Et voilà, c'est fini! Long chapitre donc (prévoyez une pause pipi) et dernier. J'espère que l'histoire vous aura plu jusqu'au bout, et merci encore de l'avoir suivie, reviewée, bref d'avoir supporté mon travail, c'est vraiment encourageant, n'oubliez pas la review d'adieu pour me donner vos impressions!


Quand Bruce et Tony sortirent de leur chambre, leurs trois collègues Avengers les attendaient déjà dans l'appartement.

"Hey!" fit Tony en voyant Natasha manger des restes de plats à emporter sur l'un de ses fauteuils. "Ne mangez pas dans mon salon!"

Natasha leva les yeux au ciel. "Vous pensez sérieusement que je ne suis pas suffisamment adroite pour éviter d'en mettre partout?"

Tony fronça les sourcils. Elle marquait un point. Mais même, ce n'était pas la question.

"Ne pourriez-vous pas aller dans la cuisine?" demanda Bruce gentiment. Natasha hésita un moment avant de se lever et d'aller s'asseoir au bar. Tony ne savait pas pourquoi ça avait aussi bien fonctionné, mais quand il jeta un œil à Bruce il fut surpris par le regard qu'avait le docteur.

Il avait l'air terriblement triste.

"Qu'est-ce qui ne va pas?" chuchota Tony au creux de son oreille. Bruce le regarda et secoua la tête. Tony lui fit une moue et un geste pour l'inciter à parler. Il n'abandonnait pas si facilement.

Bruce céda et chuchota. "Je pense qu'elle a toujours peur de moi."

"Même après avoir vu Hulk faire l'idiot?"

Bruce haussa les épaules. "Je pense qu'elle n'est pas habituée à ce que des choses lui fassent peur."

"Hé les tourtereaux qu'est-ce que vous vous chuchotez?" demanda Clint depuis le canapé. Natasha l'avait caché de leur vue, alors Tony n'avait pas vu que ses grosses bottes étaient posées sur sa table basse. Clint était assis là, comme s'il était chez lui, à lire un magazine-

"Hey! Ne lis pas ça!" Tony se jeta contre l'arrière du canapé pour le lui prendre des mains.

"Vous êtes vraiment trognons ensemble," fit Clint avec un large sourire. Tony jeta simplement un regard mauvais au magazine, un des tabloïds que Pepper avait oublié l'avant-veille.

"Je sais qu'on est trognons. Putain on est adorables même. Maintenant tu arrêtes de lire cette merde."

Clint haussa les épaules. "Ça trainait là."

"C'est bon, Tony. Des millions d'autres gens l'ont lu," fit Bruce en allant s'asseoir sur le canapé à côté de l'archer, il lui prit le magazine des mains au passage.

Bruce ne connaissait pas très bien Clint. Ils n'avaient pas eu l'opportunité de se rencontrer sur l'héliporteur, et Bruce n'avait pas été mentalement présent très longtemps pendant le combat. Leurs rencontres après ça avaient été rares et brèves. Malgré tout, il appréciait l'archer. La sérénité inébranlable qui émanait de lui le faisait se sentir en sécurité. Clint n'avait pas peur de lui comme Natasha, bien qu'il se montre raisonnablement prudent. Et les choses qu'il avait dites la veille… lui avaient donné l'impression que l'agent était quelqu'un de bien.

"Alors," commença Steve depuis l'autre fauteuil. "Qu'est-ce que vous allez faire aujourd'hui?" demanda-t-il en direction de Tony et Bruce.

"Eh bien, j'ai toujours voulu sauter quelqu'un sur une table de labo, alors on pourrait faire ça-" fit Tony, contrarié que Steve se mêle de leurs affaires.

"Sois sage," le prévint Bruce sans lever les yeux du magazine qu'il avait commencé à feuilleter.

Tony fit une grimace agacée. "Je… suis… désolé," dit-il à Steve, marquant chaque syllabe d'un énorme effort. "Je voulais dire… pastesfoutusoignons."

"Mon dieu, Tony," soupira Bruce d'un air exaspéré. "Il n'a pas demandé ton numéro de sécurité sociale, il veut juste savoir si on a prévu quelque-chose."

"Bah j'ai pas envie qu'il me suive partout en regardant par-dessus mon épaule!" répliqua Tony. Puis, il ajouta après quelques secondes de réflexion, "En plus, je ne connais pas mon numéro de sécurité sociale."

"Tony, ils sont là pour me surveiller, c'est ça leur boulot, pas de te suivre partout."

Tony se pencha contre le dos du fauteuil. "Parce-que t'as prévu de ne pas être avec moi?" gémit-il.

"Vous êtes tellement pathétique," commenta très ironiquement Natasha depuis la cuisine. "Bruce, comment vous réconciliez le fait que vous sortez avec un gros gamin?"

"Eh bien, il est plutôt sexy…"

Les yeux de Tony s'agrandirent. "Tu… tu viens de…" commença-t-il, stupéfait d'avoir vraiment entendu Bruce dire "sexy," à voix haute, devant d'autres gens. Il tomba dans un moment de mutisme abasourdi.

"Banner!" s'exclama Clint d'un air approbateur. "Tu es vraiment doué avec tout ce truc de 'faire en sorte que Stark la ferme'."

Bruce détourna les yeux, un peu incertain quant à la manière de recevoir l'éloge amicale. Il n'était pas habitué à ce genre d'approbation décontractée. Par contre, la réponse de Tony, il l'avait parfaitement anticipée, et il ne put s'empêcher de sourire.

"Tu as dit que j'étais sexy!" acclama-t-il après avoir traité cette donnée avec succès. "Tu l'as fait! J'ai entendu! J'ai des témoins!" Bruce leva les yeux au ciel et souris, conscient que Tony était actuellement en train de sautiller de joie. "Steve," appela Tony, fixant son attention sur le Captain. "Ne viens-tu pas d'entendre ce monsieur ici-présent se référer à ma personne avec le mot sexy?"

Et honnêtement, le pauvre ne devait même pas s'être remis du commentaire de Tony à propos de 'sauter quelqu'un sur une table de labo'. Il avait les yeux écarquillés, la bouche fermement close et les joues bien rouges.

"Mais t'es encore plus prude que Bruce!" geignit Tony.

"Laisse-le respirer," intervint Clint. "C'est genre une vierge de quatre-vingt-dix ans."

Tony se figea. Les pièces d'information commencèrent à s'assembler dans sa tête. C'était vrai. Steve Rogers était probablement le plus vieux puceau de tous les temps. Comment avait-il fait pour ne pas s'en rendre compte? Que Dieu bénisse Hawkeye, qu'il le bénisse jusqu'au Tibet et aller-retour, car si ça ne n'était pas de l'humiliation en or.

"Oh mon dieu, mais oui!" railla-t-il, poussant jusqu'à pointer un doigt vers Steve.

"Et?" répliqua l'intéressé, sans parfaitement réussir à ne pas paraître sur la défensive, même s'il se débrouillait bien. "J'étais inconscient pendant soixante-dix de ces années. En vrai je n'ai que vingt-trois ans."

Tony ne put s'empêcher, il ouvrit grand la bouche.

"Merde alors, mais t'es encore qu'un bébé!" s'étonna-t-il, il n'avait encore jamais considéré Steve sous cet angle. Il agissait tellement comme un vieux schnock tout le temps, et puis il était aussi un grand truc plein de muscles, c'était dur de penser à lui comme étant… juste un môme.

"Non," rétorqua sévèrement Steve. "J'ai fait la guerre, je suis un adulte."

Bon franchement, Tony n'allait pas discuter ça, parce que Steve Rogers était indéniablement un homme. Le modèle de l'homme. L'exemple américain. Mais quand même… vingt-trois. C'était moitié moins que lui.

Tony bondit au-dessus du canapé pour se laisser tomber entre Bruce et Clint.

"Même, c'est bizarre!" lança-t-il. "Je suis suffisamment vieux pour être ton père! Sauf que… tu es aussi suffisamment vieux pour être mon père. Purée, c'est vraiment super bizarre."

"Vous n'êtes pas mon père, et vice versa," répondit Steve que cette remarque n'amusait pas spécialement.

"Ben, tu peux pas être le père de quelqu'un, vu que tu es vierge et tout."

Steve gémit. Ils étaient de retour là-dessus.

"Ce n'est pas grave," intervint Bruce en continuant de feuilleter le magazine. "Tony est vierge aussi."

Il n'y eut pas une seule personne dans cette pièce à part Bruce qui ne pensa pas quelque-chose du genre "c'est quoi ce bordel?"

"Hum, mon cœur, est-ce que tu te sens bien?" lui demanda Tony en tendant la main pour vérifier son front voir s'il y avait de la fièvre. "Parce que je sais que tu sais, que je suis tout sauf ça."

"C'est vrai," ajouta Steve. "Tony est… enfin il n'est pas…"

"Il l'est quand il s'agit de ce qu'il veut faire avec moi," répondit Bruce avec une suggestivité masquée bien comme il faut par la désinvolture. Mais il afficha un sourire suffisant en voyant Clint lever un sourcil et marmonner "trop de détails" pendant que le visage de Steve virait au rouge.

Tony était bouche bée. "Oh mon dieu! Qu'est-ce qui se passe? Je me suis pas tapé le safe word hier pour avoir parlé comme ça moi?" Il n'avait jamais vu Bruce se comporter de manière aussi… coquine! Bruce était supposé ne pas approuver de telles choses.

"C'est vrai," acquiesça Bruce. "Et je te reprend. Essaie donc de digérer tes informations personnelles partagées contre ton gré avec tout le monde."

"Bébéééééé!" pigna Tony en se jetant en arrière sur les genoux de Bruce, gratifiant un Clint mécontent de ses jambes dans le visage. "J'ai dit que j'étais désolé! Je l'ai dit! Pardonne-moiiiii."

Bruce baissa les yeux vers lui et dû se forcer à réprimer un sourire satisfait.

"Et si je voulais être le premier à te contrarier avec ça?"

"Oh, pour l'amour de dieu," lança Natasha depuis la cuisine alors qu'elle jetait la boîte de nourriture à emporter à la poubelle. "S'il vous plait arrêtez, je ne suis pas sure de pouvoir continuer à supporter vos gémissements à l'eau de rose."

"Puisqu'on en parle!" s'exclama Tony en se rasseyant. "Je veux savoir ce qu'il s'est passé lorsque vous avez suivi Clint dans l'ascenseur!"

"Tu ne sauras jamais," rétorqua Clint fermement, pour clore l'affaire. Natasha croisa les bras d'un air tout aussi inébranlable.

"Rho… mince," fit le génie tristement. "Dites-moi au moins si ça va entre vous. Je m'inquiète."

Clint ricana. "Et franchement pourquoi tu en as quelque-chose à faire? T'es juste un fouineur."

"Vous me blessez très cher!" s'exclama Tony. "Ne savez-vous donc pas que je ship Clintasha?"

Il réussit à faire blanchir les deux seuls maîtres assassins qu'il connaissait, et faire en sorte qu'ils le fixent avec l'étonnement le plus total.

"Vous… vous quoi?" bégaya Natasha.

"Tu viens bien de dire… Clintasha?" vérifia Clint.

Tony haussa les épaules. "C'est un truc sur internet. Vous savez. Ils mélangent les noms des gens?"

L'espionne et l'archer, n'ayant pas la moindre idée de ce dont il parlait, se contentèrent de le fixer.

"Allez quoi? Comme Branjelina? Non?" essaya Tony, il commençait à avoir l'impression qu'ils avaient mieux à faire que de se tenir au courant sur les tenants et les aboutissants de la pop culture. Au moins ils avaient plus de références que Steve et Thor. "Bon, de toute manière, j'ai inventé celui-là après que Clint vous ai confessé son éternel amour et dévotion tel un foutu Romeo-Cassanova-Stud Muffin et que vous l'ayez cruellement- probablement, je suppose- rejeté."

"Vous n'en savez rien," répliqua Natasha en venant s'assoir à côté de Steve.

"Alors vous êtes ensemble?" demanda le génie tout excité.

"Tu n'en sais rien," répliqua Clint à son tour.

Tony se mit à bouder.

"Pourquoi est-ce que vous vous alliez contre moi? Clint, tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il s'est passé?"

"Nope," répondit simplement l'archer.

En entendant le petit bruit de frustration que Tony laissa échapper, Bruce passa une main réconfortante dans ses cheveux.

"Tony, ce n'est pas grave. Des fois les histoires des gens ne regardent qu'eux. Tu dois apprendre à lâcher l'affaire."

Tony produisit un son plaintif.

"Pour moi?" souffla gentiment Bruce.

Tony fit la moue, mais se radoucit. "Oh le coup bas," dit-il. "Tu sais que je ferais n'importe-quoi pour toi." Il se remit en position allongée et frotta sa tête contre la cuisse du physicien, posée en travers des coussins. Encouragé par les efforts de Tony pour s'emparer du canapé, Clint bougea pour s'asseoir sur le dossier et se débarrasser de ses jambes. Il n'avait pas été réellement dérangé, il aimait être en hauteur et avoir un endroit où se percher.

"Et vous, qu'est-ce que vous êtes?" demanda Steve.

"Comment ça?" s'enquit Bruce confusément.

"Votre nom? Votre nom de couple mélangé?" précisa le soldat. Bien malgré lui, Tony trouva le fait que Steve pose la question assez attachant. Peut-être y avait-il un petit côté chiot idiot dans la personnalité vieux jeu embarrassé du Cap que Tony pourrait avoir - à moitié - appris à tolérer, un peu. S'il se sentait généreux.

Bruce sourit à Steve, considérant la question.

"Je ne sais pas. 'Tony and Bruce,' mmh… Truce?" suggéra-t-il.

"On dirait qu'on vient de signer un traité de paix," annonça Tony.

"Ben, on peut pas être Brony, c'est ce truc de poney…" continua Bruce. Tony arborait un grand sourire. Il aimait le fait que Bruce ne sache même pas ce qu'étaient les bronies. Il était presque certain que personne d'autre dans la pièce n'avait une idée.

"Et pourquoi pas 'Stanner?' Ça sonne bien et c'est sexy, non?" suggéra-t-il.

Bruce fronça le nez. "Ça me fait penser à d'autres mots, comme 'scanner' et 'tanneur.'"

"C'est un nom parfait," insista Tony. "Mais okay très bien. On va se montrer plus créatifs. Pourquoi pas… Science Alliance?"

Bruce éclata de rire. Tony lui lança un grand sourire.

"Science Boyfriends totalement géniaux et extraordinaires?"

"J'aime bien, mais c'est un peu long."

"Et pourquoi pas nos alter-égos?" demanda Tony, qui s'amusait comme pas permis. "Black Widow et Hawkeye ont un éventail de possibilités infinies… Je pense que 'Black Eye' est le meilleur. C'est pas chaud ça? C'est coquin, exactement comme je les imagine," il fit un clin d'œil à Natasha.

"Arrêtez de nous imaginer tout court, c'est agaçant," fit Natasha d'une voix monocorde.

"Non! Ce couple va me descendre!" déclara Tony.

"Je n'ai toujours aucune foutue idée de ce que tu es en train de raconter," l'informa Clint. Tony lui tira la langue.

"Tu as raison en disant que Black Eye sonne cool," convint Bruce pour revenir au sujet. "Mais pour nous il n'y a pas grand-chose à part 'Iron Hulk', mais c'est plutôt barbant."

"Mmmmmh…" réfléchit Tony. Puis soudain, il se propulsa en avant, l'idée si claire dans son esprit qu'on aurait facilement pu imaginer une ampoule s'allumer au-dessus de sa tête.

"Rage Against the Machine!" cria-t-il, faisant rire Bruce, et il réussit même à arracher un petit rire à Barton, qui au moins avait entendu parler du groupe.

"C'est parfait!" s'écria joyeusement Tony. Mais il mit brusquement fin aux manifestations de joie en voyant Steve faire la tête.

"Steve, pourquoi tu boudes?"

"Je ne boude pas," répondit Steve défensivement.

"Mais si, tu boudes…" Tony plissa les yeux. "Est-ce que c'est parce que tu es la cinquième roue du carrosse et que tu n'as personne avec qui faire un combo cool de noms?"

Steve tripotait ses doigts et détournait les yeux. "…Non," appuya-t-il sans avoir l'air convaincu.

"Awwww, Stevie, c'est trop chou. T'inquiète pas, on va te trouver une gentille fille et réarranger chaque lettre de vos noms, qu'est-ce que tu en p-"

Tony fut interrompu par Bruce.

"Oh mon dieu!" cria ce dernier avant de plaquer sa main sur sa bouche.

Tout le monde le regarda curieusement.

"Qu'est-ce qu'il y a?" demanda Tony. Bruce secoua simplement la tête vigoureusement, en regardant Tony avec des yeux écarquillés. "Allez, Bruce," fit Tony en lui ôtant la main de la bouche.

Bruce secoua de nouveau la tête. "C'est juste le jeu de mots, j'y ai pensé tout d'un coup, ça ne voulait rien dire. Je ne pensais même pas à-"

"M'enfin mon cœur mais de quoi tu parles?"

Bruce le fixa avec de grands yeux. "Non, ça va te mettre en colère et embarrasser Steve…"

Tony leva un sourcil. "Mon chéri, je ne pourrais jamais me mettre en en colère contre toi pour un jeu de mots, et Steve se trouve probablement dans un état de gêne continu depuis qu'il a vu sa première pub pour Victoria's Secret-"

"C'est pas faux," l'aida Steve, qui était tout aussi curieux de ce que Bruce avait pu trouver.

"Tu vois?" fit Tony. "Allez fonce. Partage."

Bruce jeta un regard hésitant à chacun de ses quatre coéquipiers, puis baissa les yeux et abdiqua silencieusement:

"Stark Spangled Banner."

Il y eut un moment de silence avant que Tony et Clint n'éclatent de rire, et ça Bruce aurait pu s'y préparer, mais il crut entendre aussi un doux rire venant de Natasha. Même Steve souriait.

"C'est moi 'Spangled?'" demanda-t-il, étrangement satisfait d'être inclus.

"Oh mon dieu!" s'exclama Tony. "C'est trop parfait! Steve, je ne t'aime même pas mais je veux qu'on fasse un plan à trois juste pour que ça devienne une réalité!"

Steve réussit vaillamment à ne pas devenir terriblement embarrassé en entendant ça, il porta plutôt son attention sur le commentaire de Tony selon lequel il ne l'aimait pas des masses. Steve savait qu'il ne le pensait pas vraiment. Tony se montrait juste… susceptible.

"Hum, je peux mettre mon véto là?" demanda Bruce, qui ne se débrouillait pas aussi bien que Steve pour ne pas prendre la suggestion de plan à trois trop sérieusement. A vrai dire, avoir une idée plus claire que lui de ce qu'était un plan à trois devait probablement faire la différence.

"Ouais, tu as raison," acquiesça Tony en fronçant les sourcils. "Ça ne tournerait probablement pas très bien, étant donné que si quelqu'un d'autre que moi te touche j'attrape l'objet coupant le plus proche pour les assassiner."

"Wow," fit Natasha d'un air presque étonné. "On est un peu possessif?"

Tony jeta un bras autour des épaules de Bruce avec un regard féroce.

"Oui. A moi," grogna-t-il.

Bruce sourit. Il n'avait vraiment aucun problème avec ça. Tony lui rendit son sourire, ils se parcoururent l'un l'autre de leurs yeux marron, et furent tout deux prit d'un irrésistible besoin de s'embrasser.

"Steve, ferme les yeux et pense à l'Amérique, ce n'est pas pour toi," fit Tony en attirant Bruce contre lui. Il fut vaguement conscient d'entendre Steve dire "Je n'ai aucun problème avec…" avant de se taire maladroitement, mais il pensait surtout au fait que Bruce était collé contre ses lèvres.

"Nnh, Tony," fit Bruce en le repoussant doucement après quelques secondes. "On ne peut pas s'embrasser devant tout le monde."

"J'accepte!" déclara le génie avec un grand geste de la main avant de sauter du canapé en entrainant Bruce avec lui.

"Euh? Mais de quoi tu parles?" demanda Bruce d'un air perplexe.

"Ben, ton invitation à aller s'embrasser dans mon labo bien sûr," répondit Tony.

Bruce renifla amusément. "Alors c'était pour ça?"

"Oui," fit Tony en le tirant par la main jusqu'à l'ascenseur.

"On va faire des sciences et se lécher le visage!" annonça-t-il aux autres Avengers. Il s'arrêta devant l'ascenseur et regarda Natasha. "Vous ressentez le besoin de garder un œil sur nous?" demanda-t-il.

Natasha lui lança un regard qui ne révéla rien de ce qu'elle pensait. "Non, c'est bon," dit-elle. "Allez-y."

Tony sourit de toutes ses dents.

"Qui sait!" lança-t-il en appuyant sur le bouton. "Je pourrais avoir perdu ce qu'il me reste de virginité lorsque je reviendrai!"

Il eut le temps d'apercevoir le regard inconfortable sur le visage de Cap juste avant que les portes ne se referment, et sourit de satisfaction pendant un instant avant de jeter un regard prudent du côté de Bruce.

"Tu sais que j'ai dit ça uniquement pour embêter Steve, hein? Je ne voulais pas vraiment dire quoi que ce soit…"

Bruce sourit. "C'est bon, Tony. Je ne l'ai pas pris sérieusement. Ne me le reproche pas, mais je ne peux pas m'empêcher de m'attendre naïvement à être séduit comme il faut lorsque le moment sera venu."

Tony rayonnait. "Oui, mais oui tu vas l'être!" acquiesça-t-il.

"Bien," sourit Bruce en retour. "Car pour une fois la perspective de l'intimité ne me terrifie pas, et j'ai prévu de passer un bon moment."

Tony le regarda pensivement.

"Je suis peut-être un super-héros," commença-t-il. "Mais jusqu'à aujourd'hui je n'avais jamais eu l'impression d'avoir un vrai super pouvoir. J'aimerais savoir ce qui me rend différent. Pourquoi tu te sens en sécurité avec moi."

"J'y ai réfléchi," répondit Bruce. "Et je me disais que peut-être depuis que… depuis que le Hulk a vraiment fait partie de moi, enfin, vraiment toute ma vie, pas seulement depuis les rayons gamma… peut-être qu'il était la cause de mes problèmes tout ce temps."

"Comment ça?"

"Eh bien… les gens pouvaient s'approcher de moi, mais ils ne pouvaient jamais s'approcher de lui. De moi entièrement, j'imagine. Mais toi si. Il t'apprécie. Alors je crois… je crois que c'est pour ça que j'ai l'impression que ça va aller. Parce que je sais que chaque partie de moi-même est en sécurité avec toi."

Tony sourit. "C'est vraiment adorable, Bruce."

Bruce haussa les épaules. "Je ne vois pas pourquoi," dit-il en sortant de l'ascenseur pour se diriger vers le labo de Tony. "Qu'est-ce qu'il y'a de si adorable dans le fait de devoir passer un monstre géant et vert pour se mettre dans mon lit?"

"Okay, primo," fit Tony. "Il n'est pas un monstre, et secundo -"

Tony devint soudain silencieux. Bruce se retourna pour le regarder.

"Qu'est-ce qu'il y a?"

"C'est juste, je…" Tony leva les yeux vers lui. "Si on couche ensemble, tu ne penses pas qu'il pourrait s'en souvenir?"

Bruce le regarda. Ce n'était… pas quelque-chose qu'il avait considéré.

"Parce-que, je suis désolé, mais ça serait juste super gênant," continua Tony en détournant les yeux et en rougissant légèrement. "Je ne sais pas comment je ferai pour le regarder dans les yeux…"

"Hum, eh bien," commença Bruce en se frottant pensivement l'arrière du crâne. "Tu as probablement une meilleure idée que moi de ce dont il se souvient, vu que tu lui en as parlé …"

"Il disait qu'il trouvait la plupart des choses que tu faisais ennuyeuses, mais il se souvient des choses intéressantes et des choses qui le contrarient."

"Donc…" fit Bruce. "Tu penses qu'il trouverait le sexe intéressant et/ou contrariant?"

Tony se renfrogna. "En fait c'est une très bonne question. La dernière partie. Et s'il n'aimait pas ça? Tu sais si l'excitation peut te faire transformer?"

Bruce rougit. "Eh bien, tu as prouvé que non avec de petites doses en tout cas."

"Aw, merci. Mais sérieusement, le sexe avec moi ne va pas seulement ressembler à quand on s'embrasse. Ça va être environ six milles milliards de fois mieux que ça. Tu penses pouvoir le supporter?"

Bruce haussa les épaules avec incertitude. "Ça a toujours été la colère, le danger, et la douleur… mais ce sont des instincts primitifs, et le sexe est primitif..."

Il fronça les sourcils.

"Je n'arrive pas à croire que je n'y ai pas donné plus de considération avant d'accepter… Je me sens juste tellement en sécurité avec toi, tu vois? Et je veux…" Bruce se tut, contrarié. Il aurait dû savoir qu'il n'aurait pas pu obtenir ça aussi facilement. Qu'il suffisait qu'il donne du sien. Sa vie ne lui appartenait pas vraiment, il le savait, mais Tony le faisait oublier. Il n'avait rien désiré plus que d'être autorisé à avoir cette petite partie de connexion… et de normalité.

"Hey," appela Tony, qui commençait à s'inquiéter. "Hey, tout va bien." Il prit Bruce dans ses bras. "On trouvera un moyen," lui assura-t-il en l'embrassant sur le front. "On est des scientifiques, tu te souviens? On se contentera de se montrer scientifique. On étudiera ça étape par étape, on récupérera des données et on tiendra compte de toutes nos variables," expliqua-t-il en lui faisant un sourire rassurant. Rien au monde ne lui faisait plus envie que de mettre Bruce à l'aise. Il ne pouvait supporter de le voir, tellement adorable et cher à son cœur, se sentir contrarié. Le besoin de le réconforter devenait prioritaire pour lui.

"Alors qu'est-ce que tu suggères," demanda Bruce curieusement. "Qu'on approche ça comme une simple formule de cause à effet? Convertir en donnée l'ampleur de l'excitation et surveiller l'envie de se transformer qui en résulte? Puis procéder à partir de ça?" Il essayait de comprendre comment on pourrait étudier une telle chose.

"Mmmh, ça m'a l'air très sympathique…" informa Tony en reposant sa tête au creux de son cou.

Il avait suggéré ça sérieusement comme une véritable solution au problème, mais Tony ne pouvait s'empêcher de trouver irrésistiblement excitante l'idée de tourner leur liaison intime en une expérience scientifique. Il lui vint à l'esprit que Bruce était sûrement la seule personne sur la surface de la terre avec qui il pouvait combiner passion scientifique et passion amoureuse.

"Qu'est-ce que tu veux dire exactement par ça a l'air très sympathique?" demanda le physicien qui semblait légèrement perdu.

"Mmmh, apprendre lentement à connaître exactement ton mode de fonctionnement…" Il glissa la main le long du dos du physicien pour s'arrêter sur ses fesses, le pressant contre lui. "Ce qui te branche…" Il passa son autre main sous son t-shirt, effleurant la peau sensible de ses hanches. "Ce qui accélère les battements de ton cœur et te fait te sentir primitif," Il déposa une trainée de baisers le long de son cou.

Il réalisa à cet instant que pendant qu'ils évoquaient les dangers et les conséquences de coucher ensemble, une partie de lui avait juste été attentive à la phrase "coucher ensemble". Il se sentait assez coupable, mais il ne faisait rien de mal en collant Bruce contre lui, en le touchant gentiment et en embrassant les zones tendres de son cou. Il se raisonna en se disant qu'il ne faisait que s'adonner à l'expérience. C'était simplement une étape qui devait être franchie s'ils devaient en apprendre plus sur la condition de Bruce. Tony tira sur la chemise du physicien, exposant sa clavicule. Il la frôla doucement de ses dents, le faisant frissonner.

"Tony," gémit-il. "Il faut que tu arrêtes… Je vois une faille dans ton plan."

"C'est à dire?" demanda Tony en suçant la peau de son cou. Il était désormais irrévocablement distrait de n'importe-quelle idée de prudence ayant pu l'inquiéter quelques minutes plus tôt. Tout ce qui existait se réduisait au corps chaud de Bruce pressé contre le sien.

"Mmh, ça va se détériorer en plus d'excitation que d'expérimentation," informa ce dernier. "Parce que si tu essaies en même temps d'étudier l'effet qu'a l'excitation sur moi et de me l'apporter, comment vas-tu faire pour enregistrer les données?" demanda-t-il, s'accrochant courageusement aux moindres résistances qu'il lui restait pour se remettre. Il appréciait cette situation tout autant que Tony.

"J'inventerai un truc qui le fera pour moi," lui répliqua simplement Tony, délaissant son cou pour porter son attention sur sa lèvre inférieure, la mordillant très légèrement. Puis il passa la langue dessus, la faisant entrer puis ressortir de sa bouche, le faisant haleter.

"Inventer un truc pour enregistrer les données ou pour m'exciter?" demanda Bruce d'une voix essoufflée.

Tony recula pour le fixer dans les yeux, d'un regard brûlant et passionné. "Docteur Banner. Je suis choqué. Êtes-vous en train de suggérer que j'utilise des appareils stimulants sur vous?" Tony empoigna les hanches de Bruce et les amena avec force contre les siennes. "Bien que ça me peinerait d'abandonner le privilège de le faire personnellement, ça me parait foutrement sexy." Il donna un coup de reins pour ponctuer son affirmation.

"Oh mon dieu, Tony stop," gémit Bruce, qui devenait tout aussi remonté. Ce n'était pas comme les fois où ils s'étaient embrassés, où toute leur attention se concentrait sur leurs lèvres, langue, et visage. Leur désir était compact d'un bout à l'autre de leur corps, répandu comme une trainée de poudre par les mains vagabondes de Tony. Bruce avait du mal à se souvenir de l'inquiétude qui avait poussé ses mots quelques minutes auparavant. Il savait qu'il y'avait un problème avec ce qui se passait, mais cette information était emmagasinée dans son cerveau, qui était actuellement presque complétement surpassé par son corps.

Tony considéra la requête de Bruce. Mais comment pouvait-il s'arrêter alors qu'ils en avaient tous deux tellement envie? Il ne pouvait même pas se rappeler de ce dont ils parlaient une minute plus tôt. Tout ce qu'il pouvait assimiler, c'était son propre désir, qui se reflétait de manière tellement tentante sur Bruce. Il pouvait voir cette retenue, ce refoulement que le physicien transportait en lui, et il ne voulait rien d'autre sinon que briser tout ça, et faire sortir une passion que Bruce gardait enfermée si fermement. Il savait que c'était là, piégé à l'intérieur, et il pouvait sentir le désir qui émanait de Bruce par vagues, ça l'étourdissait, l'intoxiquait.

"Touche-moi," chuchota-t-il à son oreille, suppliant. C'était lui jouer un sale tour que de lui donner le contrôle et le rendre responsable pour résister.

Et ça fonctionna. Bruce soutint son regard, avec un désespoir tellement palpable qu'il en fut presque choqué. Sans même s'en rendre compte, Tony était poussé en arrière jusqu'à ce que ses fesses cognent contre le bord d'une des tables du labo. Bruce était pressé contre lui, tout en l'immobilisant là il empoigna toutes ses couches de vêtements en même temps et les fit passer énergiquement au-dessus de sa tête.

Je crois qu'il est plus fort que moi, réalisa Tony pour la première fois. Il y avait quelque-chose de si étrangement attirant là-dedans. Que juste en tant qu'humain normal, Bruce était fort. Tony se sentit submergé d'une vague de désir au niveau de son abdomen, envoyant des étincelles d'envie un peu plus bas, rendant ses jambes faibles.

Dès qu'il fut débarrassé de ses t-shirts, l'attention de Bruce se porta directement sur le réacteur arc, sur lequel il fit traîner sa langue. Tony frissonna et poussa un cri perçant. Il commençait à penser que le réacteur s'était changé en une sorte de membre imaginaire, quelque-chose qu'il pouvait sentir malgré le fait qu'il n'y ait aucun nerf. Il était tenté de céder à la plus étrange et la plus puissante des impulsions, qui consistait à attraper Bruce pour pousser son visage contre le réacteur, mais il résista, et le besoin se révéla fugace. Bien qu'il apprécie l'attention que Bruce portait à son réacteur, le désir était beaucoup plus présent dans les parties plus biologiques de son corps.

"Tony. Tony, non. On ne devrait pas," fit Bruce lorsqu'il réussit à regagner un peu de contrôle. "Qu'est-ce qui est arrivé à notre idée d'être correctement séduit?"

"Si tu prétends être tout sauf complétement séduit, tu mens," grogna Tony.

"Et pour la prudence?" demanda Bruce, changeant sa tactique de résistance. "Scientifique? Tester ma réponse à l'excitation doucement?"

Tony avait un argument pour ça aussi.

"Bruce, à quel point es-tu excité là? Tu penses pouvoir bander plus que ça?" Tony était certain qu'il ne pouvait pas.

Bruce secoua la tête. Il se sentait pareil. Il pétait le feu. C'était déjà six milles millions de fois mieux que de se contenter de s'embrasser.

"Et tu te sens sur le point de te transformer?" continua Tony, néanmoins sérieusement concerné par la réponse, même s'il la connaissait déjà.

Bruce secoua de nouveau la tête. Pour être parfaitement honnête, ce n'était pas le cas. Depuis tout ce temps après l'accident, c'était le moment où il avait le moins l'impression d'être sur le point de se transformer. D'habitude Hulk était une force présente, emplissant perpétuellement sa tête de rage, aussi bien en premier plan qu'en bruit de fond. Mais maintenant, l'unique chose à laquelle il pouvait penser était Tony et à quel point il allait prendre son pied. Hulk était aussi lointain dans son esprit qu'un souvenir oublié.

"Voilà," conclut Tony. "On l'a testé, on a juste zappé toutes les étapes progressives."

Sur ce, il se remit à lui embrasser le cou. "On dirait qu'on est parés," dit-il. Seigneur il voulait l'être. Il voulait que ça arrive, que ça se réalise, que ça existe maintenant.

"Mais… mais on ne sait pas ce qu'on fait," contredit Bruce, qui n'avait pas encore épuisé son stock d'obstacles. "Je veux dire, aucun de nous n'a déjà…"

Tony se dégagea brusquement de son cou et le regarda bien dans les yeux.

"Au-dessus ou en-dessous?" demanda-t-il.

Bruce le fixa, stupéfait, trop abasourdi pour parler.

"Bruce, au-dessus ou en-dessous?" répéta-t-il. "C'est pas sorcier, et même si ça l'était je pourrais quand même répondre. Je ne suis pas ignorant à propos de ça. J'ai un accès internet après tout. Qu'est-ce que tu crois que je faisais de mes nuits lorsque je pouvais pas dormir?"

Le visage Bruce vira au rouge profond.

"Mais-…mais et pour l'Autre?" Bruce ne savait pas pourquoi il avait de nouveau glissé vers sa vieille appellation. Peut-être qu'il était simplement trop embarrassé pour dire son nom tout haut. "Comme tu as dit, et s'il se souvenait? Ça pourrait vraiment, vraiment compliquer-"

Tony pressa ses lèvres contre les siennes pour le couper.

"Bruce," dit-il. "J'ai réalisé que j'en avais strictement rien à foutre de tout, sauf de toi, que je veux ici, et maintenant. Si le grand gaillard s'en souvient, je m'en occuperai, parce que je ne vais pas laisser un moment gênant et une explication difficile se mettre en travers de ça. Tu mérites ça. Pour une fois, laisse juste quelqu'un d'autre s'inquiéter de comment gérer Hulk, d'accord? Tu n'as pas à le faire. S'il se souvient, je serai celui qui lui parlera et je porterai ce fardeau pour toi. Je le ferai et plus encore."

Le cœur de Bruce se gonfla d'émotion. Tony était tellement bon avec lui. Il ne voulait rien de plus que d'être avec lui, et jusqu'ici Tony semblait vraiment avoir vaincu toutes ses résistances. Mais quand même…

"On a pas de lubrifiant," lâcha-t-il, soudain traversé par cette pensée. "On devrait." C'était une inquiétude valable. Tous les problèmes avec son alter-ego mis de côté, ils étaient quand même deux hommes qui s'apprêtaient à avoir des rapports intimes, et ça faisait autant partie de leur réalité que de devenir vert.

"Bruce…" murmura Tony. "Nous sommes dans un labo. Nous sommes des génies. Et je suis parfaitement positif concernant le fait que je pourrais en fabriquer pour nous avec les fournitures se trouvant dans cette vitrine de l'autre côté de la pièce, juste derrière toi."

"Tu connais la composition chimique du lubrifiant sexuel?"

"Pff. Évidement que je la connais. Je suis un génie et une trainée réformée. Comment pourrais-je ne pas savoir ces choses?"

Bruce continua de le fixer. "Tu vas coucher avec moi avec du lubrifiant fait maison?" demanda-t-il, assez impressionné.

Tony pencha la tête sur le côté. "C'était l'idée," répondit-il simplement.

Bruce baissa les yeux en rougissant. "C'est bizarre si je trouve ça sexy?"

Tony se mit à rire. "Attends-moi là," dit-il en embrassant son front avant de se diriger vers ledit cabinet. Bruce s'assit sur la table balança les pieds d'avant en arrière nerveusement en attendant qu'il revienne. Il continuait de s'analyser pour trouver un quelconque signe du Hulk, mais il n'était pas là. Ni assis de manière maussade dans sa poitrine, ni en train de se reposer lourdement au fond de son estomac. Pas même à bourdonner dans son cerveau comme avant sa dernière transformation. Bizarrement, Bruce se sentit seul pendant un instant. Mais quand Tony revint il se dit que ce n'était que lui qui lui avait manqué, pas le Hulk. Bien sûr que ce n'était pas le Hulk.

"Okay," chuchota Tony au creux de son oreille. "On est bons. Autre chose pour t'y opposer?"

Bruce y pensa longuement et assidûment. Vraiment. Il savait qu'il devait en être certain, mais il ne put trouver quoi que ce soit. Il le voulait. Sérieusement. Depuis l'instant où il avait réalisé ses sentiments et embrassé Tony, il avait désiré ardemment cet homme. Il avait réussi à se faire mijoter doucement, mais à cet instant il commençait à bouillir jusqu'à en déborder. Il avait l'impression d'avoir un trou béant à l'intérieur de son âme que seul Tony pouvait combler. Il avait besoin de lui, sinon il se briserait en éclats. Il n'y avait pas de peur. Aucune. Expérimenter ce type d'excitation sans une once de terreur pour la première fois de sa vie… C'était incroyablement enivrant, irrésistible, dévastateur.

"Non," répondit finalement Bruce. "Non, je… oh Tony, je t'en prie," gémit-il, en cédant enfin à l'envie.

Tony eut un sourire radieux, il était finalement autorisé à commencer ce qu'il avait voulu si fortement.

"Pourquoi est-ce que tu portes encore cette chemise?" demanda-t-il avec colère avant d'attraper la chemise pour la déchirer, envoyant voler des boutons à travers le labo.

D'une certaine matière, naturellement, Bruce finit par s'allonger sur la table derrière lui avec Tony à califourchon au-dessus de lui, les mains de chaque côté de sa tête.

"Tu, ah-" Tony se lécha distraitement les lèvres. "N'as toujours pas répondu à ma question." Bruce savait à quelle question il faisait référence.

"Je sais pas," marmonna-t-il. "Je ne sais pas ce que je suis. Mais…" il regarda Tony dans les yeux, et dans un surprenant moment de confiance et d'honnêteté répondit, "Mais je pense que tu es du genre à être au-dessus."

Tony hocha la tête. C'est ce qu'il pensait aussi, du moins pour commencer. Il était heureux qu'ils soient sur la même longueur d'ondes.

Sachant que ça allait vraiment arriver, Tony profita de l'instant pour s'allonger contre lui et amena leurs lèvres ensemble pour l'embrasser longuement, en ne se concentrant sur rien d'autre que le rythme de leur bouche alors que leurs lèvres s'unissaient. Ils pouvaient tout deux entendre "je t'aime," aussi distinctement que s'ils lisaient dans leurs pensées, bien qu'ils n'aient rien énoncé à voix haute. Ce moment plus que tout autre semblait clarifier avec certitude qu'ils étaient une partie intégrante l'un de l'autre. C'était un moment tellement parfait, empli de la plus pure expression de leur amour, de leur besoin de se connecter l'un à l'autre. Tony avec Bruce, Bruce avec Tony.

Et puis Tony se souvint qu'ils portaient toujours un pantalon et ça, il ne pouvait tout simplement pas le tolérer. Il recula et commença à enlever celui de Bruce, qui souleva son corps de la table pour que Tony puisse le déshabiller, boxer compris, le laissant nu.

Bruce s'assit et ouvrit la fermeture éclair du jean de Tony, mais sa position ne lui permettait pas de faire plus. Tony le fit pour lui, sans le quitter des yeux, faisant courir des frissons le long de son dos.

Ils prirent un moment pour que leurs yeux s'emplissent de la vue de leur peau nue, jusqu'à ce que Tony pose doucement sa main sur la poitrine de Bruce et le repousse gentiment en arrière, de nouveau positionné au-dessus de lui.

Chacun soutint le regard de l'autre pendant quelques instants pour profiter du moment. Ils pouvaient sentir leur respiration brûlante sur leur peau découverte. Ils étaient rouges, leur sang parcourait leurs veines comme du vent dans un tunnel. Tout le reste semblait superficiel, comme s'ils auraient pu traverser la peau de l'autre et même toucher leur âme.

L'envie. La brûlante et irrésistible envie qu'ils avaient l'un pour l'autre menaçait de les envahir complétement. Aucun des deux ne savaient où, de l'aine ou du cœur, leur passion était la plus forte, parce qu'autant ils mouraient d'envie d'obtenir cette douce et primitive libération, autant ils ressentaient un puissant désir de se connecter, juste se connecter, de faire partie de l'autre pour un glorieux instant dans l'espace-temps.

Tony étreignit Bruce pour l'embrasser désespérément. Il l'aimait. L'aimait tellement. Il pouvait à peine croire que moins d'un mois auparavant il ne se rendait même pas compte d'à quel point il avait besoin de cet homme.

Bruce s'agrippa à Tony en retour, enveloppant ses bras autour de lui et l'attirant avec force contre son torse, sentant le métal lisse du réacteur arc appuyer contre lui. Pour une fois dans sa vie il oublia toute idée de maîtrise, de peur d'être jugé, ou de faire des erreurs. Il s'en fichait. Il était avec Tony et il pouvait faire ce qu'il voulait. Il glissa sa langue dans la bouche du génie, le faisant gémir.

"Oh, baise-moi Bruce," chuchota Tony.

Et c'est exactement ce qu'ils firent.

Après ça, ils s'allongèrent côte à côte sur la table, essoufflés et en sueur, dans un état de bonheur hébété.

"Tony?" appela Bruce après être resté allongé suffisamment longtemps pour avoir pu redescendre sur terre.

"Hm?" répondit Tony, la tête toujours en vrac après la surcharge sensorielle qu'il venait d'expérimenter.

"Il y a deux choses dont j'ai envie maintenant," commença le physicien. "D'une: à manger, parce que je viens de me rendre compte qu'en fait on a pas pris de petit déjeuner, et deux: se trouver un vrai lit et me blottir contre toi comme jamais on s'est blotti contre toi dans ta vie. Cette table nous a rendu un fier service, mais je veux un matelas."

Tony fit un grand sourire. "Si c'est là votre requête, alors c'est là ce que vous recevrez."

Ils bataillèrent rapidement pour remettre leurs vêtements, devant d'abord partir à la chasse au pantalon de Bruce, et montèrent à bord de l'ascenseur.

"Ils vont savoir," informa Bruce. "Tu as déchiré ma chemise," rigola-t-il, en baissant les yeux sur le bout de vêtement arraché qui exposait actuellement son torse.

"Tu pourrais prendre un des miens," offrit Tony. "Oh attends, non, ça serait encore plus évident," corrigea-t-il en y repensant.

Bruce eut un petit rire. "Ce n'est pas vraiment grave s'ils savent."

Tony pencha la tête sur le côté. "Tu ne vas pas être gêné? Je crois que ce genre de truc t'embarrassait. C'est pas pour ça que je me suis pris un gamma hier?"

Bruce leva les yeux au ciel. "Tony, tu m'emmerdais hier parce que tu lançais une discussion qui aurait dû être privée, et tu la lançais devant tout le monde. Nous sommes des adultes, je m'en fiche s'ils savent qu'on couche ensemble, j'aimerais juste que les détails restent entre nous."

Tony se renfrogna pensivement. "Alors, tu penses bien qu'ils vont au moins remonter certains détails, non? Je veux dire… par exemple, le lieu. Ils savent qu'on est descendus dans mon labo."

Bruce rougit et détourna les yeux. "Eh bien… je suppose qu'on y peut rien."

Tony lui fit un sourire suffisant. "Je suis assez étonné que tu aies été partant pour ça. Au-dessus de la table et tout… ça me semble un peu trop coquin pour toi."

Bruce prit un air vexé. "Euh et j'étais censé résister comment? Tu étais impliqué. Du coup aucun autre détail n'est particulièrement pertinent.

"Oooh," sourit Tony. "Je t'aime aussi." Il se rapprocha de lui pour l'embrasser.

Quand les portes s'ouvrirent, Tony décida qu'il prétendrait au moins que ce qu'ils avaient fait n'était pas complétement évident. Si l'intimité était quelque-chose qui importait à Bruce, il allait essayer de faire plus d'efforts, même si dans le cas présent ces efforts étaient vains.

Gardant cette pensée en tête, Tony jeta un œil hors de l'ascenseur pour repérer ses coéquipiers. Ils étaient tous installés dans les fauteuils; Steve lisait le journal, Natasha nettoyait son arme, et Clint zappait les chaînes de la télé. Il fut le premier à lever les yeux et à les apercevoir. Dès que ses yeux se posèrent sur eux, son expression s'éclaira.

"Oh," fit-il surpris, faisant réagir les deux autres. "Je pensais sérieusement que vous vous foutiez de nous en parlant de copuler sur les tables du labo…" ajouta-t-il avec des yeux ronds face à leur look débraillé.

Tony haussa les épaules. "C'était le cas."

Natasha leva un sourcil. "Donc... la chemise de Bruce s'est juste déchirée toute seule?" demanda-t-elle d'un ton sceptique.

Tony haussa de nouveau les épaules alors que Bruce se rendit dans la cuisine pour farfouiller dans le frigo, laissant son amant se débrouiller avec les baby-sitters. "C'est fou comme les choses arrivent," lança Tony avec dédain pour répondre à Natasha.

"Et tes cheveux," poursuivit Clint. "On dirait qu'ils ont affronté une tornade bien moite… parce que?"

Tony passa une main dans ses cheveux en les observant d'un regard vide. "On était en cours de science?" tenta-t-il faiblement.

Bruce revint avec différentes choses entassées dans un grand bol. Il était peut-être incapable de cuisiner, mais il savait justement localiser les choses qui n'avaient pas spécialement besoin de l'être.

"Amène-toi," lança-t-il, le besoin de se remplir l'estomac et d'enlacer Tony devenant urgents.

Tony sourit. "D'accord." Ils commençaient à repartir vers leur chambre quand Steve se leva brusquement. Ils réalisèrent soudain que jusqu'ici ils n'avaient pas reçu la moindre réaction venant de lui, contrairement à ce à quoi ils s'attendaient.

"Vous me décevez beaucoup," annonça-t-il froidement.

Tout le monde se figea. Pendant un instant ils restèrent tous simplement silencieux alors que Steve leur jetait un regard noir, et les deux scientifiques de leur rendre un regard inexpressif.

"Excuse-moi?" bafouilla finalement Bruce, complétement dérouté par cet affront.

"Vous n'êtes même pas mariés!" lâcha Steve en jetant les bras en l'air.

Bruce l'observa pendant un long moment, silencieusement abasourdi, avant d'éclater de rire. Il rit si fort qu'il se mit à pleurer, et Tony dût lui prendre la nourriture des mains pour qu'il ne la fasse pas tomber.

"Quoi?" demanda Steve, irrité par sa réaction.

"C'est juste que-ahahahha- oh désolé- heh heh- c'est juste que… un jour plus tôt ça te mettait mal à l'aise qu'on soit ensemble tout court, et maintenant tu voudrais qu'on se marie? Déjà rien que le fait que tu penses qu'on puisse se marier… tu es sûr que tu viens des années 40?" demanda-t-il en continuant de glousser.

Steve se renfrogna. "Mais… vous êtes ensemble, et vous vous aimez. Pourquoi ne pas se marier? Ce n'est pas ce que vous vouliez dire en mentionnant que ce genre de relations étaient plus acceptées maintenant?"

"Le mariage homosexuel n'est pas légal dans la plupart des pays, Steve," l'informa Bruce.

"Ça l'est à New York," intervint Natasha presque distraitement. Mais ils savaient tous qu'ils étaient comme qui dirait à New York, alors sa remarque devait être pertinente.

Les yeux de Steve passaient de Natasha à Bruce. Il était sur le point d'ajouter quelque-chose quand Tony lui coupa l'herbe sous le pied.

"Écoute," commença-t-il d'un air irrité. "Je sais que tu es perdu, et que tu as toutes ces morales mal placées dont tu ne sais même plus quoi faire, mais va falloir les envisager avant de commencer à nous les appliquer, okay? Il n'y a rien de mal avec ce qu'on vient de faire, et si tu essaies de me prouver le contraire, je te marave."

Tony lui lança un regard sévère avant de prendre Bruce par la main pour le traîner vers leur chambre et de lui tenir la porte. Bruce le regarda, puis regarda Steve, haussa les épaules et rentra dans la chambre.

Toutefois, avant de le suivre, Tony fit quelque-chose qui choqua tous ses coéquipiers.

Très rapidement, il offrit à Steve un regard désolé.

Parce qu'en toute honnêteté, il avait eu fichtrement envie de prendre Steve Rogers dans ses bras lorsque ce dernier avait affirmé que Bruce et lui devraient se marier. Même s'il s'était vraiment mis sur la défensive face à sa moralité, son principal but avait été de mettre fin à la conversation et de garder ses véritables désirs pour lui.

Parce qu'il était heureux. Tony Stark était l'homme le plus heureux à fouler cette planète, et le fait qu'épouser Bruce ne pourrait que le rendre encore plus heureux ne le ferait pas oublier ça. Il était déterminé à ne pas l'oublier. Il venait de faire de l'homme qu'il aimait son amant, et pour prendre exemple sur Bruce il allait juste vivre cet instant. Parce que de tous les moments de sa vie, celui-là méritait plus que tout autre d'être vécu.

C'était le cours que suivaient ses pensées alors qu'il tenait Bruce dans ses bras, grignotant avec ce qu'il avait rapporté du frigo, s'allongeant simplement sur le lit ensemble.

Ils se blottirent l'un contre l'autre en silence pendant un certain temps avant que Bruce ne parle.

"Tony…" commença-t-il. "Il revient doucement, mais… je suis tellement heureux maintenant, que je peux à peine sentir Hulk."

Tony resta silencieux un moment avant de demander "… c'est une bonne chose, non?"

"Je ne sais pas," marmonna le physicien. "C'est agréable. C'est même génial. Mais ça m'inquiète. Les choses deviennent imprévisibles avec lui. Il se pointe quand je ne suis pas en colère, s'en va et me laisse être heureux… qui sait ce qui pourrait arriver d'autre? Si je ne peux plus l'anticiper, comment pourrais-je le contrôler?"

Tony se pencha pour embrasser le haut de son crâne. "Ne t'inquiète pas. Quoi qu'il arrive, je serai là pour prendre soin de toi. Je m'assurerai que tu sois en sécurité."

Et de nouveau cette sensation, ce gonflement que Bruce ressentait au cœur, ce sentiment d'entière sûreté que Tony lui inspirait constamment. Lui donner son corps n'avait fait qu'aider à renforcer l'infaillible confiance qu'il avait en Tony Stark. Il aurait tellement voulu avoir la moitié de cette confiance en lui-même, ou le quart… mais il avait encore besoin de temps.

Mais aussi longtemps que Tony serait disposé à lui donner ce temps, et aussi longtemps que ce temps serait rempli de moments précieux comme celui-là, il savait qu'il irait bien. Il essaya de se souvenir de la raison pour laquelle il avait opposé autant de résistance et avait ressenti le besoin de combattre quelque-chose d'aussi bien.

L'autre jour il s'était demandé s'il savait au moins comment être heureux. Il commençait à penser qu'il n'en savait rien, mais que Tony si, et qu'il allait lui montrer.

Bruce se pelotonna un peu plus contre le génie, se sentant beaucoup plus complet qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie.

Tony rit doucement. "Je suis sûr qu'on va encore finir par faire la sieste…"

Bruce sourit. Il songea qu'il avait probablement raison, mais il s'en fichait. Il était avec Tony et il pouvait faire tout ce qu'il voulait s'il le voulait.

Et c'était la meilleure sensation au monde.