CHAPITRE 25
Mon réveil sonne deux petites heures après mon dernier coucher.
Je me lève par automatisme. Fourbue, moulue, crevée, déprimée.
La journée n'est même pas commencée.
Complètement au radar ce matin, je ne remarque pas l'ombre immobile dans le fauteuil près de mon lit alors que je me déplace vers la salle de bain dans une démarche très cromagnonesque. Une douche brulante plus tard, ce n'est toujours pas la frite.
Quand je reviens dans la chambre, j'allume enfin et frôle l'attaque cardiaque quand je vois Carlisle, sombre, posé dans le fauteuil. Je ne sais pas quoi dire et reste plantée là comme un poireau, une main crispée sur la poitrine.
J'enregistre peu à peu son regard fermé, son expression froide, sa posture rigide.
Il est venu me larguer de bon matin.
Incapable de soutenir son regard quand il prononcera les mots fatidiques, je serre un peu plus mon peignoir contre moi et regarde ailleurs en attendant que la sentence tombe.
- « J'ai appelé l'agence, tu n'iras pas aujourd'hui car tu as une formation pour ton poste de Seattle. »
J'avale ma salive et hoche la tête. Il est prévenant, il sait que je serais anéantie, trop pour aller au boulot…
- « Retourne sur le coussin. »
Il est trop tôt pour réfléchir, j'obtempère sans moufter et reprends mon Nadu sur le coussin.
- « Enlève le peignoir. »
La fraicheur du petit matin me fait frissonner. Bientôt je grelotte. Je prends de grandes inspirations et arrive à faire cesser les tremblements. Je fixe la fenêtre. A un moment mon cerveau se remet en marche et je me dis que j'aurais peut-être du me positionner face à lui au lieu de cette foutue fenêtre.
Rien ne bouge dans l'appartement. Je fixe le point devant moi. Il me fixe de l'autre coté de la chambre. J'ai l'impression que l'instant dure des heures. Je respire profondément pour m'empêcher de gigoter : Zen. J'ai le temps de commencer à gamberger. Il n'est peut-être pas venu me larguer ? Qui sait ?
-« Viens ici ma Chienne. »
Mes yeux papillonnent sans pour autant oser le regarder. Le ton est sans équivoque. Je décolle lentement du fauteuil et me dirige vers lui à quatre pattes, la tête basse. Quand j'arrive plus près, je sens sa main agripper mes cheveux et me tirer sans ménagement entre ses genoux. Un collier d'acier est glissé à mon cou. Le cliquetis d'un mousqueton se fait entendre. Me voilà tirée à bout de laisse vers la cuisine. Je ne lève toujours pas les yeux.
Deux assiettes creuses apparaissent devant moi. Dans une, du jus de fruit. Dans l'autre des céréales avec du lait.
-« Mange. »
Ahem. Caslisle, comment dire…
Je reste un instant dubitative devant les bols, me demandant par quel coté attaquer l'affaire. Il ne me vient pas à l'idée de protester, ce matin mon statut m'a été indiqué, je suis Chienne. Vaut mieux ça que " Larguée".
Finalement je me résous à une feinte en mordant mon assiette par un bord et en la faisant basculer pour faire glisser le contenu entre mes mâchoires. L'assiette de jus se passe bien. Celle de céréales est plus problématique. Après avoir aspiré une bonne partie du liquide, je plonge le nez dans les Chocapics ramollis et m'en barbouille le menton.
Une fois terminée, je m'assois sur les talons et je cherche ses chaussures des yeux. Croisées près du plan de travail. Je l'imagine appuyé, jambes et bras croisés, à m'observer. Le lait chocolaté me coule du menton sur les seins, je crois que j'en ai un peu dans les cheveux. Il se penche et pose une bassine d'eau froide devant moi.
- « Lave-toi tu en as partout. »
Les mains au sol, je fixe l'eau miroitante. J'hésite. Avec ou sans les mains ? Vaste question.
Alors, avec ou sans les mains ? D'un coup de tête, je décide. Je pousse le bouchon, ça sera sans les mains. Je prends une inspiration et plonge la tête la première dans la bassine. Je secoue la tête et lâche l'air dans l'eau glaciale avant de me redresser partiellement. Ça a eu le mérite de me réveiller.
J'entends son rire alors que, sage, j'observe quelques mèches de cheveux onduler dans l'eau devant moi.
Il s'éloigne et revient toujours riant. Il me jette une serviette sur la tête.
- « Sèche-toi andouille ! Avec tes mains ! »
Je réprime un sourire, une fois de plus mes loufoqueries ont brisé la glace.
La friction de ma serviette me réchauffe un peu. Cependant, l'air frais de la cuisine sur mes seins ne les laisse pas sans réaction. Je les frotte en douce pour essayer de me réchauffer mais il me grille et me retire aussitôt la serviette.
- « Mets-toi en position d'invite. »
Qu'est-ce qu'il veut bien dire par là ? Je réfléchis. Comment une chienne ferait une invitation ? Faire la belle ? Non ce n'est pas cela…Une image de chatte en chaleur me traverse l'esprit. Je pose les coudes au sol, écarte les genoux et tend la croupe en l'air. Il s'approche et m'appuie sur la nuque :
- « Plus bas. »
Le front collé sur le carrelage, les bras tendus et les mains à plat devant moi, je serre les dents quand mes seins entrent en contact avec le dallage froid. Je me cambre au maximum et j'attends. Sa cheville pousse encore mes genoux.
- « Écarte plus que ça. »
Je me retiens de glisser. J'ai mal aux genoux et j'ai froid. Mais il me parle et me frôle. Après des jours sans lui j'en suis presque euphorique.
Je l'entends s'activer derrière moi. Des bruits d'étoffe, d'objet que l'on pose au sol. Sa main se pose sur mes fesses et je sens les doigts de l'autre me fouiller à l'aide d'une substance froide et crémeuse.
Je me contracte et sa poigne se raffermit. Je crois que c'est du lubrifiant qu'il me met. Ça sent le pilonnage rageur cette histoire.
Mes suppositions ne tardent pas à être confirmées. Il m'attrape les hanches et me pénètre d'un coup sec. Comme ça, à froid. Merci pour le lub, sinon j'aurai eu mal je crois. Gentleman, il me laisse le temps de me décontracter et de m'habituer à sa présence dans mes chairs. Sa main, emmêlée dans ma chevelure, tire. Je me redresse sur les coudes, forcée de garder la cambrure. Bientôt il se remet en mouvement et comme je le pensais, il me pilonne le ventre sans aucune tendresse. Ce n'est pas du sexe mais une question de pouvoir. Qui est le patron, qui dirige et qui obéit.
Je garde mes lèvres scellées alors que je le sens approcher de sa délivrance. Je l'accompagne et me contracte pour lui procurer plus de sensations. Je suis dans le don uniquement. Pas d'orgasme pour moi ce matin alors que le sien arrive dans un grondement féroce. Je me plaque contre lui et recueille ce qu'il veut ben me donner.
Quelque instant après il s'affaisse sur mon dos. Une main glisse sur mes seins et je sens ses lèvres entre mes homoplates.
- « C'est bien ma Chienne. » Il se redresse et tire sur la laisse.
- « Allons-nous coucher maintenant. »
Je le suis, tête basse, cachant mon sourire.
Je grimpe sur le lit et sous la couette.
Je m'endors vite, mon Alpha enroulé autour de moi, son nez dans ma nuque à me lécher tendrement.