TITRE : L'As de Pic

RESUME : "Attrape-moi si tu peux." /

GENRE : Romance/Adventure. UA. Je répète : UA.

RATING : M


Le thème de cette histoire ne se résume qu'à une seule chanson :

"In the house, In a Heartbeat" - John Murphy


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Chapitre I

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En dépit de ses escarpins la surélevant du sol de huit bon centimètres, Pansy Parkinson monta quatre à quatre les marches en pierre la menant aux portes de la Banque Nationale de Gringott. Arrivée en haut, elle fouilla rapidement dans son sac à main et en extirpa une paire de lunette de soleil noire qu'elle posa sur son nez. Elle baissa ensuite les yeux sur sa montre. 11h59 et 28 secondes. Parfait.

Poussant les portes vitrées du bâtiment, elle pénétra dans l'immense hall bondé, avança de trois pas puis s'arrêta. Elle jeta à un coup d'œil circulaire tout autour d'elle au travers de ses verres teintés, son regard scannant méticuleusement chacune des personnes, chacun des objets sur lesquels ses yeux se posaient. Elle croisa de plein fouet le regard d'un jeune homme avachi contre le mur tout à gauche, près des comptoirs. Il était habillé dans le débraillement le plus total, un vieux k-way vert sur le dos, la capuche rabattue sur ses cheveux bruns ébouriffés, revêtu d'un vieux jogging Adidas dont les bouts râpés tombaient en lambeaux sur ses tennis trouées. Son regard était extraordinairement perçant. C'était comme s'il avait patiemment attendu que Pansy le regarde depuis qu'elle avait passé les portes de Gringott car, aussitôt après, il se décolla du mur et fonça droit vers elle.

Pansy fit comme si elle ne l'avait pas vu.

Elle se dirigea vers l'un des nombreux comptoirs tout en enlevant nonchalamment ses lunettes de soleil puis fit glisser une bretelle de son sac sur son épaule pour les glisser à l'intérieur. La seconde suivante, son sac à main lui fut violemment arraché. En état de choc, Pansy se retourna, bouche bée, yeux exorbités. Le voyou qui l'avait fixé effrontément lorsqu'elle était rentrée s'en allait en courant vers les portes de la Banque, son sac fermement coincé sous son bras. Pansy poussa alors un tel hurlement que tout le monde, employés comme clients, stoppa net toute activité pour se tourner vers elle. Elle pointa ensuite son index tremblant vers la porte.

« AU VOLEUR ! AU VOLEUR ! IL EST PARTI AVEC MON SAC A MAIN ! AU VOLEUR ! » s'époumona-t-elle d'une voix suraiguë tandis qu'un attroupement se créait autour d'elle.

Elle tapait du pied, faisait de grands gestes, s'arrachait les cheveux, désignait la porte en hurlant. Et l'attroupement s'épaississait à vue d'œil.

« J'AI L'EQUIVALENT DE PLUS DE DEUX CENT CINQUANTE LIVRES DANS CE SAC A MAIN, FAITES QUELQUE CHOSE ! RATTRAPEZ-LE ! RATTRAPPEZ CE MALFRAT ! RATTRAPEZ CE VOLEUR ! AU VOLEUR ! ! »

Le montant censé se trouver dans l'objet du vol sembla provoquer des remous dans la foule car quelques éléments se décidèrent à courir vers la porte à la suite du voleur qui devait déjà être très loin. Parmi eux un trentenaire qui, en poussant violemment la porte de la Banque, manqua de blesser un coursier qui s'apprêtait à entrer, une enveloppe en main. Ce-dernier esquiva habilement le danger en sautant en arrière et haussa des sourcils en dévisageant l'homme qui dévalait à présent les escaliers, sans prendre la peine de s'excuser.

« On se demande où est passé le respect… » murmura Draco Malfoy.

Il ouvrit donc à son tour la porte. C'était la débandade à l'intérieur. Près d'une soixantaine de personne encerclaient à présent Pansy qui éclatait en sanglots. Draco jeta un rapide coup d'œil à la scène puis se dirigea d'un pas rapide vers les comptoirs. Le rapt avait tellement capté l'attention de l'entourage que les files menant aux bureaux avaient été presque toutes désertées.

« Oui ? C'est pour quoi ? » lui demanda d'une voix absente la jeune femme assise derrière le comptoir qui ne ratait pas une miette de ce qui se passait dans le hall.

« J'ai ici une course pour le directeur de cette banque, Mr Gringott. C'est un colis de la plus haute importance. »

L'employée, qui gardait les yeux fixés sur Pansy, n'avait absolument rien écouté. Draco dû toquer sévèrement sur le bois du comptoir pour qu'elle sursaute et le considère vraiment.

« Hein ? Euh oui ? Qu'est-ce que vous voulez ? » aboya-t-elle.

« J'ai un colis de la plus haute importance à transmettre à Mr Gringott en main propre. »

« Donnez-le-moi là, je le transmettrais à son assistante. » lui répondit d'un ton négligeant la jeune femme en désignant la fente située en bas de la vitre les séparant.

Draco se rapprocha en haussant des sourcils.

« J'ai dis : en main propre. » répéta-t-il en prenant bien soin d'articuler.

L'employée lui lança alors un coup d'œil agacé.

« Et puis d'abord, qui vous envoie ? Vous avez un rendez-vous ? Vous savez qu'il ne suffit pas de se présenter la bouche en cœur à l'entrée d'une banque pour s'entretenir avec le directeur ? »

Draco lui colla alors une lettre signée par la direction des Fonds Monétaires Anglais sur sa paroi vitrée.

« Et voici, pour répondre à votre première question. »

Il montra ensuite « Eclair De Feu, La plus rapide Entreprise de Coursier depuis 1918 » brodé sur sa veste d'uniforme, au niveau de l'emplacement de son cœur.

« Ceci, pour répondre à votre seconde question. Quant à la troisième, rassurez-vous, je ne suis pas si stupide. »

Son interlocutrice lut en diagonale la lettre puis soupira, excédée, mais finit par se lever. Elle sortit un trousseau de clé de sa poche et lui fit signe de la suivre. Draco fit alors tout le tour et se retrouva devant une porte blindée que l'employée de Gringott ouvrit quelques secondes plus tard.

« Restez ici, le temps que j'appelle son assistante. » lui ordonna-t-elle, aussitôt qu'il fut entré.

Draco hocha la tête et resta sagement sur le pas de l'entrée. Il regarda partout autour de lui, aux aguets. Sa présence semblait ne gêner personne. Mieux : il se fondait si bien dans le paysage que personne n'avait remarqué qu'il était entré. Chacun était affairé soit derrière son ordinateur, soit autour de la machine à café, soit devant l'une des vitres du bureau, à observer ce qui se tramait dans le hall de Gringott. Parfait.

« Suivez-moi. » lui fit la jeune femme qui l'avait faite entrer.

Elle traversa la pièce toute entière et atteignit une grande porte. Draco la remercia tandis qu'elle la lui ouvrait pour qu'il puisse passer en premier. Un long et interminable couloir tapissé de bureaux fermés s'ouvrait à eux. L'employée reprit la tête de file.

« Vous travaillez ici depuis longtemps ? » voulut savoir Draco.

Il sortit des gants en plastiques de la poche intérieure de sa veste tout en gardant un œil sur son guide. Celle-ci eut un rire amer.

« Depuis trop longtemps. »

« Ah oui ? » Il passa sa main droite dans un des gants. « Pourtant, les locaux sont si luxueux… J'aurais donné n'importe quoi pour échanger mon boulot contre une place derrière ces comptoirs. »

Il passa sa main gauche dans l'autre gant.

« Toutes ces moulures, cette architecture de génie, tout cet or… »

« Ouais bah cet or, on aimerait bien l'avoir aussi dans nos salaires tiens ! » ricana-t-elle. « Ca vous paie bien, vous, de faire des courses à longueur de journée ? »

Draco ouvrit délicatement l'enveloppe qu'il tenait et en ressortit une seringue.

« Oh, assez pour survivre. Mais je suis toujours en recherche d'un meilleur gagne-pain. »

« Je vous conseille de rester là où vous êtes si vous arrivez à remplir correctement votre frigo. Parce que Gringott, c'est beau seulement de loin. »

Draco poussa la pression de la seringue qui fit gicler quelques goutes incolores.

« Vraiment ? J'ai toujours pensé le contraire pourtant… »

« Détrompez-vous ! » s'exclama-t-elle en levant l'index. « Lorsque vous commenc… aïe ! »

Le coursier venait d'enfoncer profondément la moitié de la dose contenue dans la seringue dans la nuque de la banquière. Cette-dernière grimaça puis porta sa main à l'endroit concerné.

« Aïe ! Mais ça fait mal ! » grimaça-t-elle. « Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que…. Qu'est-ce… Ma tête… »

Elle s'appuya contre le mur en titubant. Ses paupières se fermaient déjà d'elles-mêmes. Elle eut tout de même la force de lever les yeux vers Draco et tendit faiblement son bras vers lui.

« Ma…mon…à l'…aide…ven…venez…s'il… »

Draco s'accroupit alors à côté d'elle tandis qu'elle luttait pour ne pas perdre connaissance. Il la fixa longuement, totalement impassible.

« Et maintenant, Gretchen Hepffer, on va faire un gros, un très gros dodo. » lui chuchota-t-il tandis qu'elle rendait les dernières armes.

Il fouilla dans ses poches et prit les deux pass qui l'intéressaient, délaissa les quatre autres, puis glissa le trousseau de clé qu'elle avait utilisé dans sa poche de pantalon et se releva. Il marcha d'un pas pressé vers le fond du couloir et, tout en passant les portes battantes grises, manqua de bousculer une autre jeune femme qui venait de l'autre côté. Elle devait avoir la vingtaine, était vêtue d'un tailleur noir chic et ressemblait à ce genre de secrétaires qui passaient leur temps à tenter leur patron.

« Oh ! Je suis désolé ! » s'excusa platement Draco en reculant pour la laisser passer. « Après vous. »

Elle le jaugea, lui et son uniforme de coursier, avec la plus grande condescendance, puis lui demanda :

« Etes-vous le porteur du colis de la plus haute importance qui doit être transmis à Mr Gringott ? »

Draco avança, de sorte que la porte se ferme juste derrière lui. Il mit en évidence l'enveloppe qu'il tenait précautionneusement.

« Oui, en effet. Je suis envoyé par le Fond Monétaire Anglais. Je dois lui donner ce paquet en main propre. »

Elle considéra d'un œil suspicieux le paquet en question.

« Et comment se fait-il que la direction du Fond Monétaire ne nous ait pas prévenu par téléphone ? »

« Mr Gringott a sans doute dû recevoir un appel personnel de leur part sans que vous ne… »

« Impossible. Je filtre tous ses appels. »

Draco ouvrit la bouche en secouant la tête, dépassé.

« Ecoutez, je ne suis que coursier. On m'a donné une tâche et je me dois de l'exécuter, point barre. Ce colis doit être donné en main propre à Mr Gringott. »

« Il est actuellement en rendez-vous. Je le lui donnerais lorsqu'il en sortira. En main propre. »

« Je suis navré mais on m'a formellement stipulé de lui transmettre moi-même ce paq… »

L'assistante s'agaça et tenta de lui prendre l'enveloppe des mains.

« Ecoutez, donnez-moi cette chose, qu'on en finisse ! »

En un éclair, Draco dégaina son automatique et pointa profondément l'embout sur la gorge de la jeune femme. Le teint de cette-dernière devînt blême la seconde suivante. Draco la prit rudement par le bras et la rapprocha de lui de sorte qu'elle était dos à lui et avançait comme une marionnette, à sa guise, sans que l'on puisse soupçonner qu'elle était en danger de mort.

« Tu commences à me taper sérieusement sur le système. » lui dit-il dans le creux de l'oreille. « Et en plus, tu me retardes. Faisons plutôt les choses comme ça, Alexandra : tu files dans ton bureau, tu m'appelles ton patron et tu lui demandes de se ramener ici le plus vite possible. OK ? »

Alexandra, devant lui, tremblait de tout son corps. Elle parvenait à peine à marcher droit sur ses talons hauts.

« Mais j-je risque d'êt-tre virée si je… »

Draco enfonça un peu plus l'arme sur sa gorge pour lui faire comprendre qu'il n'y avait pas tellement matière à parlementer.

« OK, OK. Tout ce que vous voudrez. Je l'appelle. » se reprit-elle immédiatement d'une voix suppliante.

« Gentille fille. »

Il ne relâcha pas pour autant la pression. Levant la tête, il lança un coup d'œil en direction des caméras et offrit un petit clin d'œil aux boîtiers électroniques.

« Et tu te dépêches. » lui ordonna-t-il glacialement tandis qu'elle s'installait sur le siège de son petit bureau, chancelante et pâle comme la mort.

L'assistante hocha rapidement la tête et prit d'une main tâtonnante le combiné du téléphone qui était juste devant elle. Elle se trompa trois fois de composition de numéros, sous la terreur, et réussit au bout de la quatrième fois, juste après que Draco ait approché l'arme de sa tempe.

« Alexandra, vous avez intérêt à avoir une bonne raison pour me déranger en pleine réunion. » s'exclama Mr Gringott d'une voix contrariée en décrochant au bout de la deuxième tonalité.

« Je, oui, Mr, Mr Gringott, il y a une…une urgence. Il faut v-v-vraiment que vous, il faut que vous veniez Mr Gringott. S'il vous plaît. QUELQU'UN TENTE DE ME… Tûûûût tûûûût tûûûût… »

Le directeur de Gringott fixa son portable, troublé. Il se racla la gorge et releva la tête. Quinze paires d'yeux le fixaient.

« Je… »

Il fixa distraitement la porte puis reporta son regard sur l'assemblée. Il n'avait jamais entendu son assistante parler avec une voix si suppliante et angoissée. Il se leva.

« Je vous prie de m'excuser deux secondes. Il faut que j'aille…vérifier quelque chose. Je ne serais pas long. »

Il atteignit la sortie en trois enjambées. Se retrouvant dans le couloir, il trouva le corridor étonnamment calme. En règle générale, on pouvait entendre le bruit des touches d'ordinateur sur lesquelles Alexandra appuyaient à toute vitesse lorsqu'elle effectuait les comptes qu'il lui donnait de faire. Il y avait aussi le téléphone de la réception qui, habituellement, sonnait toutes les cinquante secondes.

Et là, pas un seul bruit. Pas même l'ombre d'une respiration.

Mr Gringott avança lentement, très lentement vers la loge de son assistante. De toute façon, la pièce était vitrée. S'il lui était arrivé quelque chose, il pourrait l'entrevoir depuis l'extérieur et appeler ensuite du renfort si bes…

« Oh mon Dieu. » souffla-t-il en s'immobilisant.

Il lui était effectivement arrivé quelque chose.

Gisant sur le sol, les yeux ouverts, une balle entre les deux yeux, Alexandra était morte. Mr Gringott se sentit défaillir. Il se tînt au mur, tentant de réorganiser ses pensées. Il fallait appeler quelqu'un. Il fallait prévenir tout le monde. Il fallait tirer l'alarme. Il fallait faire quelque chose. Il se retourna en trombe et tomba nez à nez avec l'automatique de Draco pointé au même endroit où avait été touché son assistante.

« Avance. » lui ordonna-t-il sèchement.

Mr Gringott obtempéra et recula, recula, recula jusqu'aux ascenseurs. Les portes s'entrouvrirent et ils furent enfermés dans les cages d'ascenseur.

« Allez-vous me tuer ? » murmura-t-il tandis que Draco appuyait sur le bouton du 3e et dernier étage.

« Veuillez introduire la clé de reconnaissance. » résonna une voix électronique.

Draco ressortit le trousseau de clé, fit rentrer la plus grosse clé dans l'emplacement prévu et la fit tourner. L'ascenseur se mit alors en marche.

« Pas encore. » répondit le faux coursier.

Ils atteignirent l'étage en question qui les mena vers un long corridor aux allures de couloir de prison. Un autre ascenseur se trouvait au bout. Une fois à l'intérieur, Draco appuya sur le bouton A.

« Veuillez exécuter le protocole 33. »

Sous les yeux médusés du directeur, seule personne censée savoir comment appliquer ce fameux protocole, Draco composa le code à vingt sept chiffres, inséra le deuxième pass, composa un autre code à treize chiffre, inséra le premier pass et colla la main de Mr Gringott sur la plaque transparente de reconnaissance digitale. L'ascenseur se mit alors à descendre jusqu'au troisième sous-sol.

« Je dois dire que je suis impressionné. » avoua Mr Gringott tandis que l'indicateur sonnait leur arrivée à bon port.

« Vous avez de quoi. » répliqua Draco avant de le tirer sans ménagement à l'extérieur. « Allez, dehors. »

Ils marchèrent le long d'un nouveau couloir faiblement éclairé et menant à une grande porte quadruplement blindée munie d'une énorme manivelle en fer.

« Tournez-la. » lui ordonna-t-il.

« Pourquoi ne le feriez-vous pas ? »

Draco le poussa vers l'avant.

« Fermez-la et ouvrez. Vous pensez que je suis assez bête pour ne pas savoir que si quelqu'un d'autre que vous effleure ces manivelles, l'alarme se déclenchera ? »

Mr Gringott se décida enfin à ouvrir, à contrecœur.

« Je suis réellement impressionné. Vous avez dû étudier les plans de la Banque depuis ses… »

« Arrêtez de me flatter, vous allez me faire rougir. »

Son otage donna un dernier coup de manivelle puis un bruit mécanique se fit entendre.

« Baissez-vous. »

Le directeur soupira puis se baissa, sachant ce qu'il avait à faire. Il ouvrit grand son œil droit à l'emplacement du milieu de la manivelle et un faisceau lumineux en sortit pour vérifier l'authenticité du visiteur. Et la porte s'entrouvrit lentement sur la richesse de Gringott tenant dans une pièce de près de trente mètres carré. Draco ne se laissa pas déconcentrer par la légion de billets verts entreposés.

« Mais après vous, Mr le Directeur. » lui sourit-il, ayant finalement atteint son but.

Mr Gringott entra, tentant de garder malgré tout la tête haute, suivi de près son ravisseur. La porte du coffre-fort se referma alors automatiquement sur eux deux.

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« Un Latte caramel, s'il vous plaît. » commanda Hermione Granger à la serveuse du Starbuck Coffee.

« Et avec ça ? »

« Ce sera tout. »

« Veuillez vous approcher des caisses, nous vous apportons votre commande tout de suite. »

Hermione hocha la tête et s'approcha de la file tout en nouant ses longues boucles châtain clair en un chignon lâche.

Le mercredi était le seul jour où elle ne travaillait pas avant 14h. Agent au service d'intervention de la Hogwarts British Police – HBP – six jours sur sept, elle ne pouvait que savourer ces quelques moments de quiétude, loin du caractère tyrannique de son Chef McGonagall, loin des coups bas de sa chère collègue Lavender Brown, loin de la tête de salaud de Ronald Weasley.¨

« Et voici, 2 Livres et 60 cents. Merci de votre visite et à bientôt. »

Hermione referma sa paume de main sur l'appoint que lui tendait la vendeuse puis glissa le tout dans son portefeuille. Elle porta la paille verte à sa bouche et aspira une gorgée du milk-shake glacé. Pour une raison indéterminée, son regard s'attarda sur la télévision près de l'entrée du magasin allumée sur une chaîne d'information 24/24h.

« …L'As de Pic a encore frappé ce midi et pas à la plus petite des portes. La Banque de Gringott a été la cible de ce mystérieux cambrioleur qui fascine autant qu'il fait frissonner toute la Grande-Bretagne depuis maintenant cinq semaines. Au total, des centaines de millions de Livres ont été dérobé en l'espace de six minutes… »

Hermione manqua de recracher son Latte. Six minutes ? !

« …dans le coffre-fort de cette Banque pourtant classée parmi les plus sûres d'Europe. Nos reporters, Alicia Porter et Jeffrey Oggs, ont été dépêchés sur les lieux où une section du HBP ainsi qu'une équipe du FBI travaillent ensemble à reconstituer le fil des évènements. »

Hermione grimaça. Il existait une très forte rivalité entre le FBI et Hogwarts depuis la nuit des temps. Les deux géants policiers se concurrençaient sur tous les plans et la médaille était à celui qui réussissait à intervenir et à résoudre l'affaire du moment en premier. L'As de Pic était donc une véritable mine d'or. Pour la première fois, Hermione regretta de ne pas être de service.

« Dans les locaux de la Banque de Gringott, c'est la débandade. » annonçait la journaliste Alicia Porter. « Employés, consultants, banquiers : personne n'avait vu le coup venir. Et pourtant, le cambriolage a vraiment au lieu, le tout en un laps de temps record. Six minutes – et je dis bien six – ont été nécessaires pour que l'un des plus grands vols de l'histoire bancaire se déroule. Laissez-moi vous retracer le déroulement supposé des événements. »

Hermione prit carrément place sur le tabouret de bar situé juste devant l'écran. La façade de Gringott fut projetée tandis que la journaliste commentait toujours les événements.

« 11h59 : toutes les caméras de Gringott sont mystérieusement débranchées, brouillant absolument tous les écrans de surveillances. 12h00 : d'après les différents témoignages récoltés, une jeune femme venue déposer de l'argent sur son compte, se fait sauvagement arracher son sac à main par un jeune homme juste à l'entrée du bâtiment. »

« C'était soudain ! » témoigna quelqu'un juste après au micro de la chaîne télévisée. « Elle a commencé à hurler comme une folle : « Au voleur ! Au voleur ! Il a prit mon sac à main ! Il y avait plus de deux cent cinquante Livres Sterling dedans ! », puis elle s'est assise sur le sol et elle a commencé à pleurer hystériquement. On ne pouvait pas rester de marbre c'était comme un phénomène de cirque. Presque tout le monde a commencé à l'encercler. Si ce n'était qu'une diversion pour laisser agir en toute tranquillité ce fameux As de Pic, c'était extrêmement bien réussi. »

Tout en aspirant une nouvelle gorgée de son Latte, Hermione observa méticuleusement l'arrière-fond derrière la journaliste et reconnut de dos le dossard du duo de choc des sœurs Patil. Elles travaillaient dans la même section d'intervention qu'elle. Hermione soupira. Elle regrettait vraiment de ne pas être de service en ce moment même.

« 12h01 : d'après Gretchen Hepffer, employée à l'accueil de la Banque, un coursier envoyé par le Fond Monétaire Anglais se présente et dit détenir un colis important à transmettre à Mr le Directeur en personne. »

Gretchen apparut la seconde suivante à l'écran, le teint blême, l'air un peu perdue.

« Je ne me souviens plus très bien de son visage…il devait être blond…ou brun…je ne sais plus trop. La seule chose dont je me souviens, c'est qu'il répétait qu'il devait donner quelque chose en main propre à Mr Gringott de la part du Fond Monétaire Anglais…ses documents avaient l'air authentiques donc je l'ai conduit dans les couloirs… soudainement, j'ai eu mal au cou. Tout est alors devenu brumeux, très brumeux, flou, lourd…et puis plus rien. Le trou noir. Avec un peu de recul… » Elle se passa la main sur le front. « Avec un peu de recul, je pense bien qu'on m'a drogué à mon insu et que ce coursier devait être l'As de Pic. »

« 12h03 : Mr Gringott, en pleine réunion d'affaire, reçoit un coup de téléphone provenant de son assistante. Il quitte immédiatement la pièce, promettant de ne s'absenter que pour quelques instants. Mais il ne reviendra jamais, et pour cause : Mr Richard Gringott a été retrouvé mort, ligoté, dans le coffre-fort même de la Banque. A la place des millions manquant, une simple carte était posée sur le sol, comme narguant quiconque la trouverait en ces lieux. Et vous l'aurez deviné : cette carte, c'était un As de Pic. »

« Je crois que, de tous les cambriolages effectués par celui qui se fait surnommer « L'As de Pic », celui de la Banque de Gringott a été un véritable coup de maître. » reconnaissait à l'écran un Agent de la HBP se prénommant Blaise Zabini. « Le coffre-fort se trouve à un endroit sur-sécurisé. Aucun accès vers l'extérieur n'est possible sans qu'il n'y ait toute une combinaison de codes de sécurité à appliquer. De plus, une fois le butin volé, le cambrioleur n'aurait pas eu une autre issue que de repasser au minimum par les couloirs des bureaux de Gringott si ce n'est pas par le hall d'entrée. Or, chargé de presque cent trente kilos de sacs de billets sur le dos, je doute qu'il soit passé inaperçu, caméras débranchées ou pas. Je pourrais continuer sur ces zones d'ombres des heures entières. Alors deux choix : soit tous les salariés de Gringott était impliqué dans le cambriolage, soit cet As de Pic a la capacité de passer à travers les murs. »

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Hermione glissa son pass sur l'un des tourniquets de l'entrée des locaux de la Hogwarts British Police. Elle déposa ensuite son portefeuille, son portable, les clés de son appartement ainsi que son neuf millimètre dans le petit bac prévu à cet effet juste avant de passer aux détecteurs de métaux puis récupéra le tout. Se dirigeant vers les ascenseurs, elle rangea ses effets personnels dans ses poches et glissa son arme dans son étui en cuir sans bien regarder devant elle. Lorsqu'elle releva enfin la tête, elle manqua de rentrer en collision avec un homme qui avançait juste dans sa direction. La caisse que tenait ce-dernier lui glissa des mains, rependant tout son contenu sur le sol.

« Mince ! » s'exclama Hermione en s'agenouillant immédiatement pour l'aider à tout remettre. « Je suis désolée. »

« C'est moi ! Je n'ai pas regardé où j'allais... » lui assura l'inconnu en ramassant à toute vitesse tout ce qui était autour de lui pour le remettre pêle-mêle dans sa caisse.

Ils se relevèrent dans un même mouvement une fois que tout fut tassé.

Hermione ne voulait pas donner dans le cliché. Mais l'homme qui lui faisait face tenait pour être l'un des plus bel homme qu'elle n'ait jamais rencontré. Grand de taille, chevelure blonde peroxydée plaquée en arrière, iris gris métallique, peau impeccable, traits fins, sourire réservé mais pas trop. Juste ce qu'il faut. Si ses cinq années à HBP ne lui avait pas appris à garder son sang froid en toutes situations, Hermione serait entrée en crise d'hyperventilation.

« Merci beaucoup... ! » la remercia-t-il en stabilisant sa caisse dans ses bras.

« Il n'y a pas de mal. Passez une bonne fin de journée. » répondit-elle en lui adressant un sourire professionnel avant de prendre promptement congé de lui en se dirigeant vers les ascenseurs.

Elle appuya sur le bouton d'appel et attendit, les yeux fixés sur le petit écran électronique indiquant les étages restant, se faisant violence pour ne pas se retourner et dévisager l'inconnu d'il y a quelques instants. Elle ne l'avait jamais encore vu dans les locaux – un visage tel que le sien l'aurait marqué, tout de même – mais peut-être n'était-elle tout simplement pas attentive aux personnes l'entourant. Il fallait dire qu'ils étaient presque trois cent à fourmiller dans cette tour de verre.

L'ouverture des portes interrompit la policière dans ses réflexions et elle recula légèrement pour laisser passer les personnes se trouvant dans la cabine vitrée. Dont Lavender Brown qui était en pleine discussion avec une petite blonde en tailleur. Tournant la tête de côté, elle rencontra de plein fouet le regard de sa collègue. Inutile de préciser à quel point le bref échange visuel qu'elles eurent fut glacial.

Hermione fut seule à entrer dans l'ascenseur et seule à appuyer sur le bouton du treizième étage. Tandis que les portes se refermaient, elle s'adossa contre le mur du fond de la cabine et coinça machinalement son index sur la chaînette en or ornant son cou pour jouer avec le pendentif en forme d'éclair.

« Attendez ! »

Un pied vînt bloquer la fermeture des deux portes. Apparut, quelques secondes plus tard, le même Apollon qu'Hermione avait laissé dans le hall, quelques secondes auparavant. Il lui adressa un sourire surpris qu'Hermione lui rendit volontiers.

« Ah ! Re-bonjour. » fit-il en avançant dans l'espace étroit.

« Re-bonjour... » répéta sa voisine.

Et les portes se refermèrent.

Les cinq premiers étages furent montés dans le plus grand des silences. L'inconnu tournait le dos à Hermione, laissant ainsi à cette-dernière tout le loisir de le détailler – ou, du moins, de détailler ce qu'elle pouvait voir de lui. De larges épaules laissant devenir une musculature conséquente, une posture droite, presque aristocratique, un pantalon droit allié à une veste de smoking tous les deux noirs, les boutons de la veste indiquant que la pièce avait dû être taillée sur-mesure. Pronostic ? Sûr de lui, assez coquet, habitué à avoir le contrôle sur toute situation, conscient de son physique avantageux et ne le mettant pas spécialement en valeur ou que très subtilement, l'air de rien. Le séducteur nonchalant. Hermione eut un demi-sourire. Le formatage aux portraits-robots que lui faisait subir sa profession empiétait parfois un peu trop sur son raisonnement quotidien.

Sixième étage. Les portes blindées s'ouvrirent dans un bruit de carillon, laissant entrer trois employés de HBP en uniformes. Blaise Zabini parvînt à se glisser dans la cabine juste avant que les portes ne se referment et soupira avec le rictus soulagé de celui qui a réussit de peu. Il balaya l'espace clos du regard, distrait et encore un peu essoufflé. Hermione lui adressa un petit sourire, adossée contre le mur vitré du fond de la pièce.

« Hey ! Grangie. » s'exclama-t-il.

Jouant des coudes et s'excusant poliment auprès des quatre autres passagers, il rejoignit sa collègue.

« Je vous ai vu à la télévision, ce matin. » l'informa-t-elle tandis qu'il se penchait pour lui faire la bise.

« Alors ? Ma silhouette passait bien à l'écran ? » plaisanta-t-il. « Si je savais, j'aurais porté ma cravate porte-bonheur. Celle avec des girafes. »

Hermione lui administra une petite tape sur le bras.

« Arrête de me faire enrager ! Bon sang, j'étais tellement dégoûtée... Pile le jour où je ne bosse pas le matin, bam ! l'As de Pic se débrouille pour faire l'un des plus grands casses du siècle. »

« Allez, tu vas t'en remettre ma petite... » pouffa-t-il en lui tapotant l'épaule.

« Je ne crois pas, non. J'ai l'impression de tout rater, ces derniers temps... entre l'affaire Galiciano, le braquage du HSBC, la série de meurtre dans la banlieue Est de la semaine dernière... C'est à se demander si ce n'est pas Lavender qui m'a confectionné un emplois du temps aussi merdique ! » se révolta-t-elle à voix basse.

Elle soupira puis secoua la tête, comme pour chasser un mauvais souvenir de son esprit.

« Enfin bref, je suis au moins à l'heure pour le débriefing, c'est déjà ça. Qui dirigeait l'opération, ce matin ? »

« McGo, comme d'habitude. Mais bon...elle n'a pas l'air très contente, je te préviens. Pire que s'habitude. »

« Pourquoi ? »

Neuvième étage. Deux personnes descendirent. Blaise les suivit des yeux et tourna sans raison particulière la tête en direction du blond qui restait toujours à côté des portes. Ce-dernier le fixait intensément en retour. Leur échange visuel dura en tout et pour tout cinq secondes et ce fut à l'afro-britannique de détourner son regard pour le reporter à nouveau sur son interlocutrice.

« Honnêtement ? Je n'en ai aucune idée. Crise de la cinquantaine, je suppose. Tu sais, la ménopause, tout ça... »

Hermione roula des yeux, étouffant un petit rire.

« Qu'est-ce que tu peux être mauvais avec McGonagall, toi, alors... ! Dire que devant elle, tu trembles comme une feuille. »

« Moi ? Trembler comme une feuille devant McGo ? ! Pffff, jamais. »

Les deux employés bavardèrent ainsi jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur ne s'ouvrent sur le treizième étage. Hermione observa le blond du hall d'entrée sortir juste avant eux et s'avancer dans l'étage, toujours chargé de sa caisse.

« ...au fait, Zabini, tu le connais ce mec ? » lui demanda Hermione, les sourcils froncés, en désignant l'inconnu qui marchait devant eux.

Blaise porta son gobelet de café à ses lèvres tout en lui faisant signe que non.

« Jamais vu de ma vie. Plutôt beau gosse, par contre. Il t'a tapé dans l'œil, c'est ça ? » la taquina-t-il tout en jetant le verre vide dans la poubelle du vestibule.

« N'importe quoi... » leva les yeux au ciel Hermione. « Je dis juste que je ne l'avais jamais croisé auparavant...c'est tout. »

« Ouais, bon, on est tout de même une bonne poignée de têtes à bosser ici donc quoi de plus normal ? »

« ...tu as sans doute raison. »

Ils arrivèrent dans leur section. Une quinzaine d'agents étaient réunis en vue du débriefing qui n'allait pas tarder à commencer et Blaise déclama d'une voix forte :

« Bonjour à tous ! Grangie nous a vu à la télé, depuis son canapé, et elle est verte de rage ! »

Hermione se passa la main sur le visage tandis que la plupart de ses collègues autour d'elle riaient. Bon sang, on ne changera jamais Zabini.

« Coucou Hermione ! » s'exclama Padma Patil tout en avançant vers elle, suivie de près par sa sœur. « Ça va ? »

« Tu veux du café ? » lui demanda Parvati en lui tendant un gobelet de café noir fumant.

« Du thé ? » s'enquit à son tour Padma, un verre en plastique contenant du Lipton thé vert.

« Vous êtes adorables mais j'ai déjà pris quelque chose avant de venir, merci ! »

Parvati se percha sur l'une des tables aux alentours tandis que sa sœur l'imitait sur celle d'en face.

« Alors, tu t'es bien reposée ce matin ? J'adorerais avoir des horaires comme les tiens ! »

« Et rater toutes les bonnes interventions ? Non, franchement, je ne m'envie même pas moi-même. »

« Ne crois pas non plus que l'intervention de ce matin était extraordinaire. » la rassura Padma. « Ces rapaces du FBI s'accaparaient tous les témoignages ainsi que toutes les preuves potentielles. Et Dieu seul savait qu'il n'y en avait que très peu. »

« Le seul avantage que l'on a eu sur eux a été que Blaise soit interviewé par les journalistes de la CNN. Mais sinon... » Parvati fit un geste signifiant qu'il n'y avait rien d'autre.

« Ah oui ? » dit Hermione qui ne demandait qu'à être convaincue.

Soudain, McGonagall surgit de nulle part et se mit à claquer vigoureusement dans ses mains pour obtenir l'attention générale. Tout le monde se leva alors et put apercevoir le jeune homme se tenant à la gauche de la Chef policière. Hermione haussa des sourcils, surprise, reconnaissant une fois de plus le blond aux yeux gris de l'ascenseur. Bon sang mais qui était-il ? ! Elle donna un petit coup de coude à Parvati mais, avant qu'elle ne parvienne à lui dire quoi que ce soit, McGonagall reprit :

« Vous pouvez vous asseoir, merci. »

Dans un brouhaha collectif, la section la plus haute de la HBP reprit place. Parvati fronça des sourcils tout en se tournant vers Hermione, ne comprenant pas pourquoi elle l'avait appelé.

« Après. » murmura cette-dernière tandis que McGonagall s'apprêtait à parler.

« Avant toutes choses » commença la Chef de la section de sa voix autoritaire et sans appel « Je voudrais vous présenter notre nouvelle recrue et votre nouveau collègue : Draco Malfoy. »

Ce-dernier baissa légèrement la tête comme en signe de remerciement et adressa un petit sourire à l'assemblée qui le dévisageait comme le dernier des énergumènes.

« Eh bien alors ? Vous n'êtes pas polis ? ! » aboya McGonagall à la volée.

« Bonjour ! » s'empressa de scander l'équipe dans la plus grande des cacophonies, Blaise parlant, bien évidemment, plus fort que les autres.

« Voilà qui est mieux. »

Elle se tourna légèrement vers le Draco Malfoy en question et lui fit signe de s'avancer.

« Présentez-vous donc devant vos futurs collègues, M. Malfoy. Dites-nous un peu votre parcours, vos qualifications... bien entendu, je les connais déjà moi-même mais je suis sûre que votre auditoire est curieux de savoir un peu d'où vous venez. »

Draco hocha la tête et se pencha pour poser sa caisse sur l'une des tables tout autour de lui. Caisse qu'il aurait pu poser sur le sol, nota Hermione. Précautionneux, le petit nouveau.

« Bonjour... » dit-il en parcourant tout le monde du regard.

Ses orbes gris rencontrèrent ainsi le temps d'un millième de seconde les iris caramel d'Hermione qui le fixait avec intensité et le cœur de cette-dernière se serra légèrement.

Pourquoi ? Aucune idée.

« Draco Malfoy, 24 ans, diplômé de l'École de Police Anglaise, ancien stagiaire à la Section Criminelle du FBI... 1m78 ? » finit-il avec un petit sourire.

Une dizaine de rires fusèrent et c'était dans la poche. Il venait de se faire accepter par son nouveau service en une seule phrase prononcée. Hermione se mordit la lèvre pour ne pas se joindre à l'éclat de rire général, préférant continuer à l'examiner du regard.

Il s'humecta rapidement les lèvres. Sourire charmeur, presque involontaire. Un an auparavant, Hermione serait tombée lamentablement dans le panneau. Elle se méfiait de ces dragueurs à présent, surtout des dragueurs inconscients.

C'était, et de loin, les pires.

« Je pense que tout a été dit. » conclut McGonagall dont la petite intervention de Draco avait réussit à dérider ses traits faciaux austères, ô miracle. « Merci M. Malfoy, vous pouvez prendre place aux côtés de vos collègues... »

« Par ici, mon pote ! » s'exclama automatiquement Blaise en lui indiquant une place à côté de lui avec un grand sourire. « Je sens que l'on va bien s'entendre, tous les deux. »

« C'est à vos risques et périls que vous choisissez de vous asseoir aux côtés de Zabini. » l'avertit la Chef de Service avant de reprendre son sérieux habituel : « Bien. Maintenant que les présentations sont faites, commençons sans plus tarder le débriefing d'aujourd'hui. Cambriolage de Gringott par l'As de Pic. »

McGonagall entama sa séance habituelle d'état des lieux, griffonnant par moment sur le grand tableaux derrière elle au feutre, quelques policiers de l'équipe interagissant avec elle. Toutes les pistes étaient les bienvenues.

Hermione n'écoutait rien, grande première. Les yeux pourtant fixés sur sa Chef, elle observait du coin de l'œil le moindre mouvement de la nouvelle recrue. Il s'était installé à côté de Blaise, comme prévu, et semblait jusque là écouter avec la plus grande attention McGonagall. Sa posture était droite, comme en alerte, contrairement à celle de son voisin qui, comme à son habitude, était affalé nonchalamment sur sa chaise. Elle perçut soudain un mouvement de la part de Blaise qui se pencha vers le petit nouveau pour lui glisser quelque chose, sa main en coupe sur sa bouche comme s'il s'agissait d'un secret. Les épaules de Draco se secouèrent alors, riant silencieusement tandis que le policier ébène lui contait je-ne-sait-quoi à voix basse.

Hermione risqua un petit coup d'œil dans leur direction.

Avec un sourire un peu hagard, Draco regardait distraitement le dossard de Seamus Finnigan tout en écoutant attentivement ce que Blaise lui chuchotait à l'oreille. Soudain, il se mordit furieusement la lèvre et mit sa main en visière devant ses yeux pour ne pas publiquement éclater de rire. Blaise, quant à lui, s'était penché de l'autre côté et s'esclaffait silencieusement, caché derrière la chaise occupée par Lee Jordan devant lui. Bien qu'intriguée par leur comportement, Hermione ne put retenir un minuscule sourire. Assister à leur fou rire était contagieux. Ils ressemblaient à deux lycéens assis dans le fond de la classe se suffisant à eux-même dans leur petit monde et Hermione eut réellement envie de savoir la cause de leur hilarité. Voir même d'y participer.

Une chose était sûre : Blaise avait un don pour mettre à l'aise n'importe quel individu en un temps record.

« Je vois que ça s'amuse, par là-bas ! » tonna McGonagall en pointant son feutre rouge dans leur direction, d'un air accusateur.

Hermione, ayant enfin une véritable raison pour se retourner dans leur direction, fut témoin de la rapidité avec laquelle la nouvelle recrue perdit toutes traces d'expressions faciales témoignant de son précédent manque de sérieux. En une seule micro-seconde la jeune policière était scotchée. Cela força également la Chef de Service à changer de cible et stabiliser son regard sur Blaise qui se maîtrisait encore pour rester calme.

« Pardon. » s'excusa-t-il d'une toute petite voix.

« Que ce soit la première et la dernière que j'aie à m'interrompre à cause de vous, Zabini. » le prevînt-elle sèchement avant de continuer son exposé.

Hermione tenta de se concentrer sur ce qui sortait de la bouche de sa patronne pendant la seconde partie du débriefing. Elle fut cependant forcée de constater, une fois que McGonagall frappa dans ses mains pour clôturer la séance, qu'elle n'avait absolument rien mémorisé de ce qui avait été dit. Et elle se fustigea mentalement de n'avoir passé ces dix minutes de réunions qu'à guetter la moindre respiration de la nouvelle recrue. Qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ? ! Pourquoi était-elle aussi obsédée par ses faits et gestes ? Bon, il était beau, c'était un fait indéniable. Et alors ? Lee Jordan était bien l'un des garçons les plus convoités du niveau et ce n'était pas pour autant qu'elle lui jetait des coups d'œils furtifs toutes les trois secondes. Blaise avait aussi sa part de charme mais l'observait-elle à la dérobée pour autant ?

Quelque chose débloquait chez elle et il fallait qu'elle règle ça tout de suite.

Passé le désastre amoureux de sa relation avec Weasley et l'humiliation subie par Lavender Brown, Hermione s'était promise une chose : jamais plus elle ne mêlerait le professionnel et le relationnel. Jamais. Plus. De plus, cet échec amoureux l'avait sensiblement refroidi quant à la perspective de se remettre un jour en couple. Elle préférait se concentrer pleinement sur sa carrière, aller le plus loin possible et une fois qu'elle aurait atteint ce plus loin possible, peut-être songerait-elle à considérer le sexe opposé avec un autre œil. Peut-être. Pas encore sûr.

Tandis que ses collègues avaient déjà encerclé Draco Malfoy pour l'asphyxier de questions, Hermione se leva de sa chaise pour se diriger vers son bureau. Elle devait couper court à ce début de curiosité qu'elle éprouvait pour le nouvel élément de l'équipe du HBP. Elle savait où cela allait l'amener et elle ne voulait en aucun cas retomber dans le même piège qu'avec Ronald. Et couper court à cette curiosité voulait dire éviter à tout prix tout contact. Éviter à tout prix tout contact signifiait l'ignorer, tout simplement. Être indifférente. Et en matière d'indifférence, Hermione était championne.

« Granger ! » l'interpella soudainement la voix de sa Chef de service. « Dans mon bureau. »

Oh-oh. Tout ceci ne sentait pas bon. L'assistance, l'ayant d'ailleurs bien senti, avait stoppé tout mouvement et fixait Hermione, appréhendant presque pour elle l'entrevue.

Se dirigeant d'un pas régulier vers le bureau entrouvert de McGonagall, Hermione veilla à ne laisser transparaître aucune émotion sur son visage susceptible de trahir son remue-ménage intérieur. Feu et glace cohabitaient à présent dans son corps et ce fut un miracle si ses jambes arrivèrent à s'actionner et à la supporter solidement jusqu'à ce qu'elle n'arrive à destination. La dernière personne ayant été interpellée de la sorte était ressortie de ce même bureau en pleurs, son badge du HBP confisqué. A vie.

« Fermez la porte. » lui ordonna McGonagall tout en essuyant négligemment les verres de ses lunettes.

Hermione obtempéra, neutre de l'extérieur, terrorisée de l'intérieur. Elle vînt ensuite se poster devant la table en chêne massif, les mains derrière le dos, droite comme un piquet, essayant de rassembler la dignité qu'il lui faudrait si elle quittait les lieux destituée de toutes ses fonctions.

Mais malgré tous les efforts qu'elle pouvait déployer pour garder son calme, la tension cristallisée en elle restait néanmoins palpable, chose que, Hermione pouvait en donner sa main à couper, McGonagall n'était pas sans ignorer. Pire : elle jouait de ça, continuant tranquillement à nettoyer ses lunettes, s'y appliquant comme s'il s'agissait d'une tache d'ordre premier.

« Asseyez-vous. »

Hermione s'exécuta en un éclair, la nervosité compressant et malmenant son cœur à lui en donner la nausée. Bon sang mais parle, parle, PARLE BORDEL !

« Granger, vous êtes l'un des piliers de ce service. » commença-t-elle avec gravité tout en arrangeant la plaque 'Minerva McGonagall' posée sur son bureau. « En cinq ans, vous avez gravit des échelons que certains policiers ne réussissent pas à atteindre, même en dix ans de carrière. »

Pourquoi me renvoyer maintenant, dans ce cas ? ! manqua d'hurler Hermione. Ses mains étaient moites et tremblantes. Pouvait-elle ne serait-ce que respirer correctement tant son cœur tambourinait avec irrégularité ?

« Ambitieuse, vous l'êtes. Lorsque vous avez débarqué ici, à dix-neuf ans seulement – une grande première ! Personne n'a jamais commencé aussi tôt, ici – je dois vous avouer que je ne donnais pas cher pour votre peau. La Hogwarts est un monde de requins. Les faibles et les moyens, ils n'en font qu'une bouchée. Vous vous êtes cependant battue, battue, battue pour enfin accéder jusqu'à ce service. »

Hermione avait mal au ventre, tant la pression s'accumulait en elle. Malgré cela, elle s'efforça de regarder dans les yeux sa Chef jusqu'au bout.

« Vous êtes une telle bosseuse que vous vous êtes rendue indispensable, dans ces locaux. L'affaire de Ronald Weasley vous a sans doute déstabilisée un court instant... »

Hermione ne savait pas qu'il lui restait assez de sang pour rougir mais en eut la pleine confirmation lorsque ses joues se mirent à chauffer.

« ...mais, ma foi, nous sommes tous des hommes et nous ne savons pas rester imperméables à la tentation. Qu'à cela ne tienne, intelligente comme vous êtes, je suis sûre que l'issue de votre relation a su vous faire tirer quelques leçons. »

Cramoisie, Hermione finit par baisser les yeux. Elle détestait évoquer ce qu'elle qualifiait à présent de 'Période Noire', de 'Moment d'égarement'. Mais que sa Chef l'évoque devant elle comme on parlerait de la météo...Hermione avait de quoi se sentir humiliée.

« Vous avez débarqué dans ce service il y a onze mois et vous voici déjà assise devant mon bureau, ambitionnant ma place. Place que vous aurez. »

« Q-quoi ? » ne put s'empêcher de murmurer Hermione, abasourdie.

McGonagall laissa échapper un petit sourire qui se teinta d'une mélancolie que son interlocutrice n'avait jusqu'alors jamais vu percer sur son visage. Elle se leva et fit les cent pas tout en observant le mur derrière elle sur lequel s'étalaient diplômes et distinctions, quelques cadres photos personnels parsemant le tout. S'attardant sur un cliché la mettant en scène, toute souriante et à la fleur de l'âge, aux côté d'Albus Dumbledore, fondateur de la HBP, elle laissa échapper un soupir.

« J'ai vieilli. » assena-t-elle soudainement.

Hermione dû s'agripper fortement à l'accoudoir, comprenant peu à peu la raison de sa présence ici. McGonagall voulait lui donner son poste de Chef de Service du niveau. Poste qui faisait parti des trois positions les plus convoitées de la HBP. Et elle le lui cédait. A elle. Comme ça.

Dites...moi...que...je...rêve... !

Hermione avait la tête qui tournait. McGonagall lui léguait sa place. Hermione s'agrippa un peu plus fort à l'accoudoir en bois, défaillante. Elle était choquée. Terrorisée. McGonagall lui cédait sa place. Elle était excitée. Impatiente. Mais terrorisée. Réticente. Emplie de doute. Avait-elle au moins la carrure pour succéder à un personnage tel que Minerva McGonagall ? Avait-elle la prestance pour diriger, ordonner, réprimander, maîtriser son équipe comme le faisait son actuelle supérieure hiérarchique depuis près de quinze ans ? Pas sûr. Pas sûr du tout, même.

Mais elle l'avait choisi, elle. Eliminant d'office la longue liste de prétendants au trône qui se serait battu bec et ongle pour pouvoir s'asseoir là où McGonagall n'allait pas tarder à se lever. Elle l'avait choisi. Elle.

Dire qu'Hermione n'avait jamais regardé le poste de son Chef avec convoitise aurait été le plus gros des mensonges. McGonagall l'avait bien dit elle même : Hermione était une ambitieuse. Le challenge et la concurrence la motivait, la dopait, la poussait à donner le meilleur d'elle-même, la forçait à se dépasser, à se surpasser, même. Elle se projetait constamment dans l'avenir et se donnait des objectifs à atteindre coûte que coûte avant telle période, objectifs qu'elle avait jusqu'ici parfaitement remplis en temps et en heure. Alors oui, l'idée de prendre un jour, un beau jour, la place intouchable de sa Chef l'avait effleuré. Mais elle n'avait été qu'un objectif sur le long terme.

Se voir donc offrir ce poste sur un plateau d'argent, même pas un an passé dans le service, était surréaliste. Absurde. Inimaginable. Inespéré.

Passant toujours en revue les preuves accrochées sur son mur témoignant de ses vingt-six années de carrière, McGonagall n'était pas sans savoir le remue-ménage mental qui s'opérait chez l'Agent Granger. Les rouages du cerveau de cette-dernière s'étaient actionnés à toute vitesse maintenant qu'elle avait deviné ce que sa patronne voulait d'elle. C'est pourquoi, maintenant que l'objet de la récompense semblait être parfaitement assimilé par Hermione, McGonagall s'attaqua aux enjeux devant l'y mener.

« Je pars à la retraite dans deux mois – vous êtes la première, dans l'équipe, a être mise au courant. » l'informa-t-elle alors tout en se rasseyant. « Et avant de partir, j'aimerai offrir une dernière couronne de lauriers à la HBP et arrêter l'As de Pic. Avec votre aide, bien sûr. » ajouta-t-elle en la transperçant du regard pour être bien sûre qu'elle puisse lire entre les lignes.

Ce qu'Hermione fit sans la moindre difficulté. Le deal était clair : menez l'équipe sur le chemin de la capture du célèbre cambrioleur avant le FBI, avant la Police Fédérale, avant tout le monde, et vous pourrez enfin vous asseoir là où je suis assise actuellement. Alors que certains auraient déjà crié au suicide – deux mois ? ! Comment pouvait-on clore une enquête aussi complexe en si peu de temps ? ! – Hermione sentit le picotement familier de l'adrénaline la prendre d'assaut de la plante des pieds jusqu'à la racine des cheveux. L'adrénaline du challenge. L'appréhension et le doute s'évaporèrent au fur et à mesure pour faire pleine place à la détermination, cette même détermination qui l'avait poussé à monter en grade à la HBP.

Reconnaissant cette lueur combative prendre vie dans les prunelles ambrées de son interlocutrice, McGonagall eut un petit rictus.

« Je compte sur vous. Montrez-moi que vous méritez cette place. »


Ce que je fais est totalement égoïste. Je m'explique : j'ai 10 fanfics à mon actif dont 6 en cours. 7 avec celle-ci. Autrement dit : je me mets dans la m*rde toute seule car toutes les tenir en même temps, en plus de mes cours, va être un véritable parcours du combattant. Alors ne vous énervez pas si - et j'ai bien dit si - vous ne voyez la suite postée qu'un mois plus tard. Je m'excuse d'avance.

Mais merci d'avoir lu. Je suis en train d'écrire le second chapitre, si cela peut vous rassurer.

Kiss kiss :)

IACB.

PS : N'oubliez pas de me donner vos avis !