A/N : Nous y voilà, suite et fin de cette aventure. Mais je ne vous retiens pas plus, apparemment la dernière phrase du chapitre précédent a engendré un suspens infernal… mais était-ce un effet d'annonce ou une réalité… ? :-)

CHAPITRE 16

Altaïr était en alerte permanente, ses yeux scannaient sans arrêt les alentours, chaque mouvement inhabituel attirait son attention et chaque bruit anormal titillait ses oreilles. L'homme était concentré au maximum, encore plus attentif à rester discret, prenant son temps pour analyser chaque situation. Parfois dans la rue, parfois sur les toits, parfois tombant sur le corps d'un archer ayant succombé à ses alliés, l'assassin sentait le stress monter au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la place où était prévu l'échange. Un stress qu'il n'avait pas l'habitude de gérer car jamais dans sa carrière d'assassin il n'avait eut à se confronter à une telle situation, lui qui était connu pour faire preuve d'une confiance telle qu'il en était arrogant.

L'assassin leva les yeux vers le ciel, le soleil arrivait presque à son zénith, annonçant qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps lorsqu'un aigle entra dans son champ de vision, comme pour montrer qu'il veillerait sur lui. Altaïr prit quelques secondes pour le regarder tournoyer avec grâce dans les airs, c'était surement un bon présage.

Arrivé à destination, il observa les alentours. Ses frères d'arme avaient fait du bon travail. Plus un seul archer n'était en vue, et les toits étaient déserts, mais l'assassin savait qu'ils n'étaient pas loin, prêts à agir. Il s'avança jusqu'au bord d'un toit surplombant la place et s'accroupit, comme à son habitude. Sa vision d'aigle activée, il avait déjà repéré les positions de chaque garde, mais il se doutait qu'Herail ne s'était pas contenté de quelques soldats, le plus gros des troupes devait certainement être caché sous la tente ou dans les bâtiments en périphérie de la place.

Pendant ce temps, Lisbon et Abbas étaient transférés sous bonne garde de la caserne à la tente du banquet qu'Herail avait voulu garder en place. Pour une fois, l'agent était contente, tout se passait comme prévu et le jeune soldat avec lequel elle avait sympathisé s'occupait du déplacement, ce qui lui permettrait peut-être de mettre son plan à exécution. La garnison n'était qu'à quelques mètres, mais ce petit trajet à l'air libre fit un bien fou à l'agent. L'air sentait bon les épices, ce qui changeait de la puanteur des cellules, et le soleil lui fit un accueil chaleureux, la réchauffant physiquement et mentalement. Lorsqu'ils entrèrent sous la tente, Herail était à une table en train de siroter une bouteille de vin.

- Le vin français, il n'y a que ça de vrai ! fit-il sans même tourner le visage vers les prisonniers.

- Grand bien vous fasse, répondit Lisbon sur un ton haineux

- Allons bon très chère, vos soucis seront bientôt terminés, ne soyez pas si bougonne…

Le templier se décida à se tourner vers les deux assassins, un sourire radieux dessiné sur le visage.

- A moins que ce ne soit le début des vôtres… très cher… siffla Lisbon.

Abbas, qui ne comprenait pas un mot de la discussion, préférait rester en retrait, attendant de voir si Herail allait enfin reconnaitre sa participation dans l'échange.

- J'attends de voir, car pour l'instant, votre ami Grand Maitre assassin n'a pas montré le bout de son nez… Aurait-il peur de m'affronter ? Ou peut-être, ne tient-il pas tant que cela à votre petite personne…

- Allez savoir… Tout est possible…

- Cela n'a pas l'air de vous perturber, vous risquez votre vie et je vous trouve très sereine.

- J'ai une confiance absolue en mon ange gardien… sourit Lisbon.

Herail grogna, comprenant qu'il n'aurait pas le dernier mot avec cette petite peste. Il se dirigea vers elle et glissa un doigt sur sa joue.

- Quel dommage, vous êtes d'une beauté sans pareil…

- Et moi, quand allez vous me libérer de ces liens, je vous ai amené la fille sur un plateau, et grâce à moi vous vous débarrasserez d'Altaïr Ibn La'Ahad !

- Faites venir le traducteur… Je ne comprends rien à ces jérémiades ! Quant à vous jeune femme, nous aurons peut-être le loisir de nous connaitre un peu mieux avant que je ne vous tue…

Lisbon grimaça mais elle préféra ne rien répondre, il fallait que le templier s'en aille pour qu'elle puisse s'adresser au jeune soldat. Quelques secondes plus tard, se fut fait.

Altaïr, lui, était toujours au bord du toit, le soleil avait atteint le zénith, et il prit une grande inspiration. Le moment était venu. Il se pencha pour calculer son point de chute, le tas de foin était toujours là, et il allait en profiter pour descendre rapidement. Lorsqu'il se jeta dans le vide l'aigle qui tournoyait dans le ciel poussa un cri strident. Tout allait commencer, maintenant.

- Je ne sais même pas comment tu t'appelles, moi c'est Teresa, et toi ? Chuchota Lisbon au jeune soldat.

- Stephan… répondit l'homme, mal à l'aise.

- OK Stephan, j'ai vraiment besoin d'aller aux toilettes, c'est très pressé, tu veux m'accompagner ?

- Quoi ? Non, ce n'est pas le moment…

- S'il te plait… On ne va pas commencer notre relation aussi mal quand même…

Le soldat fit une moue et hésita.

- Stephan… Je ne vais pas m'enfuir, il y a bien trop de gardes ici…

- Bon d'accord, mais rapidement, si le grand maitre revient et qu'il s'aperçoit de quelque chose…

Le soldat accompagna Lisbon, mais une fois à l'abri des regards des autres gardes, elle agrippa le col du jeune homme malgré ses poignets liés devant elle, et, hissée sur la pointe des pieds, elle embrassa l'homme, d'abord surpris, puis rapidement enchanté par la situation. Lisbon sourit avant d'approfondir le baiser, mettant le jeune soldat en confiance. Elle profita de cet instant pour se saisir d'un des couteaux de l'homme et le cacher discrètement dans sa tunique.

- Voilà, comme ça ca commence bien, lui chuchota-t-elle avant de se décoller de lui.

- Je trouve aussi…

- Maintenant laisse moi tranquille, je ne veux pas tout te montrer de suite… sourit-elle avant de se diriger vers l'endroit qui servait de toilettes.

Un fois à l'intérieur, elle prit rapidement le couteau et se mit à découper ses liens, tenant le couteau tant bien que mal. Au bout d'un moment, le soldat s'impatienta.

- Teresa ?

- Oui… Oui ca y'est presque !

L'agent vociféra en accélérant les mouvements sur le lien, la corde était tenace, et elle n'arrivait pas à appuyer suffisamment le couteau pour réussir à la couper. Les filaments de la corde lâchaient un à un, mais le soldat se fit entendre à nouveau.

- Teresa, il faut y aller !

- Oui je viens tout de suite !

Lorsqu'elle entendit des pas s'approcher, Lisbon tira sur son lien de toutes ses forces, et celui-ci céda, délivrant ses poignets, une seconde avant que Stephan fasse son apparition. Lisbon cacha à nouveau le couteau dans sa tunique et se tourna vers lui, un grand sourire aux lèvres.

- Voilà… on peut y aller…. Fit-elle avant de le contourner et de sortir d'elle-même pour se diriger vers la tente.

Arrivée devant Abbas, elle lui passa discrètement le couteau, et malgré son étonnement celui-ci s'empressa de s'en emparer et d'attendre le meilleur moment pour se débarrasser, à son tour, de ses liens.

Depuis le tas de foin, Altaïr observait les vas et viens des gardes sur l'estrade. Il fallait trouver le bon moment pour se montrer, et lorsque Gilbert Herail fit son apparition, regardant la place du soleil dans le ciel, l'assassin se décida à sortir de sa cachette. Il s'avança lentement vers les marches de l'estrade, étonné que personne ne réagisse, mais ce fut de courte durée. Lorsqu'un des gardes aperçu l'assassin, il alerta ses collègues dans la foulée.

- Le voilà ! cria-t-il en montrant Altaïr du doigt et en prenant aussitôt l'épée qu'il avait à sa ceinture.

Les autres gardes firent de même et entourèrent rapidement l'assassin qui s'était arrêté à la première marche de l'estrade. Altaïr se contenta de les observer, les mains le long du corps. Même s'il n'avait pas l'air menaçant, l'assassin avait une prestance et un contrôle qui décontenançait ses adversaires, et ceux-ci n'osaient pas s'approcher, laissant une bulle d'espace vide tout autour de lui. Altaïr n'avait pas bougé d'un pouce, et lorsqu'il avança très lentement sa main pour la placer sur le pommeau de son épée, les gardes s'écartèrent encore plus, déjà paniqués par ce qui risquait d'arriver.

- Laissez-le approcher ! Grogna Herail depuis l'estrade.

Les soldats qui se trouvaient entre Altaïr et les marches se décalèrent, restant sur leurs gardes, et Altaïr les observa à nouveau tous l'un après l'autre, ce qui fit monter encore un peu plus la tension en eux. Ils ne pouvaient pas voir ses yeux, cachés sous sa capuche, mais la façon qu'avait l'assassin de les regarder était tellement intimidante que certains avaient envie de trouver un petit trou de souris pour s'y cacher, et perdaient toute assurance, malgré leur nombre. L'assassin eut un petit sourire en coin, immédiatement remarqué par les gardes. Cet aplomb augmenta aussitôt la tension d'un cran supplémentaire, et l'assassin savait déjà, en lisant sur le visage de ses opposants, qu'il avait gagné cette première petite bataille.

Herail leva les yeux au ciel en observant la scène qui se jouait devant lui. Cet assassin avait du cran, d'un simple regard il arrivait à terroriser ces imbéciles de gardes alors qu'il était seul contre tous. Il était maitre dans l'art de l'intimidation, sans aucun doute.

Altaïr grimpa lentement les marches, et les gardes le suivirent à bonne distance, les épées levées et prêts à combattre.

- Tu as du cran assassin, je ne pensais pas que tu allais te montrer… dit Herail, aussitôt traduit par l'interprète qui venait de le rejoindre.

- Je ne suis pas venu discuter avec toi templier, venons-en tout de suite à notre affaire… fit Altaïr, d'un ton sec mais non agressif.

- Droit au but ! J'aime ça ! Tu as ce que je t'ai demandé ?

Altaïr ouvrit lentement la petite pochette à sa ceinture pour en sortir l'artefact, et le regard d'Herail s'illumina lorsqu'il vit l'orbe scintiller à la lumière du soleil.

- A ton tour d'honorer ta promesse…

- Amenez la femme ! cria-t-il sans lâcher l'orbe des yeux, comme si l'objet allait s'évaporer s'il le quittait du regard.

Sous la tente, les ordres du maitre templier firent immédiatement effet, et le jeune soldat agrippa Lisbon gentiment pour l'attirer vers l'estrade. Lisbon se laissa faire, gardant ses poignets joints comme s'ils étaient toujours entravés, et cligna des yeux en débouchant sur l'estrade, éblouie par la lumière intense de midi. Altaïr ferma les yeux quelques instants en la voyant enfin arriver, soulagé de la voir toujours en vie, mais tout son corps resta figé comme si de rien était. Lisbon, quant à elle, sentit son cœur s'arrêter en voyant l'homme debout en face d'Herail. D'un coté immensément heureuse qu'il soit là, et d'un autre, paralysée par la peur qu'il ne puisse se sortir de ce piège. Elle se mordit les lèvres pour éviter d'interagir, sachant qu'elle avait un atout à jouer.

- La voilà, donne moi l'orbe maintenant, fit Herail en tendant la main, paume vers le haut, en direction d'Altaïr.

Altaïr tourna le regard vers l'homme, son petit sourire en coin revenu.

- Laisse-la d'abord partir, quand elle sera à l'abri, tu auras ton orbe.

- Tu es dur en affaire assassin, qui me dit que tu me donneras l'orbe une fois qu'elle sera loin ?

- Je suis seul et vous êtes nombreux, que crois-tu que je tenterai ?

- Certes… laissez-la partir.

Sous la tente, Abbas avait sectionné ses liens depuis quelques secondes lorsque l'occasion se présenta. Le garde barbu qui le surveillait avait le regard dirigé vers l'estrade pour voir ce qui s'y passait, et l'assassin se posta juste derrière lui, appuyant la lame du couteau sur la gorge du garde et l'ouvrant d'un coté à l'autre, faisant gicler le sang par flots. Il appuya sa main sur la bouche du barbu pour l'empêcher de faire un bruit, et lorsqu'il sentit les jambes de l'homme flancher, il accompagna le poids du corps pour le déposer doucement sur le sol, sans un bruit.

Il s'approcha alors de la sortie vers l'estrade, restant caché dans l'ombre, lorsqu'il vit Herail tendre la main vers Altaïr en lui demandant de lui donner l'orbe. Ses yeux se fixèrent sur l'objet, enfin l'orbe était là, à sa portée. Il ne lui restait plus qu'à attendre le bon moment pour agir.

Stephan lâcha l'épaule de Lisbon, lui montrant qu'elle pouvait s'éloigner sans crainte, et celle-ci hésita quelques secondes. A cet instant, Abbas déboucha de la tente et repoussa le jeune soldat sur son passage. Il empoigna Lisbon et posa le couteau sur sa gorge, restant dans son dos pour mieux l'immobiliser.

Tout le monde sursauta de surprise, et Abbas devint rapidement l'intérêt de tout l'entourage, et particulièrement celui d'Altaïr, qui serrait ses poings avec force, sentant la rage l'envahir.

- Donne-moi l'orbe Altaïr ! Sinon je la tue !

- Je t'ai promis que si tu la touchais, je te tuerais Abbas, et je tiendrai cette promesse coute que coute.

- Alors viens récupérer son corps !

Abbas n'avait pas terminé sa phrase que Lisbon envoya son coude avec force dans les cotes de l'homme, mais celui-ci ne lâcha pas son emprise. Ce qui le surprit, par contre, c'est l'attaque de Stephan. Le jeune soldat leva son épée en poussant un cri et se précipita sur Abbas, qui repoussa Lisbon pour pouvoir contrer l'attaque. L'agent perdit l'équilibre et roula au sol tandis qu'Herail criait à ses gardes.

- Emparez-vous d'eux !

Altaïr rangea l'orbe dans sa ceinture et s'empara de sa lame courte en quelques secondes, esquivant les premières attaques des gardes qui étaient restés en retrait depuis le début.

- Faites venir les renforts ! hurla Herail qui avait, lui aussi, sorti son épée de son fourreau.

Dans la bataille, Abbas avait projeté Stephan au sol et se dirigeait vers lui pour lui assener le coup fatal, lorsque Lisbon prit son élan et le bouscula de toutes ses forces pour l'empêcher d'achever le jeune homme. Altaïr, qui n'avait de cesse de jeter des coups d'œil sur elle en même temps qu'il se battait contre les soldats, l'appela pour attirer son attention, puis lui envoya sa lame courte de telle manière qu'elle puisse la rattraper sans se blesser. L'agent sourit et se positionna en défense, prête à mettre en pratique les heures d'entrainement qu'elle avait enduré.

Les renforts arrivèrent presque aussitôt, Herail avait prévu suffisamment d'hommes qu'il avait mis en faction dans l'attente des évènements, et désormais il se félicitait de sa décision. Il hurlait à ses soldats d'attaquer tandis qu'il restait à bonne distance, l'épée toujours à la main.

Abbas n'avait pas eu le temps de s'en prendre à nouveau à Stephan et se battait à présent contre les soldats, tout comme Lisbon et Altaïr.

Bientôt, les cadavres jonchaient le sol, mais plus il en tombait et plus il en venait, et Altaïr cherchait une nouvelle façon de se sortir de là. Tout en se battant avec ses ennemis, il s'était rapproché de Lisbon, s'occupant de la couvrir quand elle ne voyait pas les attaques arriver. Même s'il devait intervenir, Altaïr était surpris des aptitudes que la jeune femme avait acquises, et celle-ci se battait de toutes ses forces, se lançant avec énergie dans le combat.

- Tessa, cours vers le bureau, tu trouveras de l'aide sur le chemin ! lança Altaïr en esquivant un coup.

- C'est hors de question Altaïr ! Je reste avec toi !

- J'ai un plan, mais je ne peux pas le mettre en pratique si tu restes ici !

Altaïr agrippa le col d'un soldat qui s'était trop approché et l'envoya rouler au loin sur le sol. Il tourna sur lui-même, brandissant son épée pour trancher le torse d'un autre soldat qui voulait profiter de la manœuvre. L'homme hurla de douleur et lâcha son sabre, et Altaïr enfonça sa lame avec force à travers son corps, dégageant aussitôt son arme en poussant le corps avec son pied et attaquant dans la foulée un autre adversaire.

- Altaïr non ! cria Lisbon

L'assassin retint sa lame à quelques centimètres du torse de l'homme qui avait chuté au sol. Stephan cligna des yeux, il s'était déjà vu périr sous l'épée du maitre assassin.

- Vas-t-en Stephan !

Le jeune homme haussa les sourcils et Altaïr, dubitatif, regardait Lisbon d'un air interrogateur. Le jeune soldat en profita pour se relever et s'enfuir en courant, et l'agent fit une moue de remerciement. A ce moment, Abbas lança son couteau qui alla s'enfoncer dans la nuque d'un homme qui s'était approché derrière Lisbon. Altaïr vit l'homme s'écrouler en un instant, et en suivant du regard la trajectoire du couteau, il fut étonné de voir qui avait sauvé la vie de son petit démon. A son tour, il fit une moue de remerciement, après quoi Abbas récupéra une épée sur l'un des soldats au sol pour reprendre le combat.

Herail, toujours dans son coin, hurlait sans arrêt après ses hommes, essayant de les encourager, et lorsqu'il appela encore d'autres renforts, Altaïr vociféra, avant d'enfoncer sa lame secrète dans le cou d'un garde qui s'était jeté sur lui. Cette fois la situation devenait difficile, les templiers arrivaient par vagues, il était temps de faire intervenir leurs alliés.

Altaïr siffla un air que Lisbon n'avait encore jamais entendu, et peu de temps après, les soldats tombaient comme des mouches, atteints par des couteaux de lancer venus des toits. Plusieurs hommes vêtus de blanc atterrirent sur le sol et se mêlèrent au combat, et Herail hurla de plus belle, sentant que la situation allait lui échapper.

- Tuez-les ! Qu'est-ce que vous attendez ! Bande d'incapables ! hurlait-il en brandissant son épée.

Libéré de ses assaillants par les autres assassins, Altaïr se dirigea vers Herail. Sa première mission avait été un échec, il était temps de la mener à bien. Tout en avançant vers lui, il esquivait et frappait ses adversaires, et lorsque le maitre templier comprit qu'il était devenu la cible d'Altaïr, ses yeux s'injectèrent de sang en même temps que sa tension explosait dans ses veines.

- Là ! Tuez-le ! Empêchez-le d'avancer ! Criait Herail en trépignant.

Altaïr s'accroupit pour faucher les pieds d'un garde qui l'attaquait tout en évitant son épée, et lorsque l'homme s'écroula il l'acheva en appuyant son épée vers le bas d'un coup brusque. Le soldat hurla et son corps tressaillait encore lorsqu'Altaïr retira son épée. Plus il s'approchait d'Herail et plus les templiers se ruaient sur lui avec hargne. L'assassin attrapa un couteau de lancer à son épaule et l'envoya, abattant un autre soldat avant qu'il n'ait le temps de l'approcher, et transperça le suivant de sa lame secrète après d'habiles mouvements parfaitement synchronisés.

Herail s'éloignait progressivement en voyant l'assassin réduire la distance au fur et à mesure. Manifestement, même des hordes de gardes n'étaient pas suffisants pour renverser un petit groupe d'assassins. Mais il eut soudain une lueur d'espoir lorsque le maitre assassin fléchit sous un coup d'épée. Altaïr grimaça avant de se débarrasser de son agresseur. La douleur l'envahit et sa tunique, déjà mouchetée du sang de ses ennemis, se teinta en rouge au niveau de la plaie sur son thorax. Altaïr reprit son souffle avec du mal, mais il continua à avancer et à se frayer un chemin vers sa cible, tuant, bousculant, transperçant, et foudroyant ses adversaires. Lorsqu'il fut trop proche au gout du maitre templier, celui-ci chargea l'assassin en criant, sa lourde épée au dessus de la tête, puis il l'abattit de toutes ses forces sur Altaïr qui esquiva juste à temps. Herail hurla à nouveau et dévia son coup en une seconde, frappant avec énergie le plat de l'épée contre l'épaule de l'assassin qui s'écroula au sol lourdement, le souffle coupé. Herail releva son épée, la pointe vers le bas pour en finir avec son adversaire, mais Altaïr roula sur le sol et l'épée vint s'enficher dans la terre. Le templier grogna, mais avant qu'il ait eu le temps de dégager l'épée, Altaïr roula dans le sens inverse, plaquant l'épée sur le sol avec son poids, et désarmant le templier. Il donna ensuite un grand coup de pied dans le tibia d'Herail qui s'écroula à son tour, hurlant de rage et de douleur.

Altaïr se redressa rapidement, grimaçant en sentant la plaie qui avait désormais inondé sa tunique de sang. Il jeta un œil vers Lisbon, elle était entourée d'autres assassins qui se battaient avec agilité, elle était donc entre de bonnes mains. Rassuré, il se leva, déployant sa lame secrète, mais avant qu'il puisse attaquer, un garde vint s'interposer, et leurs lames s'entrechoquèrent avec force. Il lui fallut encore un effort pour venir à bout du garde, mais Herail en avait profité, une fois de plus, pour tenter de s'enfuir.

- Tuez-le ! Allez-y tuez- le ! Hurlait Herail, avec moins de conviction et plus de peur dans la voix.

Altaïr ramassa une épée, et se battait à l'aide des deux armes, l'épée dans une main, et sa lame secrète dans l'autre. Un soldat hurla lorsque la fine lame sectionna sa carotide, éclaboussant de sang tout ce qui se trouvait autour de lui. Il assomma un autre soldat avec le plat de son épée, faute de pouvoir agir autrement, mais affaibli, il ne put éviter le sabre du troisième templier qui entailla profondément son épaule.

- Très bien ! Cria Herail, planqué derrière ses hommes.

Altaïr sentit la rage monter en lui, il était hors de question de subir un nouvel échec, Herail devait périr ou l'ordre des assassins serait en danger, de Damas à Masyaf. Il déstabilisa son agresseur d'un coup de pied et l'envoya rouler au loin, mais son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il aperçut un géant, semblable à celui qui avait faillit le tuer devant la garnison, courir vers l'estrade comme si on avait lâché un taureau dans une arène. L'assassin prit une grande inspiration.

- C'est lui ! C'est lui qui a tué ton frère ! Cria l'un des gardes en désignant Altaïr du doigt.

Le géant se tourna vers Altaïr qui se figea, il avait l'impression de revenir des semaines en arrière. L'homme se dirigea tranquillement vers l'assassin. Il avait remarqué son état et pour lui, c'était une proie facile. Herail ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles en voyant le géant arriver. Altaïr respirait bruyamment, ses blessures commençaient à l'ébranler, et pour la première fois depuis le début du conflit il doutait de l'issue de sa mission.

Il y eut comme une pause dans le combat, chacun remarquant ce qui se passait, curieux d'observer la confrontation. Lisbon écarquilla les yeux au passage du géant. Elle chercha Altaïr du regard et fut prise d'effroi en le voyant, figé, couvert de sang.

- Altaïr ! Hurla-t-elle avant de se lancer vers le géant, arme en avant.

Abbas l'agrippa avant qu'elle ne puisse atteindre l'homme, et elle se débattit avec force pour essayer de se libérer.

- Lâche-moi Abbas !

Contre toute attente, le maitre assassin afficha son fameux sourire en coin, et le géant ralentit son allure, se demandant quel piège pouvait rendre l'assassin si confiant. Il fut vite fixé lorsqu'Altaïr sortit le revolver de Lisbon du holster et le dirigea vers lui. Lisbon cessa de se débattre en un instant, et le géant s'arrêta net dans sa lancée. Altaïr appuya sur la gâchette mais rien ne se passa, il essaya encore, appuyant plus fort, secouant l'arme, vociférant, mais toujours rien… le templier se mit à rire en voyant que l'arme ne fonctionnait visiblement pas et il se remit à marcher vers l'assassin dépité.

- La sécurité ! Retire la sécurité ! cria Lisbon, comprenant pourquoi le revolver ne fonctionnait pas

Altaïr réfléchit rapidement à l'explication que Lisbon avait donnée. Il observa l'arme et heureusement, il se souvint de ce que Lisbon appelait la sécurité. Il retira le petit cran de sureté et visa à nouveau le géant qui n'était plus qu'à quelques mètres. Le coup de feu retentit, faisant sursauter tout le monde, et le géant recula en posant sa main sur son armure. L'impact avait été rude, mais le géant avait été protégé par le métal, et une fois qu'il comprit qu'il n'était pas blessé, il avança à nouveau vers sa cible. Altaïr haussa les sourcils, comment pouvait-il survivre à cette arme ? Il tira encore une fois, puis encore, et enfin, après le quatrième coup de feu, le géant s'écroula, une balle entre les deux yeux.

Il y eut un silence total pendant quelques secondes, et lorsqu'Altaïr braqua le revolver sur d'autres soldats, ceux-ci s'enfuirent en lâchant leurs sabres et leurs couteaux dans la panique.

- Revenez ici ! C'est un ordre ! Hurlait Herail

Bientôt il ne restait plus qu'un petit groupe d'assassins et quelques soldats courageux servant de gardes du corps à leur grand maitre. Altaïr baissa l'arme et ses jambes se dérobèrent sous son poids. Il tomba genoux à terre, le souffle court, et Herail hurla à nouveau.

- Achevez-le ! Qu'est ce que vous attendez !

Les quelques gardes qui restaient hésitaient à reprendre le combat, et lorsque l'un d'entre eux fit un pas vers Altaïr, il s'écroula aussitôt, un couteau de lancer enfoncé dans la gorge.

- Mais allez-y bon sang ! Je vous l'ordonne !

Lisbon se débattit à nouveau, Altaïr semblait perdre toutes ses forces, mais Abbas ne relâchait pas son étreinte.

- Reste calme ! Fais-lui confiance… chuchota-t-il à l'oreille de l'agent.

Altaïr s'écroula sur le sol, et Herail, qui ne pouvait faire bouger ses gardes, arracha un sabre des mains de l'un d'eux pour foncer sur l'assassin.

- Non ! hurla Lisbon, décontenancée par le manque de réaction des autres assassins.

Herail posa un genou à coté d'Altaïr pour se rapprocher de lui, sa fierté l'emportant sur la raison, et il ne put s'empêcher de lui dire quelques mots avant de l'achever.

- Tu as perdu assassin, et quand tu seras en Enfer, je marcherai sur Masyaf !

Le maitre templier brandit le sabre, mais avant qu'il ne l'abatte sur l'assassin, un bruit métallique résonna dans toute la place, désormais silencieuse. Un grognement suivit, celui d'Herail, la lame secrète de l'assassin plantée dans la gorge. C'est le seul son qui pouvait encore sortir de sa bouche, en même temps qu'un filet de sang.

- On se retrouvera en Enfer, Templier… chuchota Altaïr.

Herail s'écroula à coté d'Altaïr, et les gardes s'enfuirent, poussés par les sifflements des assassins qui les narguaient. S'en était fini.

- Tu ne connais pas cette tactique Tessa ? demanda Abbas en lâchant la jeune femme.

Lisbon se tourna vers Abbas et le gifla bruyamment en le fusillant du regard, faisant monter une petite clameur et des rires parmi les assassins. Puis elle se rua vers Altaïr, repoussant difficilement le corps sans vie d'Herail.

- Hey mon ange… Comment tu te sens ? fit-elle en essayant de ne pas montrer son inquiétude.

- Je me suis déjà senti mieux, grimaça l'homme.

- Tu as réussi ta mission… souritLisbon avant de se pencher et de l'embrasser.

Lorsqu'elle se redressa, elle était entourée de tous les assassins. Ils agrippèrent Altaïr pour l'aider à se remettre sur ses pieds et deux d'entre eux l'empoignèrent sous les bras pour l'accompagner.

- Nos chemins se séparent ici, prends soin de lui Tessa, et rentrez vite avant qu'il ne se vide de son sang et que les sarrasins ne s'en mêlent… conseilla Abbas.

- Je ne sais pas si je dois te haïr ou te remercier Abbas, je penche plutôt pour la première solution, c'est par ta faute que nous en sommes arrivés là ! Siffla Teresa

- Haïs moi, je ne vous ai aidé que pour sauver ma vie, Altaïr aurait tenu sa promesse, alors que maintenant, il a une dette envers moi et il le sait, lança Abbas avant de courir dans le sens opposé.

- Lâche… murmura Lisbon en le regardant partir.

Lisbon remonta sa capuche sur sa tête et suivit les autres assassins qui avaient pris de l'avance. Une fois à l'abri des regards, l'un d'entre eux retira sa tunique et ils aidèrent Altaïr à retirer la sienne. Lisbon s'inquiéta de plus belle, il était mal en point. Elle avait tellement l'habitude de le voir fort et sûr de lui qu'elle le croyait presque invincible. L'homme avait perdu beaucoup de sang, et son teint était pâle et sa respiration difficile. Il semblait perdre ses forces à vue d'œil et Lisbon commença à paniquer. Les assassins lui enfilèrent la tenue encore blanche, et celui qui avait donné la sienne se changea pour ressembler à n'importe quel habitant de Damas, puis alla se mêler à la foule en s'enfonçant dans les rues de la cité.

Ils se positionnèrent tous en groupe, deux d'entre eux maintenaient fermement Altaïr pendant que les autres les entouraient, les mains jointes devant le visage, la tête baissée, se faisant passer pour un groupe d'érudits. C'est de cette manière qu'ils traversèrent la ville jusqu'au bureau, protégés et guidés par des éclaireurs sur les toits. Lisbon suivait, les larmes aux yeux en voyant que plus ils avançaient et moins Altaïr se tenait droit, jusqu'à ce que ses pieds trainent sur le sol, incapables de le soutenir plus longtemps.

Elle le croyait déjà mort quand ils le placèrent sur la table du bureau, et que le Rafiq se pencha sur lui. Mais il respirait toujours, son torse montait et descendait lentement, tandis que Lisbon, pétrifiée, ne voyait que ce corps inerte et inconscient.

Il avait perdu beaucoup de sang, mais ses blessures guériraient, et après du repos, il se remettrait, Altaïr était robuste, avait dit le Rafiq. Celui-ci avait suturé les plaies, les avait enduites d'une de ses concoctions dont seuls les sages avaient le secret, et les avait pansées. La nuit été tombée, mais l'assassin ne s'était toujours pas réveillé, et Lisbon ne l'avait pas quitté, glissant inlassablement ses doigts dans les cheveux de l'homme endormi. S'il mourrait, à quoi bon rester, rien ne la retiendrait plus ici, à part peut-être continuer son combat, pensait-elle en frôlant toutes les courbes de son visage du bout du doigt. Il avait l'air de dormir, serein et posé, comme un enfant.

Lisbon se redressa et alla chercher son téléphone. Encore une photo, une de plus, peut-être la dernière. En traversant la petite pièce elle alluma le téléphone, mais son attention fut vite déviée de l'écran à une lumière qui s'échappait du tas de vêtements ensanglantés qui trainait encore parterre, une lueur, comme emprisonnée dans le tissu. Elle jeta un œil à Altaïr, il n'avait pas bougé, et elle s'approcha de la lueur qui avait l'air de plus en plus intense. La petite sacoche attachée à la ceinture d'Altaïr. L'orbe…

L'assassin cligna des yeux et la douleur s'éveilla aussitôt, le faisant grimacer, mais il reconnut tout de suite l'endroit où il se trouvait, et il laissa échapper un soupir de soulagement. Il redressa la tête lentement, encore faible, et aperçu son petit démon, accroupit devant… devant de la lumière ?

- Tessa ?

Elle tourna le regard vers lui, et un large sourire se dessina immédiatement sur son visage.

- Mon amour…

Il y eut un flash si intense qu'il fut aveuglé pendant plusieurs secondes, et lorsque sa vision se rétablit assez pour qu'il distingue ce qu'il y avait dans la petite pièce sombre éclairée par quelques bougies, elle n'était plus là.


Tout était noir, d'un noir profond, et tout ce que Lisbon put apercevoir fut quelques petites lueurs blanches, comme des étoiles, qui luisaient au loin. Les petites étoiles furent de plus en plus nombreuses, apparaissant au hasard tout autour d'elle, puis elles se mirent à danser, dans tous les sens, se multipliant encore et encore. Elle était sur le sol, peut-être, elle n'en était pas sure, toujours accroupie comme si elle n'avait pas quitté la pièce dans laquelle elle était quelques secondes auparavant, la petite boule métallique au creux de la main. Les étoiles devenaient si nombreuses qu'elles commençaient à éclairer les alentours. Mais où était-elle ? Elle ne ressentait rien, ni peur, ni joie, ni angoisse, ni douleur, tout était si étrange, une grande paix intérieure comme si on avait déconnecté ses sentiments, ses émotions. Les étoiles virevoltaient autour d'elle, de plus en plus intenses, et elles se rejoignirent pour former une silhouette dont les contours se dessinaient au fur et à mesure jusqu'à ce que l'image d'une femme apparaisse, comme une entité, un fantôme. Bientôt les détails de son visage apparurent et elle semblait vivante, flottant dans l'immensité noire.

- Bonjour Teresa… fit-elle, sa voix résonnant dans ce vide inexplicable.

- Qui êtes-vous ? Et où suis-je ? Balbutia Lisbon, les yeux rivés sur l'entité.

- Je m'appelle Minerve, et j'ai un message à te transmettre…

- D'où venez-vous ?

- Je suis de ceux qui étaient là avant…

- Que me voulez-vous ?

- Tu dois comprendre l'importance de ton fils…

- Mon fils ?

- L'enfant qui est en train de grandir en toi…

- Quoi ? Mais... je… j'attends un enfant ? Bégaya Lisbon en passant sa main sur son ventre

- Grace à lui, l'ADN hybride engendré par l'union des hommes et de ma civilisation sera réactivé. Il a été altéré et fragilisé au fil du temps et des générations, et les hommes ont perdu les capacités qui étaient associées à leurs gènes.

- Je ne comprends pas…

-Le monde tel que tu le connais ne sera bientôt plus, et la guerre entre les templiers et les Assassins reprendra de plus belle. A ton époque, les templiers gagnent du terrain, ils ont découvert le moyen de retrouver les fragments d'Eden et d'acquérir les capacités de leurs ancêtres grâce à une machine nommée Animus. Leurs intentions sont mauvaises et hostiles, nous ne pouvons les laisser faire.

- Quelles capacités ?

- Celles d'Altaïr, qu'il a hérité de son père et de ses ascendants, comme la vision d'aigle…

- Je ne sais pas ce que c'est…

- Nous n'avions pas d'autre moyen de faire revivre cet ADN à ton époque, le fils d'Altaïr va développer les capacités de son père et les améliorer. Sans cela, le combat contre les templiers est perdu d'avance.

- Je… je ne comprends rien, vous voulez dire que vous m'avez fait revenir dans le passé pour que j'aie un enfant ?

- Ton fils sera un homme clé, comme l'a été son père avant lui. Notre choix s'est porté sur Altaïr car il a marqué l'histoire des Assassins, il a été un exemple et un guide pour les générations qui l'ont suivi, par ses idées, et par ses écrits. L'ordre des assassins a vécu par Altaïr, et il vivra à nouveau par son fils.

- Pourquoi moi… demanda Lisbon, alors que des larmes roulaient sur ses joues sans qu'elle ne ressente aucune émotion.

- Nous avons attendu tellement longtemps, il s'est écoulé presque un siècle… De toutes les personnes qui ont touché l'orbe, tu étais la seule compatible. Nous devions être certains de votre union.

- Forcément, si on n'avait pas pu s'encadrer, ça aurait été difficile de faire un bébé…

L'entité se contenta d'hocher la tête alors que Lisbon essuyait ses larmes qui coulaient à flot sans qu'elle ne puisse les contrôler.

- Et maintenant que j'ai rencontré l'amour de ma vie, vous me séparez de lui, dit-elle sèchement.

- Le choix ne nous appartient pas Teresa…

- Qui décide alors ? Je vais le revoir ?

- C'est une possibilité, ton fils devra toujours y croire, ne le laisse jamais douter de sa destinée…

L'entité commençait à disparaitre peu à peu, les étoiles repartaient les unes après les autres, de plus en plus vite, et la silhouette s'évapora comme si elle se désintégrait en milliers de particules.

- Attendez ! Altaïr va survivre ? J'ai besoin de savoir ! Il était si faible !

- Altaïr a encore beaucoup à accomplir. Pour lui, tout ne fait que commencer, il vivra…. Fit la voix, de plus en plus lointaine…

Alors que la forme avait presque totalement disparue, les étoiles se mirent à tourbillonner rapidement autour de Lisbon, formant comme un tunnel où elle eut l'impression d'être aspirée.


Patrick Jane se frotta les yeux, encore éblouit par l'éclair lumineux qui venait de l'aveugler. Ses yeux clairs mirent quelques temps à se réadapter à la lumière ambiante et il vit Lisbon à terre, inconsciente, une boule métallique dans la main.

- Lisbon ? Lisbon !

Il se jeta rapidement sur elle et tapota sa joue, lui faisant reprendre ses esprits.

- Allons Lisbon ! Réveillez-vous !

La jeune femme cligna des yeux pour se focaliser sur le visage qui était penché au dessus d'elle. Lorsqu'elle prit conscience de ce qui venait de se passer, elle se redressa d'un bond et examina frénétiquement les lieux. La petite pièce poussiéreuse, la villa, Jane… Elle était revenue ?

- Non… non pas ça….. Non je ne veux pas !

- Lisbon ? Que s'est-il passé ? Vous avez vu ce flash ? C'était incroyable, d'où cela venait-il…

L'agent n'écoutait pas, elle sentait tous ses sens se mettre en éveil, toutes ses émotions se réveiller en elle et menacer d'exploser d'un moment à l'autre. Elle avait retrouvé ses habits, sa plaque, son holster… Elle fouilla dans sa poche, son téléphone aussi…

- Ca ne va pas ? Demanda Jane, de plus en plus étonné du comportement de la jeune femme.

Lisbon hurla, faisant sursauter le consultant, puis elle éclata en sanglots, laissant échapper toute la colère, la tristesse et la frustration qu'elle avait été incapable d'éprouver en présence de l'entité.

- Mon Dieu, non ! Ramenez-moi je vous en prie ! Ramenez-moi auprès de lui ! Par pitié ! Criait-elle en serrant l'orbe entre ses mains.

Jane était désemparé par ce changement brutal de comportement et par les paroles de Lisbon, et lorsque le reste de l'équipe fit son apparition, alertés par les cris et les pleurs, il recula pour leur laisser la place, encore sous le choc.

Une Ambulance avait été appelée, et on avait fait une injection à Lisbon pour la calmer. Elle était allongée sur un brancard et lorsqu'elle tendit la main vers Jane, celui-ci glissa sa main dans la sienne.

- Je suis enceinte Jane… murmura-t-elle à l'homme, qui haussa les sourcils.

- C'est une merveilleuse nouvelle Lisbon…

- J'ai voyagé, 800 ans en arrière, vous devez me croire…

- Vous devez vous reposer Teresa…. Fit Jane avec un sourire rassurant.

- Mon téléphone, il y a des photos, et des vidéos…

- Très bien, mais maintenant vous allez prendre du repos et tout ira pour le mieux.

- Reste avec moi Patrick… murmura-t-elle à nouveau avant que les sédatifs ne l'emportent dans les bras de Morphée.

Dans l'ambulance, Jane observait attentivement la jeune femme qui dormait sur le brancard, secouée par les reliefs de la route. Elle tenait fermement cette boule métallique dans la main, personne n'avait réussit à l'en séparer. Mais il savait, son instinct et ses dons d'observation ne lui mentaient jamais, il savait que quelque chose était arrivé. Son physique avait changé, elle était plus mince, et beaucoup plus bronzée, et ne parlons pas de son mental. Tout cela, dans le laps de temps qu'avait duré ce flash ?

Une fois arrivés à l'hôpital, il subtilisa le téléphone de la jeune femme lorsque les infirmières déposèrent le sac contenant ses affaires personnelles. Puis lorsqu'il fut convié à sortir, il s'isola pour jeter un œil aux photos, et aux vidéos…

Au bout d'une minute, un frisson parcourut tout son corps, et plus rien n'avait de sens…


Juste après le flash de lumière, Altaïr tenta de se redresser et il appuya son coude en arrière malgré la douleur insupportable qui tiraillait tout son thorax.

- Tessa ?

L'homme avala sa salive, il ne voulait pas croire à ce dont il avait été témoin, il avait peur de comprendre, peur que ce soit réel, et son esprit lui criait qu'elle avait juste quitté la pièce, qu'elle allait revenir d'un moment à l'autre, que ce n'était pas du tout l'orbe qui venait de l'arracher à lui aussi vite qu'il l'avait amenée.

Il se rallongea en grimaçant, des larmes coulèrent sur ses joues, et son cœur se serra si fort qu'il pouvait à peine respirer. La dernière fois qu'il avait ressenti une douleur aussi vive, c'était à la mort de son père et jamais cette cicatrice ne s'était refermée.

Il lui fallut du temps pour se remettre à respirer, à penser, à revivre, et à cette minute, il s'était juré de consacrer sa vie à rechercher et décrypter les mécanismes de l'orbe, son seul moyen pour, peut-être, pouvoir la retrouver…


Damas, Janvier 1196

Cela faisait presque 2 ans maintenant, L'assassin avait changé depuis ce jour, Ismaël pouvait le dire. Désormais, il était dévoué à un seul et unique but, la retrouver, c'était devenu une obsession. Dans cette optique, il s'était donné tous les moyens d'y parvenir, travaillant de façon acharnée. Certains le croyaient fou lorsqu'il s'enfermait des jours et des semaines dans ses quartiers pour étudier l'orbe, ne sortant que par nécessité ou pour accomplir une mission d'assassinat qui le mènerait, forcément, à un nouvel indice dans sa quête.

Les cloches de la ville résonnaient au loin, signe d'alerte. Altaïr avait débarrassé la ville d'un autre fardeau. Sa cible était morte, la gorge tranchée par sa lame secrète, assassinée froidement.

L'homme se laissa tomber dans la petite cour du bureau, après s'être agrippé après le treillis de bois, sans un bruit, comme à son habitude. Damas était sa bouffée d'oxygène, et il s'y rendait le plus souvent possible. La compagnie d'Ismaël était devenue un remède lorsqu'il se sentait déprimé, il était le seul à comprendre, et les deux hommes aimaient se remémorer de bons souvenirs. Ici, il se sentait bien.

Il entra dans le bureau et l'odeur du thé vint de suite chatouiller ses sens, lui rappelant automatiquement les images de ces souvenirs agréables, et un léger sourire se dessina sur les lèvres de l'assassin.

- Tu as une fois de plus accompli ta mission Altaïr, je te félicite.

- Merci Rafiq…

- Tu vas….

Le Rafiq sursauta, coupé dans sa phrase. Un éclair éblouissant venait de traverser la pièce. Le petit démon était de retour, et elle n'était pas seule...


Je m'appelle Darim Lisbon, enfin, je crois. Je ne suis pas un adolescent comme les autres, du moins, c'est ce que ma mère m'a toujours expliqué. Depuis aussi loin que je m'en rappelle, tous les soirs, nous avons le même rituel elle et moi avant de nous coucher. Nous nous habillons tout de blanc, ma mère a un sac toujours prêt avec « ce qui est nécessaire » comme elle dit, et nous touchons, ensemble, cette boule de fer gravée qu'elle appelle l'orbe. Maman disait que c'était comme ça qu'elle était partie la première fois, et qu'un jour, nous repartirions tous les deux, et nous retrouverions mon père. Il ne s'est jamais rien passé… Au début, je ne me suis jamais posé la question de savoir si c'était normal, mais depuis quelques années, je ne suis plus certain de rien. Ma mère est-elle folle ?

Mon père lui, je ne l'ai jamais connu, à part en photo, ou sur des petits films que ma mère garde précieusement. Il est déguisé, mais il n'y a pas de doute, c'est bien mon père, c'est lui que je vois quand je me regarde dans le miroir. Il est mort, il y a quelque chose comme 800 ans, c'est ce qu'elle a toujours dit, de vieillesse espérait-elle… mais comment y croire ?

Nous avons voyagé en Syrie, à Damas, ma mère disait que tout avait changé en 800 ans, mais la forteresse de Masyaf, ou du moins les ruines, était toujours là. Elle m'expliquait comment c'était à l'époque, je la prenais pour une givrée, comme si elle pouvait savoir, comme si elle avait voyagé dans le temps… Mais ses larmes, sa détresse, étaient toujours réelles… Elle y croyait vraiment ? Elle a fait tellement de recherches pour retrouver une trace de mon père dans l'histoire. Une chose est certaine, elle l'aimait d'un amour hors du commun qui ne l'a jamais quittée jusqu'à présent. Mais pour moi elle débloque, elle doit être malade, comment on dit encore ? Schizophrène…

Depuis ma tendre enfance nous nous entrainons au combat : couteau, épée, sabre, armes à feu, et même à mains nues. Mes profs sont des assassins de la confrérie parait-il. Ils savent bien se battre, c'est vrai, mais ce sont des personnes comme tout le monde…. J'ai aussi appris toutes les techniques de furtivité et d'assassinat, un comble quand on sait que ma mère travaillait au CBI. Elle dit que c'est ma destinée. Je suis bilingue, je parle couramment l'arabe et je connais par cœur l'histoire des templiers et des assassins, bien que je n'ai jamais vu le nom de mon père dans les manuels… tu m'étonnes, il doit être quelque part dans son camion à sillonner les routes de Californie... Le Grand Maitre de l'Ordre des Assassins… le grand maitre du bar de la 13ème oui…

Je n'avais jamais douté avant, c'est seulement arrivé une fois que j'ai pu atteindre l'âge de compréhension et me faire ma propre opinion. C'est vrai, on ne voit ca que dans les films. Ce qui me rassure, c'est que Patrick, lui, il y croit, il était là quand c'est arrivé la première fois. Patrick c'est mon oncle, mais c'est comme un père pour moi, il nous a toujours soutenus moi et ma mère, même quand elle a quitté le CBI.

La guerre entre les assassins et les templiers fait encore rage de nos jours, et je suis sensé être celui qui doit tout changer… Je ne savais plus quoi penser, mais j'en avais marre de m'entrainer à me battre encore et encore, et à être un parfait meurtrier… je voulais tout arrêter, avoir une vie normale…

Jusqu'à cette nuit là où j'ai compris, j'ai su que tout était vrai, j'ai regretté mes doutes, j'ai enfin aperçu la lumière, ce grand éclair éblouissant lorsque nous avons touché l'orbe… Et je l'ai rencontré… Nous l'avons retrouvé : mon père...

Ma vie a changé à cet instant. Maintenant, je sais qui je suis.

Je m'appelle Darim Ibn La'Ahad, fils d'Altaïr et Teresa Ibn La'Ahad, et je suis un Assassin.

FIN…

J'espère que cette histoire vous a plu, elle laisse beaucoup de portes ouvertes alors à vous de voir ou imaginer... Je tiens encore à remercier les personnes qui ont reviewé, particulièrement Eolane et Nyarla, merci pour votre soutien, ça fait plaisir.

A/N du 06/2016 : Suite à plusieurs commentaires, je reviens, presque 4 ans après la publication de cette fic afin de mettre un terme à l'ambiguïté qui règnait sur la fin. Pas grand chose, je n'ai rajouté que quelques mots, et j'espère qu'ils feront toute la différence quant aux retrouvailles de nos héros. Oui ! Ils se retrouvent ! Je regrette de ne pas avoir été assez claire lors de la première publication et d'avoir fait pleurer dans les chaumières, mais j'espère qu'à présent le doute n'est plus possible.

Un grand merci à tous ceux et celles qui ont continué à reviewer cette histoire, même aussi longtemps après sa publication, et particulièrement à lululuciole qui m'a donné envie de me repencher sur cette fic avec son petit message.