Ils étaient maintenant à quelques miles de leur objectif et devant eux l'eau était toujours aussi plate. Rien ne venait déformer sa ligne ondulant au rythme de l'avancée du bateau. Pas un vaisseau, pas une île. Et pourtant, le radar continuait d'indiquer les mêmes coordonnées inlassablement.
Jack : Simon ! Es-tu sûr des coordonnées ?
Simon : Affirmatif Jack, la puce de Bob s'est activée un court moment et indiquait toujours le même point.
Jack et Ianto s'échangèrent un regard inquiet. Deux solutions étaient envisageables et les deux hommes le savaient. Soit le vaisseau était occulté par un champs d'invisibilité et d'un moment à l'autre, ils allaient le percuter de plein fouet, soit le vaisseau reposait au fond du canal.
Ianto dans son for intérieur priait pour que ce soit la seconde solution, car il ne donnait pas cher du Gallifrey One contre un vaisseau extra-terrestre, de toute façon, que ce soit l'une ou l'autre des possibilités, ils iraient à l'eau.
Plus que quelques mètres et ils auraient la réponse. Instinctivement les trois équipiers s'accrochèrent à ce qu'ils avaient sous la main et se préparèrent au choc… qui n'arriva pas. Ils continuèrent leur chemin comme si de rien n'était, au grand soulagement de chacun.
Ianto immobilisa le bateau et lui fit faire demi-tour pour se positionner aux coordonnées exactes fournies par Simon.
Jack : Ianto ! Combien de combinaisons ?
Ianto se dirigea vers l'armoire située au fond de la cabine et l'ouvrit.
Ianto : Une seule Jack !
Jack : OK, tu la prends, Eiry tu restes ici et tu fais le relais entre nous et Simon, Ianto on y va !
Ianto : Mais Jack …
Jack : Quoi ?
Ianto : On ne sait même pas où le vaisseau se trouve ! Tu ne pourras pas rester en apnée aussi longtemps !
Jack : Qui a dit que je ferais de l'apnée ?
À peine eut-il achevé sa phrase qu'il se saisit d'une corde qui traînait sur le pont et l'attacha d'un coté à un anneau de la combinaison qu'il tendit à Ianto et de l'autre se l'enroula autour de la taille.
Jack : allez zou … à la flotte ! Et t'occupes pas de moi !
Ianto, sachant qu'il n'aurait pas le dernier mot, ne s'aventura pas dans cette direction et enfila la combinaison pendant que jack se déshabillait et mettait pantalon, chaussures et Tee-shirt dans un sac étanche, ne gardant sur lui qu'un caleçon. Il regarda son supérieur avec un air grave afin de lui faire comprendre sa désapprobation.
Jack : Tu me regardais rarement comme ça auparavant, surtout dans cette tenue.
Ignorant son capitaine, il alluma son intercom.
Ianto : Eiry ? Tu me reçois ?
Eirwen : 5/5 Ianto ! Faites attention !
Comme unique réponse elle ne perçut que le bruit des deux corps tombant à l'eau. Elle s'imagina Jack se noyer mais enleva immédiatement cette image de sa tête. Elle devait rester concentrée sur le radar et sur les liaisons radio.
Ianto commença à nager vers le fond du canal. Au bout de quelques brasses, il se retourna pour vérifier l'état de son compagnon. Il le vit, au bout de la corde, pointer le doigt vers le fonds, lui intimant l'ordre de continuer sans se soucier de lui. Il continua sa lente descente mais lorsque la corde se tendit et le ralentit il comprit que son capitaine venait de se noyer. Même sachant qu'il se réveillerait, son premier réflexe fut de nager vers lui, le ramener vers la surface et le réanimer. Mais il stoppa à mi chemin, le regarda, les larmes aux yeux et replongea vers les profondeurs, tirant derrière lui le corps inanimé.
Bientôt, il crut apercevoir des sortes de lumières clignotantes mais il fut alerté part des soubresauts venus de la corde. Il se retourna et vit que Jack s'était « réveillé » et qu'il se noyait une seconde fois. Sans plus attendre il redoubla d'efforts et s'enfonça encore plus dans l'obscurité des profondeurs jusqu'à apercevoir les parois du vaisseau.
Ianto : Eiry ? J'y suis !
Eirwen : Comment va Jack ?
Ianto : Mort, mort à nouveau et peut-être mort une troisième fois si je n'arrive pas à trouver l'entrée assez rapidement.
Eirwen : OK, Simon a scanné les profondeurs et trouvé une source d'énergie à 25 mètres de ta position, à ta gauche. Il pense que c'est l'énergie qui permet de garder le sas d'entrée étanche !
Ianto : Merci, je vais voir !
Ianto s'aida des aspérités de la coque pour avancer le long du vaisseau, en faisant attention à ce que le corps de Jack ne cogne pas trop contre ses parois. Mais le 1er choc eut pour incidence de faire revenir une deuxième fois le capitaine à la vie. Le regard qu'il lança à Ianto avant de sombrer de nouveau, lui fit comprendre qu'il aimerait bien ne pas avoir à revivre ça une 3e fois.
Lorsqu'il arriva enfin au sas, il dû de nouveau s'arrêter. Un champs electro-magnétique barrait l'entrée.
Ianto : Eiry, mets moi en relation avec Simon !
Eirwen s'empressa de coupler les deux conversations.
Simon : Ianto ?
Ianto : je suis devant le sas mais je ne peux pas entrer ! il y a un champs electro-magnétique qui m'en empêche ! une solution ?
Simon : As-tu une sorte de clavier à coté du sas ?
Ianto : Oui.
Simon : sur le devant de ta combinaison, tu dois trouver une poche avec des câbles dedans ?
Ianto : Trouvée.
Simon : Tu connectes la sorte de ventouse rouge sur le fil qui relie le boîtier au vaisseau et le vert au boîtier lui-même.
Ianto : Fait !
Simon : Maintenant donne-moi 2 minutes.
Ianto : essaye de faire ça rapidement, je ne suis pas sûr que Jack apprécie une troisième noyade !
Ianto regarda son supérieur avec un air de pitié. Il savait bien qu'il n'était pas réellement mort, mais comme il lui avait dit lors d'une conversation en 2009, il se rappelait de tout et c'était ça qui lui faisait mal. À peine les 2 minutes demandées par Simon s'étaient écoulées, qu'il reprenait contact avec Ianto.
Simon : 3-6-5-2-8-8
Ianto : Le clavier n'a pas de chiffres Simon !
Simon : c'est comme notre clavier numérique sauf qu'il est en sens inverse. Le « 1 » est en haut à gauche.
Ianto : OK !
Ianto se concentra afin d'entrer le code au 1er essai.
Ianto : Bingo ! Maintenant silence radio, on ne sait pas s'ils peuvent capter nos fréquences.
Le champ de force disparu et l'eau s'engouffra dans le sas ; emmenant Ianto et Jack avec elle. Il recomposa le code afin de remettre le champs en place et vider l'eau au même moment où Jack reprenait conscience. Ianto saisit la taille de son supérieur et le hissa de toutes ses forces pour qu'il atteigne l'espace vide en haut de la petite pièce.
Jack : rhhahaargh
Jack reprenait son souffle tout en recrachant l'eau qui lui restait dans les poumons. Quand le niveau fut assez bas pour qu'il puisse se tenir debout pour respirer, Ianto le lâcha et enleva le casque de sa combinaison.
Ianto : ça va Jack ?
Jack : Au temps pour le « jamais deux sans trois »
Ianto : C'est pas le moment pour les blagues !
Une fois la pièce totalement vidée, Ianto délivré de son scaphandre et Jack rhabillé avec les affaires qu'il avait rangées dans le sac à dos étanche, ils ouvrirent la porte menant aux couloirs et avancèrent un peu au hasard à la recherche de Bob. En silence, ils longeaient les couloirs à l'affut du moindre bruit qui les mèneraient à leur objectif. Arrivés près d'une double porte entrouverte, ils tendirent l'oreille et entendirent des voix psalmodiant. Ils jetèrent un regard et virent un scène qu'ils n'avaient pas vue depuis plusieurs décennies. Au centre de la pièce, le supérieur religieux se tenait devant un autel vide pour le moment et semblait le « purifier » avec divers liquides et plantes. Des sangles pendaient de chaque coté, attendant d'être attachées autour des poignets et chevilles du sacrifié. Dans un angle de la pièce, un assistant se tenait près d'un immense appareil qui était en train de vrombir. Ianto et jack savaient exactement son utilité, sacrifier le Roax, mais l'absence de corps leur remontait un peu le moral. Ils n'étaient pas arrivés trop tard.
Jack : (murmurant) Simon, toujours rien ?
Simon : Non Jack, je te préviendrai au moindre signe de lui ! J'ai réussi à pénétrer le système du vaisseau et j'ai maintenant accès à ses plans. Si le signal se réactive, je saurai exactement où il est !
Jack : Bien reçu ! … (à lui-même) J'espère que Bob s'est souvenu de mes leçons !
Ianto : Tes leçons ? Quelles leçons ?
Jack : Je crois qu'il est temps de te le dire … de toute façon, il va falloir attendre, donc utilisons ce temps à bon escient, ce vaisseau est bien trop gros pour qu'on le fouille de fond en comble.
Ils se dirigèrent non loin de là dans une salle vide. Jack s'assit dos contre le mur à coté de la porte qui offrait une vue sur celle de la salle de sacrifice. Ianto fit de même en face de lui.
Jack : Tu te souviens, dans le Tardis ? Je t'ai dit que j'allais apprendre à Bob comment protéger son esprit en le projetant dans un lieu de sécurité pour qu'il ne soit atteint par des attaques extérieures ?
Ianto : Oui, vous vous êtes enfermé dans la zéro-room durant des heures et des heures, sans jamais dévoiler ce que vous y faisiez.
Jack : Je lui ai appris à vider son esprit de toutes choses en « entrant » dans une sorte de coma, comme si son esprit quittait son corps pour se réfugier ailleurs dans ses souvenirs.
Ianto : J'ai du mal à comprendre le concept.
Jack : Imagine un voyage spatio-temporel. Et bien c'est la même chose, sauf que ce n'est pas ton corps qui voyage mais ton esprit. Ton corps restant à l'endroit où tu t'es « endormi ».
Ianto : Je comprends mieux … mais il ne risque pas d'être coincé s'il arrive quelque chose à son corps durant le processus ?
Jack : C'est un risque.
Cette dernière phrase ne réconforta absolument pas Ianto.
Jack : Le fait que nous ne captions la puce de Bob que quelques instants vient du fait qu'elle est directement liées à notre système nerveux central. Tu sais comme moi que si l'on meurt, la puce arrête d'émettre.
Ianto : Oui.
Jack : C'est pareil avec Bob. Le fait de se projeter fausse la perception de la puce qui se met en veille croyant à la « mort » de son détenteur. Dès qu'il se réveille, elle remarche.
Ianto : Mais pourquoi Bob ne reste t-il pas conscient ?
Jack : Il doit se dire que c'est la meilleure façon pour se protéger et nous protéger. Il sait beaucoup de choses sur nous et Torchwood. Il ne veut pas leur donner des informations. C'est pourquoi il se réveille par courtes périodes, afin de nous laisser le localiser, avant de replonger dans ses souvenirs.
Ianto : y'a plus qu'à attendre alors ?
Jack : Oui y'a plus qu'à attendre.
Leurs regards fixèrent alors la double porte par laquelle les paroles du prête leur arrivaient sourdement. Au bout de quelques minutes qui leur parurent des heures, un grésillement retentit dans leurs oreillettes.
Simon : Jack ! Je l'ai ! Pont 5, couloir de gauche, 13e salle sur la droite !