Moi : Et nous voilà réunis pour le chapitre 12 de cette fic dans la joie et la bonne humeur en écoutant Stardust de Mika ^^

*ignore la douzaine de couteaux qui volent en l'air*

Johann : REVIENS ICI ESPECE DE BOLSKRIN A LA NOIX !

Komui *aura sombre et air sadique*: Alexandre.. Viens donc me voir...
Alexandre :* fuyant en courant* Non merci sans façon...

Reever *agacé devant mon manque de réaction et les réactions des autres: VOTRE ATTENTION S IL VOUS PLAIT !

Tous *se fige*

Komui : *smiles* Tu as toute mon attention, toujours...Mon cher petit ami...

Reever *rougit et marmonne* Si j'avais su que cela tournerait comme cela...

Alexandre : Sauf ton respect, Reevy, tu savais comment cela allait tourner dès le début...^^

Reever *pique un couteau à Komui et se dote d'un air sadique aussi* A trois on a des chances de lui faire la peau...

Komui et Johann :* heureux* Bienvenue dans la compagnie qui a pour but de tuer Alexandre...

*la musique change en te quiero de Stromae*

Alexandre *implorant à mon intention* : Shirayuki...

Moi :* très calme* le premier qui lui fait la peau sera le premier à embrasser dans la fic quelqu'un...

Johann *râle * C'est truqué ton truc. On sait tous qui sera le premier...

Moi : prend une poêle et l'assomme* D'autres candidats ?

Tous *se figent*

Alexandre *smiles*

Komui : Ce n'est que partie remise...

Reever : Oui...

Moi *agite sa poêle d'un air sinistre*

Et voilà le chapitre du retour de Bolskrin.. Et le chapitre qui révèle un élément crucial sur Johann.. J'ai déjà hâte de l'écrire au son de Stroame... Pour rappel, seule l'idée m'appartient ainsi que Johann, Alexandre, Madame Tania, Tika, Elly, Kitiara, Shi An, Elena, Mr Trottwood (même si il a peu d'importance ici) , Alan, tout le reste appartient à Hoshino sensei et je ne suis pas payée pour écrire voilà ^^

Chapitre 12 : Le temps des non dits

La souffrance est intense. Il n'a jamais autant souffert de toute sa vie. Il voit le liquide écarlate venir maculer ses blanches fleurs qui enlacent le lac de Constance. Il a un sourire ironique. Et dire qu'il souille ces fleurs de tout temps symbole de pureté. La dernière chose qu'il aura offert à Mindy...Qui ne se doutait pas de la chance qu'elle avait d'avoir été la dernière et ultime conquête de Bolskrin...Il a un soupir ironique. Que diront les gens de sa mort ? Pleureront ils ? Non, comme lui même n'arrive pas à regretter cette vie qu'il ne fait que simuler...A quoi bon s'être accroché à ce simulacre de vie... Il ne sait pas ce qu'est la vie, en vérité, ce que sont les émotions mis à part qu'ils ont causé la ruine de sa famille... Alors pourquoi des larmes s'écoulent t-elles de ses yeux ? Quel sens ont-elles ? Aucun comme cette souffrance... Il a un léger rire. Qui le regretterait si lui même ne se regretterait pas ? Pas son père.. Son père qui l'avait répudié après qu'il avait rejoint la Congrégation car ne pouvant pardonner à son père d'avoir mené sa mère à la mort...Pas Luberrier qui se contentait de l'user...Pas ses conquêtes qui auraient vite fait de se remettre... Il n'y avait rien à regretter..Alors pourquoi donc souffrait-il autant ? Pourquoi se sentait-il si vide, comme si il avait déjà connu cette sensation de plénitude ? Pourquoi avait-il l'impression d'avoir tout manqué dans sa vie quand il avait fait l'essentiel ? Se délivrer de la moindre de ses conventions, envoyer voir ailleurs sa famille qui avait détruit le seul être au monde qu'il adorait, le seul être que le monde lui avait pris qui était à ses côtés l'aimait, même quand elle était devenue folle...Et qui lui avait demandé de montrer au monde, à sa famille que rien n'était plus vrai que ces émotions...Il sourit. Voilà donc la chose qu'il avait manqué.. et à présent il allait rejoindre sa mère.. Et comme les autres, elle se détournerait de lui pour ne pas avoir su se laisser aller, pour ne jamais avoir trouvé la personne qui lui aurait donné cette envie... A présent son cœur hurle de douleur au diapason de la douleur qui luit en son sein. La douleur, il n'aura jamais connu que cette nuance.. Il a si mal qu'il voudrait se l'arracher lui-même, ce cœur, en finir de suite. Il parvient il ne sait comment à attraper son pistolet perdu lors de cette fusillade entre Broker à présent tous morts et lui et bien que les yeux embrumés de douleur voilant sa vision, plaque le canon de son pistolet contre son cœur, résolu à tirer, à en finir puisque n'ayant pas réussi à comprendre ce vide en lui et à le combler, à passer outre la peur qu'elle lui a laissé comme héritage en plus de ces cheveux blonds.. pourtant sa main tremble, comme si..Elle hésite.. Mais il n'y a pas de raison, pas d'espoir.. Tout est fini.. Personne ne viendra jamais...Alors pourquoi, pourquoi hésite t-il à ôter cette vie.. qu'elle lui a donné... Est-ce à cause de cela ? Mon dieu qu'il est lâche, qu'il a du la décevoir...Il en pleure de rage et d'impuissance à présent.

Et c'est alors qu'ils entrent dans son champ de vision. De longs cheveux bruns se penchant vers lui comme touché de sa détresse,et résolu à lui accorder une bénédiction, des yeux d'un bordeaux divin d'une pureté et d'une douceur qu'il n'avait jamais vu en ce monde arrondis de surprise. Il ne l'avait pas entendu apparaître ni même senti. Il ne sait même pas qui il est, ne comprend même pas pourquoi il est ici, en cet endroit étrange, ni pourquoi il le regarde aussi surpris, comme si il n'avait jamais vu de sang et de gens blessé. Pourtant il sait en regardant son regard pur et doux qu'il n'est pas un ennemi, qu'il est celui qui le sauvera. De tout ces maux et ces mots dans lesquels il enfermera son cœur. Il est l'espoir que l'on lui ramène, que l'on lui donne celui auquel se raccrocher. Il lâche son arme comme un autre abandonnerait la mort, a le courage de sortir des routes prédestinées, tend la main vers l'inconnu en tendant la main vers la joue de l'inconnu prenant le risque d'être abandonné en murmurant éperdu choisissant la vie au lieu de la lâcheté de la mort :

« Sauvez moi, je vous en prie...

Il voit la surprise embraser son regard à ce geste, le voit se reculer comme non habitué à des contacts de ce genre mais il lui sourit doucement et murmure en des mots dont le sens commence à lui échapper comme le monde qui commence à se brouiller autour de lui :

- Alles wird gut gehen... »

Le sens lui échappe mais il sait, il sait au vu de son sourire pur qu'il ne le tuera pas, qu'il le sauvera. Il sourit lui aussi en retour et murmure doucement alors que sa vision s'assombrit de plus en plus mais qu'il s'accroche encore un peu pour le voir encore, l'entendre cet ange providentiel :

« Alexandre...Je m'appelle Alexandre...

-Mein Name ist Johann, Johann Ellis Greimbaum...Sie können schlafen.. Ich bin da » lui répond doucement sa voix à cet accent étrangement connu et semblant déjà loin mais qui semble lui promettre protection et il se laisse doucement emporter au loin par ces doux mots qu'il ne comprend pas, leur musicalité si particulière. Serein quoi qu'il arrive car conscient d'avoir touché à l'éternité, la félicité.

Alexandre eut un sourire emprisonné dans ses souvenirs. Ce bonheur qu'il sentait à cet instant à l'agonie et qui ne l'avait pas trompé. Et qu'il avait détruit par stupidité et peur. Sa main se crispa au niveau de son cœur, en ce geste familier qu'avait Johann et qu'il avait toujours en pensant à lui et sa stupidité à son égard. Ces instants qui auraient pu durer pour toujours et qu'il avait détruit. En blessant l'homme qu'il aimait plus que quiconque, lui qui avait sauvé cette infâme vie qu'il tenait entre ses mains chaque jour de sa vie.. Pour qu'il brise la sienne. Il était vraiment pathé...

« Mr Bolskrin, allez vous bien ? »

Il sursauta à cette voix qu'il commençait à connaître. La voix de son compagnon d'infortune, ce chauffeur au service de Luberrier. Qui aurait tôt fait de tout rapporter à Lubrifier.. Il ne devait pas oublier à qui il faisait face. Surtout pas. Il renvoya les ombres du passé dans leur rivière attitrée et s'exclama, parant son visage de son sourire habituel et plus cette mélancolie qui habitait son regard et s'exclama :

« Bien sûr que oui, pourquoi donc cela n'irait-il pas ? ^^

-Et bien au vu de ce que je viens de vous dire, je comprendrais assez que vous soyez choqué..Vous ne m'avez donc pas écouté ? » Commenta étonné le chauffeur.

« Comme si tes discours complaisants m'avaient intéressés une seconde... » Soupira t-il intérieurement. Il ne l'avait pas écouté une seconde dans ses jérémiades incessantes qu'il n'avait eu de cesse d'avoir tout le long du transfert de la porte d'arche la plus proche à la Congrégation. Mesure de sûreté lui avait dit l'homme qui l'avait pris en charge au cas où un Noé pourrait rentrer dans leur arche et qui ainsi ne tomberait pas directement dans leur nouveau Qg qu'il allait entrevoir pour la première fois depuis longtemps, lui qui n'était pas revenu en son sein depuis un long moment. C'était la seule chose qu'il avait écouté avant de décider que ce type n'avait rien d'intéressant. Trop proche de la vielle bique avec sa voix qui pinche au lieu de parler et qui lui donnait des maux de crâne sans même qu'il fasse attention à ces mots. Et du coup en pensant à la vielle bique, il en était venu à son Johann et leurs moments heureux comme malheureux. Il eut un sourire. Son esprit avait toujours été fantasque et sélectif et ce n'était pas une nouveauté.. Luberrier le savait à la perfection... Mais l'embêter était une très bonne idée... En faisant semblant par exemple de savoir et de simuler être plus fort qu'il ne le pensait... Il eut un sourire suffisant et charmeur à la fois avant de s'exclamer :

« Bien sûr que j'ai écouté votre admirable voix qui n'a aucune équivalent en ce monde... Mais je suis bien plus fort que tout cela, Sir... Et me croire plus faible que je ne suis savez-vous pourrait peut être considérer comme une insulte qu m'est personnelle et que je suis en droit de venger, la force des Spiral étant notre principale vertu que vous insultez par ces mots. A présent après une telle offense et si vous ne voulez pas que je vous défie en duel, il me semble vain que vous me parliez pour le restant du trajet d'autant que j'entrevois les portes du Qg. Que nous venons de franchir, voyons un peu de professionnalisme que diable ! »

Et il eut la satisfaction de voir l'homme en retour pâlir face à cette menace, ce duel rituel qu'il lui promettait pour avoir insulté sa vertu et dont il était parfaitement en droit de demander réclamation selon le code des Spiral et que l'homme était assurément sûr de perdre contre lui et ce rappel à l'ordre à sa fonction et remarquer l'ironie au vu de ses mots suivants à ce qui d'abord s'apparentait à un compliment en bonne et due forme et une fausse forme de respect avec ce Sir. Il sourit. Tant mieux, il aurait la paix pour un moment,le peu de temps qui lui restait à passer avec lui à présent. Il reporta son regard sur le décor, couvant du regard la première cour sans vraiment la regarder néanmoins laissant ses yeux caresser paresseusement les alentours Cour dans laquelle ils entraient à présent avant d' aviser subitement posté au haut des escaliers au fond de la troisième cour surplombant celle-ci un homme d'environ 26 ans dont le soleil d'hiver faisait luire ses cheveux d'un doré scintillant comme les blés en désordre comme ces même blés que le vent emmêlerait éclairé par des yeux d'un bleu lumineux et doux comme le ciel les surplombant, arborant une blouse immaculée. Pas désagréable à regarder, pas l'air crevé de tant d'autres. Quelque chose d'intéressant dans sa manière de se tenir comme une statue, son air de regarder les alentours avec ce regard à la fois vague et précis d'un homme se perdant dans des souvenirs pour faire passer le temps un peu comme lui. Ses yeux étaient aussi resplendissants que le lac de Constance en été et ses cheveux aussi dorés que les blés du village d'Hivrastadt non loin de celui-ci, mais... Non vraiment la faute n'était pas à ses cheveux blonds désordonnés mais dont le désordre étrangement lui seyait bien, ni à ses yeux bleus lumineux d'un jour d'été qu'ils avaient attrapé et reflétaient à présent, ni à sa haute taille fière qui semblait le montrer comme un être fort face l'adversité, aussi résistant que le blé dont ses cheveux luisaient et son port de tête distingué sans être trop maniéré et hautain comme tant de bourgeois ou de nobles. Non, son tort comme les autres était.. De ne pas être Johann... De ne pas avoir ses yeux bordeaux, son sourire pur, ses longs cheveux bruns, sa pureté et pas cette mélancolie que l'on voyait en lui qui lui rappelait la sienne, celle d'un homme souffrant de la perte de ceux qu'il aime et se morfondait dans le passé pour les retrouver. Mais revoir Johann alors qu'il était en Allemagne était à la fois impossible et interdit. Il eut un soupir soulagé en songeant qu'il ne pourrait pas le blesser plus en se montrant à ses yeux. Et son soupir lui attira un regard surpris de l'autre abruti réduit au silence par ses menaces. Il soupira plus fort accompagnant son soupir équivoque d'un mouvement de la main rageur pour lui dire de se concentrer sur les trois cours qu'ils devaient encore traverser. Avant de décider de l'ignorer, oublier Johann un temps et de s'amuser à ce qu'il appréciait toujours dans ces moments où tous lui tapaient sur le système et ou se morfondre dans ses souvenirs ne lui était d'aucun secours. Observer et deviner. Un jeu simple qui consistait à contempler et tirer les conclusions qui s'imposaient, un excellent exercice pour un Spiral comme lui et qui servait à le reposer après tout son agacement envers lui.

« Un scientifique au vu de la blouse. Il doit probablement prendre l'air et repenser à tout ce qu'il a perdu aujourd'hui comme matériel et auquel il ne pouvait penser avant connaissant le caractère très attaché des scientifiques au matériel. Le pauvre c'est vrai que travailler sous la houlette de Komui ne doit pas être reposant tous les jours » s'amusa t-il intérieurement. Il connaissait trop bien le caractère fantasque de l'homme pour, même s'il savait aussi qu'il était un professeur doué. Il se rappelait encore des cours qu'il donnait à Johann avec passion et patience, cours qu'il était doué pour expliquer ou Johann très doué pour comprendre et où sa folie et les dégâts matériels s'y entremêlaient volontiers. Au choix... Il eut un sourire à nouveau avant de chasser un peu plus loin ses pensées. Ce n'était pas le moment de songer à cela, pas avec l'autre énergumène que pour faire bonne figure il foudroya du regard et qui se ratatina dans son fauteuil. Satisfait, il s'autorisa à nouveau un sourire. Terroriser un pion de Lubrifier était TOUJOURS jouissif, surtout quand on le tourmentait avec le nom de Johann... Et il s'absorba de nouveau dans la contemplation de l'homme qui le surplombait toujours et dont le regard semblait avoir remarqué le fiacre venant vers lui et qui étrangement s'était chargé de noirceur, comme le foudroyant du regard, savant qui arrivait en cet instant. Mais ce n'était pas là possible, pas encore du moins d'autant qu'il s serait souvenu d'une telle personne et étant que peu présent au Qg, toujours ailleurs, il ne pouvait l'avoir déjà vu, ni même entendu parler de lui, les Spirals étant une unité dont on ne parlait pas. Et puis en fait à tout bien y réfléchir..

Il y avait dans son attitude,TOUT sauf l'air d'un homme prenant l'air. Non plutôt l'air d'un homme en attendant un autre, un étrange air sombre sur le visage comme un masque prêt à toute éventualité et qui poursuivait de ses foudres le fiacre arrivant, chargeant tout doucement mais sûrement de froideur son regard en plus de tout. Il eut un sourire intrigué, mais pas effrayé par cet homme. A sa place, aussi il se serait méfié d'un homme qui rentrait dans leur Qg ainsi et qui interrompit ses rêverie, qui au fond ne devait pas être dues au matériel. En fait, au vu de la force de sa rage silencieuse, il avait bien plus l'air d' être un lyrique qu'un matérialiste. Il devait plutôt être hanté tout comme lui des échos de son passé et qui avaient du peser assez fort sur son âme pour s'isoler du commun des mortels. Néanmoins en elle-même sa présence ici était étrange.

Et c'est alors que ses yeux l'entraperçurent un bref instant lui encore à distance, l'éclat métallique dans ses vêtements. Une arme. Il sursauta. Pourtant même à distance alors qu'il pénétrait dans la seconde cours, elle n'avait rien d'une arme de Spiral d'autant qu'il les connaissait tous et aurait su, étant leur chef s'il y avait eu un nouveau dans leurs rangs. Non, elle semblait tout à fait normale.. Et seule. Il eut un sourire encore plus intrigué. Un non révélé.. Komui dissimulait dans ces rangs un non révélé.. Bah ce n'était pas lui qui allait le dénoncer pour couvrir ce fait ni lui qui blâmerait Komui de lui épargner une telle vie, tant celle-ci n'avait rien d'enviable, eux qui étaient payés pour tuer ou se faire tuer.. Pas qu'il regrettait sa vie, mais il savait qu'elle n'était pas le summum de ce que les gens rêvaient puisque permettant de ne rien construire de solide, ni de travail fixe, ni de règles puisque sans cesse remises en question, raisons pour laquelle lui-même avait embrassé cette profession par refus des conventions. Et puis au vu de ce qu'il avait, cela n'aurait pas servi à grand chose, un emploi stable... Il aurait fini détesté de tous en un rien de temps sans possibilité d'aller plus loin, de dépendre de Central pour avoir un rang supérieur alors que sans cesse dans le monde en solitaire avec des civils les gens qui l'entouraient changeaient sans cesse. En plus de tout il aurait fini auprès de Komui, sa peur panique... Il eut un frisson. Déjà parce qu'il craignait plus que tout Komui et se doutant qu'il devait bien avoir une raison pour ne pas l'avoir dit et que le révéler serait marcher sur les plates bandes de Komui, une chose qu'il s'était juré de ne JAMAIS faire, même du temps où ils étaient encore amis... Par peur des représailles lui qui avait vu ce que donnait s'en prendre à une des personnes qui lui était chères et même si à présent il l'admettait l'avoir mérité et regrettait même qu'il ne l'ait pas déformé, il ne voulait pas subir cela de nouveau d'autant qu'il avait compris la leçon et la gardait gravée dans sa chair à jamais... Et dès que l'on pouvait nuire à Luberrier en enfreignant les règles, il était de toute manière toujours pour. Il eut un sourire. Le chinois prendrait enfin de l'indépendance vis à vis de Luberrier ? Il était temps dis donc...Qu'il réalisât enfin qu'il ne faisait pas la pluie et le beau temps dans leurs vies aussi...

L'homme en face redoublait d'intérêt en tout cas. Qui pouvait-il être, qu'avait-il pu le pousser à venir ici lui qui respirait clairement, malgré son teint pale, des terres où le soleil brillait plus, d'où pouvait-il bien venir ? Pourtant pas d'une terre trop richement ensoleillée. Un peu trop pale ou alors était-ce le fait de rester enfermé trop longtemps à l'intérieur... Et au vu de son arme, de couver les environs comme montant la garde, il était probablement la garde privée de Komui, le scientifique qu'il avait pris en otage pour se protéger de Bolskrin ou du moins ne pas avoir le supporter seul...

D'une certaine manière, cela l'arrangeait. Cela voudrait dire qu'il n'aurait pas à rester seul avec lui. Il sourit doucement. Tant mieux... Une fois de plus le destin était clément en apparence avec lui...Il eut un sourire ironique. Encore, foutue chance... M'enfin il ne devrait pas se plaindre, surtout au vu des passés de gens qu'il connaissait bien. Comme Komui, la vielle bique et Johann.. Par sa propre faute même s'il n'était pas le seul coupable..

Son cœur se serra d'horreur en y songeant à nouveau. Avant de songer que ce n'était pas le moment et de se reperdre en son jeu esquissé et dont il comptait aller au bout. Néanmoins, cela le surprenait que ce scientifique soit là seul, dehors. A moins que Komui ne se trouvât à l'intérieur. Il eut un sourire à nouveau ironique. La Congrégation devenait de plus en plus paranoïaque pour craindre que son Intendant serait agressé dans sa cour. D'autant que même si il craignait Komui, il l'aurait protégé de toute manière. Car il était quelqu'un de cher à Johann et qu'il avait apprécié aussi. Certes contre un akuma il n'aurait pas fait long feu, mais ce lieu était aussi le lieu où vivait des Exorcistes dont la propre sœur de l'Intendant qui aurait à cœur de protéger leur Intendant tant conscients de ce qu'ils leur devait, une joie de vivre qu'il avait entraperçu les rares fois où il était revenu depuis le changement d' Intendant. Non vraiment paranoïa stupide. Ou alors croyait-il qu'il allait l'abattre comme cela ? Bon dieu, il le craignait bien trop pour, même si ce n'était pas ce scientifique qui l'aurait effrayé... Et puis d'ailleurs, avec ces Komulins, il n'avait pas vraiment besoin d'une escorte...

Avant qu'il ne se rappela combien ceux-ci étaient instables et non permis.. Il eut un sourire devant l'ironie de sa situation en voyant à quel point son génie devait céder au réel alors que le fiacre s'immobilisait dans un dernier crissement du gravier au milieu de la troisième cour. Il n'était plus temps de s'interroger, de jouer, de s'abandonner aux bras d'un doux et douloureux passé, langoureux et terrible comme les bras d'un amant que l'on l'on blesse. Il était temps d'affronter le réel et le présent. Il releva le regard, décidé à rester digne malgré tout se préparant à affronter tout ce que Lee pourrait dire et qu'il serait avisé de dire. Le pauvre chauffeur empressé et effrayé à l'idée de déplaire à nouveau à l'homme qu'il avait amené se précipita de suite au sol et fila vers la portière au vu de lui ouvrir.. Pour se prendre les pieds dans un trou qu'il n'avait pas vu dans sa panique et s'effondrer lamentablement. Il eut un soupir navré. Décidément, Luberrier avait le chic pour lui envoyer les plus grand imbéciles que comptaient cette planète. Enfin, ce n'était pas sa faute à ce pauvre homme si pour l'agacer Luberrier prenait toujours exprès l'homme le plus stupide et à la voix la nasillarde possible pour le faire ressasser sa faute , le faire enrager lui qui ne pouvait supporter la bêtise humaine et trahir la moindre faiblesse. Ni de sa faute à lui si à travers lui il se vengeait envers Luberrier...Ni de sa faute s'il était stupide et nasillard... Et à qui il devait avoir le mérite de l'avoir mouché sans qu'il n'est pu répliquer. Il sourit doucement alors que l'autre ouvrait la porte du fiacre alors que les chevaux piaffaient d'impatience à l'idée de s'élancer à la conquête de nouveaux chemins. L'espace d'un instant il s'imagina à leur place, s'élançant à nouveau vers le monde alentour. Ce moment n'allait pas tarder. Il revenait vers le QG pour ceci... Il eut un sourire mélancolique. Un nouveau Broker, un nouveau cadavre, de nouvelles informations...Une nouvelle destruction, une fois de plus. Il était l'opposé même de la science lui sensé en avoir été et son unique représentant dont le regard s'était fait plus dur encore et qui avait redressé son regard, le toisant à présent, le jaugeant du regard d'un air un peu distant et glacé.

Mais un tel regard bien que surprenant de quelqu'un qui assurément ne l'avait jamais vu ne l' effrayait pas tant il le savait justifié. Il l'amusait même devant son caractère justifié que l'autre ne pouvait savoir, admirait la prudente méfiance d'un homme que Komui réflexion faite avait peut être instruit de ce qu'il était. Et rit plus encore entre l'énorme paradoxe qui était le sien entre ce qu'il avait été et ce qu'il n'était à présent ce monstre aujourd'hui amoureux éperdu d'un seul et qui le fuyait pour le sauver de lui, lui donner possibilité d'une autre vie, par peur de le blesser à nouveau mais lui savait qu'il ne pourrait faire semblant d'haïr s'il le voyait, trop lâche qu'il était... Ou à présent trop conscient de ses émotions pour mentir.. Au choix de nouveau... Il sourit plus encore alors que l'autre benêt ouvrait la porte en bredouillant mille excuses, lui proposant sa main pour l'aider à descendre qu'il refusa superbement en lui adressant un sourire voulu poli avant de sortir quelque piécettes et lui jeter sous milles remerciements. Pour son silence sur ses absences, parce qu'il n'était qu'un pion, parce que le terroriser en songeant à Luberrier avait été un plaisir et qu'il espérerait qu'il raconterait ces terreurs pour rappeler à qui Luberrier s'opposait. Il vit le regard de l'autre homme qui n'avait pas bougé d'un millimètre, pas fait le moindre geste pour l'accueillir briller d'étonnement l'espace de quelques secondes ce qui ne fit qu'accentuer son sourire. Oh, il ne savait pas encore les arcanes du pouvoir.. Puisse t-il jamais les connaître soupira t-il intérieurement, lui qui ne pouvait que voir cette pureté d'âme de ceux-ci, les gens l'ayant touché ayant toujours quelque chose de vicié dans leur comportement. Comme lui même...

Il eut un soupir intérieur. Il n'était point temps de se lamenter sur le passé, il était temps de gagner le pré devait s'en rappeler sans faille. Et doucement de son pas tranquille il entreprit de remonter vers l'homme qui se tenait à présent face à lui et dont le regard le foudroyait du regard comme empli de haine à son égard, un brin accusateur aussi, comme si il connaissait tout spécialement les horreurs perpétrées sur Johann en plus de sa froideur et de son mépris. Il sourit plus encore. Tant mieux. Qu'il le méprisa. Cela aurait le mérite de lui épargner d'avoir à être galant avec lui... Il n'avait plus envie de toute façon de jouer ce jeu, il en était fatigué à présent qu'il voyait en son âme ce changement, ce dégoût général des autres. Amener cet homme sous ses yeux le changeait agréablement de tout ses gens qui minaudaient, battaient des cils en l'entrevoyant ou en connaissant son nom. Sous le regard de cet homme, il avait l'impression qu'il savait ce qu'il avait été, ne pouvait être trompé, le faisait même se sentir un peu plus coupable qu'il n'était déjà sans qu'il ne voulut que ce regard se changea en compassion. Oh non, il méritait cette haine et ne s'y déroberait . Il remercia mentalement Komui de l'avoir pris pour garde. Car il était une perspective intéressante. Il préférait la haine au minaudage incessant. Elle était pour lui plus digne que le reste, une non trahison de son cœur lié à jamais au sourire pur de Johann. Et il lui adressa un sourire voulu reconnaissant. Qui fit sursauter, tarir quelque secondes la haine en son regard sous la surprise.

Oh il était donc persuadé qu'il était et restait un salaud.. Le plus amusant serait de jouer ce personnage pour voir si jamais il croirait à cela et verrait au delà des apparences, comme un bon Spiral, voir si Komui avait eu raison de le dissimuler ou non, s'il avait les qualités que l'on aurait attendu de lui. Mais il n'avait pas vraiment envie de déshonorer son audace qui s'il le voulait pourrait se solder par un duel singulier pour le regarder avec autant de défiance. Alors, tant pis... Néanmoins un tel homme éveillait sa curiosité. D'où tenait-il une telle audace, était-ce parce qu'il ignorait ce que pourrait lui coûter de telles choses, pourquoi donc Komui avait-il tenu à l'abriter (à moins qu'il n'eut une arme pour faire joli ce dont il doutait fortement) et qui était l'homme que l'on lui dépêchait en escorte et si Komui le protégeait du fait d'avoir ce qu'il fallait pour vivre la vie qui était sienne ? Mais la montrer était parfaitement incongrue, un jeu de plus qui s'apparentait à un exercice de trompe l'œil et d'apparence, pour voir s'il verrait au delà des apparences. Et doucement il gravit les marches de l'escalier, notant à présent des détails qui lui avaient encore échappé. D'abord le calibre de l'arme. Qui n'était pas une arme de calibre pour un non expérimenté. Au contraire. C'était le genre d'arme à manier aussi délicatement que possible et qui demandait une certaine dextérité qui n'était pas donnée à un débutant. Non, il ne s'agissait pas là d'un amateur, assurément et au vu de l'état de celle-ci sans défauts et brillante, il ne s'agissait pas là d'une arme pour parader, mais bien d'une arme dont on s'occupait régulièrement. Tant mieux, il ne supportait pas les gens qui portaient des armes pour en porter. Pour lui c'était là comme déshonorer l'arme que l'on portait.

Ensuite les croix qu'arborait sa blouse, légèrement différente de celle qu'arboraient les scientifiques il y avait peu de temps encore, plus décorée, bien moins simple qu'auparavant, plus gracieuses du moins à ses yeux. « Probablement un gradé. Dis donc, on ne m'envoie pas n'importe qui...Du coup son secret devait être encre plus difficile à garder puisque en première ligne.. Je ne peux que t'exprimer Komui ma profonde admiration pour avoir réussi à si bien le dissimuler, puisque les gradés étant les premiers à qui l'on fait attention en cherchant de nouveau Spirals. »Songea t-il en son for intérieur.

Il se souvint, sur ses lèvres se dessinant un petit sourire nostalgique de comment lui-même avait été remarqué, lui scientifique monté en grade en l'espace de quelques mois sans user de moyens autres que son esprit et son charisme et dont on avait remarqué assez vite son aptitude aux armes, à observer et contempler précise et implacable que la science avait affiné. Mais il renvoya son passé côtoyer les souvenirs déjà repoussés au loin et reporta son regard sur l'homme en question qui guettait le moindre de ses mouvement à l'affût. Et pour test, il esquissa un pas sur la gauche puis sur la droite. Pour voir son regard le suivre sans aucun problème, même si la surprise embrasa un peu son regard rapidement. Son sourire s'accentua encore.

« Bon réflexe. Décidément... Je crois que vraiment il a tenu à cacher ce qui aurait pu être l'un des nôtres...»

Avant que le regard ne se fit plus méprisant encore avec l'air de demander à quoi il pouvait jouer et s'il le prenait pour un abruti. Et il ne put retenir un léger pouffement à cette réaction tout en le regardant encore un peu plus admiratif. Il semblait qu'il avait perçu son intention de s'amuser à ses dépens, d'essayer de comprendre les raisons de son silence en le testant... « Et de trois points communs... » s'amusa t-il en atteignant enfin le pallier, se dirigeant vers l'homme s'attendant à entendre les reproches qui couvaient dans ses yeux. Mais l'homme baissa le regard sur le calepin qu'il venait de sortir de sa poche et s'exclama d'une voix détachée et froide qui le surprit un court instant devant ces mots différents de ceux qu'il attendait avant qu'il ne se ressaisisse de suite :

« Alexandre Bolskrin, je présume ?

-Tout juste ^^ Et à qui ai-je l'honneur ? »

Si cet homme croyait qu-il allait s'en sortir sans dire son nom, il se trompait.. Pas que l'impolitesse le dérangeait, au contraire, cela le changeait de ses gens trop étriqués dedans mais il était tellement digne d'intérêt que son nom l'intéressait d'autant plus... Mais si il s'attendait à ce que l'homme releva le regard, il en fut pour ses frais et de cette même voix détachée, il s'exclama :

« Reever Wenhamm, Commandant de la section scientifique numéro 1.

-Ah tiens, ils ont décidé de découper la Scientifique en sections comme à Central...Ne put s'empêcher de s'étonner Alexandre en même temps que l'homme lui donnait son nom d'un air détaché comme il lui aurait donné le nom d'un autre. Et ces mots amènent l'homme à relever le regard surpris et à s'exclamer en un souffle, son étrange rage subitement évanouie :

-Parce que vous avez travaillé à Central ?

Il eut un sourire. Ainsi avec une simple allusion à Central, il avait réussi un temps soit peu à écarter sa haine.. Décidément les titres aurait-ils aussi un profond impact sur lui ? Le pouvoir aurait donc une influence sur lui ? Il allait voir cela.. Il prit un sourire insouciant et s'exclama :

-Oui j'étais le Commandant de la première section avant d'être repéré et fait Spiral. Personnellement faire toujours la même chose me lassait alors ce changement a été la bienvenue ^^ »

Parler de lui n'avait jamais été un problème ni jamais chez lui une crise d'égocentrisme et les seules dont il n'aurait jamais parlé volontiers étaient les moments passés avec Johann car ils leur appartenait seuls... Mais cela était son secret.. Qu'il tenait à garder, même pour ses plus proches amis comme Tika...Qui de toute manière savait tout déjà...

Et alors qu'il se perdait en de telles pensées, il vit l'homme tressaillir, crisper les poings, sembler retenir un commentaire désobligent comme le clamait son regard sur le mal qu'il avait fait plutôt, comme si il était au courant, ce qui ne fit qu'améliorer son humeur en le lui montrant insensible au titre, accentuer sa culpabilité avec ce sentiment qu'il aurait voulu parler de Jo et de son vice avec lui avant de s'exclamer de son air froid de tout à l'heure :

« On m'a désigné pour vous guider jusqu'à vos appartements.. »

Ce on était hautement impersonnel.. Comme si on l'y avait forcé... Alors enfin de compte, comprit-il, Komui avait tout simplement décidé de ne pas s'encombrer de lui et avait dépêché l'un de ces hommes pour faire ce travail à sa place.. Parfait.. Sauf pour ce Wenhamm que l'on avait visiblement dérangé en son travail, mais bon.. Et il connaissait assez les scientifiques pour en avoir été un lui-même pour savoir que l'on n'aimait guère être dérangé dans des dossiers passionnants. L'espace d'un instant, il se demanda de quel dossier on avait dérangé l'homme et ne put que le prendre en pitié. Aussi s'exclama t-il :

« C'est bon, ce n'est pas la peine de s'embarrasser de moi. Indiquez moi juste la direction et je me débrouillerai. J'ai un excellent sens de l'orientation ^^

Tant pis pour le jeu de le connaître et le tester. Il préférait faire passer les intérêts de l'esprit avant lui, lui qui ne connaissait que trop bien les horreurs de rester dans l'attente des résultats. Et ses mots amenèrent l'homme à relever un regard surpris voire un peu décontenancé par son attitude altruiste vers lui. Ce qui l'amena à sourire doucement en retour avant de s'exclamer à nouveau :

-Ce n'est pas parce que l'on me prête une réputation de faignant que j'en suis un forcément. Moi aussi je connais le poids du travail dont on n'a absolument envie de connaître le résultat ^^ Allez donc retrouvez vos dossiers et ne vous embarrassez plus de moi, je saurais trouver mon chemin ^^ »

« Et paf ! Vois tes certitudes en prendre un coup.. Comment vas-tu réagir ? » s'amusa t-il intérieurement, prenant plaisir à allumer cette étincelle de surprise en son regard qui éclairait son regard donnait de la lumière comme un soleil échoué au centre de ce ciel bleu, éclipsait un temps la haine et le mépris, qui le lui révélait que de protection. S'il le haïssait pour l'avoir déjà rencontré, son visage ne s'éclairerait à aucun de ses mots, il ne le savait que trop bien. Il le haïssait pour des on dits et pour se protéger probablement de ses mensonges et aussi de peur qu'il ne tentât de le séduire. Protection inutile, soit dit en passant. Mais cela ne le regardait pas. En aucun cas... Ce qui le liait à Johann ne concernait que Johann...

Et il vit en son regard l'étincelle de surprise se raviver un peu, lui faisant penser avec un peu de regrets au fond de lui-même qu'il allait céder avant de s'éteindre brusquement et que s'y substitue un sourire, un fin sourire de celui qui vient de tendre un piège à un autre avant de s'exclamer :

« En vérité, c'est moi même qui me suis porté volontaire. Je ne tenais en aucun cas à ce que vous rencontriez le Grand Intendant. Il y aurait eu des conséquences catastrophiques. Et comme j'estime que vous croiser par hasard seul dans les couloirs risque d'être hautement problématique en plus du fait d'être volontaire, je me vois dans l'obligation de refuser d'accéder à votre demande et vous m'en voyez non navré »

A ces mots il ne put retenir un rire, admirer les talents de comédien de l'homme en face de lui qui avait réussi à duper un maître des apparences, un maître en manipulation qui finit d'étonner l'homme qu'il le prit aussi bien. Mais il n'avait aucun tort à se faire, aucun crainte à avoir. Il désespérait tellement souvent de trouver une personne qui lui arrivât à la cheville dans ces domaines que quand il en trouvait un qui le battait à son propre jeu, il était plus qu'heureux. Et l'homme ne face de lui venait encore d'augmenter d'intérêt.. C'en était presque du gâchis de l'avoir cantonné à ce rôle de Commandant... Et il pouvait aussi remarquer cet étrange soucis qu'il avait de Komui, pour vouloir le protéger à ce point.. Comme si quelque choses les unissait au delà du travail.. Peut être une liaison qui sait..

Et bien si c'était le cas, qu'ils soient heureux, c'était tout ce qu'il leur souhaitait, lui qui n'irait en aucun cas briser le trop rare bonheur de Komui, ayant toujours décrété, vu les difficultés de Komui à trouver quelqu'un qui l'accepterait tel qu'il était et ses ripostes dangereuses de ne jamais tenter de voler les personnes qui lui plaisait... Il sourit doucement. Il ne rappelait que trop ces moments où aveugle il ne voyait pas une personne qui ne voyait que lui, étant absorbé qu'il était par ses études et celles qu'il faisait faire à Johann...Du gâchis d'autant qu'il n'était pas indifférent à cette époque à cette personne non plus..Et cela aurait expliqué grandement sa non révélation car quoi de plus sensé que de protéger de la mort la personne qu'on aimait ? Enfin, mis à part quand on avait une peur panique des sentiments qui poussait à un comportement inhumain. Il eut à cette pensée un soupir douloureux qui lui attira un regard décontenancé de l'autre homme qui ne s'attendait visiblement pas à un tel son en ses lèvres.

« Et oui, cher Reever.. Les monstres aussi peuvent avoir des états d'âme... » Songea t-il avec une ironie amusée. Avant de décréter que ce n'était pas là le plus important. Et souriant il s'exclama à son intention :

« En effet, le Grand Intendant ne me porte pas vraiment dans son cœur... Sentiment réciproque d'ailleurs.. Néanmoins j'admire votre sens du dévouement.. Vous devez vraiment l'apprécier pour en venir à ceci...

« Et passe à l'attaque Alex et voyons-en la réponse, sa manière de se défendre... »

Il vit un sursaut agiter les épaules du dénommé Reever avant qu'il ne lui jeta un regard un peu noir et empli d'un reproche inexpliqué, comme si c'était à Komui qu'il avait fait du tort plutôt qu'à Johann (remarque les intérêts de Johann devenaient souvent les intérêts de Komui comme de tout ceux qu'il appréciait) avant qu'il ne s'exclama d'un air froid :

-En effet... Il est un très bon ami à moi mais je ne vois pas en quoi cela vous regarde... »

« Hum.. Bilan mitigé.. Dis donc.. il faut être plus catégorique, mon petit Reever... » songea t-il amusé. Non décidément, plus il parlait à cet homme, plus il s'amusait... Et plus il entrevoyait pourquoi Komui l'avait dissimulé.. Et le défi du moment était de l'amener à parler de sa relation avec Komui et de lui même. Autant choisir un autre angle d'attaque... Mais pas de suite car il aurait tôt fait d'entrevoir ses buts et qu'il lui donnerait la réponse qu'il attendait un peu trop facilement. Et il n'avait jamais aimé la facilité...

Aussi opta t-il pour un sourire d'approbation avant de s'exclamer :

« Vous avez raison. Mais ne devrions nous pas gagner l'intérieur au vu de tout ce que vous venez de me dire ? Cela sera toujours mieux que de rester dans ce froid.. ^^ »

Et Reever d'acquiescer silencieusement en lui jetant un regard unique avant de se détourner de lui sans mot dire et de diriger vers la porte, Alexandre sur ses talons, s'amusant à observer à son tour un silence voulu respectueux de sa volonté de se retirer en son âme un temps tout en contemplant sa démarche. Celle d'un homme qui la voulait distante, froide et qui pourtant avait un frisson de rancœur et de mépris qui faisait tressaillir avec un légèreté obsédante sa démarche en même temps qu'elle était assurée. Comme si l'homme l'haissait pour ce qui avait été dit sur lui (à raison) comme il l'avait déjà songé plus tôt, le jugeait méprisable et avait toute les peines du monde à ne pas le montrer et ne le craignait pas. Pas du tout même. Intéressant...Pourtant il devait savoir qu'il avait été un séducteur.. Et subitement il s'exclama, brisant enfin le silence qu'il leur avait imposé alors qu'à présent, ils tournaient à l'angle d'un couloir :

« Reever.. Ce n'est pas un nom très courant tout cela.. Mais c'est original...Et au vu de votre nom de famille..Australien ? ^^ »

Et il admira le frisson qui parcourut Reever en retour, un frisson qu'il devinait de dégoût avant qu'il ne se retourna vers lui, lui jeta le regard le plus glacé qu'il put avant de s'exclamer d'une voix gelée comme un long jour d'hiver emprisonné en une glace matinale et impitoyable avec pour seule trace de chaleur ses jours écarlates :

« Ne vous donnez pas la peine de vous intéresser à moi en des vues dont nous savons tout deux ce qu'elles sont en réalité sous le couvert d'un intérêt purement formel. Cela pourrait être dangereux pour vous, puisque étant celui qui partage la vie de Komui Lee et que je n'ai absolument aucune intention de tromper. Tenez vous pour le dit. Et puis d'abord de quoi je me mêle ? »

Il ne put retenir un frisson à l'évocation de l'homme qui l'effrayait au plus haut point en même temps qu'en son esprit il exultait pour avoir réussi à obtenir et ces mots qu'il attendait, «ces de quoi je me mêle ? », et la confirmation d'un lien entre ses deux et qu'il admirait le choix de ses mots tout en retenue et pourtant d'une clarté sans équivoque et dont il ne doutait pas un instant au vu de ses joues rouges. Et il comprenait à présent son assurance affichée, son évocation de Komui car il savait qu'à l'instant même où cela serait évoqué, il se croirait intouchable au vu de sa peur panique de Komui...Sans se douter qu'il n'en avait pas le moins du monde envie de ne serais ce que l'effleurer dès le début. Mais qu'il crût donc ce qu'il voulut.. Cela n'avait aucune importance... Il se contenta d'un haussement d'épaules insouciant en retour. Et bien maintenant il avait tous les éléments qu'il cherchait. Pourquoi Komui le protégeait avec un tel dévouement quand son attitude même lui aurait permis de rejoindre leurs rangs, quand ses réflexes étaient aussi bons, qu'il avait une arme dont il savait se servir,était capable de duper des gens eux même maîtres de la manipulation... Il n'était plus temps de le harceler de questions puisque de toute manière, il était clair qu'il ne pourrait jamais parler avec une telle personne sans que l'autre crût qu'il tentât de le charmer. Dommage.. Il aurait bien aimé parler avec un tel homme qui ne se laissait pas impressionner par les titres...Un homme capable de refuser cette politesse trop étriquée pour des gens qu'il abhorrait.. Enfin, ce n'était pas grave...

Avant qu'un élément ne revint en sa mémoire subitement.. Cette mélancolie dans les yeux de ce Reever, cette impression de contempler des souvenirs du passé où seul vivait la personne qu'on aimait.. Pourtant, Komui était toujours ici... A moins qu'il ne songeait à d'autre personnes mortes récemment... Pourtant il avait l'étrange sentiment au fond de lui que les choses étaient loin d'être aussi simples. Il avait d'ailleurs plus qu'un sentiment, un mauvais pressentiment...Qui le fit frissonner brusquement... Avant qu'il n'ait un léger rire et de murmure à mi-voix, pour lui même :

« Allons Alex, ce n'est qu'une impression irrationnelle... »

Car après tout en quoi celle-ci pouvait-elle être vraie ? Ce n'était pas parce que le regard d'un homme s'était parée d'une étrange mélancolie proche d'une plainte amoureuse que le pire était à craindre.. Et puis d'abord, un Komui en moins, moins de terreur... Avant qu'il ne secouât la tête agacé contre ses propres pensés. Et beaucoup moins d'humanité, c'était couru d'avance. Et ce n'était pas parce qu'il avait des problèmes avec l'intéressé qu'il devait souhaiter sa disparition, au moins pour les autres... Et puis il avait conscience que sans lui cet endroit deviendrait bien moins agréable encore et les Spirals, déjà privés de foyer verraient ce lieu encore moins comme un asile. Il savait à la perfection que seul l'humanité de Komui parait ces murs d'un endroit où ces puissants aigles qu'ils étaient aimaient se poser. Et puis, il le terrorisait, le craignait mais savait que son jugement était bon et justifié et pour cela il le respectait avec une force en lui que personne ne soupçonnait jamais les croyant ennemis quand il se contentait d'avoir peur de lui et de le fuir. Et Komui avait tellement besoin de bonheur, il ne le savait que trop bien que même lui ne pouvait que le souhaiter...

« A propos de ? Commenta subitement la voix de Reever réchauffée d'un degrés à présent et un peu revancharde à présent qu'il devait se sentir à l'abri et l'ayant dompté du moins croyait-il. Et s'il croyait qu'il allait l'envoyer voir ailleurs, comme il s'y attendait, il se trompait... Il reporta son regard sur l'homme qui le regardait hautement amusé à l'idée de voir ce trompeur manipulé et peut être enfin agacé contre lui et il lui sourit d'un air dont il ne put chasser la préoccupation le surprenant à nouveau :

« Oh cela... Rien je me disais que vous étiez un peu triste pour un amant qui est tous les jours avec celui qu'il aime...Et je me suis demandé si par malheur il lui était arrivé quoi que ce soit...

Il vit les yeux de l'homme s'écarquiller sous la surprise, marquer un mouvement de recul, la douleur venant embraser son regard un court instant pour une raison qui ne fit que renforcer en lui-même son mauvais pressentiment avant que son regard ne se chargea à nouveau de dureté et qu'il ne s'exclama, s'avançant vers lui d'un air voulu menaçant :

-Par malheur ? Vous le haïssez ! Alors pourquoi donc vous souciez vous de lui...Et ne faites pas celui qui ne savez pas Bolskrin... Vous savez parfaitement de quoi il retourne... »

Alors là...De quoi parlait-il, au juste, il n'en avait aucun idée.. tout ce qu'il savait était que cela torturait le blond de l'intérieur, le mettait sur la défensive...Et que ce n'était vraiment pas bon...Oh non, pas bon du tout pour torturer un amant de la sorte, le pousser à montrer ses griffes quand il était en retenue depuis le début...Enfin, il y avait une chose dont il pouvait le détromper.. C'était déjà cela... Cela le perturberait un peu en retour, mais au moins il saurait et il cesserait enfin de laisser ce mensonge latent que parmi tous ceux qu'il laissait croire était le seul qu'il voulait détruire.

« Je ne le déteste pas. Je l'admire au contraire. J'ai peur de lui, en effet, mais je sais qu'au delà de tout son jugement est fiable et que ce lieu sans lui ne serait rien. C'est pour cela que je l'admire et le respecte. »

A ces mots, Reever le regarda stupéfait, cherchant dans ses yeux la moindre trace de menterie. Mais il savait déjà qu'il cherchait en vain. C'était la seule chose que l'on ne voulait plus qu'il dise sur lui, qu'il en avait assez d'entendre. Et aujourd'hui il envoyait voler ce préjugé stupide. Tout le reste pouvait continuer à courir le monde, il s'en moquait. Ainsi cela protégeait Johann de lui-même, lui tellement indigne de ne serait-ce que l'effleurer. Mais plus cela. C'était la fois de trop et qu'importe le temps qu'il faudrait, il effacerait ce préjugé. Et c'en était le début aujourd'hui. Et puis subitement les yeux de l'homme en face de lui s'embrasèrent d'une étrange et sourde douleur alors que son regard se baissait, semblant fuir le sien alors qu'il balbutiait l'air perdu à mi-voix, la rage à présent totalement effacée et remplacée par une stupéfaction et une douleur incommensurable :

« Se pourrait-il qu'il.. Depuis le début...Ne sache pas...

-Que ? Que suis je sensé savoir ? » S'exclama Alexandre que ce haché de mots, cette douleur intense en son regard ne fit que renforcer son inquiétude latente que sa voix laissa percevoir involontairement. Oh non vraiment.. Mais l'homme en face de lui ne répondait plus, perdu en son propre océan de torpeur et d'horreur. Et pire que tout son silence ne fit qu'aggraver son angoisse qui le poussa à saisir ses bras en s'écriant persuadé du pire, craignant là la mort de Komui où l'avènement d'un type inhumain :

« Mais quoi ? Qu' y a t-il eu ?

Et l'homme releva subitement le regard perclus de douleur vers lui, ses lèvres commençant à articuler quelque chose en un murmure encore inaudible lorsque subitement...

Elle résonna de derrière lui. Froide, lascive, agacée. Presque...jalouse. Mais aisément reconnaissable même après sept ans.

« Décidément, tu ne changeras donc jamais Alexandre. Tu n'en as donc jamais assez, il te les faut tous ? T'es vraiment la pire ordure au monde que je connaisse. De tous, tu es bien le pire.

Non..C'était impossible. Il ne pouvait pas être ici, il ne pouvait pas.. Il était en Allemagne dans un laboratoire réputé de la Congrégation, dirigeait son équipe féminine, pas dans la Congrégation... Non il ne pouvait pas être là, c'était tout bonnement impossible...Et pourtant il vit les yeux de Reever s'écarquiller plus encore avant qu'une vive protestation ne s'éleva de sa gorge prononçant le nom que son esprit refusait d'élancer en ce monde :

-Johann ! Je t'avais dit que je m'en occupais.. Et il ne tentait pas...

-C'est cela ! Me dis pas que tu t'es laissé embobiner par ces mots... Pas toi... Et puis c'est pas à toi de le faire.. J'ai été égoïste de te laisser subir cela, tu m'en vois désolé...Et je me suis dit que je devait réagi avant qu'il ne soit trop tard, et visiblement j'ai bien fait...

-C'est pas cela, je te dis bien que ton soutien me touche.. Je crois bien que personne ne lui avait dit avant...

- A propos de ? Et t'en fais pour simuler ne pas savoir, il est d'une puissance sans nom...Et de rien c'est bien normal...

-Entre amis, hein...

-ON N EST PAS AMIS TOI ET MOI !

-Appelle cela comme tu veux, Jo, je sais la vérité...

-C'est très bien pour toi. Et moi je sais quelle est ma vérité. Et elle est différente de la tienne.

-Si tu le dis...

-Et m'appelle pas Jo, ça pourrait prêter à confusion...

-Y a peu de chances...

-J'aime pas ce sous entendu.. Ça fait bizarre dans ta bouche...ET T AS DIT QUOI LA ?

-Attends cela faisait quoi l'air que tu fredonnais la dernière fois...

-Je t'ai posé une question tu sais...

-Une question à laquelle je n'estime pas nécessaire de répondre...Jo.

-TU M AGACES !

-Sentiment non réciproque.

-TETE A CLAQUES !

-En bon petit ami de Komui.

-..Un point pour toi.

-Merci de me le donner. »

Au delà de cette complicité évidente entre les deux à laquelle la voix qu lui rappelait celle de son homme niait le caractère d'amitié pourtant hautement présent, il n'entendait que ce son, ce son délicat qui hantait sa mémoire si souvent, ne voyait que les cheveux blonds de l'homme qui lui parlait. Qui lui rappelait... « J'ai bien l'impression que ton Johann se fait un nouvel ami. En la personne d'un scientifique qui te ressemble assez. N'est t'il donc pas capable d'avancer ? » « Mais tu pourrai le voir Tu en crèves d'envie depuis sept ans et je t'en donne l'occasion enfin... » «Ah oui c'est vrai que tu ne sais pas... Amusant que tu veuille faire une alliance avec ton bourreau de terreur. Pour le peu que Komui va t'être utile là où il est...» . Les mots d'un homme qui riait d'une chose qu'il ignorait, prenait plaisir à lui donner des nouvelles de l'homme qu'il aimait comme si.. Il était proche de lui... Et qui lui disait qu'il s'était rapproché d'un scientifique qui pourrait bien être ce blondinet, qu'il était arrivé quelque chose à Komui... Mais pour quelle raison, et surtout en quelle occasion Johann était il venu ici.. A moins que.. NON.. C'était impossible.. cela le détruirait, Luberrier n'avait pas pu faire cela...

Mais il devait savoir, devait affronter la vérité.

Il lâcha doucement les bras de Reever, et pivota lentement le cœur empli d'appréhension, savant d'instinct qu'à l'instant où son regard se déposerait sur cette voix qu'il espérait avoir rêvé , son destin basculerait à nouveau, l'horreur serait à son comble et la culpabilité aussi. Et face à lui, il parut plus beau que jamais, son teint pale et doux comme celui d'un homme resté trop longtemps en intérieur, ses yeux bordeaux luisant de leur agacement, d'une légère peur qui pourrait se transformer en terreur derrière les bravades s'il approchait trop de lui rageur et d'une étrange froideur qui au delà de son attitude hostile qu'il était tout à fait en droit d'avoir l'effraya. Comme s'il rejetait tout ce qui avait fait une grande part de sa beauté, ses sentiments purs et doux. Et en contemplant ses yeux il réalisa avec horreur les conséquences plus graves que tout qu'il avait eu sur lui, dans sa manière de se tenir non assurée et de craindre le monde entier comme le confirmait son regard un peu aux abois et son refus d'amitié. Pour la première fois de sa vie, il réalisa les conséquences sur Johann qu'il avait eu à n'en pas douter couplées au reste. Peut être aussi pour cela qu'il l'avait fui tout ce temps.. Pas que pour le protéger. Pour fuir l'horreur qu'il savait au fond qu'il découvrirait peupler son regard à cause de lui. Mais ce qui acheva de le blesser, l'horrifier était la chose qu'il ne faisait que suspecter, craindre avec angoisse.

Cette veste, sur lui. La veste d'Intendant. Comme s'il avait pris la place de Komui. Mais...Cela allait le détruire, il le savait en cet état et s'il persistait à repousser ses sentiments de la sorte...Comment avait-il pu.. Comment Komui avait-il pu... Non, jamais il n'aurait laissé son poste de lui-même, pas avec Lenalee, pas avec la force avec laquelle il s'était battu pour l'avoir, pas en laissant son poste à Johann qu'il savait certainement blessé dans un tel état..Avant que la réponse ne s'imposa à son esprit. Luberrier...Luberrier qui avait passé son temps à le narguer avec des évocations de Johann, des tentations coupables , qui avait mis Johann à la tête de la Congrégation et qui était probablement à la tête de ce complot contre Komui...Son horreur muta en rage silencieuse, lui fit crisper les poings silencieusement avant qu'il ne s'exclama d'une voix froide et polie, interrompant leur joyeuse dispute, s'attirant leurs regard interloqués auquel il ne prêta aucune attention :

« Vous m'excuserez, j'ai quelqu'un à qui je dois faire sentir mon ressentiment...Mais continuez où vous en étiez, ne vous gênez pas pour moi... »

Avant de tourner les talons, résolu à trouver Luberrier, dusse t-il fouiller la Congrégation pierre après pierre, étage après étage. Mais il allait voir et entendre du paysage pour avoir osé faire de telles choses. Payer pour ses horreurs, non seulement envers Johann mais aussi envers Komui et la douleur qu'il avait vu dans les yeux de ce Reever. Et payer aussi pour sa propre douleur d'avoir vu en quel état il avait réduit Johann. Il était un substitut aussi au fait qu'il ne pouvait se le faire payer à lui-même autrement que ce qu'il ne faisait déjà en s'interdisant de le voir et auquel un fou venait de contrevenir dangereusement. Déjà il sentait son cœur battre à la chamade, ses joues le brûler un peu comme à chaque fois qu'il le voyait, des sensations qui jusqu'alors n'étaient que de brumeux souvenirs d'auparavant et qu'il retrouvait aussi familière qu'au premier jour, qui continuait à l'embraser avec la même intensité à la différence qu'à présent il ne pouvait plus en parler, y trouver u moyen de s'apaiser dans les bras de Johann... Et Luberrier avait été réveiller cette sensation qui en tout autre circonstance aurait été bénie mais en celle-ci.

« Le pourri.. Grommela t-il à voix haute. Où il peut être ce maudit ? »

Ça ne rimait à rien, il le savait très bien au fond de lui mais il avait besoin de lui hurler toute les insanités qu'il gardait en son âme depuis des années et dont la terrible nouvelle était la goutte d'eau qui fait inonder ses lèvres de ses mots fleuris.

Enfin ce n'était pas en courant dans un couloir qu'il le trouverait. Il devait mettre un peu de côté sa rage, et réfléchir en fonction de ce qu'il savait du pourri, être attentif à la moindre odeur de gâteau, au moindre indice alentour. Il ralentit, se força à inspirer profondément pour apaiser les tremblements de son corps sous cette rage silencieuse et quand il se sentit un peu plus clame, il tenta de se représenter ce qu'il savait de Luberrier. Son goût pour le rez de chaussée et la cuisine à moins qu'il ne se s'en soit crée une non loin... Il lui suffirait peut être de trouver la cuisine et il serait fixé. Il suffisait de capter les odeurs qui à cette heure ci devraient déjà commencé à affleurer. Il suffisait de se concentrer. Une chose extrêmement facile pour un Spiral. Car si les gens au courant de leurs existence savaient pour leur vue suraiguë, peu savaient que leurs sens n'étaient pas laissés en reste. Un avantage qu'il allait mettre à profit. Il ferma les yeux pour ne pas être distrait par un détail visuel et inspira profondément à la recherche d'une quelconque odeur de nourriture. D'abord il ne perçut rien avant de percevoir une légère odeur à distance, un mince ruban à l'odeur vaguement familière de croissant. Il eut un sourire. C'était si simple, au fond. Et il allait pour s'élancer lorsque il sentit que l'on saisissait son bras en vol alors que sa voix en colère retentissait dans l'air :

« On peut savoir ce que tu fiches encore Alexandre ? Toujours à faire n'importe quoi...Tu sais rien faire d'utile... »

A cette voix chérie, son cœur en rata un battement et rien qu'à l'idée de savoir que c'était sa main, sa main qu'il avait souvent embrassé qui retenait son bras, il ne put retenir un tressaillement, un afflux de sensations diffuses et aux frissons autrefois délicieux mais aujourd'hui comme des épines dans sa chair plus redoutables encore et que ses sens amplifiaient encore, ultime malédiction du Spiral qu'il était. Mais il n'avait pas à le montrer. Ce n'était pas juste pour Johann. Non, pas le moins du monde. Et ce qu'il allait faire, il ne tenait pas à ce que Johann en soit témoin. Non pas le moins du monde. Il se dégagea gentiment mais fermement de son étreinte malgré son cœur qui aurait voulu garder sa main sur son bras. Il ne se tourna pas vers lui. Il savait trop bien que son cœur manquerait d'autre battements, aurait de nouveau envie de le prendre dans ses bras, le toucher, l'embrasser.. Et qu'il aurait peut être bien toutes les peines du monde à s'en empêcher. Non le mieux était de le fuir puisque son cœur le brûlait de la sorte avec ces envies qui semblaient refuser l'idée même d'avoir blessé Johann et de devoir s'en tenir éloigné.

« Rien qui ne t'intéresses...

-Cela m'intéresses à partir du moment où tu le fais ici. Et est que ce tu fuirais mon regard, Alexandre ? Serais-tu aussi faible ?

Sa voix était semblable à du verre pillé qui n'avait pour but que de écorcher son âme en une bravade qu'autrefois il n'aurait pu supporter, à laquelle il n'aurait pu qu'opposer un regard furieux. Mais aujourd'hui.. A quoi donc servait-il de le nier ? Il n'en avait pas la force, pas la moindre envie. Il soupira et s'exclama :

-En effet, Johann. Je suis aussi faible que tu le dis. Car plus que tout je me rends compte à quel point j'ai sous estimé pendant sept ans les blessures que je t'ai infligé et que je ne peux guère regarder en face sans souffrance et horreur devant mon comportement passé et avoir sous estimé la chose.. Et tu n'as pas besoin de cela, ni besoin que mon regard te rappelle des souvenirs comme moi le tien suffit à me le rappeler.. »

Et il n'avait pas besoin d'en savoir plus sur ce qu'il ressentait au juste en son âme. Pas besoin de savoir l'effet que produisait sa voix sur son âme, pas besoin de connaître l'agitation de son cœur en le sachant si proche au point d'en mourir, pas besoin de connaître ses pensées parasites. Cela ne servirait à rien, rien qu'à l'horrifier plus encore. Il soupira à nouveau et fit quelques pas. Pour qu'on attrapât violemment son bras, le força à se retourner pour rencontrer les yeux ardents de Johann, peuplés de stupéfaction en le voyant agir différemment de ce qu'il pensait, de terreur craignant une nouvelle ruse de sa part et d'une colère sans nom alors qu'en ricanant il s'exclama comme pour braver sa peur de voir recommencer ce néant terrible auquel il l'avait condamné:

« Et tu crois sincèrement que je vais te croire, Alexandre ? C'est tout ce que tu as trouvé pour me faire retomber dans un piège et me tromper à nouveau ? Et bien laisse moi te dire que je ne suis pas dupe, oui monsieur le séducteur... »

C''était normal, c'était légitime qu'il crut cela. Cela n'avait là rien d'étonnant. Pas au vu de la manière dont il avait toujours agi avec lui. Il n'y pouvait rien et savait bien que cela toujours serait ainsi. Mais cela lui faisait mal quand son cœur hurlait d'une vérité qu'il savait l'emplir tout entier. Et à laquelle il ne pouvait fermer son esprit. Mais n'en rien montrer était dans son intérêt. S'il l'aimait, s'il l'aimait vraiment, il devait lui laisser croire que ses mots ne le touchaient pas. Et puisque dans sa lâcheté, il se refusait à reprendre son masque. Être qui devait se faire détester et qui ne le pouvait point du tout. Mais qui comme pour Reever pouvait le laisser croire ce qui l'arrangeait...Tout pour que lui laisser une chance d'être heureux sans lui. Il n'avait pas besoin de lui et il ne devait pas l'attacher à lui, plus le faire souffrir quitter sa vie, le fuir le plus possible. S'il y arrivait et si personne ne tentait de réveiller ses sentiments endormis, s'il faisait en sorte de ne pas se mettre en moyen de les éveiller de son côté. Et contempler trop longtemps ses yeux bordeaux tant embrassés dans le passé, tant chéris dans le temps et auquel il est lié du plus profond de son âme représente en lui-même ce danger. Tout comme l'autre. L'ombre qu'il sentait subitement se terrer dans un coin et que pris dans la discussion avec Johann il n'avait pas senti approcher. Mais il sentait son regard se déposer sur eux deux les guetter comme avide, son regard chargé de la cruauté sans qu'il ne l'eut encore vu, ce regard qu'ont les prédateurs observant les proies dont il vont se repaître et qui guettent l'instant où ils vont fondre sur celle-ci et la dévorer avidement. Ce regard et son ombre dissimulée derrière des replis de pierre, il ne le connaissait que trop bien pour l'avoir vu des centaines de fois. Sur des Broker. Instantanément son beau visage se plissa et se tourna vers l'endroit d'où il le soupçonnait se dissimuler, ce repli de mur sur leur droite si trompeur et pouvant dissimuler aisément un homme intimant d'un geste le silence à Johann, comme à l'époque où il était son disciple et qu'il lui apprenait tout ce qu'il savait dont faisait la description. Il avait besoin d'entendre cette respiration qui le révélerait là, lui montrerait qu'il n'était pas devenu paranoïaque à se sentir menacer quand il n'y avait rien.

« Mais oui, c'est ça, tu crois que je vais t'obéir, espèce de taré paranoïaque en plus de tout ? T'as trop bossé on dirait...Je vais te dire une bonne chose.. Je ne suis PLUS ton disciple ni même ta chose... »

Il la sentit, l'entendit un bref instant, le léger son que faisait l'air en s'enfuyant de quelqu'un obligé d'inspirer pour éviter de mourir et qui n'osait fuir de peur d'attirer plus encore son attention. Il sourit doucement d'un air extatique d'un prédateur en ayant acculé un autre et le savant la perfection, emplie d'une secrète joie à l'idée de l'avoir entendu, de se savoir non fou et en prévision de ce qui va se passer ensuite, de cette envie qu'il va lui faire passer, en détruisant son air de pré de s'exclamer à voix haute:

« Avez-vous conscience Monsieur qu'il est hautement impoli d'écouter les conversations des autres ? Et à vous terrer ainsi on pourrait croire que vous méditez un mauvais coup... ^^ Et ce n'est pas dans votre intérêt que je le crois... Non vraiment... »

Il sourit plus encore. Il avait l'art et la manière d'exprimer menaces tout en souriant, allusions qu'il savait que son acte n'était pas anodin malgré les propos apparemment désinvoltes sans se départir un instant de son ton jovial, sans laisser transparaître le moindre sentiment d'agacement à l'idée d'avoir été épié, sa conversation entendue bien que guère compromettante, et sans laisser transparaître le malaise que lui laissait l'impression que l'homme créait un complot contre l'un des deux et qu'il observait sa future victime avec l'air narquois de l'homme qui va abattre une biche. Et qu'il voulait pousser à montrer son regard pour savoir si cette impression était vraie tout en connaissant l'ego des montres qui la plupart du temps ne pouvait empêcher leur orgueil de contempler un dernier instant ceux qu'ils allaient faire plonger dans des abysses sans fond et qui l'amènerait à ne pas douter à sortir de sa planque. A moins qu'il ne s'agissât d'un ami de Johann qui vérifiait qu'il ne lui ferait aucun mal comme ce Reever veillant sur Johann... Mais il avait le pressentiment qu'il ne s'agissait pas de cela, non il ne connaissait que trop ce frisson à la sensation d'un danger à venir qui souvent enlaçait sa chair pour l'ignorer. Mais c'était un fait qu'il voulait croire, croire Johan à l'abri de tous. Car de son propre sort, il s'importait peu. Mais de celui de Johann ou de Komui ni de Rebecca ou Tika, non. Et personne, non personne n'avait le droit de leur faire de mal. Pas même lui. Et il allait lui en faire passer l'envie, vraiment.

« Mais bon sang cela s'arrange pas, ta parano...Faut te faire soigner, ma parole, parce que là t'es plus bon à rien râla Johann sur sa gauche auquel il ne prêta aucune attention, son attention entièrement tournée vers le mur face à lui. Duquel résonna un petit rire qui glaça son sang alors qu'une voix narquoise s'élevait de derrière le mur :

-En effet, il serait stupide de ne pas me rendre à de tels arguments et je serais bien mal avisé d'agir en dépit de ceux-ci et puisque Monseigneur vous tenez à voir mon visage, je vais accéder à votre requête, étant pourvu des meilleurs intentions du monde. »

« Mais oui c'est cela, prends moi pour un abruti avec ton air mielleux. J'entends bien comment tu te moques de moi, comme tu exultes sûr de ton triomphe espèce de punaise à la noix et combien tu n'es PAS pourvu des meilleurs intentions du monde. Tu ne peux pas mentir à un homme ancien maître de la manipulation et monstre de son état. » s'exclama t-il intérieurement écœuré par le ton de cet homme et plus que méfiant, le mauvais pressentiment déployant plus encore ses ailes en ce monde alors que son esprit commençait à envisager que son pire ennemi l'homme dont il devait le plus se méfier, c'était lui, qu'il devait être sa priorité, qu'il devait découvrir ce qu'il comptait faire avant qu'il ne soit trop tard.

A côté de lui, inconscient de tout cela, le beau visage de Johann blanchit doucement, prit un air incrédule et surpris avant que la voix ne laissa échapper le nom de l'homme qui sortait à présent de la pénombre où il se tenait, laissant le soleil éclairer ses cheveux blonds dont deux mèche plus longues encadraient son visage, un air décoiffé d'oiseau, des lunettes un peu trop strictes qui encadraient des yeux d'un bleu terne, une blouse pourvue des même emblèmes que ceux de celle de Reever le révélant de la même scientifique et surtout un sourire qui ne fit qu'en un instant confirmer cet air mauvais qu'il avait qu'un pli narquois à ses lèvres trahissait comme le regard voulu condescendant d'un homme qui prend pitié de celui qu'il va faire tomber :

« Regory Peck... »

Ainsi cette punaise avait pour nom ceci.. Et bien qu'il reçut toute sa haine et tout sa compréhension de son cœur mauvais quelqu'un mit dans son regard. Celui d'un prédateur en observant un autre dans tout son mépris, qu'il eut au moins ne serait-ce qu'un frémissement face à ce masque dont il n'était pas dupe. Mais il n'eut aucun frémissement, son sourire grandit d'un degrés simplement. Comme si il était au courant de quelque chose qu'il n'aurait pas du savoir. Comme.. cela... L'un des secrets les mieux gardés d'ici... Mais il ne pouvait pas savoir.. pas cela. Il avait toujours eu soin d'effacer toute trace d'elle dans sa vie et elle de son côté aussi avait fait cela...Alors non, cette impression anxieuse qui le prenait à présent ne pouvait en aucun cas être justifiée... En tous les cas, il ne pouvait plus le laisser à présent . Non, Luberrier attendrait. Il avait d'autres priorités. Bien plus graves.

« On peut savoir ce que vous faites ici, Mr Peck à abandonner lâchement vos collègues qui n'attendent que vos conseils avisés dont vous leur faites bien défaut ces derniers temps pour se terrer dans des recoins de mur pour on ne sait quelle raison ? J'attends votre rapport sur les dernières expériences de votre part de la Scientifique depuis trois jours. Je vais finir par croire que vous êtes un incompétent, là où le Commandant Wenhamm me les remis trois heures après qu'elles soient finies... Je commence même à me demander si je ne devrais pas promouvoir à votre rang un de ses hommes. Vous ne voudriez pas voir arriver cela, n'est ce pas ? Quel déshonneur pour vous, vous si soucieux des titres... »

La voix de Johann pleine de reproches, de menaces couvertes derrière une voix neutre qui ne trahissait aucune nervosité à l'idée d'avoir été entendu avec une tendance à le pousser dans ses travers pour s'en faire obéir, montrant l'étendue de son art de manipulation tout en tentant de le culpabiliser. Il ne pouvait voir que son héritage derrière ses mots, cet art de la manipulation qu'il lui avait appris bien malgré lui. Et en même temps que cela serrait son cœur, être fier de son Johann capable de se défendre seul à présent face à de telles ordures, même s'il doutait très sincèrement de l'efficacité de ses mots.

Et la suite lui donna raison. Mis à part un bref éclat de haine qui vint illuminer son regard, il n'y eut rien qui ne le touchât. Au contraire, son sourire vira à l'extatique avant qu'il n'esquissa une révérence prétendument respectueuse en s'exclamant :

« Je ne peux que me rendre à vos arguments, Monsieur Greimbaum... Et je m'en vais de ce pas terminer ce rapport en implorant votre clémence... »

Il insistait un peu trop sur ce nom pour que ce soit naturel.. Il savait assurément quelque chose sur lui et allait s'en servir. Mais quoi au juste... Là était la question... Et il allait résoudre ce mystère, l'empêcher de lui nuire, lui à qui il en voulait clairement sans aucun équivoque possible. Et il suivit du regard l'homme s'éloignant, prêt à s'élancer discrètement à sa trace en filature avant de s'exclamer doucement en avertissement usant de cette langue qu'ils ne connaissaient que tous deux, son allemand chéri:

« Fais gaffe Johann.. Il médite un mauvais coup, celui-là...

-Si tu crois que je le sais pas.. Cela fait au moins une semaine qu'il cherche quelque chose contre moi...Mais il ne trouvera rien... »s'exclama la voix de Johann derrière lui. Là où il ne s'attendait à aucune réponse de sa part, pensait qu'il n'aurait le droit qu'à un certain mépris. Surpris et horrifié de sa réponse, il pivota vers Johann, pour le trouver lui tournant le dos, se tenant le bras de l'autre. Il n'eut même pas besoin de contempler son visage pour savoir qu'il était retourné à l'époque de son passé, qu'il souffrait à nouveau ses tout premiers tourments. Qu'il ne voulait plus l'en voir souffrir. Mais avant qu'il n'est pu lui dire quoique ce soit, il pivota vers lui, un regard plein de douleur qui avant l'aurait poussé à le prendre dans ses bras et à le serrer contre lui de toute ses forces pour chasser ses ténèbres pense qui d'ailleurs traversa son esprit en même temps que sa douleur l'ébranlait intérieurement. Et il s'exclama avec un peu d'hésitation en sa voix à l'idée de poser cette question :

« Est ce que tu crois qu'il sait ?

-Personne ne peut le savoir. Tu y as veillé personnellement. S'exclama Alexandre d'une voix voulue apaisante à défaut de pouvoir le prendre en ses bras malgré son envie destructrice de le faire, son cœur qui murmurait le nom de l'homme qu'il aimait et qui lui faisait face. Et dont le regard se chargea de ténèbres et de reproches avant qu'il ne s'exclama :

-A moins que tu ne m'ait trahi une fois de plus...

-Je ne referais pas cette erreur et je n'ai rien fait » s'exclama Alexandre d'un ton ferme, refusant ce reproche en sa voix, ce reproche qui le blessait tant il était différent de ce qu'il voulait à présent, différent de ce qu'il ferait, même à l'époque où il était encore un monstre tant c'était bas et mesquin de s'en prendre à ce qui le faisait souffrir. Et à présent, il attendait ces mots narquois qui nierait cette vérité qu'il lui donnait et qu'il allait lui donner et qu'il fuirait assurément. Aussi fut-il le premier surpris quand Johann esquissa un sourire peu assuré, passant une main dans ses cheveux avant de s'exclamer :

« Oui, c'est vrai que ce n'est pas ton style.. Pas sur cela du moins... C'était la seule chose que tu respectais... Excuse moi, Alexandre...Il faut croire que ce lieu me rend légèrement paranoïaque...Comme tout lieu que je ne connais pas assez bien en somme... »

Avant de lui tendre la main qui repoussait ses cheveux de son visage en lui souriant gentiment de cet air pur qu'il lui avait vu tant de fois auparavant et qui lui était adressé en cet instant, comme si de rien n'était, comme si rien n'avait changé. Et qui ébranla son cœur, ne put que lui faire tendre la main pour saisir celle de Johann, le cœur lui battant la chamade alors que sa main effleurait à peine sa chaleur, sa voix balbutiant quelques mots qui à ses yeux n'ont aucun sens, ne comprenant pas ce revirement en son âme subit :

« Je..Je sais.. Trop bien .. Pour tout...

Et Johann de lui sourire le plus chaleureusement du monde en retour parfaitement inconscient de ses tourments intérieurs avant de s'exclamer :

- Je sais, je sais très bien que tu ne peux que comprendre...C'est pour cela que.. »

Avant de s'interrompre, détruire subitement son sourire, s'arracher violemment de sa main, lui encore haletant, guettant ses mots qu'il ne lui avait pas prononcé, détruisant cette chaleur qui se répandait en lui alors qu'il avait l'impression de retrouver un peu de ces sentiments qui les avaient liés l'un à l'autre et de s'exclamer son regard empli de haine et de reproche qui stupéfiât son cœur sur le coup le laissant hébété avant de s'exclamer :

« Tu n'as rien perdu de tes talents de manipulateur, mon cher je vois... Tu me dégoûtes.. Pourris en enfer, où tu veux, MAIS LOIN DE MOI !

Avant de tourner les talons, outré, le laissant stupéfait le regarder s'éloigner. Que voulait-dire tout ceci ? Pourquoi était-il passé de cette apparente gentillesse à ce Johann en droit de lui faire des reproches ? De ce Johann si pur qu'il était à ce à quoi il l'avait réduit ? Et que voulait-il dire ? Pourquoi l'accusait -il de l'avoir manipulé et que cela ne résonna que comme un prétexte pour lui-même, et quelle était cette terreur qu'il avait vu son regard embraser un court instant en plus de cette haine et ces reproches que ses yeux hurlaient ? Il n'y comprenait rien mais clairement là il y avait anguille sous roche.. Qu'il ne devait pas chercher à en savoir plus, au risque de retomber en ses bras, ce dont il n'avait pas besoin assurément...Et ce qui aurait pu se produire s'il n'était pas parti, s'il avait gardé ne serait-ce qu'un instant de plus sa main en la sienne. Mais il ne devait plus y penser, plus pour le moment du moins. A présent, il ne devait s'occuper que de l'autre imbécile, le retrouver à présent qu'il avait perdu sa trace de manière stupide...Il avait du moins une idée de la première direction et il s'élança vers celle ci au moment même où revenait Johann furibond en s 'exclamant :

« QU EST CE QUE TU FICHES ENCORE ABRU.. »

Avant de s'interrompre pour tombe face au silence et l'absence d'un Alexandre déjà au loin.

Il eut un soupir. Ce qui se passait ne lui disait rien de bon, non vraiment. Et il savait au moins une chose, une chose qu'il connaissait depuis toujours.

Alexandre allait le rendre fou. Et il en était déjà fatigué, en plus d'en être terrifié, son esprit agité...Et le cœur lui battant pour il ne savait quelle raison. Avant de secouer la tête. Non ce n'était qu'une impression et que cet imbécile se perde seul. Il n'était absolument pas venu pour le guider, ni pour vérifier son intuition irrationnelle qu'il courrait les couloirs pour lui ou qu'il avait changé là où il était toujours le même type. Non monsieur. Il était venu pour sauver les autres de cet infâme type. Oui voilà. La conscience apaisée, il quitta le couloir non sans murmurer, se dirigeant vers son bureau :

« Idiot. »

Pour il ne savait quelle raison.

OoO

Cela fait longtemps qu'il n'est pas revenu ici. Qu'il n'a pas fait face à ses touches immaculées qui pour lui n'ont aucun sens. Mais qui aux yeux de sa mère prenait tout son sens. Il se souvient encore de la mélodie qu'elle tissait sur celle-ci lors des soirées d'hiver et leurs réceptions. C'était les moments qu'il préférait. La voir seule à son piano, seule et pourtant accompagné d'un fidèle compagnon qui tissait l'écrin qui paraît sa voix. Il se souvient encore de la lumière de la lune l'enlaçant tendrement, invitée seule et qui la changeait en une fée de Chine. Il se souvient encore de la transe dans laquelle elle suspendait tout le monde, quand elle jouait en ses soirées en brillante compagnie et que l'on la suppliait à corps et cris de faire pleurer les étoiles d'extase, de réveiller l'esprit endormi de son doux piano pour charmer jusqu'à l'onde pure au loin, les emmenant en un autre monde où elle était reine et eux ses sujets. Il se souvient de ses si nombreuses fois où ces mains l'avaient brûlé à force d'applaudir, de l'étirement de ses lèvres en un sourire d'extase qu'il partageait avec les étoiles et les convives alentour. De toute ses fois où il avait été fier d'être l'enfant de la fille de la lune dont la voix charmait les esprits. Et qui certainement chantait tout là haut. Il eut un sourire douloureux. Elle lui manquait tant... Et rien ne pourrait jamais la ramener. Non jamais.. Une larme s'insinue de ses yeux et s'élance à l'assaut de ses joues. Pourquoi pleurer pourtant ? Cela fait déjà tant de temps...Et pourquoi cela fait-il aussi mal ? Il l'ignore. Peut être est ce parce qu'il est seul, à présent et que jusqu'alors il ne s'était jamais permis de pleurer seul, de toujours rester fort pour sa petite sœur.. Que l'on lui avait arraché. Et qu'il retrouverait, coûte que coûte. Il le lui promettait et veillerait sur elle comme sa mère aurait veillé sur elle et avait veillé sur lui. Il relève le regard déterminé à présent, le poing crispé, repoussant la douleur au fond de lui comme il le fait toujours.

« Oh, un piano ici ? Je ne savais pas que tu jouais toi aussi, Komui... »

Il sursaute à cette douce voix qu'il commence à connaître. Cette douce voix parée de son innocence. La voix de ce jeune homme tout juste arrivé il y a une semaine avec son maître ici et dont le jeune âge l'avait incité à lui dire de le tutoyer d'emblée et dont la douceur et la pureté le touchait et l'attendrissait. Et il sourit doucement. Il a une raison de plus de repousser sa douleur, lui qui inspire et croque le bonheur à vue d'œil. Et il n'a pas le droit de le ternir, pas quand il n'en pas même eu la couleur en sa vie comme le clame le bordeaux de ses yeux qui s'émerveillent de la moindre chose alentour avec un joie enfantine, pas quand il n'a que peu d'importance en le monde,que demain déjà ils seront séparés probablement, que le jeune homme ne perdra pas son temps à vouloir se lier avec lui, à raison d'ailleurs, lui bien trop fou pour et bien trop renfermé sur lui-même se souciant des autres uniquement depuis sa mort au point d'en paraître froid dans son malheur, ne rien éprouver en lui-même mis à part pour les autres, du moins d'apparence.. Il relève un regard souriant vers Johann là depuis il ne sait quand qui derrière lui contemple le piano avec un air de fascination et de dévotion mêlé au point qu'il s'exclame comblé et fasciné à son tour en songeant qu'il va faire plaisir à un jeune homme que la vie éprouve en même temps que la vie lui fournit un moyen de ne plus souffrir de repousser cette douceur qui le lacère de l'intérieur en même temps qu'elle lui permet de voir l'un des talents de Johann, il en est presque sûr tant il semblait bon en tant de domaines :

« Il est à toi, si tu veux jouer... »

Et le visage de Johann se fend d'un immense sourire qui le touche intérieurement alors que d'un bond il se trouve à côté de lui tournant un visage radieux vers lui avec l'air de n'avoir absolument pas remarqué la douleur en son cœur. Tant mieux. Il ne veut pas qu'il souffre par sa faute pour des choses déjà passées dont il n'a pas le temps de faire le deuil. Et qu'il garde encore longtemps son cœur vierge de tout deuil...

« Merci beaucoup Komui... ! »

Il sourit. Il ne voit absolument pas pourquoi il le remercie, mais ce n'est pas grave... Il est un peu trop poli, il l'a déjà remarqué à plusieurs reprises... Mais c'est normal, ils sont deux étrangers l'un à l'autre et puis bientôt il réalisera qu'il sera son inférieur et tout cessera. Tout sera dans l'ordre et puis c'est tout. Tant pis, de toute manière, personne n'a jamais eu l'envie de savoir ce qui se dissimulait derrière son masque depuis sa mort, le croyant fort et les rares qui avaient essayé l'avait abandonné, se sentant délaissés du fait qu'il s'occupât de sa sœur en priorité, eux cherchant des relations normales où les parents s'occupaient des enfants et non les grand frères.. Et puis, ils ne comprendraient pas, eux trop heureux. Même si sa joie de vivre le touche toujours, ne peut le laisser indifférent tout comme sa pureté, un peu d'oxygène dans le monde étouffant dans lequel il vit, il n'a pas le droit de lui demander d'être proche d'autant qu'il ne comprendrait certainement pas ce qui se cachait sous la surface. Avant qu'il voit le jeune homme poser son regard sur les touches comme indécis, hé s'il avait peur de sa réaction. Ce qui est ridicule. Il s'exclame en retour avec un sourire voulu rassurant :

« Tu peux tout jouer, tu sais...

-Ce n'est pas cela...Je me concentre.. Je veux créer quelque chose qui soit unique en son genre, tu comprends ?

-Non rit Komui surpris à l'emphase de sa voix qui s'élance à présent en l'air d'un ton enfiévré d'un amant, mais je te fais confiance ce sera certainement grandiose. Comme tout ce que tu fais.

Car il l'a bien vu. En une semaine, chacune des choses qu'il a été faire a été un succès intense. Il sait qu'il est doué. Et oui, il ne le connaît que depuis peu mais il lui fait d'ores et déjà confiance.

Touché, le jeune homme releva le regard de ses touches et lui sourit d'un air un peu perturbé en s'exclamant :

-Tu..Tu trouves ?

-Assurément » Renchérit sans aucune hésitation Komui. Ce qui fait sourire le jeune homme plus encore avant qu'il ne tende vers lui un petit doigt dont sans aucune hésitation il s'empare une demie seconde avant de le laisser libre de s'évanouir doucement en l'air. C'est là un geste enfantin mais il ne relève pas. Le geste est trop sincère pour et il en a tant manqué de sincérité et de douceur en ce monde. C'est presque une promesse d'enfant se liant d'amitié. Mais cela ne se peut...Non assurément...

Et doucement aériennes, ses mains reviennent hanter le clavier en face de lui pour se déposer avec douceur sur celui-ci, comme un amant effleure avec tendresse celle qu'il aime et dont il n'est pas encore sûr de ses sentiments. Et qui accepte son offrande en lançant en l'air deux trois notes cristallines qui serre le cœur de Komui en se rappelant du temps jadis où il résonnait ici si souvent et qui sous l'égide de Johann réveille les souvenirs enfouis et la douleur. Il ferme les yeux pour contenir la douleur qui veut s'évaporer de son âme et dont il n'a pas besoin. Et autour de lui le piano prend un ton mélancolique, comme nostalgique d'un lointain passé comme en écho de son cœur blessé. Comme si le piano chantait sa douleur plutôt que la vie de l'homme qui l'effleure à présent de manière assurée comme celui d'un amant qui n'a plus peur et qui trouve le bonheur dans le moindre contact avec la personne qu'il c'est impossible il n'a rien laissé transparaître de sa douleur. Surpris, il rouvre le yeux et les tourne vers lui et c'est précisément ce moment que choisit Johann pour tourner son regard vers lui en lui souriant avec douceur, ses yeux emplis d'une pleine sensation de compassion, de compréhension entremêlée de sa propre douleur pour il ne sait quelle raison. Et puis doucement d'abord incertaine puis de plus en plus fort comme le cri silencieux de son cœur sa voix s'élève doucement,emplit l'espace comme elle emplit son cœur, s'entrelace aux souvenirs qu'il avait d'elle, le fait fils de lune à son tour alors que la lumière de la lune l'enlace sans que ses yeux ne quittent les siens, comme si il voulait lui dire quelque chose qu'il ignorait encore :

« Say my name so I will know you're back you're here again for a while. Oh let us share
the memories that only we can share together. Tell me about the days before I was born, how we were as children. You touch my hand, these colors come alive. In your heart and in your mind,
I cross the borders of time, leaving today behind to be with you again »

A ses mots ses yeux laissent échapper ses larmes qui les hantait depuis toujours. Ce sont ses mots qu'il jette au monde,comme s'il lisait en lui. Lui montrant qu'il a percé sa propre douleur et l'incitant à la jeter en ce monde. Ce qu'il voudrait tant et qui ne peut plus arriver. Revoir son sourire, la revoir à ce piano où il s'est substitué à sa place mais qui comme elle le voudrait, voudrait chasser la profondeur de sa douleur et est à ses côtés. Comme si de là haut, sa mère veillait sur lui et lui envoyait ce doux ange qui lui ouvre à présent les bras délaissant ce piano chéri en murmurant doucement :

« Tant que je serais là, tu n'auras pas à souffrir en silence Komui. Je te le promets et si tu ne m'en parles pas je saurai voir les larmes invisibles que tu dissimules. Je serai toujours là pour toi, je te le jure. Soyons ami, s'il te plaît.»

Comment ? Pourquoi ? Il l'ignore en vérité. Une part de lui inquiète verrait en ce fait une tentative pour faire de lui un objet qu'il puisse user à sa guise. Mais il ne l'écoute guère. Ces yeux sont bien trop sincères et pur comme l'azur pour. Il ne peut qu'écouter ces mots touchants et d'une sincérité et d'une pureté sans nom. Et à ceux-ci il ne peut que se jeter en ses bras, acceptant enfin de laisser sa douleur s'envoler de son âme, de laisser le temps se suspendre un peu et d'en faire Johann le spectateur silencieux qui lui promettait cette amitié qu'il n'avait jamais eu avec personne, qu'il n'avait jamais laissé personne obtenir depuis sa mort et dont personne n'avait jamais eu l'envie ni compris aussi bien que lui sa peine sans le lui dire de manière trop visuelle mais tout en finesse, comme lui l'est. En se promettant d'être toujours là pour lui à son tour.

Komui esquissa un sourire à ses souvenirs qui remontaient en sa mémoire en ce même lieu vide à présent et bien moins vidé de sens qu'auparavant. Que de temps avait passé depuis, que de serments avaient été rompus...Que le bonheur était mort, ne lui laissant à lui qu'un espoir d'entrevoir un sourire à ses lèvres, un sourire qu'en tous les cas il ne pourrait jamais voir que de loin. Son sourire muta en un soupir douloureux. A cause de Bolskrin, il en avait perdu son meilleur ami, l'une des rares personnes qu'il avait eu depuis sa mort. Il lui avait tout pris en le blessant. Son cœur, sa joie, sa gentillesse et n'avait laissé qu'une coquille vide ou faisant semblant de l'être. Et lui devait assister petit à petit à distance à le voir s'effondrer à petit feux sans rien pouvoir faire...En le voyant repousser ce qui autrefois les liait avec un mépris considérable là où son amitié l'avait sauvé de la totale abnégation de lui-même et qui enserrait et tailladait son cœur comme autant de ronces en celui-ci en songeant qu'il n'est pas à même de le sauver à présent que son cœur hurle de douleur...

« J'espère qu'un jour connard, tu te rendras compte de tout le mal que tu lui a fait et que tu le regrettables amèrement... » Songea t-il le maudissant pour la millième fois au moins de son existence.

Avant de réaliser qu'envoyé là bas selon la tradition pour recevoir sa nouvelle mission, il aurait tout loisir de le constater...Pensée qui le fit subitement frissonner. Johann, Reever...Il pourrait tout à fait s'en prendre à eux, les entraîner dans un de ces jeux dont il avait le secret, les séduire par sa parole de serpent tentateur...Son cœur se chargea d'une angoisse sourde qui se réveilla en son âme à cette terrible.. Que le fait d'être loin ne pourraient leur éviter...Il soupira avec douleur alors que son cœur en plus de l'impuissance qui comme à l'accoutumée lui était liée s'emplit de la douleur lascive et presque familière à présent de l'absence et l'éloignement. De ne pas voir ces yeux bleus le contempler, d'entendre ses mots même de reproches et que même une conversation téléphonique ne pouvait pallier à son manque , lui qui avait pu le voir, sentir sa présence tous les jours de sa vie pendant six ans...

« Il ne faut pas être trop exigeant Komui.. »Murmura t-il tout doucement pour lui-même, cherchant à apaiser cette blessure qui s'était réveillé en son âme. Après tout, cette conversation qu'ils avaient eu malgré les circonstances tragiques était déjà un joyau d'une beauté sans nom et infiniment précieuse pour ne pas qu'il la gâche en son esprit en se remémorant à quel point son absence sur son âme se faisait sentir. Non, il n'en avait pas besoin, surtout pas. Et songer comme bien il était absent d'ici, combien il lui manquait ne le lui rendrait pas. Pas même écrire une minute de plus. Il l'avait perdu en le protégeant lui et ceux qui l'entouraient. Et s'il lui manquait, plus que tout autre, bien que les autres aussi lui manquaient mais cette douleur éclipsée par son absence, il devait se rappeler qu'il y avait une raison à ce manque. Sauver ce sourire doux et ces yeux bleus du néant, de l'éclat terne et du sang vermeil de la mort.

A moins que ce manque, au vu des sentiments de Reever, il devait peut être tout simplement en profiter pour petit à petit oublier ses sentiments qui ne mèneraient assurément qu'au néant, surtout à présent qu'il était au loin de lui pour jamais. Oui, peut être devait-il abandonner tout simplement...A quoi bon aimer quelqu'un qu'il ne pourrait jamais revoir que de loin, une personne qui n'aurait aucun sentiment pour lui comme ceux qu'il avait à son égard ? Et puis lui avouer ses sentiments si jamais il les partageait, à distance serait égoïste,lui qui n'avait que peu de droit de songer à lui, ne ferait que lui donner plus de force en ce combat vain... Non le mieux était bien cela.. Moins de souffrance pour eux deux ainsi... Et pourtant il avait beau savoir cela, cela n'ôtait pas de son esprit son envie tenace de le voir, le prendre dans ses bras, le toucher, libérer enfin ces trois mots sources de tant de ses tourments, ces peurs, ces gênes, craindre pour lui vis à vis d'Alexandre, voire un peu Johann aussi...

Il eut un soupir. Bah, il faudrait encore un peu de temps, le temps que les lettres se parent de découragement, et que le temps s'écoula longuement... Mais il finirait par y parvenir. Il le faudrait bien.

En attendant.. Savoir Alexandre près d'eux, à les guetter de son regard bleu, avec à ses lèvres son sourire de séducteur, un sourire de chat sûr de réussir à les entraîner en son jeu fatal.. A de quoi l'horrifier, raviver en son cœur des traînées brûlantes de haine, d'angoisse et de jalousie aussi...Parce que mine de rien, malgré son vice, il n'en demeure pas moins plutôt agréable à regarder.. Là où lui est plutôt quelconque. Ni laid, ni beau...Il effleura pensif ses cheveux sombres à cette pensée. Après tout, rien mis à part sa haute taille ne le distinguait d'un autre.. Et sa haute taille le faisait voir, en plus comme une sorte de monstre que sa folie corroborait...Et qui voudrait le bonheur d'un monstre ? Peu ou pas de gens...Et Reever, Reever, la raison même, n'aurait pu s'amouracher d'une personne telle que lui qui avait besoin de sa folie pour respirer dans un monde où il ne laissait que peu transparaître ses propres désirs comme d'autres avaient besoin de respirer, car étant la preuve de sa vie même là où elle était effacée. Non, qu'importe l'angle où il s'observait, il en arrivait toujours au même point. Il ne le valait pas le moins du tout, serait plus une gêne qu'une aide comme il l'était déjà en l'encourageant en son cœur indigne à persister dans une chose inéluctable...Et de quel droit, lui, incapable de sauver sa sœur et son meilleur ami, aurait-il le droit à sa part de bonheur, comment oserais t-il la demander en sachant qu'elle pourrait le blesser voire le blesser dans le cas improbable où il soit aimé en retour... ? Non, une fois de plus, son silence lui apparaissait la meilleure chose qu'il eut. Blessante car laissant un espoir, un manque, mais il ne s'agissait que de son âme à lui. Pas celle de Reever en le rejetant (car il savait qu'il en souffrirait pour lui, il le connaissait trop bien pour ) ou en apprenant de tels sentiment semblables aux siens (mais il n'y croyait pas vraiment bien que parfois certains gestes étaient étranges et semblaient aller en ce sens ou du moins il les percevait ainsi mais c'était probablement un fantasme plutôt que la réalité).

Il soupira à nouveau. Cela ne valait pas la peine qu'il y pensât trop, surtout qu'il ne pouvait rien à tout ceci. Surtout à présent...Il ne pouvait rien au fait qu'il n'avait rien, et pas même le droit à un peu de bonheur, cette chose si égoïste qu'il ne méritait...Le bonheur était bon pour les autres, pas pour lui.. Et il ne devait jamais l'oublier. Il l'avait effleuré et comme pour tant d'autres il s'était envolé en sentant l 'ombre de sa main comme un papillon coloré que seul la non conscience apporte à l'âme. Comme elle... Il sourit doucement, son sourire se teintant d'amertume comme toujours en songeant à cette femme à la fois fléau et ange. Comment faisait la chanson qui la berçait déjà selon Johann ? Ce symbole de ses désillusions ? Quels en étaient les premiers mots ? Il ferma les yeux, revenant aux temps où tous trois se tenaient ici, Johann à chanter son élégie au temps passé, Alexandre et lui à l'écouter, silencieux et admiratifs devant ces mains qui doucement effleuraient le piano alors que sa voix s'élevait vers le ciel en supplication en des temps meilleurs, se substituant à la voix de sa mère, ne se rendant pas compte que cette voix vivait là les temps que plus tard elle regretterait...Et les mots de celle ci revinrent à ses lèvres comme les accords qu'il lui avait appris auparavant, la première chanson qu'il lui avait enseigné...

« Dans une taverne du vieux Londres, où se retrouvait des étrangers, nos voix criblées de joie montaient dans l'ombre et nous écoutions nos cœurs chanter... »

Ils n'avaient jamais eu à aller jusqu'à Londres.. Il leur avait suffi cette pièce souterraine où leur taverne chinoise. Mais qu'importe l'endroit où ils étaient leurs voix et leurs cœurs en avaient chanté et s'étaient tressé des promesses.. Dont celle liée à ce chant.. Celle qu'il n'enfreindrait jamais si l'horreur d'une telle chose venait à se produire. Car cela reviendrai à l'abandonner à son chagrin et qu'il le savait très bien. Et tout doucement il murmura dans le secret de cette pièce retirée, parlant à son tour à ses moments retirés du monde pour lui :

« C'était le temps de fleurs. On ignorait la peur. Les lendemains avaient un goût de miel.
Ton bras prenait mon voix suivait ma voix. On était jeunes et l'on croyait au ciel... »

A présent ses mots ne renvoyaient plus à ces jours heureux où il pouvait sans craindre son courroux appeler son meilleur ami ainsi. Plus seulement. A présent à ses jours heureux s'entremêlaient le souvenir de ces moments heureux qui l'avaient lié à Reever et qu'il regrettait aussi.. Son cœur serra avec plus de violence encore lorsque...
« J'ignorais que vous saviez jouer d'un piano, Komui...Ni que vous pouviez chanter aussi.. »

Il sursauta à cette voix un peu hésitante, comme ayant l'impression qu'elle ne devrait pas se trouver ici, provenant de derrière lui et qu'il reconnaissait sans peine. La voix de l'homme dont il avait l'étrange impression qu'il cherchait à trouver réponse à une question qui le tailladait et qu'il n'osait jamais poser sans détour. Celle de Krory. A qui il serait mal avisé de montrer sa peine, lui encore lié à la Congrégation et qui pourrait aisément trahir son sacrifice et tout détruire. Il se composa un visage neutre et doux en retour avant de se retourner vers lui en lui souriant doucement, suspendant ses gestes sur le piano en s'exclamant avec douceur :

« Il y a beaucoup de choses que l'on ne sait pas sur moi, malgré le fait que j'ai vécu à la Congrégation pendant six ans.. Et tant mieux. Je détesterais que le monde entier sache tout de moi. De toute manière qui aimerais ceci, je me le demande. Et puis même une femme mariée depuis près de 60 ans avec le même homme ne sait jamais tout de lui, alors... »

« Comme le fait que je suis amoureux de Reever. Comme le fait que je ne suis qu'attiré par les hommes. Comme le fait que si je veux, je peux être très bon en musique. Comme le fait que le jour où j'ai fait l'oreiller de Lenalee il y a eu un problème qui a totalement modifié l'enregistrement de ma voix... » s'amusa t-il intérieurement.

Et il admira avec douleur, culpabilité de ne pas avoir songé que cela pourrait le blesser et compassion, l'assentiment et la douleur se former sur le visage de l'homme en songeant à la vérité d'une telle chose, lui amoureux d'une femme akuma qui avait si longtemps gardé son secret, bien que conservant quelques hésitations qu'il ne s'expliquait pas. Avec toujours cette impression de ne pas avoir le droit de rester ici. Impression stupide. Dont il allait de suite le détromper. Il lui sourit plus encore avant de s'exclamer avec douceur :

« Ici se trouve être une salle de réception en général usée lorsque nous recevons des invités et située au rez de chaussée et isolée du reste de la maison de manière à ne guère déranger les gens au dessus. Et donc vous avez tout à fait le droit d'y venir même quand elle n'est pas occupée, tranquillisez vous... »

En retour les épaules de Krory se détendirent doucement, le faisant sourire plus encore devant le soulagement qui affleurait à n'en pas douter en ses veines. Mais était ce simplement la musique qui l'avait attiré, il n'aurait pu en savoir plus... Mais alors qu'il commençait à laisser les question effleurer sa conscience Korry s'exclama un air sincèrement curieux sur son visage :

« De quoi parlait la chanson au juste ? C'est juste que j'ai toujours eu du mal avec le français... »

Oh oh dangereux. La question anodine en apparence pourrait l'amener à évoquer ce thème imprégnant cette chanson en intégralité, ce thème de regret et pourrait introduire en lui les graines du doute sur sa volonté de les fuir loin. Le mieux serait donc d'ignorer cette question.. Mais il ne pensait pas à mal, non certainement..Et peut être même ne ferait-il pas le lien entre ses humeurs et cette chanson.. Avant qu'il ne se morigéna. Krory n'était pas un imbécile, loin de là.. Il aurait tôt fait de le voir ce lien tenu à ses yeux et si ce qu'il soupçonnait était vrai, c'était peut être ce doute qu'il cherchait lui même. Pourtant ces yeux demandait avec tant de force leur réponse en plus du fait qu'il était son invité.. Il ne savait plus quoi faire subitement, en proie à l'hésitation et la coupable envie de faire fi de leurs intérêts communs et d'ouvrir son cœur à quelqu'un impliqué dedans qui ne soit pas Reever.

« Que.. Mais.. Mais c'est Tim ! Mais que... »

Subitement la voix interloquée de Krory l'arracha de ses pensées et ses scrupules et lui fit reporter son regard sur le visage de l'homme ne face de lui fixant quelqu'un derrière lui. Surpris, il se retourna. Pour voir à travers les baies vitrées qui séparaient la salle de réception des jardins aux alentours, le golem doré frappant doucement au carreau. Il ne pouvait que s'agir d'une seule chose. Il sourit doucement. Sauvé par l'inattendu qui lui attirerait des remarques et d'autres questions mais de celles-ci il n'avait guère à craindre, Krory aimant autant que lui Lenalee et Allen pour garder le silence. Comme toujours, elle lui venait en aide...Il la remercia une fois de plus mentalement avant d'aller doucement ouvrir les portes pour le laisser entrer en s'exclamant à l'intention de Krory :

« Vous n'avez tout de même pas cru que ma sœur m'aurait laissé derrière elle sans me laisser aucune de ses nouvelles, mon cher ? Mais ceci doit bien entendu rester entre nous... »

Il ne prêta aucune intention au bredouillement en retour de Krory. Il contempla simplement le golem qui lui rendit son sourire en se déposant sur son épaule comme il avait pris l'habitude de le faire depuis un certain temps avec une manière de retarder le plaisir comme si il lui avait manqué dans son périple. Ce qui lui fit esquisser un sourire plus large encore avant qu'il ne s'exclama :

« A moi aussi tu m'as manqué Tim. »

Car mine de rien il tenait de plus en plus au le seul lien tenu que l'on lui laissait conserver avec la Congrégation car venant de ses mains. Mais aussi étant à présent le seul lien qui le liait à Lenalee, Reever, lui encore au loin, lui dont il ne pouvait avoir des nouvelles que par ses lettres qu'il traçait avec obstination à chaque fois. Et auquel pris par les derniers événements il n'avait toujours pas ré sourit doucement et nota mentalement pour lui même que c'était ce à quoi il s'attellerait dans peu de temps. Quand Krory ne serait plus à ses côtés. Car il n'avait pas à être témoin de ces mots qui se verseraient sur le papier. Cela n'était que leur jardin privé où tout autre était interdit. Même vide de tout sentiment amoureux, emplie de leur amitié, il n'avait et ne voulait pas partager la teneur de celles-ci. Et puis le voir s'élancer en la lecture de ce mot qu'elle avait du lui adresser l'amènerait peut être à quitter le lieu se sentant de trop en cette pièce, ce lien les unissant étant bien trop fort pour tolérer qui que soit à en guetter la moindre syllabe.

Et au regard qui traversa le golem, Komui comprit qu'il songeait de même. Il sourit alors devant la perspicacité du golem qui une fois de plus le prouvait hautement intelligent. Et doucement il lui tendit la main en retour alors que le golem qui tenait la lettre entre ses dents gardant replié vers le sol la moindre trace d'écriture l'y laissa tomber. Après lui avoir caressé la tête en signe de reconnaissance, il retourna la lettre déjà avide à l'idée de reconnaître l'écriture de sa sœur., seul plaisir qu'il se permettait face à qu'il ne marquât un arrêt sidéré, son cœur prenant subitement un battement inconsidéré. Cette écriture fine et précise.. Cette manière droite et douce à la fois de marquer son nom... Oh non, la lettre qu'il tenait entre ses mains n'était assurément pas de Lenalee... Mais de Reever. L'homme auquel il pensait sans cesse, l'homme qui attendait une réponse de lui et qui lui avait écrit. Mais pourquoi ? Qu'avait-il de si urgent à écrire pour qu'il lui réponde si vite ? Et si...L'espace d'un instant, son cœur marqua un arrêt pétrifié d'une telle idée, empli à la fois d'une vague de bonheur intense et d'une angoisse sourde à l'idée de ne savoir ce qu'il devrait faire de ceci. Tout doucement les yeux écarquillés à l'extrême, le souffle encore court, il plaqua doucement la lettre contre son cœur comme si l'homme qui l'avait écrit au loin pouvait percevoir ses battements et y trouver un sens en écho des siens. Avant qu'il ne secoua la tête à la fois amusé et agacé contre lui même. Enfin voyons, bien sûr qu'il ne s'était certainement pas déclaré par cette lettre. Puisqu'il n'était pas amoureux de lui, en plus du fait qu'il n'était pas audacieux, il le savait très bien. Tout comme lui-même, lui qui en plus de songer ne pas avoir le droit à ce bonheur avait peur de demander plus qu'il n'avait par peur de tout perdre.

Il n'empêchait qu'il lui avait écrit, et ce pour une bonne raison, très certainement. Et il n'allait certainement pas laisser ce fait non éclairci. Et oubliant tout à fait Krory sans plus aucune gêne, il ouvrit doucement l'enveloppe avec le respect auquel il portait à l'homme qui l'avait tracé, il se plongea dans les mots qu'il avait tracé à son égard :

Londres (quelle surprise !), le 17 Février 1864

Cher Komui (non décidément ça fait toujours étrange ),

Puisqu'il semblerait que vous ne soyez toujours pas décidé à me répondre (pitié ne me dites pas que vous avez recommencé vos singeries de vous taire pour me décourager, tout mais pas ça, merci de votre compréhension ), puisqu'il y a comme qui irait une tonne de nons dits entre nous (non je ne me réfère pas au passé de Jo mais plutôt du traitement que vous infligez à votre corps et pour lequel je suis sensé vous malmener – je suis sûr que vous voyez de quoi je parle, ne détournez pas le regard ! -), vous me pardonnerez la liberté que je prends d'écrire avant votre réponse.

Alors, j'ai dit que je jetais l'éponge pour une fois lorsque vous avez appelé Johann, mais une fois seulement, ça veut dire que les discussions comme celles d'hier (bien que cela m'ait fait un bien fou je l'avoue ) VOUS OUBLIEZ NON MAIS OH ABRUTI ! VOUS VOULEZ VOUS TUER OU QUOI ? DANS CES CONDITIONS A QUOI CELA SERVIRAIT QUE JE ME DEMENE AINSI HEIN ? Tss...

C'est fou... Et quand je pense que je vous hurle après par lettre et qu'en retour j'en suis réduit à imaginer ce petit air contrit que vous prenez toujours dans ces moments et qui tuerait la rage de n'importe qui (mis à part Luberrier mais c'est un cas à part ).. Ça me rend malade..

Enfin, ce n'est rien, ni même l'une des choses sur lesquelles je voudrais m'attarder. J'ai tant de choses à dire, de toute façon, que mon esprit lui même s'embrouille..Oui, ça peut m'arriver aussi, ne vous moquez pas surtout... Tout ce que je sais c'est que la moindre des choses que je voudrais vous dire n'a jamais comme volonté que de vous apaiser voire amuser dans un cas. Parce que je me doute que vous devez être pétris d'angoisse, de désespoir là bas, de regrets voire de manque de la Congrégation. Je ne prétends pas que mes mots puissent l'en chasser (seuls des actes le pourraient même si tout doucement mais sûrement ils s'avancent, je puis l'assurer sans trop me tromper je pense ) mais ils peuvent au moins vous délivrer d'une part de ceci. Pardonnez moi si je ne ne construit pas cette lettre à coup de « tout d'abord » et d' « ensuite » où si jamais je me répétais. C'est que je trouve que la raison n'a que faire dans un discours qui ne s'adresse qu'au sentiment.

Je pense que Jo commence à changer, tout doucement mais sûrement. Il commence à prendre conscience par mon biais uniquement pour le moment qu'il ne souhaite pas être haï, mais n'assimile pas encore cela à de l'amitié qu'il voudrait avoir en retour. Et bien qu'il m'autorise à user de ce nom comme tel tout en le contestant en partie, il s'y refuse encore bien que son comportement à mon égard en a toutes les couleurs. Parce que contrairement à ce que vous craigniez il a bien moins été violent que prévu. La fois de trop, probablement, le fait que je ne le connaisse pas depuis longtemps a du en jouer, le refus d'être assimilé à Alexandre, l'attachement qu'il commence à éprouver pour moi, j' je ne sais pourquoi il ne s'autorise pas à laisser les autres l'apprécier et tente même selon ses dires de me protéger et si je relie avec ses mots précédents, de sa nature impure. J'avoue pour le moment que tout ceci n'a pas encore de sens pour moi, mis à part le fait qu'il avait tout fait pour que je le déteste en me blessant (ce à quoi il a échoué et renoncé.. OUF ). Il s'est même laissé à confier les tourments qu'il ressentait, à me laisser le consoler en partie tout en ayant été extrêmement maladroit en tentant de soigner quelques petits désagréments causés par ces révélations (rien de bien important pour que je m'y attarde maintenant, tranquillisez vous. N'empêche qu'à force vous allez finir par croire que je vous voie comme un anxieux.. Et vous savez quoi ? Vous avez parfaitement raison. Vous qui passez votre temps à vous soucier des autres sans jamais demander la juste faveur en retour de laisser les autres se soucier de vous en veillant toujours en retour de ne rien laisser, de sembler n'avoir besoin de personne. Qui pense que les autres ne vous voie que comme une gêne malgré tous vos efforts. Vous qui faites passer tous les autres avant votre propre bien être et qui serait parfaitement en droit de demander au ciel un peu de bonheur et à qui personne ne pourrait le reprocher, ce bonheur qui ne serait que le votre au vu de tout ce que vous donnez toujours aux autres, qui avez le droit comme tout à chacun de ne pas souffrir seul et à qui je prouverai, même si cela prendra du temps combien vous ne m'êtes pas uniquement cher mais à ce lieu tout entier vide à présent de votre absence. Mais je suppose que je suis très mal placé pour vous dire cela, moi qui agit de la même manière mais qu'au moins l'un de nous deux le puisse serait une bonne chose non ? Enfin bon, ce que j'en dis, moi...)

Trêve de digressions même si elle permet d'exprimer mon point de vue sur tout ceci que je pensais sans exprimer depuis longtemps.

Et dans la douleur qu'il éprouvait qui n'était pas les faits que nous croyions qu'il savait (même si ne valant guère mieux et que du coup je n'ai pu lui parler de ce que vous m'avez appris en plus du fait d'ignorer son nom ) il m'a avoué la raison de sa crise. C'était bien lié à Alexandre mais c'était une punition qu'avait imaginé Luberrier pour l'avoir manipulé de l'obliger à passer une soirée en sa compagnie. Mais ne vous inquiétez pas. Je n'ai aucune intention de laisser faire cela, aucune intention de les laisser l'un en compagnie de l'autre quitte à prendre sa place. A ce point de lecture vous devez être en train de vous dire « Mais il est malade ! » (remarque comment peut-il dire cela, lui de toute temps le plus fou de tous... ) mais vous m'avez fourni toutes les armes pour le faire chanter et accepter sans broncher ses faits. D'abord en la présence des dossiers bleus que je le menacerais de faire remonter aux maréchaux si Luberrier est son allié.. Ensuite.. Et c'est là le point le plus gênant de mon plan, celui le plus le plus délicat. Même si je sais très bien que pour le protéger et me protéger en cas où, cela ne vous irriterait pas et va certainement vous amuser plus qu'autre chose. Mais si cela vous gêne ou vous embête (croyez moi que franchement la méthode à mes yeux n'est guère respectueuse et qu'une part de moi m'en veut pour avoir décidé de faire cela ), n'hésitez pas à me le dire et je n'hésiterais pas en retour à lui dire que j'ai menti (de toute manière , c'est un salaud et je le sais, le risque sera déjà moins grand et je peux me méfier entièrement, vous êtes extrêmement bien placé pour le savoir ). Mais je me devais de vous le dire, après tout c'est là une chose normale puisque vous étant liée et comme un accord que je vous demande (même un peu tard ). J'ai l'intention de me faire passer auprès de lui pour votre petit ami et s'il vous craint tant, cela m'étonnerait qu'il tente la moindre chose. Et là je suis sûr que vous devez bien rire en voyant ses lignes tracées, vous moquer du détour que j'ai pris pour cette simple information mais bon... Je suis désolé, ce genre de choses me gêne hautement, pas comme vous, j'en suis sûr même si c'est pour de faux. Car plus que tout, j'ai peur que vous ne croyez que je vous use comme d'un instrument qui m'est utile, que je ne vous voie qu'ainsi quand je vous voies comme un être qui m'est très cher et dont l'idée de l'user me blesse un peu. Mais peut être me fais-je du soucis pour rien comme d'habitude..Après tout, moi aussi je suis un grand anxieux pour les gens qui m'entourent, qui craint parfois le regard de ceux que j'apprécie...Et qui n'a pas l'audace de demander plus que ce que je n'aie au monde. Et me revoilà à la digression précédente, décidément... Enfin bon...

Je ne suis pas le seul à vous regretter. Je vous l'ai déjà dit, je pense. Jusqu'à présent, mes mots sonnaient faux à vos oreilles, je le sais pertinemment. Mais à présent mes mots ne peuvent appeler qu'une réalité. Car il y a bien quelqu'un qui vous regrette et qui n'est pas Jeryy ou moi, qui m'a dit que s'il pouvait vous parler, il dirait (ce sont ses mots), je cite « Quand je pense au temps que j'ai passé à maudire Komui, à l'empêcher de détruire la Congrégation un nombre incroyable de fois et que pourtant malgré tout, que ne donnerais-je pas aujourd'hui pour ne voir ne serais-ce qu'une de ces horreurs, pour le revoir et l'entendre faire le pitre ? J'ai l'impression qu'en s'en allant, plus que son sourire et sa folie il a aussi emmené la joie et l'espoir qu'il était et que nous avions tous oublié venir de lui. J'ai l'impression de ne pas reconnaître le lieu dans lequel j'avance, qu'il est mort et que c'est sur son cadavre que nous marchons jour près jour. J'ai aussi conscience d'avoir été ingrat avec Komui pour ne m'en être rendu compte plus tôt d'à quel point ici il était si je pouvais lui parler, si j'avais son adresse, ce que je voudrais c'est m'excuser sincèrement à son sujet pour l'avoir si mal récompensé de ses efforts. Et si seulement c'était possible, mais c'est tellement ridicule, puisqu'il est parti de lui-même, je crois que je voudrais vraiment qu'il le redevienne un jour ». Je me suis dit que transmettre le message de Johnny n'était pas une mauvaise chose, même s'il ne peut se douter du fait que je suis directement en contact avec vous. Et comme vous pouvez le voir, je n'ai pas trahi votre secret puisque qu'il croit votre départ naturel (il s'est en effet pris à penser que votre départ est du au départ de Lenalee et que c'était trop dur sans elle ). Je vais le laisser comprendre seul pour ne pas réduire votre sacrifice à néant et comme il est très intelligent, je ne doute pas que ceci se produira assez rapidement. Alors, vous là bas qui doutait tellement de ce que je pensais, j'espère bien que vous vous mordez les doigts (mais ne les mordez pas trop, pas au point de vous les faire saigner, j'en ai déjà assez d'un qui peut se mordre au sang pour ne pas en avoir besoin d'un autre ) à l'idée de ne pas avoir cru en l'affection d'au moins un de vos j'espère de tout cœur que cette nouvelle, ce message qui vous ai directement adressé là bas ne vous laisse pas de glace. Et je suis sûr que face à mon enthousiasme que cette lettre traduit, vous vous dites en souriant devant ma prétendue naïveté que Johnny est un cas à part car il a toujours été plus humain que les autres mais je suis persuadé du plus profond de moi-même qu'il n'est et ne sera assurément pas le seul. Et vous aurez beau faire, vous ne m'ôterez pas de l'âme cet espoir auquel je me raccroche de toutes mes forces. Et vous n'êtes pas assez cruel pour cela n'est ce pas ? (et mince, voilà que je fais un chantage à la Johann.. Décidément...)

Voici donc cette lettre pleine d'espoir de la lumière que les derniers événements me font vous apporter de très loin en mépris de toute attente de réponse qui j'espère aura éclairé un peu votre journée (et Tim me mord la main parce que j'ai effacé le mot illuminé, qui me semblait trop présomptueux.. Je n'ai qu'une chose à dire.. Aie. Et voilà Tim, heureux, je l'ai écrit ? Ah non visiblement pas.. Ma main n'est pas un sandwich pourtant...) et qui brille en écho de mes sensations malgré les événements à venir qui s'annoncent ardus et terribles à n'en pas douter. Mais je voulais vous dire que je ne désespère pas que je n'abandonne pas et que j'ai raison d'espérer et que vous auriez raison vous aussi de vous remettre à espérer. Si de tout ce que j'ai écrit, vous ne deviez retenir qu'une chose, ce serait celle-ci : que quelqu'un quelque part n'abandonne pas, se bat pour vous, que vous n'êtes pas seul et que le monde est en train petit à petit d'ouvrir les yeux sur le manque qui règne en votre absence.(ça en fait trop pour une simple chose à retenir, vous m'en voyiez désolé, mais je vous avez prévenu que je serais incohérent à force d'être prisonnier de mon ressenti, de cette lumière que l'espoir a allumé en moi et qui brille d'autant plus fort parce qu'elle sait concrètement que ce en quoi elle croit existe. Vous étiez prévenu dès le départ...)

Et au final, ça fait si peu de choses à dire mais si importantes qu'elle ne pouvaient être tues, vous m'en voyiez désolé de vous avoir dérobé la lettre je suis sûr que pour vous, cela n'a aucune importance.

Sincèrement vôtre, (et pas de jeu de mots avec ce que j'ai dit précédemment concernant ma couverture, MERCI.. D'ailleurs.. J'ai l'impression d'avoir déjà usé de cette formule.. C'est étrange...)

Reever.

Komui esquissa un sourire en plaquant à nouveau la lettre contre son cœur, des larmes dansant encore en son regard, son cœur empli d'une étrange et douce félicité face à la lumière extraite même du cœur de l'homme qu'il aimait et qu'il lui envoyait, comme une main qui se tendrait vers un homme au sol et qui le pousserait à relever le regard pour rencontrer le regard rayonnant de celui qui voudrait le sauver. Mais plus que l'inquiétude en songeant que c'est là la punition qui inquiétait Johann ignorant ainsi la vérité encore, plus que le retour d'Alexandre qui l'inquiétait pour eux jusqu'alors et qui malgré le plan bien pensé de Reever, en connaissant la nature peu docile d'Alexandre face aux chantage continuait à l'inquiéter bien que lui redonnant un peu de force et l'amusant en imaginant la tête que tirerait Alexandre face à tout ceci, plus que les mots même de Johnny qui ne le laissaient pas indifférent et le touchaient au plus haut point tout en détruisant en même temps en partie la vanité qu'il avait toujours crue latente à la volonté de Reever et qu'il lui révélait en réalité peut être bien réelle, lui redonnant avec légèreté comme une plume que le ciel pourrait emporter si facilement encore, un peu d'espoir en une chose qu'il croyait impossible, lus qu'apprendre que quelqu'un pense à lui quelque part de cette sorte, plus que l'amusement qu'il ressentait en songeant que l'autre ressentit autant que cela le besoin de s'excuser là où pour lui, il ne lui en avait jamais voulu, non plus que tout ce qui le touchait au delà de tout c'était ses mots étrangement en écho de ses pensées, comme si quelqu'un quelque part avait lu en son âme ses tourments et avait décidé de lui envoyer en écho des mots qu'il ne méritait assurément pas.

« Vous qui passez votre temps à vous soucier des autres sans jamais demander la juste faveur en retour de laisser les autres se soucier de vous en veillant toujours en retour de ne rien laisser, de sembler n'avoir besoin de personne. Qui pense que les autres ne vous voie que comme une gêne malgré tous vos efforts. Vous qui faites passer tous les autres avant votre propre bien être et qui serait parfaitement en droit de demander au ciel un peu de bonheur et à qui personne ne pourrait le reprocher, ce bonheur qui ne serait que le votre au vu de tout ce que vous donnez toujours aux autres, qui avez le droit comme tout à chacun de ne pas souffrir seul et à qui je prouverai, même si cela prendra du temps combien vous ne m'êtes pas uniquement cher mais à ce lieu tout entier vide à présent de votre absence ». « J'ai l'intention de me faire passer auprès de lui pour votre petit ami et s'il vous craint tant, cela m'étonnerait qu'il tente la moindre chose. Et là je suis sûr que vous devez bien rire en voyant ses lignes tracées, vous moquer du détour que j'ai pris pour cette simple information mais bon... Je suis désolé, ce genre de choses me gêne hautement, pas comme vous, j'en suis sûr même si c'est pour de faux. Car plus que tout, j'ai peur que vous ne croyez que je vous use comme d'un instrument qui m'est utile, que je ne vous voie qu'ainsi quand je vous voies comme un être qui m'est très cher et dont l'idée de l'user me blesse un peu. Mais peut être me fais-je du soucis pour rien comme d'habitude. ». Ces mots qui en toute innocence venaient interrompre ses pensées raisonnables, qui s'interdisaient de penser à demander un bonheur car ne pensant pas le mériter, par peur de tout perdre, parce que pouvant l'encourager dans ce qu'il croyait être une erreur et que Reever amenait à ses pieds comme prémisse contraire à sa pensée et qui le montrait à ses yeux comme ayant droit à celui-ci, ces mots qui l'incitaient à appeler un bonheur que son affection n'en ôtait pas le caractère illusoire,ces mots qui croyaient l'amuser en lui apprenant la protection qu'il s'était crée et qui craignaient plus que tout qu'il n'ait prise celle-ci comme en mépris de l'homme dont il empruntait le célibat sans se douter une seule seconde que s'il implorait le destin, le ciel , se serait pour tenir cet homme contre lui envers et contre tous, rompre ce célibat, cet homme qui craignait tant qu'il se méprit sur son estime à tort..

Doucement, il murmura empli de cette sensation de lumière qui ressortait de cette lettre à la fois emplie et vide des sentiments de son auteur, n'y laissant transparaître qu'une joie, qu'un immense espoir qui renaissait de ses cendres et éclipsait les lettres douloureuses emplie d'absence qu'il avait eu jusqu'alors, les croyances même de Komui, rendant possible par ces mots ce dont il croyait cela vain, balayant sans se rendre compte tout ceci de quelques mots, quelques ressentis, éclipsant les doutes et les angoisses latentes à une telle lettre, reprenant espoir un bref instant en ce monde :

« C'est ce que je veux le plus au monde...Tu crois que cela me fera rire mais c'est là la plus belle chose que le monde pourrait m'accorder...

-Alors pourquoi vous ne la demandez pas ? » S'exclama subitement une voix surprise derrière lui. Il sursauta subitement à cette voix. Ah mince.. Il en avait oublié Krory...Et visiblement lui ne l'avait pas oublié et tout à fait entendu.. Il en aurait rougi, aurait esquivé une telle question si sa voix n'avait pas semblé si douce et surprise, emplie de sincérité au plus profond de celle-ci. Mais une telle innocence en sa voix.. Une telle naïveté, qui s'imaginait que ces rêves dans lesquels il s'était laissé bercer l'espace d'un instant pouvaient être demandés aussi simplement que cela l'interpellait bien trop pour...Et dont il avait oublié le caractère impossible. Car comme il le lui avait si justement rappelé, ce n'était qu'une personne parmi tant d'autres et qui plus est la plus sensible sans compter qu'au vu de la gêne qui était la sienne et des détour pour lui dire cela, l'idée devait extrêmement lui déplaire ou bien il le craignait plus que tout... Dans les deux cas, ce n'était absolument pas un bon signe, et tout ceci ne ferait de lui qu'un être égoïste se jetant dans le vide pour rien d'autant qu'il en serait réduit à imaginer ses réactions et n'auraient que la version définitive de ses hésitations sur papier. Il eut un sourire un peu navré face à son innocence maudissant en partie son esprit pour lui faire quitter si vite le mondes des rêves. Mais il lui devait une réponse, au moins pour qu'il le laissât en paix après avoir détruit une de ses rêveries et rappelé la réalité. Aussi chassa t-il de ses lèvres ce sourire navré, se tourna vers lui en lui souriant poliment et s'exclama mesurant son air surpris sur son visage et s'en amusant intérieurement tout en le louant et priant pour qu'il ne puisse jamais connaître de tels poids sur ses épaules :

« Parce que ce serait égoïste au possible de ma part de la demander...Parce que l'on ne me l'accordera pas.. Que ce genre de choses, ce n'est pas fait pour moi...

-Qu'est ce que vous en savez si vous n'avez pas essayé ? Et puis un peu d'égoïsme, c'est bien aussi.. Ça évite de devenir les pensées des autres, ça permet de vivre. En plus, à force de penser aux autres, de refuser ses élans de cœur, on finit par à la fin de sa vie avoir des regrets en étant resté sur un doute « Et si j'avais osé, aurais-je eu ce que je voulais ? ». Vous n'aurez peut être pas ce que vous voulez de toutes vos forces mais essayer ne coûterait rien de plus que perdre le doute.

-Je pourrais tout perdre ! Riposta Komui, hautement touché par ses mots prononcé d'un air sérieux au possible et qui pourtant, pourtant malgré ce qu'il voyait toujours comme une part de naïveté, ne pouvaient s'empêcher de donner plus de force à l'espoir qui l'habitait, ce bonheur qu'il n'osait pas demander et qu'il commençait à se demander s'il pouvait le faire .Mais il savait bien qu'il ne le pouvait pas, il le ferait souffrir, il ne le savait que trop bien, et il le perdrait assurément... Et je préfère souffrir en silence que de tout perdre...

-D'une certaine manière, vous avez DEJA tout perdu. Tout ce qui faisait votre vie est dispersé au quatre vents au point que ce que vous avez peur de changer de lui-même se détériorera car éloigné, où s'il se répare, sera plus source de souffrances qu'autre chose car entre temps il y aura eu le temps où cela était brisé et où s'est réparé et le retour à la normale ne sera que plus blessant car donnant l'impression que rien n'y a fait et en plus, plus il y aura de temps entre les deux, plus vous aurez eu le temps de ressasser vos désirs inassouvis au point qu'ils seront presque réels, des rêves d'un criant réalisme et dont le cruel décalage avec la réalité vous blessera plus cruellement qu'auparavant car c'est bien connu, plus c'est impossible, plus l'esprit divague et plus il a de temps pour le faire, plus le retour à la réalité sera cruel. Et ce sera trop atroce que de cette manière, soit vous parlerez pour n plus souffrir, soit dans le pire des cas ce sera la mort, soit vous déciderez d'arrêter, ce qui sera long, douloureux au possible et empli de regrets à la fin. Dans ces conditions, je pense personnellement qu'il ne faut pas rester sur un non dit, quitte à entraîner une dégradation plus rapide des liens puisque de toute manière, ils seront amené à se dégrader soit de l'absence soir de l'apprentissage de «sans »et au moins plus de regrets, plus de quoi s''attacher aux rêves passés et un moyen d'avancer. Et puis, je vais vous dire...Moi aussi je pensais que je n'avais pas le droit au bonheur, que je devais rester seul car dangereux, que je ne valais pas Eliade. Que je ne serais que rejeté si j'osais ne serait-ce que lui parler de ce que je ressentais. Et puis un soir, j'en ai eu assez de vivre dans ce doute, je me suis dit que si je devais mourir un jour, je ne voulais pas avoir ce doute. Je n'étais pas spécialement courageux puisque c'était la seule chose que j'ai faite à ce moment, je n'aspirais toujours pas au bonheur de vivre dans le monde sans me soucier du regard des autres, simplement de vivre au château avec elle et mon monde se réduisait au château. Pourtant, en bredouillant j'ai parlé. Et je persiste à croire que j'ai bien fait, même en apprenant plus tard que m'aimer était le vœu le plus sincère d'Eliade mais que ce n'était pas le cas. L'espace d'un instant, je n'étais plus seul comme je le croyais. Et après l'avoir perdu.. J'ai commencé à réaliser, grâce aux autres que je ne n'étais pas un monstre qui devait vivre isolé de tous pour les protéger, que mon monde ne se réduisait pas à ceci, que j'avais le droit à ma propre place en ce monde et plus retiré comme auparavant. Que j'avais le droit à aspirer à une vie. Et j'ai peut être perdu Eliade, ma liberté mais j'ai trouvé une manière de vivre, un but dans ce monde. A vous comme à moi on vous a tout ôté. Votre sœur, votre liberté, puis vos sentiments personnels, puis votre poste, vos amis condamnés à s'éloigner de plus en plus de vous. Et c'est dans ces moments que pour avancer on doit se trouver un but qui nous est propre, sinon on se laisse engloutir. Ça m'est arrivé et c'est à votre tour. Ce ne sera peut être pas le bonheur, mais si c'est la première chose que vous désirez le plus ardemment depuis que vous avez tout perdu, accrochez vous y de toutes vos forces. Personne ne pourrait vous blâmer que dans le chaos où vous êtes vous tentâtes de vous accrocher à cette vie en étant un peu égoïste et cherchant un peu le bonheur. Et si malgré tout cette raison était écartée, vous vivrez pour passer au dessus. C'est comme cela que vos devriez voir tout cela, je pense, ne pas vous dire que ce n'est pas pour vous, car c'est le meilleur moyen de se trouver des excuses pour refuser d'avancer si tout s'effondre. Vous avez peur de la chute sans considérer que celle-ci même puisse être un renouveau.

C'est faux. Il faut parfois tomber pour aller de l'avant. Et je suis sûr que vous comprenez ce que je veux dire, vous qui avez perdu vos parents jeune et dont leur chute vous a poussé à être le meilleur grand frère possible. »

Il accusa le coup, ses épaules frémissantes sous l'impact de tels mots. Ils étaient durs, mais vrais, au avait en effet déjà tout perdu. Et qu'il retrouvât sa place d'Intendant ou non, s'il ne faisait rien, il perdrait un peu de sa complicité avec Reever, soit parce qu'il s'éloignerait de lui à cause de la distance, soit parce qu'il aurait connu des jours sans lui, sans compter qu'à force de s'éloigner, enfermer son cœur en lui-même, de rêver comme hier, là où auparavant il n'avait le temps que pour quelques pensées éparses qu'il ne s'autorisait pas trop car se disant que de toute manière, Reever était bien trop pris par son travail pour même s'en rendre compte, s'il retrouvait sa réalité, il ne saurait plus en effet s'en contenter comme auparavant, et ses sentiments pèseraient trop sur son âme pour qu'il puisse agir la conscience tranquille et apaisée comme un Intendant devait le faire sans compter les regrets qu'il aurait à la fin de sa vie s'il n'avait pas au moins essayé. En plus du fait qu'essayer lui ôterait par la suite tout doute, lui permettrait de progresser, même s'il pouvait tout détruire dans le processus. Mais tout détruire pour avoir essayé avant que tout se détruirait de lui-même et qu'il aurait le temps d'y assister était peut être bien le mieux. Et il ne pouvait qu'apprécier l'effort qu'avait fait Krory en osant parler d'Eliade, en les montrant dans deux situations très similaires, plus similaires qu'il ne pouvait le penser, lui en proie au même doute en pensant ne pas le mériter comme il avait cru ne pas mériter Eliade mais qui à sa différence avait osé. Il comprenait aisément où il voulait en venir par le biais de son exemple. Il sentait trop bien en effet, qu'il était de plus en plus désœuvré, laissé à ses sentiments sans pouvoir se dissimuler derrière son devoir pour les fuir. Il y avait trop de temps devant lui à présent. Bien trop. Et ses mots étrangement en écho de ceux de Reever sans le savoir, ceux qui l' invitaient même à l'être sans se rendre compte que cela le concernerait lui s'il s'écoutait « Personne ne pourrait vous blâmer de chercher à être un peu égoïste ». Tout comme il savait très bien que la perte l'avait toujours motivé à se dépasser et que peut être cette fois-ci ne ferait pas exception. Il comprenait mais de là à passer à l'acte.. Aux mots exacts... Il allait lui falloir un peu de temps. Et du courage. Mais.. Cela en valait la peine, au fond. C'était certainement Krory qui avait raison, Krory un peu plus jeune que lui et dont il avait pris les mots pour de l'innocence quand ils étaient la vérité même. Il releva le regard et sourit à Krory, laissant paraître toute sa reconnaissance et admira sa surprise. Il était vrai qu'avant il ne montrait que rarement celle-ci. Mais aujourd'hui, cela n'avait aucune importance s'il voyait au travers de son masque. D'ailleurs, il voulait que certaines personnes voient au delà des apparences en plus de vouloir que se sentiments soient connus de Reever. C'était un moyen de cautionner les actes de Reever sans l'avouer directement puisque trop dangereux pour eux. Et la raison pour laquelle il ne détrompait pas le sous entendu latent des mots de Krory. Qui avait l'air de sous entendre que l'on lui avait ôté son poste plutôt qu'il ne l'avait abandonné et qu'il ne détruisait pas ce doute habilement mené sous couvert de mots anodins.

Et sil avait été assez intelligent pour le laisse sous entendre en sa voix, il le serait assez pour comprendre le message. Il sourit plus encore, avant de quitter la pièce non sans le saluer une dernière fois, sachant très bien que dans peu de temps, il serait de nouveau en mission, vu le succès de la précédente :

« Prenez soin de vous, d'accord Krory ? Et si jamais vous avez l'occasion de revenir ici, n'hésitez pas. Vous avez bien vu que je sais au moins gérer une maison d'accueil...

Il n'attendait aucune réponse. Absolument aucune. Il allait donc quitter la pièce, un sourire aux lèvres après sa pique qui était un attaque envers Luberrier même absent et qui lui faisait du bien et tout ces détracteurs qui peut être pouvaient douter de lui même loin. Aussi fut-il surpris quand subitement...

-Il n'y a pas que cela que vous savez gérer, Komui..Vous étiez un très bon Intendant, vraiment. » s'exclama dans son dos la voix de Krory alors qu'il allait ouvrir la porte. Il suspendit son geste, touché par ses mots sincères au plus haut point, cet aveu sans intermédiaire comme celui de Johnny de ce qu'il pensait, ces mots qui ramenaient des larmes à ses yeux mais qu'il n'était pas prêt cette fois-ci à lui montrer, pas peur de laisser trop transparaître ce qu'il devait taire en plus de trop bien savoir de son côté que la plupart ne pensait pas comme ceci. Il devait paraître de glace, ne pouvait plus aider que cela le jeune homme, était réduit à quelques allusions par si par là. Et il se força à quitter la pièce sans rien laisser paraître de son trouble. Une fois dans le couloir il s'autorisa un sourire douloureux face à l'impuissance à laquelle il était réduit, la distance qu'il devait garder pour leur propre bien et combien cette pensée était encore peu courante. Il eut un soupir et murmura :

« Ce n'est pas ce que pensent la majorité des gens...Mais merci tout de même.. Ça n'a l'air de rien mais.. »

Il s'interrompit subitement, prenant conscience qu'il pouvait tout de même l'entendre et par peur d'en dire trop. Mais... Il se devait de le dire, même non en face, pour éviter de subir d'autre regrets. Il avait besoin de dire ces quelques mots qui luisaient en son âme. Besoin de remercier quelqu'un même quelques encouragements ne pouvaient laisser son cœur indifférent. Et des mots comme il avait eu à son égard ne pouvait lui redonner que du courage et un peu de force. Assez pour ne pas céder plus avant à le silence et cette distance qu'il devait garder. Et il refusait d'y céder. Pas cette fois. Il crispa le poing et sourit. Cette fois-ci, comme ce jour où ils les avaient sauvé, il ne serait pas le pion de la fortune. Même si cela allait lui demander du courage de braver cette peur de l'inconnu qu'il ressentait au plus profond de lui de ce néant qui pourtant n'était pas forcément une mauvais chose, un peu d'audace qu'il n'avait que peu. Mais cette fois-ci, le silence ne l'emporterait pas. Pas cette fois.

Resté seul dans la pièce, Krory regardait toujours la porte où Komui s'était arrêté l'espace d'un instant. Il avait vu son arrêt. Il savait qu'il tentait de donner le change, mais il avait compris que ces mots l'avaient ébranlé. Comme il avait remarqué qu'il avait pris soin de ne pas démentir ses sous entendus et qu'il venait de l'aider peut être même plus qu'il ne le pensait. Il sourit doucement. Son commanditaire avait raison de penser que quelque chose n'allait pas. Certes, il ne pouvait pas rapporter à cette personne ce qu'était cette chose, mais elle l'avait prévenu. « Si vous obtenez quoi que ce soit de cette tête de mule autre qu'une confirmation qu'il y a quelque chose qui ne va pas, c'est que nous aurons un problème. Et s i ce que je pense arrive, ne vous occupez de rien, je mènerai ma propre enquête et je vous tiendrait informé des résultats puisque vous m'aidez et prenez autant les choses à cœur que moi. Je pense que des personnes comme le Commandant ou Jeryy doivent savoir quelque chose. Ils ont un comportement trop louche pour ignorer quoi que ce soit ». Il se souvint encore du sourire amusé que son commanditaire avait eu quand il l'avait attiré dans un coin peu après l'annonce de sa mission pour lui demander ce qu'il pensait de la mutation de Komui et le charger de cette mission dont il ne pourrait lui parler qu'à son retour. Il avait cru comprendre que son commanditaire aussi regrettait Komui et à la culpabilité en son regard, il ne pouvait douter qu'il avait regretté de l'avoir si mal jugé. Et s'il pouvait quoi que ce soit pour se faire pardonner, il était certain qu'il le ferait. Mais d'abord il devait savoir s'il y avait complot où si c'était délibéré. Et visiblement ce n'était pas délibéré. Il murmura doucement pour lui-même :

« Il semblerait que vous aviez raison...»

Et il savait déjà que la nouvelle le réjouirait. Après tout, en tant que scientifique, le moindre défi était toujours intéressant, comme son commanditaire disait...

OoO

Johann reposa sa tasse de citron sur le bureau, lui debout, les mains seules en contact avec le bois, incapable de boire comme il était incapable de travailler depuis ce matin. Il jeta un regard désolé aux dossiers qui s'entassaient sur son bureau comme s'il voulait s'en faire pardonner et par ce biais se faire pardonner de ceux qui les avaient écrits. Il avait beau faire depuis ce matin, rien n'y faisait. Son esprit revenait toujours aux traîtres yeux bleus et cheveux blonds de cet enfoiré...Et le fait de le savoir respirer le même air que lui suffisait à l'agacer.. Et le paralyser, observant tous les quarts d'heure sa porte de peur de le voir débarquer avec à ses lèvres son sourire de prédateur contre lequel il le savait lutter serait vain. Il avait toujours été plus fort que lui...Et Komui trop loin pour l'en protéger...Mais même s'il avait été là il n'aurait certainement pas été chercher sa protection.

Car non, il n'était pas faible. Non monsieur. Il était fort. Il devait y croire et s'il y croyait, tous le croiraient. Il ne devait pas se laisser déstabiliser par son attitude.

Car plus que tout son attitude était le pire. Il avait l'impression qu'elle cachait une nouvelle stratégie de sa part. Il n'agissait pas du tout comme l'homme qu'il avait connu. L'Alexandre qu'il connaissait, ne l'aurait jamais mis en garde contre un autre manipulateur, n'aurait jamais été aussi gentil avec lui malgré le fait que ce soit lui qui l'est quitté en tentant de le protéger de Peck, ne se serait pas mis à courir les couloirs sans explication, et surtout, surtout, aurait tenté quelque chose contre lui ou même aurait courtisé Reever honteusement devant lui. Et à tout bien y réfléchir, il n'avait pas vraiment déployé tout son charme contre Reever.. Oh non.. En le voyant le tenir ainsi, il avait de suite rattaché cette image à ce qu'il connaissait de lui sans se poser plus de questions, mais il avait bien entrevu cette expression d'angoisse devant une vérité qui l'effrayait...Il avait eu sous ses yeux un homme plutôt beau, et il ne lui avait rien fait. En plus du fait qu'il semblait avoir compris son problème émotionnel en le contemplant simplement, qu'il avait reconnu même sa faiblesse et affirmer qu'il ne voulait plus le faire souffrir tout en laissant sous entendre que le contempler ravivait des souvenirs ce qu'il voulait éviter chez lui sans compter l'horreur des blessures infligées mentalement dont i prenait conscience en le contemplant.

Que préparait-il ? Pourquoi donc agissait-il de la sorte ? Était-ce une nouvelle tactique de séduction pour le faire retomber dans ses filets comme il aimait à le croire.. Ou bien était-ce une preuve de changement de sa part ? Aurait-il réussi à le changer ? A le rendre amoureux de lui, ce qui expliquerait sa nostalgie, voir son bégaiement lui qui ne bégayait jamais ? A cette pensée son cœur en manqua un battement et prit une tournure plus chaloupée. Avant qu'il ne secoua la tête agacé contre ses pensées. Bien sûr que non. Alexandre restait un pervers narcissique, séducteur et non fiable. Personne ne pouvait le changer, c'était ainsi. Il ne connaissait pas l'amour, ne connaissait que la séduction puis jeter les personnes quand il s'en était lassé en dépit de leurs sentiments qu'il n'éprouvait pas. Il ne voyait que son âme à lui, pas celle des autres qui n'étaient qu'un moyen d'assouvir ses désirs. Et ce n'était certainement pas ses cheveux bruns ni ses yeux bordeaux qui l'aurait attiré et lié à lui. Il effleura une de ses mèches brunes avec un sourire dont il ne put chasser la douleur. Dès le départ leur amour était voué à l'échec. Il n'y avait jamais rien eu en lui d'intéressant, à part l'intérêt de la nouveauté et de l'ignorance...Qui finissait toujours par s'étioler comme un feu que l'on laisse s'éteindre. Et il s'était laissé prendre à ses mensonges.. Il était normal qu'il en paye le prix après tout.. Mais Alexandre était un salaud. Point. Et les salauds ne changeaient pas, c'était connu. Seulement les livres et la littérature n'était pas la vérité, il l'avait appris depuis longtemps. Et puis même s'il paraissait changé, qu'aurait-il fait ? Mais surtout la véritable question était...

Pourquoi avait-il réagi de manière aussi concernée quand il l'avait vu tenir Reever ? Il n'aurait plus rien du éprouver en le voyant. Alors pourquoi aussitôt avait-il vu rouge quand ils les avaient vus ? Mais c'était parce que c'était le galant de Komui et qu'Alexandre n'avait pas le droit de le lui voler...Voilà une explication rassurante comme un foyer chaleureuse où il faisait bon de se réfugier mais qu'il savait fausse au fond. Et puis pourquoi avait-il été aussi gentil avec lui en allant jusqu'à lui offrir sa main à serrer ? Cela n'avait pas de sens, lui qui ne voulait plus qu'il le touche... Et en plus, en se rebellant au moindre prétexte, apeuré, rattachant ce geste à la faute d'Alexandre comme un prétexte pour justifier de ce moment de faiblesse, il était certain d'avoir attisé la curiosité et l'incompréhension du blond... Tout ce dont il n'avait pas besoin car dès qu'un détail intriguait Alexandre, aussitôt il menait sa petite enquête... Non vraiment, quelque chose n'allait pas. Ou alors c'était un plan qu'Alexandre avait mené à brio en quelques minutes pour le faire agir étrangement. Oui c'était cela. Car il n'éprouvait rien. Rien du tout. Et il le détestait. Point. D'ailleurs pourquoi avait-il donc prié pour un individu pareil ? Un tel homme n'avait sa place qu'au cimetière. Étrangement son cœur se serra à cette pensée terrible. Agacé, il secoua à nouveau la tête. En quoi sa mort le blesserait-elle ? Il était la source de tous ses problèmes, tous sans exceptions. Mais celui qui lui avait...

Rageur, il hurla dans la pièce vide. Il ne devait plus penser à tout cela. C'était du passé, tout cela et dont il avait dépassé la souffrance. Car il n'éprouvait plus rien. Ne devait rien éprouver. Et était devenu un salaud. Comme Alexandre. Point. Et si Reever entendait ces pensées, songea-il en riant intérieurement, il entrerait dans une rage noire...Mais il ignorait encore tout le mal qu'il avait fait et ce depuis sa naissance.. Et il savait qu'à partir du moment, où il lui en parlerait il le perdrait.. Ou il devrait le détester s'il lui conservait son amitié malgré tout en plus de savoir à quel point il avait été faible...Le sourire qu'avait amené sa pensée à ses lèvres se ternit légèrement.. Reever... Qui persistait à dire qu'ils étaient amis quand il ne voulait simplement pas être haï de lui. Pourquoi seulement lui.. Peut être étais ce simplement parce qu'il serait dans un proche avenir, le petit ami de Komui ? Parce qu'il lui offrait de la chaleur dont il commençait à ne plus pouvoir se passer ? Qu'il lui avait résisté courageusement ? Ou tout cela à la fois... Il sourit plus encore. Bah, il préférait ne guère se poser des questions car inévitablement il en arriverait à celle, essentielle qu'il devait fuir pour le moment. Si Reever avait raison ou non quand il affirmait qu'ils étaient déjà amis. Car si c'était le cas, il devrait prendre de la distance à défaut de pouvoir s'en faire détester et l'accepter lui-même avant qu'il ne détruisit son bonheur ou lui attira des ennuis, comme à tous ceux dont il s'était approché en plus de ne pas avoir le droit à son amitié lui si impur. Mais il ne voulait plus penser à perdre ses moments avec le blond, pas pour le moment. C'était comme si le ciel avait pitié de lui dans sa miséricorde en ne le laissant plus seul, même si il ne le méritait il savait bien que tout cela ne durerait jamais. Alors, avant que la conscience aiguë de ce qu'il devait faire ne revint, il préférait fermer les yeux. C'était bien mieux. Lui évitait aussi de se poser la question de la vivacité ou non de ses émotions. Il sourit plus encore. Étrangement penser à Reever lui avait fait un peu de bien, vider l'esprit de l'autre squatteur. Il pourrait peut être effectuer un tant soit peu de travail à présent... S'il avait su, il aurait laissé depuis longtemps dériver son esprit...Il lâcha le bois de son bureau et de nouveau motivé, résolu à perdre son âme en de la paperasse comme à l'accoutumée, à présent qu'elle était plus calme, s'apprêtait à se rasseoir à son bureau,la main déjà sur le dossier le plus proche, lorsque subitement non loin de là résonna une voix en colère qu'il ne connaissait que trop bien :

« On peut savoir ce que vous faites au juste inspecteur général ? J'ai tout de même le droit à un peu de répit, là non ? »

A cette voix il se figea, son sang se glaçant de terreur à cette colère qu'il aurait reconnu entre mille. Celle d'Alexandre non loin de lui, tout près et qu'après s'être dépêtré de Luberrier il viendrait assurément lui faire payer comme auparavant. L'espace d'un instant, il ressentit à nouveau en sa chair les terribles douleurs et la porte qui claquait l'enfermant dans une pièce remplie de noir et d'ombres qui le pourchassait pour le dévorer...Subitement, il sursauta, s'arracha à ses terreurs qui appartenaient au passé. Oui, à présent, il ne se laisserait plus faire, plus jamais. Il n'était plus l'homme qu'il avait été. Il saurait lui faire passer l'envie de le tourmenter. Il eut un sourire sadique et sortit son arme la déposant sur le bureau, en cas où. En tous les cas, elle ternirait déjà un peu sa colère et ce n'était pas rien. Il pouvait venir à présent, il ne le craignait plus. Et tant pis pour sa main qui tremblait un peu, ses pensées qui n'oubliaient pas tout à fait la douleur et l'horreur d'avant, son cœur qui battait la chamade et lançait en ses veines une frénésie de peur et son corps qui se tenait par anticipation de la douleur pour la diminuer. Il devait faire croire qu'il ne le craignait plus, car plus il sentirait sa peur, pire il serait. Il ferma les yeux et se forma à inspirer, expirer profondément, tentant d'oublier le monde alentour. Sans grand succès car subitement lui parvint la voix, moqueuse de Luberrier :

« Drôle de pause qu'espionner un honnête commandant, mon cher...

Il soupira soulagé de retrouver là en partie le salopard qu'il connaissait, l'irresponsable pervers en même temps qu'un étrange pincement parcourut son cœur qu'il ignora tout bonnement, d'avoir raison de le craindre aussi et de le détester puisque étant bien le même sale individu qu'il l'avait blessé. Il avait eu vraiment peur qu'il est changé. C'était donc bien une comédie destinée à le tromper.. Il préférait cela, oh oui. A présent, il savait à quoi s'en tenir. C'était bien plus simple. Il n'avait qu'à haïr à présent. Sans se poser des questions comme il s'en était posé. Et ainsi il s'était donc remis à observer sa proie, comme à l'accoutumée.. Qui était donc Reever puisque commandant... A cette pensée son sang se glaça. Il devait l'informer, le protéger d'Alexandre si l'autre l'avait pris en chasse et qu'importe si cela lui attirait à lui, des ennuis car, lui comme aujourd'hui saurait toujours déceler le piège. Il sourit fier de lui et fier de ses résolutions et s'apprêtait à se lever pour demander à parler seul en privé avec Reever lorsque subitement reprit la voix d'Alexandre de plus en plus agacée :

« Honnête ? Votre Peck ? Laissez moi rire ! Ce mec prépare un sale coup et sans votre intervention, j'aurais pu savoir de quoi il s'agissait ! Mais si vous voulez qu'il ait le temps de monter une révolution, grand bien vous fasse ! Mais ne venez pas pleurer dans mes jupes pour que je vous arrange cela à coup de sourires bien placés ! Ce sera sans moi ! »

Peck.. Il espionnait Peck ? Mais pourquoi ? Ce n'était pas pour lui, c'était impossible...Il ne pensait qu'à lui... Médusé, il se redressa dans son fauteuil, son cœur battant étrangement la chamade à la pensée dont il essayait de se délivrer, celle qui pensait qu'il faisait cela pour le protéger. D'autant que comme à l'accoutumée, il exagérait le tout..Comme si la moindre chose qu'il puisse apprendre sur lui pouvait provoquer une révolte mise à part sa décision.. Mais personne n'était au courant de ceci et elle n'était répertoriée nulle part que dans 7 mémoires qui jamais ne le trahirait ou ne s'abaisseraient à en parler. Il ne put retenir un léger sourire malgré la surprise qui l'envahissait et la voix en lui qui répétait sans cesse que ce ne pouvait être pour lui..Et comme de juste la voix de Luberrier reprit, moqueuse :

« Une révolution, rien que cela.. Votre Johann n'est pas si important que cela, vous savez... »

Votre Johann.. Il avait fumé quoi le vieux ? Il ne lui appartenait pas, certainement pas... Il ne voulait pas en plus de tout.. Non certainement pas... Néanmoins il devait reconnaître qu'il n'avait pas totalement tort.. Ce n'était pas son passé qui déclencherait une révolution, même si les rumeurs éparpillées et sa décision, elles, le pouvaient... Par certains côtés, Alexandre était tellement stupide.. Et il allait sûrement s'enorgueillir de l'affirmation fausse de Luberrier. Et il se ferait plaisir de le remettre à sa place. Il sourit par avance alors que les voix se faisaient plus proche encore, comme si elles se dirigeaient vers son bureau, tout en plongeant les yeux sur le dossier, amusé en même temps en lui-même de voir Alexandre agacé contre Luberrier, ce fumier..C e n'était et ne serait jamais la première fois où ces deux là se prenaient la tête l'un l'autre et se torturaient, en bon manipulateur qu'ils étaient. Et le conflit entre les deux était toujours jouissif, surtout dans leurs manière de s'envoyer des piques de manière élégante sans franchir certaines limites...Leur manière d'hypocrites mais qui leur allait si bien, si semblables à leurs âmes. Et doucement, il attendit la réponse acerbe d'Alexandre qui ne tarda pas à arriver :

« Oh mais en faisant jouer l'intolérance, vous savez très bien qu'il y a moyen de liguer tout le monde conte lui.. Et il ne se gênera pas si c'est de cela dont il est au courant...Et ce n'est pas MON Johann. Il s'appartient à lui-même et depuis toujours et insensé celui qui prétendrait qu'il lui appartient...»

« Imbécile.. Murmura t-il éperdu, à quoi est ce que tu joues ? » d'étranges larmes d'émotion et de stupeur se jetant à son regard qu'il essuyait rageusement comme refusant de les verser pour lui, refusant d'entendre ces quelques mots, refusant l'émotion qu'ils lui apportaient, ces mots qu'il n'avait jamais eu pour lui et qui venaient des années après quand ils n'étaient plus en couple, ces mots qu'il aurait aimé entendre quand ils étaient encore en couple l'attachant à une personne dont il avait de plus en plus l'impression de ne connaître que son visage, ses sourires mais plus vraiment son essence profonde, comme si vraiment il avait changé...Mais c'était impossible, ce devait être une nouvelle stratégie pour le faire retomber dans ses bras.. Il ne devait pas se laisser prendre. Pas se laisser avoir par ses mots qui voulaient peut être toucher son cœur pour réveiller.. Quoi ? Ses sentiments étaient morts depuis longtemps tout comme les siens étaient morts depuis sa naissance tout comme il l'avait certainement oublié dans une centaine de bras bien plus beaux que les siens assurément...Il fallait qu'il soit objectif.. De toute manière , il ne ferait que reproduire ses erreurs passées.. Il ne savait faire que cela, il le savait très bien...D'autant qu'il se traitait d'insensé lui-même, paradoxe suprême...Il eut un sourire amusé doucement face à son incohérence à laquelle il se raccrocha de toutes ses forces pour édulcorer les sensations qui naissaient à ses mots et qui ne devaient pas exister...Et dont il savait déjà que Luberrier ne manquerait pas de l'attaquer là dessus, même si il n'avait pas tort quand il parlait de jouer sur l'intolérance et l'origine de sa première impureté.. Aussi ne fut-il pas surpris quand Luberrier s'exclama, sa voix de plus en plus proche :

« Alors tu es insensé, Alexandre...

-Sauf votre respect, inspecteur, j'étais.

-Le grand Bolskrin changé...

-Parce qu'à vous, le rire ça va bien...

-Je peux être très plaisant si j'ai envie..

-Ah oui ? Pas sûr que les Lee soient du même avis...

-Les Lee sont des cas à part et rancuniers...

-A raison. »

Il ne put retenir un léger rire fin comme une brise d'été à ce dialogue acerbe si courant chez eux et très véridique quand à son côté plaisant, ce dialogue dont il préférait rire et oublier le fait qu'à nouveau il se montrait comme ayant fait des erreurs mais tout en retenue pour éviter de se montrer faible face à Luberrier. Dont comme lui il rirait plutôt en songeant que Bolskrin prétendait changer quand il ne le pouvait assurément pas. Il était bien trop pourri pour. Il sourit hautement amusé. Et dire qu'une part de lui au fond voulait y croire... Qu'il était stupide et cette part un mensonge... Il se rejeta dans le fond de sa chaise, préférant s'amuser à compter les points, sachant très bien que Luberrier était dominé comme à l'accoutumée.. C'était là le seul avantage au retour d'Alexandre, savoir que Luberrier serait systématiquement humilié et il comptait bien en profiter...

« Fais le malin, Alexandre..

-Avec plaisir, Malcolm...Mais si tu pouvais m'expliquer pourquoi tu m'as arraché d'une compagnie hautement plus agréable que la tienne, cela m'arrangerait...

Il retint un pouffement à ces mots acerbes, leurs voix étant trop proches pour qu'il puisse rire ouvertement sans se révéler en train de rire. Car s'il permettait cette insolence à Alexandre, il ne la lui permettrait jamais à lui et le lui ferait payer bien plus cher. Mais oh, ce que l'entendre se faire moucher lui avait manqué...

-Patience, tu vas comprendre... Et adorer j'en suis sûr..

-Quand vous avez ce sourire, inspecteur, ça ne signifie rien de bon...

Par contre, la suite, non là, elle lui plaisir bien moins...Il souriait ? Oh, non en effet, ce n'était pas bon.. Pris d'un mauvais pressentiment, il se redressa dans son fauteuil alors que les voix se faisaient plus près encore. Il avait comme l'impression que la suite ne risquait pas de lui plaire le moins du monde...

-J'ai dit que tu adorais, pas que la personne que nous allons voir va, elle, adorer...

-ENFOIRE ! QU EST CE QUE TU PREPARES ENCORE ? »

« Oh oui enfoiré quel coup tordu tu me prépares encore? » Songea t-il alors qu'un frisson le parcourait,ainsi que le sentiment que quoi qu'il arrivât, c'était lui qui était visé dans cette horreur, la voix en colère d'Alexandre lui parvenant de juste derrière sa porte entrouverte de sorte à masquer le couloir attenant mais ne pas être fermée. Et il ne fut hautement surpris quand sa porte s'ouvrit à la volée sous l'air triomphant de Luberrier auquel le jeune homme refusa presque de suite son regard, préférant l'incliner sur ses documents et attendant la nouvelle horreur qu'avait inventé Luberrier et refusant de croiser le regard d'Alexandre qu'il sentait à présent peser sur son front alors que son nom interloqué lui échappait, un peu bredouillant:

« J..Jo ?

« Oui, c'est moi. C'est bien, tes yeux sont opérationnels. Et mon nom complet est Johann Ellis Greimbaum, si tu t'en rappelles cerveau d'algues, entre parenthèse.. Pas Jo... » S'amusa t-il intérieurement agacé devant ce surnom qui lui échappait spontanément mais refusa d'en rien laisser paraître, se composant un air neutre (se disant que se moquer ouvertement d'Alexandre devant Luberrier qui l'aimait bien, lui, et devait particulièrement aimer qu'il lui tint tête était le meilleur moyen pour se faire rabrouer ) et s'exclamant, en tournant une page de ses documents (de manière à le faire croire absorbé un tant soit peu en son travail)

-Que puis-je pour vous inspecteur général ? Mr Bolskrin ? »

Peut être qu'en étant détaché de lui, il prendrait aussi ses distances, comprendrait que son petit jeu comme il aimait à le penser ne servait à rien et peut être que ses propres réactions en deviendraient contrôlables en retour. Et que ce surnom cesserait de venir spontanément à ses lèvres devant Luberrier surtout.. Il sentait ses joues commencer à le brûler et il savait que ce n'était absolument pas la meilleure chose à faire devant Luberrier.. Il pourrait croire qu'entendre ce surnom le gênait et lui faisait plaisir.. Et non, ce n'était pas vrai.. Et ce n'était PAS parce que son cœur avait eu un sursaut et qu'une étrange chaleur avait parcouru son corps que c'était bien parce que cela lui faisait plaisir... Mais le plus important était que personne ne s'en rende compte et s'était visiblement passé inaperçu.. Puisqu'il n'avait eu aucune remarque dessus de suite.. Ouf...

« Et bien dis donc, cela en fait de la paperasse... On croirait que vous tentez de ressusciter Komui... »

Oh.. Il avait choisi la paperasse comme angle d'attaque... Et un reproche de manière mielleuse et une menace implicite de révolution qui immanquablement découlerait de sa résurrection au vu de combien il était encore peu reconnu encore.. Mais si il attaquait un peu son cœur, le faisant culpabiliser plus encore en songeant aux gens dont il méprisait le travail, il choisit de ne rien en laisser paraître et allait pour répliquer lorsque subitement, le prenant de cours :

« Et vous connaissez Johann, vous savez très bien que ce sera fait en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire.. Et où est le mal de ressusciter en parti l'homme que vous avez chassé d'ici ? Auriez vous peur que sa résurrection en partie fasse réaliser à vos hommes tout ce qu'ils ont perdu en le perdant ?

A ces mots il ne put que lever le regard et le fusiller de celui-ci, absolument pas reconnaissant à son égard de son intervention. Il n'avait pas besoin qu'il le défende contre Luberrier. Surtout pas contre Luberrier qui verrait cela de suite comme un aveu de faiblesse. Les manipulateurs comme lui, il savait à la perfection ne pas leur donner satisfaction. Non, son problème avait été et serait toujours les émotionnels comme Reever et Komui avec lesquels il ne savait pas comment se faire haïr et rejeter. Et ils n'étaient ni l'un ni l'autre de cette catégorie. Et puis il ne voulait rien devoir à l'autre, jamais. Il serait trop heureux de considérer qu'il lui devait une faveur... Et ce n'était certainement que dans ce but qu'il était intervenu.. Ou alors c'était pour l'humilier publiquement.. Cela lui ressemblait bien plus. Pas pour le protéger lui qui ne pensait qu'à lui-même et à ses prochaines conquêtes. Et surtout pas à lui. Assurément. Il n'y avait plus rien à effleurer sur lui qu'il n'ai fait. Ou alors c'était pour le punir de l'avoir quitté, parce que sa froideur le rendait fou car lui résistant. Très il n'allait certainement pas se laisser faire. Il allait lui faire mesurer la distance qui régnait entre eux. Il eut un sourire mauvais avant de s'exclamer :

« Merci pour cette intervention tout à fait inutile, Mr Bolskrin, mais je peux tout à fait répondre par moi-même. »

Il admira le frémissement des épaules d'Alexandre avec un léger pincement au cœur, se doutant qu'il venait de le blesser par sa froideur son refus d'aide à la fois nécessaire contre Luberrier et nécessaire contre lui pour qu'il sachât qu'il n'avait pas besoin de son aide et ne se crût pas utile, qu'il le possédait malgré ses mots qui étaient en contraste avec sa manière de réagir, détourna son regard à la vue du sourire désolé qu'il eut, qu'il ne connaissait que trop bien,ce sourire qui l'avait si souvent trompé et auquel cette fois-ci il ne prêta aucune attention préférant reporter son regard vers Luberier auquel il sourit poliment avant de s'exclamer :

« Loin de moi l'idée de ressusciter cet incapable... S'il pouvait quitter ce monde, tout le monde n'en serait que bien plus heureux et je partage cette opinion... Et je vous promet que d'ici ce soir, il n'y aura plus une feuille traînant sur ce bureau...

-J'ose l'espérer... »Lâcha Luberrier du bout des lèvres avec un sourire déplaisant et suffisant de celui qui s'apprêtait à asséner un coup fatal à ses adversaires, qui le fit se tendre instinctivement, redoutant le coup qui ne saurait tarder à venir, qu'il était en train de retarder pour réussir son effet de surprise. Il était en train de se mettre en scène, de cette manière qu'avait Komui d'annoncer quelque nouvelle.. Paradoxe quand il voulait chasser la moindre pensée de cet homme... Comme il aurait aimé le faire, comme il aurait aimé en penser le moindre mot.. Mais dont une illusion de lui n'y croyait pas.. Même si le fait que Komui n'ait pas existé sur cette terre l'aurait considérablement aidé à se détruire bien plus rapidement... Il entendit subitement un bruit de cassure. Il eut un sourire. Il n'allait pas le louper, ça non. Même si c'était dangereux...Pour une fois...

« Si ce que je dis ne vous plaît pas Mr Bolskrin, vous pouvez toujours sortir. Nous n'avons certainement aucunement besoin de votre présence en cette pièce. Et si vous n'appréciez pas ce que je dis de mon incapable de prédécesseur, je vous saurai extrêmement gré de ne pas casser ce qui ne vous appartient pas. »

« Et paf ! Prends toi cela dans les dents... » Songea t-il plutôt satisfait de pouvoir le tourmenter en sachant que s'il réagissait, Luberrier se ferait un plaisir de le remettre à sa place trop heureux de lui faire remarquer ses faiblesses...Même s'il l'appréciait, il adorait le voir en position de faiblesse...Il le savait à la perfection. Et l'entendre se faire moucher de la sorte ne pouvait qu'assurément lui plaire, comme le confirma le sourire moqueur qu'il eut en retour mais qui ne perdit rien de sa dangerosité et qui ne fut assurément pas pour le rassurer comme la suite de ses mots :

« Oh non, non, ne sortez pas, Mr Bolskrin.. Cela gâcherait assurément la surprise que je vous destine... »

« Qu'est ce que tu prépares encore sale serpent ? » Maugréa t-il en son for intérieur mais préférant offrir son regard aux documents, sentant d'instinct que l'autre serait bien trop heureux s'il pouvait croiser son regard en disant son ignominie. Et puis s'il pourrissait la vie de l'un autant pourrir la vie de l'autre, son autre tortionnaire et celui des Lee, à titre de vengeance pour eux deux.

« Qu'est ce que vous mijotez encore, inspecteur ? » S'exclama Alexandre subitement, le faisant sourire plus encore. Décidément, il n'avait pas l'art et la manière de dissimuler ses questions. Grave erreur, très grave erreur.. Et dire qu'il l'avait pris pour un maître de la manipulation... Il était vraiment pitoyable, en fait...Ou bien, il faisait semblant de l'être pour l'apitoyer ou se faire plus fragile qu'il n'était.. Mais alors dans ce cas, c'était extrêmement bien simulé.. Et il ne devait surtout pas se laisser prendre. Assurément non. Même si la question en somme était la même. En plus polie néanmoins, comme quoi Alexandre était bien moins stupide qu'il n'en avait l'air...Tout de même.. Pas qu'il soit devenu stupide en plus...Car alors l'humilier serait sans gloire... Et au même moment, Luberrier s'exclama d'un air triomphant :

« Oh, c'est fort simple.. Et d'ailleurs, cela ne correspondra à aucune nouveauté pour personne d'ailleurs... »

Oh là là.. Il le sentait le coup fourré... La pièce empestait de son odeur lourde et suave car de l'ordre des sensations diffuses, il le sentait d'ici même abrité derrière son bureau et dont le bois délicat ne pouvait le protéger de cette impression latente qu'il avait depuis le début. Il se tendit d'instinct, se redressant dans son fauteuil, comme si droit comme un i, le coup tordu ne lui ferait aucune blessure comme il voulait le croire, le faire croire même en sachant qu'il le blesserait, en plongeant son regard dans celui de Luberrier de manière à se montrer plus fort que ce qu'il ne pensait de lui, pour qu'il puisse comprendre que quoi qu'il puisse dire, rien le blesserait.

Et il vit la lueur satisfaite embraser son regard ainsi que son sourire victorieux, comme sachant à la perfection qu'il allait le blesser et le détruire et que cette perspective l'amusait par avance, en bon sadique qu'il était et que le voir simuler qu'il allait très bien et irait très bien l'amusait d'autant plus qu'il avait l'impression que son coup tordu le détruirait sous ses yeux. Mais il n'allait pas se laisser faire, ah cela non... Il n'allait pas s'effondrer, il pouvait toujours rêver, et surtout pas devant eux. Il lui rendit un regard neutre en retour, refusant de lui concéder le moindre doute, la moindre peur alors que l'autre s'approcha d'Alexandre qui depuis quelque minutes le dévisageait en silence, semblant tenter de lire ce qu'il prévoyait en son regard sans sembler y parvenir et entoura de son bras les épaules d'Alexandre qui sur le coup sursauta, à son contraire qui retint de justesse la surprise avant de s'exclamer :

« Notre jeune ami, ci présent, a commis envers moi l'erreur de croire qu'il pouvait me manipuler comme il le voulait... Il est donc de mon devoir de le punir comme il se doit.. Alors que de l'autre côté, je dois vous féliciter pour le succès de votre mission. Alors autant faire d'une pierre deux coups,n'est ce pas ? Oh, on dirait que vous ne voyez pas où je veux en venir, Mr Bolskrin. mais visiblement Mr Greimbaum, lui, voit très bien à quoi je me réfère...Et vous serez tenu de me rapporter tout manquement sous peine de sanction pire que ce que je vous ai infligé ces derniers temps qui n'était nullement une sanction, mais une simple mise en condition... »

Oh oui, il voyait très bien à quoi il se référait.. A la perfection...Mais contrairement à ce qu'il pensait, son rappel ne lui faisait pas mal car il s'était fait à l'idée même si la manière de procéder ne lui laissait à présent que peu de chances de s'y dérober, nuisant grandement au plan de Reever puisque jamais, au grand jamais il n'y irait s'exposer à une sanction de Luberrier, et même s'il ne comprenait avec quoi il l'avait torturé ces deniers temps, au frisson et regard haineux qu'il lui adressa, Alexandre, lui, savait de quoi il parlait et c'était visiblement pénible...En d'autres circonstances il aurait été ravi de le voir arborer une telle figure mais là... Il faisait une bien trop mauvaise figure pour pouvoir accepter la moindre concession en plus du fait que Luberrier était toujours très doué pour sentir les mensonges … Luberrier avait trouvé le moyen inestimable de l'obliger à se prêter à tout cela mais d'une certaine manière, il se doutait qu'au fond, Reever ne pourrait se substituer au châtiment. Il avait simplement décidé d'oublier ce fait évident... En tous les cas, s'il était forcé, rien ne l'obligeait à être agréable avec Bolskrin.. Il n'avait qu'à être froid avec lui mais poli, car moqueur comme il était en cet instant, seul avec lui serait hautement dangereux car là personne ne pourrait lui servir d'intermédiaire qui le canaliserait et qu'en rajouterait en plus le fait de savoir qu'il l'avait nargué tout du long. Il valait mieux d'ores et déjà se mesurer. C'était mieux. Bien mieux. Bien moins moins inquiétant. Et surtout ne rien laisser paraître. Il baissa le regard de l'air le plus détaché qu'il put. Qu'il ne simulait qu'en partie. Après tout il n'y avait là rien de bien neuf. Et il avait tout à fait eu le temps de se parer contre cette douleur.

« Non, vous ne voulez pas dire...

Ah il réalisait enfin de quoi il parlait...Décidément... Il était vraiment long à la détente... C'en était désespérant, là... Il ne put retenir un sourire malgré son risque, tout en sachant que les yeux de nouveau rivés sur ses feuilles dans son air indifférent demi simulé ne trahirait pas ce sourire le moins du monde.

-En effet. N'êtes vous pas heureux, après sept ans à en entendre parler à l'idée de passer une soirée entière avec lui et sans que personne ne s'y oppose, je vous le garantie ? »

Il tiqua subitement à ses mots, ne pouvant retenir un frisson de surprise et face aux idées qu'il énonçait de ce petit air fier et heureux de lui même. Sept ans à en entendre parler ? Que voulait donc dire Luberrier par là ? Il avait l'air de sous entendre qu'il lui avait parlé de lui sans cesse pendant sept ans.. Comme si il l'avait torturé avec son souvenir comme lui-même l'avait été tout ce temps.. Ou comme si depuis sept ans il avait demandé des nouvelles de lui.. .Son cœur en manqua un battement. Avant qu'il ne se morigéna intérieurement. Enfin voyons...En quel honneur se serait-il intéressé à lui, lui qu'il l'avait quitté ? En quel honneur aurait-il pu se rendre compte des blessures qu'il lui avait infligé lui tant insensible ? Et puis d'abord, pourquoi son cœur lui battait-il tant à cette perspective erronée ? Tss... Il n'éprouvait rien, rien du tout. Voyons. Et dans quelques minutes, l'autre s'extasierait, serait hautement heureux, malgré ses mots, ses prétendus mots qui aspiraient à le ménager, et il aurait assurément là son sourire de conquérant teinté de sa perversité habituelle.. Assuré...

« Bon dieu.. Vous n'écoutez rien, mais rien du tout de ce que je vous dis.. Cela fait six ans que je vous dis de LUI FOUTRE LA PAIX AVEC MON SOUVENIR BORDEL DE MERDE ! SI VOUS CROYEZ QU IL A BESOIN DE SE SOUVENIR DE MOI, DE SOUFFRIR ENCORE PLUS EN ME COMTEMPLANT, EN PASSANT DU TEMPS SEUL AVEC MOI, ALORS VOUS ETES ENCORE PIRE QQUE TOUT CE QUE JE PENSAIS ! DEJA, J ETAIS EN COLERE CONTRE VOUS EN COMPRENANT EN QUEL COMPLOT VOUS AVIEZ PLONGE KOMUI, EN SACHANT QUE VOUS AVEZ PRIS UN MALIN PLAISIR A ME FAIRE DES ALLUSIONS A DES CHOSES IMPOSSIBLES MAIS ALORS, LA,LA C EST LE PONPON ! SI VOUS CROYEZ QUE JE VAIS VOUS LAISSER M USER COMME MOYEN DE TORTURER JO UNE FOIS DE PLUS, VOUS VOUS TROMPEZ LOURDEMENT ! J AI PAS BESOIN DE LE FAIRE SOUFFRIR PLUS ENCORE ET TOUT CE QUE JE VEUX, C EST QU IL PUISSE M OUBLIER TRANQUILLEMENT SANS QU AUCUN EMMERDEUR NE LUI RAPPELLE SON TORTIONNAIRE ! ALORS POUR VOTRE PUNITION, NE COMPTEZ PAS SUR MOI, MAIS ALORS PAS DU TOUT ! ET JE VOUS JURE QUE VOUS ALLEZ PAYER POUR TOUT CELA. POUR KOMUI, POUR JO, ET POUR MOI AUSSI. VOTRE REPUTATION VA EN PRENDRE UN SACRE COUP, JE PEUX VOUS LE DIRE ! »

Et sur ses entrefaites, il fusilla une dernière fois Luberrier du regard avant de pivoter fièrement sans plus lui accorder un regard, en marchant à la vive allure qu'il lui avait si souvent connue, cette vive allure que la rage lui dictait et qu'il savait ne surtout pas devoir interrompre sa danse éperdue, par peur de voir la rage se jeter à vos yeux. Mais plus que cette rage, ce qui le laissa muet, le cœur au bord des lèvres, l'esprit de plus en plus déconcerté, c'est ce qui l'a amené à ses lèvres. Ce refus de ce qu'il pensait qu'il verrait comme un bonheur, le refus de le faire souffrir, qu'il put l'oublier, des allusions dont il le torturait qu'il ignorait ce qu'était mais qui semblaient être de la pure souffrance et impossible à ses yeux, les menaces qu'il proférait à l'égard de Luberrier et qu'il savait qu'il mènerait à exécution, à la fois pour l'homme dont il avait peur, lui.. et lui même...ais pourquoi, quel sens donner à tout cela.. Pourquoi, alors qu'il devait le haïr.. Et surtout, était-ce vraiment un plan pour le jeter à nouveau en ses bras? Il commençait à en douter de plus en plus.. Et ce n'était pas bon.. Bien moins clair que croire qu'il le haïssait, bien plus effrayant... Pouvant peut être bien l'ébranler lui-même.. Et cela ne devait pas arriver.. Surtout pas...Et il ne devait pas laisser Luberrier percevoir une fois de plus son trouble. Ni se laisser aller... Il serait trop heureux de le lui faire remarquer à présent. Il esquissa un sourire qu'il voulut mauvais et s'exclama :

« C'est cela.. Ah pour s'emporter, il est le premier mais pour passer à l'acte...En plus que peut-il contre vous, inspecteur général ? »

Et un peu de pommade pour ton ego...Et l'insulter de la sorte, lui permit de reprendre en partie son esprit. A quoi donc songeait-il, en doutant un instant qu'il ne s'agissait là que d'un masque ? Il était véritablement pitoyable...Et pas assez méfiant... Et il devait ignorer les étranges battements insistants de son cœur, secrets comme une douce mélopée qui l'agitaient et l'amère douleur qui le tenaillait doucement en l'insultant en connaissant bien le caractère erroné de ses mots. Il ne devait se concentrer sur le regard satisfait de Luberrier qu'il lui renvoya avant de s'exclamer d'un air dont il commençait à chasser la surprise, résolu à son tour à dissimuler ses faiblesses :

« En effet, rien du tout. Vous avez là bien raison... Et j'ose espérer que comme vous venez à bout de vos faiblesses, vous viendrez à bout de votre paperasse avant ce soir.

Il retint de justesse un frémissement à ses mots qui montraient qu'il n'était dupe de son masque. Damn it. Ce qu'il pouvait avoir d'excellents yeux, cet homme dans sa surprise, pour son plus grand malheur...Et tout en jurant en lui-même, il lui adressa un regard neutre avec un sourire chargé d'une fausse amabilité :

-N'ayez de crainte à ce sujet.

-J'y compte bien s'exclama Luberrier d'un air hautain, où qui c'est ce que de pire je pourrais inventer... »

Il n'eut pas un frémissement, pas un sursaut, tant qu'il n'eut pas quitté à son tour la pièce de la démarche assurée de l'homme qui ne craint rien et qui a réussi à blesser malgré les obstacles que l'on lui imposait. Même si ce n'était assurément pas de la manière dont il le voulait, mais en introduisant en les veines du jeune homme un poison pire que tout à ses yeux, à la saveur acre et pourtant douce, du doute de ces croyances... Et dont il devait se libérer... Devait comprendre le jeu qu'il dressait avant qu'il ne se referma sur lui... Et il n'y avait assurément que peu de moyens de le faire.. Dont un très risqué... Et qui le protégerait d'un quelconque retournement de situation comme les humeurs d'Alexandre pouvaient changer plus rapides que le vent dans la voile alentour du monde et qui pouvait le pousser à apprécier ce qu'il méprisait la minute auparavant u qu'il faisait semblant de mépriser pour que en la lui refusant, il ne puisse en être que plus cruel...Il s'autorisa un léger frémissement, craignant ce qu'il ferait mais sachant cela nécessaire. Et qui ne pouvait être accompli que par lui-même, pas par Reever. Il s'agissait de son problème et il ne désirait pas l'entraîner avec lui dans de telles choses compliquées, voulait le protéger d'ennuis par sa faute. Il le réglerait seul. Comme il avait toujours fait. Sa décision prise, bien que son cœur perclus d'une sombre angoisse sourde, il leva les yeux au plafonds comme prenant à partie doucement en se dissimulant derrière un voile de pierre le ciel de sa décision. Et lui jurant de se tenir à celui-ci, de le protéger s'il le pouvait assurément de lui, de l'empêcher d'interférer dans un problème qui était sien et dont il pourrait être berné par un de ces joyeux ornements qui enlaçaient sans cesse sa vie et qu'il avait appris à reconnaître avec le temps, la distance.. Et les yeux avisés de Komui... Qui ne l'avait jamais laissé seul et aidé, et dont l'amant de son côté, lui ne demandait guère mieux que d'aider ce jeune homme qu'il savait du plus profond blessé.. Et qui ferait tout ce qu'il pouvait pour. Et qui lui aussi ce l'était juré. Mais le tigre enfermé en ses murs, s'enlisant dans ses documents à présent, l'ignorait.. Ou du moins une partie de lui elle, savait, attendait ces moments mais se parait du voile de l'oubli. Qui fragilisé balbutiait en des vents que le jeune homme s'efforçait d'ignorer et ceux que Reever avait ravivé, ceux presque éteints, le vent des sentiments qui emporte et enlacent tout et qui n'attendaient que cela pour embraser de nouveau l'âme du jeune homme. Et enfin le laisser se pardonner. Pour guérir enfin ce mal que le monde lui avait infligé et qu'il s'infligeait lui-même en représailles.

OoO

« Commandant ? Vous comptez écrire encore combien de temps ?

-Le temps qu'il faudra pour rattraper le travail que mes chers collègues ont délaissé...

-En dépit de votre repas ?

-Puisqu'il le faut, oui.. C'est mieux pour tout le monde...

- N'importe quoi... Vous avez bien le droit de vous poser aussi, avec le travail de titan que vous avez fourni depuis ce matin. Et puis vous allez fuir encore longtemps, les repas comme cela ? Et puis d'ailleurs, mon regard aussi... »

Reever soupira en relevant légèrement son regard des documents qui se présentaient sous ses yeux et sur lesquels obstinément il s'acharnait, aux mots un peu grondeurs de Johnny telle ceux d'une mère aux petits soins de son fils. Johnny qui était étrangement resté avec lui dans la pièce, quand tous les autres étaient parti manger, après un repos bien mérité face à l'excès de travail qui s'était abattu sur eux à la suite de l'étrange absence de Peck qui n'était pas pour le rassurer le moins du monde au vu de ce que Jeryy lui avait dit et de la haine non secrète dans laquelle il tenait Johann et qui pourrait le mener à trouver quelque chose qui assurément lui nuirait, ce qu'il ne voulait assurément point le moins du monde pour lui et à la suite de la maladie qui s'était abattu sur le troisième chef de section ,atteint malencontreusement par un reste de ce virus qui les avait atteint le jour de la disparition de Komui, comme si au milieu de sa disparition, quelque petits reste de son âme résistaient et affirmaient être encore vivants dans un décor sur le point de l'oublier. Ce qui n'avaient pu manquer d'amener un sourire à ses lèvres en voyant ce souvenir même de Komui déployer ses ailes en ce lieu pour refuser d'y céder.

Et depuis ce matin à cause de la disparition de ces deux hommes, il croulait sous le travail, avec une équipe deux fois plus grande qu'auparavant, quand il était encore seul à la diriger, en plus du fait que Komui, l'aidait (même occasionnellement ) à diriger celle-ci.. Résultat : depuis ce matin, il était submergé de travail sans pouvoir s'inquiéter à loisir, sans rien pouvoir faire pour savoir ce que l'autre préparait et l'empêcher, depuis que l'un de ses hommes était venu le chercher en catastrophe, l'air paniqué et de l'avoir cherché partout pendant au moins une demie heure, pour le trouver en compagnie d'un Johann effaré et un peu agacé face à la fuite de Bolskrin que ni l'un ni l'autre n'avait compris en lui apprenant les nouvelles et l'implorant de venir mettre bon ordre, ordre que Johann lui avait donné de suite à son tour, le visage ferme et fermé subitement, ne laissant rien transparaître du trouble qui certainement allait lui nuire ni d'aucune de ses intentions, le visage d'un intendant froid et plus du jeune homme qu'il commençait à connaître. Et qui assurément n'avait pu rester de glace après cela...Et dont il n'avait pu s'enquérir de son état, attaché qu'il était par la contrainte et le travail mêlé sans compter les sarcasmes qui viendraient assurément mourir en l'air des lèvres de Johann, s'accrochant au moindre prétexte pour refuser son aide. Lui qu'il ne pouvait protéger de l'autre abruti... Son cœur se serra brusquement à ce constat atroce à ses yeux, au rappel de cette angoisse qu'il ressentait au plus profond de lui, en le voyant autant absent, comme cette fois-ci étant sûr de son coup, cette absence qui n'était pas sans rappeler celle de Komui auparavant, lui qui préparait en secret son coup, comme Peck s'apprêtait peut être à faire aujourd'hui même... Et contre lequel il ne pouvait rien, lui qu'il avait enchaîné plus sûrement que nul autre à sa table, lui qui peut être aurait pu l'empêcher, et qu'il savait certainement être le danger.. Il eut un soupir agacé contre la situation dans laquelle on le tenait et contre laquelle il ne pouvait rien.. Et qui inquiéta Johnny à côté de lui comme il le comprit lorsque il s'exclama d'une voix un peu plus faible :

« Pardonnez moi de vous avoir dérangé, Commandant..Je ne voulais pas vous agacer... »

Surpris, ces mots le ramenèrent sur terre, chassant subitement son impuissance. Surtout à la vue de l'air un peu penaud de Johnny qui se croyait responsable de sa mauvaise humeur quand il n'y avait aucun rapport entre les deux..Et qui avait détourné le regard et s'était nettement empourpré à l'idée de l'avoir dérangé... Et subitement, son cœur se teinta de culpabilité à l'idée de lui avoir fait croire quelque chose d'erroné. Aussi s'exclama t-il d'un air un peu éperdu, résolu à chasser la douleur qu'il avait allumé en son regard et qu'il ne pouvait supporter avoir allumé sur un malentendu:

« Vous ne m'agacez pas du tout, Johnny.. Ce n'est pas de votre faute.. C'est plutôt celle de Peck...

A ces mots, Johnny reporta son regard sur lui, un peu surpris, mais aussi un peu rassuré avant qu'il ne s'exclama presque inaudiblement :

-Vous ne dites pas cela pour me rassurer ?

Mais si ses oreilles, avaient à peine perçu les sons que ses lèvres traçaient, ses yeux, eux, avaient vu le message embraser dans leur intégrité les prunelles du scientifique. Aussi esquissa t-il un sourire qu'il voulut rassurant avant de s'exclamer, se voulant taquin, pour la rassurer définitivement :

-A moins que vous ne vous soyez réveillé dans la peau de Regory Peck et que vous ne preniez plaisir à donner de colossales charges de travail à vos collègue, non... »

A ces mots, Johnny ne put retenir un petit rire, l'air rassuré tout à fait à présent comme il le souhaitait de toutes ses forces, pour ce scientifique qu'il avait angoissé pour si peu encore hier... Et qui peut être était resté à ses côtés pour trouver des réponses, réalisa t-il subitement. Des réponses, qu'au nom de ce sacrifice de Komui il ne pouvait se permettre de lui donner en personne.. Il eut un soupir déchiré une fois de plus devant son impuissance avant de murmure, oubliant un temps son compagnon d'infortune :

« Ça me tue, cette impuissance...

-Quelle impuissance, Commandant ? » S'exclama en retour Johnny, sa voix se parant subitement à nouveau d'inquiétude et de surprise comme s'imaginant Reever plus fort qu'il n'était.

A ces mots, Reever tressaillit. Et se maudit. Et mince. Une fois de plus, il était parvenu à l'angoisser à son sujet.. Il méritait de sacrées claques...Même si la croyance en sa force était autant touchante que naïve.

Car la vérité était qu'il était attaché de toutes part, et ce jusque dans ses sentiments. Attaché aux vies qu'il balayerait dont la sienne s'il parlait, attaché au quand dira t-on alentour vis à vis de ce qu'il ressentait à propos de Komui, attaché à lui, ses mots, ses promesses, attaché à son absence qu'il sentait si souvent depuis en lui qu'il commençait à en connaître sur le bout des doigts la brûlure en son essence même qu'il la détruisait petit débris par petit débris jusqu'à ce qu'il ne restât plus rien de lui même s'il reprenait espoir au milieu du brasier qui le labourait de l'intérieur , attaché à ses sentiments même, attaché à des principes, attaché à Johann et sa douleur au point de ne pouvoir le renverser violemment, attaché par ce qu'il ressentait à son égard, sa forte amitié et son envie de l'aider, attaché à sa table de travail par l'action malveillante d'un homme. Mais cela Johnny ne pouvait que l'ignorer, fort heureusement... Il ne pouvait se douter d'à quel point sa position était pesante, de là où il était... Et il préférait sincèrement qu'il ignorât cela.. Le plus longtemps possible.. Il eut alors un soupir en retour avant de s'exclamer, laissant décrire à sa main une courbe légère comme le vent et qui l'appelait à laisser s'envoler les plumes de ce qu'il avançait :

« Rien de bien important Johnny, rien qui ne...

-Ça, c'est à moi d'en juger, Commandant, non ? » Le coupa subitement Johnny le surprenant sur le coup, le rendant muet face à son coup d'éclat discret qu'il n'attendait surtout pas de Johnny, son visage se faisant étrangement plus dur comme à l'accoutumée, une certaine lassitude habitant son visage qu'il ne pouvait que comprendre. En voyant ce schéma toujours se répéter de se voir repoussé au loin malgré les tourments qui agitaient son cœur et dont il voulait certainement le sauver sans se douter qu'il ne pouvait rien pour lui... Et il eut subitement confirmation de ce sentiment, lorsque plaquant ne main contre son cœur, le visage ardent, la voix éperdue, il s'exclama :

« J'en ai tellement assez de vous voir souffrir presque seul sans cesse de la sorte, sans rien demander à personne...Je voudrais tellement pouvoir vous aider.. Alors pourquoi vous ne me laissez pas approcher, pas comprendre, vous aider à porter une part de votre fardeau ? Pourquoi en suis-je réduit à devoir être à l'affût de la moindre information qui me permettrait de comprendre un peu plus et pourquoi vous forcez tant que cela au silence ?

-Parce que je n'ai pas le choix, Johnny.. Je n'ai pas le choix comme Komui n'avait pas le choix, de son côté... » Murmura Reever, ébranlé au plus profond de lui-même par ces quelques mots sincères, ces quelques mots où toute l'affliction du monde se ressentait à son égard, cette affliction qui ne supportait plus son silence, cette note interrogatrice entêtante qui semblait poser la question de sa confiance à son égard et à laquelle il ne pouvait se taire. Plus résister. Cette peine à laquelle il voudrait livrer ce qu'il sait, se délivrer de tout ceci, ne plus se taire, enfin. Lui montrer qu'il lui faisait confiance comme c'était le cas, au point de lui révéler le fond de sa pensée s'il n'était pas dans une telle situation désespérée comme l'eau infini d'un lac souterrain. Plus se dissimuler à l'un de ses proches de toujours... Mais il devait se reprendre. Et vite. Il savait très bien qu'il ne devait pas le faire. Que cela leur coûterait bien trop cher. Il en avait déjà trop dit, de toute manière. Et c'était tout ce qu'il pouvait pour lui, sans trahir plus avant le secret de Komui. Et il allait lui faire comprendre, avant de se refermer totalement, trouver la moindre occasion de s'enfuir. Il se redressa dans le fauteuil où il se tenait et s'exclama alors que le visage de Johnny se faisait concentré, attentif, en train certainement d'essayer de comprendre le sens de ses mots précédents, comprendre leur implication :

« Parfois, pour tous les autres, la meilleur chose est le silence et le sacrifice, Johnny. Et qu'importe le regard des autres, pour les sauver, on est prêt à tout. Quitte à se faire passer pour lâche, quitte à souffrir en silence. Quitte à perdre tout soutien, toute amitié, quitte à trahir les autres. On est prêt à tout pour protéger ceux alentour.

-Et c'est ce que.. vous faites ? »Murmura Johnny, sa voix subitement faible, un air de compréhension et d'horreur mêlée semblant commencer à s'emparer de son âme à ses mots. Auquel il ne put qu'adresser un signe de tête affirmatif comme confirmation silencieuse de ce qu'il disait. Avant que délaissant enfin sa plume, il ne se rejeta dans son fauteuil, les yeux fermés, résolus à oublier quelque instants, le monde qui l'attachait de toute part si fort sans espoir de se libérer de ses chaînes, sa main l'élançant, depuis qu'elle n'écrivait plus et laissant le silence et la réflexion se déposer en ce monde un peu. Ce silence qu'il n'avait plus entendu de la matinée et qui étrangement lui avait manqué, là où il aimait tant le joyeux chaos de Komui.. Peut être commençait-il à s'habituer à son absence.. Non, cela ne devait pas arriver...Certainement pas arriver...C'est juste qu'obtenir un peu de silence quand on était seul face à tant d'hommes relevait du miracle...

« On dirait.. A vous entendre.. Que Komui vous a parlé.. »Murmura décontenancé au plus haut point Johnny. Et il ne put que sourire en lui-même face à ces propos à la fois exacts et inexacts, ces propos qui commençaient à comprendre en partie là où il voulait en venir. Mais il ne devait pas le laisser croire qu'il avait été privilégié parmi tous les autres.. Aussi s'exclama t-il avec un petit sourire dont il ne put l'empêcher de se teinter de douleur et de nostalgie, en se rappelant de ses doigts contre ses lèvres pour le faire taire, des larmes versées quand il l'avait rattrapé, de la dernière étreinte de douleur partagée, de ses mots qu'il avait entendu désespéré sous Hevla et qui l'avait à proprement horrifié, fait prendre conscience de ce qu'il ressentait à son égard en le même temps.

-Plutôt que j'ai entendu ce que je n'aurais pas du entendre, Johnny. De lui-même, il ne m'aurait rien dit, soyez en assuré. D'ailleurs cela ne lui a pas vraiment plu que je l'apprenne... »

A ces mots Johnny ne put qu'hocher la tête semblant comprendre aisément où il voulait en venir et ne semblant pas résolu à l'interroger plus avant là dessus, semblant aisément comprendre combien savoir cela ne lui plaisait pas, se contentant de s'exclamer avec un léger sourire qu'il voulait pour l'amuser :

« Je comprends mieux dans ses conditions à quel point vous êtes au courant de plus de choses que nous...Même si j'ai du mal à voir en quoi que d'autre personnes que vous ne le sachent puisse être dangereux. »

A ces mots il ne put retenir un sourire. Évidemment qu'il ne pouvait voir cela. Qui donc aurait-pu se douter d'un tel piège ? Personne, pas même la personne qu'il guettait, avant qu'il ne se soit refermé sur lui..C'était dire.. Son sourire se ternit subitement à cette pensée. Même s'il savait que Luberrier aurait tout de même mis à exécution ses menaces, si Komui n'avait pas cédé, tout de même, songer qu'il en avait du tout sacrifier pour le sauver... La vie était injuste, décidément...Mais il ne devait pas se laisser à ses pensées, lui qui ne cherchait qu'à effacer l'injustice du monde à son égard.. Non assurément, il ne le devait pas. Il releva le regard qu'il avait baissé d'un air plus déterminé à présent au moment même où Johnny s'exclamait avec un petit rire nerveux, comme s'en voulant de lui rappeler la réalité une fois de plus :

« On ferait quand mieux d'aller manger, Commandant...De ne pas suivre l'exemple de Johann, qui n'a pas bougé de son bureau une seule fois... ».

A ces mots, il sursauta subitement, tout en notant l'emploi du prénom de Johann, comme pour lui faire plaisir en lui refusant le grade de Komui, ramené brusquement à une réalité dont il se doutait au fond mais qu'il avait oublié un court instant et que l'on lui rappelait. Cela ne l'étonnait pas au fond, pas le moins du monde. Mais ce n'était pas bon du tout qu'il se laissât à ne rien manger, lui si maigre. Il se souvenait encore de sa maigreur entre ses bras...Tout comme il n'était pas bon qu'il ne mangeât pas lui-même comme Johnny avait raison de lui dire, comme sa main et son esprit trop rempli de dossiers appelait une pause bien méritée et bien plus rassurant s'il était à ses côtés pour savoir comment il allait, veiller sur lui et peut être aussi comprendre ce que Peck trafiquait, s'il le croisait par chance. Voire le traîner avec les autres, pour lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas si mauvais.. Il eut un sourire avant de s'exclamer :

« Johnny vous êtes un génie...

Ce génial scientifique par son exemple qu'il voulait servir de repoussoir venait de lui fournir un moyen sans faille de l'approcher sans que l'autre ne puisse le rejeter violemment.

-Plaît-il ? » S'exclama surpris Johnny face à sa réaction pour le moins inattendue, il ne pouvait que s'accorder avec lui sur ce point. Et il sourit plus encore, avant de se lever, son pas étrangement plus joyeux que tout à l'heure il était avançant jusqu'à la porte d'un air décidé sous les exclamations surprises de Johnny l'interpellant :

« Commandant où allez vous ?

Il se retourna vers lui, lui dans l'embrasure de la porte à présent, lui adressa un regard malicieux et s'exclama en retour amusé déjà à l'idée qu'il allait appeler en ce monde et mener d'un bout à l'autre :

-Partez sans moi j'aurais tôt fait de vous rejoindre et si cela ne vous gêne pas, on sera trois.

A ces mots Johnny esquissa un léger sourire, comprenant où il voulait en venir aisément avant de s'exclamer :

-C'est comme si c'était déjà fait Commandant.

C'était tout ce qu'il attendait de son homme sensible au possible. Et serein il tourna les talons vers l'antre du tigron où il s'enfermait depuis le début de la matinée. Laissant un Johnny seul dans la pièce qui sourit plus encore avant de murmurer doucement, comme pour lui-même :

-S'il y a quelqu'un qui peut bien le sauver, c'est le Commandant...Et si je peux l'aider, je le ferais.. Mais pour cela, il faut que je comprenne par moi-même ce que le Commandant est obligé de taire...Et je vais le faire. »

Avant de relever un regard déterminé vers le plafonds, seul témoin de son serment comme il avait été témoin d'un autre serment, si peu de temps auparavant dans le même endroit. Mais les murs ne parlent pas et ceux-ci non plus ne pouvaient parler de ce secret si bien enfermé dont au loin un Exorciste était le seul garant... Et qu'il ramènerait bientôt une preuve de ce que cette personne ne faisait que soupçonner. Et qui en cet instant était bien loin de toute considération de ce genre, mais plutôt occupée à quereller un homme qui les avait lâchement abandonné, sans se douter que...

OoO

« Alors on fait la grève de la faim ? » S'exclama taquin Reever, appuyé nonchalamment contre le chambranle de la porte à l'intention du Grand Intendant qu'il voyait perdu avec une obstination proche de l'acharnement dans une multitude de documents alentour, un nombre qu'il ne lui avait jamais vu auparavant. Comme si toute la matinée il avait eu du mal à se concentrer. Ce qui au fond était aisément compréhensible dans ses conditions...Mais il ne devait pas laisser montrer combien son cœur se serrait à ses pensées. Ce serait signer son arrêt de mort sur le coup. Il croirait à tort que c'était de la pitié et se refermerait instantanément sur lui-même. Et c'était tout ce qu'il ne voulait point le moins du monde. Il tenait trop au jeune homme pour accepter de voir se réduire à néant les chances qu'il avait de le sauver, lui donner le moyen de se refermer et de se nuire sans faille comme se serait le cas. D'autant que la réaction de son acolyte n'allait certainement plus tarder à arriver et qu'assurément elle serait vive, même s'il lui était impossible d'en deviner le positif où le négatif.. Et comme de juste, comme piqué au vif, il releva un regard un peu furibond vers lui et s'exclama en désignant de la main les papiers alentour qui dissimulaient au monde son bureau entier :

« Non mas t'as vu la quantité de papiers que j'ai là, abruti ? J'ai pas le choix crétin... »

Mais il percevait aisément que c'était bien contre lui-même et aussi un prétexte pour fuir, voir se punir encore en s'isolant de force... Mais.. Il n'allait certainement pas le laisser faire.. d'autant qu'il connaissait sur le bouts de ses doigts une solution, aussi vielle que les six ans de Komui en ce lieu. il eut un sourire et s'exclama avec un sourire:

« Si ce n'est que cela, je n'ai qu'à t'aider. La paperasse, ça me connaît après tout.

A ces mots, Johann avachi, lui croulant sus les dossiers dans son fauteuil se redressa, subitement ragaillardi, stupéfait, mais ses yeux luisant d'une douce et subtile émotion qui tentait de se cacher derrière la peinture de la normalité avant de s'exclamer, décontenancé au plus haut point :

-Hein ? Mais ça va pas la tête, t'a vu le travail que tu as déjà toi ? Tu vas pas en plus te farcir le mien...Surtout aujourd'hui... En plus, c'est pas le même genre de paperasse que tu fais tous les jours c'est trois fois plus... »

Avant qu'il ne s'étrangle subitement alors que lui même ne put retenir un léger rire devant l'oubli flagrant qu'il faisait et en même temps touché du soucis qu'il se faisait pour lui qu'il n'aurait jamais imaginé comme excuse réelle en laquelle il croyait de toutes ses forces comme le témoignait son regard à lui seul, lui qui pensait que la fierté seule l'emporterait ainsi que les répliques cinglantes, ce qui déjà en soit était un signe qui était preuve de ce qu'il refusait bien à présent de me mépriser, ni de se mentir sur le fait qu'il ne voulait qu'il le déteste. Un signe d'espoir, oh oui vraiment, le premier bouton d'une rose longtemps fanée et qui reprenait des couleurs et faisait cesser le froid alentour de l'hiver qui l'avait détruit, acceptant sans accepter de sentir pleinement sur ses pétales refermés les timides rayons d'un soleil de printemps. Et comme sentant ses pensées, le visage de Johann se para de ce même sourire de soleil, riant délicatement avant de s'exclamer doucement :

« Ah oui c'est vrai qu'au temps de Komui, tu l'aidais beaucoup...

-Et parfois même inutilement précisa Reever, un sourire nostalgique venant à son tour illuminer ses lèvres, cet étourdi ayant déjà signé les documents...

Il se rappelait encore avec délice à présent son petit air confus en se voyant plus abruti qu'il n'était, il revoyait ses joues étrangement rouges, comme honteux d'avoir fait cet oubli...Et ce sourire gêné qui lui demandait des excuses qu'il avait toujours été en peine de refuser... Cet air qu'il ne lui reverrait pas avant un moment.. Son sourire se teinta de douleur en songeant à l'un de ses nombreux moments dont il n'avait su profiter et qui à présent était éclipsé pour encore un temps... Mais il ne devait pas...Et un rire un peu plus vif encore l'arracha subitement à ses souvenirs et lui fit reporter le regard sur Johann qui maintenant, ayant ramené une main contre sa bouche pouffait tout en retenue. Un rire qui faisait pétiller ses yeux, adoucissait au possible son visage, lui rendait un peu de cette innocence qui avait été sienne dans le temps. Mais un rire qu'il ne comprenait pas. Car après tout, ces mots n'étaient que pure vérité... Où voulait-il en venir, cela, il ne pouvait que l'ignorer. Et attendre que le jeune homme lui donna une explication s'il le regardait pour bien lui faire remarquer sa surprise. Qui heureusement pour lui, sembla extrêmement visible à Johann, qui quand son fou rire se fut apaisé, s'exclama :

« Idiot. T'as pas encore compris ? C'était un prétexte pour passer du temps avec toi, triple buse. »

A ces mots, Reever tressaillit, ses joues lui semblant subitement brûlantes, les mots impossibles et accélérant un peu les battements de son cœur en lui. Même s'il savait que ce ne pouvait être cela...Que Johann devait tenter de lui dire ce qu'une part de lui voulait entendre en dépit de tout. Mais il ne devait pas se raccrocher à cet espoir et devait le détruire de ses mains nues, pour ne se laisser aucune chance que les mots de Johann s'enracinent trop profondément en lui et éviter la souffrance si ce n'était pas le cas comme il savait que c'était le cas. Alors il détourna le regard, prit un ton un peu hautain, disant pour isoler ces mots en repousser leur trompeur bienfait :

« Peuh.. Tu dis cela pour me faire plaisir, attention que j'apprécie, ne t'y trompes pas mais non ne...

-T'ai-je déjà dit depuis que je te connais, ce que tu veux entendre Reever Wenhamm ? Je n'ai jamais dit que les faits que je sais être vrai, la vérité pure. Rétorqua dans son dos la voix légèrement amusée de Johann. Qui acheva de le figer. Et le fit maudire à mi voix devant ce qu'il réalisait la vérité, lui qui n'avait jamais reçu de lui le moindre mot qu'il aurait pu attendre et vouloir, Johann étant imprévisible au possible. Ce qui ne fit que renaître le rire de Johann qui s'exclama :

-Si tu crois que je vais te faciliter la vie, mon petit père.. Tu te trompes.. Et grandement...Ceci dit... »

Plus que l'amusement latent à sa voix, le surnom complice qui lui vint aux lèvres, ce fut l'hésitation maladroite de sa voix, l'étrange ton un peu en dessous de sa tonalité habituelle, la légère gêne qui y transparaissait, qui surpris, l'amena à ramener son regard vers le jeune homme qui rougissant, fixait obstinément le bois de son bureau (comme s'il pouvait le voir sous les documents ), refusant son regard au sien pour il ne savait quelle raison. Avant que ne prenant une profonde inspiration comme pour s'insuffler du courage, avant qu'il n'est même le temps de le mettre en confiance, il ne s'exclama d'une traite sa voix finissant en grandes hésitations entrecoupées de silence, sa belle assurance en petits morceaux subitement avant d'exploser alors qu'il relevait le regard plus écarlate que vif, l'air agacé au plus haut point :

« Ceci dit, si tu veux parler de Komui.. Je enfin.. Tu sais où.. BON TU M AS COMPRIS, ARRETE LES FRAIS, ME REGARDE PAS COMME UN MERLAN FRIT ! ON DIRAIT PECK... EN MOINS INTELLIGENT... »

Mais sa colère, il le savait n'était pas tourné contre lui. Tout comme ses insultes n'étaient pas tournées vraiment vers lui. Car c'était lui-même qu'il insultait à travers elle pour sa gêne intempestive, pour dire ces mêmes mots. Qui eux, lui étaient destinés et étaient vibrants de sincérité dans leur hésitation même, dans son appel à l'aider à son tour. Et qui ne pouvait assurément le laisser indifférent, le touchait au plus profond de son âme, en plus du fait de savoir à la perfection que jamais auparavant Johann ne serait laissé même à laisser affleurer au coin de ses lèvres de tels mots en se posant non plus en problème uniquement mais bien en aide, presque en le remercier pour cette aide, cette sympathie qu'il lui offrait ne ferait que le gêner, le braquer plus encore et il ne fallait pas. Mieux valait changer de sujet. C'était là plus prudent. Aussi esquissa t-il un sourire avant de s'exclamer :

« En moins intelligent.. Dis donc, je dois être un sacré abruti...»

Mais son regard parlait pour lui, lançait toute la reconnaissance, la chaleur qu'il était capable de lancer pour un tel soutien, lui montrait qu'il savait combien repousser ces instincts lui coûtait. Et le jeune homme ne s'y trompât pas comme lui confirma le sourire qui vint orner ses lèvres, la douce mais présente étincelle de joie et de reconnaissance de se savoir compris, de ne pas avoir abordé le sujet directement de manière trop douloureuse comme cela aurait été le cas sil avait parlé de tout ceci de vive voix avant de s'exclamer d'un ton moqueur :

« Ah cela, tu es un abruti.. Un fini.. T'as passé six ans avec l'homme que tu aimais sans rien voir de tes sentiments ni des siens... Sans compter que je suis sûr pour ce qui est de l'amour tu es un novice total...Il va avoir une sacrée surprise notre cher Komui, je te le dis...

S'il accusait le coup devant la véracité des premiers mots employés, la fin avait un sens un peu trop clair pour qu'il ne put en rougir. Ni se laisser mener sans protester sur ce chemin, dans l'espoir de l'en faire détourner :

-Je ne sais peut être rien de..cela, mais ce n'est valable que dans un cas...

-En d'autres termes, t'es pas vierge mais tu ne l'as jamais fait avec un homme.. Intéressant. Nota taquin Johann, sans aucun égard pour sa gêne qui ne fit que s'accroître à ses mots et prier pour que personne n'ait pu entendre ses mots alentour, lui qui avait parlé sans même murmurer. Et puis d'abord, pourquoi ressentait-il le besoin de traduire ces pensées si comme si il le pensait, il l'avait à la perfection compris comme c'était assurément le cas ? Ce qui le fit s'exclamer à mi-voix:

-Moins fort, bon sang...Et tu avais absolument besoin de traduire, hein ?

-Volontiers, rit Johann avec un sourire voulu innocent qui ne fit que l'agacer en lui-même et plus rougir encore, je suis bon prince à ce sujet. Et je voulais être bien sûr que nous parlions de la même chose. Mais quand même... »

Avant de lui adresser un regard lourd de sous entendus. Du genre « Tu n'as pas un amour que platonique pour lui ? » . Et auquel il choisir de ne pas répondre, la gêne à son comble. Évidemment, évidemment..Que ce n'était pas entièrement platonique... Qu'il avait envie de le prendre dans ses bras, l'embrasser, le toucher.. Voire plus, même si concrètement il avait un peu de mal à voir comment...Et il était presque sûr qu'il le savait au fond de lui-même, alors pourquoi semblait-il vouloir obtenir ses mots de son âme ? Abruti de brundinet... Qui éclata de rire avant de s'exclamer :

-Ben dis donc, je pensais que tu serais plus gêné que cela encore... Si jamais t'avais en plus fait des rêves ultra compromettants avec, là tu voudrais m'assassiner et me jeter du haut de ce bureau.. Je constate que tu fuies mon regard et a le regard légèrement agacé... Tu dois encore être relativement chaste.. Ça doit pas être le cas de Komui... »

Bon sang il allait arrêter avec ces allusions à trois francs six sous ? D'accord, ces rêves étaient resté relativement chastes, mais il en avait quand même eu avec lui, et au vu de combien ils avaient été absents tout au long de ses six ans c'était déjà impressionnant et empli de gêne. Et d'abord qu'est ce qu'il savait de Komui, à parler ainsi de la sorte avec ce petit sourire l'air d'en savoir long sur lui ? Et puis,mais qu'il se mêle donc de ses affaires au lieu de s'intéresser aux siennes, enfin !

« Remarque, remarque, je me moque, mais je n'en ai jamais fait non plus des rêves de ce genre. C'était Alex qui les faisait. Pas moi. » Rétorqua t-il subitement de plus en plus amusé face à sa rage silencieuse qui n'attendait que le mot de trop pour exploser.

Subitement son agacement fondit comme neige au soleil sous le spectacle inattendu qui s'offrait à lui comme cela, spontanément, sans aucun prévis. Ce passé dont il parlait sans que rien ne le laissât présager, comme cela librement devant lui sans aucune gêne. Comme s' il lui faisait assez confiance pour en parler, ou tout simplement en avait-il assez de se taire depuis le temps. En tous les cas, il devait lui faire confiance pour accepter d'en parler de la sorte. Ou ne pas s'en rendre compte d'agir de la sorte naturellement.. Et il n'allait rien faire pour détruire ceci. Allait goûter et se rendre digne de l'honneur qu'il lui faisait peut être inconsciemment. Et alors qu'il songeait cela, Johann lui sourit plus encore avant de s'exclamer, sa main se perdant dans ses cheveux bruns avant de s'exclamer :

« Et le plus surprenant là dedans, c'est qu 'Alexandre, ce pervers de rang international, ne m'a pas touché pendant deux ans, mis à part des baisers et me prendre dans ses bras.

-Ah..Ah bon ? s'exclama Reever sidéré devant la révélation, qui ne correspondait pas du tout avec l'homme qu'il avait cru comprendre connaître au vu du dossier. C'était pour le moins inattendu ce qu'il venait de lui révéler, étrange de la part de cet homme... Et il avait bien du mal en son esprit à faire coïncider les deux images... Et en retour Johann de s'exclamer avec un sourire plus large encore comme amusé au plus haut point de le sidérer :

-Le fait d'avoir 14 ans quand il m'a connu a du jouer, je suppose...Même si je me demande encore comment il a fait tout ce temps pour tenir...

-14...14 ans.. Tu l'as rencontré à 14 ans... » Murmura Reever sidéré devant la révélation qu'il venait de lui faire. Et qui expliquait pourquoi il lui avait si facilement fait confiance, avait pu être brisé...L'adolescence étant la partie la plus vulnérable, la plus propice aux amours malheureux... Et le moment où le moindre grain de sable insinué dans un cœur pouvait détruire l'adule en devenir...Comme cela avait été visiblement le cas, chez Johann...Mais tout de même.. Ce n'était qu'un gamin, comment avait-il pu... Et Johann, s'exclama subitement, comme en réponse à ses interrogations, son sourire toujours aussi grand à l'idée de le surprendre :

-Ouais. Il avait 19 ans, lui et il agonisait près du Lac de Constance. Combat de Broker, d'après ce qu'il m'a raconté par la suite et... »

Et il s'interrompit subitement, alors que Reever était suspendu à ses lèvres, de plus en plus étonné à l'entente de son histoire qu'il semblait sur le point de lui raconter, enfin en confiance avec cet espoir de ne le surprendre totalement par cette histoire. Puis il eut un léger rire, mais un rire sans joie qui glaça ses veines, lui faisant de suite comprendre que le moment de grâce était passé, qu'il venait de reprendre ses esprits, reprendre le contrôle de son masque glacé et qu'il allait certainement le punir pour l'avoir amené à se confier de la sorte, le créer responsable de ce cœur qui cherchait de la chaleur, qui répugnait à toujours souffrir et voulait se sauver de la douleur qu'il s'infligeait lui-même... Mais ce n'était pas grave, il ferait face, qu'importe ce qu'il lui disait. Il avait l'habitude à présent. Et il redressa le regard prêt à affronter n'importe quelle vanne. Et certainement pas le bras qui vint enlacer ses épaules en un geste de franche camaraderie purement gentille, sans aucune animosité ainsi que la voix excessivement joyeuse qui résonna à son esprit :

« Quel idiot je fais à t'agacer avec mon passé quand tout ce que tu veux est que l'on aille manger.. !D'ailleurs je meurs de faim, même au point d'endurer la dizaine de tes camarades que tu as du dépêcher pour nous attendre, certainement pour me faire réaliser que le monde n'est pas si mauvais que cela dans son intégrité...Après tout je sais que ce que tu veux est me distraire de la présence de l'autre abruti ici bas, en plus...Me tromperais-je ? »

Mais sa joie était simulée, le regard qu'il lui adressait moins un regard joyeux qu'une supplication à se taire, à ne pas l'entraîner à nouveau en ce terrain qu'il avait semble-il vraiment banni de leurs relations s'il ne marchait pas dans ces plates bandes. Et ses mots lui montraient pleinement qu'il n'était pas dupe de ce qu'il faisait, pas le moins du monde, qu'il sentait toute son inquiétude latente pour lui, savait pourquoi il lui était venu de la sorte. Et s'il admirait en lui-même l'intelligence et la sensibilité du jeune homme, il savait à la perfection qu'aller à l'encontre de la volonté de Johann ne mènerait qu'à larmes souffrances et destruction de ses pas qu'il avait fait sur la pointe des pieds sans se rendre compte, sans même vraiment le vouloir. Aussi, se contenta t-il de sourire en retour comme réponse. Ce qui ne fut qu'accentuer le sourire de Johann qui prit un air concerné avant qu'il ne s'exclama, son sourire se teintant à l'extrême de chaleur, d'une chaleur pure et douce, qui l'ébranla un instant, faisant cesser la froideur de son visage, comme si elle était morte un instant pour réveiller la beauté intérieure de l'âme sensible du jeune homme qui se dissimulait sous la surface, se voulant apaisante et endormante :

« Tu n'avais pas à autant t'inquiéter..Je vais bien... »

« C'est cela songea Reever avec douleur face à ce mensonge qui se dissimulait sous des airs de pureté à laquelle il ne tentait plus de s'éblouir, face à jeune homme redoutable qu'il était qui l'appelait à lui pour ne pas l'inquiéter plus encore pour tenter de le rassurer c'est pour cela que tu fuies tous les autres, écris sans discontinuer depuis ce matin... »

Mais il ne s'efforça de ne rien laisser paraître de ses pensées, trop conscient que s'il les laissait paraître celui-ci prendrait fort mal la chose. Mais tous ses efforts furent inutile, comme il le comprit lorsque Johann laissa échapper un profond soupir avant de s'exclamer de nouveau agacé :

« Ragh, tu sais toujours quand je mens.. Comment tu fais, je me le demande...

-Six ans de proximité avec Komui Lee suffirait à te rendre sensible au moindre mensonge... »Sourit Reever en retour, résolu à chasser cet air agacé de son visage,cette inquiétude revenue en partie en voyant probablement mieux ce vers quoi il voulait le mener à ce qu'il reprit ce sourire pur et entier qu'il lui avait vu arborer depuis un petit moment. Et il réussit, comme il le vit à ses lèvres qui s'étirèrent en un demi sourire qui se teinta de moquerie avant qu'il ne s'exclama, relâchant ses épaules, se plaçant à sa droite tout en faisant quelques pas, tandis que Reever comprenant qu'il venait de gagner la partie commença à lui emboîter le pas :

« Et ben, je veux pas dire, mais votre détecteur de mensonges, Mr Wenhamm est pas doué pour détecter les émotions des autres...

-Normal Rit Reever en retour, ce n'est pas sa fonction...Mr Greimbaum...

-Dans ta bouche, ça fait bizarre, d'entendre mon nom de famille s'exclama Johann Ce à quoi il ne put que répondre, souriant plus largement :

-Comme t'entendre m'appeler Wenhamm. J'aime d'ailleurs pas beaucoup cela, si tu veux tout savoir... »

A ces mots Johann qui avait braqué son regard sur le chemin alentour le ramena vers Reever, un air si sincèrement contrit sur le visage qu'il en vint de suite à regretter d'avoir avoué ceci en voulant simplement le taquiner, rechasser à nouveau ses humeurs sombres comme il semblait y parvenir par sa simple présence et il allait s'excuser quand le jeune homme le prit de cour et s'exclama, le visage éperdu de quelqu'un qui s'en veut d'avoir blessé un être cher :

« J'en suis sincèrement désolé, Reever. Et si jamais je devais recommencer, n'hésite pas à m'appeler Jo tan. Cela m'apprendra, je l'aurais amplement mérité...

Il ne put supporter ses mots qui appelaient une punition supplémentaire quand il s'en infligeait trop pour il ne savait encore quelle étaient toutes les raisons et il ne put que s'exclamer éperdu :

-Jamais, au grand jamais, et qu'importe que tu m'appelles sèchement ou non. Je ne ferais rien qui te blesse. Jamais. »

Il ne ferait pas partie de ceux qui lui nuiraient, même pour se protéger. Quitte à souffrir, ce n'était pas grave. Il serait là pour lui, même en sang et le cœur en se le jurait en lui-même en cet instant. Alors que les lèvres de Johann esquissèrent un étrange sourire, mélange d'émotion devant son amitié qu'il lui offrait de nouveau sans concession et dans toute son entièreté et d'une douce nostalgie qu'il ne s'expliquait pas. Avant que le sourire de Johann ne perdit sa nostalgie comme s'il la rejetait au fond de lui avant qu'il ne s'exclama :

«Mouais, ça me blesse pas tant que cela Commenta Johann avec une moue dubitative. Avant de rajouter, un peu hésitant qui l'intrigua en son âme : Juste, je peux savoir...

-Oui ? S'exclama Reever, désireux de le renseigner, s'il le pouvait. A ses mots Johann, tourna un regard vers lui dont il semblait forcer le détachement mais qui luisait tout au fond d'un sentiment d'inquiétude intense qu'il voyait à la perfection. Que pouvait-il l'inquiéter ? Était-ce Peck ? Ou plutôt.. Boskrin...A ces constats, il posa une main sur son épaule et s'exclama :

« T'inquiètes pas je le laisserais pas t'approcher. Pas à un millimètre. »

Même s'il avait avait vu la manière étrange qu'il avait de réagir. Cet air horrifié en le voyant arborer un rôle qui le détruirait , cet air indifférent de se voir rejeté, d'apprécier même d'être haï... Mais peut être cela faisait-il partie d'un nouveau complot. Mais il ne laisserait jamais à ce salaud l'occasion de refaire du mal à Johann. Non, pas s'il pouvait l'empêcher.. Et à côté de lui, pour une raison qu'il ignorait, Johann éclata de rire, un rire un peu sombre, sa main se crispant au niveau de son cœur alors que son regard se faisait vague avant qu'il ne parlât d'un air un peu distant qui lui fit comprendre de suite qu'il serait très mal avisé d'attirer son attention sur ce qu'il voyait de distant chez lui, qui ne put que l'inquiéter et l'intriguer en le faisant s'interroger sr ce qui le faisait agir de la sorte :

« Idiot, c'était pas ma question. Même si j'apprécie ton offre. Non je voulais savoir avec combien de gugusses, tu avais l'intention de m'entourer, pour que je me prépares mentalement...

-A vrai dire, je me doute que face à trop de gens, tu ne n'apprécieras pas, je pensais simplement à Johnny... » Murmura Reever doucement alors qu'ils s'insinuaient plus encore dans les couloirs , croisant de temps à autre des gens qui revenaient probablement de la cantine et qui les regardaient étonnes de les voir cheminer l'un à côté de l'autre et parler tout naturellement comme si Johann n'était pas un être aussi distant qu'il le faisait croire. Et si Johann ne les remarquait pas, à côté de lui, lui voyait à la perfection leurs regards s'adoucir d'un demi degrés envers le jeune homme, qui à présent ne leur paraissait peut être pas distant. Il eut un sourire plus doux encore. Il ne se serait pas douté que le simple fait de les voir ensemble puisse aider à le faire voir plus près de ce qu'il était au fond de son âme. Et c'était là une excellente chose, vraiment, surtout, si Johann ne s'en rendait pas compter car assurément il ne pourrait supporter cette idée et le rejetterait de nouveau car refusant d'être apprécié.

Et à côté de lui Johann esquissa un sourire amusé et néanmoins touché avant de s'exclamer, d'un ton faussement voulu plaintif :

« Et forcément ton plus sensible... Tu espère quoi ? Qu'il comprenne les tourments de mon âme d'un regard ? Tss, de toute manière, je n'en laisserais rien paraître, je peux te l'assurer.. Tu es et sera à jamais le seul à en voir la chimère. »

Il sourit devant ses mots qui se vantaient, tentaient de se protéger devant ce qu'il croyait invincible et qu'il vainquait lui-même à ces heures perdues en même temps que cette confiance qu'il lui exprimait, certainement sans se rendre compte, croyant que c'était là un excès de fierté de ne se dévoiler qu'à un seul, comme c'était le cas. Mais il n'allait certainement pas lui montrer à quel point il se trompait. Ce n'était que trop suicidaire de leurs relations. Par contre, il pouvait au moins le détromper sur un point...

« Telle n'était pas mon intention...Je voulais plutôt te montrer par son biais, que le monde n'est pas forcément corrompu comme tu le penses...

-Tssk S'exclama Johann d'un mouvement dédaigneux de sa main, avant de s'exclamer, lui c'est une exception qui confirme la règle...

-Et Komui aussi, alors ? Moi aussi alors ? Lui lança t-il en retour, ne pouvant résister à le mettre face à ses propres contradictions. Ce qui fit sourire Johann en retour avant de s'exclamer doucement :

-Toi, c'est le cas. Komui, par contre.. C'est parce qu'il est trop bizarre pour suivre les autres. »

Forcément, à quoi donc s'attendait-il comme réponse ? Qu'il allait bien gentiment accepter son explication ? Tss.. Même si sur le principe concernant Komui, il n'avait pas tort... Il sourit doucement pour lui-même. Mais ce sourire n'échappa pas à Johann qui sourit en retour. Et saisit au vol en murmurant doucement, pour ne pas l'embarrasser alors qu'ils se rapprochaient à présent d'un endroit qu'ils savaient tout deux peuplés au possible l'occasion de l'embêter encore un peu :

« Néanmoins toi même tu dois pas être normal pour être amoureux de Komui...

-Pas faux... Murmura t-il doucement, essayant de faire abstraction de ses joues qui s'était-étrangement- réchauffées d'un degrés et espérant ainsi que les autres ne pourraient le remarquer. Mais ce qui n'échappa pas aux yeux attentifs de Johann. Qui par bonheur ne fit pas de commentaires plus avant, préférant changer de sujet :

-Au sujet de... »

Et subitement, il ne put plus parler, sa fierté ayant semblé le rattraper et son regard à présent seul exprimant son imploration à l'aide qu'il lui avait promis et qu'il savait à présent qu'il pouvait lui fournir. Ce à quoi il décida d'avoir la décence de simplement sourire en retour, son sourire uniquement porteur de sincérité de sa proposition. Pour être récompensé de sa subtilité par un sourire rayonnant qu'il lui adressa, alors que tous deux n'étaient plus éloignés à présent du réfectoire, et qu'ils traversaient une foule dense qui semblait les regarder elle aussi sidérée.. Avec quelque chose de plus dans le regard, une sorte d'étrange pitié alors que certaines personnes regardaient Johann avant de murmurer à l'oreille de leurs voisins. Ce qui glaça son sang subitement. Ouh là.. Il sentait que quelque chose allait se produire qui ne plairait ni à l'un ni à l'autre, surtout quand Johann aurait commencé à remarquer les étranges regards qu'ils recevaient.. Aussi attrapa t-il la manche de Johann qui avait pris la tête de leur joyeuse assemblée à présent et qui après lui avoir offert un sourire reconnaissant, s'était détourné, étrangement joyeux comme si sa présence à ses côtés suffisait à le rendre heureux, joie qu'il savait qu'elle se ternirait quand il verrait ses regards, elle qui avait mis de temps à venir embraser son regard. Et qu'il se devait de sauver, à tout prix...Alors il murmura doucement, ne pouvant hurler ce qu'il craignait pour lui :

« Je crois.. Qu'on devrait revenir plus tard...

A ces mots, Johann pivota surpris et s'exclama, un air de profonde incompréhension gravée sur son visage :

-Ben pourquoi ? Johnny ne nous attend pas ? Ce serait pas très sympa pour lui si on l'abandonnait maintenant, non et tu n'es jamais mauvais avec tes amis ou alors je te connais mal...Et j'en serais déçu vraiment.. Mais tu n'es pas comme cela, d'autant que c'est toi qui est venu me chercher en plus... »

Fait, fait comme un rat et le pire de tout, en toute innocence, tout inconscience, lui qui avait visiblement face à lui perdu tout habitude de se soucier et guetter le regard des autres. Fait par ses mots qui le culpabilisait tout comme il savait à la perfection qu'il ne pouvait parler de vive voix des gens alentour sans que son visage ne se couvrit de dégoût. Et il n'eut d'autre choix que de concéder à contrecœur , laissant à présent échapper le tissu qu'il avait retenu en sa main :

« Si...

Mais Johann vit à la perfection sa retenue, son air de ne consentir qu'à moitié de lui donner sa réponse, son regard fuyant par peur de trahir ce qu'il avait vu que le jeune homme n'avait pas vu et qui le fit s'exclamer, inquiet à présent pour lui et concerné par son air étrange et impuissant de quelqu'un qui voudrait faire quelque chose mais qui se trouvait dans l'incapacité de le faire :

-Reever.. Tu en tires une drôle de tête.. Qu'y a t-il... ?

Alors qu'au même moment dans le self dont ils venaient de franchir les portes s'éleva la voix haute, forte et clair d'un Peck triomphant et clamant à une foule qui l'entourait :

-Par-fai-te- ment, notre cher Intendant est un bâtard illégitime. Quand je pense, que nous, nés de parents mariés, sommes dirigés par cette vermine, ça me dégoûte... De quel droit l'a t-on mis Intendant, lui qui n'aurait même pas du exister un jour ? J'imagine que sa mère a du le maudire en sachant qu'il devait naître.. Sûr qu'elle a tout fait pour se débarrasser de lui et quand on voit le fils qu'elle a eu, personne ne lui donnerait tort... N'est ce pas ? »

Comment ? Comment osait-il profaner de telles choses sans aucune preuve ? C'était insultant, c'était mauvais, du plus pur Peck.. Et des idioties.. Et il allait les lui faire ravaler sur le champs, ses horreurs qui pouvaient blesser Johann à vie au fond de lui-même, en plus d'être totalement injustifiées, tant il savait au fond que le jeune homme n'était pas ce qu'il en disait, un être infâme à tout égard...Et comment des gens sensés comme les autres étaient censés l'être pouvaient ils adresser un quelconque crédit à ses paroles, regarder le jeune homme d'une telle manière ? Bon dieu, c'était la première fois qu'il avait autant envie de blesser quelqu'un et cette fois-ci, il n'allait certainement pas s'en priver... Et il s'avança d'un pas décidé, le visage furieux, se réjouissant déjà à l'idée de sentir les os du visage de Peck craquer sous le coup de poing magistral qu'il allait lui infliger et qui déjà par pressentiment le démangeait et qu'importe les conséquences. Au même moment Peck tourna son regard triomphant vers l'entrée de la pièce, lui assis sur une table de la cantine, entouré d'une foule assez innombrable à laquelle il lisait, à présent il le voyait un document probablement faux. Et pâlit face à sa rage qui se dirigeait déjà vers lui. Ce qui ne fit qu'accentuer son sourire et qu'accentuer le sadisme qui enlaçait son âme.

« Oh oui, tremble, tu vas encore plus le sentir passer... »Songea t-il, résolu à effacer les quelques mètres qui le séparaient encore de Peck alors que celui-ci de plus en plus pale semblait sur le point de prendre la fuite.

C'est alors que subitement une main attrapa fermement son bras, le surprenant dans sa colère, résolu à incendier celui qui l'arrêtait dans sa juste colère vers lequel il tourna son regard prêt à invectiver la personne qu'il l'arrêtait.. Et sa colère gela brusquement à la vue de celui qui le retenait fermement. Johann. Johann lui-même. Surpris, il balbutia son nom, étonné qu'il l'arrêta de la sorte, l'empêcha de régler son compte à l'homme qui l'humiliait de la sorte... Et c'est alors qu'il vit son visage.

Pale, défait, trahi. Ce n'était plus le visage d'un jeune homme sûr de ce qu'il faisait et disait. C'était l'incertitude de la douleur, de la fatalité, de la perte, même. Le visage d'un homme qui voit se dérouler une vérité proscrite qu'il voulait cacher au monde. Le visage d'un homme qui reconnaît le mensonge comme tel, qui ne le nie pas.. Mais, non ce n'était pas.. Cela ne pouvait pas.. C'était bien trop horrible...Le destin n'avait pas été assez cruel pour...Si ? Non, c'était impossible...

Et face à lui, le visage jusqu'alors distant de Johann se fendit d'un sourire. Mais quel vil sourire, quel sourire empli de souffrance, de douleur, ses yeux emplis de résignation à être seul et méprisable, à voir et accepter comme sienne la vérité qu'énonçait Peck, en le voyant impur et indigne de tout honneur, de toute amitié, de toute existence normale. Et puis doucement, ses lèvres tracèrent en l'air un murmure empli de cette même douleur contenue que ses yeux criaient comme son visage :

« Tu comprends à présent pourquoi ma vie est impure depuis le berceau, Reever...

-Non Balbutia Reever, ce n'est pas...Il dit cela pour te blesser, pour tenter de te discréditer, mais ce n'est pas fondé.. »

Il voulait y croire de toute ses forces. Croire que le destin ne lui avait pas infligé une telle chose, ne l'avait pas condamné à être méprisé par les idiots tout juste bons à croire Peck, où à faire croire sans le vouloir même aux autres que ne pas avoir de père était un malheur et une tare digne de faire compatir le monde à sa souffrance...Il avait besoin qu'on lui dise que ce n'était pas le cas, que Peck mentait.. Même s'il savait très bien au fond de lui que c'était vrai malheureusement vrai, qu'il ne rêvait pas, que le choc qu'il ressentait n'était pas du à un malentendu mais à la vérité même... Mais Johann se contenta d'un sourire empli de plus de fatalité encore avec un haussement d'épaule feignant l'indifférence là où ses yeux hurlaient contre le fait d'être révélé, hurlait d'une douleur qui redoutait les regard de compassion et le mépris, malgré toutes ses propres pensées de vouloir être haï ainsi qu 'un fort sentiment de culpabilité, à la fois à l'idée de s'être fait passer pour quelqu'un de non fréquentable à ses yeux et à la fois certainement en pensant à sa propre mère avant de s'exclamer, sans égard pour ce qu'aurait voulu entendre Reever choisissant l'allemand cette fois pour exprimer ses sentiments :

« Il a parfaitement raison. Je ne suis qu'un immonde bâtard dont sa mère a tenté par sept fois de se débarrasser, quand elle était enceinte. Sans succès. J'ai maudit ma mère dès ma naissance. Voilà pourquoi je ne suis pas fréquentable, ni pur. Et je comprends tout à fait ton rejet. Je ne te mérite assurément pas comme ami... Je ne mérite que l'ombre là où je ne peux blesser et ternir encore plus l'honneur de ma mère en poussant les autres à voir sa faute en attirant l'attention sur moi... »

Il croyait.. Il croyait.. Que sa réserve était due à un rejet.. Alors qu'elle était due au choc à ce qu'il voulait tant croire et qui était faux...Il croyait.. Qu'il n'était qu'une plaie pour sa mère... Qu'il devait s'effacer, occuper le moins de place possible pour ne pas attirer l'attention sur lui et sa mère et pousser les autres .. Et prétendait qu'elle avait tenté d'avorter sept fois sans y parvenir.. Mais comment pouvait-il tenir un compte aussi précis ? Avant de décider que pour le moment cela n'avait aucune importance...Car tout cela était faux.. A commencer par ses propres sentiments... Il hurla sans aucun égard pour les alentours, résolu à chasser de son regard cet air de résignation à l'idée d'être seul, de ne pas le mériter, d'être impur comme il le croyait injustement, quand son seul tort aurait été le plus absurde du monde, celui d'exister :

« JE M EN CONTREFOUS QUE TU SOIS LEGITME OU NON ! A MES YEUX CE N EST PAS CE QUI FAIS TA VALEUR NI TA PURETE ! NI TE RENDS INDIGNE DE TOUT AUTRE ! ET SI C EST MON AMITIE QUE TU CRAINS DE PERDRE, JE PEUX TE LE GARENTIR ET LE JURER SUR CE QUE J AI DE PLUS CHER QUE CE N EST CERTAINEMENT PAS UN PRETEXTE AUSSI IDIOT QUI TE LA RETIRERA DE MA PART !

A ces mots Johann tressaillit, reculant d'un pas médusé, l'air surpris au plus haut point. Et même un peu terrorisé, comme craignant la force de ce qui le liait à lui. Arborant ce même regard qu'il avait eu lors du coup de fil d'Elena, comme redoutant comme il redoutait l'affection de la jeune femme la sienne... Le regardant comme s'il ne le reconnaissait pas du tout. Comme s'il voyait un fantôme aussi.. Mais pourquoi.. C'est alors qu'une main s'abattit sur son épaule, le faisant sursauter à son tour avant qu'une voix s'éleva :

« Opinion aussi que je partage, d'ailleurs... »

Non, ce n'était pas.. C'était impossible.. Médusé, il rejeta le regard en arrière. Pour rencontrer son regard qui brûlait d'une colère sans demie mesure. Qui ne lui était pas adressée. Pas le moins du monde. Non, la colère de Bolskrin était entièrement tournée vers l'homme qu'il fusillait du regard par dessus sa propre épaule, sous ses yeux médusés tout comme ceux de Johann avant que son visage ne se fendit d'un sourire froid et cruel, bien avant qu'ils ne puissent ni l'un ni l'autre s'interroger sur ce qui se passait, sur comment tout cela arrivait avant qu'il ne s'exclama à l'intention de Peck avec un ricanement qui ne présageait rien de bon :

« Alors comme cela, misérable punaise, tu crois au vertus du sang ? Tu crois qu'avoir un père déclaré, marié fera forcément quelqu'un de toi de digne ? Et ben désolé, mais en général, les bâtards comme tu les appelles, sont des gens bien meilleurs que tous les autres réunis. Et Johann est quelqu'un dont tu n'égales, toi légitime que tu prétends être (et qui peut être ne l'est même pas, toi non plus ! ) pas un centième, auquel chacun des idiots purs de sang qui t'écoutent dans tes discours ne sont que miettes d'orgueil mal bouffi et très très mal placé. Et tu veux que je te dises ? Vaut mieux avoir un père absent qu'un père indigne. On apprend à vivre pour soi- même, pas pour un père qui ne sera jamais satisfait de ce qu'on fait et qui se moquera de nous comme d'une guigne, présent parce qu'il le faut. Ça empêche de finir aigri, comme une certaine personne que je ne citerais pas...

-Je ne vous permets pas... ! » Siffla de rage Peck à ses provocations osées qui avait un étrange goût de vécu à ses yeux, se rapprochant sensiblement de lui. Comme s'il pensait en intégralité, avait vécu chacun des mots qu'il prononçait, comme si vraiment il tenait en très haute estime Johann... Mais tout ceci était peut être un masque.. Le reste ne pouvait être possible...Pourtant, il sentait, il le sentait depuis ce matin qu'il y avait quelque chose qui clochait dans l'attitude de Bolskrin

Mais l'autre absolument pas intimidé par le poids plume qui se dirigeait vers lui esquissa un mouvement rapide dans son uniforme, ne renonçant en rien à sa main sur son épaule avant de brandir en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ce pistolet caractéristique des Fallen Angels à la différence que contrairement à celui de Johann, il arborait des volutes violettes...Et si il se rappelait de ce que Johann lui avait dit, plus les volutes étaient froides, plus le Spiral avait tué... Ce n'était donc pas de menaces où Peck pouvait espérer triompher...Avant qu'il ne s'exclama d'un air froid et glacé qui se voulait impérieux, moqueur et menaçant au possible :

« Faites encore un pas et je vous tue. Sans remords. Car le monde ne saurait qu'être sauvé selon moi sans vous. Et ne croyez même pas que Luberrier m'en voudra, vu la haute estime en laquelle il me porte sans compter que le fait que ces derniers temps vous semblez contre productif...Un mal pour un bien en effet, se dira t-il. Et il aura raison au vu de la teigne que vous semblez être...Et ne croyez même pas un instant que vous auriez le dessus dans un combat singulier. J'ai été formé à me battre et traquer des ennemis dix fois plus impressionnants que vous que j'ai toujours eu. Alors vous pensez... Il ne me faudra même pas dix secondes pour vous étaler par terre et vous entendre gémir comme un bébé pour me supplier d'arrêter... »

Et Peck incapable de supporter l'affront, la moquerie alors que l'arme s'inclinait doucement, comme croyant avoir avec ce début obtenu sa reddition (bien que s'il l'avait gardé haute, il se serait enfui tant il avait senti à quel point il ne plaisantait pas ) se rua vers lui, résolu à en découdre. Alexandre eut un sourire navré. Il y avait vraiment des imbéciles en ce monde.. Et avec la grâce d'un chat sûr de ces pas et de sa chasse, il s'élança vers Peck, comme résolu à le laisser le frapper le premier avant qu'il n'esquiva au tout dernier moment avec une facilité déconcertante son coup de poing qui déséquilibra Peck sous la surprise de l'avoir manqué quand il s'était jeté sous son poing.. Et donna l'occasion immédiate à Alexandre de saisir le bras qu'il venait d'esquiver pour le tordre dans le dos de Peck sans aucun égard pour ses cris de douleur avant de plaquer froidement de son autre main le canon de son revolver contre sa tempe gauche en l'obligeant à s'agenouiller au sol malgré ses tentatives infructueuses pour échapper à sa poigne. Satisfait, il s'autorisa un sourire vicieux et doucement murmura à l'oreille de son compagnon d'infortune :

« Tu vois, Reg, je t'avais dit que tu ne faisais pas le poids... Pour m'avoir défié, avoir douté un instant des capacités du Commandant des Spirals, je pense que je vais te tuer...Dis moi, as tu une préférence... ? Poison, balle dans la nuque, coup du lapin , étranglement, suicide incité, pendaison, écartèlement, torture puis lente agonie ? Je te promets que tes dernières volontés seront respectées à la lettre et les Spirals n'ont qu'une parol...

-ALEXANDRE BOLSKRIN FOUS LUI LA PAIX ! IL EN VAUT PAS LA PEINE ! ET SI TU LE TUES JE NE TE LE PARDONNERAI JAMAIS ! TU M ENTENDS JAMAIS ! VA PAS AVOIR DES ENNUIS POUR MOI ! J EN VAUX PAS LA PEINE, COMME JE NE VAUX PAS LA PEINE QUE VOUS VOUS SOUCIEZ AUTANT DE MOI NI L UN NI LAUTRE ! »

A ces mots de cette voix tant chérie, Alexandre se figea, s'effondrant à son tour assis au sol. La seule personne qui pouvait l'arrêter, l'inciter à tout arrêter, celle pour qui il se battait venait de lui crier de s'arrêter. Et dans sa voix tant chérie avait flotté un instant, rien qu'un, l'espoir de ne point lui déplaire une fois de plus s'il le faisait. C'était suffisant pour le faire suspendre ce geste qu'il désirait au plus haut sa poigne aussitôt se desserra, laissant dans l'intervalle à Peck le temps de s'enfuir ce dont il ne se fit pas prier le moins du monde alors qu'alarmée, derrière lui, la voix de Reever s'exclamait :

« Johann ! Reviens !

Comme si gentiment son Johann qui n'était plus le sien allait revenir quand son cœur doutait de tout ce qu'il voyait et entendait en plus de voir révéler au grand jour son plus grand secret...

Il eut un sourire sans même se tourner vers le blondinet et s'exclama doucement :

-Peine perdue, Commandant. Si vous voulez aller le voir, je ne saurais que trop vous conseiller de suivre ses pas.

-Pourquoi ? »

Sa voix ne fut qu'un murmure dans la pièce étrangement déserte à présent, comme si tous les gens apeurés avaient fui mais il la perçut comme si le monde en avait lui du moindre éclat. Comprenant ce qu'il appelait, le pourquoi de tels actes inconsidérés qu'il avait lui-même d'ailleurs failli appliquer quelques minutes plus tôt. « Pourquoi agissez vous aussi étrangement ? Pourquoi aussi fort ? Que signifie tout cela ? »Tout ce que ces mots ne clamaient pas mais que son « Pourquoi » appelait. Ce pourquoi qui le perdait là où il aurait du avoir l'esprit clair, lui qui pouvait sauver seul Johann par sa spontanéité Et il ne pouvait le laisser sans réponse, pas cette fois, malgré le masque qu'en partie il devait abattre. Aussi s'exclama t-il doucement :

-Parce que certaines personnes n'ont pas de prix. Parce que c'est Johann. »

« Parce qu'il est la personne la plus importante à mes yeux. Que plus personne n'a le droit de le blesser, lui rappeler ce passé honni. Parce que je l'aime encore et toujours et jusqu'à la fin de ma vie. » Ces mots malgré tout restèrent soigneusement enfermés en son esprit.. Car s'il devait se découvrir pour ne plus le perdre, il n'en était assurément pas arrivé au point de lui révéler le fond de son cœur. Et cet écrin de sentiments au fond de lui y resterait enfermé le plus longtemps possible. Mais il n'avait pas à savoir l'infamie de son cœur là où sa raison ne prétendait à rien. Non assurément...

« Je ne vous comprends pas...»S'exclama subitement la voix de l'homme derrière lui troublée, perturbée par ce que sa voix, son attitude venait de faire transparaître. Ce qui était normal, lui qui avait toujours pris soin de ne paraître que le salaud égoïste que l'on croyait être toujours lui. Et son visage se fendit d'un sourire que Reever ne pouvait voir avant de s'exclamer :

-Je ne vous demande pas de me comprendre. Juste de sauver Johann. Si vous le pouvez.

-C'est bien mon intention... Lui répondit toujours emplie de trouble la voix de Reever mais aussi emplie d'une vigueur déterminée nouvelle et qu'il savait sincère au plus haut point. Ce qui ne put que le faire sourire plus avant avant qu'il ne murmura en norvégien, comme pour lui même alors que le bruit d'une course se faisait entendre au loin:

-Je crois que je vois à la perfection pourquoi Komui t'a choisi...

Car si l'homme qu'il connaissait était aussi sensible qu'il était, assurément, il ne pouvait choisir qu'une personne soucieuse au point qu'il était d'un ami...Il sourit plus encore offrant son regard au plafonds alors que résonnait non loin de lui la voix courroucée de Luberrier :

« Pouvez vous m'expliquer ce que vous avez encore fait, Bolskrin ?

Il pivota son regard vers un Luberrier courroucé au plus haut point et sourit avant de s'exclamer doucement :

-Je sauve un jeune homme que vous avez vous même condamné... »

Et il ne put retenir un rire à l'air médusé de Luberrier. Avant de s'enfermer dans un silence contemplatif dont il avait le secret, réentendant sa voix soucieuse et inquiète, s'y raccrochant comme un homme en mal de sommeil s'accrocherait à la moindre berceuse. Ainsi qu'au sentiment de plénitude qui l'emplissait en songeant qu'il n'avait pas rien fait pour sauver l'homme qu'il aimait. Pas cette fois. Qu'importe les conséquences de son geste inconsidéré. Car il savait avoir bien agi du plus profond de son âme. Pour la première fois.

OoO

L'enfant contemple médusé les longues mèche brunes dont le miroir lui renvoit le reflet mystérieux. Il en soulève une indécis. Il ne comprend pas comment il peut arborer des cheveux d'un tel brun quand sa mère arbore des cheveux d'un roux flamboyant comme son âme forte l'est, bien plus forte que tout, elle qui n'a besoin de personne. Comment il peut avoir des yeux d'un écarlate aussi vif quand elle a les yeux d'un vert d'eau comme l'étang qui s'étend derrière leur maison où il aime se baigner l'été. Tout cela échappe à son entendement, bien plus que tout...C'est alors qu'elle apparaît, d'abord bruissement d'étoffes sombres qui avec une certaine pesanteur se promène souvent dans les pièces de la maison avant que n'offrant son reflet de regard vert d'eau au regard d'un petit garçon surpris de voir entrer dans la pièce l'auteure de ses jours. Mais il n'est pas temps de se jeter sur elle en criant « Maman ». Elle ne supporte jamais ni la moindre familiarité ni le moindre surnom, ni le moindre contact, elle qui se disait veuve du bonheur, elle qui est toujours détachée. Elle qui ne sourit que si rarement. Car il le sait, elle le lui a déjà dit, elle a là, la vie la plus dure au monde et qu'il en était en grande partie responsable. Alors il s'applique à faire le moins de bruit possible, le moindre d 'éclat possibles, elle qui en supporte pas le moindre mouvement excessif. Elle dit qu'ils lui rappellent trop le goût vif du bonheur dont on l'avait privé. Il s'efface le plus qu'il peut pour que sa vie ne lui nuise pas plus encore, qu'elle puisse finir par aimer ce petit garçon qu'elle ne traite jamais qu'avec détachement mais sans aucune méchanceté, lui assénant ses vérités sans aucune intention de le blesser. Juste dire les choses telles qu'elles sont. Sans se parer des masques d'hypocrisie de la société qui à cause de l'enfant la mépriserait certainement. Qu'en le voyant enfin, elle lui sourit, le prenne dans ses bras, lui dise qu'elle l'aime comme dans ce livre qu'il avait lu ce matin même...Avant qu'elle ne lui arracha le livre des mains, lui disant que ce genre de livres ne servait à rien, qu'ils étaient illusoires et infantiles et qu'il ferait mieux de lire autre chose. Ce à quoi il avait substitué un autre de ses livres semblant intéressant sur la botanique qu'il avait dévoré du haut de ses sept ans, lui esprit déjà vif pour son âge.

Alors muet, indécis plus encore, ne sachant que faire, il reste à contempler d'un air penaud craignant la moindre faute de placement, le moindre son s'exhalant de sa bouche, le moindre mouvement qui pourrait lui déplaire et lui faire perdre le peu d'estime qu'elle avait pour lui, le reflet de sa mère, si belle encore avec ses longs cheveux roux attachés en un chignon sophistiqué d'une grande dame, comme ces dames qu'il entrevoyaient parfois dans les gravures des livres qu'il lisait. Mais face à son silence craignant la moindre faute, le visage de sa mère semble lire les pensées qui agitent son esprit encore jeune, son obstination à se contempler pour essayer de percer le mystère de sa non ressemblance en interrogeant son reflet du regard en cherchant en lui ce qui ressemblait à sa mère. Son visage se pare d'une ombre dont il ne comprend pas encore l'étendue du haut de ses sept ans. Mais qu'il sait être la plus redoutable. Celle que sa mère arbore le plus souvent et celle qu'aucun mot ne doit déranger sous peine de la faire quitter la pièce d'un pas rapide, l'éloigner loin de lui, lui qui n'a qu'elle, et elle qui n'a plus que ce n'est pas une excellente chose, s'ils n'ont que l'un l'autre, non ? Il se recroqueville encore plus sur lui-même, redoutant le moment où elle va tourner talon et sachant à la perfection qu'aucun de ses mots ne pourrait l'arrêter, qu'il n'avait pas le pouvoir de lui interdire quoi que ce soit, comme personne ne l'avait plus. Mais ce moment ne vient contraire, elle a un soupir avant de s'exclamer d'une voix froide, constative comme à l'accoutumée :

« C'est à ton père, que tu ressembles »

A ses mots le petit garçon se fige dans la glace comme dans la réalité. Son père, l'homme absent qui faisait souffrir sa mère, l'homme qui l'avait abandonné, elle enceinte de lui. Alors, quand elle le contemplait tous les jours, elle devait avoir l'impression éternelle de contempler l'homme qui l'avait blessé.. Alors il se faisait de faux espoirs depuis le début en étant le plus gentil possible pour qu'elle l'aime alors qu'il lui suffisait d'exister pour l blesser et être haï... Silencieusement, des larmes s'élancent à l'assaut de ses joues alors qu'il murmure doucement, sachant bien la vérité mais désirant l'entendre tout de même :

« Alors me contempler tous les jours doit vous blesser tous les jours de ma vie, mère...

Dans le reflet, le seul qu'il ose regarder sans craindre de faire des impaires, elle rejette une mèche de ses cheveux derrière son oreille, son regard se faisant distant, regardant derrière lui, comme contemplant un passé à présent révolu avant de s'exclamer d'une voix tout aussi distante :

-J'imagine...»

Il ferme les yeux à présent même incapable de contempler son regard dans la glace à ce qu'il savait depuis le début, ses yeux versant plus de larmes silencieuses que de toute manières elle ne voit pas, ne se soucie pas, elle qui évoque ses propres sentiments avec un détachement sans nom. Mais au fond qu'attend t-il d'une femme que le monde a déjà fait tant souffrir, qu'il fait souffrir par sa seule présence en ce monde ? Comment pourrait-elle aimer un être comme lui ? Il est comme la Bête de ce conte à la différence que lui ne pourra jamais changer d'apparence , ne sera jamais un prince aimé malgré tous ses efforts... Il murmure doucement, bas comme un secret cette évidence qui s'impose à présent à son esprit :

« Je ne suis qu'un monstre alors qui ne devrait même pas exister... »

Subitement, il sent une main qui se pose sur son épaule. Surpris, il rouvre les yeux. Pour entrevoir dans le miroir la main de sa mère se déposant sur son épaule, la première fois qu'elle le touche en vérité depuis sa naissance. Et celle ci se penche doucement, murmurant à l'oreille de son fils, son regard allant chercher celui de son jumeau plutôt que celui de son enfant comme à l'accoutumée :

« Moi aussi, Johann, je suis un monstre qui ne devrait pas exister. C'est pour cela que nous sommes faits pour rester ensemble jusqu'à la fin des temps. Le monde alentour ne peut nous comprendre, ne le pourra jamais... Tandis qu'entre monstres, on se comprendra à l'infini, en tant qu'indésirés en ce monde que nous sommes tous les deux... Tu n'es pas d'accord ? »

Et l'enfant d'acquiescer vivement. Car si sa mère est froide et ne l'aime pas, elle ne l'en déteste pas pour autant. Elle est exactement comme lui, non désirée, rejetée par ce monde qui n'aurait selon elle de cesse que de le briser s'il connaissait son existence. Et contrairement à ce monde qui n'a pas besoin de lui et se moque de son existence il sait qu'elle a au moins rien qu'un peu besoin de lui à ses côtés. Et c'est là le plus important à ses yeux. Tant pis s'il ne sera jamais ne serait-ce qu'apprécié, du moins aura t-il la sensation de compter un peu pour elle en se sachant nécessaire à sa mère. Il accepte son destin, petit garçon aux yeux se fermant alors que déjà la main se retire de son épaule, trop fugitif contact comme le contact d'une brise d'été déjà éclipsée par les nuages d'automne...

« Tu as l'intention de rester encore là longtemps ? »

A cette voix qu'il commençait à s'y bien connaître, Johann ouvrit brusquement les yeux, renvoyant au loin les brumes de son passé, lui assis qu'il était en tailleur dans une salle d'entraînement. Il eut un sourire, absolument pas étonné qu'il ne l'est pas suivi. Une part de lui s 'y attendait, commençant à le connaître, cette même part heureuse de le savoir à ses côtés même s'il ne le méritait pas et que ses mots impulsifs qu'il lui avaient donné n'étaient certainement dues qu'à une impulsion. Mais il était sûr, que lui, ne s'attendait pas à le trouver si calme. Il ne pouvait se douter que se perdre dans ses jeunes années n'était pas du tout une souffrance pour lui. Mais plutôt une délivrance, une époque bénie où il ignorait encore combien sa mère avait raison sur le monde. Ou il ne l'avait pas encore blessé comme il allait le faire plus tard. C'était la seule partir de son passé en laquelle il se jetait volontiers quand l'occasion se présentait. Et il n'avait pas honte d'être son enfant. Mais, il savait, qu'elle, oui. Alors il s'effaçait le plus qu'il pouvait pour ne pas lui nuire plus qu'il n'avait déjà fait. C'était la raison pour laquelle il gardait si jalousement le secret sur ses origines, refusant d'en parler à quiconque, pour ne pas agrandir encore le bruit de son déshonneur. Et par la faute de Peck et de sa propre existence, il allait encore lui nuire... Sa main se crispa au niveau de son cœur avec force, la culpabilité emplissant encore une fois son cœur, ce sentiment qui était relié en son esprit depuis toujours avec elle alors qu'il murmura doucement avec un petit rire nerveux qu'il ne partageait pas :

« Ça ne va pas lui plaire, si elle le sait...

Et elle le saurait, même si son nom n'avait visiblement été divulgué. Car elle avait un réseau de connaissances aussi paradoxal soit-il qui était plus étendu que les milliers de constellations du monde. Elle allait le maudire encore un peu plus c'était sûr... Et s'excuser même en pensée était ridicule après la pire des infamies qu'il lui avait fait...Aussi était-ce inutile... Oh oui, parfaitement inutile.. C'est alors qu'il entendit un bruissement de tissu que l'on froissait tandis qu'une main vint effleure doucement la main sur son cœur. Sursautant, il redressa le regard pour rencontre celui de Reever qui eut un doux sourire qu'il voulait rassurant avant qu'il ne s'exclama doucement, avec un air un peu hésitant :

« J'ai comme qui dirait l'impression que ta mère ne t'apprécie guère... »

Il eut un sourire, admirant la perspicacité de Reever qui à partir de quelques mots semblaient avoir compris une part de son problème. Même s'il ne pouvait encore se douter de ce qu'il avait fait et que très certainement il le rejetterait quand il saurait tout. Comme il était certainement venu le faire en apprenant son illégitimité, en apprenant qu'il avait fait souffrir une femme innocente, lui si désireux de protéger les autres... Et il n'avait pas besoin de ses longs préambules trop polis pour qu'il lui annonçât la chose, même si le voir réagir bien qu'il le comprenne de la sorte le déçut de sa part. Au final il était comme les autres. Il eut un soupir et s'exclama à l'intention de Reever :

« Pas la peine d'être poli. Viens en aux faits.

-Lesquels ? » S'exclama la voix étonnée de Reever. Étonnamment très sincèrement surprise. Ou alors comme Alexandre, il était doué pour jouer la comédie, comme il avait été excellent à jouer le sincère intérêt de protection aujourd'hui. Mais il n'allait certainement pas lui faire le plaisir de se mettre en colère, ah cela non. Il s'exclama doucement, résolu à maîtriser son agacement de le voir simuler un parfaite innocence :

« Tu es venu pour me dire que tu ne peux m'apprécier vu ce que je suis, ce que j'ai fait à ma mère. T'inquiètes pas je comprends. C'est normal. »

« Qui voudrait d'une personne aussi corrompue que je le suis, enfin. Personne, évidemment » Soupira t-il en son esprit, sachant pertinemment ce principe depuis fort longtemps. Et qu'il avait cru oublier en rencontrant Komui et Reever. Mais il semblait bien s'être trompé. Et étrangement ce constat son cœur se serra avec douleur. Pourtant, il n'était pas sensé ressentir cette douleur, pas une de ses miettes d'autant qu'il l'avait mérité pour avoir cru en un salut qui n'était pas pour lui, qu'il ne méritait pas le moins du monde. Peut être était ce la répétition infinie de cette chose qui faisait cet effet, comme était né son envie de ne pas être détesté de Reever. Cela devait être cela, assurément. Pas autre chose. Il se le répétait dans l'espoir d'alléger le poids sur son cœur. Sans aucun effet. Étrangement. Comme si il voulait véritablement être apprécié pour ce qu'il était, tel qu'il était. Mais c'était faux, totalement illusoire. Et impossible, il devait bien finir par l'accep...

« Parce que c'est censé changer la manière de te voir, tout cela ? Désolé, c'est manqué, pour ma part... »

A ces mots son cœur en manqua un battement, lui fit reporter le regard qu'il avait baissé sur lui qui lui souriait chaleureusement comme à un égal. Il ne pouvait pas dire cela.. N'avait pas le droit de dire cela, d'éveiller en son esprit une étrange chaleur heureuse à ses simples mots. Il ne pouvait pas, pas avec ce qu'il infligeait à sa mère, ce dont il en connaissait qu'une part en plus de tout. Et c'était la plus belle occasion au monde détruire leurs liens sans le blesser, le protéger tant qu'il le pouvait encore de lui-même, sans se faire haïr de lui mais lui rappeler qu'il lui était supérieur et de loin. Aussi s'exclama t-il en retour :

« Ah oui ? Pour toi, c'est donc normal de blesser sa mère par sa propre existence ? En naissant j'ai détruit sa vie, l'est condamné à une vie de honte et de souffrances, elle qui méritait dix mille fois mieux... Et tu me laisserais inchangée cette amitié parasite en sachant que je suis la mort sociale de ma mère, sa déchéance dont elle a honte et dont elle tenté de se sauver sans réussir, infâme que je suis pour n'avoir pu la sauver de celle-ci ? »

Il ne put retenir l'amertume que prit sa voix. Pas masquer la douleur et la culpabilité qui étaient siennes depuis si longtemps et qu'enfin il exprimait sans même le vouloir. Pas occulter la douleur de savoir ces choses vraies et dont il aurait tant voulu ne pas être responsable, qu'un jour quelqu'un lui dise qu'il n'était pas le responsable, quelqu'un qui n'était pas Alexandre ou Komui qui n'avaient eu de cesse de lui dire ceci, mais qu'il n'avait jamais écouté car trop proche, sachant tout de lui. Mais c'était sans espoir, personne ne pourrait jamais lui dire de telles choses, non assurément, et encore moins dans un organisme religieux, elle qui condamnait plus encore les pêcheuses hors mariage...Il devait s'y résigner, c'était ainsi...Néanmoins, à présent, il était assuré de ne plus avoir à se soucier de ne pas blesser, à chercher un moyen de le tenir éloigné de lui. Peck le lui avait donné sur un plateau. Et pour cette seule raison, qu'il en soit béni songea t-il doucement, mais ne pouvant occulter la douleur étrange que de telles pensées amenait. Comme si lui même s'était grandement attaché à Reever. Au point où il lui était attaché. Que son amitié lui était extrêmement précieuse et qu'il désirait la lui retourner. Mais c'était impossible, il ne pouvait éprouver ce genre de sentiments, son cœur étant mort au delà de tout. Et tant il ne le méritait pas. Non assurément. Vraiment. Ce n'était que des impressions se répéta t-il en son for intérieur pour s'apaiser, ne pas tomber dans cet inconnu qu'il croyait avoir banni de son âme. Et subitement :

« Ce n'est pas toi qui a détruit sa vie. C'est plutôt l'irresponsable qui l'a abandonné. Au contraire, toi, tu as du la sauver de la douleur d'être abandonnée de tous, voire méprisée. Tu es probablement celui qui a illuminé sa vie, tu sais. Et si sur le coup...

-On voit bien que tu ne connais pas ma mère Ricana Johann son cœur ébranlé tout au fond de lui mais peu désireux de le laisser achever ce discours ayant étrangement les mots qu'il attendait et résolu à le faire taire en lui montrant l'étendue de sa naïveté, lui faire comprendre à quel point il disait, lui, vrai. Toute mon enfance, elle a été d'une froideur sans nom. Elle ne m'effleurait pas et quand elle me contemplait, je voyais bien qu'elle ne voyait en moi que le fléau qui avait détruit sa vie. Et comment pourrait-il en être autrement quand je ressemble traits pour traits à mon père ? Personne l'ayant connu, elle me l'a dit, ne pourrait voir autre personne que lui en moi... »

« Mesures, mesures mon degrés d'infamie songea t-il avec désespoir, réalise enfin, ne t'accroches pas à moi, moi qui ne te mérite pas... » Pourtant une part de lui n'avait pas envie qu'il le mesure.. N'avait pas envie de parler de ce qu'il lui avait fait et qu'il savait parfaitement suffirait d'évoquer pour le perdre à jamais.. Mais bon dieu, il n'en avait aucune envie, mais alors pas la moindre... Il le devait pourtant, il le méritait.. Pourquoi aurait-il le droit à un peu de chaleur quand il l'avait tant blessé ? Quand il n'était qu'un monstre impur qui ne faisait que détruire ce qui l'entourait ? Et il n'arrivait pas à passer outre ses sentiments, eux pour la première fois depuis longtemps bien plus forts que lui alors que résonna à côté de lui la voix de Reever de ces quelques mots fermes :

« Peut être, mais tu n'es pas lui. Et elle a tort de voir en toi un fléau car assurément tu n'es pas celui qui a brisé sa vie, tu n'es pas l'homme qu'il l'a brisé. Tu as juste le tort (si on peut parler de tort d'ailleurs... ) de lui ressembler. Mais la ressemblance s'arrête à de simples ressemblances physiques. Ton âme est, elle, trop pure, trop désireuse de protéger quiconque pour infliger du mal au x gens qui t'entourent »

Comment pouvait-il dire cela de la sorte, d'un ton si assuré ? Comment pouvait-il croire dur comme fer qu'il n'était pas tout aussi responsable de la douleur de sa mère que son père ? Comment pouvait-il affirmer qu'il ne lui ressemblait sans connaître son père ? Sans tout connaître de lui et ce qu'il avait fait ? Ce qu'il était naïf... Il sourit doucement, contemplant le sol, mais des larmes venant brouiller sa vision. Il avait beau ne pas tout savoir de lui, affirmer ceci sans preuve.. Il avait beau savoir que bientôt tout ceci serait fini s'il l'apprenait.. Il avait envie de s'accrocher à ce mensonge, à ces mots. Même s'il n'y avait pas le droit et qu'il le savait à la perfection. Aussi ne fit-il rien pour l'empêcher quand gentiment Reever le prit dans ses bras et murmura doucement à son oreille pour l'apaiser :

« Et entre nous, un père pareil n'est pas une grande perte... »

Il eut un léger rire intérieur. Il ne le savait probablement pas, mais il venait d'avoir les mots d'Alexandre à l'époque..Alexandre, toujours compréhensif concernant les problèmes de parents, lui en rupture avec eux depuis longtemps... Mais il refusait de penser plus à lui quand il n'était pas là, cet abruti... De toute manière l'homme qui le prenait dans ses bras ne savait pas grand chose de lui. Un peu son masque, sa manie de tenter de se faire détester pour protéger les gens qui l'entourait, pour éviter de les apprécier à son tour, ses petites manies, un peu sa douleur, son passé... Mais au final, songea t-il, se laissant bercer par les battements de cœur doux et murmurants comme ne berceuse sur son âme blessée de Reever, cette ignorance était bénie...

« Seigneur, faites qu'il ignore encore longtemps ce péché qui est mien... C'est ma seule prière...Laissez moi encore croire que je peux ne pas briser quelqu'un, que j'ai le droit à un peu d'amitié... Je ne demande que cela... » Supplia t-il. Mais comme à l'accoutumée, comme pour chaque être humain, le ciel resta muet. Mais à la place envoya un peu de réconfort à une jeune homme perdu dans ses chaînes qui tout doucement se fissurait et libéraient le cœur pur d'un jeune homme trop longtemps réprimé. Et pris par des chaînes qu'il croyait mériter, devait s'infliger. Et qui en réalité n'étaient que le reflet d'une vie qui s'éveillait du sommeil où l'on l'avait plongé...

Dernière lignes énigmatiques que celles-ci n'est ce pas ? Et bien pour le sens, vous allez devoir attendre un moment ^^ Voilà ^^ Comment cela je suis sadique ? Mais non.. XD

Voici donc un chapitre à la fois important et de transition vers la suite de cette fic et assez long (58 pages avec la note ) écrit au son de Cash Cash I like it Loud et un peu de techno pour les derniers passages tel que Heartbreaker d'Auryn et Sparks (je ne sais plus le groupe en tous les cas, c'est la première vidéo de Youtube).

On a donc appris pourquoi Jo se considère comme impur. En même temps au dix neuvième encore c'était mal vu les illégitimes... Il suffit de voir les nouvelles de Maupassant..

Et chapitre de transition.. Parce que introduisant un certain nombre de choses.. Comme la réaction de Komui, la volonté de Jo de comprendre ce qui se passe... Voilà ^^

Sinon, je trouve que c'est un chapitre qui bouge pas mal, pas vous ? En même temps avec les deux disputes avec Peck, c'était évident que cela allait bouger.. Même si la deuxième à l'origine n'était pas sensée devenir aussi violente là mais elle est venue en cours de route.. Alexandre a pris le contrôle sur le coup XD

Et des moments comme le début de ce chapitre m'ont permis de poser son caractère plus en détail. Parce que la première fois où on l'avait vu, on l'avait vu souffrant, pas bien portant. J'avais besoin de montrer que c'était un impulsif insouciant, pour mieux le présenter.

Et tout doucement, on voit apparaître petit bouts par petits bouts des passages du passé de Jo. Et dans le dernier introduit, il y a une anomalie.. La verrez vous ? Si vous l'a voyez, vous vous trouverez en possession d'une sacrée piste pour la suite de l'histoire... C'était involontaire au départ, mais bien là, au final... Et non, je n'en parlerait pas plus... ^^ (oui je suis une sadique je vous l'avez dit XD )

Le mystérieux commanditaire de Krory est donc un scientifique... Mais qui ? Ah ah...

Et ce titre.. Volontairement pluriel... Les nons dits d'Alexandre, de Komui, de Reever...

Et le titre du suivant aura un jeu aussi, mais là un jeu de sonorités. Vous verrez ^^

A quoi vous attendre pour la suite ? Et bien... *roulement de tambour*

Tentative de découverte de la vérité par Johnny, tentative d'alliance ratée, goûters du soir...

En espérant que ce chapitre vous ai plut comme il m'a plus de l'écrire, lui qui a réussi à tracer la scène que je voulais tracer depuis le début ^^

Voilà à très bientôt pour le chapitre 13 (déjà ?) d'une fic qui va en compter quelque chose comme une quarantaine de chapitres (comment je le sait ? Disons que pour chaque chapitre de cette fic vu que j'ai des scènes qui naissent d'abord dans mon esprit , je les ordonne en chapitres sous forme de notes détaillant les events et au vu des dernières notes eues, on sera probablement dans la quarantaine de chapitres... Avec des chapitres particuliers, composés de lettres par exemple... (un vieux rêve que je vais réaliser et qui mine de rien seront des lettres importantes ) Pas découragés ? Alors à très bientôt et... Review ? (oui j'y crois encore.. XD )