OS écrit dans le cadre de la nuit d'écriture du Fof pour le thème Ile.

Mon premier OS de ma seconde nuit d'écriture, j'ai eu du mal à le trouver. Il y aura une suite, c'est sûr; Peut-être une série d'OS que je compléterai au fil des nuits d'écriture au gré de l'inspiration due aux thèmes...o verra ça plus tard. Enjoy! :)


Île

Alec se releva péniblement et scruta l'horizon. Le soleil tapait sec et il dut plisser les yeux pour limiter l'éblouissement que lui causait la lumière aveuglante qui ricochait sur l'étendue de sable jaune pour venir poignarder ses pupilles. La chaleur était insupportable et il avait certainement attrapé une insolation car sa tête tournait et le paysage se floutait au loin et la ligne d'horizon ondulait. Il gémit. Où avait-il donc atterri, se demanda-t-il une énième fois. Grognant contre le mal de tête tenace qui l'assaillait, il se morigéna pour s'être assoupi aussi longtemps à une telle heure, où le soleil était à son zénith. Il rejoignit bien vite les quelques arbres qui formaient une sorte de petite oasis de fraîcheur sur la plage, ne se sentant pas le courage de marcher jusqu'à la forêt.

Un hennissement retentit au loin et il sourit. Il savait pertinemment que c'était le cheval qui l'avait réveillé avant de s'enfuir au galop. Il avait vu, malgré l'instabilité de sa vision, les traces de sabots qui s'approchaient puis s'éloignaient de l'endroit où il était étendu. Black était sauvage et indépendant, certes, et il continuait de lui rendre la vie impossible quand il tentait de le monter, mais une sorte de confiance mutuelle s'était installée entre eux. Après tout, ils étaient tous les deux tous seuls ici, et personne ne les trouverait jamais à moins d'un miracle. Alors ils veillaient plus ou moins l'un sur l'autre, s'entretenant comme ils pouvaient, car ils avaient conscience que si l'un d'entre eux mourait, l'autre se retrouverait livré à lui-même, seul devant l'adversité des éléments.

S'il n'avait pas encore apprivoisé totalement son compagnon d'infortune, Alec ne démordait pas de son ambition de lui grimper sur le dos. Il se souvenait encore de la première fois où il y était parvenu : l'étalon avait rué, s'était cabré et avait enchaîné bon nombre de sauts de mouton avant de partir au quart de tour dans une course effrénée le long des plages. Il ne s'était finalement arrêté qu'au bout de deux heures. A moins que ça n'en ai été trois. Peut-être même quatre. Le temps était une notion tellement relative depuis l'accident !

Quand le bateau avait coulé, il avait cru que tout était perdu. Pourtant, il avait survécu, et Dieu seul savait comment il s'était débrouillé pour trouver à côté de lui la corde qui lui avait permis de se faire traîner pendant des heures dans l'océan par un équidé d'une force inégalable sur les plages de sa prison. A présent, il vivait ici, et s'était plus ou moins adapté aux contraintes de son nouvel environnement. Combien de temps y avait-il passé ? Des semaines ? Des mois. Une fois encore, le temps lui échappait complètement. Une heure pouvait lui sembler une éternité ou bien une seconde. C'était le cas quand il parvenait à s'entendre avec son ami équin. Car oui, il considérait Black comme son ami. Ce dernier l'avait sauvé, le traînant dans les flots jusqu'à la terre ferme, même si celle-ci se trouvait au beau milieu de l'océan, à des milles et des milles de toute civilisation.

D'aucuns auraient pu considérer ça comme de la bêtise ou même de la folie. Eh bien oui, il était maboule, peut-être. Mais qui ne le deviendrait pas à force de se prendre des insolations et de n'avoir pour interlocuteur qu'un étalon plus sauvage et indépendant que n'importe lequel de ses congénères ? Preuve de sa folie, il avait parfois l'impression qu'il n'était pas le seul être humain sur cette île. L'autre jour, il avait cru voir quelqu'un. Une silhouette humaine, féminine même. Mais elle avait disparu aussi vite qu'elle était apparu et il avait conclu à un mirage. Comment avait-il fait pour les éviter jusqu'ici d'ailleurs. Pour autant, ces hallucinations ne l'avaient pas laissé en paix et il avait cru apercevoir de nouveau cette silhouette plusieurs fois. Il croyait, ou plutôt voulait la voir partout. A croire que les insolations avaient fini par avoir raison de lui et lui avaient grillé le ciboulot. Déjà qu'il soupçonnait ce dernier d'avoir été noyé durant son périple à travers l'océan.

Il se leva et fit les cents pas sur le sable doré, le piétinant rageusement. Il n'en pouvait plus. Il avait perdu sa vie, sa famille, ses amis, sa maison, son continent et maintenant, il perdait son esprit, la seule chose qui le maintenait en vie. Quoiqu'à y réfléchir, il aurait peut-être été plus simple pour lui de se laisser aller à une folie douce pour oublier sa misérable condition. Il posa alors son regard ombrageux sur les vagues qui ondulaient à l'infini, leur écume jaillissant dans tous les sens et eut un sursaut de rage. Non, il ne se laisserait pas entraîner dans les profondeurs de la folie, il resterait digne et fier, comme un homme. Il poussa alors un cri de fureur et d'impuissance à l'étendue bleutée qui encerclait son île, se laissant tomber à genoux, et s'époumona :

« Je ne suis pas fou ! Vas-y soleil, cogne aussi fort que tu veux, je me fous que mes yeux me jouent des tours et que mon seul ami soit un cheval, je resterai sain d'esprit, tu m'entends ?! Sain d'esprit ! Et ce malgré cette putain d'île et toute la flotte qui l'entoure, je te le promets ! »


Il a un peu perdu la boule mon petit Alec là... ou pas d'ailleurs, mais ça, on en reparlera plus tard ^^