Bonjour chères ombres !

Désolée de vous avoir fait attendre autant pour ce prompt qui est court et misérable (mais c'est un peu comment l'auteur se sent en ce moment !) Techniquement, il était terminé il y a un petit bout de temps mais j'étais prise entre ma farouche habitude de ne jamais me relire et la sensation que ce prompt était minable.

Plusieurs personnes m'ont demandé du Jaime x Brienne, le voilà. (Mais il y en aura plus dans les prochains prompts, promis !) Et on m'a aussi demandé du Sansa x Willas, notamment, comment Sansa s'était débrouillée avec Petyr et Willas à la fois.

Il y a pas mal de dialogues, du blabla, des discussions de filles sur leur avenir, leurs souvenirs et leurs petits amis. J'espère que j'aurais au moins un peu répondu à vos attentes. Sinon, je suis désolée...

J'ai écouté beaucoup de Lana del Rey en écrivant ce prompt, mais je crois que la meilleure chanson qui puisse illustrer ce chapitre est Summertime Sadness dont le titre est tiré.

Sur ce, comme d'habitude, je vous souhaite bonne lecture !

Votre dévouée,

AO.

Prompt : Oh, if I go, I'll die happy tonight

- Bon... fit Shae en regardant ses trois amies. L'été...

- Ouaip, répondit Brienne, plongée dans ses pensées.

Sansa eut un léger sourire nostalgique et remua sa paille dans son milkshake. Ros hocha la tête dans le vide.

- Finis les cours, proposa-t-elle.

- Finis les devoirs.

- Finis les profs.

- Finis les coups bas.

- Fini le réveil trop tôt.

- Finies les heures de colle...

Mais malgré leurs bonnes raisons de se réjouir de la fin de l'année scolaire, elles étaient toutes un peu tristes d'avoir à se séparer. Sansa rentrait à Winterfell. Shae abandonnait ses études pour le petit boulot que son nouveau petit ami (apparemment, une affaire sérieuse cette fois-ci) lui avait trouvé. Brienne passait dans le supérieur avec Jaime. Ros allait travailler tout l'été. Bref, elles ne se retrouveraient plus jamais comme avant.

Finis les repas sur la pelouse. Finis les ragots. Finis les SMS envoyés à trois heures du matin. Finis les fous-rires en cours...

- Mesdemoiselles, déclara Ros en levant son propre milkshake, ce fut un plaisir d'avoir passé une année en cours avec vous !

Elles levèrent toutes leur verre et toastèrent à cette année pleine de hauts et de bas.

- C'était quand même la meilleure année de notre vie, commenta Brienne.

- C'est pas faux, renchérit Shae. On a toutes trouvé de quoi compléter notre petit coeur en manque.

Elles rirent toutes à cette blague, même si elle n'était pas spécialement drôle. C'était juste pour rire.

Elles devaient rire. La journée était radieuse. Elles étaient toutes en débardeur, presque toutes les jambes à l'air, lunettes de soleil posées sur le nez, à la terrasse d'un petit café quasiment désert. Le soleil était présent, mais pas encore écrasant et une petite brise rendait la chaleur supportable.

Soudain, un téléphone vibra :

- Nooon, les filles, protesta Sansa, on avait dit : pas de téléphone ! Vous savez à quel point les garçons peuvent être collants !

Brienne rougit entièrement et s'excusa profondément avant de récupérer son téléphone et de lire le SMS. Si elle avait pu, elle aurait rougi encore plus.

- Pour ta punition, déclara Ros, tu dois nous lire ce SMS !

- Heum, les filles, pas en public ! essaya de faire Brienne, prête à ranger son téléphone.

- Non, non, la règle, c'est la règle, insista Shae. Lis-nous ce SMS !

Les trois filles se tournèrent vers Brienne qui essaya en vain de se cacher derrière ses cheveux trop courts. Elles étaient en train de se lancer dans une hola d'encouragement quand la jeune femme finit par céder et s'éclaircit la gorge pour commencer sa lecture. Les trois autres filles se penchèrent comme un seul homme (une seule femme) pour écouter ce fameux SMS qui avait tant fait rougir leur amie. Brienne lança des regards à droite et à gauche pour s'assurer que personne ne les écoutait avant de lire :

- Quoi ? J'ai rien compris ! fit Ros catégoriquement.

- Parle plus fort, Bri' répondit Shae. Il n'y a aucune honte à avoir ! Tu sors avec un des plus beaux gars, voire le plus beau, du lycée, si j'étais toi, je monterai même sur la table pour que tout le monde entende ce SMS !

- Vous m'embêtez, marmonna Brienne entre ses dents. Puis, elle prit une grande inspiration et lut à nouveau. «Bri-chou, même si j'apprécie le fait que tu aies une vie sociale, la compagnie que tu as choisie me gêne énormément et j'espère que tu rentreras ce soir, et pas en compagnie d'une autre jeune femme. Je me languis de toi et, dans un sujet tout à fait indépendant, j'ai découvert un Kama-sutra en ligne. Je t'aime, laide damoiselle.»

Les rires des trois jeunes filles attirèrent l'attention de tous les clients du café.

- Wooouh, Brienne, on dirait que ta vie sexuelle est bien plus remplie que ta vie sociale ! la taquina Shae.

- Comment ça se passe avec Jaime, en fait ? demanda Sansa, pour reporter la conversation sur des sujets un peu moins dérangeants.

Brienne regagna peu à peu sa couleur naturelle et sirota son milkshake au chocolat, cherchant visiblement ses mots :

- Je l'aime. Il m'a dit qu'il m'aimait aussi il y a une semaine. J'essaye de rester discrète sur notre relation, mais je crois qu'il veut me traîner partout où on peut être vus. Mais bon, il essaye d'arrêter depuis que je lui ai dis que je me sentais comme une bête de foire.

- Genre, il t'emmène partout, il t'emmène où ? demanda Ros.

- Il a le chic pour essayer de me faire sortir dans des grands restaurants de luxe et tout... En général, je refuse. Je n'ai pas les moyens et je n'ai pas envie qu'il me paye tout. La pire folie que j'ai faite pour lui, c'est d'accepter d'aller à l'opéra dans la loge de sa famille.

- A l'opéra ?! s'exclama Sansa, mais tu nous avais pas du tout parlé de ça !

- C'est pour dans deux semaines. On va voir Casanova de Mozart. C'est bien Jaime de vouloir aller voir ça.

- Il ne te trompe pas, au moins ? demanda Sansa en fronçant les sourcils parce qu'elle était la seule à avoir compris la référence.

- Non ! s'exclama Brienne. Non, pas du tout ! Je lui arracherai les... les vous-savez-quoi, si j'apprenais qu'il n'était pas honnête envers moi...

- T'as raison, fit Shae en levant son poing serré, on est trop des warriors pour se laisser faire !

- Dis celle qui va se faire entretenir l'année prochaine, fit Ros en souriant.

- Je ne vais pas me faire entretenir, il m'aide juste le temps que je termine mes cours de pole dance et que je trouve un job dans une boîte, répliqua Shae en levant les yeux au ciel.

- J'ai trop hâte de venir te voir, fit Sansa en souriant.

- Aha, rit Ros, et qui va t'accompagner ? Willas ?

- Très drôle, répondit Sansa en sirotant son milkshake à la fraise. Je comptais sur Brienne et sur toi. Mais je n'ai pas terminé mon interrogatoire sur Jaime, Brienne. Dis-moi, Ygritte m'a dit que Jaime cherchait un nouvel appart. Ça a un rapport...?

La jeune femme se mordit la lèvre inférieure comme une écolière amoureuse. Elle finit par céder :

- L'année prochaine, on voudrait essayer une colloc'.

Nouvelle ronde d'acclamation pour la jeune femme :

- J'arrive pas à y croire, fit Ros. Elle se case comme une pro !

- Je suis si heureuse pour toi, dit Sansa en lui prenant les mains avec un grand sourire.

- C'est rien de définitif, essaya de temporiser Brienne. On s'entend plutôt bien et on va dans des écoles assez proches, donc, on s'est dit qu'on allait essayer... Si ça se touve, ça ne va pas bien marcher...

- Pas bien marcher ? demanda Shae, incrédule. Il ne vit pas déjà à moitié chez toi ? La dernière fois que je suis venue, il y avait ses vêtements sur la corde à linge...

- Je ne sais même pas pourquoi il fait ça, marmonna Brienne, je vis dans un trou et il habite dans la plus grande maison de King's Landing. Même plus grand que chez Sansa !

- M'en parle pas, répondit Sansa en levant les yeux au ciel, depuis que j'ai vu le manoir des Tyrells, j'ai l'impression de vivre dans un taudis !

- Ah, d'ailleurs, Sansa, tu m'as torturée, je vais te torturer, répliqua Brienne. Je vais aux toilettes alors ne commencez pas sans moi, d'accord ?

Shae et Ros promirent, une main sur le coeur, deux doigts croisés derrière le dos. La jeune femme se leva et se rendit aux toilettes au fond du café.

Cinq minutes après, une figure familière vint s'asseoir à la place qu'elle venait juste de libérer...

En sortant des toilettes, Brienne s'attendait à beaucoup de choses : que ses amies aient changé de place pour la rendre folle, qu'elles aient échangé tous les potins sans elle, qu'elles aient décidé de partir en soirée ou de faire un road-trip d'une semaine... Mais elle ne s'attendait pas à ça...

Jaime était assis à sa place, des lunettes de soleil à cinq mille dollars sur le nez, une chemise blanche presque entièrement ouverte sur son torse et l'air du golden-boy qu'il n'était plus. Les trois autres filles l'écoutaient attentivement, riant un peu dès fois, mais généralement, captivées par ce qu'il avait à dire.

Que faisait-il là ? Brienne ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu énervée : elle passait la majeure partie de son temps et elle ne le regrettait pas parce qu'elle aimait l'homme le plus irritant de la terre. Mais elle avait aussi droit à son temps libre et elle ne l'engueulait presque jamais quand il rentrait saoul d'une de ces fêtes dignes de Gatsby que les Martells et Tyrion aimaient faire dans leurs manoirs respectifs.

Elle fit une pause à l'intérieur avant de décider de sortir pour lui demander ce qu'il faisait là.

Elle eut juste le temps de sortir.

Dès qu'elle fut sur le pas de la porte, ses trois amies la regardèrent avec les mêmes yeux qu'elles essayaient de cacher quand elles regardaient des comédies romantiques ridicules pendant leurs soirées glace et vodka.

Jaime se tourna aussi et, vu son grand sourire, il allait se passer quelque chose de mauvais.

Elle n'eut pas à attendre longtemps.

- Mesdames, messieurs, mesdemoiselles ! lança Jaime à l'attention de tous les clients de la terrasse avant de se lever. Vous voyez cette jeune femme ? C'est la personne que j'aime.

Brienne se sentit rougir à nouveau et regarda tout autour d'elle, priant pour que personne ne se soucie du groupe de jeunes gens qui s'amusaient à l'approche de l'été. Mais personne ne pouvait ignorer un Lannister et Jaime avait en effet l'attention entière de toute la terrasse.

- Elle n'est pas belle comme ma jumelle et elle ne va pas décrocher la médaille Fields. Mais elle est parfaite. Il devrait y avoir un prix spécial pour les gens qui ont un coeur d'or, comme ça, je pourrais le lui offrir. Son coeur recèle plus d'or que la merde de Tywin Lannister et ce n'est pas peu dire !

Il y eut quelques rires et Jaime se tourna vers elle, plongeant ses yeux verts dans les siens et déclara avec sérieux :

- On est jeunes et, malgré tous nos plans, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve ! Je n'avais jamais prévu de tomber amoureux de toi et pourtant... Me voilà, à squatter chez toi, à vider ton frigo et à laisser mes vêtements dans ta corbeille de linge sale... Je ne peux pas faire de promesses à vie, mais, au pire, on s'en fout, parce qu'on est encore assez jeunes pour s'aimer dans le moment présent et croire que ça va durer éternellement. Je sais que tu es trop sérieuse pour ça, mais, pour une fois, soyons fous, inversons les rôles. Sache que je suis terriblement sérieux en ce moment-même...

Brienne hocha la tête, ne sachant pas trop quoi dire. Elle n'eut pas à parler :

- Brienne Tarth... Veux-tu m'épouser à la fin de l'été ? Enfin, juste le temps qu'on trouve un vrai appart' et qu'on en ait marre d'être fiancés...

... Ce n'était pas en train d'arriver...

Jaime était déjà en train de s'agenouiller à ses pieds et lui tendait une bague.

Le cerveau de Brienne se gela complètement. C'était si soudain... En sortant de l'appartement pour rejoindre ses amies, Brienne lui avait juste demandé ce qu'il voulait manger ce soir, histoire qu'elle aille acheter ce qu'il fallait et il lui avait juste assuré qu'il commanderait une pizza et qu'elle aurait juste à acheter du Coca. Et maintenant, il l'avait retrouvée et il la demandait en mariage !

Brienne s'était bien vue passer sa vie aux côtés de Jaime. Il n'était pas que le golden boy que tout le monde voyait. Il avait un vrai sens de l'honneur et du devoir et il descendait la poubelle...

Elle ne put s'empêcher de rire :

- Oui, bien sûr que j'ai envie de t'épouser... finit-elle par répondre.

C'était la décision la plus impulsive qu'elle avait jamais prise de sa vie.

Jaime prit sa main entre les siennes et glissa une bague qui semblait sortie tout droit d'un magasin de fantaisie où un dauphin argenté tenait un coeur en fausse pierre bleue... Elle était sûre d'avoir déjà vu cette bague quelque part...

Tout le monde les applaudit. Mais rien ne valait les regards heureux de ses trois amies, restées à leur table, se tenant les mains quand elles n'applaudissaient pas. Jaime finit par se relever et prit Brienne par la taille :

- Ma dame me pardonnera de ne pas la porter jusqu'à la voiture, murmura-t-il.

- Laisse-moi juste récupérer mes affaires...

Brienne prit son sac, donna de l'argent à ses amies pour qu'elles puissent payer son milkshake et mit son téléphone dans sa poche avant de leur dire au revoir et de promettre de les appeler très vite.

Puis, elle était partie dans les bras de Jaime, déposant un léger baiser sur ses lèvres avant de monter dans sa voiture.

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- J'espère qu'il ne va pas trop tarder à me rendre ma bague, finit par dire Shae, une fois l'agitation retombée.

- Ça c'est un petit ami : décider sur le coup qu'on veut se marier... Depuis combien de temps ils sortent ensemble, d'ailleurs ? demanda Ros.

- Six mois, ou plus, répondit Sansa.

Elles contemplèrent toutes leur milkshake en silence un moment, avant de revenir à leur conversation, Shae s'attaquant au milkshake de Brienne après avoir terminé le sien au caramel.

- Tyrion m'a dit qu'on ne pouvait pas se marier, Shae marmonna.

- Me parle pas de Theon. Mais on est des filles indépendantes, nous. On sait se débrouiller sans bague au doigt !

- Sans bague au doigt ?! s'exclama Shae. Tout ce que je porte, ou quasiment tout, vient de lui. Il veut que je m'achète tout ce que je veux et il a tellement les moyens ! Il va faire du shopping avec moi...

- Wouaaah, ça, tu peux le garder, fit Ros en hochant la tête.

Elles se tournèrent soudain toutes les deux vers Sansa qui essayait de finir son milkshake à la fraise discrètement :

- Et toi, Sansa ? J'ai toujours eu cette question que je n'ai jamais osé te poser vraiment... commença Shae, c'est comment, par tous tes Dieux, comment tu as fais pour manipuler le prof le plus manipulateur du lycée. Personne n'a rien vu venir. Petyr épouser quelqu'un en pleine année scolaire. Petyr largué par sa propre Lolita... Je pense qu'ils vont encadrer ton portrait dans le hall du lycée...

- Les filles, fit Sansa, il ne faut pas se moquer de Monsieur Baelish... Il est marié à Lysa maintenant, les Dieux savent que c'est un profond malheur.

Puis, elle éclata de rire en même temps que ses deux amies, mais Shae ne put s'empêcher de trouver que ce rire était désespéré, presque faux. La blague ne devrait même pas être très drôle : Lysa était la tante que Sansa n'avait jamais rencontrée. Une jeune fille aussi bien élevée et aussi gentille que Sansa ne ferait jamais de blague aussi cruelle.

Ça lui faisait énormément pensé au rire de Ros quand elle était allée la récupérer dans la chambre d'un illustre inconnu après sa rupture avec Baelish. Baelish était un démon qui insufflait le désespoir et le désir sexuel à quiconque avait le malheur de voler trop près de lui.

- N'empêche, reprit Ros, je suis très curieuse aussi. Dis-nous comment tu as fais !

Sansa secoua la tête avec un petit sourire.

Elle était magnifique. Mince, pâle, ses longs cheveux brillaient au soleil comme une cascade de bijoux anciens qui inondait ses épaules et son dos de cuivre. Elle portait une petite robe blanche qui montrait ses genoux et lui donnait l'air aussi séduisante que virginale. Shae savait qu'elle était très loin d'être vierge, mais elle avait toujours eu du mal à voir au-delà de la jeune nouvelle timide qu'elle avait rencontré en début d'année. Puis, elle avait reçu son coup de fil, le soir des vacances.

Elle n'avait pas compris grand chose au téléphone, entre la musique de la soirée où elle était et les sanglots incontrôlables de Sansa, mais elle avait tout de même compris quelques brides de phrases : «Je l'ai quitté», «C'est fini, Shae», «Par tous les Dieux, je l'aime, je l'aime trop... Comment je vais faire sans lui ?», «Il peut aller se faire foutre tout seul» et «Il me manque.»

Depuis, elle n'avait plus qu'une profonde admiration pour la jeune Stark. Les Starks avaient des femmes extraordinaires de manière générale.

- C'était simple en fait... Avant qu'on se mette vraiment ensemble, je fréquentais déjà Margaery. Donc, du coup, je disais à Pe... à Baelish que Willas était juste le frère de Margy et il ne me posait pas de questions. En fait, je crois qu'il avait plus de soupçons sur Margy que sur Willas !

- Tu sais que tout le lycée pense que tu as couché avec elle ? fit Ros.

Sansa rougit et baissa les yeux avec un petit sourire...

- Tu l'as fais ! s'exclama Ros. Mais Sansa, on va t'inclure dans notre bande bientôt ! Tu as un sacré palmarès !

- C'était la semaine où Margy avait quitté Asha parce qu'elle pensait qu'elle la trompait avec Theon. Bref, elle était malheureuse, j'étais malheureuse, on a couché ensemble, c'était bien, mais je préfère les hommes.

- Ouais, j'avoue, les hommes, c'est mieux, acquiesça Ros.

- Quoi ?! s'exclama Shae. Mais je pensais que j'étais dans ton top 3 des coups d'un soir !

Sansa regarda ses deux amies avec des yeux ronds... Elle n'était pas au courant de cette histoire !

- C'était pendant l'été, ça ne compte pas vraiment, Shae. Ne perturbe pas Sansa qui nous raconte son coup de maître !

- Il n'y a pas vraiment grand chose à dire, vraiment, reprit Sansa en haussant les épaules. Donc, j'ai couché avec Margy et, le lendemain, elle m'a dit que c'était une grosse bêtise parce que Willas craquait complètement pour moi... J'étais encore avec Baelish à ce moment-là, mais Willas est vraiment vraiment adorable. Je... je savais que je devais quitter Baelish avant qu'il ne me quitte, mais je n'avais pas encore vraiment de raison de le faire... Alors, j'avais encore des scrupules... Tromper quelqu'un et tout... Surtout que lui, il ne me trompait pas ! Je voyais Ygritte tout le temps et rien... Alors, je gardais un peu mes distances avec Willas... J'évitais d'être seule avec lui. Je ne répondais pas tout de suite à ses SMS. J'évitais de lui téléphoner après minuit... Et puis, un jour...

Sansa fit une pause pour finir son milkshake. Ses deux amies la regardaient comme si elle était en train d'expliquer l'histoire d'une série hyper-compliquée :

- J'étais avec ma mère et on regardait des photos de quand elle était jeune... Elle ne montre pas ces photos-là d'habitude et elle m'a dit qu'elle me les montrait à moi d'abord et qu'un jour, peut-être, elle les montrerait aux autres... Elle était ado et tout... Et là... Qu'est-ce que je vois pas ? Baelish.

- Noooooon, firent les deux filles en choeur.

- Si. Baelish. D'abord avec les deux bras autour de la taille de ma mère, et puis, en train de lui tenir la main... Bon, après, il y a des photos où il est en train d'embrasser Lysa, mais il avait ses mains partout sur ma mère...

- Ah, le porc, fit Shae.

- Alors, j'ai compris. Il ne m'aimait pas vraiment, moi, contrairement à ce qu'il disait. Il voulait juste se taper la famille entière. Il devait probablement être frustré parce que ma mère a eu deux maris et ne l'a jamais regardé plus que comme un ami... Mais voilà... Alors, là, je me suis dis : «Okay, tu ne me trompes pas, mais tu m'as brisé le coeur au-delà de ce que je pensais imaginable, alors, je ne vais avoir aucune pitié...» Et comme il m'a laissé découvrir le pot aux roses toute seule, il va découvrir que je le trompe de la même manière... Du coup, j'ai très lentement commencé à accepter les avances de Willas. Je ne pouvais pas aller trop vite de toutes manières, vu que j'étais encore avec Baelish et je n'étais pas frustrée parce qu'on peut dire ce qu'on veut de Baelish, mais il sait se débrouiller. Et attendez, Willas m'a invité six fois au restaurant avant de me demander si je pensais que c'était possible qu'il y ait quelque chose entre nous.

- Awwwwwww, fondirent les deux filles.

- Willas est franchement vraiment adorable. C'est l'homme que je ne mérite peut-être pas mais que j'adore vraiment... Donc, je lui ai dis que, bien sûr, les choses étaient possibles entre nous mais que je ne voulais pas aller trop vite. Je crois qu'il s'est excusé une centaine de fois, mais je l'ai embrassé sur la joue et... voilà. Il a commencé à m'amener a cinéma sans Margy... On a vraiment rien fait tant que j'étais avec Baelish parce que je n'avais vraiment pas envie de les tromper et Willas ne se sentait vraiment pas prêt. Je crois que le pire qu'on ait fait, c'était un léger baiser sur les lèvres, vite fait, pendant que j'avais mes bras autour de son cou.

- Et alors, comment tu t'es débrouillée pour alterner entre les deux ?

- Tu sais, malgré le fait qu'il m'ait brisé le coeur, Baelish a quand même pas mal de talents, alors je restais avec lui et je ne disais rien, je faisais semblant de ne rien savoir. Je crois que j'attendais le moment où il allait enfin être sincère avec moi et m'avouer la vérité... Mais Willas a parlé avant : je lui ai dis qu'on ne pourrait pas se voir pendant les vacances de Noël puisque je repartais au Nord. Alors, il m'a demandé si ça me gênerait vraiment que je passe le vendredi soir au manoir de sa grand-mère. Ils ont une sorte de tradition, c'est une soirée où chacun invite sa «moitié» comme dit Olenna, comme ça, tout le monde est au courant de tout...

- C'était çaaaa ton plan chez les Tyrells ! s'exclama Shae.

- Oui, au début, je n'étais pas trop sûre, puis j'ai su que Margy y allait avec Asha, alors je me suis dis que j'irai... Et avant de partir, j'ai dis à Baelish que... c'était fini entre nous.

- Ouiii, j'ai vu ça avec Brienne, fit Ros. On était dans la Jeep et on a vu que Baelish te courrait après, alors on s'est dit qu'on allait regarder pour voir s'il allait pas t'emmerder et tout... C'était juste awesome. J'aurais du prendre une photo de sa tête ! Je l'aurais envoyée à toutes les jeunes filles avec qui il a couché en leur disant : «Voilà, vous êtes vengées, les filles !»

Sansa se contenta de rire un peu et de baisser les yeux, son sourire tombant avec une rapidité surprenante. Shae évita de parler du coup de fil qu'elle lui avait passé cette soirée-là. Elle imaginait bien Sansa dans sa jolie robe verte, sublime, radiante, apparemment victorieuse, pleurer dans sa salle de bain sur l'amant qu'elle avait aimé de tout son coeur et qu'elle avait du repousser pour ne pas être la dupe du jeu. Puis, elle aurait séché ses larmes, se serait maquillée à la perfection, comme elle le faisait toujours et serait sortie avoir l'air heureuse et être parfaite.

Et personne ne saurait jamais à quel point son coeur était brisé si elle n'avait pas appelé Shae ce soir-là.

- Et avec Willas, comment ça se passe ? La transition est pas trop dure ?

- Je dois avouer que ce n'est pas la même chose qu'avec Baelish... Dès fois, ce n'est pas trop évident... Voilà... Mais il est adorable et il est sincère avec moi et c'est tout ce que je veux...

- Mais tu t'es attirée une sacré famille avec lui...

- Les Tyrells sont adorables. Olenna, Garlan, Loras et Margaery sont parfaits. Je crois que je suis la seule fille qui s'entende aussi bien avec sa belle-famille ! plaisanta Sansa.

- Oui, surtout quand ils t'invitent à Highgarden pour les vacances !

- C'est juste une semaine !

- Tu sais que c'est quand même le deuxième plus grand manoir de Westeros juste après Castral Rock ?

- Je sais ! Je suis en train de sortir toutes mes plus belles tenues ! J'imagine qu'il est hors de question que je dorme en jogging là-bas...

- Tu dors en jogging, toi ?

- En hiver, à Winterfell...

Les trois filles avaient fini leur milkshake mais elles avaient loin d'avoir fini leur réunion révélations. Elles commandèrent trois autres milkshakes.

- Bon, reprit Sansa, et vous, alors ? Ros, si je comprend bien, tu ne viens pas avec nous à Winterfell ?

- Non, je ne peux pas... Theon était désespéré... Mais je dois rester. Je dois travailler tout l'été sur mon nouveau projet...

- Un nouveau projet ? Tu m'en as jamais parlé ? fit Shae, choquée.

- J'évite de trop en parler parce que je viens juste de le commencer. J'ai un peu hésité avant de me lancer là dedans, mais bon... J'ai commencé à écrire un livre.

- Un livre ?! s'exclamèrent les deux filles.

- Oui, une sorte de roman autobiographique... Ça s'appellera Confessions d'une nympho.

Elles rirent toutes ensemble pendant que leurs milkshakes arrivaient.

- C'est un titre original, fit Sansa.

- Spéciale dédicace à Baelish et à Pycelle ! se moqua gentiment Shae.

- Tu rêves, je vais me casser le cul à l'écrire, je vais me le dédicacer ! Je veux dire... j'ai réfléchi... Il est temps que j'avance. Que je sois plus que la pute du lycée. Et j'ai toujours aimé la littérature... Alors, je vais essayer de faire ça...

- Je suis sûre que tu feras quelque chose de génial, la rassura Sansa en lui prenant les mains.

- Tu parleras de nous ? demanda Shae.

- Oui, bien sûr. Je suis obligée de parler de vous ! Mais je vous donnerai d'autres noms. Enfin, on en reparlera quand ce sera fait !

- Et donc, tu ne tromperas pas Theon pour un vieux riche qui pourra t'entretenir cet été ? demanda Shae en riant.

- Non ! Les filles, je sais que ça fait bizarre venant de moi, mais Theon et moi, c'est sérieux, pour une fois. J'ai un petit boulot à côté dans un très beau café où il faut un uniforme et où on est très très bien payés à l'heure.

- Ah oui, tu l'avais évoqué... C'est pas le... «Twittering Bird» quelque chose du genre ?

- Mais c'est le café du prof d'histoire ! s'exclama Sansa.

- Oui, bah, c'est lui qui m'a proposé de passer un entretien. Je ne m'attendais pas à grand chose, mais en fait... Je suis prise. Et entre le boulot et mon bouquin. Non, pas d'autres mecs que Theon. Tu gardes un oeil sur lui, Sansa, hein ! Parce que moi, je l'attendrais !

- Promis, Ros, je garde un oeil sur lui, répondit Sansa.

Si on lui avait demandé en début d'année, la première fois où elle avait vu Ros traîner Theon dans une chambre du manoir Lannister, qu'ils allaient rester ensemble un an, Sansa n'y aurait jamais cru. Elle était contente d'avoir eu tort. Theon n'avait toujours pas essayé d'arrêter de fumer, mais il passait moins de temps en soirée et plus de temps avec Ros. Ils n'allaient pas dans de beaux restaurants comme Sansa et Willas, mais ils allaient dans des cafés et dans des concerts. Il avait reprit la guitare électrique et travaillait sa voix. Elle était abîmée mais il avait un timbre très profond et très sombre. Un jour où il était venu demander des conseils à Sansa, il lui avait dit en riant : «Il n'y a plus qu'à imiter Saez et Patti Smith» et elle n'aurait pas pu mieux décrire sa voix et ses textes.

Bref, Theon avait changé. Il accepté la profondeur de son désespoir et il commençait à en montrer un bout. Ça faisait peur à Sansa mais elle préférait le nouveau Theon qui souriait en grattant les cordes de sa guitare et avait dit à ses parents qu'il aimait Ros. Pour rien au monde elle les laisserait détruire ce qu'ils avaient.

- Et toi, Shae, alors ? Changement de voie ?

- Oui, j'ai terminé le lycée et, franchement, je ne veux plus jamais entendre parler de l'économie de Braavos, le cul posé sur une chaise pendant quatre heures. J'ai trouvé un club de pole dance et je me lance là dedans. Après tout, j'ai encore un beau corps, autant l'utiliser ! Et plus tard, peut-être que j'ouvrirai ma propre école de pole dance ou mon propre bar. Je ne sais pas. Mais bon... je vous dirais quand je ferais mon premier spectacle.

- J'espère qu'ils apprennent des trucs exceptionnels dans ton école, parce que j'ai l'impression que j'ai déjà tout vu lors de la soirée de Ramsay où tu étais tellement saoule que tu n'arrivais plus à distinguer aucun visage, alors tu as décidé de danser toute la nuit sur ce lampadaire qui n'avait rien demandé !

- Faux ! J'ai fais une lap dance à Béric !

- Oui, le pauvre, lui non plus, il n'avait rien demandé !

- Mais Thoros a juste tellement ri. Je crois qu'il a pas encore laissé l'affaire...

Elles se sourirent un moment. Elles sentaient que l'après-midi allait tirer à sa fin. Bientôt, Willas irait chercher Sansa dans sa belle BMW blanche. Bientôt, Ros marcherait jusqu'au bar où elle retrouverait Theon pour un dernier concert et une dernière nuit avant de se quitter pour l'été. Bientôt, Bronn, le chauffeur de Tyrion récupérerait Shae.

Bientôt, l'année serait finie. Bientôt, elles auront quitté les heures insouciantes de leur adolescence pour faire de vrais choix.

- Mais il y a un truc qui m'intrigue... Tyrion, il est... enfin... tu vois... demanda Sansa. Qu'est-ce qu'il a de si... exceptionnel...?

Shae termina sa gorgée de milkshake et secoua la tête :

- De un, il a ce qu'il faut là où il faut. De deux, il sait s'en servir. Vous pouvez parler de Baelish tant que vous voudrez, Tyrion Lannister, ça, c'est ce que j'appelle le Dieu tout puissant du sexe. De trois, c'est le seul mec que j'ai vu qui appréciait mes talents sans faire genre il est jaloux ou me traite comme une pute. De quatre, il est riche. De cinq, il sait comme utiliser sa fortune. Et de six, il est pote avec les Martels donc il sait faire la fête. Hey, les filles, je vous met au défi de faire mieux que ça !

- Mais qu'avons-nous là ?! s'exclama Ros en fronçant les sourcils, très sérieuse. Attendez, docteur, oh, je vois un cas très troublant... Ros se leva et se pencha sur Shae, tirant sa paupière comme pour examiner le blanc de ses yeux. Mais oui, il n'y a aucun doute, nous avons bien là un cas aigu de fille amoureuse ! C'est terrible, docteur, vite, il faut l'amputer !

Les trois filles ne purent s'empêcher de rire à nouveau.

Puis, tout alla très vite.

Willas fut le premier à arriver. Sansa embrassa ses deux amies, les serra dans ses bras et leur promis de ne jamais se quitter de vue avant de monter sur le siège passager, de rouler une pelle à son petit ami et de s'en aller.

Puis, la mercedes rouge de Tyrion, conduite par Bronn se gara à peine dix minutes après et Shae poser un léger baiser sur les lèvres de son amie pour lui dire au revoir et de s'en aller à son tour.

Ros s'en alla en marchant dès que les deux voitures eurent tourné au coin de la rue. Elle avait une robe courte à fleurs, des docs martens, la veste en cuir noir de Theon sur l'épaule et un grand sourire.

Elles tournaient une page de leur vie, c'était vrai, mais il s'agissait de la même série et elles se retrouveraient. Elles avaient changé, elles étaient devenue autre chose que ce qu'on attendait d'elles. Elles avaient défait les attentes de la société. Elles s'étaient libérées. Et elles l'avaient fait ensemble.

Dire que c'était la sage petite Sansa qui avait tout commencé en refusant de n'être qu'une Lolita.