ET SI ...?

Auteur : Misro

Disclaimer : les personnages ne sont pas de ma création.

Rating : M

NB : ...J'ai cédé. Me revoilà! Je ne vous offre pas une suite de "Une histoire de dessin", qui ne m'inspire hélas pas tellement d'idées, mais vous propose une nouvelle fiction avec des POV plus particuliers, puisque chaque personnage aura un chapitre sur deux sur son point de vue perso! J'espère que cela va vous plaire et que vous serez fidèles au prochain rendez-vous!

.

.


- John -


Tout a commencé le soir de Noël. J'étais furieux, à cause de lui. Tout était toujours en rapport avec lui, de toute façon, mais à cette époque là je refusais obstinément de le croire. Ce soir de réveillon, je devais le passer en sa compagnie, mais également celle de ma petite amie du moment, Annie, Mrs Hudson, Mycroft, et Molly. Quand j'étais arrivé dans l'appartement, trempé par la neige, le dessert dans les bras, je l'avais trouvé installé dans mon fauteuil, tourné pour l'occasion vers la fenêtre.

« Ou sont-ils tous ?

-Je leur ai dit de partir. Je trouvais ça stupide. »

Alors j'avais crié, tempêté, j'avais même été vaguement grossier si mes souvenirs sont bons. Et puis, un sentiment bien familier s'était emparé de moi : la lassitude. Avec lui, je finissais toujours par abandonner, lâcher prise, soit lui donner raison. Mais je me sentais également incroyablement triste.

« Tu m'en veux ?

-Oui. C'est la première fois que je ne fête pas Noêl, et je t'en veux de me gâcher ça.

-Je n'ai jamais dit que nous ne le fêterions pas. »

J'avais affiché un air perplexe bien qu'agacé, refusant de jeter un œil à mon portable. Annie venait de me quitter, mais pour le moment je ne le savais pas encore. Il s'était levé, longue silhouette à la frontière de la maigreur, resplendissant dans un costume trois-pièces que je ne lui connaissais pas. Ses doigts graciles s'étaient emparés d'une bouteille de champagne qu'il m'avait tendu :

« Débouche ça. Je vais mettre un peu de musique, autre que ces chants odieux que nous subissons depuis ces dernières semaines. »

Il n'avait jamais aimé les chorales hivernales. M'ébrouant, j'avais, de mauvaise grâce, préparé le repas, avant de remplir deux flûtes du liquide pétillant. Dans le salon , les premiers accords de « personnal jesus », un titre de Depeche mode, s'étaient mis à raisonner. Ce groupe était l'un des seuls qui ne subissaient pas d'acerbes critiques de sa part.

« Je ne voulais pas te faire de peine, tu sais.

-Tu te fiches bien de tout ça. Tu as agis comme tu l'entendais, rien d'autre ne t'importe. »

Je n'aimais pas parler comme ça, mais il le méritait, ce soir là. Il m'avait regardé de son regard glacé, bien trop bleu, bien trop magnétique, et je lui avais tendu sa coupe sans un mot de plus. Dehors, la neige s'était remise à tomber. Nous avions trinqués, solennellement, puis avec un sourire plus détendu, et la conversation avait fleurit avec un naturel qui nous connaissait bien. Le fait qu'il ait renvoyé nos invités avait disparu de mon esprit, comme les rides de mon front.

« Je vais chercher les bougies. »

Je n'avais pas eu le temps de demander pourquoi que les lumières s'étaient éteintes d'un coup, plongeant notre appartement et les immeubles alentours dans le noir complet. Au loin, les cris rageurs des locataires m'avaient fait rire. L'alcool avait assuré une soirée détendue. Quand il était revenu, je lui avais volé sa place dans le fauteuil après avoir rempli ma flûte une nouvelle fois. C'était déjà la cinquième, à en croire la bouteille.

« John ?

-Hm ? »

Il avait placé quelques loupiotes ça et là dans l'appartement, de quoi apercevoir les ombres, nous obligeant à nous sentir comme dans un univers flou. C'était attirant et désagréable à la fois. Ce soir là, il avait semblé plus doux, maintenant que j'y pense. Mais à cet instant là, je n'étais plus maître de mes pensées depuis un certain temps, le champagne ayant rempli son office le long de mes veines.

« Annie a essayé de me séduire, tout à l'heure. Je me suis agacé et je l'ai chassé avec une certaine violence. Les autres ont préféré partir ensuite.

-Tu n'as pas besoin de justifier tes…Attends quoi ?! »

Furieux, j'avais lâché une bordée d'injures, me pinçant l'arrête du nez. Je ne l'avais pas vu s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, en face de moi, serrant quelque chose dans sa main gauche. Il se découpait nettement sur la lune, quand j'y repense. C'était une belle image, mais j'étais trop furieux pour m'en rendre compte, alors.

« Peu importe, avais-je grincé, joyeux noël ! »

Je n'étais même pas amer. L'alcool me tenait la main.

« Tu sais quoi ? Je suis content d'être ici, avec toi. Juste toi. »

Je n'avais pas vu toute l'ambiguïté qui suintait de mes mots. Lui, si, certainement. Je ne sais pas. Même maintenant je ne sais pas. Ses yeux avaient brillé, j'en suis certain, et une ébauche de sourire avait effleuré ses lèvres.

« Tout va pour le mieux, alors. Tu as bien changé, John, depuis notre première rencontre. Tu as évolué.

-Ah ? Toi tu n'as pas changé, toujours aussi immature, sûr de toi, mystérieux, aussi ennuyé par la vie.

-Depuis que tu es là, je ne m'ennuie plus. »

Il avait profité de mon ivresse pour me livrer quelques compliments. Ceux ci m'avaient émoustillé plus qu'ils ne l'auraient dû. Je m'étais encore resservit, sous son regard pénétrant, avant de lever ma coupe.

« A nous, avais-je trinqué une nouvelle fois, à nous deux. »

A deux amis. A deux colocataires. A deux collègues. Dans ma tête, cela avait-il encore signifié cela ? Je ne sais plus. Mais, en tout cas, à cet instant, Sherlock s'était penché vers moi, félin silencieux, glissant dans ma paume son présent importun. Je n'avais pas eu besoin de le regarder pour savoir ce que c'était, et mes yeux ébahit avaient croisés les siens. Regard acier contre le mien, doux comme un rêve, pétri d'incompréhension.

« Dis-moi oui. »

Injonction délicieuse. J'avais enfin retrouvé celui que je connaissais, cet homme qui prenait les décisions, qui oubliait le monde, qui choisissait ce qu'il désirait sans regarder les conséquences. Et ce soir, ce qu'il voulait, c'était moi.

Quand ses lèvres s'étaient posées sur les miennes, je n'avais pas bougé. Je n'avais rien ressentit, en fait. J'avais tremblé, je crois. Puis la pression s'était accentuée, sa langue s'était glissée dans ma bouche, et j'avais plongé dans un rêve incroyable. Il s'était retiré après cet échange bref et hésitant, reculant d'un pas.

Il s'était léché les lèvres. Ca, je m'en souviendrais toute ma vie. Puis, il avait quitté l'appartement, sans rien dire, sans rien faire, m'abandonnant là, ma branche de houx dans la main, les paupières ouvertes à m'en faire mal.

Ce n'est que lorsque la porte avait claqué que mon cœur s'était remis à battre.

« Sherlock. »

Son nom avait sonné si bien dans ma bouche que cela m'avait fait mal.

Mais ça, c'était il y a deux jours. Aujourd'hui, nous somme le 27 Décembre, il est neuf heures, et il vient de m'avertir qu'il est en train de rentrer. Je ne sais pas ce que je dois dire, ce que je dois faire. Je ne sais même pas si je dois admettre le fait que cela m'a plu.


C'est pour moi une nouveauté , la première personne. Alors ? Verdict ?