Et voici la suite ^^ J'en profite pour remercier les personnes qui suive la fiction ^^ et également ceux qui prennent le temps de poster un petit commentaire . Vos remarques et conseil m'aident beaucoup dans la suite de cette aventure! Bisous
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SEQUENCE 2 : Entrainement

La nuit avait été agitée. Elle n'avait cessé de se tourner et retourner sur sa couchette, l'esprit occupé à penser si sa décision de rejoindre les Assassins était la bonne. Il fût normal qu'elle se sente au lever plus fatiguée qu'elle ne l'avait été la veille. Elle sursauta lorsqu'elle aperçut Keria au pied du lit, un sourire au visage.

-Il est quelle heure ? Fit la jeune fille peu habituée à se lever tôt.

-Il est l'heure. Se contenta-t-elle de lui répondre. Le Maître vous attend. Après votre bain bien sûr. Fit-elle en lui désignant une volée d'escalier qu'elle n'avait pas vue la veille.

Elle finit par s'extirper de ses draps pour suivre la servante et expédier sa toilette. La jeune fille enfila ensuite sa tunique pour la première fois sous l'œil professionnel de Keria. A peine l'avait-elle mise qu'elle se sentit plus forte, plus sûre d'elle, comme investit d'un quelconque pouvoir mystique. Elle rabattit son capuchon en ne laissant dépasser que quelques unes de ses mèches blondes.

-Magnifique. Peut-être faudra-t-il faire quelques retouches au niveau des manches mais sinon c'est exactement votre taille. Conclu la couturière.

L'ancienne voleuse lui adressa un dernier signe de remerciement et monta les escaliers au pas de course pour rejoindre son nouveau Maître dans la salle d'entraînement. Ezio était au centre de la pièce, habillée de la même tunique que la veille. Une part d'elle-même se demandait si le Maestro possédait plusieurs vêtements différents pour être toujours vêtu de la même manière…

-Prête ? Lui fit-il en guise de salut.

-Bonjour également.

Il sourit.

-Mes excuses… Bonjour Aspirante.

-Béa. Il n'y a personne à impressionner.

-Pas encore. Mais une certaine hiérarchie devra être respectée dans la Confrérie.

-Hum…

Son ventre se mit alors à gargouiller horriblement fort.

-Et pour le petit déjeuner ?

-Lorsque tu auras finit ton entraînement matinal et que je jugerais tes performances satisfaisantes. Et il en sera toujours ainsi désormais.

-Magnifique… Vous empruntez vos méthodes de motivation aux Borgia ? Lui dit-elle sur le ton de la plaisanterie.

Il n'eut aucun sourire.

-Bon d'accord, laissez tomber… Où est le sombre et ténébreux messer Niccolo ? Interrogea la jeune fille pour changer de sujet.

-Niccolo sert notre Ordre à sa manière, comme de nombreuses autres personnes. Certains sont faits pour être nos yeux et nos oreilles. D'autres la lame acérée de nos idéaux, dit-il à sa recrue.

-Il n'existe pas d'autres combattants Assassins tels que vous ?

Il fit non de la tête.

-L'Ordre des Assassins n'a cessé de décroître depuis de nombreuses années. Du temps de mon père celui-ci ne cherchait pas à le reconstruire mais à le préserver. Avec sa mort l'héritage de nos ancêtres a faillit être anéantit. J'ai prit sur moi de rebâtir la Fraternité afin qu'une telle chose ne puisse plus se reproduire. Nous possédons déjà plusieurs alliés tels que les voleurs et les mercenaires, sans compter les courtisanes. Mais ce dont la Confrérie a besoin désormais, ce qui faisait notre force autrefois, c'est de soldats. Et c'est pourquoi tu es là.

-Il est donc temps de commencer. Quel est le programme pour mon premier jour Maestro ?

-Tout d'abord j'ai quelque chose pour toi. Fit-il en désignant l'objet qui était posé sur la table du fond.

Béatrice s'approcha, curieuse. C'était un brassard marron munie d'une dague à ressort d'après ce qu'elle apercevait du mécanisme.

-La lame secrète des Assassins. Forgée dans un acier quasiment indestructible. Fine, acérée et indétectable elle sera ta meilleure arme. A titre personnel je te conseille de mettre également un gant de protection pour ta main si tu veux éviter les entailles.

La jeune fille hocha la tête et l'accrocha à son avant-bras gauche. D'une simple torsion de son poignet elle fit jaillir la lame, manquant au passage de lui arracher un doigt.

-Effectivement… Constata-t-elle en rétractant le mécanisme.

-Il était usage autrefois de faire passer plusieurs tests aux jeunes recrues afin d'être digne de pouvoir porter la lame. Je suis néanmoins partisan de commencer avec cette arme dès le début de la formation, comme je l'ai fait de mon temps.

Elle jeta un œil aux avant-bras d'Ezio.

-Tu… Je veux dire, « vous » en portez une à chaque bras ?

Il sourit.

-Quand tu auras la maîtrise suffisante peut-être pourras-tu maîtriser cette technique. Pour le moment concentre-toi sur le maniement d'une seule.

Il se tourna vers un mannequin disposé au centre de la pièce.

-Il faut avant tout t'habituer au maniement de la lame. Savoir la déclencher au bon moment sans se faire repérer. Ne pas hésiter une fois que ta cible est ta merci.

-Ne pas hésiter, répéta-t-elle. Aucun problème pour moi.

-En es-tu sûre ? Lorsque tu verras ton ennemi de face, lorsque tu plongeras tes yeux dans les siens, auras-tu la même affirmation ? Pourras-tu le tuer ?

Son Maître mettait le point une de ses principales interrogations depuis qu'elle avait accepté de commencer sa formation d'Assassin. Aura-t-elle le courage de faire ce qu'il conviendrait au moment donné ? Pourra-t-elle s'abolir du sentiment de culpabilité lorsqu'elle se décidera à effectuer sa besogne ? Tuer un garde en cas de légitime défense était une chose. Assassiner quelqu'un de sang froid en était une autre. Comme s'il lisait dans ses pensées, Ezio mit sa main sur son épaule en lui disant :

-Là est tout le paradoxe de notre Ordre. Nous tuons lorsque c'est nécessaire mais cela ne nous rends pas insensible et heureusement car c'est une des choses qui nous différencies de nos ennemis. Tu rencontreras de nombreuses personnes qui ne méritent pas forcément la mort au cours de ta vie dans la Confrérie mais garde à l'esprit que seul compte ta mission et ton devoir.

-Bon je crois que j'ai compris. Alors on commence ? Fit-elle pleine d'entrain en dégainant une nouvelle fois sa lame secrète.

Ezio secoua la tête d'énervement. Sa nouvelle recrue ne semblait pas vouloir l'écouter débiter son flot de moral sur le Credo. Faisait-il déjà partit de cette génération d'anciens qui s'entêtaient à tenter d'inculquer leurs savoirs et leurs conseils aux jeunes générations insouciantes ? L'aspirante s'approcha du mannequin au trot et l'éventra d'un geste précis tout en exécutant un petit saut.

-Pas mal non ? Fit-elle satisfaite d'elle-même.

-Effectivement. Mais tes futures cibles ne seront pas aussi faciles à avoir.

Le Maître Assassin dégaina sa lame, le visage fermée, et défia son apprentie.

-Commençons.

Et c'est ainsi que dura plusieurs semaines d'entraînements intensives aux disciplines des Assassins : épée, dague, couteaux de lancé, corps à corps, dissimulation, stratégie… Rien n'était laissé au hasard par son mentor. Bien que son expérience en tant que voleuse lui permit de franchir rapidement les premières étapes de son apprentissage, cela ne l'empêchait pas de tomber tout les soirs sur sa couchette, morte de fatigue et souffrant le martyre de courbatures et de bleus en tout genre. Même si Ezio se trouvait être un professeur exigeant, il n'en restait pas moins d'agréable compagnie pour la jeune romaine. Elle aimait tout particulièrement les quelques nuits où il s'était mit en tête de l'instruire et lui dispensait les enseignements de divers écrivains et philosophes à l'aide de la bibliothèque. L'ambiance presque mystique de la pièce était accentuée par l'éclairage à la bougie, faisant valser leurs ombres sur les murs en pierres durant les longues heures qui défilaient. Il arrivait également plusieurs fois à l'Assassin de venir la chercher en plein sommeil et de la forcer à subir un quelconque entraînement ou encore à escalader les toits de Rome, ce qui lui permettait de s'aérer. Le mal ne dormait jamais lui répétait-il lorsque celle-ci refusait de se lever. Ezio étant satisfait de ses progrès, sa première mission qui devait la confirmer en tant que membre à part entière de la Confrérie arriva très vite. Elle dut l'accompagner dans les rues de Rome pour trouver et tuer un agent des Borgia qui sévissait en s'en prenant aux courtisanes. Les deux Assassins se faufilaient dans la foule lorsqu'Ezio indiqua à sa recrue de le suivre dans une ruelle adjacente. Après avoir fait quelques pas la jolie blonde entendit des pleurs. Une courtisane était au chevet d'une de ses consœurs, morte. Un filet de sang dégoulinait de sa bouche, les yeux grands ouverts. Ezio lui ferma les yeux en lui accordant une ultime bénédiction avant de se tourner vers celle qui pleurait.

-Qui a fait ça ? Demanda-t-il d'une voix grave.

-Il… Medico signore, fit-elle en reniflant entre deux larmes. Enfin nul ne sait s'il en est vraiment un mais…

En regardant de nouveau son ancienne compagne elle ne put laisser échapper d'autres sanglots.

-Je l'avais mise en garde…

-Où est-il ?

-Plus loin vers le marché. Les autres filles vous indiqueront par où il est partit.

L'Assassin hocha la tête et partit en direction de la rue principale. Il aperçut une autre fille de joie qui lui désigna une autre rue sur la droite. Béa et Ezio allèrent ainsi d'informatrice en informatrice avant enfin de se trouver à une centaine de mètre du Templier, arborant les traits d'un banal médecin de la ville.

-Il est pour toi. Je t'observerais des toits. Tu devras te débrouiller seule et retourner au repaire une fois ta tâche accomplie. En aucun cas je n'interviendrais. Buena fortuna.

-Grazie Maestro, fit-elle en posant son poing devant son cœur pour le saluer.

La jeune recrue se mêla à la foule comme elle le faisait autrefois, lorgnant bien malgré elle sur quelques bourses bien remplie qui se trouvait à sa portée. Non. Elle n'était pas là pour ça. Elle continua droit devant elle, sa cible s'étant arrêtée à une échoppe. La jeune fille dégaina sa lame secrète et s'arrêta juste derrière lui. L'homme dût sentir sa présence car il se retourna très vite. Béatrice resta un instant interdite, hésitant à exercer sa besogne. Méritait-il vraiment de mourir ? Les yeux du Templier croisa ceux de la jeune romaine un instant et s'empressa de tenter de sortir ce qu'elle imagina être une arme. C'est donc par pur réflexe qu'elle abattit sa lame dans l'abdomen de son ennemi. L'homme s'agrippa le ventre et se tordit de douleur, du sang dégoulinant de sa blessure. La blonde se reprit très vite et l'acheva d'un coup dans la nuque. Le marchand qui avait observé la scène cria alors à une patrouille qui passait :

-Assassino ! Garde ! Ici il y a un Assassin !

Béatrice réagit au quart de tour et prit la poudre d'escampette, empruntant l'échelle qui était posée contre le mur de la boutique. Elle se prit alors une pierre dans le dos, jetée par l'une des patrouilles, qui faillit la faire lâcher prise. Derrière elle deux gardes la suivaient de près. Alors qu'elle finissait son escalade, une flèche siffla près de son oreille, décochée par un archer situé sur le toit en face. La jeune fille se maudit intérieurement de ne pas avoir fait un repérage plus précis des lieux. Une erreur qui pourrait lui coûter cher. Une fois debout elle se retourna et décrocha l'échelle du mur, faisant tomber les gardes qui la suivaient dans la foule hurlante. Une autre flèche égratigna son bras droit, lui tirant une grimace de douleur. Elle s'enfuit alors, sautant de toit en toit en mettant le plus possible de distance entre elle et ses poursuivants. Alors qu'elle avait échappé à leurs regards, elle reprit une autre échelle pour redescendre. La jeune fille trouva un banc tout proche et s'y assit entre deux personnes âgées et baissa la tête. Quelques secondes plus tard trois de ses poursuivants passèrent en trombe.

-Il devrait être ici.

-Merda quelqu'un a vu quelque chose ?

-Non.

L'un deux grogna de dépit et fit signe à ses camarades de partir.

-Il nous a échappé. Venez, ce n'est que partie remise.

Béatrice sourit sous sa capuche et attendit encore une vingtaine de minutes avant de se décider à commencer à partir en direction du repaire. Elle s'arrêta un instant chez un véritable medico pour qu'il lui donne un cataplasme pour sa blessure.

-Hum… Blessure superficielle. Appliquez cet onguent et dans deux jours elle disparaitra.

La jeune fille le remercia en le payant et repartit d'un pas lourd. Sa première mission avait été un succès malgré quelques erreurs mineures. Alors pourquoi se sentait-elle aussi mal ? Etait-ce cette exécution qui l'avait si chamboulé ? Décidant de retarder la confrontation avec son Maître, la jeune fille s'écarta de sa route initiale et fila en direction des vieux quartiers Est. Elle avait besoin de réfléchir. Elle escalada donc échelles et murs pour finir par se retrouver en haut d'une haute tour qui dominait de plusieurs dizaines de mètres la citée Romaine. L'ancienne voleuse se posa en douceur sur le rebord, laissant ses jambes tombées dans le vide. Une simple torsion de poignet et sa lame secrète apparut, encore tachée du sang de sa victime. Etait-ce vraiment ce qu'elle voulait ? Devenir une meurtrière ? Rejoindre les Assassins dans leur lutte quasi-impossible de la liberté ? Peut-être avait-elle accepté un peu trop vite la proposition d'Ezio. D'ailleurs pourquoi avait-elle succombée aussi vite à sa demande ? La jeune voleuse ne s'était jamais sentie concernée par un quelconque idéal si ce n'est le sien. S'occuper des autres était trop dur, trop compliqué. Avait-elle été envoutée par un sortilège de l'homme à la capuche ? Peu probable. Alors pourquoi ? C'était comme si une force extérieure l'avait mise devant le fait accomplit. Car c'était la chose à faire, elle le savait alors. Mais maintenant ? Elle resta ainsi de longues minutes qui finirent par devenir des heures, les yeux perdus dans le vague.

Des pas se répercutaient dans le repaire des Assassins. Ezio attendait dans la salle d'arme, le visage indéchiffrable.

-Alors ?

La jeune recrue baissa la tête en signe de respect.

-C'est fait Maestro, assura-t-elle en tentant de cacher le côté de sa tunique où elle avait été touchée. Tout s'est bien passé.

-Vraiment ? Interrogea-t-il inquisiteur.

Elle se mordit la lèvre inférieure, nerveuse.

-J'ai fais quelques erreurs, admit-elle enfin.

- Décris-les-moi.

-J'aurais dût faire un repérage plus précis. J'ai également hésité de le tuer alors que j'en ai avais l'occasion.

-La raison ?

Béa y réfléchit un instant, tentant d'analyser ses sentiments.

-Je ne sais pas… J'ai eut de la…

-Pitié ? Termina Ezio.

Béa le regarda, songeuse.

-Sans doute.

L'Assassin fit quelques pas avant de la fixer intensément.

-Que vas-tu faire maintenant ?

Elle le regarda sans ciller.

-Je vais approfondir mon entraînement et faire en sorte de devenir meilleure. Fit-elle convaincue. Je peux vous assurer que de telles faiblesses ne se présenteront plus.

Il acquiesça et approuva, fier de l'état d'esprit de sa disciple. A ce stade il avait envisagé deux situations : soit Béatrice tirait les conséquences de ses erreurs et les corrigeait, soit elle, et c'est ce qu'il craignait le plus, abandonnait et s'en était terminé de son idée de reformer la Fraternité. Il lut dans ses yeux la détermination de la jeune fille et en fut rassuré.

-Bene. Je suis satisfaisait. Va te reposer… Et soigner ta blessure.

-Une dernière chose maestro.

-Oui ?

-Lorsque je suivais ma cible, j'ai… Eus une sorte de flash. Ma vision s'est brouillée, la foule est devenue opaque et le Templier s'est entouré d'une sorte de halo lumineux…

-La vision de l'aigle… Murmura l'Assassin.

-J'ai lu des choses dessus. C'est une sorte de sixième sens dont les Assassins se servent non ?

-En quelque sorte… C'est signe que ton entrainement porte ses fruits. Avec le temps tu arriveras à dompter ce don et à t'en servir à bon escient.

-Oui Maestro.

Elle s'inclina une dernière fois et sortit de la pièce.

Voilà pour ce chapitre Le suivant arrive à bientôt