus vite qu'il ne l'aurait voulu, et, malgré l'envie tiraillante d'en reprendre une autre, il ne le fit pas. Il décida d'aller rejoindre ses amis à leurs habituels points de rendez-vous, se dirigeant en dehors de son petit village, en direction d'une forêt.

Harry Potter était un jeune homme comme un autre. Il venait de fêter ses dix-huit ans, deux semaines auparavant, rentrait en terminal L dans le lycée du coin, avait une bande de copains qu'il connaissait depuis un bon moment, avec qui il avait fait les coups les plus inimaginables qui puissent exister dans son village perdu. Une carrure un peu frêle, agrémentée par des habits un peu trop grands hérités de son cousin Dudley, qui, au contraire de lui-même, possédait une belle obésité. Des cheveux noirs indomptables, des yeux verts éclatants , quelque peu cachés par ses immondes lunettes rondes qu'il devait porter quotidiennement à cause d'une vue misérable. La seule chose qui était spéciale chez lui était cette cicatrice en forme d'éclair dessinée sur son front, dont il n'avait jamais su comment il se l'était faite.

Oui, Harry Potter était un jeune homme comme les autres.

Si on exceptait sa famille où il n'était pas plus accepté qu'un rat dans un placard sous l'escalier – et c'était le cas de le dire ! Depuis qu'il était né, personne n'avait eu le moindre geste de tendresse envers lui. Sa tante Pétunia et son oncle Vernon ne l'aimaient pas, voilà, c'était comme ça. Que pouvait-il faire d'autre de toute façon ? Ses parents l'avaient abandonné lorsqu'il n'était encore qu'un tout petit enfant. « Parce qu'il n'était qu'un sale garnement complètement dépravé qui ne devait pas exister » selon l'Oncle Vernon. Harry n'avait jamais cherché à en savoir plus, ne voulant pas vivre avec un poids supplémentaire dans son cœur, alors qu'il devait déjà habiter avec ces personnes qui ne voulaient pas de lui.

Harry Potter avait grandit avec l'espoir qu'un jour une personne viendrait le chercher et l'emmènerait loin de tout ça. Il avait toujours su que quelque chose était différent chez lui, qu'il devait accomplir quelque chose. C'était loin d'être narcissique, mais comme une évidence, un sixième sens avec de l'espoir. Chaque soir, le jour de son anniversaire, il priait avec ferveur, voulant plus que tout que quelqu'un l'entende et lui montre ce que c'était la vrai vie.

Et il aurait pu attendre encore longtemps...

Harry sourit en entendant des éclats de voix venant de leur endroit, une petite cabane qu'ils avaient créée dans un arbre. Cela avait été une vraie galère pour créer cette cabane quelque peu précaire, chacun voulant faire à sa façon, entre Charline qui voulait quelque chose de parfait et simple, alors que Peter voulait la peindre en noir partout... Il y avait eu de sacrés maux de tête.

Ils étaient certainement encore en train de se chamailler pour une raison ou une autre. Qu'importe, c'était toujours aussi distrayant. Harry monta à l'échelle amenant à l'entrée. Les éclats de voix se firent un peu plus compréhensibles.

-Peter ! Arrête de manger tout mon chocolat blanc ! protesta une voix qu'il reconnut comme étant celle de Lou. Va te l'acheter toi-même ! Et puis bouge tes chaussures pleines de boues du canapé !

Harry rentra dans l'unique pièce de la cabane où il se sentit immédiatement chez lui. Elle n'était ni peinte, ni réellement décorée. Juste bien personnalisée. Des photos d'eux étaient accrochées à presque tous les murs, des grands posters où chacun avait bien marqué sa préférence sur telle ou telle chose. Émile, Peter et lui avaient ramené un vieux canapé de la déchetterie du coin, ainsi qu'une petite étagère. Des magasines traînaient un peu partout, des paquets de bonbons ou encore des sac de couchages qu'ils laissaient parce qu'ils adoraient venir dormir ici. Oui, c'était un réel bordel, mais c'était leur bordel. Peter mangeait du chocolat blanc, qu'essayait toujours de reprendre Lou, tout en fumant une clope, Charline lisait un livre, Émile jouait encore aux jeux vidéos... Enfin chez lui, pensa le brun.

- Harry ! sourit Charline en le voyant. Cela fait plusieurs jours que l'on ne t'avait pas vu, où étais-tu passé ? le gronda-t-elle, quelque peu inquiète quand même dès qu'il ne donnait pas de nouvelle.

- Privé de sortie, grommela Harry en s'asseyant sans élégance sur le vieux canapé.

- Depuis quand tu respectes les interdictions de tes darons, 'Ry ? ironisa Émile en passant sa main dans ses cheveux blonds tentant de les remettre en place.

Harry soupira en repensant au réel objet de sa colère.

- Ils m'ont menacé de m'envoyer en maison de correction, admit-il. J'ai joué la carte de la prudence, ils en seraient bien capable.

- Même s'ils le voulaient, ils ne pourraient pas Harry, le rassura Charline. Tu as toujours été un élève correct et, comparé à Peter, tu ne vas jamais dans le bureau du proviseur. Ils n'acceptent seulement que les cas vraiment graves dans les maisons de corrections.

Même si Charline avait sûrement raison, Harry préférait opter pour le plan de sûreté et ne pas contrarier sa famille durant la durée de sa punition. Il ne voulait absolument pas être séparé de ses amis et se retrouver dans une maison de corrections avec des rebelles complètement fous.

- On ne sait jamais, haussa Harry. Bref, quoi de neuf depuis ces deux jours ?

- Dudley ne sait toujours pas se battre, ricana Peter, avant de râler parce que Lou avait enfin réussi à lui piquer la dernière barre de chocolat blanc.

- Ooooh, je suis intéressé, sourit Harry. Par qui s'est-il fait frapper cette fois-ci ? Je me demandais pourquoi il avait des bleus partout, ce matin. Il a prétendu avoir défendu un gamin dans la rue ! Soupira-t-il, désespéré de l'attitude de son cousin.

- Quel boulet ce mec, rigola Emile. Lui et sa bande se sont fait gentiment défoncer par des mecs de notre lycée, le groupe de Marc Spender et Joe Murs, tu vois ?

Harry fronça les sourcils, réfléchissant, tandis que Émile levait les yeux aux ciels d'un air désespéré de la mémoire de poisson rouge que possédait son meilleur ami.

-Mais si, rappelle-toi, la soirée Halloween de l'an dernier ! Marc et Joe, c'étaient les deux qui s'étaient déguisés en éléphant, se remémora le blond, nostalgique de cette soirée mémorable.

Le brun fronça encore un peu plus les sourcils, se souvenant d'une soirée, mais pas d'éléphants. Il faut dire qu'à cette soirée, il ne se rappelait pas grand chose. juste qu'il était passablement éméché et de s'être réveillé dans les bras d'un mec pour la première fois de toute sa vie... sans que ceci ne lui déplaise.

-Tu parles de la soirée où j'ai fait mon coming-out ? questionna Harry, encore perplexe sur les éléphants.

-Je m'en souviens de celle-là, rigola Peter dans son coin. Harry Potter baisant avec un mec, ne se souvenant pas, mais se déclare.. gay !

Le fait qu'Harry soit gay n'avait, en soi, dérangé absolument personne. C'était toujours Harry et puis voilà. Il n'était en rien différent parce qu'il aimait les garçons. Mais Peter aimait le narguer de la façon dont il avait découvert son orientation sexuelle...

-Roh, laissez-le tranquille, bande d'idiots, rétorqua Lou qui boudait depuis tout à l'heure suite au vol de son chocolat blanc, entortillant ses cheveux roux sur son doigt.

-Je te rachèterai une plaque de chocolat blanc, promis, soupira Peter, exaspéré.

-T'as intérêt ! sourit-elle.

- Pour en revenir au sujet de base, oui, c'est cette soirée-là... mais comme tu t'en souviens pas... Je te les montrerai demain ! fit finalement Emile, toujours concentré dans son jeu vidéo.

-Si tu veux, acquiesça Harry, impatient de voir les deux mecs qui avaient mis une bonne raclée à Dudley.

Harry savoura le moment de silence qui l'entourait quand chacun vaquait à ses occupations chacun de son côté. Oh oui, il adorait ses amis, mais des fois, un peu de calme était toujours bienvenu.

-En parlant de soirée, tilta Lou, quelques minutes plus tard. Josh Devord en fait une dans pas longtemps, juste avant la rentrée ! C'est la semaine prochaine, et je suis invitée, donc, vous aussi.

-Josh Devord ? Sa copine est pas mal, souria Peter. J'pourrais peut-être la piquer !

Si Émile était un vrai cœur tendre avec les filles, Peter en était tout le contraire. Son look quelque peu rebelle attirait énormément de filles. Il avait des cheveux bruns, la plupart du temps ébouriffés, et de beaux yeux bleus qui en faisaient craquer plus d'une. Peter jouait de son physique et tous le savaient. Il était un véritable bourreau des cœurs, ce qui énervait parfois Émile.

-Laisse-les tranquille, Pet' ! Ça va faire plus d'un an qu'ils sont ensemble ! rétorqua le blond.

-Allez Emile... décoince-toi un peu ! T'auras jamais la personne que tu aimes sinon, répondit Peter en lui faisant un clin d'œil.

Harry crut que Émile allait tuer Peter rien qu'en le regardant. Émile était amoureux de Charline depuis un bon bout de temps, et essayait en vain de lui donner quelques signes, mais Charline était très tête-en-l'air, voir naïve. Si Émile lui prenait la main, elle n'irait pas penser qu'il voulait un petit peu plus qu'une amitié, elle trouverait ça normal tout simplement. Malgré tout, elle était très intelligente.

-Tu es amoureux Émile ? interrogea justement celle-ci, surprise. Tu aurais pu nous le dire, fit-elle sur un ton de reproche.

-C'est que... c'est... compliqué, balbutia Émile en rougissant.

-Je veux savoir ! s'exclama Lou en sautillant partout.

Assise à même le sol, Charline jeta un dernier regard à Émile, en haussant les épaules. Harry, toujours silencieux, soupira et sortit une cigarette de son paquet. Son envie se faisait un peu plus forte. Il alluma sa clope alors qu'Émile le regardait méchamment.

-Tu devrais arrêter cette merde, 'Ry, reprocha-t-il à son meilleur ami.

-Si je l'arrête, je deviendrai infernal, et je ne pense pas que tu veuilles supporter un Harry Potter complètement névrosé durant des semaines.

-J'ai une idée, Potter ! dit Emile. Si tu arrêtes cette merde pendant... on va dire deux semaines... je te paye tes clopes pendant un an.

-Quel intérêt as-tu à faire ça, 'Mile ? fit Harry en haussant les sourcils.

-Peut-être qu'en arrêtant deux semaines, tu pourras arrêter un peu plus longtemps et donc arrêter à vie, et puis, ce sera moi qui gérerai tes clopes. Et si tu n'y arrives pas... tu devras faire tout mes devoirs d'anglais de l'année !

Harry était effectivement très fort en anglais et adorait tout ce qui s'y rapportait, mais faire des devoirs en plus ne lui plaisait pas plus que ça. Aspirant une énième bouffée, le brun pesa le pour et le contre : arrêter deux semaines l'embêtait un peu... il était réellement accroc à sa nicotine – il fumait cinq à dix cigarettes par jour selon ses humeurs – mais le fait de se faire payer pendant un an ses cigarettes lui plaisait plutôt bien. Puis, se disant que de toute façon, le pari serait oublié d'ici le milieu de l'année, il accepta.

-Pari tenu ! sourit Harry. Deux semaines sans que je ne touche une clope !

-Tu géreras ses sautes d'humeurs, Émile, grogna Lou.

-Vous inquiétez pas ! acquiesça le blond. Je sais exactement comment calmer Harry lorsqu'il est en colère !

-Ah bon ? fit Harry, étonné, finissant sa cigarette, en essayant d'en profiter un maximum.

-Il suffit de te mettre un beau mec avec un beau cul devant toi, et tu oublieras totalement tous tes problèmes ! ricana Émile.

-Et toi, il te suffit de voir une paire de nichons pour ressembler à un animal en rut, imbécile ! rétorqua Lou, les mains sur les hanches.

-Elle a pas tort, déclara avec une voix nonchalante Charline, toujours assise par terre, lisant son livre.

-Je n'ai jamais tort, se vanta fièrement Lou.

-T'as pas les chevilles qui enflent non plus, répliqua Charline levant les yeux aux ciel.

-Ooh Charlie, rigole un coup ! soupira Lou en lui tirant les joues pour esquisser un sourire.

-Bon, je vais rentrer chez moi... fit Harry en se levant du canapé. En espérant que la colère du fou soit passée...

- Tu n'es pas resté longtemps, 'Ry... mais bonne chance, fit Émile en le prenant dans ses bras. Et surtout respecte le pari, hein !

-Désolé, je veux éviter les embrouilles. T'inquiètes pas pour ça ! soupira Harry.

Harry avait interdiction de fumer à moins de dix mètres de la maison. Fumer était très mal vu en Angleterre pour des jeunes étudiants et le fait que Harry ne se cache pas dérangeait fortement son oncle Vernon. Peter se proposa pour le raccompagner, ne devant plus tarder non plus. Descendant tout les deux de la cabane, ils se dirigèrent en direction de la sortie de la petite forêt, quittant leur petit coin de tranquillité pour revenir à la réalité.

-T'as aucune envie de rentrer chez toi, 'Ry, hein ? fit Peter en s'allumant une cigarette.

-Tu sais très bien ce que je ressens, Pet'. Et éteint-moi cette clope immédiatement, grogna Harry, les mains dans les poches tripotant son paquet.

-Ahah ! Foutu pari hein, ricana Peter. Tu peux venir chez moi, si tu veux, mon père en a rien à foutre.

-Je ne veux pas déranger, et je sais que je devrais forcément revenir et assumer les conséquences de ma fugue... Je préfère ne pas les contrarier, répondit le brun en avançant dans la rue.

-T'as jamais eu de famille, Harry... Ils t'ont jamais aimé et toi tu fais encore à leur façon. T'es trop gentil, Harry, soupira Peter en s'ébouriffant les cheveux. C'est ici que je te quitte !

Ils s'arrêtèrent devant une petite maison, Peter le salua rapidement et rentra chez lui. Harry se balada quelques instants, prenant son temps puis se dépêcha de rentrer chez lui, le ciel s'obscurcissant. Le brun trouvait ça étrange que le temps change aussi rapidement, il n'avait jamais vu ça avant. D'un ciel clair, il était passé à la limite de la nuit. Harry se pressa un peu plus, courant pratiquement, il ressentait une angoisse ainsi qu'une grande panique. De la tristesse aussi, une immense tristesse et mélancolie. Une impression que tout le bonheur du monde avait disparu.

Agité, il regardait partout autour de lui tentant de percevoir quoique ce soit dans ce noir soudain, telle une nuit d'horreur. Un frisson le parcourait, un frisson de peur. Haletant, il était complètement perdu et paralysé par la peur qui s'insinuait en lui sans qu'il ne comprenne pourquoi. Que se passait-il ?

Et soudain, une ombre fondit sur lui. Se débattant, Harry courut de toute ses forces dans le sens inverse, cherchant une quelconque échappatoire à cette ombre mystérieuse qui venait de l'attaquer. Il courut quelques minutes, tentant de le semer, tournant encore et encore dans les rues. En se retournant pour voir qui était cette personne, il prit peur. L'ombre volait ! Elle volait ! Il regarda à nouveau derrière lui, tout en courant, pour se persuader que l'adrénaline venait de le faire halluciner et ce qu'il vit n'attisa qu'un peu plus sa peur... Unechose entourée d'une cape noir, vaporeuse, sa tête recouverte d'un voile mais il pouvait voir une bouche... hideuse, effrayante.

Harry trébucha, se tordant la cheville, tombant la tête la première sur le bitume. Il hurla de douleur, et tenta de se relever, en vain. La chose se dirigeait droit sur lui. Il n'eut pas le temps de hurler de terreur qu'il se sentit son souffle se figer dans sa poitrine. Un froid se répandit dans tout son corps. De terribles hurlements, des cris implorants résonnèrent dans ses oreilles. Il aurait voulu hurler à son tour, mais il se sentait figé, et perdu dans un brouillard blanc.

-Expecto patronum ! hurla une voix qui lui semblait lointaine.

À demi-conscient, Harry sentait la présence d'une personne accroupie à ses côtés. Il put distinguer des cheveux blonds, ainsi qu'une peau très pâle, mais rien de bien précis. Ses yeux étaient troubles, tellement il se sentait exténué. La personne soupira, il sentit qu'elle était lasse.

-Détraqueur...Ministère de la Magie à la con... faut que ça tombe sur moi... foutu moldu... entendit Harry par bribe.

Harry ne tilta pas à ces mots étranges qu'employait son sauveur, bien trop embrouillé pour cela. Il sentit la personne palper son corps, sûrement pour constater l'état des blessures. Il gémit quand son sauveur toucha sa cheville. Encore un soupir.

-Brackium Emendo ! murmura la personne.

La douleur à sa cheville disparu immédiatement. Harry ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, encore embrouillé et étourdi. Il ne sentait plus la personne à côté de lui. Ses yeux refusaient obstinément de s'ouvrir, et il ne pouvait pas bouger son corps. Il tentait de rester éveillé mais il sentait qu'il allait bientôt s'évanouir. Il avait énormément de mal à réfléchir à sa situation et des nausées commencèrent à le prendre. Le silence pesant de la nuit le faisait frisonner. Il ne voulait pas revoir une de ces choses. Le brun entendit des pas autour de lui, il essaya d'entendre s'ils étaient proches ou pas, mais il n'en gagna qu'un mal de tête en plus de son état maladif. Un murmure s'éleva dans le silence.

-Oubliettes.


-Harry ? Harry ! Réveille-toi, bon sang ! Charline, appelle une ambulance ! Harry !

Le brun ouvrit péniblement ses yeux se sentant complètement désarçonné par la situation présente. Où était-il ? Que faisait-il là ?

-Oh mon dieu ! Il s'est réveillé, s'écria Lou, en le serrant fortement dans ses bras. Surtout, tu restes allongé, l'ambulance arrive. Tu as du faire un malaise ! Ne te rendors pas ! exigea la rousse en le secouant un peu, voyant qu'il refermait ses yeux.

En vérité, Harry était tout bonnement incapable de se rendormir. Il se sentait perdu. Il avait fallu quelques secondes pour qu'il reconnaisse son amie, Lou, et l'endroit où il était, c'est-à-dire une rue de sa ville. Il ne se souvenait aucunement de comment il était arrivé ici, ni ce qu'il s'était passé et pourquoi il s'était retrouvé inconscient au beau milieu de la rue. Il avait l'impression d'avoir un grand trou dans sa mémoire, et cela le dérangeait. Réfléchissant encore, le brun fronça ses sourcils, mais les souvenirs étaient comme envolés. Rien ne revenait après que Peter et lui ne se soient quittés. Lou continuait sa tirade incessante.

-J'ai tellement eu peur quand je t'ai vu évanoui ! J'ai cru qu'on t'avait agressé ! Mais tu n'es même pas blessé ! Que s'est-il passé, 'Ry ?

-Je ne m'en souviens pas, bégaya-t-il.

Sa gorge était sèche, et un mal de tête était arrivé, ainsi qu'une désagréable impression à sa cheville... Et ce manque toujours présent. La sirène de l'ambulance arriva rapidement et des pompiers s'occupèrent en vitesse de lui. Lou insista pour qu'on lui fasse quelque examens, on ne savait pas, peut-être avait-il un traumatisme crânien ! Harry râla, n'appréciant pas plus que ça les hôpitaux. Mais Lou était convaincante... Si bien qu'il se retrouva en moins de deux allongé sur un brancard, dans le camion, en direction de l'hôpital... L'un des pompiers – plutôt jeune et mignon – lui posa quelques questions :

- Avez-vous mal quelque part ? fit-il en palpant son corps, cherchant la moindre trace de blessures.

- Non, je ne pense pas... marmonna Harry.

- Vous n'avez aucune blessure. De quoi vous souvenez-vous, monsieur ?

- Je quittais un ami pour rentrer chez moi... et... rien. Je ne m'en souviens plus à partir de là, murmura-t-il en fronçant les sourcils à nouveau.

- Bien, cela peut être dû au choc de votre chute. Je pense que ce n'est qu'un petit malaise. Avez vous ressenti de la fatigue, ces temps-ci ?

- Non, je me sentais en pleine forme, réfuta le brun.

- Avez vous des quelconques problèmes de santé ? questionna le pompier encore.

Harry répondit négativement. À vrai dire, il n'en avait absolument aucune idée. Les Dursley ne l'avaient jamais vraiment fait ausculter chez un médecin, lui donnant des médicaments périmés – le rendant encore plus malade – pour le soigner lors de ses rares maladies. À part ses problèmes de vue, rien ne venait à l'esprit du brun. Alors... que s'était-il passé ?

Le médecin qui l'ausculta plus en détails à l'hôpital ne trouva pas nécessaire de lui faire des examens complémentaires, le trouvant en parfaite santé. Il lui assura que ce n'était qu'un simple malaise, dû à la fatigue ou un stress intense. Le médecin lui avait assuré qu'il n'avait pas perdu la mémoire mais que c'était certainement à ce moment là qu'il avait dû s'évanouir et c'est pourquoi il ne se souvenait de rien. Pourtant... Harry se souvenait d'être assez loin de la maison de Peter... Lou, qui l'accompagnait avait vivement protesté mais ils furent tout deux renvoyés chez eux.

- Que faisais-tu dans cette rue, Harry ? l'interrogea Lou alors qu'ils sortaient de l'hôpital. Ce n'est pas dans ta direction, d'habitude tu ne passes jamais par là...

- Je n'en sais rien... soupira le brun. Rentrons, je veux me reposer. Quelle heure est-il ?

- 4 heures du matin... marmonna-t-elle. On est là depuis minuit ? Je vais me faire défoncer pour avoir encore découché. Comment vas-tu faire pour rentrer ?

- Je dormirai dans le jardin, en attendant que Tante Pétunia se réveille... fit-il. Ou bien, j'irai à la cabane.

Il savait très bien que le sommeil ne viendrait pas. Heureusement pour lui, les matinées d'été n'étaient pas froides, mais plutôt agréables, et regarder le soleil se lever le calmerait certainement.

- Charline n'était pas avec toi, tout à l'heure ? dit Harry, venant de réaliser qu'elle n'était pas présente.

- Elle est partie après avoir appelé les pompiers. Ses parents sont un peu plus stricts que les nôtres, tu sais. Elle a dû certainement prévenir Émile et Peter. D'ailleurs, il va s'en vouloir de t'avoir laissé tout seul.

- Il ne pouvait pas savoir, Lou, rétorqua Harry.

Ils optèrent pour rentrer chez eux à pieds, n'ayant pas assez de monnaie pour se payer un taxi. Leurs résidences n'étaient pas très loin de la grande ville. Ils marchèrent en silence, et Harry était content que Lou ne soit pas loquace pour une fois, il avait encore mal à la tête.

Ils rentrèrent chacun chez eux, Harry n'ayant pas le courage d'aller jusqu'à la cabane, un peu plus loin que la maison des Dursley. Il s'allongea à l'abri des regards, derrière un bosquet de pétunia, sur la pelouse bien tondue et fraîche. Le ciel était encore noir mais on pouvait voir des reflets orangés pointer le bout de leur nez. Il ferait bientôt jour.

Harry ferma les yeux, espérant s'endormir. Il ne s'embêtait pas de la réaction des Dursley s'ils venaient à le retrouver ici, ni les conséquences. Qu'en penserait les voisins ? aurait hurlé tante Pétunia. Il réfléchissait encore à son trou de mémoire, à ce vide qu'il ressentait. Il y avait bien un problème non ? Pourquoi avait-il mal à la tête à chaque fois qu'il essayait de se souvenir de ce passage ? Il soupira... peut-être que la mémoire lui reviendrait avec le temps...

Le soleil commençait à se lever, lorsqu'il entendit des bruits provenant de la cuisine. Harry se leva précipitamment, espérant que ce soit Tante Pétunia, bien plus clémente que son mari, Vernon. Il jeta un coup d'oeil à la fenêtre, et ce qu'il vit l'étonna. Dudley. À environ 6 heures du matin, et ce pendant les vacances. Harry comprit bien vite la raison de cette surprise lorsque son obèse de cousin essaya de prendre le plus de provisions possibles dans ses mains pour les amener dans sa chambre et certainement les bouffer (ce n'était même plus manger à ce point-là.)

Harry tapota sur la fenêtre, faisant couiner Dudley qui croyait certainement que l'un de ses parents arrivait. Il se tourna vers le brun, qui lui souriait, et entrouvrit la fenêtre.

- Qu'est-ce que tu veux, binoclard ? marmonna de sa grosse voix son cousin.

- Ouvre-moi la porte, chuchota Harry, sans relever l'insulte.

- Pourquoi est-ce que je ferais ça ? ricana-t-il.

- Pourquoi est-ce que tu ne le ferais pas ? répondit Harry du tac au tac. Si tu ne le fais pas, je me ferai un malin plaisir de dire qui fait la petite souris la nuit dans le frigidaire... et j'aurai des preuves !

- Pourquoi est-ce qu'ils te croiraient, hein ? rétorqua Big D, quelque peu inquiet quand même.

- Parce que je sais où tu caches ta nourriture... chantonna doucement Harry. Ouvre-moi la porte et je ferai comme si je t'avais pas vu.

- D'accord, grogna Dudley. De toute façon, ils vont bien savoir que tu as découché vu que t'étais pas là hier, quand maman a fermé la porte.

Harry savait très bien qu'il n'allait pas échapper aux réprimandes de l'oncle Vernon, et que celui-ci ne le croirait pas si le brun lui disait la vérité, c'est-à-dire, le malaise. Et dire qu'il était parti tôt pour éviter ce genre de choses justement...

Comme promis, la porte était ouverte lorsque Harry tenta d'entrer. Dudley pouvait être plutôt sympathique quand il le voulait... et quand il n'était pas avec sa bande de délinquants. Il s'avança dans le couloir le plus lentement possible et tenta d'ouvrir le placard sous l'escalier. Oui, c'était là qu'il dormait. Un placard sous l'escalier. Et pourtant il y avait quatre chambres en haut, une pour tante Pétunia et oncle Vernon, une pour Dudley, une chambre d'ami... et une chambre réservée actuellement pour les jouets et babioles de Dudley. Au début, dormir dans le placard n'était pas trop un problème, mise à part qu'il ne comprenait pas pourquoi, mais en grandissant... Le placard avait commencé à devenir étroit – en plus, il devait y ranger toutes ses affaires scolaires et vêtements – et malgré toutes les suppliques qu'il avait adressées aux Dursley, il lui était impossible de changer de « chambre ».

Malheureusement pour lui, le placard sous l'escalier était fermé. Apparemment, oncle Vernon avait décidé de lui mener la vie dure. Harry soupira, il n'avait qu'une envie, c'était de s'enfermer dans son placard et de dormir, et de ne plus en sortir pendant quelques jours. Il se sentait encore un peu faible après son malaise et devoir affronter oncle Vernon ne l'enchantait guère. Encore moins que d'habitude.

Il essaya de forcer sur le placard lorsqu'il entendit des pas en haut, mais ne réussit pas à l'ouvrir. Lorsque la personne – qu'il espérait réellement être tante Pétunia – descendit les escaliers, il essaya de s'échapper à la cuisine, mais une voix grave hurla :

- Espèce de sale délinquant ! COMMENT OSES-TU DÉCOUCHER COMME ÇA ?

Harry, dos à lui, encore sur le cadenas sur la porte du placard, fit une grimace. Non, ce n'était pas tante Pétunia. Prudemment, il se remit droit, et se tourna vers son oncle, les yeux baissés – pour éviter de paraître impertinent – et sans un mot. Depuis qu'il vivait avec eux, il avait appris à comment éviter les grosses colères des Dursley. Instinct de survie oblige.

Vernon Dursley, un homme grand et massif – surtout horrible – , le regardait en plissant des yeux, comme s'il réfléchissait à la meilleure façon de rabaisser Harry.

- Tu crois qu'on est bêtes, espèce d'idiot ? Tu croyais pouvoir t'enfuir comme ça sans conséquence ? JAMAIS DUDLEY NE FERAIT UNE CHOSE PAREILLE ! tonna-t-il.

Harry retint un sourire en ne comptant plus combien de fois Dudley avait découché sans l'autorisation de ses parents.

- Que se passe-t-il Vernon ? glapit tante Pétunia en descendant à son tour les escaliers. Oh je vois, fit-elle dédaigneusement en voyant Harry et son allure. Toujours aussi impertinent et sans éducation.

Il était complètement débraillé, certes, mais comment pouvait-il être autrement après une telle nuit ? Harry retint ses protestations. Et puis, son éducation venait d'eux à ce qu'il sache.

- Laisse-le Vernon, quand il sera sur les trottoirs en train de mendier de l'argent, tu pourras dire que tu as fait tout ce que tu peux pour sauver ce garçon. C'est un cas désespéré, rétorqua tante Pétunia en se dirigeant dans la cuisine. Enferme-le dans le placard.

Tante Pétunia ne hurlait pas, elle parlait. Et les mots étaient parfois plus durs que les coups, pensait Harry. Vernon l'enferma à double tour dans son placard et Harry s'allongea sur la choses miteuse qui lui servait de matelas depuis plus d'une dizaine d'années, s'enroula dans sa veille couverture et regarda le plafond du placard.

Il se demandait ce qu'était l'amour, parce que personne ne lui avait appris à aimer, autant qu'à savoir être aimé. Il soupira une énième fois en pensant aux paroles de sa tante. Peut-être avait-elle raison, il n'était qu'un bon à rien et il n'allait certainement pas réussir sa vie. Harry pensa à l'espoir qu'il avait enfant qu'une personne viendrait le sauver de cet enfer sur Terre. Harry espéra une dernière fois et s'endormit.

Et plus que tout, il voulait oublier ce manque qui l'étreignait en lui depuis son réveil...


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