Bonus


Harry se hâta de passer sa cape sur ses épaules aussitôt que le dernier client eut quitté la boutique, un miroir à ennemi de poche emballé dans un charmant papier cadeau. Le jeune homme de trente-trois ans avait à peine changé en dix-sept ans. Toujours les mêmes yeux verts et brillants, le même sourire à fossette qui était aux abonnés absents depuis le début de la matinée. Stressé comme il l'était, pressé de rentrer chez lui, sourire était un acte hautement impensable.

Il balaya du regard la boutique aux cliquetis rassurants. Toute en bois, chaleureuse, elle s'étendait sur plusieurs mètres et était agrémentée d'un étage semblable à une mezzanine réservé aux objets plus rares ou à ses propres inventions. Sa réputation n'était plus à faire. Il adorait son métier et on venait des quatre coins de l'Europe pour lui confier à réparer quelques objets. Si Salazar lui avait tout appris, il ne devait qu'à lui son habilité extrême à concilier magie et inventions moldues.

Une horloge se mit à chantonner l'heure dans le fond de la pièce, lui rappelant qu'il était déjà en retard alors qu'il avait promis de fermer la boutique plus tôt. Il sauta énergiquement par-dessus le comptoir et courut vers la porte de la boutique qu'il ouvrit à la volée. Il verrouilla d'un mouvement de poignet et referma davantage sa cape sur lui. Les autres commerçants du chemin de Traverse étaient tous en train de fermer boutique pour protéger de cette journée de Noël.

Harry sourit à quelques-uns et salua quelques passants avant de prendre le chemin du Chaudron Baveur pour emprunter une cheminette. Il ne tenait pas particulièrement à être malade en transplanant.

Lorsqu'il franchit la porte du café, plusieurs flocons le suivirent dans une bourrasque.

— Salut, Tom ! dit-il en apercevant le gérant.

Il allait se diriger vers la cheminette quand une chevelure blonde attira son attention. Assis au fond de la pièce, près de la fenêtre, Draco Malfoy semblait profondément plongé dans ses pensées, triturant une baguette dont la forme familière fit frémir Harry, comme d'habitude.

Il regarda sa montre et haussa les épaules. Il avait bien le temps de boire un vin chaud. Il fit signe à Tom pour prendre commande et se dirigea vers Draco qui remuait distraitement son café.

— Joyeux Noël, dit-il brusquement en s'installant face à lui avec un grand sourire.

Le blond sursauta, renversa la moitié de son café dans le mouvement et le fusilla du regard.

— Salazar déteint sur toi, ne fais pas ce genre de choses ! le réprimanda le blond.

— Hm… Voyons, ça fait presque vingt ans que tout le monde me dit ça. Vingt ans que je ne comprends toujours pas comment vous pouvez dire ça sachant qu'aucun de vous n'arrive à comprendre une traître chose de ce que fait mon mari.

— Toi le premier, répliqua Draco.

Harry éclata de rire.

— Pas faux. Mais je sais au moins ça : il t'a proposé de venir passer Noël avec nous. Et il y tenait.

Les yeux de Draco brillèrent un peu avant de s'assombrir de nouveau. Depuis la Bataille, il y a dix-sept ans, Salazar avait quelque peu pris Draco sous son aile, estimant que le laisser sans surveillance avec la baguette de Sureau aurait été tenter le destin. Il s'était pourtant lié au jeune homme d'une façon singulière. Si Harry ne se trompait pas, il supposait que Salazar avait reconnu un peu de lui-même en ce jeune homme ambitieux. Narcissa et Lucius avaient péri dans la bataille et il se serait retrouvé livré à lui-même si Salazar ne lui avait pas demandé de l'assister à Poudlard lorsqu'il y avait pris son poste d'enseignant en potion. Severus Snape s'était exilé après la guerre et peu avaient eu des nouvelles. Hormis Harry. Une fiole remplie de souvenirs de sa propre mère. Puis le silence et enfin une réponse à ses nombreuses lettres. Encore et encore, jusqu'à ce que, sans nouer un lien amical, il sourit en voyant le hibou de son ancien professeur attaquer Salazar pour qu'il remette le courrier à Harry.

Les faits étaient que la qualification de Maître des potions se faisait en dix ans et Draco l'avait obtenue en travaillant aux côtés de Salazar. Celui-ci lui avait légué ses premières et deuxièmes années, s'occupant de cours avancés en potions pour les sixièmes et septièmes années volontaires.

Tom arriva et déposa une pinte de vin chaud à chacun d'eux. Harry s'empressa de poser ses mains autour pour les réchauffer, réprimant un frisson de bien-être.

— Chez les Weasley, c'est ça ? demanda Draco au bout d'un moment.

— Chez les Weasley, confirma Harry. Il y aura tout le monde, y compris Luna.

La remarque, lancée innocemment, fit relever les yeux du blond. Il blêmit en voyant le regard plus que taquin du brun. Celui-ci descendit une bonne partie de sa boisson d'une traite tandis que Draco la sirotait avec plus de parcimonie.

— Allez, tu ne vas pas jouer au blond ténébreux ici toute la journée.

— Je ne joue pas.

— À d'autres. Rejoins-moi au manoir dans l'heure ou directement chez les Weasley dans l'après-midi, d'accord ?

— Dans l'heure ?

— Le temps que je parvienne à organiser ma tribu, lança Harry avec une grimace d'anticipation qui n'annonçait rien de bon.

— Teddy va bien ? demanda le blond, l'air vraiment concerné.

— Plus que bien, il a passé la nuit à lire, il comatait encore dans le salon quand je me suis levé ce matin. J'ai dû le porter jusqu'à sa chambre, répondit Harry avec un sourire.

Harry se releva et vida le reste de sa pinte. Il déposa quelques pièces sur la table et sourit à Draco. Puis il s'éloigna. Alors qu'il allait disparaître dans la cheminée, Draco lui lança :

— À tout à l'heure.

Harry sourit et s'évanouit au milieu d'une nuée de flammes vertes. Il atterrit dans son salon à l'odeur familière de thé et de camomille et fut aussitôt accueilli par son cadet, Emrys, qui s'empressa de lui retirer sa cape et chercha à s'emparer de ses chaussures.

— Tu as froid peut-être ? Tu veux ton pull que Papa déteste ? Ou le plaid ? Mais je crois qu'Azzah a vomi dessus la dernière fois quand il l'a pris pour sa « soirée encadrée et sans alcool » où il avait emporté ta bouteille de Whisky pur-feu ! lança le jeune homme brun à toute vitesse.

Harry se pinça l'arête du nez en sentant les maux de tête poindre. Le garçon de quatorze ans poursuivit pourtant son monologue, cherchant à saisir sa mallette de travail.

— Raaaah, mais Em' lâche-moi, qu'est-ce qui se passe encore ?

Puis le regard d'Harry s'éclaira.

— C'était lui la bouteille de Whiksy ? réalisa-t-il soudain.

Il vira rouge, puis pâlit quelques secondes plus tard.

— AZ' ! VIENS ICI TOUT DE SUITE !

Le silence lui répondit, suivi d'un sombre ricanement émanant d'un fauteuil en travers duquel Teddy était jeté, somnolant à moitié.

— Ne rigole pas, Ted. Salazar m'avait offert cette bouteille pour la naissance d'Emrys et Alec, on n'était pas censé l'ouvrir avant leur majorité !

— C'est pas si grave, lui répondit Teddy en se redressant un peu.

— Rien n'est grave avec toi, Teddy, répliqua Emrys en lui faisant une grimace très mature.

Teddy leva les yeux au ciel et darda un regard impitoyable sur son cadet. Harry bloqua, se rappelant parfois à quel point Teddy lui rappelait Remus dans son air entre malice et sérieux.

— Oh et merci pour ce matin, P'pa, ajouta Teddy avec un sourire adouci.

Harry le lui rendit avec plaisir.

— Bon, attendez, ce n'est pas la question. Emrys est-ce que tu as fait une bêtise ?

Le garçon pâlit.

— Non, je… Pourquoi tu dis ça ?

— Em'…, dit Harry d'un ton menaçant, adoptant un regard perçant.

— D'accord, j'ai peut-être accidentellement renversé le chaudron de Papa et la potion est fichue… Du coup…

— Du coup… tu te demandais si je pouvais prendre le blâme ? compléta Harry en plissant les yeux.

— Je ferai ce que tu veux en échange !

— Contente-toi de me rendre mes chaussons chauffants, je sais que c'est toi qui les as. J'ai mis des jours à les mettre au point sans qu'ils prennent feu.

Emrys hésita un instant et tendit la main à son père. Celui-ci la serra en marmonnant un « Je le savais » suivi de mots inquiétants comme « fouille » et « chambre ».

Il se planta en bas des escaliers, un peu nerveux. Il savait précisément d'où venait le silence anormal du manoir. Salazar allait finaliser quelque chose de crucial aujourd'hui. Mais il manquerait de temps. Ginny arriverait d'une minute à l'autre, mieux valait décaler la surprise de quelques heures plutôt que de risquer un raté. Même les enfants n'étaient pas au courant.

— Laz, descend on va être en retard ! appela Harry depuis le hall. J'ai fermé la boutique exprès une heure plus tôt ! On réglera ça demain, s'il n'y a pas assez d'énergie, ne t'acharne pas, tu vas juste réussir à faire un malaise !

Ses cheveux courts, ébouriffés étaient encore parsemés de flocons qui tombèrent sous le mouvement qu'il amorça sur la première marche des escaliers.

— Un malaise ? répondit une voix étouffée depuis l'étage. Tu parlais de toi, non ?

— Haha, très drôle. Viens, s'il te plaît.

Il pianota nerveusement de ses doigts sur son bras.

— Laz, si je dois monter, ça va être ta fête ! insista-t-il alors que le silence lui répondait. Je ne veux pas te ramasser par terre !

Il tapota du pied avec impatience sur le sol.

— Ne me tente pas, répondit la voix à l'étage.

— Oh pitié, émit Teddy le fauteuil à côté. Pourquoi c'est toujours moi qui entends ce genre de choses ?

— Parce que tu es une victime, Teddy, intervint un jeune homme brun aux yeux verts en investissant la pièce, croquant énergiquement dans une pomme.

Le garçon élancé s'avança sur Harry et posa son coude sur son épaule, une mauvaise habitude qu'il avait prise pour agacer son père. Celui-ci peinait à croire que son premier-né était désormais majeur. Il se souvenait encore de ses premiers mots, de ses premiers pas comme si c'était hier et cette créature insolente ne pouvait PAS être cet adorable bébé qu'il avait mis tant de temps à éduquer.

— Azariah, arrête, j'ai compris que tu étais très fier de me dépasser. Remercie les gênes de ton père.

— En attendant, c'est pas ma grande taille qui fait tomber les gentes demoiselles, mais mes yeux verts, alors merci à toi, mon petit papounet.

Il déposa un baiser un peu ironique sur la tempe de son père qui leva les yeux au ciel et lui saisit la tête pour la coincer sous son bras.

— Remercie ta grand-mère. Et ton vieux père est encore assez en forme pour te mettre une raclée dans à peu près tous les domaines alors évite de le chercher à moins de vingt mètres. Et puis… Y a pas moyen qu'on ait pondu un fichu séducteur ! affirma-t-il.

— Langage ! hurla Salazar à l'étage.

— Je t'emmerde, mon amour, chantonna Harry faisant sourire son aîné.

Harry relâcha son fils qui remit de l'ordre dans ses longs cheveux.

— On verra si tu séduis avec le nid de pie qui te sert de tête actuellement, lui dit Harry. Et pour le whisky c'est à charge de revanche, mon petit bonhomme !

Azariah pâlit.

— Ingrat, ajouta Harry.

Avant qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit, un boulet de canon tout aussi brun que lui débarqua soudain dans la cuisine, l'air contrarié. Alec était le jumeau d'Emrys, lequel le regardait moqueusement depuis un coin du hall. Ils étaient presque en tout point identiques, à la seule différence que les cheveux d'Alec étaient disciplinés quand ceux d'Emrys étaient un véritable entrelacs de mèches rebelles. Leurs yeux également. Alec avait hérité du regard gris perturbant de son géniteur au sang de sylphe et Emrys avait obtenu des yeux bleus profonds sans qu'aucun ne sache d'où cela lui venait précisément. Salazar était resté étrangement muet sur la question et Harry n'avait pu s'empêcher de se souvenir du regard bleuté d'un certain Merlin dans une vision que le Colt avait amenée…

Harry attrapa son fils par le col au passage alors que celui-ci tentait une fuite latérale par le salon.

— Hep hep hep ! lança Harry. Reviens ici Alec, tu n'échapperas pas à Noël. Salazar, qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'il n'ait pas envie à ce point d'y aller ?

— Je lui ai juste dit que je savais le nom de sa… (comment vous dites déjà… ? Ah oui !) petite copine et que je l'avais invitée, répondit une voix étouffée à l'étage.

Une toux se fit entendre, suivie d'une fumée étrange.

— Alec combien de fois je t'ai dit de ne pas croire aux bêtises de ton père ? dit-il à l'adresse du jeune garçon qui s'était réfugié contre un Teddy morne, aux cheveux devenus en quelques secondes d'un bleu détonant.

Teddy referma ses bras sur son cadet et le serra contre lui, ajustant sa position pour ne pas être totalement étalé dans son fauteuil. Alec avait toujours été un peu plus timide que les autres et Azariah et Emrys n'étaient jamais les derniers pour voir en lui une victime idéale pour toute sorte de blagues de mauvais goût. Encouragé par leur sylphe de père qui n'en loupait pas une pour voir un rougissement apparaître sur les joues de son cadet. Harry s'était de nombreuses fois positionné en grand défenseur d'Alec avant que celui-ci ne trouve un allié de taille en Teddy qui le protégeait farouchement et n'avait pas sa langue dans sa poche.

Un « Aha ! » victorieux retentit soudain à l'étage. Au même moment, on frappa à la porte. Harry se figea.

— Alerte rousse ! hurla Azariah.

— Tais-toi et va ouvrir, s'il te plaît.

Mais avant que le jeune homme n'ait pu faire le moindre mouvement, la porte s'ouvrit et laissa entrer une bourrasque ainsi qu'un peu de flocons. Ginny apparut sur le seuil, le roux flamboyant de ses cheveux ressortant sur le blanc de sa cape.

— Quelle tempête ! dit-elle. Je suis là, comme prévu ! Et entière, en plus !

Azariah fondit sur elle et l'étreignit. Elle le lui rendit bien, plaisantant sur le fait qu'il avait encore grandi en à peine deux mois d'école.

— Laz, dépêche-toi ou laisse tomber ! grinça Harry entre ses dents.

Il reporta son regard sur Ginny, tout sourire.

— Besoin d'encore un peu de… comment tu dis ? De jus ! hurla Salazar depuis l'étage.

Harry jeta un regard critique à la jeune femme rousse qui lissait les cheveux ébouriffés de son filleul. Celle-ci était encore en train de s'acharner sur Azariah.

— J'ai toujours dit que mon filleul serait le plus beau de tous les garçons…, dit-elle.

Ledit filleul lança un regard moqueur à ses cadets qui se renfrognèrent.

— … Jusqu'à ce que je voie ceux d'Hermione et Ron et celui d'Harry, ajouta-t-elle en filant une chiquenaude derrière la tête du jeune homme qui rit de bon cœur.

Teddy, Alec et Emrys affichèrent un grand sourire innocent à Azariah qui leur fit un signe meurtrier.

— Salazar est en retard ? demanda-t-elle soudain.

— Ce bon vieux pléonasme… Mais oui, il trafique la machine depuis tout à l'heure, répondit Harry, gêné, amorçant une tentative vers l'étage.

Le regard de Ginny s'éclaira.

— Tu veux dire que…

Harry lui offrit un sourcillement suggestif, jugeant qu'il était temps, tant pis pour l'effet de surprise.

— Oui. Viens, je dois y aller également.

Ginny lui emboîta le pas jusqu'à l'étage et ils entrèrent dans le bureau de Salazar, où un chaos sans nom régnait. Harry s'approcha de son cher et tendre, penché sur un système complexe. Ses mains luisaient et ses yeux avaient cette apparence qu'Harry leur affectionnait tant.

— Tu nous mets en retard, lui reprocha-t-il en déposant un baiser sur ses cheveux pour ne pas le déranger outre mesure.

— Prends Lily, s'il te plaît, lui dit Salazar avec un sourire en désignant le bébé qui s'agitait sur ses genoux. Bonjour, Ginny !

La jeune femme le salua, enthousiaste. Harry récupéra sa dernière-née qu'il cala dans un bras.

— Salut, chaton, murmura-t-il en lorgnant les yeux argentés de sa fille, fendus d'une pupille verticale, pareille à celle d'un chat.

La petite n'avait aucun contrôle sur son regard et n'en aurait jamais, d'après Salazar. Harry prit le temps de l'embrasser avant de se pencher par-dessus l'épaule de son compagnon. Il posa la main sur une pièce du dispositif avec un soupir et celui-ci se mit en marche dans une série de cliquetis. Le tout, relié au tableau, brouilla soudainement la peinture pour ne laisser place qu'à un miroir. Sa surface se brouilla de nouveau et Ginny s'appuya sur la table, impatiente.

Une salle apparut, des appartements aux couleurs chaudes. Un son se répercuta doucement dans cette autre réalité et un homme aux cheveux blonds surgit.

— Godric ! s'exclama Salazar en se levant.

— Salazar ?

Ils échangèrent quelques mots en vieil anglais avant de revenir à un anglais moderne que Godric avait dû apprendre assez vite pour communiquer avec Azariah, son filleul ainsi qu'avec tout le reste de la famille. Particulièrement Harry avec lequel il s'était trouvé un bon nombre de valeurs communes et une oreille attentive, différent de Salazar en tout point, mais tout aussi attachant. Le jeune homme aux yeux vert salua le fondateur et celui-ci observa la petite fille dans ses bras.

— Voilà pourquoi la communication était urgente, expliqua Salazar. Je te présente notre Lily, elle est née il y a un peu plus d'un mois.

Godric sourit à la petite qui mordillait dans le doigt de son père.

— Lily pour… ? demanda-t-il en dirigeant son regard sur Harry.

— Pour ma mère. Lily Céleste Slytherin-Althéa-Potter de Wessex…, marmonna-t-il en reprenant chacun des noms dont avait écopé l'enfant sur les registres à cause du sang de Salazar.

— Les yeux…, murmura Godric.

Harry hocha la tête et le fondateur sourit de plus belle.

— Oh, elle est adorable… Une merveille, comme les quatre autres. Vous comptez repeupler l'Angleterre en sylphes à vous tous seuls ? plaisanta-t-il en observant le bébé, les yeux brillants. Où est Azariah ? Et tous les petits ?

— Je suis là, mon oncle ! lança une voix dans le dos d'Harry.

— Oncle Godric ! s'exclama Emrys en se précipitant sur le miroir.

— Vous grandissez trop vite vous tous ! s'exclama-t-il en voyant Teddy arriver à pas vifs.

Salazar et Harry avaient pu développer le système pour ouvrir une simple fenêtre dans le temps. Pas une porte, juste une fenêtre. Afin que Salazar puisse communiquer avec Godric. Juste Godric. Les premières communications avaient été difficiles, Salazar ayant compris que la décision de Godric de protéger l'école n'était pas venue de Godric directement, mais d'une version de lui-même communiquant avec Gryffindor depuis un futur lointain.

Le fondateur de Slytherin avait, bien entendu, gardé pour lui de révéler quoi que ce soit du futur et taisait toute information, préférant préserver les autres de ce qu'il savait. Il avait pu soutenir Godric lors de la mort récente de Rowena et du départ d'Helga pour la campagne irlandaise pour suivre son époux.

Le fondateur blond semblait pourtant rayonnant, parlant avec entrain à ses neveux et filleul. Harry sentit le regard de Ginny sur lui et posa une main sur son épaule. Salazar repéra son mouvement et se releva.

— La communication durera une petite heure, indiqua-t-il. Allez allez, tout le monde descend, dit-il en posant ses bras sur les épaules d'Emrys et d'Alec.

Harry fut le dernier à quitter la pièce et il observa Ginny avancer devant le tableau, les yeux brillants. Godric lui sourit tendrement et la jeune fille fondit en larme.

Ils n'avaient pas vraiment pu contrôler le fait que ça arrive. Que Ginny tombe amoureuse de lui et que ce soit réciproque. Si Godric avait l'impression de lui parler tous les jours depuis quelques mois, Ginny, elle, attendait chacune des communications avec lui. Parfois pendant des mois, le temps que la batterie magique soit rechargée. Il lui avait promis de tout faire pour traverser un jour et elle espérait juste que ce ne serait pas trop tard. Salazar et Harry en avaient longuement discuté et comme Godric jouissait d'une vie plus longue, due à sa puissance magique, ils avaient déduit que l'arracher à son époque peu après la mort de Rowena serait un bon compromis. Helga avait fondé une famille et souffrirait de son départ, bien sûr, mais pas autant que de voir Godric se languir d'une femme qu'il ne pourrait jamais ne serait-ce qu'effleurer.

Alors cette fois-ci, ils avaient fait venir Ginny parce qu'il était temps. Elle ne le savait pas, mais la batterie avait été chargée pendant des années, accumulant suffisamment d'énergie pour un cadeau de Noël plus que conséquent. Godric avait été prévenu de mettre ses affaires en ordre à son époque et à son regard Harry avait su qu'il était prêt. Salazar s'était arrangé concernant son identité.

Aussi Harry se contenta de passer sa main sur le dispositif, livrant toute l'énergie qu'il avait pu stocker et qui lui restait. Un léger malaise le prit, mais il se ressaisit, quittant la pièce, soudain noyée de lumière.

Il attendit derrière la porte. Il entendit soudain un cri et un bruit sourd d'objets métalliques qui tombent au sol. Un éclat de lumière plus fort passa sous la porte et il entendit Emrys demander à Salazar ce qu'il se passait.

Harry se retint de ne pas regarder par le trou de la serrure en entendant les sanglots de Ginny. Lorsqu'il n'entendit plus rien, il sut que c'était le moment pour lui de leur glisser un petit mot.

Il entrouvrit la porte, trouvant le couple enlacé de manière si forte qu'il se demanda comment les deux parties faisaient pour respirer.

— Ginny, tu permets que je prépare le terrain auprès de tes parents, la pilule va être assez délicate à avaler…

Celle-ci donna son consentement, la voix étouffée contre le cou de Godric.

Harry referma la porte et poussa tout le monde hors du couloir.

— Allez, allez tout le monde, on est en retard ! Vous aurez tout le temps du monde de profiter de Ginny et de Godric plus tard ! s'exclama-t-il en descendant.

Azariah avait les yeux écarquillés, Teddy se tenant près de lui, tout aussi étonné.

— Il est… il est vraiment… Enfin ?

— Godric est dans la pièce, physiquement, oui confirma Salazar d'une voix douce.

— Joyeux Noël, les enfants, ajouta Harry avec un sourire.

Un cri de joie résonna suivi de paroles empressées entre Emrys et Alec. Ce dernier saisit Kinnara, qui somnolait sur son perchoir, et l'installa sur son épaule. Le Phénix lança un regard de détresse à Harry qui lui offrit un rictus compatissant. Pourtant l'animal émit quelques notes douces et frotta avec amour sa tête contre celle d'Alec qui rit un peu en le caressant.

Salazar saisit son compagnon par la taille alors qu'il passait près de lui pour s'évader vers la porte. Il l'embrassa tendrement et lui murmura un « merci ».

— J'ai dormi pendant quatre jours en fermant la boutique plus que de raison et mangé comme six juste pour ça, un peu que tu peux me remercier, sans moi ça ne serait jamais arrivé pour Noël ! lança Harry, avec une fausse désinvolture.

Salazar sourit contre ses lèvres. Lily gloussa entre eux, mordant dans un de ses pieds.

— Et merci d'avoir fermé la boutique plus tôt aujourd'hui.

— Au fait, j'ai renversé ta potion toute à l'heure, je suis désolé.

— C'est Emrys qui y a touché et il t'a demandé de t'accuser à sa place ?

— Oui et tu vas agir comme d'habitude et faire semblant de me croire, lui répondit Harry avec un sourire innocent.

Alors que Salazar allait suivre le groupe d'adolescent, Harry le fit bifurquer en direction de leur chambre. Spacieuse, éclairée, disposant d'un coin semblable à un salon agrémenté d'une cheminée. Depuis petits, les enfants avaient pris l'habitude de veiller tard ici — et bien souvent de s'y endormir — durant de longues soirées rythmées d'histoires, de rires et de festins déposés sur la petite table basse centrale. Harry et Salazar ne comptaient plus le nombre de fois où leurs fils s'étaient assoupis près du feu alors qu'eux continuaient à converser à voix basse, enlacés près de l'âtre, veillant sur leur sommeil, préférant ne pas perdre une seconde des heures pourtant nombreuses passées ensemble.

Harry déposa Lily dans son lit et la petite se mit aussitôt à jouer avec ses peluches, tirant si fort l'oreille de son niffleur, Nain-nain, que celle-ci craqua une énième fois.

— Change-toi ! ordonna Harry à son mari en lui envoyant un tas d'affaires tout en posant un regard peiné sur l'oreille de l'ancien doudou d'Azariah.

Salazar souleva les vêtements, suspicieux.

— Harry non, pas de jean.

— Tu as perdu un pari. Tu le mets.

— Je déteste cette matière et tu avais triché, se plaignit Salazar en se défaisant cependant de sa robe de sorcier abîmée de sa journée de recherche.

— J'ai juste mieux triché que toi, souleva Harry avec un grand sourire en se changeant à son tour, s'appuyant sur l'épaule de Salazar afin de ne pas perdre l'équilibre en ôtant sa tenue de travail.

Salazar s'interrompit, le tee-shirt à demi passé pour offrir son bras à Harry afin que celui-ci ne tombe pas à la renverse en se dépêtrant de ses vêtements.

— Merci, dit-il avec un grand sourire, abaissant d'un coup sec le haut sur le torse du sylphe.

Il se détourna, terminant d'attraper le reste des vêtements moldus qu'il porterait à l'occasion de Noël, épuisé des tenues sorcières, et par solidarité pour son compagnon. Il entendit ce dernier pester derrière lui et sourit avant de se retourner avec un air mielleux.

— Un problème ?

Salazar releva les yeux avec dédain sur lui, ses mains occupées à passer une ceinture autour du jean. C'était la deuxième fois seulement qu'Harry parvenait à lui passer un tel vêtement. Si l'homme restait élégant, peu importe le genre de vêtements qu'il portait, les jeans avaient un côté décalé sur lui tout à fait plaisant. Extrêmement plaisant même.

Harry s'avança et lui tapota sur les mains, l'adjoignant à la laisser s'occuper de sa ceinture. Le plus jeune lui remonta la braguette et boutonna le jean avant de s'appliquer à nouer la ceinture. Sentant un souffle sur son front, il releva la tête. Salazar avait le visage dirigé vers le plafond, une lèvre mordue pour s'empêcher de rire et des larmes d'hilarité dans ses yeux devenus beaucoup trop brillants.

Harry baissa les yeux sur ses mains tenant toujours les bouts de la ceinture, les doigts trop proches d'une certaine zone un peu trop sollicitée par ses mouvements répétés pour tenter d'habiller son vis-à-vis. Il émit un « oh » de compréhension.

— Oh ?

Oh, on va être en retard et il y a Lily dans la chambre, renchérit le cadet.

Oh, tu as intérêt à me payer cet affront demain.

Oh, je ne crois pas, répondit Harry avec un sourire en lui tapotant gentiment le torse.

Il contourna son époux et souleva ses longs cheveux, savourant leur texture entre ses doigts quelques secondes. Il saisit quelques épingles et un lacet de cuir sur le meuble non loin et coinça les pinces dans sa bouche tandis que ses doigts nouaient les cheveux de Salazar. Celui-ci se laissa faire, arrangeant les manches de sa chemise, les retroussant adroitement, son alliance scintillant à la lumière déclinante du soleil. Sa lumière accrocha l'œil d'Harry qui sourit en lorgnant la bague semblable à son annulaire.

Il paracheva la coiffure en maintenant le tout de quelques épingles discrètes. Il caressa un instant les épaules de son compagnon et se pencha pour embrasser la peau de sa nuque, savourant le frisson qui naquit sous ses lèvres. Salazar ferma les yeux et émit un « hmm » pensif, sa main gagnant l'une de celles qui massaient doucement ses épaules.

Harry sourit puis se détacha de lui, récupérant leur Lily sur le lit, à moitié assoupie, l'oreille de Nain-Nain fermement emprisonnée dans sa main. Le jeune père dégagea quelques mèches du regard embrumé de sommeil de sa fille, sentant son estomac se tordre d'un sentiment familier pourtant toujours aussi vif. Salazar lui lança un coup d'œil attendri et lui prit leur fille des bras, la calant contre son épaule. Elle émit un cri de ravissement, tout à coup bien plus éveillée, tirant sur les mèches fraîchement mises en ordre de son père. Harry écouta avec attention les mots que Salazar murmurait à sa fille dans la langue oubliée des Sylphes. Il en comprenait la plupart, habitué à entendre son mari communiquer ainsi avec ses enfants.

Ils gagnèrent le salon, écoutant les conversations bruyantes de la petite troupe qui s'y trouvait déjà. Harry observa l'aîné à travers lequel il voyait encore ce bébé inattendu, parachuté dans leur vie dix-sept ans plus tôt. Il l'observa tendrement et Azariah sembla le sentir puisqu'il se retourna. Il lui lança un regard suspicieux avant de se désintéresser et de reprendre sa conversation avec Emrys avec Teddy.

Leur premier-né allait terminer sa septième année ainsi que Teddy. Les deux souhaitaient voyager, inséparables comme ils l'étaient. Harry avait toujours affirmé que le fait que Salazar et lui les aient traînés un peu partout dans le monde les avait rendus assez avides d'aventures. Emrys, à ce jour, avait déclaré vouloir devenir antiquaire magique, comme son père. Alec passait la moitié de son temps à se faire avoir par la famille sans trop protester contre ce fait, sans sembler rêver à autre chose. Harry et Salazar le soupçonnaient de se venger de manière subtile, l'éclat dans les yeux du jeune homme était parfois… redoutable. Et l'aspiration de Lily, pour le moment, était de sourire à ses parents et ses frères et… d'être adorable.

Chacun d'eux était unique. Unique parce que leur naissance, tenant chacune du miracle, avait fait rejaillir une espèce disparue depuis longtemps. Leurs gênes sylphes avaient été évidents dès lors que ceux de leur père avaient été dévoilés. Et Teddy, par sa filiation à un loup-garou et une métamorphomage, avait souffert de quelques préjugés également.

Harry et Salazar avaient fait en sorte que cela ne leur porte pas trop préjudice et la présence de leur père en tant que professeur de Potions leur avait évité pas mal d'ennuis. Notamment lorsque celui-ci avait tenté par tous les moyens de les faire rentrer à Slytherin pour les avoir à l'œil et que tous avaient presque soudoyé le chapeau pour aller ailleurs. Aussi Azariah et Emrys avaient gagné Gryffindor et Alec Ravenclaw. Teddy avait été réparti à Hufflepuff et le seul espoir de Salazar résidait dans ce bout de chou qui faisait des bulles de bave dans ses bras. Il releva un sourcil en l'observant tandis qu'Harry riait de bon cœur.

— Impossible que ce soit du Slytherin, lança Harry en suivant les pensées de son compagnon sans grand effort.

— Trahi par mes propres enfants, je ne comprends pas où j'ai échoué !

— Où j'ai réussi tu veux dire ? Aucun enfant à Slytherin, presque tous des choixpeauflous qui ont choisi d'éviter ta maison. Le rêve !

— Ne sois pas insolent, nous allons être en retard, allons-y, avança Salazar en poussant tout le monde dehors.

— Ginny et Godric nous rejoindront, il vaudrait mieux que nous… préparions le terrain auprès de sa famille, lança Harry en ouvrant en grand la porte d'entrée.

Il tomba nez à nez avec Draco, qui avait la main levée, prêt à frapper.

— Je savais que tu viendrais ! s'exclama le Survivant avec un grand sourire, ponctué d'une frappe énergique dans l'épaule de l'ancien Slytherin.

— Oh, je suis persuadé que ce n'est pas pour nous qu'il vient, lança Salazar innocemment en adressant un regard entendu à son jeune apprenti.

— Draco ? retentit une voix derrière eux.

Harry fit un pas de côté et laissa Teddy passer. Celui-ci enlaça son unique cousin qui lui rendit son étreinte avec force.

— Papa avait dit que tu ne viendrais peut-être pas !

— Le « peut-être » était uniquement parce qu'il attendait de dégainer son dernier argument, marmonna le dernier Malfoy, suffisamment bas pour que seul Harry l'entende.

Celui-ci émit un rire bas et avança un peu sur le chemin de terre s'éloignant du manoir.

— Aza, décharge ton père de la petite s'il te plaît, il faut qu'il porte les valises de cadeaux.

Azariah protesta dans sa barbe et Harry se retourna, lui lançant un regard d'avertissement :

— Pardon ? Je n'ai pas bien entendu ?

— J'étais en train de louer ta personnalité généreuse et ton sens du devoir paternel, répliqua Azariah avec un sourire hypocrite.

— Je l'aime bien ce gamin, ricana Draco.

— Tu dis ça à chaque fois qu'il est irrespectueux envers moi, argua Harry en saisissant les valises de cadeaux entassées sous un petit kiosque plus loin.

Salazar le rejoignit et en saisit deux à son tour.

— Azariah, transplane avec Lily. Teddy avec Emrys et Alec ira avec Draco. Compris tout le monde ? annonça joyeusement Salazar.

— Ginny et Godric ? osa demander Emrys en se protégeant du froid contre Teddy qui lui frictionnait le bras.

Azariah releva la tête, vivement intéressé, replaçant à l'aveugle le bonnet de sa sœur qui gazouillait, agitant ses bras dans tous les sens, assez fort pour lui frapper la mâchoire à intervalle régulier. Elle faisait luire ses yeux, attendant que son frère fasse pareil. Il les fit étinceler un instant et la petite émit un cri amusé, articulant un mot qui n'avait de sens que pour elle.

— Godric ? J'ai loupé quelque chose ? souleva Draco.

Puis son regard s'éclaira et se posa sur le couple qui s'apprêtait à transplaner.

— C'est pas vrai… Vous avez réussi ?! Vous êtes des grands malades, vous le savez ça ?

Harry sourit et transplana, suivi de près par son époux. Ils atterrirent les premiers devant la porte du terrier. Ils n'eurent pas le temps de frapper que déjà Molly leur ouvrait, les étouffant dans une étreinte solide.

— Tout le monde est déjà là, par Merlin, vous êtes gelés ! Où sont les enfants ? Ah ! les voilà !

Azariah apparut dans un « crac » sonore, Lily dans ses bras. Molly poussa un soupir de ravissement et lui arracha la petite des mains sans qu'il ait le temps de réagir. Elle en fut bien avisée, car, quelques secondes plus tard, Teddy atterrissait trop près de lui, le projetant en avant. Salazar poussa un soupir indistinct en entendant le rire clair d'Alec qui avait profité du transplanage pour décoiffer Draco qui pestait.

Salazar et Harry échangèrent un regard et entrèrent dans le Terrier, accueillis chaleureusement par les bruits de conversation, la douce odeur de la cuisine et un feu de cheminée bienvenu. Arthur les salua avec entrain, happant Salazar dans un énième débat de passionné d'objets moldus. Le sylphe n'avait jamais cessé de s'émerveiller des progrès entre son époque d'origine et celle-ci.

Harry les dépassa, déposant ses valises de cadeaux dans l'entrée. Il fut assailli par ses filleuls, Rose et Hugo, de l'âge d'Alec et Emrys.

— Vous n'imaginez même pas combien de cadeaux j'ai pour vous, souffla Harry en les enlaçant chacun leur tour renforçant les sourires sur leur visage.

Hermione semblait un peu désorientée au milieu de l'arrivage, peinant à saluer tout le monde. Harry était un peu plus habitué qu'elle au nombre d'enfants élevé, et Ron prenait ça avec une tranquillité absente, se contentant de saluer ce qui passait à sa portée, déjà perdu au milieu de ses divers neveux, nièces, filleuls et autres. Harry surprit même Alec à repasser trois fois à hauteur de Ron avant que celui-ci réalise qu'il l'avait salué à chaque fois. Aussitôt, il coinça le jeune sous son bras pour le décoiffer énergiquement.

— Harry ! s'exclama-t-il en fondant sur son meilleur ami, lâchant le fils de ce dernier. Merci, Merlin ! Maman essaye de me réquisitionner depuis toute à l'heure à la cuisine pour les aider Percy, Pénélope, Fleur et elle. George est caché à l'étage, Bill fait mine de dormir sur le canapé et Charlie est sorti prendre l'air !

Hermione fronça les sourcils en entendant le discours de son mari et partit à grande enjambée vers la cuisine, saisissant Azariah au passage, sans qu'il ait eu son mot à dire.

— Vous nous avez vraiment pondu un sauvage…, commenta Ron avec un sourire en voyant Azariah tenter de débattre avec Hermione pour échapper à la préparation des derniers détails du repas.

Harry soupira.

— On a fait ce qu'on a pu, il n'est pas aussi sauvage qu'il en a l'air. Il est juste… vraiment comme son père. Pourtant c'est justement avec Salazar qu'il…

Ron lui lança un regard soucieux et Luna s'approcha, ayant entendu leur conversation.

— Tu m'as déjà expliqué le contexte de sa naissance. Salazar a eu des mots durs en apprenant son existence dans la Matrice Sylphide, n'est-ce pas ?

— Il en a eu, c'est vrai, murmura Harry en tournant le regard sur son époux qui devait entendre chacun des mots échangés ici sans que ses amis s'en doutent.

— Peut-être qu'Azariah s'en souvient. La mémoire des bébés moldus, particulièrement en croissance prénatale, est surprenante. Celle des bébés sorciers l'est encore plus alors un bébé sylphe… Et s'il s'en souvenait inconsciemment ?

— Salazar l'aime, protesta Harry. Il l'aime de tout son cœur et j'en suis persuadé, mais ça n'a pas été facile. Le lien a été fragilisé dès lors qu'il l'a rejeté et, s'il n'a eu de cesse d'essayer de le ressouder, la manière dont Azariah a accueilli ses tentatives l'a refroidi.

— C'est normal que le gamin ait réagi comme ça, murmura Ron. Même si Laz a fait ce qu'il a pu.

— Il lui a déjà dit qu'il l'aimait ? Pas juste le lui faire comprendre, lui dire « je t'aime » aussi clairement qu'on dit « bonjour », demanda soudain Luna, le regard fixé sur un point dans le vide.

Harry fronça les sourcils, réfléchissant quelques secondes.

— Non, pas que je sache, réalisa-t-il et il vit Salazar tressaillir

Ils échangèrent un long regard et Luna l'intercepta avant de s'éloigner. Elle se dirigea droit vers Draco, qui ne sembla plus vraiment savoir quoi faire de lui-même tout à coup, perdant de sa superbe aux yeux de tous, sauf de Luna. Harry eut un sourire faible et Ron lui tapota l'épaule, lui plaçant un verre de Whisky Pur-feu, gentiment dosé, dans une main.

Angelina vint le saluer, suivie par Fleur qui amenait un plateau de petits fours. Les enfants de George et Bill l'entraînèrent dans une longue conversation sur ses années à Poudlard, rejoint par la fratrie Slytherin-Potter. Emrys se colla contre son père et Bill riait à certaines anecdotes, sortant de son demi-sommeil. La pleine lune arrivait bientôt et, s'il ne subissait pas de transformations, une certaine pesanteur était toujours présente, l'assommant de fatigue. Sa fille, Victoire, était blottie contre son flanc tandis que ses deux jeunes frères étaient partis à la recherche de leur Oncle Charlie. George surgit de l'étage quand il fut certain que sa mère ne le cherchait plus et prit la relève d'Harry qui s'éloigna en direction de la cuisine. Enfumée, raisonnant de rires, un sourire ne put s'empêcher de s'installer sur ses lèvres. Il ne fut pas surpris de trouver Salazar occupé à empiler un maximum de verres sur un plateau.

— Je vous préviens, c'est un tricheur, avertit Harry en piquant un toast.

— Je vous préviens, c'est un jaloux. Il m'a épousé seulement pour connaître le secret de mon succès, lança Salazar sur le même ton en ajoutant un dernier verre à la pile sous les applaudissements nourris de Fleur, Pénélope et Angelina.

Lily, dans les bras de Percy, applaudit également avec une ferveur maladroite. Salazar lui envoya un clin d'œil et la petite frappa dans ses mains de plus belle. Son père s'éloigna dans le salon pour y déposer sa pyramide bancale. Harry secoua la tête, les yeux pétillants. Molly le couvait du regard et il se détourna, cherchant Azariah d'un coup d'œil circulaire. Celui-ci surveillait la cuisson d'un immense plat sans grande conviction.

Harry s'approcha et posa une main sur son épaule. Le jeune homme sursauta et se détendit en reconnaissant son père.

— Ça va, mon grand ? demanda-t-il en caressant ses cheveux.

— Tout va bien. Tu as remarqué que Draco et Luna étaient partis dans le jardin ?

Harry émit un rire et confirma d'un hochement de tête. Son fils recula un peu et son père passa son bras autour de lui, comprenant que quelque chose le tracassait sans qu'il ait particulièrement envie d'en parler. Si les autres adoraient ces immenses réunions de famille, Harry savait que son aîné avait tendance à ne pas s'y sentir à sa place. Comme partout ailleurs. Comme si, d'une certaine manière, il n'était pas légitime qu'il soit ici. Et les paroles de Luna faisaient douloureusement écho au mal-être que le jeune père sentait chez son garçon.

— Reste près de moi ce soir, proposa-t-il.

Azariah sourit, toujours aussi surpris de l'acuité avec laquelle son père le décryptait et sentait quand il avait besoin de lui.

— Emrys est déjà collé à Teddy, je ne vais pas avoir beaucoup d'autres options.

— Dis tout de suite que je suis le dernier recours ! s'offusqua faussement Harry avec un rire doux.

— Nan, t'étais le premier, je voulais juste pas te déranger si…

— Tu ne me déranges jamais Aza, tu le sais très bien. Ton père s'en sort parfaitement sans moi. Sans transition, en revanche, j'ai un service à te demander. Surveille l'arrivée de ton parrain et de ta marraine.

Harry lui sourit et le relâcha, se tournant pour saisir Ron, qui passait récolter quelques denrées.

— Il faut que je te parle. À ta mère, ton père et toi.

— OK ! Maman ! Papa ! hurla Ron et Harry se pinça l'arête du nez.

Pourtant Molly et Arthur débarquèrent à toute vitesse dans la cuisine, comme s'ils n'avaient jamais perdu la main face aux appels de leurs très grands enfants.

— Harry veut nous parler, déclara leur fils en s'appuyant contre l'évier, la bouche pleine.

— Harry, mon chéri, que se passe-t-il ? demanda Molly avec un sourire encourageant.

Harry se racla la gorge, mal à l'aise d'annoncer cela, mais certain que cela serait moins violent qu'en voyant Ginny débarquer avec un fondateur. Déjà que la plupart des invités vivaient simplement dans le déni de la nature de Salazar, plus encore dans celui qu'il venait du passé et était un fondateur. Tous avaient sans doute préféré oublier cette partie pour se concentrer sur l'homme singulier qu'Harry leur avait présenté, porteur de tout l'amour dont il était capable.

— Ginny est venue chez nous un peu avant, je lui avais demandé de passer.

— Oui, elle nous avait prévenus, dit Arthur avec un sourire.

— Et vous savez qu'elle n'était pas censée amener quelqu'un à Noël… Comme tous les autres Noëls.

À ces mots, Arthur posa la main sur l'épaule de sa femme qui la serra entre ses doigts. Molly avait toujours été peinée du célibat prolongé de Ginny, inexplicable aux yeux de la famille. Seuls Ron, Hermione, Salazar Harry et leurs enfants étaient au courant de l'attachement impossible qu'avait noué la jeune femme. Elle avait tenté d'établir quelques relations dans les périodes où ne pas voir Godric était trop dur, mais chacune s'était soldée par un échec, la plus longue s'étant étendue à quelques semaines à peine.

— Eh bien…, tenta Harry. Il se pourrait que cette année…

Il vit le regard de Molly s'éclairer et il lui saisit la main, tentant immédiatement de la calmer. Ron fixait son meilleur ami, réfléchissant à toute vitesse. Il comprit quelque chose et éclata d'un grand rire victorieux.

— Je savais que vous réussiriez, mon vieux ! s'exclama-t-il.

— Réussir quoi ? demanda Arthur, perdu.

— Vous vous souvenez quand je vous ai expliqué de quelle manière Salazar était venu à moi ?

Les deux hochèrent la tête, pâlissant légèrement.

— Le… L'ami de Ginny est venu par le même chemin. De la même époque, lâcha-t-il.

Le visage de Molly afficha un ahurissement complet tandis que celui d'Arthur s'éclairait complètement.

— Tu veux dire qu'un autre homme est arrivé du passé ?

— C'est pour ça qu'elle… enfin qu'elle… seule tout ce temps…, hoqueta Molly, une main sur le cœur.

— Elle vous l'expliquera mieux que moi, mais je voulais quand même vous prévenir. Et la dernière chose qu'i savoir c'est que…

— C'est qu'il s'agit de mon collègue et ami, Godric, acheva Salazar en entrant d'une démarche énergique.

Il offrit un charmant sourire au couple Weasley, très fier d'avoir lâché une bombe pareille. Harry aurait voulu l'exécuter sur place, mais le fondateur fila aussi vite qu'il était arrivé, plus rapide que la brise, emportant un plateau avec lui, suivi par Ron qui rigolait de bon cœur. Molly se laissa tomber sur une chaise et ne bougea plus vraiment. Arthur murmurait des mots qu'Harry n'entendait pas.

— Godric est un homme bien. Un homme d'honneur. Ginny ne pouvait pas rêver mieux, je vous assure qu'il est…, souffla-t-il, agenouillé de manière à être à la hauteur de Molly.

Harry entendait le rire de Salazar, clair et tintant, et s'arrêta une seconde, savourant le son. Il le sentait presque courir sous sa peau : le bonheur de Salazar de revoir son vieil ami, un frère.

— C'est le parrain d'Azariah et c'est l'un des meilleurs hommes que je connaisse. Nous l'avons fait venir à sa demande. Il est arrivé par amour. Personne n'aimera Ginny aussi fort. Arthur, Molly, on ne traverse pas le temps sans raison, pas sans détermination, je peux vous l'assurer.

Il se releva quand Azariah entra avec précipitation dans la cuisine, essoufflé. Harry comprit et le suivit dehors, doublé à toute vitesse par un Salazar extatique comme au premier jour de leur rencontre. Les autres, habitués à ne pas comprendre son attitude, le couvèrent d'un sourire en le voyant passer la porte. Harry se précipita à sa suite. Dix-sept ans de conversations avec Godric avaient installé une amitié étrange, peu palpable, mais bien réelle. Il s'en sentait un peu fébrile, comme si l'homme n'était peut-être qu'un songe. Comme il avait craint que Salazar le soit.

Les autres les suivirent, alertés par la précipitation d'Harry et celle de son fils.

Il avança dans le parc, distinguant deux silhouettes au loin dans l'obscurité, approchée par celle, vive, de Salazar. Il s'approcha à temps pour voir son mari étreindre son meilleur ami avec une force brute. Ils échangèrent plusieurs mots en vieil anglais que seuls Azariah, Ginny et Harry comprirent. Derrière eux, le Survivant entendit les interrogations s'élever et la voix moqueuse de George s'élever.

— Notre Ginny nous ramènerait-elle quelqu'un ?

— Tais-toi, George, fit Molly, la voix blanche.

— Merlin, ça fait des années que tu ne m'as pas rembarré comme ça. Maman, tu sais qui c'est ?

Ron s'en mêla, suivi de Charlie, qui revenait tout juste de sa balade avec ses neveux. Ginny était rayonnante, se tenant à une distance respectueuse des deux amis qui se retrouvaient. Elle avança et remercia Harry du regard avant de le dépasser pour rejoindre sa famille. Salazar et Godric se séparèrent, tout sourire et ce dernier se tourna vers Harry. Il l'entraîna dans une étreinte d'une force épouvantable qui réchauffa un peu la soirée d'hiver.

— Je ne pensais pas te saluer en ami, en chair et en os, un jour, lui dit-il en lui donnant une frappe solide dans le dos avant de le séparer de lui.

— Tu n'avais pas foi en nous ? feignit de se vexer le plus jeune.

— Pas une seconde je n'ai douté, et puis pour rien au monde je n'aurais accepté de me plier à un destin qui me refuserait de serrer dans mes bras mon filleul, dit Godric en se tournant vers Azariah qui semblait complètement bouleversé.

— J'arrive pas à y croire, murmura le jeune homme.

Son parrain lui ouvrit les bras et il s'engouffra dedans avec force. Harry sentit son cœur se pincer à cette vue, une brève image de Sirius et lui s'accolant à la leur. La main de Salazar gagna la sienne et la boule dans sa gorge se desserra. Sirius aurait été fier de lui. Et il était là. Avec lui. Il lui avait assuré qu'il serait toujours là.

Le couple recula, rejoignant les autres qui pressaient la dernière Weasley de questions à l'exception de Ron et Hermione, retournés bras dessus bras dessous au chaud à l'intérieur en attendant que la tempête se calme. Harry et Salazar prirent le même parti qu'eux et ils s'installèrent sur les fauteuils mal assortis, mais confortables posés dans une extension de salon, formant une sorte de véranda afin que le Terrier puisse accueillir tout le monde au fil des années. Peu à peu, ils furent rejoints, mais il fallut presque une demi-heure pour que Ginny et Godric parviennent à entrer dans la maison, ayant sans doute répondu aux questions les plus urgentes. Ils ne se lâchaient presque pas du regard et Harry serra plus fort la main de Salazar en comprenant ce par quoi passait la jeune femme. Parfois, encore maintenant, il se réveillait dans la nuit et fouillait le lit de peur que Salazar ait disparu. Quand il ne l'y trouvait pas, il arpentait la maison à sa recherche, le dénichant dans son bureau, dans le salon, endormi auprès de l'un des enfants à trop l'avoir veillé.

Draco et Luna discutaient ensembles, à peine étonnés par la présence de Godric. L'un parce qu'il avait tant entendu parler du fondateur par Salazar et l'autre parce que rien ne semblait vraiment la surprendre. Hormis, peut-être, l'attitude douce et découverte du dernier Malfoy, souriant à ses paroles, s'intéressant à ses remarques avec un silence religieux et un air concentré presque attendrissant.

Godric était étonnamment à l'aise. Lui aussi avait beaucoup entendu parler de chacune des personnes présentes ici, et certaines lui étaient plus que familières, notamment les enfants Slytherin-Potter, qui passaient d'une pièce à l'autre avec les autres gamins. Azariah se rapatria non loin de son père quand Salazar se leva pour se rendre utile, incapable de rester assis plus de quelques minutes à ne rien faire.

Le repas arriva et l'ambiance s'allégea considérablement, bien que Godric écope de regards curieux, ahuris, de temps à autre. Arthur, en bout de table, présidait avec bienveillance la troupe que formait sa famille. Le dîner fut bruyant, ponctué de changements de place pour converser au mieux avec chacun des convives. Harry n'aurait jamais cru se voir offrir le luxe d'un Noël en famille vu leur nombre. Pourtant, tous les ans… Et c'était chaque année une victoire personnelle, une revanche sur ce que la vie lui avait pris. Une chance que ses enfants ne vivent pas les Noëls esseulés que Salazar ou lui avaient pu vivre dans leurs plus jeunes années.

Les invités se déplacèrent peu à peu au salon, insistant pour que Molly ne s'occupe pas immédiatement du rangement, arguant que tous s'en chargeraient plus tard. Les conversations s'alimentèrent, mais baissèrent en volume sonore, des petits groupes changeants se formant par regroupements de fauteuils ou de chaises. Le feu crépitait dans la cheminée et Lily passait de bras en bras, amenant sa petite présence rafraîchissante un peu partout. Harry était ravi de voir que les regards n'accrochaient plus vraiment ses yeux étranges, ou alors ce n'était que pour y provoquer de l'émerveillement. Quand elle revenait aux mains de Salazar, Angelina et Pénélope l'observaient avec fascination déclencher les rires de la gamine en lui parlant dans une autre langue. Il avait toujours apprécié la manière naturelle dont leurs petits avaient été acceptés. Malgré leur condition et leur venue au monde peu orthodoxe, ils avaient été traités comme chaque nouveau-né de la famille, comme chaque enfant, comme chaque ado, sans aucune différence.

Harry monta la coucher sous les coups de minuit, estimant qu'elle avait déjà assez emprunté à son père en veillant si tard sans sieste dans l'après-midi. Ils avaient écopé du grenier, vidé de la présence de la goule, morte depuis un moment. Aménagé en plusieurs petites chambres d'amis, chaque invité, outre les Weasley chacun assigné à leur ancienne chambre, s'était vu décerner un espace. Harry entendait des rires s'élever de la chambre adjacente occupée en ce moment même par la plupart des enfants. Des explosions retentissaient suivis de « chuuuut » sonores. Il n'osa même pas ouvrir la porte et se contenta de lancer assez fort dans le couloir un « appelez-nous si Lily pleure ! » avant de redescendre.

Il aperçut Teddy et Azariah, ce dernier s'acharnant encore à charrier Emrys, ardemment défendu par Teddy.

Salazar les observait, les mains sous le menton, suivant d'une oreille la conversation entre Bill, Fleur, Charlie et Hermione à ses côtés.

— J'en apprends encore sur toi, l'accueillit-il en le sentant s'asseoir à ses côtés. Tu ne m'avais jamais dit avoir sauvé la sœur de Fleur pendant l'une des épreuves du Tournoi des Trois Sorciers.

— Gabrielle en parle encore ! ajouta Bill avec un sourire.

— Le roi de la force morale, ajouta George en se joignant à eux et Hermione éclata de rire.

— Tu savais qu'ils ne la laisseraient pas mourir tout de même ? C'est inscrit dans les règles du Tournoi, lui indiqua Salazar avec un sourire.

Harry pâlit.

— C'est… Ne me dis pas que c'est toi qui as créé ce Tournoi débile.

— Langage ! Et non. Enfin seulement à cinquante pourcents.

— Les cinquante autres pourcents sont de moi, annonça fièrement Godric en s'asseyant à leurs côtés.

— J'aurais dû m'en douter, soupira Harry, la tête entre les mains.

— C'est barbare, s'indigna Ginny, ce qui rembrunit quelque peu Godric.

— Mais l'idée d'un contrat liant l'énergie magique des désignés à la coupe n'était pas de nous. Il doit s'agir d'un ajout tardif, bien après notre départ de Poudlard.

— Mon cerveau fait des nœuds dès que j'essaye de comprendre comment c'est possible que vous soyez là sans perturber le cours du temps, lança George, semblant traduire la pensée du reste du groupe.

— C'était déjà écrit. Dans vos livres, il est indiqué que Salazar a disparu de son époque sans laisser de trace. Vous l'avez supposé mort. L'Histoire indique que la même chose m'arrive quelques années plus tard. On fantasme alors sur le fait que nous nous sommes retirés du monde magique pour laisser la place à une nouvelle génération. Alors qu'en réalité…

— En réalité vous fricotiez avec la nouvelle génération quelque mille ans plus tard, j'ai pigé l'idée…

Godric haussa un sourcil et Salazar sourit de toutes ses dents.

— Le principe étant que ces événements étaient censés arriver, d'une manière ou d'une autre. Salazar m'a contacté depuis le futur bien avant que celui que je côtoyais à l'époque ne parte. Je savais que sa machine marcherait un jour parce que je communiquais avec un Salazar qui avait réussi son entreprise et rencontré la personne pour qui il avait rendu possible l'impossible.

Harry sourit et ce fut au tour de Salazar de resserrer sa prise sur sa main. Il se rendait compte de la chance qu'il avait. Il ignorait si, comme le disait Godric, il s'agissait d'un cadeau de la Providence, mais c'était plus qu'un cadeau, à n'en pas douter une seconde.

— C'est tellement romantique, soupira Fleur en posant la tête sur l'épaule de Bill qui grimaça théâtralement avant de déposer un baiser sur ses cheveux. À quand votre prochain voyage ?

— Dès que Lily sera un peu plus haute que trois pommes. On l'amènera avec nous dans les endroits les moins dangereux et le reste, on le parcourra en tête-à-tête, répondit Harry.

— Vous nous emmènerez ? lança Teddy depuis l'autre bout de la pièce.

— Dans les endroits dangereux ? s'étrangla Molly.

— On est majeur, signala Teddy, l'air blasé.

— Pas selon mon barème, répliqua Salazar, l'œil perçant.

— Traduction : qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans « en tête-à-tête » ! lança Ron avec un grand sourire.

Salazar lui tapota le dos.

— Je suis percé à jour !

— C'est pas juste, commenta Emrys.

— Tu as été aux abords du Vésuve avec ton père à deux ans, je pense que c'était assez de risques pour toute une vie, intervint Harry.

Hermione et Fleur pâlirent en échangeant un regard.

— Nous volions, précisa Salazar, je voulais survoler Pompéi.

— Oui, mais toi, tu as visité les landes de Camlann ! répliqua Azariah avec force en fusillant Harry du regard.

— Camlann, Camlann ? souleva Hermione, bouche bée.

— Salazar, tu l'as emmené à Camlann ? la soutint Godric.

Salazar leva les mains en signe de paix.

— Nous n'en sommes pas morts.

— Oui, c'était tout juste, marmonna Harry. Des cadavres conservés à perte de vue une fois l'illusion levée, des fantômes en veux-tu en voilà, des voix qui m'ont transformé en schizophrène quelques jours et de la boue plein les pattes. Avec en complément les compliments de Mordred en personne. Enfin en personne… façon de parler. Qu'est-ce que c'était ? Un Spectre ?

— De l'énergie résiduelle, répondit Salazar d'un ton absent.

Godric semblait choqué.

— Personne n'a accès à l'endroit pour cette raison, Salazar !

— Et j'avais besoin de récupérer quelque chose là-bas !

Un grand silence se créa, en attente de la suite. Harry comprit que Salazar savourait le suspens installé.

— La couronne du Roi Arthur.

Hermione trépignait dans sa chaise et même Ron semblait soufflé. Ils ne confiaient pas grand-chose de leurs voyages, récoltant plusieurs reliques de l'ancien temps avant qu'elles n'attirent des âmes moins désintéressées. Quoique Salazar fût loin d'être désintéressé même si son obsession était davantage à la collection et aux heures perdues dans des siècles d'Histoire rien qu'en touchant ces objets.

La venue au monde des enfants avait permis des pauses dans leur vie agitée. Mais sitôt les petits en âge, il les avait amenés avec eux dans leurs expéditions sécurisées à la recherche de simples ingrédients pour Salazar. Leur prochaine destination prévue dans plusieurs mois était pour les anciennes terres vikings. Salazar y tenait par-dessus tout, sentant l'appel de la civilisation auprès de laquelle il avait développé ses croyances les plus secrètes, partagées uniquement avec son époux dans une certaine mesure. Plusieurs objets demeuraient cachés aux yeux des moldus et n'attendaient qu'une main sorcière suffisamment avisée.

L'aveu précédent concernant la couronne, pourtant lâché à mi-voix, occupa la plupart de leurs conversations, tard dans la nuit et jusqu'au petit matin pour certains. Salazar avait mis à profit ses talents de conteurs pour faire gober n'importe quoi à toute âme naïve susceptible d'être prise dans ses filets.

Les cadeaux avaient tous été déplacés devant le sapin, alors que la plupart des adolescents s'étaient endormis dans les fauteuils les plus confortables. Teddy était aimablement écrasé par Emrys, blotti contre lui, en fidèle pot de colle adorable. Seul Azariah avait survécu à l'appel du sommeil, ses yeux changeant peu à peu de couleur pour adopter la même que celle des yeux de sa jeune sœur Lily. Il ne s'en cachait même pas, les autres étaient habitués. Son air soucieux poussa néanmoins Harry à le suivre jusqu'à la cuisine pendant que les adultes ouvraient leurs cadeaux en douce en ricanant comme des mioches.

Le Survivant s'appuya contre le chambranle de la porte de la cuisine, observant l'aîné entamer la vaisselle, les épaules tendues. Le jour commençait à se lever à l'horizon et la neige scintillait, dévoilant l'atmosphère glaciale qui régnait au-dehors.

— J'ai peur de partir de la maison, lâcha-t-il soudain. Je ne serais pas à la hauteur une fois à l'extérieur et j'ai une trouille bleue de te décevoir, de décevoir Papa et de…

— Azariah… tenta Harry, sensible à la soudaine détresse qu'il entendait dans la voix du jeune homme.

— Je veux partir, mais sans vous quitter. Je ne veux pas que Lily n'ait que des souvenirs vagues de moi.

— Azariah ?

— Je ne veux pas que quelqu'un d'autre embête Em' à Poudlard. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre ramène tous les soirs Alec des endroits improbables où il s'est endormi. Et je ne veux pas que tu me considères différemment parce que je pars et je ne veux pas que Papa soit encore plus…

Harry avança et le saisit par les épaules, posant son front contre le sien, remontant ses mains à son visage. Il observa les yeux à peine humains de son fils, se sentant relié à lui comme à l'époque où il n'était qu'un bébé grandissant dans une matrice sortie de nulle part dans les appartements du fondateur.

— Azariah ? Du calme… Je n'ai aucune attente vis-à-vis de toi, pas au sens où tu l'entends, alors comment tu pourrais me décevoir ? Je veux juste que tu te sentes bien là où tu es, que tu sois heureux, épanoui, le reste te regarde complètement. Et partir de la maison, c'est… Tu sais bien que même si dans trente ans tu revenais gratter à la porte, tu retrouverais tes vieux parents en train de se chamailler la dernière part de gâteau, Kinnara qui aura recouvré une nouvelle jeunesse, ta chambre en l'état avec tes posters d'ado et tes souvenirs de bêtises. Oui. Oui… j'ai trouvé ta boîte à bêtises, très mignonne d'ailleurs.

Azariah émit un petit rire nerveux.

— J'ai l'impression que quelque chose va se casser si je pars.

— Rien ne va se casser. Tu es un sorcier, l'autre bout de la planète, ce n'est rien. Tu pourrais même revenir chaque soir à la maison si tu t'en sentais plus à l'aise. Rien ne t'oblige à lever les voiles définitivement.

Il sentit que sa remarque avait fait mouche et il attendit en silence que son fils aborde le cœur du problème.

— Je ne me sens pas à ma place. Ni ici, ni à la maison, ni ailleurs. Je ne sais pas non plus si je la trouverais en voyageant.

Harry ferma douloureusement les yeux. Où avait-il pu rater quelque chose pour que son fils ressente cela ? Si une sensation lui était familière, c'était bien celle-ci, et il aurait voulu épargner à son garçon de la ressentir.

— P-pas à cause de toi, c'est juste… là, murmura-t-il en désignant son torse.

— Tu as ta place là, répondit Harry en désignant son propre cœur. Et tes frères t'aiment. Même Lily t'apprécie, elle te donne des coups, je crois que c'est sa manière à elle de… enfin ce que je veux dire c'est que tu as ta place Azariah. Tu es né dans un contexte compliqué, je le sais et tu le sens au fond de toi plus que tu ne le comprends.

— Ce n'est pas ce que je vois dans l'attitude de Papa, répondit Azariah, la voix voilée.

— Ce que tu vois dans l'attitude de ton père, c'est de la culpabilité et de la maladresse.

— Il ne me voulait pas, n'est-ce pas ?

— Il t'a voulu quand tu as été là et qu'il a réalisé que tu étais réel. À l'époque, ta venue a été un choc pour nous deux. Nous ignorions que nous pouvions avoir des enfants. Nous n'étions pas préparés, nous étions en guerre et nous avons eu peur. Vraiment très peur.

Azariah hocha la tête, un peu tremblant.

— Je sais. Mais toi, tu n'as pas hésité.

Harry balaya la dernière remarque en reculant, l'air soucieux.

— Je sais que tu sais, mais je veux que tu l'entendes profondément en toi. Peut-être que tu n'as pas été planifié comme tes frères et sœurs, mais tu ne serais jamais venu au monde si nous ne l'avions pas désiré ton père et moi. Tu es un sylphe, Azariah. Une créature aussi pure ne peut venir au monde qu'en étant issue d'un amour extrêmement fort. Et si celui qui nous relie, ton père et moi, l'est, celui que nous avons pour toi est aussi fort, tu comprends ?

Azariah acquiesça encore une fois. Harry ne pouvait pas l'aider davantage avec des mots. Son fils connaissait leur histoire, mais le reste, ce qui le faisait souffrir, il avait besoin de l'entendre de Salazar. Harry sentit la présence de ce dernier avant d'entendre sa voix :

— Azariah, est-ce que je peux te parler quelques minutes, s'il te plaît ? demanda-t-il d'une voix douce.

Harry se détacha de son fils et celui-ci sembla hésiter à s'enfuir dans la direction inverse. Son père ne chercha pas à le pousser, le regard neutre. Azariah avança de lui-même en direction de son autre père qui s'effaça du passage pour le laisser circuler. Harry et Salazar échangèrent un long regard et le plus jeune eut une moue attristée en reconnaissant l'expression sur le visage de son compagnon. Il lui mima un « ça va aller » silencieux et Salazar suivit leur fils aîné dehors.

Harry s'avança sur la large fenêtre de la cuisine, les bras croisés, et observa leurs silhouettes se détacher sur la blancheur de la neige. La ressemblance entre le père et le fils le frappa et il frissonna d'appréhension. Azariah se tenait à bonne distance de son second géniteur, affichant le même maintien aristocrate et le même air indéchiffrable. Sur la défensive. Comme un animal craintif, un félin blessé néanmoins prêt à défendre sa carcasse.

Le regard d'Harry aimanta ce que tenait Salazar entre ses mains croisées dans son dos. Le médaillon que Céleste lui avait confié avant sa mort. Même de là où il se trouvait, Harry percevait la puissance de l'artefact, débarrassé de toutes traces de Voldemort et empli de quelque chose de nouveau.

La main de Salazar tendit le médaillon au jeune homme qui l'observa, méfiant. Le fondateur approcha de son fils et saisit sa main pour placer le bijou au creux de celle-ci. Azariah eut un mouvement de recul, habituel quand Salazar l'approchait. Harry n'entendait pas leur conversation, mais devina aux rictus et aux mouvements des deux qu'elle ne devait pas être agréable. Salazar semblait calme, écoutant bien plus qu'il ne parlait.

Harry se détourna, redoutant l'état dans lequel l'aîné reviendrait. Il attendit de longues minutes, presque une heure, une tasse de thé à la main. S'il ne doutait pas des capacités de résilience de son mari qui avançait allégrement sur quatre-vingt-dix ans, son grand garçon de dix-sept ans tout juste, lui…

De temps à autre, il vérifiait où en étaient les deux autres, toujours face à face. Azariah avait pleuré, Harry le voyait à la brillance de ses yeux, même d'ici. Teddy investit la cuisine et Harry lui tendit une tasse de thé chaud et un toast.

— Merci, P'pa, marmonna le jeune homme en s'appuyant contre l'évier avec lui.

Il jeta un coup d'œil dehors et sonda le tapotement nerveux des doigts d'Harry sur son bras. Il posa sa main sur la sienne, calmant le tic. Son parrain et père d'adoption lui sourit.

— Il était temps, murmura Teddy. Plus la fin de l'année approche, plus il angoisse à l'idée de partir sans avoir vidé son sac.

— Ils se ressemblent beaucoup trop, ils gardent tout pour eux, confirma Harry en buvant une gorgée de thé. C'est incompréhensible.

— Je crois que je ne les comprendrais jamais vraiment non plus.

Harry attira la tête du jeune homme sur son épaule et lui caressa les cheveux avant de dire avec un ricanement âpre :

— Parce que nos cœurs sont purs, Ted !

— Non, vraiment… Tu sais, je n'ai jamais compris l'attitude de Papa par rapport à Az'.

— Salazar n'a certainement jamais tout à fait compris non plus. Tu vois, c'est ce que j'essayais d'expliquer tout à l'heure : Azariah est venu au monde avec toutes nos angoisses. Celle de Laz de le voir pourchasser par un descendant de Mordred, la mienne de le voir tué par Voldemort. Nous avons failli le perdre et Salazar s'en est toujours tenu responsable par la suite. Effectivement, nous avons été laxistes sur sa sécurité, peut-être aurions-nous pu faire mieux. Bébé, tout allait bien, c'est quand il a commencé à défusionner avec nous que ça s'est compliqué. Quand on est un tout petit môme, on sent que nos parents nous aiment, mais quand l'esprit commence à s'en mêler, que la conscience fait douter… Il a grandi avec la certitude que Salazar allait l'abandonner, parce que c'est ce qu'il avait voulu faire avant sa naissance, en pensant le protéger. Puis il y a eu ses cauchemars de Voldemort, de Mordred et Salazar a davantage culpabilisé. Et j'imagine que la distance s'est simplement installée comme ça. Pourtant tu aurais dû le voir s'inquiéter pour lui à chaque fois qu'il a été malade, il passait des heures dans son laboratoire à concocter des remèdes et…

— Tu sais, P'pa, je crois que c'est pas vraiment important tous ces détails. Az' a juste besoin de l'entendre dire qu'il l'aime, c'est tout. Et je crois qu'il a besoin de le dire lui aussi.

Harry hocha vaguement la tête.

— En plus, vos réputations nous ont placé la barre assez haut, répondit Teddy, ponctuant sa remarque d'un rire léger.

— Tu n'as pas l'air de t'en inquiéter plus que ça, toi ? murmura Harry.

Peut-être n'avait-il pas tout foiré alors.

— Je n'ai jamais eu l'impression que vous placiez des espoirs en nous autres que ceux d'aller bien, dit-il en haussant les épaules.

Harry sourit et lui ébouriffa les cheveux.

— Et tu as bien raison !

Teddy se retourna vers la fenêtre et sourit.

— Je crois que tout va bien, murmura-t-il avant de quitter la cuisine.

Harry se retourna vivement et soupira de soulagement en observant la masse que formait l'étreinte de Salazar et Azariah, ce dernier enroulé avec son père dans sa cape. Ce dernier embrassa les cheveux de son fils plusieurs fois, semblant lui murmurer des paroles qui détendirent les épaules du jeune homme. Harry observa le visage de son époux, débarrassé du voile soucieux permanent en présence de leur aîné. Il souriait, le regard pétillant, se permettant peut-être cela avec Azariah pour la première fois.

Harry quitta son poste, s'asseyant à la table quelques minutes. Il allait regagner le salon quand la porte d'entrée s'ouvrit sur son compagnon. Il s'arrêta sur le seuil et lui tendit son reste de thé. Salazar amena Azariah à l'intérieur, le bras autour de ses épaules. Il saisit la tasse encore à demi-pleine et la passa à son fils frigorifié. Il le relâcha et Azariah fila vers Teddy qui l'emmena près du feu à côté duquel s'éveillait Emrys.

Salazar avança sur son compagnon et lui saisit le menton entre deux doigts pour l'embrasser. Il entendit un murmure écœuré derrière lui et devina sans peine la voix d'Alec.

Harry sourit contre ses lèvres et s'en sépara à regret. Il resta néanmoins blotti contre Salazar, qui posa sa joue contre la sienne, l'attirant à lui.

— Merci, murmura-t-il.

— Je n'ai rien fait, chuchota Harry.

Salazar émit un rire et secoua un peu la tête de dépit.

— Il faudra que je songe à remercier Luna également.

Harry rit à son tour.

— Elle n'est pas psychomage pour rien, j'imagine. Il avait réellement juste besoin de l'entendre… Moi aussi, je crois, ajouta Harry.

— Tu l'entends beaucoup trop, je crains que ton ego ne puisse encaisser.

— Trop ?

— Tu l'entends dans toutes mes remarques. « Oh, Chara, tu es particulièrement séduisant aujourd'hui. », « La couleur de tes yeux est absolument remarquable. » « Voilà ton thé, mon adorable sorcier de mari capricieux. », « Harry, et si on partait à l'autre bout du monde sans date de retour ? », se singea-t-il avec brio sous le rire bas de son compagnon.

— Je t'aime, murmura-t-il.

— Je t'aime aussi et tu le sais parfaitement.

Harry se laissa bercer contre lui, la fatigue le gagnant peu à peu.

— Qu'as-tu fait au médaillon ?

— J'avais prévu de le lui offrir sous l'arbre de Noël, mais je crois que le moment s'est présenté en avance. J'ai emprunté ton sort de déplacement permanent et j'ai placé un miroir de communication à l'intérieur. Il pourra rejoindre la maison à tout moment en cas de danger ou simplement par confort. C'est assez sécurisé pour que personne ne puisse faire fonctionner ce système sans l'autorisation de l'un de nos enfants. Et le miroir de communication est relié à lui-ci, dit-il en désignant un pendentif semblable à son cou, bien que moins imposant.

Harry lui sourit en le touchant du bout des doigts. Il ne bougea pas quand Salazar sortit un paquet d'une poche de sa cape et le lui tendit. Il savait ce qu'il y trouverait. Il sentait également que toute la famille avait reçu le même bijou.

— Mes enfants sont à la fois les derniers sylphes et les premiers depuis des siècles, l'un d'eux est un métamorphomage. Ils sont précieux au-delà des mots parce que je les aime, mais également par leur nature respective. Je veux pouvoir les protéger, peu importe où ils se trouvent.

— Je sais que tu n'approuvais pas le choix de Teddy et Azariah de voyager.

— Je n'en ai jamais rien dit.

— Si j'attendais que tu dises les choses pour les deviner…, commenta Harry en lui caressant la joue avec tendresse.

— Je t'aime.

— Deux fois en une soirée, par Merlin, est-ce que tu es malade ? s'inquiéta faussement Harry en caressant son front.

Ils regagnèrent le salon, de plus en plus désert à l'exception de leurs enfants insomniaques par filiation.

— C'est toi qui disais ne pas l'entendre suffisamment, répliqua à retardement Salazar en s'asseyant près du feu, suivi par son époux.

— Je ne m'en suis pas plaint, je t'ai juste un peu taquiné !

Un ronflement s'éleva derrière eux et Harry reconnut Ron rien qu'au son. Il entendit également le soupir d'Hermione. Sa meilleure amie émit un rire fatigué et se blottit contre Ron, qui referma son bras sur elle, étalé de tout son long sur le canapé.

— Une chance que tu ne ronfles pas, fit remarquer Harry à son compagnon.

Le rire d'Hermione s'éleva discrètement.

— Il ne ronfle pas, mais ne dort pas non plus, lui lança-t-elle en désignant Salazar.

— Méfiez-vous, Miss Granger, les années m'ont permises d'accumuler quelques anecdotes croustillantes sur votre cas, menaça le fondateur.

— Pas touche à Hermione, j'en ai tout autant à ton compte, répliqua Harry. La machine à café que tu avais dérobée. Ton ignorance d'un objet aussi banal qu'une brosse à dents, je suis presque surpris que tu n'aies pas prétendu l'avoir inventée. Ton Basilic appelé Beth par inimitié pour Macbeth…

Teddy et Hermione rigolaient et Ron remua dans son sommeil.

— Un mot de plus et je révèle aux enfants l'emplacement de la chambre des secrets, susurra Salazar en lui offrant un sourire angélique.

Emrys et Alec se relevèrent en même temps, fortement intéressés. Teddy tendit l'oreille et Azariah lança à la volée, après s'être étranglé avec une madeleine, les yeux explosés de fatigue :

— Quoi ? Mais elle existe vraiment ? J'ai toujours cru que c'était un mot de code dégueulasse entre vous pour une pièce… où vous auriez fait des trucs, bah… dégueulasses.

Salazar et Harry se tournèrent vers leur aîné comme un seul homme :

— Azariah, langage !

Fin.


The last blabla of J' :

Wah, la vache, ça fait bizarre. J'ai posé le point final de cette histoire il y a des années en sachant que ce serait probablement mon dernier projet sur cette plateforme. J'ai plusieurs fois mis le projet de côté parce que faire mes adieux à la communauté de ce site était un peu compliqué, étant donné qu'elle fait partie d'une longue partie de ma vie et qu'elle ma été d'un grand secours.

J'ai aiguisé ma plume ici et ai pu la mettre en route sur le chemin que je souhaite. Et ça, ça n'aurait jamais été possible sans vous ! Alors mille merci ne suffisent même pas... Si vous écrivez des fanfics et que quiconque vous dit que ce n'est pas vraiment de l'écriture, de la création, pétez-leur dessus. Sincèrement ! Faites-le. Parce que c'est important de forger sa plume, d'avoir un moyen de s'exprimer ou rêver. Peu importe pourquoi vous écrivez, continuez à le faire si cela vous fait du bien !

J'ai fait le choix de ne pas réécrire cette fic, elle est donc telle que je l'ai écrite quand j'étais ado... Je me souviens même que j'ai commencé à l'écrire une nuit d'insomnie, mon premier amour dormait à mes côtés. C'est vous dire comme ça date, bordel ! Alors cette histoire a moult défauts ! Mais je les conserve sciemment, par nostalgie... J'ai juste tenté d'élaguer un max de fautes, mais les maladresses demeurent.

Certains trouveront que c'est trop rose, tout guimauve, tellement fluff, mais c'est ainsi que je l'ai voulue. Mon but c'est d'offrir une petite fic "doudou", si je le peux, une de celles que vous n'aurez pas peur de relire si vous avez un coup de blues... parce que c'est juste plein de bons sentiments et que vous avez l'assurance que ça finit à peu près bien ! :D

Je vous souhaite le meilleur, bien évidemment, gardez cette communauté au top ! Quant à moi, je vais m'occuper de mes petits romans, parce que c'est ça qui fait palpiter mon petit cœur désormais :D Si certains ou certaines veulent rester en contact ou sont curieux de ce que je publie, je vous invite à m'envoyer un p'tit message privé ou un mail à mikomii arobase live point fr ! Donnez-moi de vos nouvelles, n'hésitez pas, ça me fera plaisir de savoir ce que vous devenez :D

Je vous embrasse fort fort fort et vous envoie masse de bonnes ondes jusqu'à ce que vous vomissiez de l'amour, eh !

Chaleureusement vôtre,

Jelly