~ Chapitre 8 ~


Sur l'escarpement d'une falaise donnant sur la mer, un homme doté d'une longue cape blanche se tenait debout, contemplant les rivages qui s'écrasaient sur la roche calcaire. À l'horizon, se mélangeaient dans le ciel d'innombrables couleurs pastelles, allant du violet au rouge profond. Des oriflammes irisés de rubis se dressaient dans les nuages, sur lesquels on pouvait s'imaginer diverses formes bestiales telles qu'un renard et un tanuki en train de se battre. Les yeux étrécis, l'homme à la chevelure d'or contempla durant un long moment ce décor lugubre.

C'est alors, au cours d'une de ses inspirations méditatives, qu'il tendit son bras vers l'avant, faisant tournoyer par là-même une sorte d'auréole bleutée, convulsée énergiquement dans sa main crispée. Celle-ci bouillonnait de tant de vie, qu'on aurait pu la substituer à un mini-tourbillon. Il toisa ainsi intensément l'orbe d'azur qu'il venait de créer, comme si ce globe de cristal aurait eu la capacité de refléter l'avenir. Ses yeux cyans paraissaient refléter une infinie sagesse. Ceux-ci étaient mêlés à une sorte de résignation contrainte, qui se miroitait dans l'eau bleu d'une nuit sans fin.

« Kakashi... », murmura-t-il dans un soupir en dissipant la spirale convexe d'un geste sec du poignet.

Tout d'un coup, des ombres se mouvèrent en arrière de son champs de vision. Leur profil s'apparentèrent à neuf queues tendues en éventail telles de tentacules obscures. L'homme blond se retourna alors vers elles avec un sourire attristé. Après un marmonnement de quelques mots inaudibles, il culbuta de la falaise, sa présence s'effaçant dans l'espace, tandis que le paysage aux alentours vagissait dans un rideau de flammes...


Le soleil... À l'aube, il transperce les nuages de ses rayons. Bleu, rouge, vert, la décomposition élémentaire de la lumière pouvant être perçu par l'être humain... Ce fut sans doute dans cette optique là, que Sasuke trouva son réveil des plus désagréables. D'autant plus qu'une migraine lui coltinait sans arrêt le crâne.

La nuit précédente, il fut obligé de souffrir indubitablement de la présence de ses pseudos coéquipiers. L'héritier des Nara ; Shikamaru, avait été une véritable épine dorsale à traiter. À cause de ses frasques, il avait dû continuellement supporter les regards salaces en coin d'Ino-pig et de Sakura-truie.

Se massant les tempes devant le miroir de la salle de bain, il tenta d'estimer sur combien sa mine aurait-elle pu représenter avec son état actuel. Des cernes lui déguisaient les paupières et le vacillement de ses lèvres paraissait représenter le froid qui lui pénétrait ses plus profondes entrailles. Il était habillé d'un kimono entièrement noir muni de larges manches qui ne dévoilaient que rarement ses mains et bras et qui transparurent lorsqu'il toucha son reflet du bout des doigts :

« Tu es vraiment pathétique aujourd'hui Sasuke... Je me demande comment tu fais pour vivre avec toi-même tous les jours... », soupira-t-il dramatiquement.

Le miroir ne lui répondit pas, chose à quoi il s'attendait d'une certaine manière.

En revanche, ce qu'il ne s'attendait pas, c'était à ce qu'une personne lui réponde de derrière.

« Sasuke, à qui parles-tu donc ? »

Il se retourna en sursaut en refermant son kimono de façon abrupt et prude. Le pire, fut que la personne en question soit justement Naruto-chan. Elle venait de toute évidence de sortir de la douche, au vu de ses cheveux blonds démêlés et encore humides, ainsi que de son peignoir blanc révélant de voluptueuses formes, devant lesquelles Sasuke déglutit furieusement embarrassé :

— En quoi cela te regarde, Dobe ?

Naruto cligna des yeux surprise par cette réponse agressive, avant d'évaluer du regard la mine de Sasuke. Elle estima qu'il avait dû lui aussi passer une bien mauvaise nuit.

Amusant... pensa-t-elle en dévoilant un sourire mutin. Elle s'approcha de lui, papillonna ses yeux bleutés, puis entoura ses bras autour de la nuque du Uchiwa, le faisant enfouir dans une profonde confusion.

— Et en quoi tes problèmes ne me regardent-ils pas, Sasuke-kun ? ronronna lascivement Naruto, adorant le regard fuyant du garçon à ce moment. Elle ricana devant l'émoi qu'elle provoqua chez lui, avant de lancer une tape amicale dans son dos, tape qui fit tomber Sasuke au sol. Elle mit la main devant sa bouche comme pour s'excuser de sa bourde, mais Sasuke n'en eut cure, et décida de se jeter sur elle en retour. Sous-estimant sa force, comme Naruto l'eût fait avec lui, il les fit glisser tous deux sur le parquet, et les faisant terminer dans une situation plus compromettante :

Naruto mit un moment pour s'en rendre compte. Elle avait eu le couple soufflé par sa chute car n'ayant pu se réceptionner. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle distingua une forme prostrée au dessus d'elle. En hochant la tête, elle vit sa poitrine à moitié dénudée ainsi que ses jambes partiellement découvertes, encastrées par d'autres jambes provenant du dessus. Quatre membres paraissaient d'ailleurs la maintenir au sol. Ses cheveux dorés, épandus en arrière, faisaient courir la lumière de la lampe positionnée au dessus de leur tête. Pour finir, elle rejeta son regard sur celui de garçon en amont de son corps, qui n'était qu'à quelques décimètres du sien. Leurs lèvres se rapprochèrent alors dangereusement les unes des autres...

« Eh bien, quel audace, Sasuke ! Je ne savais pas que tu passerais si vite à l'action ! Si j'avais su que mes conseils te toucheraient à ce point, jamais je n'aurai eu le cran de te les exposer ! », souffla soudainement une voix flegmatique et masculine provenant de derrière.

En tournant sa tête, Sasuke vit Shikamaru Nara, lui aussi en kimono portant une serviette sur son épaule, muni d'un sourire narquois. Alors que Sasuke allait commencer à l'invectiver, il sentit une douleur soudaine lui ravager le menton. Avant même que le genin ne puisse se ressaisir, il aperçut du coin de l'œil les pieds de la jeune fille qu'il tenait précédemment prisonnière bondir vers la sortie de la pièce. Celle-ci bouscula le Nara sur le chemin, qui prit bien soin de s'écarter. Sasuke se cogna alors impulsivement la tête contre le sol, et maudit intérieurement cette stupide face de concombre de l'avoir interrompu un moment aussi crucial. Il lança un regard haineux vers Shikamaru qui lui rétorqua amusé :

« Eh ne me lance pas des yeux pareils ! Je n'ai rien fait, moi ! Et pourquoi ne la rattrapes-tu pas ? Il n'est pas trop tard pour continuer votre petit manège. »

Alors que Sasuke s'apprêta à se mettre debout, la tête de Naruto réapparut dans l'embrasure de la porte de la pièce à semi-ouverte. Elle avait l'air verte de rage.

« Eh Teme ! Ne t'avise plus de t'approcher de moi à moins de trois mètres durant notre séjour ici. Salut ! »

Puis elle s'enfuit en courant, laissant en retrait un Uchiwa en rage vociférer des injures touchant les femmes et les Nara en général.


Lorsque Naruto s'était réveillée, elle avait excepté retrouver son sensei endormi dans l'autre lit qui occupait sa chambre. Toutefois, elle n'avait seulement trouvé sur place à son réveil, qu'un petit bout de papier laissé là à la place du grand homme masque aux cheveux argentés. Sur le rouleau avait été écris qu'elle devait le retrouver à neuf heures, sans retard, devant les haies du dojo de la famille du mari de Amaya. Elle avait été légèrement prise au dépourvu, puisqu'elle s'était attendue à continuer de la discussion de la veille, discussion qui allait désormais probablement se reporter à l'heure indue.

Après un moment où elle avait tenté de retrouver ses repères entre le réveil et cette nouvelle, elle avait estimé que prendre une douche n'aurait été une si mauvaise idée, considérant le fait qu'elle s'était évanouie en pleine nature sauvage la veille. Elle s'était alors dirigée vers la salle de bain en prenant un peignoir blanc qu'elle avait trouvée dans un tiroir de son logis. C'est à la sortie du bain qu'elle fut surprise de voir un certain Sasuke se parler tout seul devant un miroir, et dont elle n'avait résisté à la tentation de le taquiner. Bien entendu, ceci ne s'était pas terminée comme elle l'avait prévu, et même pire, Sasuke avait failli commettre un geste qu'elle n'aurait pu pardonner si elle lui avait laissé faire - et qu'elle lui aurait très probablement laissé faire à sa grande honte.

Shikamaru était venu à point donc si l'on puis dire. S'il n'avait pas été là, elle se demandait comment tout cela aurait pu se terminer ; sans nul doute en un développement qu'elle n'était pas encore prête à accepter. Elle avait remarqué le clin d'œil que lui avait assigné son ami lorsqu'elle l'avait bousculé et elle se questionnait encore sur le motif de ce coup de pouce. De forte méchante humeur, elle était revenue dans le vestibule pour prononcer des mots qu'elle n'aurait jamais voulu décrire à Sasuke, et à son grand regret, il était trop tard désormais pour revenir en arrière.

Mais de toute façon, elle avait déjà un autre rendez-vous organisé.

Elle se présenta, comme prévu, à neuf heures, dans sa tenue d'entrainement, devant son sensei qui l'attendait devant un mur parsemé de plantes grimpantes (chose qui l'étonnait grandement puisqu'elle escomptait pas qu'il ne se pointe de si tôt). Kakashi, qui se maintenait debout les bras croisés, ressemblait d'ailleurs étrangement à l'homme blond dont elle avait rêvée cette nuit...

« Tu as mis un certain temps à venir, Naruto, » l'entendit-elle lui réprimander.

Alors qu'elle allait répliquer, Kakashi se retourna vers elle, et prit soudainement sa main dans la sienne. Ils se retrouvèrent alors momentanément en pleine forêt, à une lieu de là où ils avaient été. Le chamboulement d'endroit abrupte donna la nausée à Naruto, qui dut s'asseoir un moment afin de reprendre ses esprits. Kakashi toussa trois fois avant de commencer à dire :

— Aujourd'hui, Naruto, nous allons travailler un point clé de ton entraînement, soit la maitrise de ton chakra qui laisse actuellement à désirer.

— Et la mission ? rétorqua Naruto à cran entre ce « voyage » momentané et ce qu'il s'était passé durant la mâtiné.

— J'ai demandé à Gai de gérer nos rôles pour deux - et de surveiller tes petits camarades, lui confia-t-il avec un sourire œillé.

— Je commence réellement à croire que vous me faites du favoritisme...

— Disons que j'ai une lourde dette que je n'ai encore remboursée comme tu le sais... Et puis Sakura n'a nulle besoin de tels exercices, considérant sa pro-efficience dans ce domaine. Quant à Sasuke... Il n'est pas encore prêt mentalement à recevoir une leçon de ma part. Mais assez parlé, debout maintenant.

À ces mots, Naruto s'obligea à se mettre au garde-à-vous. Kakashi se rapprocha d'elle et déposa délicatement une feuille d'érable sur sa tête. Naruto cligna des yeux surprise, en attendant les directives à suivre. Kakashi la fixa un moment sans mot dire.

« Essaye de converger tout ton esprit en un seul point, » prononça-t-il enfin.

Naruto expira profondément et se rompit à l'exercice. Elle sentit tout son être se tirait vers son front, comme si son énergie spirituelle, par vagues, ployait vers le ciel. Kakashi, toutefois, enleva soudainement le doigt, et les pieds de Naruto vacillèrent instantanément. Elle tomba ainsi fesse à terre et Kakashi retint un hoquet de rire en voyant la grimace dépitée décorer le visage de la blonde.

« Voilà le problème Naruto. Tu es trop dispersée, si bien que lorsque tu tentes de te concentrer, tu perds irrémédiablement prise. Tu manques de contrôle en toi. »

Naruto se massa le derrière en lui faisant de gros yeux. Elle se releva encore et ils recommencèrent l'exercice, donnant lieu au même résultat une fois de plus. Elle poussa un juron en faisant mine de se mettre debout, mais Kakashi cette fois là la retint fermement au sol avec une main posée sur son épaule droite.

« Maintenant, essaye de te relever. Contrebalance à la fois ton énergie entre notre point de contact et dans tes pieds et mains. »

La blonde ferma alors les yeux sous l'effort intense. Pendant cinq minutes, elle tenta d'appliquer une force de rappel contre la main implacable du jounin qui la maintenait assise. Des gouttes dégoulinait de son front. Ses poings se serraient et se desserraient continuellement sous le poids éreintant de l'exercice. Sans préavis, Kakashi enleva encore une fois son emprise, ayant pour conséquence de faire valdinguer Naruto sur place. À terre, soumise à sa lourde respiration, elle avait l'impression de ressentir des frissons glacés dans tout son corps. D'au dessus, l'homme aux cheveux argentés lui admonesta :

« Vois-tu, comment la maitrise de ton chakra est précaire ? Tellement que le simple fait d'essayer le malaxer fait que tu t'écroules par terre et ce, malgré tes réserves habituellement titanesques et ton énergie censée être intarissable. Et ne me regarde pas comme ça, ce que je dis est véridique. Mais passons, ce n'est pas mal pour une première fois... »

Il lui laissa cinq minutes pour se ressaisir.


Shikamaru Nara n'était ni réputé pour son caractère secrètement narquois, ni par le fait qu'il désirait toujours porter main forte à ses amis, qu'ils soient de la gente masculine ou féminine. Son seul tracas, était que la plupart du temps, son aide se révélait être non seulement infructueuse, mais en plus, non reconnue auprès de ceux qu'il voulait agir comme bienfaiteur. Sasuke se retrouva spécialement être dans cette même situation ici présente. Shikamaru considéra d'ailleurs - à regret - que l'avant-bras de son coéquipier qui lui tenaillait le cou contre le mur n'était définitivement pas agréable, et qu'il n'allait pas tarder à tourner l'œil s'il ne résolvait pas diplomatiquement cette situation au plus vite.

— Sasuke, eurgh ! Tu m'étrangl...euargh ! tenta-t-il de s'égosiller.

— Est-ce que ça t'amuse, vermine, de t'immiscer dans les affaires qui ne te regardent pas ?

— Sa...su...ke... je...ne...peux...plus...res...pi...rer !

Sasuke le laissa retomber au sol comme il l'aurait fait pour un vulgaire chiffon. S'apprêtant à décamper hargneux, il entendit le Nara souffler derrière son dos.

— Ça te ressemble pas Sasuke-kun... Tu étais toujours si insensible en classe par le passé, qu'est-ce qui a pu te changer à ce point ?

— Tu sais très bien ce qui m'a changé.

Pourquoi dois-je toujours m'expliquer à ces abrutis...

— Je vois... Tu l'admets ouvertement alors ?

— Admettre quoi ?! se retourna Sasuke franchement hostile.

— Que tu l'a-i-m-e-s.

— Arrête de raconter des sottises...

— Depuis quand Naruto-chan constitue-t-elle une sottise pour toi, Sasuke-kun ?

— Mêle toi de tes oignons ! ronchonna le ténébreux garçon en mettant ses mains dans les poches.

— Cela t'indifférerait-il que je fasse la cour à Naruto-chan alors ?

— Dois-je réitérer ma menace ?!

— Je désire juste mettre les choses au clair, voilà tout.

— Les choses sont parfaitement claires pour moi.

Shikimaru soupira.

— Je me demande parfois comment certaines personnes ont pu dépasser les petites classes...

— Qu'est-ce que c'est vouloir dire ?!

— Trop perturbant à expliquer... avoua le flegmatique Shikamaru.

Sasuke tenta de deviner quelles étaient les véritables motivations derrière cette recherche d'aveux, il fut alors désarçonné par la question que lui posa son camarade :

— Si tu avais à choisir entre ta réputation et Naruto-chan, quelle option te conviendrait le mieux ?

— Celle de te faire taire à jamais... rétorqua-t-il sinistrement.

Mais ceci ne fit que grandement sourire Shikamaru.

— Tu sais Sasuke, Naruto est assez populaire parmi les garçons de notre génération, et il n'est pas à exclure que dans le futur, elle soit rapidement convoitée par ses comparses.

— Eh bien, je tuerai tous ceux qui oseront de s'approcher d'elle.

— Soyons sérieux Sasuke.

— Je suis tout à fait sérieux.

Shikamaru commença à s'inquiéter du caractère lunatique de son ami - ou de ce qu'il espérait être son ami. Quoi qu'après réflexion, Shikamaru estima que Sasuke était tout à fait capable de commettre tel méfait... Sans rien rajouter de plus, il regarda le ténébreux garçon se diriger vers la chambre qui leur avait été allouée. Shikamaru espérait juste que toute cette histoire ne se terminerait en pugilat. Ce serait bien trop fatiguant, même pour lui à régler...


Kakashi et Naruto continuèrent leurs exercices pendant deux heures et demi. Kakashi proposa alors qu'il serait plus sage qu'ils continuent un autre jour et malgré les jérémiades de la jeune fille qui désirait poursuivre sa formation, ils s'arrêtèrent. Il laissa Naruto aller à la salle de bain pour s'expurger de l'odeur rance de ses vêtements baignés de transpiration. Elle revint bien assez tôt dans leur chambre, où elle vit son sensei toujours à la lecture studieuse de son bouquin orange. Elle souriait en sachant de quoi il en retournait dorénavant, avant qu'elle ne soupire et qu'elle ne lui demande :

— Sensei, je me suis toujours demandé après avoir appris la vérité concernant mon identité : pourquoi n'ai-je fait partie d'un programme spécial ?

— Qu'entends-tu par là, Naruto ?

— Je veux dire, je suis une jinchuuriki, pas vrai ? Avec tout ce que cela implique... Cela m'étonne que personne ne s'est occupée de me surveiller pendant toutes ces années, ou même essayer de m'enseigner des arts des Ninjas.

— Hmm...

— Alors ?

— Je pourrais te répondre que la politique du village est toujours de laisser ses éléments grandir d'eux-mêmes...

— Mais ce serait me mentir, pas vrai ?

Kakashi lui sourit.

— En effet. D'après toi, quel est meilleur moyen de te protéger que de t'enfermer dans l'anonymat, Naruto ?

— Hmm... commença Naruto cherchant ses mots, eh bien...

— Voilà la réponse Naruto.

Après ces mots, il lui offrit d'aller manger avec les autres, pour la pause midi. Elle accepta, et ils partirent visiter les couloirs du dojo. Leurs pas étaient légers sur le bois creux de la bâtisse, qui était environnée d'ocre et d'azur. Le bruissement continue des feuilles sur les arbres ne faisait qu'alimenter le calme serein qui enveloppait cette place. Les cheveux blonds et argentés des deux comparses semblaient se mouvoir tels deux vagues successives qui irradiaient une mer d'auburn et d'ébène.

Ils arrivèrent finalement à destination, où se regroupaient l'ensemble des membres du groupe. Ils reposaient en bas d'un paumier, toujours occupés dans leurs coutumiers badinages ; Sakura et Ino se chamaillant, Choji et Shikamaru ronflant, et Sasuke se morfondant dans un coin, tandis que Gaï-sensei s'appliquait à d'insolites exercices.

Amaya - la fille du marchant - quant à elle était allongée, bronzant sur une chaise longue, muni d'un chapeau de paille protégeant son visage des rayons perçants du soleil. Elle fut la première à remarquer la venue de Naruto et Kakashi dans ce lieu. Elle invita la blonde à s'asseoir à côté d'elle. Naruto tourna la tête vers Kakashi, perplexe sur quoi faire. Il lui tapota l'épaule, et de la même main, la poussa délicatement vers leur "client". Sur le chemin, Naruto ignora résolument le regard de Sasuke portaient sur elle, de même les yeux moqueurs évidents de ses coéquipières dans sa direction. Amaya se leva de son séant une fois Naruto arrivée à proximité, avant de murmurer quelque chose à son oreille puis de lui sourire espiègle devant son visage désarçonné. Ainsi, Amaya saisit la main de Naruto et en l'emmena avec elle vers un lieu où elles pourraient discuter tranquilles.


— Naruto-san, c'est ça, n'est-ce pas ?

La blonde acquiesça.

Amaya les avait mené à une source naturelle où elle avait soumis l'idée de s'y baigner. Naruto, qui n'avait pris qu'une douche succincte pour s'expurger de la sueur de l'entraînement, avait agréé avec plaisir. C'était déjà son troisième contact avec l'eau de la journée, mais Naruto estima qu'elle devait bien rattraper la crasse qui s'était emmagasinée dans son attirail. Elle n'avait pas cru Amaya à propos de cette source d'ailleurs, mais l'eau était révélée être étonnement chaude pour cette époque de l'année et elle était fortement surprise qu'ils aient pu se baigner sans craindre d'attraper un rhume, mais Naruto supposa qu'il devait être plus courant dans les pays du Sud de prendre un bain en Automne.

Amaya, dans l'eau, avait profité de ce moment de détente pour se rapprocher d'elle et l'accoster. En vérité, Naruto paraissait la seule fille du groupe à pouvoir l'écouter sans l'ignorer. Lorsqu'elle essayait de parler aux autres, elle se confrontait tout le temps à un mur, échauffé par les chamailleries constantes des deux kunoichis rivales. Amaya était absolument désespérée. Troublée en outre que sa famille d'accueil ne paraissait s'en préoccuper d'elle, elle voulait coûte que coûte se raccrocher de ceux qu'elle connaissait. Sa famille l'ignorait tout aussi, principalement concentrée à préparer son mariage avec l'inconnu qui allait bientôt la prendre pour femme. C'est la raison pour laquelle Amaya désirait ardemment un substitut à un amour qu'elle savait qu'elle ne pourrait plus jamais vivre pleinement, et pourquoi également elle avait demandé à Naruto de l'accompagner seule à seule, puisque c'était la seule qui paraissait le connaître :

— Oui, Amaya-san ? demanda Naruto en rabattant sa natte sur son épaule.

— Je voulais te demander... À propos de Sasuke...

Naruto fit de gros yeux.

— Qu'a fait ce gros sac encore ?

Amaya la toisa avec une mine interrogative.

— Gros sac ?

— Sasuke est le plus gros sac à problème qui existe au monde ! s'exclama Naruto en bougeant avec hâte les bras. Amaya la fixa encore un moment avant de retenir un hoquet de rire en mettant sa main devant la bouche.

— Il a l'air d'être un bon camarade pour toi, fit Amaya avec un grand sourire.

— Bon camarade ?! Tu parles ! Il pue, il est moisi, il sert à rien et est juste bon à rouspéter ! Pervers en plus de ça ! Quoi ?! Pourquoi ris-tu comme ça ?! demanda Naruto avec de grands yeux hagards devant Amaya se fendant la poire.

— Vous avez réellement l'air de bien vous entendre !

Bien nous entendre ? réalisa Naruto. Il est vrai. Elle qui s'était tout d'abord attendue à une équipe dans laquelle tout ce qu'elle aurait fait aurait été d'attendre le soir pour rechercher Saru à la garderie, elle voyait maintenant que ce n'était pas exactement ce qu'elle avait - espéré ? - escompté. Elle avait appris à connaître Sakura-chan, qui avait toujours été une personne qu'elle avait haït. Et pourtant, elle pouvait désormais voir à la fois ses défauts, ses déficiences, mais surtout ses bonnes qualités. Naruto n'avait en vérité jamais eu un contact humain avec personne, mise à part avec Iruka, et dans une mesure plus extrême Mizuki, qui n'avaient été ni des filles, ni des personnes de son âge. Naruto dans son équipe avait trouvé ce qu'elle avait cherché pendant des années ; une compagnie à laquelle se raccorder.

En privé, lors des missions, il était arrivé qu'elle et Sakura fassent toutes deux équipes pour accomplir des tâches barbantes. C'était là qu'elle avait appris à la connaître réellement. Sakura était une vraie peste parfois, il fallait bien l'avouer, mais elle était avant tout une amie de cœur lorsqu'on se mettait du bon côté de la balance. Elle lui donnait parfois des conseils sur ses goûts vestimentaires plus qu'hasardeux, et bien que se furent à chaque fois plus des remarques frivoles lancées dans le vent que de réels conseils, Naruto les apprécia à leur juste mesure, ainsi que la volonté de l'aider animée derrière. Elle rit même à quelques unes de ses farces ! Quant à Sasuke... Il était tout ce qu'elle n'avait jamais pensé sur certains côtés... Mais elle n'avait pas envie d'élaborer d'avantage dessus.

Naruto haussa ainsi les épaules en répondant à Amaya :

— Bof.

— Comme je t'envie de t'être intégrée au sein d'un tel groupe. Quand je vois vos interactions entre vous, je pense à mon propre village qui me manque vraiment. Tous mes amis là-bas... soupira Amaya en hochant la tête. Mais bon ! Je voulais savoir à propos de Sasuke !

— Quoi donc ? questionna Naruto soudainement soupçonneuse.

— Est-il amoureux de... quelqu'un ?

Est-il amoureux de moi ? se réfléchit Naruto avant de rire devant cette absurdité.

— Je ne crois pas qu'une personne comme lui soit capable de tomber amoureux, renifla Naruto sarcastiquement.

— Ah ! Tant mieux ! fit Amaya avec un sourire confortant, qui ne disait rien qui vaille à Naruto qui s'empressa alors de rajouter :

— Toutefois, il a toute une cohorte de fangirls à ses trousses dans notre village.

— Vraiment ? s'étonna Amaya en clignant des yeux.

— Oui. Et pour tout te dire...

Elles continuèrent leur papotage durant des lustres.


— Kakashi-sensei ! Pourquoi ne vous occupez-vous pas de nous un peu ? Nous avons besoin d'entraînement ! s'exclama Sakura en tapant du pied.

— Ah ? répondit Kakashi décontenancé, allongé paresseusement sur son hamac.

Sakura paraissait n'apprécier que modérément cette réponse insipide.

— Cela fait déjà deux jours que vous coller les basques de Naruto en nous ignorant !

Sasuke tendit l'oreille.

Je vois, c'était donc ça... soupira mentalement Kakashi en calant son livre pour camoufler son visage.

— Naruto a besoin d'une petite remise à niveau. Dans sa situation actuelle, elle est incapable de mener à bien des missions plus difficiles que celles que nous avons l'habitude de faire.

— Et en quoi ! Elle donne de biens meilleurs résultats que moi ! se plaignit Sakura jalousement.

C'est exact, commenta Sasuke sans le prononcer à vive voix, en pratiquant toujours ses katas dans le vide.

— Disons qu'elle est plus endurante, sans avoir ta capacité d'analyse, ni ta maîtrise du chakra Sakura, contrecarra Kakashi flegmatique.

— C'est justement ça le problème ! J'ai besoin de conseils pour m'entraîner !

La verve de Sakura désarçonna Kakashi. Apparemment, sa tactique marcha à merveille, et lui-même ne s'attendit à autant de résultats...

— Quelques tours au pas de course sur un terrain vague chaque matin, des pompes, des abdos, voilà le programme, confia Kakashi à Sakura. Il lui remit entre ses main un parchemin qu'il sorti de sa poche, devant lequel elle parut écœurée.

— Pff ! Je vois très bien le tableau ! déclara Sakura en s'éloignant le pas lourd. Kakashi la vit s'éloigner d'un œil espiègle, en se demandant s'il n'avait pas poussé le bouchon un peu trop loin. Après tout, c'était pour leur bien qu'il agissait ainsi.

— Kakashi... sensei ? fit une voix sur le côté. Kakashi tourna de l'oeil et vit Shikamaru l'accommoder avec hésitation.

— Qui a-t-il ?

— Une partie de shōgi ? offrit l'adolescent en présentant son jeu de plateau.

Kakashi considéra un moment sa proposition avant de hocher la tête. Shikamaru soupira et dut se résoudre à utiliser sa carte maitresse ; l'appât du gain.

— Que diriez-vous qu'on fasse un pari ? Une partie de shōgi est toujours plus palpitante avec. Je suis sûr que j'ai de quoi vous intéresser.

Kakashi ne répondit pas et fit mine de dormir.

Mais Shikamaru n'en démordit pas et lui chuchota tout bas à l'oreille :

« Ça concerne Naruto. »

Kakashi ouvrit son œil de cyclope. En temps normal, jamais il n'accepterait de flouer un élève d'un de ses collègues, même présomptueux, mais dans le cas présent...

— Tes gains ?

— Une poignée de ryo, proposa Shikamaru avec une mine calculatrice.

Kakashi huma un "bien" et s'assit sur son hamac pendant que Shikamaru avançait une table et une chaise en bois afin qu'ils puissent jouer tranquillement. Ce remue-bazar attira l'attention d'Ino qui était auparavant convergé vers Sasuke, et par ce biais, celle de Sakura.

— Il n'a aucune chance de gagner face à Sensei, pronostiqua la fille aux cheveux roses bonbons.

— Je ne suis pas du genre à faire des compliments, mais je peux t'assurer que cet imbécile qui me sert de coéquipier en a à revendre, affirma sa rivale.

Si bien qu'elles s'assirent toutes deux en amont du spectacle. Même Sasuke dut jeter un œil à ce qui se déroulait.

— Blanc ou noir ? demanda Shikamaru en bougeant ses doigts préhensiles.

— Noir.

— Ok, fignola le jeune homme en tournant le plateau de son côté.

Et la partie commença sans préambule. Shikamaru tenta le coup du berger*, mais Kakashi y lut facile son attention, et mouva ses pièces rapidement pour contrer l'offensive.

— Quel manque de respect... persifla Kakashi devant Shikamaru hilare.

— Je vois que vous avez eu votre comptant, estima le garçon en bougeant un pion.

— J'ai fait quelques rondes chez les ANBU, balaya énigmatiquement Kakashi en pivotant un fou.

— Chef d'escouade, n'est-ce pas ? huma Shikamaru sur un ton enjoué.

— Ça m'en a tout l'air...

Ils continuèrent leur partie derechef. Shikamaru mangea une grande partie des pions de Kakashi en échange de sa dame. Kakashi était à la fois étonné de voir un genin si extatique de jouer au shōgi, et aussi un tel niveau de lecture de la part de son adversaire. Il comprenait désormais le coup ambitieux du départ.

Cinq minutes plus tard, Shikamaru concéda à contrecœur en levant l'une de ses dernières pièces maitresses :

« Je dois avouer que vous êtes assez fort. »

En réponse, Kakashi tapota son doigt sur une partie du plateau qui attira immédiatement l'attention de son duelliste. Shikamaru explosa alors de rire :

— Hahaha ! Ça fait depuis que je suis gamin que je ne me suis pas fait avoir comme ça !

Kakashi haussa les épaules et réclama sa paye. Shikamaru continuait à dire, pensant d'avance à la situation cocasse qui allait suivre. Il tourna un regard amusé vers Sasuke qui n'aimait bien naturellement pas ledit regard. Shikamaru s'avança alors de Kakashi en lui murmurant quelque chose d'inaudible à quiconque autre, et même Kakashi parut être choqué au point de retenir un hoquet. Sasuke sut alors ce que lui avait dit Shikamaru, et sembla être déterminé à l'écraser sous sa sandale, mais Kakashi lui fit alors la remarque :

« Tu ne rates jamais une occasion de m'impressionner, Sasuke-kun. »

Énervé, Sasuke décalqua un fouetté en réponse vers Kakashi, qui saisit son pied en l'air avant de le plaquer au sol dans une position qui paraissait très coutumière. Et comme par hasard, c'est exactement à ce moment là que Naruto dut choisir de revenir de son entrevue avec Amaya. Elles passèrent devant eux en ricanant et vinrent vers Shikamaru qui les accueillit à bras ouverts. Sasuke pensa sensiblement à cet instant précis que tout le monde en avait après lui.

« Eh bien, garçon, quelque chose à ajouter ? », s'enquit Kakashi avec un grand sourire, en bifurquant son regard successivement entre lui et son élève favorite.

Sasuke prit une inspiration avant de soupirer dramatiquement.

« Non. »


Sasuke passa l'après-midi à faire de gros yeux vers Naruto qui l'ignorait tout bonnement durant la même période. Amaya commença à courtiser Sasuke, et entra ainsi dans la bande de Sakura et d'Ino. Gai-sensei trouva compagnie entre Shikamaru et Choji, et quant à Kakashi, il somnola le reste de la journée.

Vint alors le moment où furent appelés à se réunir pour accueillir le fils de leur hôte dans l'antichambre. Dans l'expectative, Sakura et Ino firent des pronostiques avec Amaya sur le physique de l'homme qu'elle allait épouser, pariant qu'il allait sans doute être un gnome rabougris. Naruto objecta qu'il ne serait sans doute pire que Gaï-sensei, et à contre-cœur, la communauté féminine dut approuver sa tirade, ce qui provoqua bien des pleurs de l'autre côté de la barrière des sexes.

Quelques minutes plus tard, un homme dans la vingtaine se pointa dans la salle. Il avait les cheveux bruns, attaché en une exquise queue de cheval, et était habillé d'une veste en cuir noir, très probablement fait pour la chasse. Le très bel étalon provoqua bien de favorables réactions auprès de la gente féminine, dont les composantes, Amaya, Tatiana (la mère d'Amaya qui les avait rejoint), Ino, Sakura et même Naruto durent le regarder bouche bée, même si Naruto recouvrit son calme assez rapidement. Sasuke le nota cependant et fronça les yeux, avant de jeter un regard noir au nouveau venu.

« Bien le bonjour ! », déclara à bras ouvert l'extraordinaire beau garçon. « Mon nom est Romansu, laquelle de ces magnifiques demoiselles est ma fiancée ? », sourit chaleureusement, sourire devant lequel toutes les filles de la pièce parurent fondre.

« Oh ! Que j'espérerai tant être... », soufflèrent Ino et Sakura exactement en même temps, sans même se cogner l'une et l'autre pour ça.

Romansu attendit une réponse plus concrète, et pour un long moment, ses yeux s'engluèrent sur Naruto, qui le fixait autant en retour.

Sasuke toussa lourdement avant de pointer Amaya du pouce.

Romansu se retourna vers Amaya, marcha jusqu'à elle et lui avoua donc : « Je suis désolé pour ce retard et pour ma tenue indigne de vous, chère gente dame, mais me voilà désormais. Je suis également sincèrement navré que nos familles vous ait obligé de venir de si loin pour une telle échéance. Il est triste, je dois l'avouer, mais j'aime mon père et respecte son souhait que je dois me marier, bien que je l'abhorre aussi, » rit-il avec légèreté, rire devant contagieux même pour Amaya.

Alors, Romansu s'agenouilla devant Amaya, qui l'admira tout à son attention. « Amaya, » murmura-t-il en baisant sa main. « Je ne veux vous forcer juste parce que vous devez le faire, je veux que vous vouliez de cette union. Je n'aime pas non plus l'idée d'être pressurisé pour un tel choix, c'est pourquoi je pense qu'il serait plus sage qu'on passe plus de temps ensemble, afin de se connaître l'un et l'autre. Je suis certain que nos parents n'objecteraient qu'on attende un mois ou deux pour se marier. »

Geri, le père d'Amaya, acquiesça solennellement.

Naruto se demanda ce qu'il se passait, avant d'observer les alentours. Toute les filles, Tatiana comprise, avaient les yeux brillants et Ino pleurait même un peu. Quant aux garçons, ils demeurèrent relativement indifférents, mais Gaï... pleurait torrents et larmes. Kakashi lisait comme à son habitude complètement à l'extérieur du paysage.

« Mais moi je l'objecterais ! », s'exclama soudainement Amaya en prenant dans les bras Romansu. L'extraordinaire beau jeune homme lui sourit brillamment. « Oh ! Je suis sûr que tu te plairas ici Amaya ! Plusieurs camarades nobles viennent régulièrement dans notre demeure familiale, et nous avons des bals à peu près chaque semaine. »

Il se leva alors, et prit sa main, avant de l'embarquer dans une valse sous le soleil couchant.

« Comme c'est romantique ! » se pâmât littéralement Ino au moment où il s'éloignèrent.

Romantique ? tiqua Naruto.

« Je te l'avais bien dit que c'était un bonne idée de l'emmener ici Geri ! », s'exclama Tatiana en soupirant ; « Un bal tous les soirs. »

« Ehw... » protesta faiblement Chuuju, le frère d'Amaya. Il suivit ses parents malgré qu'il aurait préféré rester avec les supers ninjas.

« Bien... », ajouta Kakashi fermant son livre. « La mission est quasi-finie. »

« Quelle risible fin de mission, » commenta Choji.

« Ce n'était pas risible ! », lui grogna Sakura, bien que son expression changea lorsqu'elle regarda avec envie vers Sasuke. « C'était magnifique même ! », déclama-t-elle, bercée sans doute par le moment de fantaisie qu'avaient partagé Amaya et Romansu.

Sasuke tressaillit au regard que lui lança Sakura, et eut un mouvement de recul, et ce, sous les yeux amusés de Naruto.


Obsèques : Naruto Uzumaki, mère de Saru Uzumaki, mourut dû à une implosion de ses tympans aujourd'hui après avoir accompli sa dite mission. Cela eût dû nécessiter bien des horreurs pour qu'une telle prouesse se réalise ; soit tuer une Jinchuuriki de cette manière. Peu peuvent se targuer d'avoir pu imaginer la torture qu'avait pu endurer Naruto Uzumaki au travers des mains de ses compagnons folles éperdues d'amour pour le Beau Romansu. Ce crime odieux ne devra rester impuni, les coupables Ino Yamanaka et Sakura Haruno, seront dûment pendues, auront leur langue coupée, leurs yeux arrachés de leur orbite et leur corps écartelés jusqu'à que mort s'en suive...

« Oh si ce n'était que ça ! » soupira Ino.

Elles exagèrent ! s'écœura Naruto. Elles devraient recevoir quarante coups de fouets à neuf têtes pour ça... Ou plutôt à neuf queues considérant ce qu'elles m'ont fait subir durant deux heures.

— La façon dont il lui tint la main, rajouta Sakura.

— La manière dont elle lui répondit.

Et ça continue...

— Et si beau ! soupirèrent-elles ensembles.

Kakashi hocha la tête. « J'espère qu'ils ne tarderont pas à nous rémunérer pour ça, » postula-t-il indolent. Son collègue Gaï admira ô combien il était stoïque et parvint à proférer quelques non-sens sur le fait qu'il était si cool et "sexy", ne semblant se rendre compte que la partie "sexy" rajoutait d'avantage à son côté excentrique.

« Ce type est un porc. » Naruto statua.

Ino et Sakura la toisèrent éberluées.

Me voilà rassuré qu'une personne ait conservé un semblant de sanité ici, pensa Sasuke. Quoi qu'il évalua l'hypothèse où lui jouerait le rôle de ce Romansu et Naruto celui d'Amaya. Non, c'était trop... improbable.

« Quoi ? », haussa Naruto devant le regard insistant de ses comparses. « Ce type ne peut être qu'un porc. Qui se jetterait genoux à terre ainsi sans avoir un intérêt flagrant pour la boue pelotée à la terre ? Dans un sens, il est même plus perché que Gaï-sensei ! »

— … Tu me crois perché ? pleura Gaï dramatiquement avant qu'Ino et Sakura purent répliquer avec ardeur.

— Je suis dans le regret d'avouer que vous l'êtes, confessa la blonde.

— Bouhouhou ! Regarde comment me considère ta disciple, mon amour ! se larmoya Gaï sur l'épaule de Kakashi, levant encore d'avantage d'interrogations sur sa virilité notoire auprès de ses étudiants.

« Allons allons... », tenta d'apaiser le Jounin hors pairs, en faisant des yeux noirs à Naruto qui sifflait innocemment les bras dans le dos.

Personne ne peut être aussi taré... pensèrent Ino et Sakura en s'esclaffant.

Je crois qu'il est temps de prendre le large, évalua Shikamaru en sous-pesant où il pourrait dormir paisiblement.


« Alors, satisfaite ? » demanda le lendemain matin Naruto à Amaya devant le miroir nuptial, devant lequel elle aidait à habiller la mariée.

« Absolument ! », déclara la brune en jouant avec sa longue torsade de cheveux et sa robe en dentelle.

Quelqu'un toqua à l'entrée.

« J'arrive ! » huma Naruto en enlevant l'aiguille qu'elle tenait dans la bouche tandis qu'Amaya continuait de rêver à son futur mariage. Naruto soupira, s'approcha de la porte avant de saisir la poignée et d'ouvrir la porte en grand.

« Sasuke ? », s'étonna-t-elle surprise.

Mais ce n'était pas lui à l'évidence. L'homme qu'elle avait en face d'elle lui ressemblait beaucoup. Il avait des cheveux noirs jais comme lui, et un visage très similaire. Plutôt fin d'apparence, il était habillé dans une robe noire parsemée de nuages rouges et portait un anneau étrange au doigt, dont la main auquel il appartenait ressortait du col, que l'étranger dézippa lentement. Naruto resta abasourdie devant lui, jusqu'au moment où ses yeux croisèrent de tourbillonnantes faucilles noirâtres sur un fond de rubis.

« Tsukuyomi. »

Et tout s'ensevelit dans un échéancier d'ocre.


AN : Enfin de l'action ! Pfiou, enfin terminé avec cette partie ! Mais j'escomptais qu'elle était nécessaire pour ce que je voulais faire introduire plus tard. Sinon, je dois avouer que "wow", je ne m'attendais pas à ce qu'autant de personnes mettent en favoris, ou publient des reviews sur cette histoire avec une simple mise à jour que je ne considérais pas "sensationnelle" (je dis ça en terme d'intrigue). Elle a même dépassé mon autre traduction qui est pourtant plus longue, chose surprenante d'après moi, mais bon, comme quoi, quantité n'est pas toujours gage de qualité. Je me demande fortement si je ne dois donner un nom aux chapitres désormais... Votre avis ? Sinon, merci encore une fois pour toutes ces reviews encourageantes, et à une prochaine fois !

* : Coup permettant de mettre en échec et mat l'adversaire en une simple succession de coup dès le début d'une partie. Entre deux joueurs expérimentés de shōgi (les échecs japonais), cela est vu clairement soit comme dans une présomption hâtive, soit comme une marque d'irrespect flagrant.