Je pensais ne jamais revenir par ici. Comme quoi, le monde est étrange. Davantage en ces temps...

J'ai reçu tout récemment un commentaire sur cette histoire qui m'a absolument ravi. Merci à toi Lili. Je ne sais pas si tu auras connaissance de ce nouveau chapitre, mais saches que tu en es grandement responsable.

Prenez soin de vous.


Hostis Humani Generis

Chapitre dix, Delirium


Le monde était gris, mais d'un gris épousant un bleu affecté. Il était de la couleur d'un Morpho battant vers la fin: sa matière légère bientôt inerte, ses ailes comme les cendres d'un feu qui suffoque. Une brume dense tanguait au-dessus de sa peau abîmée. La terre était molle et humide, jonchée d'ossements, rongée.

Stiles tournait sur lui. Encore et encore. Son corps attiré vers la terre, étroit dans sa solitude, terrorisé. Tournait, tournait. Et ces reliques, ces fétiches. Tous ces restes d'avant la mort du monde.

Il cessa, ou le monde à sa place. Un coup indicible le plia en deux, et il se mit à vomir une brume argentée. Sa mémoire s'échappait avant de se consumer au contact de l'air, et ses mains qui cherchaient, ne retenaient seulement des cendres.

- Non. Non non non, pas ça ! S'il vous plaît, pas ça !

Le visage de sa mère fut dévoré par un sourire rougeoyant –


Stiles ouvrit brusquement les yeux. Empêtré entre deux sphères, il roula sur le flanc. Son corps était fondu dans la fièvre. Il avait l'impression que ses joues craquaient sous le sel des larmes, comme de la peinture.

- J'ai chaud, geignit-il, et il balança son pied pour retirer la couverture dans laquelle il était enveloppé, en plus de son jean, d'un t-shirt, d'une chemise en laine, d'un pull, d'une paire de –, j'ai vraiment très chaud.

Il releva la tête pour tordre un peu son cou et croiser le regard de Derek dans le rétroviseur. L'adolescent était allongé de tout son long à l'arrière du véhicule, dans l'espace dégagé par Derek et aménagé avec des couvertures et un duvet. Hale conduisait.

- J'ai vraiment très envie de faire pipi aussi.

Il observa les drôles d'yeux clairs faire un tour parfait dans leur orbite avant de renfoncer sa tête dans les couvertures.


Derek l'attendait contre le flanc de la Chevrolet quand il sortit des sous-bois, la vessie soulagée. Stiles le trouvait très à l'aise dans son allure de mercenaire. En fait, Stiles trouvait qu'il avait une allure de mercenaire, et qu'il faisait très à l'aise dans cet environnement, avec la fatalité des armes et de l'horreur. Il trouvait ça triste aussi, parce que sans doute Derek Hale avait-il été bien autre chose avant. Son compagnon l'attendait – lui – les bras tranquillement serré contre son torse, non avec un canon dirigé droit sur son nez. De ça, Stiles était reconnaissant. Derek Hale était devenu une constante rassurante.

Quand il parvint à hauteur du véhicule, ses yeux pâles le considéraient attentivement.

- La fièvre est descendue ?

Stiles se planta devant lui, une moue plissant son nez et sa bouche.

- Je crois, oui, répondit-il, ses doigts étaient serrés dans ses bras.

Derek fit un pas en avant et déposa une main sur son front. Stiles observa ses sourcils se plisser, ses cils denses et noirs, l'hématome en-dessous jusque sur l'aile du nez.


Stiles, Stiles, Stil -

- Pardon ?

Scott l'observait d'une drôle de façon. L'air de dire: Comment ça tu ne m'écoutais pas ? J'ai mis tout mon coeur là, mec, je suis blessé. C'était une putain de grande histoire. Stiles passa une main sur ses sourcils.

- Qu'est-ce que tu me racontes ? Répètes. S'il-te-plaît, répètes un peu.

Scott continuait de le dévisager.

- Peu importe, mec, finit-il par dire en haussant les épaules, puis il se tourna.

Stilinski sentait un sentiment oppressant sévir dans son ventre, harponner son nombril. Il n'aimait pas le dos de Scott se découpant dans le bleu du paysage, s'enfonçant sans lui. Et tout ce silence autour.

- Attends. Scott, juste attends-moi.

Sa main sur l'épaule de son meilleur ami le fit pivoter. Soudainement, le visage de Scott était livide et défait. Le gamin du shérif eut un hoquet de stupeur. Au coin de son sourire tendre, sa joue s'ouvrait jusqu'au saillant de la mâchoire. On distinguait le blanc de l'os.

- Non mais je disais que c'était pas de ta faute. C'est rien. J'ai même rien senti, continuait le jeune homme en l'attrapant pour le serrer contre lui et continuer à marcher. C'était trois fois rien, te bile pas.

Les vêtements de Scott étaient plein de sang, son ventre ouvert comme si quelqu'un l'avait confondu avec un biscuit et s'était amusé à y laisser l'empreinte de ses dents.

- Tu dois avoir les boules n'empêche, fit brusquement une autre voix. Perso, j'aurais les boules. Là, ça fait un paquet de morts quand même. Et putain, McCall qui te chie sa merde. Bien sûr qu'il a souffert. Il hurlait comme une gamine.

- La ferme, Jackson. Stiles, fais pas attention à lui.

Mais Stiles était tétaniser et Jackson poursuivait:

- Ils se sont mis à plusieurs sur lui. Et c'était dégueulasse, putain. Pire que dans ces putains de documentaires à la con. T'aurais du voir ça.


- Stiles !

Il ouvrit brusquement les yeux sur le visage concerné de Derek. Ses joues étaient chaudes et humides. Son souffle s'écoulait par à-coups. Il observa Hale s'enfoncer dans son siège pour fixer un point à travers le pare-brise, alors l'adolescent remarqua qu'il tenait encore son visage quelques instants plus tôt.

- J'ai cru que j'allais devoir te verser sur la tête notre réserve d'eau.

Stiles battait obstinément des paupières.

- Tu as encore de la fièvre. Viens, dit Derek au bout de quelques minutes.

Puis, il sortit de la voiture pour se diriger vers une maison.


La maison était vide, à l'exception du salon. Stiles avait l'impression qu'une rafale avait soufflé toutes les affaires pour les amener dans cette unique pièce, toutes à la fois. Cette dernière disparaissait sous un fatras innommable.

- Je t'ai dit de te trouver quelque chose à manger.

- J'ai l'air de faire un tennis ?

Derek le fixait.

- Des gâteaux apéritifs, observa-t-il.

- Et rassis semble-t-il. J'allais pas faire mon difficile. Regarde avec qui je voyage. Ça y est, t'es arrivé à ton quota de parole pour la journée. Je dois glisser une pièce où ?

Derek se contenta de fixer Stiles avant de balancer une boite sur le tas d'affaires près de lui. L'adolescent fixa, dubitatif. Une boite de maquereaux.

Mieux valait ne pas être malade quand on vivait une apocalypse, mieux valait ne pas être seul, mieux valait ne pas être blessé, mieux valait ne pas être accro au Skittles - parce que bon, soyons honnêtes, les Skittles étaient désormais denrées rares, comme les gens en fait; bref, mieux valait ne pas être un tas de choses. Stiles se demandait même s'il ne valait mieux pas être mort. Le soucis, c'était que Stiles ne savait pas ce qui se passait quand on était mort, et si la vie lui avait appris quelque chose : c'était qu'on ne mettait pas son billet sur un cheval qui ne savait pas vers quoi il courait. Enfin, Stiles était certain d'une chose : on ne faisait pas descendre une fièvre sans remède. Puis, certain d'une autre en fait : trouver des médicaments pendant une apocalypse était chose ardue. Il donnerait tellement pour un peu de paracétamol, son lit, son plaid et son ordinateur : faire baisser sa fièvre devant une bonne série et s'endormir, bercé par les bruits de son père au rez-de-chaussée. Non, il donnerait peu. Il donnerait tout pour autre chose, et autre chose était loin d'être une molécule pouvant faire baisser sa fièvre et mourir ses courbatures.

Derek ne revint pas tout de suite. Derek ne revint pas avant au moins une heure, ou même deux. Avec un peu de culpabilité, Stiles fixa les maquereaux dans leur boite de métal.

- On dirait que c'est que (Il avisa le nombre indiqué sur le couvercle.) nous quatre maintenant, les gars.

L'opercule roula sur lui-même, laissant se répandre dans l'air une forte odeur de poisson mariné et d'huile. La nausée roula sans que Stiles n'ait fait un geste de plus. Il repensa à l'expression de Derek, défait sous son air revêche. La culpabilité eut raison de lui, il engagea deux doigts dans la sauce et saisit un bout de maquereau. Le morceau fut à peine sur sa langue qu'il traversait la maison pour le vomir. Enfin, il avait fait deux pas, était arrivé dans la cuisine et s'était plié en deux contre le mur.

- Classe…


Tout son corps palpitait. Chaud, froid. Chaud. Froid. chaudfroidchaudfroid Il s'appuya en entier sur le mur. Près du cadre, les écailles de peinture s'accrochèrent à sa paume. Le monde essaya de rouler, mais il inspira fort par le nez et essuya la sueur qui perlait sur son front.

Sur le parquet usé, un maquereau demeurait sauf dans la boite en fer, les deux autres étaient perdus. Stiles pensa encore une fois à Derek.
Il se sentait misérable.

Stiles ouvrit ses yeux, emmitouflé depuis son endroit sur le sol. La nuit serrait ses joues contre les fenêtres, à l'autre bout de la pièce. Quand il avait fermé les yeux, il faisait encore jour. Si Derek le remarqua, il fit mine de rien et continua à s'activer. Puis, il s'immobilisa dernière le canapé. On aurait dit qu'il ne savait pas quoi faire de lui-même, qu'il y avait des mots dans sa gorge. Qu'un tas de mots étaient coincés depuis des années. Ses poings s'ouvraient et se fermaient contre ses cuisses. Son regard eut le temps de se poser partout dans la pièce avant de venir sur Stiles. Ils se fixèrent ainsi, et peut-être que Derek attendait qu'il comprenne quelque chose.

Son regard était insistent. Stiles se sentit encore plus chaud. Il repoussa les couvertures et se redressa contre le mur.

- Pourquoi tu ne t'es pas mis dans le canapé ?

Derek était toujours immobile. Et intense.

Stiles s'éclaircit la gorge, fixa les assises du canapé. Bien sûr qu'il avait remarqué que Derek l'avait débarrassé de ce qui l'encombrait.

- Je - Il n'est pas - Il n'est pas contre un mur, ça me met mal à l'aise. J'aime pas savoir que tout un tas de choses peuvent me sauter dessus, passer derrière moi. Tu sais, ce genre de conneries.

Derek le fixait.

Et soudainement, Stiles l'observa incrédule faire le tour du sofa, tirer la housse de protection et prendre les deux énormes assises. Il se dirigea vers lui, et grommela un « pousse-toi » en guise d'avertissement avant de les lâcher près du mur. Il reprit la housse et revint pour envelopper les deux coussins et les maintenir ensemble. Puis, il s'accroupit devant Stiles. Les yeux de l'adolescent devaient être comme deux soucoupes. Hallucinant.

- Ta fièvre est redescendue ?

Et à aucun moment, Stiles ne sut jamais la ponctuation de cette phrase parce que Derek grognait plus qu'il ne communiquait, et qu'il s'exprimait comme si ses dents demeuraient serrées sur une information qu'il ne voulait échapper. Stiles ne répondit rien. Il avait l'impression d'halluciner, d'être partout dans la pièce à l'exception de son corps. Il battit des yeux. Derek le fixait, indéchiffrable. Comme s'il voulait lui faire comprendre quelque chose ou qu'il venait de lui soumettre une idée, et que Stiles devait répondre. Son expression roula très légèrement, ses sourcils se froncèrent et Derek semblait dire : très bien; malgré que Stiles n'ait prononcé aucun mot. En fait, que le monde se torde, il en était incapable ! Il ne sut pourquoi il hocha cependant la tête, absolument incertain, et Derek posa une grande main sur son front.

- Tu es brûlant. Tu as avalé quelque chose ?

Stiles repensa aux maquereaux, et agita la tête : non.


Il n'avait pas voulu réessayer de manger. Derek avait insisté pour qu'il boive, et il s'était endormi avec l'impression d'avoir avalé un lac. Le lac dans lequel il était tombé - cela aurait été pratique de pouvoir l'avaler avant de tomber dedans. Stiles fila.

Il ferma les yeux quelques secondes. Il les rouvrit parce qu'il y avait quelque chose. Le salon était sombre, aussi calme que l'extérieur, et Derek avait fini par s'assoupir, le menton affaissé contre son torse, à moitié tordu contre le mur.

Stiles le fixa, puis les murmures finirent par le déranger pour de bon. Viens viens viens viens… Viens à nous… Quelques secondes auparavant il n'y avait rien, puis des yeux reposaient contre les carreaux. Brillants et jaunes. Viens viens viens viens… Viens à nous… Stiles se leva. Il garda un bout de sa couverture en main, elle traina lourdement derrière lui. Il s'accroupit devant Derek, l'enveloppa dedans. Il traça d'une main distraite les lignes sur son visage : ses sourcils, ses pommettes, les bleus en ombre…

A l'arrière de la maison, la porte était ouverte, une silhouette assise sur les marches. Viens viens viens viens… Viens à nous… Les pupilles fendues et sombres le suivirent depuis le verre, quand il s'engagea dans les bois.


Sa mère était devant une souche. Elle l'étudiait, et paraissait tellement absorber qu'elle ne le remarqua pas tout de suite. Quand, elle se tourna enfin vers lui, ses bras étaient toujours serrés sur sa poitrine, ses pieds fermement plantés dans la terre.

- Tout est mort, dit-elle avec la voix qu'elle avait quand elle proposait de faire des biscuits pour les manger devant la télévision.

La souche avait séchée. Elle était à moitié déracinée.

La bouche de Stiles était sèche elle-aussi.

- Derek dort.

Sa mère se tourna vraiment vers lui. Elle portait une robe avec un ruban. Une chose qu'elle n'aurait jamais mis de son vivant.

- Il est en train de mourir, mon bébé. C'est ce que font les choses, elles meurent. Ne pleure pas.

Son sourire était triste, ses mains froides sur ses joues.

- Tu ne le connais pas.

- Ne pleure pas, mon bébé. Il ne faut pas que tu aies de la peine.

Il voulut se répéter, mais tout se déracina à l'intérieur. Il s'accrocha à sa mère.

- Oui, Sti-les. Ne pleure pas.

Gars était appuyé derrière, contre un arbre. Il jouait distraitement avec une cigarette.

- C'est la vie, mon bébé, chuchota sa mère. Ne pleure pas.


Il faisait jour. Le ciel était satiné et clair par la fenêtre.

Stiles concentra ses yeux sur le plafond. Il sentait ses joues craquer.

Il s'assit brusquement, en s'essuyant les yeux, quand la porte à l'arrière grinça. Ce fut la seule chose qui signala de nouveau la présence de Derek à l'intérieur. Stiles repassa la main sur ses yeux et s'appuya confortablement contre le mur. Il réajusta la couverture autour de lui.

Derek se planta sous l'arche entre le salon et la cuisine. Derrière lui, la porte était ouverte sur les bois. Stiles eut un sentiment étrange.

- J'ai l'impression que ça va un peu mieux.

Derek lui répondit avec un bruit de gorge. Il continuait de le fixer. La peau de Stiles le picotait.

- Quand est-ce qu'on part ?

Ses joues étaient à feu. Il voulait s'extraire du regard de Derek. Il se leva sur des jambes tremblantes, peut-être trop vite, le monde roula, frisa. La rediffusion image au niveau des yeux fonctionnait mal. Une grande main vint le saisir pour le stabiliser. Stiles n'avait même pas vu Derek traverser la pièce. Sa respiration était forte, son sang battait à ses oreilles.

- Quand tu auras avalé un vrai repas.

Stiles leva les yeux vers Derek quand il ne menaça plus de tomber dans le monde. La main de Hale était un étau autour de son bras, le ramenait contre son côté, solide.

Derek le guida de nouveau vers les coussins, l'enveloppa dans la couverture assez brusquement, déposa une grande main sur son front brièvement.

Puis, Stiles l'observa disparaitre par la porte menant au bois.


Derek revint peu de temps après. Il avait dans les bras un réchaud et un animal dépecé. Stiles fit la grimace en suivant le sang qui coulait sur la peau à vif et tombait le long de son jean, sur le sol.

- De rien, grogna Hale.

Et la grimace disparut.

Stiles réajusta sa position et étudia Derek préparer leur repas. Ce dernier tira une caisse sur laquelle il s'assit, et ne dévia jamais son regard du lapin jusqu'à ce qu'il soit cuit. Ses sourcils se froncèrent sur ses yeux clairs. Il s'abîma là de longues minutes. Tout comme Stiles, l'observa. Le jeune homme avait l'impression que le temps s'était déposé, que Derek serait désormais là à préparer ce repas, au milieu de cette maison vide, tous deux esseulés du reste. Mais Derek finit par bouger de nouveau. Il transgressa son état de veille pour attraper une gamelle près de sa caisse, y déposa un peu de viande qu'il réduit en plusieurs morceaux. Stiles l'observa se lever, revenir avec une bouteille d'eau, puis lui poser l'ensemble. Stiles observa la peau sombre sous ses yeux si clairs, qui n'était pas ainsi seulement à cause des hématomes.

Stiles mangea très doucement, mais il mit un point d'honneur à finir la gamelle et à avaler de longues gorgées d'eau. Il avait toujours la nausée, cependant le repas lui fit du bien. Ses yeux étaient lourds.

- Je peux prendre le prochain tour de garde, dit-il à Derek. Il faut que tu dormes.

Sa voix était molle. Il sentait son corps s'affaisser dans les couvertures. Derek fit un bruit de gorge. Ses yeux se fermèrent.


Il se réveilla en ayant envie de soulager sa vessie. Il ne trouva pas Derek dans le salon ni la cuisine. La porte arrière était encore ouverte. L'air frais vint le cueillir, doux contre sa peau brûlante. Le soleil déclinait au-delà de la canopée.

- Je pensais ne plus trouver de biches dans les bois.

Stiles manqua de refermer sa braguette sur ses doigts. Il découvrit Gars, encore appuyé contre un arbre, une cigarette allumée.

- J'espère que je ne viens pas de pisser au lit, marmonna Stiles. À croire que tu m'as vraiment traumatisé, je pourrais rêvé d'autres personnes.

Gars recracha une longue bouffée de fumée à travers un immense sourire.

- Tu as vu ma mère ?

- Non. Elle est comment ?

La tête de Stiles lui tournait.

- Morte, répondit-il.

L'écorce était dure contre ses mains. Il se laissa tomber dans les feuilles, appuya fort l'arrière de son crâne contre le tronc. Tout tournait moins s'il fermait les yeux.

- À une prochaine fois, je vais juste me réveiller dans mes coussins.

Gars tourna la tête, sembla écouter quelque chose.

- À une prochaine fois, Sti-les, répondit-il en s'éloignant.


Derek ne dut pas mettre plus de cinq minutes, seulement le temps de ranger quelques affaires dans la voiture et de revenir. Pourtant quand il revint, la porte était toujours ouverte mais Stiles n'était plus dans ses couvertures. Son estomac tomba. Il fouilla rapidement la maison, avant de s'élancer dans les bois. Comment pouvait-il perdre un gamin en moins de cinq minutes ? Un gamin malade. Une silhouette se dessina dans le jour déclinant, appuyée contre un arbre. Derek referma la distance en quelques grandes enjambées.

Stiles était brûlant. Et délirant.

- Merde.

Quand il le toucha, les yeux du plus jeune s'ouvrirent sur deux iris noisettes et brillants.

- Oh. Derek.

Derek pensa : « Ne me oh Derek pas. Putain. » Il le souleva dans ses bras et se dirigea vers la maison.

- Derek.

Stiles l'observait, observait les bois, posait ses longs doigts sur son visage.

- Derek. Ils sont partout autour de nous. Ils nous regardent. T'entends, Derek ? Ils viennent pour nous.

Derek tourna son visage pour éloigner les mains de Stiles, et soupira.


Putain, ça faisait plus de quatre ans que je n'avais pas publié.