La plupart des personnages et des lieux sont de J. , les autres sont le produit de mon imagination avec peut-être l'influence fortuite ou inconsciente de quelques auteurs de fan-fic… En tout état de cause, si vous vous reconnaissez ou reconnaissez quelqu'un, dites-le moi, je rendrai à César ce qui est à César…
Avertissements : Bien que ce ne soit pas un slash
- Relations explicites entre personnes de même sexe dans certains chapitres
- Viol
- Torture
- Langage cru dans certains passages
Vous voilà prévenu(e)s.
Mineur(e)s et âmes sensibles se tenir à l'écart de cette fic.
OoOoOoO
Remerciements
A Mistycal, ma bêta, pour son indéfectible fidélité…
OoOoOoO
Bonjour à toutes et tous !
Comme promis, me voilà de retour ! J'espère que vous avez passé un agréable été et que vous êtes en pleine forme ! Vous m'avez beaucoup manqué durant ces quelques semaines et je me réjouis de vous retrouver sur le Livre IV !
Pour commencer, je vous propose un rapide résumé du LIII, pour vous rafraîchir un peu la mémoire et j'enchaine tout de suite après, avec le premier volet du premier chapitre du LIV !
Résumé du LIII :
Le début d'année 1997 a été très difficile pour nos jeunes héros et pour Harry en particulier. Capturé par la Goule Venimeuse lors de l'attaque du Poudlard Express par les Vengeurs, menés par Edmond Parkinson, en même temps que Jérémy Costner, un jeune Âne Bâté de Première Année, il est emmené à Priest Hole Manor, où il est longuement et cruellement torturé par Voldemort.
Bien que très affaibli et sous l'emprise d'une terrible Potions de Cauchemars, il parvient à s'évader, avec l'aide de Jérémy qui a ouvert les yeux sur Voldemort et s'est beaucoup rapproché de lui, mais aussi celle de Ron, Hermione, Nally et Severus, qui sont entrés en Communion Magique avec lui et lui donnent régulièrement de l'Energie pour résister, et enfin celle de Tristan, dont Harry révèlera plus tard à Ron et Hermione, qu'il s'agit d'un ami imaginaire qu'il s'était créée dans sa toute petite enfance, pour faire face à sa solitude et à ses peurs, quand il était dans son placard sous l'escalier..
Dans le même temps, alors que Harry et Jérémy se dirigent vers le Passage Secret qui doit leur permettre de sortir de Priest Hole Manor, Voldemort fait évader ses Mangemorts d'Azkaban. Puis Harry et Jérémy parviennent de justesse à échapper à Voldemort, désireux d'offrir Jérémy en cadeau de noce à Lucius. Plus tard dans la nuit, furieux de leur évasion, il lance ses troupes à l'attaque.
Cependant, Syssoï Alexeïevitch ne le suit pas. Il enlève Ievguenia, sa fille, toute nouvelle épouse de Lucius, du Manoir Malfoy. La mère d'Ievguenia est tuée par Pansy Parkinson au moment de leur départ pour Poudlard et la jeune femme, traumatisée par sa brève, mais cruelle « nuit de noces », est dans un état catatonique. Elle est donc emmenée dans l'annexe de l'infirmerie, où Alexeïevitch la confie à la responsabilité de Draco.
Puis le père de la jeune femme, apprend à Albus et Remus, que Madame Zabini, surnommée la Gorgone par son fils, a lancé un contrat sur la tête de Blaise et sur celle de Miho. Le contrat a été accepté par plusieurs élèves Pro-Voldemort. Bien que la Gorgone ait été torturée et tuée par Voldemort qui l'accusait de complicité dans l'évasion de Harry et Jérémy, le contrat est encore valide jusqu'aux environs du 22 février et Miho est mise à l'abri au Village des Elfes. Mais Blaise refuse de partir.
Par la suite, la reconstruction de Harry et Jérémy va être longue et difficile, surtout pour Harry, qui subit encore régulièrement l'emprise de la Potion de Cauchemars, qu'il a été forcé d'ingurgiter en trop grande quantité et s'est accumulée dans son organisme. Il en fait l'amère expérience à plusieurs reprises, notamment le jour où, au cours d'une tentative de meurtre sur Astoria Greengrass, celle-ci, Jérémy et Alioth Vila se perdent dans un Passage Secret très dangereux qui les mène à trouver le squelette de Salazar Serpentard, dans les tréfonds des entrailles de Poudlard… et à faire connaissance avec son fantasque Fantôme dont l'histoire est absolument rocambolesque.
Il apprend en effet à nos héros, qu'il a été tué par Artemus, l'un de ses nombreux demi-frères, qui a profité de leur grande ressemblance, pour lui voler son identité et le fruit de ses travaux, avant de lui faire la réputation horrible qu'on lui connait. Par ailleurs, Artemus est le véritable Ancêtre de Voldemort, car Salazar Serpentard n'a pas eu d'enfant…
Le même soir, Voldemort, rencontrant dans sa chasse au trésor, bien plus de succès qu'Algie et Rupert dans la leur, trouve enfin le faux tombeau de son ancêtre. Il entre donc en possession du collier et de la bague contenant un micro. A son retour au Manoir Malfoy, il offre la bague à Lucius. Puis, avant de jeter ses Mangemorts dans une attaque au cours de laquelle Remus sera très gravement blessé, le père de Lee Jordan et Syssoï Alexeïevitch tués, Voldemort révèle à Lucius, son intention d'infiltrer un Mangemort non marqué dans les rangs de l'Ordre du Phénix.
En effet, Voldemort ayant pris contact avec son jeune Espion de Poudlard en janvier, est certain que le Trio, Draco, leurs amis proches et les Membres de l'Ordre, prennent une Potion qui leur permet d'avoir plus de résistance physique et d'énergie Magique pour combattre. L'Espion qu'il souhaite infiltrer dans l'Ordre, aura donc pour mission de trouver la formule de cette Potion. L'intention de Voldemort est également de faire tuer Severus, par son jeune Espion.
Décision est alors prise au cours d'une Réunion de l'Ordre, que Severus doit mourir…
Un accident sera donc organisé à Poudlard. Severus « mort », il sera remplacé par Egidus Latton, l'Espion de Voldemort, mais il sera, sous l'identité de Gauthier Sylvestre, un français fiancé à Nally, le remplaçant de cette dernière, au poste de professeur de DCFM. Nally, quant à elle, deviendra professeur de Duel à plein temps avec Remus, car sous la pression de nombreux parents, le club de Duel sera désormais un cours optionnel et l'on compte sur de nombreux participants à ce cours.
Gauthier Sylvestre fait sensation à son arrivée, avec Croquemitaine, un labrador d'environ cinq ou six mois. Severus (en réalité Bill sous Polynectar), « meurt » le lendemain, comme prévu Latton prend son poste et la vie reprend son cours « normal » à Poudlard, jusqu'au jour de la St Valentin.
Albus Dumbledore et les professeurs ont décidé que cet après-midi-là, les élèves étant privés de sortis depuis le début de l'année scolaire, Pré Au Lard viendra à Poudlard. Des salles seront donc transformées en salons de thé et boutiques. La nouvelle est accueillie avec joie par tout le monde.
Mais voilà, que le nez de Ron se met cruellement à chatouiller…
Avec l'aide de Harry, Ron comprend que Voldemort va lancer une attaque d'envergure sur le Village Sorcier de Dublin, où a lieu une grande fête de la St Valentin, qui attire de très nombreux touristes.
L'Ordre du Phénix est mis en alerte et l'intuition de Ron s'avère juste. De nombreuses recrues arrivent au Manoir Malfoy où Voldemort a laissé entendre à Lucius, qu'il va jeter une Attaque sur le monde Sorcier. Mais malgré l'insistance d'Arthur, les membres du Conseil des Sages de Dublin, refusent d'évacuer le Village, sous prétexte que les Attaques de Voldemort ont toujours lieu la nuit.
Pendant ce temps, un visiteur arrive au Manoir Malfoy et remet un message écrit à Lucius, qui le montre à Voldemort. Ce dernier met une partie de ses troupes à sa disposition, avec ordre de régler cette affaire. Une seconde attaque est donc à contrer, mais où ? Ni Voldemort, ni Lucius n'en donnent indication…
Après une demi-heure de vaines négociations, Arthur prend des mesures pour faire évacuer le Village de Dublin, malgré l'opposition des Sages du Conseil. Mais c'est trop tard, car déjà Voldemort lance l'attaque. Les Villageois et les touristes sont pris au piège.
A Poudlard, Draco pour tromper le temps et l'attente fébrile des nouvelles, s'entraîne au Quidditch avec quelques amis du Comité, dont Blaise, Neville, Théo, Ginny et Luna, tandis que Harry, Ron et Hermione font visiter les boutiques et salon de thé à Jérémy, Astoria, Dennis et Alioth.
Soudainement, Draco se rend compte que Pré Au Lard, où il sait Narcissa, Annabelle et Ievguenia, est attaqué. Il décide de voler au secours de sa mère, de sa petite amie et de sa protégée, avec une vingtaine de ses amis. Apprenant cela, Harry, en proie à une vive émotion, subit brutalement l'effet des résidus de Potions de Cauchemars qui se trouvent encore dans son organisme. Ron rencontre beaucoup de difficultés à le faire sortir de son cauchemar, tandis que les combats font déjà rage à Dublin et Pré Au Lard et à peine Harry en est-il sorti, s'endormant d'épuisement, que le C.C.S.A.B.P.M. est à son tour mis en alerte : Peter Pettigrew, arrive à Poudlard, par le Passage Secret de la Sorcière Borgne…
Hermione et quelques membres du Comité, Croquemitaine et Pattenrond vont l'attendre à la sortie. Ils parviennent à le capturer…
A Pré Au Lard, Draco et ses amis se sont lancés dans la Bataille. Nev sauve une femme et son jeune enfant. La femme refuse d'aller à Ste Mangouste, mais Nev la convainc d'aller à Poudlard. Quelques minutes plus tard, Sir Nicholas donne l'alerte : une femme et son enfant gisent dans la neige du côté du terrain de Quidditch. Ils sont ramenés à l'intérieur. Et, tandis que Blaise et Ursula, surpris par Astérion Thorpe qui les a suivis à Pré Au lard, se font cruellement torturer, la jeune femme s'avère être la mère de Jérémy et le bambin d'environ trois ans qui est avec elle est Jonas, son plus jeune fils.
Madame Costner est mourante et il n'y a rien qui puisse la sauver. Avant de rendre son dernier soupir, elle demande à Minerva McGonagall de lier Jonas à Jérémy par un Serment, afin que le petit soit protégé. Elle ne veut pas qu'il soit confié à ses beaux-parents pro-Voldemort, dont on apprend un peu plus tard, que Jonas est le souffre-douleur. Minerva accepte…
A Dublin, malgré la belle résistance de l'Ordre du Phénix, la Bataille va de mal en pis et c'est un véritable carnage. Les villageois et les touristes tombent par centaines. Viktor meurt en protégeant la vie d'un bébé, Tarendra est très grièvement blessé, Roger Davis est également tué…
A Pré Au Lard, où seuls les professeurs de Poudlard, ainsi qu'Adrian Pucey sont arrivés à la rescousse, cela va très mal également. Ursula est morte quand Draco et Gabe arrivent à son secours et celui de Blaise. Puis, quand Blaise est évacué vers le QG par Gabe, Draco est surpris par Marsden. Il apprend alors que l'Âne Bâté a torturé Oliver et Hannah, pour obtenir d'eux des renseignements sur le secteur où Blaise se trouvait. Comme Thorpe, il est l'un de ceux qui ont accepté le contrat de la Gorgone et il est venu à Pré Au Lard, dans l'intention de tuer Blaise.
Draco parvient à se défaire de Marsden et vole au secours de ses amis. Mais, après les avoir trouvés, tandis que Lucius et les Mangemorts perdent finalement leur Bataille à Pré Au Lard, Draco glisse sur les pavés, tombe, se cogne la tête et perd conscience, alors qu'il allait chercher du secours. En effet, son Miroir s'est brisé et il ne peut plus appeler ses amis par son intermédiaire. Le hasard veut que dans sa fuite, Lucius croise son chemin. Et il emmène Draco…
Alors que la terrible Bataille de Dublin touche également à sa fin, Voldemort ayant été blessé à la suite de l'explosion de deux hélicoptères et se trouvant en mauvaise posture, cerné par des Membres de l'Ordre, Ron, Marian, Seamus et Gabe vont chercher Draco dans les Cavernes du Diable. Mais il a déjà subi des tortures effroyables et des attouchements sexuels ignobles par Lucius, qui part rejoindre Voldemort, au moment où Ron et ses amis émergent dans la caverne…
Bien que dans un état lamentable, Draco est donc sauvé. Avant de partir cependant, Ron prend le temps de laisser un message sur le mur :
Il y aura toujours un descendant de Nyle Lane ou un Malfoy renégat, pour te suivre des yeux et te barrer le chemin, Lucius…
Ron a par ailleurs, l'idée lumineuse de cuire les œufs de Bestioles, qui se trouvent toujours dans l'une des cavernes.
Quand un peu plus tard Lucius revient dans les Cavernes du Diables avec Voldemort, ce dernier est en proie à une fureur noire en constatant l'évasion de Draco. Et quand Lucius lui assure ignorer comment Draco a pu être libéré, ni savoir ce que signifie le message laissé par Ron à la place où il l'avait cloué à la paroi, Voldemort le puni très sévèrement. Et, tout comme Lucius l'avait fait, il laisse Lucius cloué à la paroi de sa geôle, avant de partir, sur la promesse menaçante de revenir deux jours plus tard pour chercher ses réponses…
A Poudlard, tard en soirée, Harry s'est réveillé. Avec Ron, il s'est rendu dans la Grande Salle, transformée en chapelle ardente, où les familles peuvent venir chercher leurs morts. Il s'apprête à emmener Jonas et Jérémy au Terrier, quand leur Grand-père arrive et fait scandale. Puis Harry s'interpose entre Costner et ses petits-enfants. Et Ron constate que Harry vient de subir un déclic et de changer profondément…
Qu'il a lâché les fils de son enfance et chassé ses vieux fantômes, qu'il a acquis une sérénité, une force tranquille et une grande assurance. Ron devine qu'il a pris une décision grave, importante…
Et de fait, Harry annonce à Costner son intention d'adopter Jérémy, Jonas et Jodie, dès sa majorité. Par ailleurs, tandis qu'il riposte aux attaques verbales de Costner, il effectue un discours improvisé où il se pose en futur leader de la lutte contre Voldemort…
Harry est soutenu par la foule présente dans la grande salle.
Et Ron lâche à son tour les dernières bribes effilochées de son enfance.
« Une ère est finie pour Harry et pour moi. Une autre va débuter pour nous… » dit-il en conclusion du Livre III, laissant les lecteurs sur la faim de nombreuses questions…
En effet, que va-t-il se passer maintenant ?
Celles et ceux que les batailles de Pré Au Lard et Dublin ont cruellement blessés vont-ils se relever ? Comment Hermione va-t-elle réagir au décès de Viktor ? Et Draco, comment va-t-il pouvoir se remettre des tortures et des ignominies que Lucius lui a faits subir ? Blaise, Oliver et Hannah vont-ils survivre à la torture et aux terribles blessures qui leur ont été infligées ? Si oui, comment Blaise va-t-il réagir en apprenant le décès d'Ursula ? Le Village de Dublin et Pré Au Lard pourront-ils être reconstruits ? Que vont devenir tous les sans-abris et les orphelins laissés par ces terribles Batailles ? Que venait faire Peter Pettigrew à Poudlard ?
Harry a pris des engagements et de bien lourdes responsabilités, qu'il est fermement décidé à assumer, certes, mais quelles en seront les conséquences pour le Trio, pour Draco et le C.C.S.A.B.P.M. ? Quelle sera la réaction de Voldemort face à son discours qui paraîtra dans la Gazette ? Qu'en sera-t-il de la Population Sorcière et de la Communauté Internationale ? Les conflits vont-ils s'intensifier ? Va-t-on enfin découvrir qui est le mystérieux jeune Espion de Voldemort, parmi les élèves de Poudlard ? Algie et Rupert vont-ils enfin trouver les vieux ouvrages qu'ils recherchent ? Miho reviendra-t-elle à Poudlard ? Quel sera le sort de Thorpe et Marsden ? Découvrira-t-on qui sont les autres élèves ayant accepté le contrat de la Gorgone ?
Et toute autre question à laquelle je n'ai pas pensé en rédigeant ce résumé…
Je vous invite à le découvrir dès maintenant dans le Livre IV du Chemin Des Âmes…
Bonne lecture !
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Réponses sur mon forum aux commentaires de l'été de : - Anonymous – Guest anonyme - Djehra Keurjani – aylanta –
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Le Chemin Des Âmes Livre IV
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Une Nouvelle Ere 1/3
Samedi 15 Février 1997
Acte 1 : D'Homme à Homme
Harry
L'atmosphère du Terrier est aussi lourde que lorsque Percy est mort. Je le ressens à peine ai-je mis un pied hors de la Cheminée, portant Jonas dans mes bras.
Le petit s'est endormi sur le chemin menant au bureau du professeur Dumbledore, mais il ne pèse pas plus qu'une plume et ne représente donc pas un lourd fardeau pour moi. Jérémy sort à son tour, suivi de sa sœur puis de Ron. Finalement Jodie a accepté de venir avec nous et de passer le reste de la nuit ici avec ses frères, car deux anciennes camarades de sa mère, survivantes de l'attaque sur Pré Au Lard, sont venues lui rendre hommage et ont promis de veiller sur sa dépouille jusqu'à notre retour…
Molly sort de la cuisine. Elle fait bonne figure pour accueillir les enfants, mais sous son sourire, je décèle sa peine immense et son épuisement. Elle aimait beaucoup Viktor et pleure sa mort, la blessure laissée par la perte cruelle de Percy, béante et à vif…
Je grimpe l'escalier derrière elle. Elle nous mène dans la chambre de Ron. Et comme Jodie veut rester avec eux, j'agrandis le lit que j'occupe habituellement, pour Jérémy et Jonas…
S'ils sont d'accord et que le Magenmagot accepte ma demande d'adoption, dans moins de six mois ils seront mes enfants, me dis-je, le cœur battant et attendri, en les englobant tous les trois dans un seul regard…
Je ne regrette pas d'avoir spontanément annoncé ça à leur Grand-père. Et d'après sa réaction, je sais que Ron ne m'en veut pas, d'avoir pris cette importante décision sans lui en parler au préalable. Mais je ne pensais pas un jour avoir des enfants, étant donné mon homosexualité et surtout pas à peine majeur, alors ça me fait une sensation bizarre d'y penser maintenant…
C'est doux. Vraiment doux. Et ça me galvanise.
Ils sont une motivation supplémentaire pour que je me batte et que je sorte vainqueur de ma lutte contre Voldemort.
Oui… Je ferai n'importe quoi pour eux. Je me sens prêt à soulever des montagnes, à aller décrocher la lune, à traverser les flammes de l'enfer si c'est nécessaire pour les protéger et assurer leur bonheur…
J'embrasse le front de Jonas et le borde avec soins puis Jérémy, qui s'est rapidement déshabillé, me serre très fort contre lui, avant de se glisser entre les draps auprès de son petit frère. Et lorsque je me tourne pour souhaiter bonne nuit à Jodie, son regard sur moi est si intense, que les mots restent bloqués dans ma gorge…
« Merci… » souffle-t-elle, d'une voix étranglée, après quelques secondes…
Je ne peux rien dire moi-même. Alors je tends simplement mes mains, paume vers le haut en une invitation. Elle les saisit et les serre brièvement très fort, avant de faire un petit pas en avant, les larmes aux yeux… Je lâche ses mains, j'ouvre les bras et elle vient se blottir contre moi, éclatant en sanglots…
Je laisse ses pleurs couler, sans rien dire, ni rien faire d'autre que lui donner la chaleur de mes bras, posant ma joue sur le sommet de son crâne. Et nous restons ainsi enlacés durant trois ou quatre minutes. Puis, sentant les vives émotions de Jérémy monter jusqu'à nous et devinant ses pleurs silencieux, j'entraîne Jodie vers lui, m'assoyant au bord du lit et invitant d'un bras son frère à nous rejoindre…
Et je les berce tous les deux contre moi, les laissant pleurer tout leur soûl…
« Je veux vraiment vous adopter tous les trois, mais je ne le ferai pas sans votre accord. Et il faut que vous y réfléchissiez tous les deux, sans rien précipiter. Je ne vous en voudrai pas, si vous refusez. Vous resteriez simplement mes frères et sœur de cœur. Alors laissons passer quelques jours et quand vous vous sentirez prêts, nous en reparlerons… D'accord ? » déclare-je dans un murmure, quand je les sens un peu apaisés.
Ils acquiescent tous les deux d'un hochement de tête, la gorge trop serrée pour parler. Et je les invite à se coucher et tâcher de dormir un peu, avant de les embrasser, puis de quitter la chambre. Je retrouve Ron, qui m'attendait dans le couloir. Il me prend aussitôt dans ses bras, en me serrant fort contre lui, avant de me chuchoter à l'oreille que j'ai fait ce qu'il fallait et qu'il me soutient à fond.
Et mon cœur se gonfle d'un amour incommensurable pour lui…
Nous n'aurons pas de véritable jeunesse. Comme nous n'avons pas eu de véritable adolescence. Mais la responsabilité de la famille que je lui impose ne lui fait pas peur. Il en est même heureux, je le sens. Je crois que c'était la seule ombre au tableau pour nous deux, de ne pas avoir d'enfant plus tard.
Et j'ai le sentiment qu'il proposera qu'on agrandisse cette famille, en prenant d'autres orphelins sous notre aile, à la fin de la guerre…
« Harry, je ne parlais pas seulement de tes projets d'adoption, qui sont également les miens maintenant. Je parlais aussi du reste. De la position que tu viens de prendre dans cette guerre… » précise Ron, qui perçoit bien évidemment tous mes sentiments, en me fixant d'un regard profond…
Ah…
Oui, bien sûr…
J'ai bien conscience là aussi, d'avoir endossé une très lourde responsabilité…
Mais finalement, cela ne changera pas grand-chose. N'était-elle déjà pas la mienne ?
Et au fond de moi, je suis heureux d'avoir pris cette décision. D'avoir enfin accepté que ce n'était pas seulement un devoir envers les autres mais avant tout un devoir envers moi-même. La Magie Mère a placé sa confiance en moi et m'a offert beaucoup de sa puissance. Je me dois de m'en servir, autant pour protéger les autres, que pour accéder au bonheur auquel j'ai droit, comme tout le monde.
Je dois cesser de survivre pour vivre pleinement. Et je ne pourrai le faire que lorsque Voldemort cessera de me pourrir la vie et celle de ceux que j'aime.
Alors il est temps, d'accélérer le mouvement, de prendre le taureau par les cornes et d'aller au front. De m'afficher en chef de file de la résistance et de défier Voldemort dans un dernier combat…
C'est à ce prix, que je m'affranchirai de lui et des chaines qu'il impose à ma vie. Et c'est en résistant à mes côtés, que la Communauté Sorcière se libèrera de celles que les Mangemorts leurs imposent, pour le servir et englober le monde dans les ténèbres, la souffrance et la mort…
Bien sûr, ce ne sera pas sans conséquence. Il faudra que je m'implique et m'investisse davantage auprès de l'Ordre du Phénix et dans mes entraînements. Et surtout, il faudra rassurer Fudge, car cet imbécile risque de penser que je veux prendre sa place à la tête du Ministère. Ce n'est certainement pas ce que je veux…
Non. Je me fiche du pouvoir et de la gloire. Je veux simplement une vie paisible pour moi, pour ceux que j'aime et pour la Communauté Sorcière…
Alors oui, il est temps que j'affronte Voldemort face à face…
D'homme à homme…
Ron me serre de nouveau très fort contre lui. Il sera là. Il me soutiendra de toutes ses forces et de son amour. Il se battra avec ferveur. M'épaulera et me secondera à tout instant…
Et il me le dit, en effleurant mes lèvres d'un baiser doux et tendre…
« Allons voir Hermione, maintenant… » décide-t-il dans un souffle, avant de m'entraîner vers la chambre où Viktor repose désormais dans la mort…
Il semble dormir, quand nous entrons dans la chambre. Serein et apaisé. Et quelque chose se brise dans mon cœur, renforçant ma détermination, quand mon regard se pose sur le visage sillonné de larmes d'Hermione, qui se lève de son fauteuil pour se précipiter vers nous.
Ron et moi l'accueillons dans nos bras, les refermant sur elle, l'entourant de tout notre amour… Nous partageons ce moment douloureux, nos cœurs et nos Magies emmêlés dans le silence. Et pourtant nous nous parlons, bien plus qu'avec des mots…
« Tatie est partie chercher ses parents. Ils ne devraient pas tarder à arriver… » murmure Hermione, en se séparant finalement de nous, pour pouvoir se moucher.
Mon regard accroche sa bague de fiançailles, qui miroite délicatement sous la lueur d'une chandelle. Et je réalise combien de projets viennent de mourir pour ma petite sœur de cœur, en même temps que Viktor…
C'est si injuste ! Une vie pleine de promesses de bonheurs et de joies aurait dû s'offrir à Viktor et Hermione. Au lieu de cela, la mort est venue le faucher en pleine jeunesse et accabler ma douce de chagrin…
Hermione reprend place auprès de Viktor, sa main tremblante caressant les cheveux de celui qu'elle aime si fort. Les larmes débordent toujours de ses yeux rougis et gonflés. Mais je la trouve plus belle que jamais, dans sa dignité.
Et le temps s'égrène triste et lourd, sur sa profonde tristesse et sur la nôtre, jusqu'à ce que les parents de Viktor arrivent.
Alors Ron et moi nous éclipsons, pour les laisser faire connaissance dans la peine et la douleur, sur la promesse de revenir pour les obsèques de notre ami.
OoOoOoO
Severus
Je suis revenu il y a une demi-heure à peine d'Irlande, avec Albus et Remus qui nous y a rejoint dès que ses services n'ont plus été requis à Pré Au Lard. Minerva s'est précipitée vers nous, aussitôt avons-nous passé les Grands Portes, nous entraînant à l'écart dans une salle vide, qu'elle a sécurisée d'une Bulle de Silence pour que nulle oreille à part les nôtres, puisse entendre ce qu'elle avait à nous dire. Et ce qu'elle nous a rapporté, fait dresser mes cheveux sur ma tête…
En autorisant la Gazette à publier les propos qu'il a tenus au Grand-père de Jérémy, Harry défie ouvertement Voldemort et s'impose comme chef de la résistance de la Communauté Sorcière de Grande Bretagne…
Peut-être même de l'Europe entière…
L'ennemi n°1, l'Homme à abattre pour Voldemort…
Bien sûr, je savais que cela arriverait un jour. Et j'ai toujours pensé que lorsque cela viendrait, Harry serait prêt et aurait acquis la pleine maturité de sa puissance Magique…
Mais aujourd'hui, les doutes m'envahissent…
« C'est trop tôt. Harry n'a pas encore acquis sa maturité Magique. Il n'est pas complètement remis de sa captivité, non plus. Et je n'ai pas encore trouvé l'Antidote à la Potion de Cauchemars qui l'empoisonne toujours… » murmure-je, en passant une main nerveuse dans mes cheveux
« Il en a fait un terrible tout à l'heure, à peine êtes-vous partis à Pré Au Lard, Severus… Merlin ! J'ai cru qu'il allait tous nous tuer dans ses délires… » souffle alors Minerva, en frissonnant longuement, avant d'ajouter très vite : « Mais Ronald l'a ramené à la raison et Poppy m'a dit tout à l'heure qu'il ne reste plus que quelques rares résidus de Potions, qui devraient s'éliminer sans autre problème maintenant… »
Cela me soulage un peu, mais mon esprit est envahi d'angoisse.
« Je fais confiance à Harry. Il n'a pas dû prendre cette décision sur un coup de tête. En fait je pense… Je pense qu'il est prêt à donner sa pleine puissance et qu'il ne faudra pas longtemps, pour qu'il la maîtrise parfaitement… En réalité, sa décision ne m'étonne pas… » déclare Remus, le regard un peu dans le vague, laissant ses yeux glisser vers moi, les vrillant dans les miens, avant d'ajouter : « Je ne crois pas qu'il en ait eu conscience, mais depuis son évasion de Priest Hole Manor, Harry s'est autorisé à vivre les émotions, les sentiments et tous les petits bonheurs auxquels il n'a pas eu droit dans son enfance. Il s'est laissé aller dans tes bras et ceux de Nally, comme un tout petit enfant le fait avec ses parents. Il s'est précipité vers moi à l'infirmerie, comme un gamin l'aurait fait au retour d'une longue absence de son oncle préféré. Il a joué avec Jérémy, comme un gosse, un grand-frère avec son petit frère. Et ce faisant, il se préparait en réalité à quitter définitivement l'enfance, Severus. Vivre ces moments, c'était sa façon de couper les ponts avec ses regrets passés, pour mieux avancer dans la vie. Et puis, il y a eu cette conversation dans tes appartements des Cachots, que vous avez eue avec lui et le Fantôme de Salazar et que Nally m'a rapportée… Elle a dû faire son bonhomme de chemin dans sa tête. Et aujourd'hui, non, hier soir peut-on dire maintenant, après avoir appris les massacres de Dublin et de Pré Au Lard, la mort de personnes qu'il aimait bien, les graves tortures subies par ses amis, il a lâché prise sur son enfance et son adolescence, tourné une page importante de sa vie et pris ses premières décisions d'adulte… Et c'est bien ce vers quoi nous l'avons mené depuis des mois, Severus, tout comme nous l'avons préparé à prendre la tête de la résistance, en lui confiant la direction des opérations ici, à Poudlard… »
Mon cœur se pince. Tout ce que Remus vient de dire est fondé. Nous n'avons pas seulement entrainé Harry au combat, au développement et à la maîtrise de sa puissance Magique, nous l'avons également encouragé à faire ses armes en tant que meneur de la résistance, en le laissant organiser et gérer le C.C.S.A.B.P.M. …
Et il a raison également, lorsqu'il affirme que Harry se préparait à quitter définitivement l'enfance ces derniers temps. J'en ai cruellement conscience…
« Je suis heureux que sa première décision d'adulte n'ait pas été de défier Voldemort, mais de fonder une famille. Ce qu'il a fait, en annonçant qu'il déposerait dès sa majorité, une demande pour adopter Jérémy, Jonas et Jodie … Ce projet prouve qu'il est confiant en l'avenir et en ses capacités à vaincre Voldemort. Et cela me rassure infiniment, même si bien sûr, je souhaite de tout cœur ne pas me tromper en pensant qu'il le vaincra effectivement, car il a la plus belle des raisons de mettre toute son énergie dans son combat... Oui, il parviendra à vaincre Voldemort, j'en suis certain… » précise Remus, rompant le silence épais qui a fait suite à ses précédentes déclarations, avant de me presser l'épaule et de me regarder d'un œil espiègle, pour déclarer : « Mes félicitations, mon vieux. Tu vas bientôt être Grand-Père ! »
Oh Misère !
Je me fais un sang d'encre pour mon fils adoptif et tout ce que ce fichu Gryffondor trouve à dire pour me remonter le moral, c'est que je serai bientôt Grand-Père !
Et naturellement, Albus glousse ! Et Minerva sourit dans ses moustaches !
Décidément, les Gryffondors ne pourront jamais être sérieux, même dans des moments aussi solennels et graves que ceux que nous vivons maintenant… me dis-je, deux ou trois secondes avant qu'une horloge sonne une heure quarante-cinq du matin…
Et quelque part dans le château, Croquemitaine pousse un bref aboiement qui fait sursauter Minerva…
« Oh, Merlin ! J'allais oublier ! Albus, il s'est produit autre chose cet après-midi ! Peter Pettigrew a été capturé par Hermione et quelques autres élèves, alors qu'il tentait de s'introduire clandestinement dans le château, sous sa forme Animagus ! » s'exclame-t-elle avec vivacité
« Quoi ! Mais quelles étaient ses intentions ? » demande Remus, en se tournant vivement vers elle.
« Je n'en sais rien. A vrai dire, Hermione et ses amis l'ont ramené dans le bureau d'Abus, sous la bonne garde de Pattenrond et Croquemitaine et je l'ai aussitôt enfermé dans une cassette, avant d'organiser l'accueil des blessés et tout le reste. Je me disais qu'il serait bien temps de l'interroger plus tard… » répond Minerva, qui enchaine en nous rapportant tout ce qu'elle sait de la capture de Pettigrew.
Puis nous nous rendons dans le bureau d'Albus, avec la ferme intention d'interroger le Rat. En chemin, je récupère Croquemitaine, quand nous croisons Cameron Ross et Magnus Frost, qui effectuent un dernier tour des quartiers où ont été installés les sans-abris de Pré Au Lard, pour s'assurer qu'ils n'ont plus besoin de rien, avant d'eux-mêmes regagner leur dortoir.
Et quand nous arrivons dans le bureau, Harry sort justement de la Cheminée, immédiatement suivi de Ron…
Je note aussitôt le changement qui s'est opéré en Harry depuis la dernière fois où je l'ai vu…
Il émane de nouveau de lui une force, une puissance calme et apaisée. Confiante. Son maintien, son regard, l'expression de son visage, tout me crie qu'il a effectivement lâché les derniers fils tenus de son enfance et qu'il est maintenant un adulte accompli. Qu'il a acquis une sagesse qu'il ne devrait pas avoir déjà, que ses décisions prendront appui sur de solides fondations…
Et sa maturité Magique est à fleur de peau. Elle ne demande qu'à être libérée dans un Sortilège. Je la devine farouche et sauvage, mais souhaitant être… non pas domptée et maîtrisée, mais traitée et respectée comme une amie fidèle…
Ainsi que Harry a toujours fait, réalise-je, en me souvenant de certaines paroles qu'il a prononcées vendredi…
A sa façon de la laisser couler hors de lui, fluide et sobre, de lui faire confiance…
« Bonsoir Papa. Maman m'a demandé, si je te voyais, de te dire qu'elle arrive dans un instant… » dit-il, d'un ton tranquille et posé, tandis que je frémis
Il vient vers moi pour me donner une accolade, brève mais emprunte d'un je ne sais quoi qui me fait frissonner derechef…
Si j'avais encore un doute infime, il vient de s'envoler. Il n'a pas dit « Papa Sev » ni « Maman Nally », mais Papa et Maman tout court. D'un ton plus calme et posé que je ne lui ai jamais entendu.
Et je le regarde maintenant serrer la main de Remus, puis l'attirer vers lui pour une brève mais ferme accolade également, se pencher ensuite vers la joue de Minerva et l'embrasser en lui pressant l'épaule et enfin se tourner vers Albus, main tendue. Albus la saisit et Harry referme sa seconde main dessus…
Cette poignée de mains est ferme, yeux plongés dans les yeux. Et je sais maintenant pourquoi son étreinte m'a fait frémir…
Si c'était une accolade de père à fils, c'était également une accolade d'homme à homme, d'égal à égal. Ainsi qu'il l'a fait avec Remus, comme sa poignée de main à Albus, le baiser sur la joue de Minerva. Et même s'il va sans doute demeurer à Poudlard, il vient de nous signifier que désormais il ne sera plus notre élève.
Il n'ira probablement plus assister aux cours dont il n'a plus besoin depuis plusieurs mois maintenant. Il va se préparer à fond pour combattre Voldemort et s'investir dans l'organisation de notre défense. Hors de Poudlard…
La Cheminée ronfle de flammes vertes. Nally arrive à son tour. Elle sait, bien évidemment, que notre fils a accepté son destin et ses responsabilités. Son cœur est lourd, partagé entre la fierté et le regret d'avoir contribué à l'arracher à l'adolescence qu'il aurait dû avoir…
« J'ai prévenu tout le monde qu'il y aura une réunion demain, à 10h30, dans les Cachots Perdus. » dit-elle, vers Harry et Ron qui acquiescent.
Je frémis encore une fois. Cette réunion officialisera la nouvelle position de Harry pour tous les combattants de l'Ordre du Phénix. Désormais, son avis pèsera très lourd sur nos décisions.
Et sur l'avenir du Monde Sorcier…
« Bien. Occupons-nous de Pettigrew maintenant… » déclare Albus, en désignant la cassette d'argent posée au centre de son bureau.
Harry et Ron se retirent derrière nous et Nally lève un sourcil dans ma direction. Tandis qu'Albus dresse un bouclier, avant d'ouvrir la cassette, pour empêcher le Rat de s'enfuir, je lui explique en deux mots la capture du Mangemort, au sortir du Passage Secret de la Sorcière Borgne…
Croquemitaine se dresse sur ses pattes, prenant appui sur le bureau, au moment où Albus tourne la clef dans la serrure et le couvercle à peine entrouvert, le Rat se faufile rapidement dehors, pour se retrouver nez à nez avec mon labrador qui gronde en retroussant ses babines…
Pettigrew se fige aussitôt et d'un coup de Baguette, Albus le fait léviter jusqu'au sol, avant de le forcer à reprendre forme humaine. Pettigrew reste à quatre pattes, la tête rentrée dans les épaules et tremblant. Et plus que jamais, je ressens du mépris à son égard…
Il suinte la lâcheté et la fourberie…
« Je pensais bien te revoir un jour ici, Peter. Mais je suis assez étonné, je l'avoue, que ce soit aujourd'hui, que tu aies choisi, pour nous rendre visite. Qu'est-ce qui était donc si important à tes yeux, pour que tu aies désobéi aux ordres d'attaque de Voldemort et préféré venir à Poudlard ? » demande Albus, d'un ton qui invite à la confidence…
Les petits yeux chafouins de Pettigrew se lèvent aussitôt sur lui. Puis ils nous regardent tour à tour, presque larmoyants. Et je suis d'autant plus écœuré, car je ne doute pas qu'il va tenter de nous berner par des mensonges…
« Je voulais me repentir auprès de Harry… » dit-il, alors que la bouche de Nally s'ouvre déjà, pour le confondre.
Mais je pose une main sur son bras pour l'inciter à laisser le Rat poursuivre, pour juger jusqu'où il est capable de pousser le mensonge dans l'espoir d'échapper une nouvelle fois au châtiment de la justice…
« Je voulais lui dire combien je regrette tout le mal que je lui ai fait. J'ai eu le temps de réfléchir à Azkaban. Il a été si généreux, d'intervenir en ma faveur, pour que je ne sois pas embrassé par les Détraqueurs… Et je désire plus que tout l'aider aujourd'hui. Je peux prouver ma bonne foi, en vous livrant les secrets du Seigneur des Ténèbres… » déclare le Rat, sa main gauche crispée sur la main d'argent qui n'a pu lui être ôtée par les Aurors, ni même par Albus, quand il a été capturé…
« Vraiment ? Quels sont ces secrets ? Et es-tu prêt à retourner auprès de lui et à espionner pour nous pour en rapporter d'autres ? » demande Albus, avec douceur et patience…
« Oui, oui, je ferai tout ce que vous voulez. Je vous en conjure, croyez-moi ! J'irai l'espionner pour vous ! Je vous rapporterai tout de ses projets ! » assure Pettigrew, le regard suppliant, dans une attitude humble, soumise…
« Et comment comptez-vous vous y prendre, pour connaître ses projets, alors que vous n'êtes plus dans ses bonnes grâces depuis l'été dernier déjà ? » intervient alors Harry, en venant prendre place auprès d'Albus.
Pettigrew se tétanise aussitôt. Il n'avait pas vu Harry, ni même n'avait senti son odeur et sa présence, j'en jurerais. Et maintenant qu'il perçoit les changements qui se sont opérés chez mon fils, cela lui fait visiblement très peur …
Il tremble et transpire à grosses gouttes. Il a compris qu'il ne pourra pas le tromper. Et que Harry risque fort de ne plus jamais intercéder en sa faveur…
« Allons, Pettigrew. Dites-nous la vérité pour une fois. Vous n'êtes pas venu ici, pour vous repentir. Si cela avait été, vous seriez resté à Azkaban lors de l'évasion organisée par Voldemort. Ou vous seriez venu ici, aussitôt libéré. En réalité, dès que vous avez compris où irait Lucius, vous avez saisi l'opportunité qui s'offrait à vous de vous introduire à Poudlard, en l'absence de la majorité des professeurs, qui ne manqueraient pas d'aller au secours des villageois à Pré au lard. Et vous êtes arrivé ici, par les Passages Secrets, dans l'espoir de me capturer et me ramener à votre Maître. Ou à défaut Draco, n'est-ce pas ? Car votre seule ambition dans la vie, est de retrouver une place que vous jugez plus digne de vous, parmi ses Serviteurs et ainsi acquérir cette sensation de pouvoir et de puissance qui vous font cruellement défaut… » déclare Harry, avec une maîtrise que je lui envie en cet instant
J'ai bien du mal quant à moi, à ne pas dégainer ma Baguette pour assommer ce sale Rat une bonne fois pour toute…
Pettigrew ne répond pas. Il déglutit difficilement à plusieurs reprises, son regard allumé d'un courroux cruel, courant alternativement de Harry à Albus. Il leur envie profondément cette puissance magique qui ne lui a pas été accordée et rêve de les tuer l'un et l'autre. Il aimerait les écraser, les anéantir…
« Je regrette sincèrement que vous n'ayez jamais compris où se situait véritablement vos intérêts et que vous ne puissiez réellement vous repentir Pettigrew. Ni que vous soyez capable d'avouer spontanément vos erreurs et vos fautes. » soupire Harry, au bout de quelques longues secondes de silence.
Puis il nous regarde, Nally et moi, avant de se tourner vers Albus…
« Nous ne pouvons pas prendre le risque qu'il s'échappe une nouvelle fois de prison. » dit-il, tandis que je lève un sourcil, avant de comprendre le sens de sa déclaration…
Pettigrew a senti mon odeur. Il a dû la reconnaître forcément et deviné qu'en réalité je ne suis pas mort, que nous avons joué une comédie macabre pour tromper tout le monde et Voldemort en particulier. Et il a dû sentir la même odeur sur Nally. Alors, s'il peut de nouveau rejoindre son Maître, nul doute qu'il lui révèlera, non seulement que je ne suis pas mort, mais qu'il se souvient également qui est l'autre personne ayant le même genre d'odeur que moi…
« Effectivement, Harry. Quelqu'un a-t-il une idée de ce que nous pourrions faire, pour empêcher Peter de rejoindre son Maître dans un avenir plus ou moins proche ? » demande Albus, en levant son regard vers Nally, Remus, Minerva et moi-même.
« Oui, j'en ai une. Il y a dans mes nouveaux appartements, un magnifique vivarium qui héberge un hôte tout à fait charmant, un Taïpan du désert. Un deuxième vivarium, certes plus petit, le complèterait superbement. Dobby se fera sans doute une joie d'aller nous en chercher un. Et je suis sûr que Peter appréciera la compagnie de son voisin qui goûte lui-même fort bien les rongeurs… » siffle-je entre mes dents, avec froideur…
« Excellente idée… » approuve Remus, sous le hochement de tête de Nally…
Pettigrew, qui devine immédiatement que son séjour dans mes appartements sera plus désagréable encore qu'une captivité en prison, se ratatine sur lui-même, les yeux agités sur la recherche d'une échappatoire…
« Bien… Solution adoptée. Et en attendant que Dobby aille chercher un nouveau vivarium, la cassette fera l'affaire… » acquiesce à son tour Minerva, en jetant un Sort sur Pettigrew, qui retrouve aussitôt une forme de Rat…
Et il n'a pas le temps de remuer un seul poil de sa moustache, qu'il est de nouveau transféré dans la cassette d'argent d'Albus, dont Harry ferme lui-même le couvercle, avant de tourner la clef…
Mon regard tombe sur sa main et je me dis qu'une nouvelle ère vient de commencer…
Celle où Harry détient notre destin à tous dans cette main qui vient de sceller la cassette…
OoOoOoO
Acte 2 : Culpabilité
Draco
C'est la sensation diffuse d'étouffer, qui me fait sortir de mon sommeil. Mais je n'ouvre pas les yeux. Ma poitrine est serrée par l'étau d'un cauchemar qui s'effiloche. La reviviscence de ma capture par Lucius et ce qu'il m'a fait subir…
J'ai l'horrible impression qu'il se frotte encore contre moi, que son doigt me fouille…
Des larmes perlent au coin de mes yeux et je réprime le cri qui monte dans ma gorge…
Jamais je ne me suis senti aussi mal.
Comment ai-je pu le laisser me faire ça ?
J'aurais dû me débattre. Lui sauter à la gorge dès que je suis revenu à moi, au lieu de rester stupidement allongé sur le sol, à dégueuler pour un simple mal de crâne…
Et de trouille surtout…
Oui, je me suis conduit comme une lavette, une lamentable mauviette…
Je me suis liquéfié dès que j'ai compris que j'étais entre ses mains. Je me suis laissé écraser, piétiner, souiller par ce salaud.
Il m'a violé…
Mon géniteur a posé ses sales pattes sur moi et m'a violé…
Et c'est ma faute…
J'aurais dû bondir sur lui et lui foutre une dérouillée, lui arracher sa Baguette et le mettre KO dès que j'ai ouvert l'œil.
Lâche… Je me suis conduit comme un lâche…
Jamais plus je ne pourrai regarder Annabelle, Maman, Harry et les autres en face…
Je suis une honte…
Un froussard, un poltron. Un misérable petit trouillard qui a baissé la tête devant cet enfoiré et s'est laissé léché et fouillé le cul…
Je me dégoute
Profondément.
Je ne mérite plus de vivre…
Ron et mes cousins auraient mieux fait de me laisser mourir avec les squelettes, là-bas, dans les Cavernes du Diable…
« Draco. Je sais que tu es réveillé, ouvre les yeux, mon garçon… » chuchote la voix de Richard, qui me caresse les cheveux…
Je ne veux pas. Je ne mérite pas sa compassion, ni sa tendresse. Il ne doit pas me toucher non plus. Il va se salir s'il me touche…
Je me dérobe à la caresse, me tournant sur le côté, les yeux obstinément fermés…
Je ne veux voir personne. Plus jamais.
Je veux qu'on me laisse seul pour l'éternité…
« Je sais ce que tu penses, Draco. J'ai déjà rencontré des victimes de viol et d'attouchements sexuels, tu sais. » déclare Richard, insistant et doux…
Et il m'explique que toutes les victimes se sentent coupables de ce qui leur est arrivé. Qu'elles se disent qu'elles auraient dû être plus fortes et se débattre davantage, pour échapper à leur bourreau. Qu'elles se dégoûtent de n'avoir pas su empêcher ce viol de leur corps. Et que toutes se trompent. Tout comme je me trompe. Que ce n'est pas ma faute. Que je n'ai aucune responsabilité dans ce qu'il m'est arrivé. Que je ne pouvais rien faire pour empêcher Lucius de me faire ce qu'il m'a fait. Qu'il s'était assuré que je ne puisse pas lui échapper, ni me battre contre lui. Qu'il m'avait jeté un Sortilège et que je ne pouvais bouger que la tête.
Il parle longuement, répétant les mêmes choses à plusieurs reprises parfois.
« C'est Ron qui t'a libéré de ce Sortilège. Tu m'entends, Draco ? Tu ne pouvais rien faire contre lui, mon garçon. Ce n'est pas ta faute… » insiste-il encore et encore…
Et ses paroles coulent. Elles s'insinuent dans mon cerveau. Et j'oscille entre détresse et désir de croire que ce n'est réellement pas ma faute…
Que j'étais réellement impuissant à empêcher Lucius de me souiller…
Un souvenir saute à ma mémoire. C'est vrai. Je ne pouvais pas bouger. J'ai essayé de le faire, de me relever. Mais je n'ai pas pu. J'étais tétanisé. Pétrifié.
Mais était-ce vraiment à cause d'un Sortilège ou était-ce la peur qui me vrillait sur place ?
Non, ce n'était pas la peur. Je me souviens maintenant que j'étais révolté. Non, je n'étais pas paralysé par la terreur, comme lorsque Voldemort m'avait plaqué contre lui et me pétrissait les fesses, là-bas, dans le couloir du Manoir Malfoy, le soir où Greyback a violé le Rat. Lucius m'a forcé à me mettre à genou en tirant sur mes cheveux et je lui ai craché à la gueule.
Oui, je lui ai répondu avec hargne et j'ai bien essayé de me débattre, mais je n'ai pas pu le faire, malgré tous mes efforts…
Ce salaud m'avait empêché de le faire…
Ce n'est pas ma faute…
Je n'ai pas failli par lâcheté.
Même si par la suite j'étais autant tétanisé par l'horreur que par le Sortilège, j'ai essayé de toutes de mes forces de me défendre…
Cela me soulage un peu et j'éclate en sanglots. Acceptant cette fois le réconfort que Richard m'offre, quand il pose sa main sur mon épaule. Et comme je ne me dérobe pas, il me prend dans ses bras et je m'accroche à lui, pleurant contre sa large poitrine…
Ça me fait du bien. Tout au moins dans un premier temps. Car bientôt une sourde crainte s'insinue en moi. Comment réagiront les autres, s'ils savent ? Que penseront-ils de l'infamie que j'ai subie ?
Je ne veux pas de leur pitié, ni de leurs regards compatissants.
Je ne veux pas qu'ils sachent que j'ai été violé par mon géniteur…
« A part toi, qui d'autre sait ? » demande-je, la gorge nouée, dans un souffle si ténu, que je m'entends à peine parler moi-même…
« Ceux qui sont allés te chercher dans la Caverne. Ton Parrain et Nally, qui étaient également sur l'Île et l'ont compris… Molly et ta mère… » répond Richard, en resserrant sa prise autour de moi, tandis qu'un nouveau sanglot me secoue…
Ron et mes cousins, je me doutais bien qu'ils savaient. Mais les autres…
Oh Merlin ! Maman…
« Pourquoi ? Pourquoi l'avoir dit à Maman ? Pourquoi ? » hoquète-je, le poing serré sur la robe de Richard.
« Personne ne le lui a dit. Mais d'après ce que je sais, elle s'est précipité dans la chambre où sont situés les écrans dès son arrivée ici, en Irlande et elle a vu ce que te faisait Lucius. Elle est aussitôt sortie de la chambre en proie aux larmes et à la fureur et lorsqu'elle a croisé Molly, qui revenait d'aller installer un blessé dans le salon, elle a clamé qu'elle s'en allait tuer Lucius sur le champ. Molly a eu le réflexe de l'entraver pour l'empêcher de faire une bêtise, en se précipitant devant Lucius dans cet état de fureur et de douleur qui lui brouillait l'esprit. Elle n'a libéré ta mère, que lorsqu'elle a vu qu'on te ramenait… » explique doucement Richard, qui effectue une brève pause, avant d'assurer : « Ta mère avait trop besoin d'exprimer sa douleur, alors elle en a parlé avec Molly, mais aucune n'en dira rien à qui que ce soit d'autre. Aucun de celles et ceux qui savent n'en parlera, Draco. … »
Mais cela n'apaise pas mon cœur…
J'aurais préféré que personne ne sache. Et je sais bien que Tante Molly en parlera à Oncle Arthur. Il est son époux et je suis certain qu'elle ne pourra pas lui cacher ça. Tout comme je doute que Ron puisse le taire à Harry…
Et finalement, ça fait beaucoup trop de monde qui sait déjà…
Quel seront leurs regards sur moi ? Que vont-ils penser de moi ? Se diront-ils que j'ai été faible ?
Pas Maman. Non pas elle. Elle souffre déjà pour moi. Et elle est en colère contre Lucius et, telle que je la connais, elle ne décolèrera pas et guettera le moment où elle pourra se jeter sur lui, pour lui faire regretter ce qu'il m'a fait...
Et cela me fait peur…
Aussi peur que d'avoir à croiser les regards de Pa, Tatie, Harry, Ron et les autres…
Parce que j'ai honte, de ce que Lucius m'a fait.
« Regarde-moi, mon garçon… » ordonne soudainement Richard, d'un ton affectueux.
Et je lui obéis machinalement, relevant mes yeux vers son regard bleu qui me transperce et me réchauffe à la fois…
« Tu n'as aucune honte à avoir, tu m'entends ? Et tu connais bien mal ceux qui t'aiment, si tu redoutes leur regard sur toi. Ils seront compatissants, chagrinés et attentionnés, car tu as eu à souffrir, c'est vrai. Mais ils n'auront pas pour toi un autre regard, que celui que tu as eu pour Harry, après sa captivité. As-tu pensé un seul instant qu'il pouvait se sentir honteux, d'avoir été torturé et touché par Voldemort ? Car il l'a été. Peut-être pas aussi intimement que tu l'as été par Lucius, certes. Mais tu sais tout comme moi, que Voldemort l'a sexuellement caressé. Et il a vu, dans ses pensées, Voldemort qui le violait. Alors dis-moi, est-ce la victime d'attouchements sexuels que tu as vu en lui ? L'as-tu regardé avec pitié ? » dit-il avec une patience infinie
Et il fait mouche. Car non, je n'ai pas vu Harry comme une victime d'attouchements sexuels. Je n'ai jamais pensé qu'il puisse avoir honte de ce que Voldemort lui a fait. Je n'ai jamais eu pitié de lui non plus. Je l'ai vu comme un frère qui a souffert, beaucoup trop souffert, à cause d'un ignoble salopard et j'ai eu mal pour lui…
Mon cœur s'allège d'un cran et Richard me sourit.
« Bien. Je vois que tu as compris. Et ne t'inquiète pas plus pour ta mère. Personne ne la laissera se porter seule au-devant de Lucius et je serai le premier à la convaincre de ne pas faire de bêtise… » ajoute-t-il, avant de me serrer de nouveau contre lui avec affection.
Et je me dis alors, que Maman a bien choisi son nouveau compagnon dans la vie, me trouvant soudainement particulièrement stupide et honteux, d'avoir eu contre lui des rancœurs mal venues et des propos déplacés, au début de leur relation.
Richard est vraiment un homme bien. Il comprend la nature humaine et a su balayer ma détresse.
Bien sûr, je ne me sens pas lavé des horreurs que Lucius m'a fait subir, mais je ne redoute plus le regard de Maman, ni celui de Harry et des autres. Et je crois bien qu'un jour prochain, je parlerai de ce que Lucius m'a fait avec Annabelle….
Elle est ma petite amie, elle est en droit de savoir ce qui me préoccupe ou m'angoisse, pour mieux me comprendre... Elle m'aidera à surmonter ça…
Peut-être même devrais-je en parler avec Ievguenia…
Parce que Richard a raison. Je ne dois pas avoir honte, ni me sentir coupable de quoi que ce soit. Et je pense que cela fera du bien à Ievguenia, de pouvoir parler de ce qu'elle-même a subi avec quelqu'un qui comprendra avec exactitude ce qu'elle peut ressentir, le jour où elle se souviendra avec précision, ce que Voldemort et Lucius lui ont fait…
Enfin, je vais réfléchir à tout ça… Pour l'heure, j'aimerai pouvoir penser à autre chose.
Oublier tout ça…
Si seulement je pouvais le faire définitivement…
« Ta mère doit se ronger les sangs à côté. Je vais aller la chercher… » déclare soudainement Richard, tandis que je hoche la tête pour acquiescer.
Mais, alors qu'il se dégage de notre étreinte, je pense soudainement à Blaise et je le retiens pour lui demander des nouvelles de mon ami, ainsi que d'Oliver et Hannah…
Blaise n'a pas repris conscience encore, m'apprend-il et il a endormi Oliver et Hannah, pour qu'ils puissent mieux récupérer de leurs blessures…
Je ne pense pas que la morsure dans mon cœur pourra être apaisée par quelques paroles, quand je songe à la souffrance terrible de mes amis. Ils sont dans cet état parce qu'ils m'ont suivi à Pré Au Lard. Et c'est pour cela aussi, qu'Ursula est morte…
« Chacun d'entre eux a fait son choix, Draco. » déclare Richard, qui devine visiblement mes pensées, en me pressant l'épaule…
« C'est vrai. Mais si je ne m'étais pas précipité vers Pré Au Lard, ils n'y seraient pas allés… » réponds-je, le cœur lourd…
« Tu n'en sais rien. Si tu n'avais pas été là, peut-être se seraient-ils tout autant précipités pour porter secours à Pré Au Lard en voyant qu'il y avait une attaque là-bas. Visiblement tu ne le sais pas, mais tout comme toi et Gabe, ceux de tes amis qui t'ont accompagné au village, ne se sont pas contentés de chercher ta mère, mais se sont battus contre les Mangemorts. Et Severus affirme que sans eux, il y aurait eu bien plus de victimes encore qu'il y en a eu là-bas. Blaise, Ursula, Oliver et Hannah ont sauvé plusieurs personnes, avant d'être pris en traître respectivement par Thorpe et Marsden. Ils ont fait preuve de courage, exactement comme les Membres de l'Ordre là-bas, à Dublin. Ne l'oublie pas Draco. Tes amis ont fait le choix de s'entraîner et de se battre par conviction. Et ce serait insultant, de penser qu'ils n'avaient pas conscience des risques qu'ils prenaient, en te suivant à Pré Au Lard. » affirme Richard, en vrillant son regard clair dans le mien…
Peut-être a-t-il raison…
Et sans doute faudra-t-il que je parle de tout cela avec Blaise, Oliver et Hannah.
Et si je veux être honnête avec moi, je dois m'avouer que je redoute de les voir par crainte qu'ils m'accusent d'être la cause de leur souffrance.
Et je me sens si affreusement triste pour Ursula…
Si bouleversé pour Blaise qui a perdu sa petite amie et a été salement torturé…
Si désolé pour Oliver et Hannah qui ont tellement souffert également…
« C'est la guerre, Draco. Celles et ceux qui survivent ont assez à souffrir de la perte de celles et ceux qu'ils aiment, sans en plus se sentir coupables d'être vivants, quand eux sont morts… Et les chefs qui mènent les troupes à la Bataille, n'ont pas à se sentir coupables de la mort de leurs soldats. C'est déjà bien assez qu'ils pleurent leurs amis ou les membres de leur famille qui tombent au combat. » déclare Richard, d'une voix douce et un peu étranglée
Je relève la tête vers lui, le regard brouillé de larmes.
« Comment ne pas se sentir coupable d'avoir mené des amis à la mort ? » m'enquiers-je, prenant conscience que je fais partie de ces chefs dont parle Richard
Je mènerai encore nombre de mes amis au combat c'est sûr. Et certains tomberont pour ne plus se relever…
« Je ne sais pas. Je n'ai jamais eu à mener de troupe à la Bataille. Cependant, je suis un Médicomage, mon combat de tous les jours, c'est de sauver des vies et j'ai appris depuis bien longtemps, que malheureusement on ne peut pas sauver tout le monde, aussi fort qu'on le souhaite pourtant. Alors lorsque je perds l'un de mes patients, je pense à tous ceux que j'ai sauvés ou que je sauverai encore. Ils sont bien plus nombreux. Et seront toujours bien plus nombreux. Heureusement. Ce serait invivable autrement… » répond Richard, le regard dans le vague…
Sauver des vies…
Penser aux nombreuses vies que l'on sauve et sauvera…
Cela n'empêche pas de souffrir mais permet de tenir, de garder espoir…
C'est ce que je retiens de ce que Richard vient de dire…
Et je me dis qu'il a raison. Il faut penser que les vies sauvées sont bien plus nombreuses que les vies perdues. Cela ne peut consoler des pertes, mais permet de garder dans le cœur l'espérance en des jours meilleurs, qui nous auront été offerts par celles et ceux qui auront sacrifié leur vie…
« Merci Richard… » murmure-je…
« De quoi ? » demande-t-il, sortant de ses pensées et l'air sincèrement surpris…
« Pour toute cette conversation. Et d'avoir éloigné Maman pour me parler comme tu l'as fait, dès mon réveil… » réponds-je, prenant conscience que c'est vraiment important pour moi, que cela ce soit passé ainsi…
Richard sourit…
« Je savais que tu préfèrerais avoir cette conversation-là d'homme à homme. Ta mère n'était pas d'accord bien sûr, mais je ne lui ai pas permis de discuter les ordres du Médicomage… » dit-il, avant de se diriger vers la porte…
Et je me sens soudainement inquiet…
Je sais comment Richard peut-être intransigeant, quand il est en mode Médicomage et j'espère que Maman ne lui en tiendra pas rigueur…
Je ne voudrais surtout pas avoir été la cause d'une dispute entre eux…
OoOoOoO
Blaise
Une douleur fulgurante traverse ma jambe et je hurle à pleins poumons. Le visage de Thorpe se penche vers moi en ricanant, avant de cracher un nouveau Maléfice, qui me touche en pleine poitrine et je me réveille en sursaut, trempé de sueur, haletant. Cherchant à la fois mon souffle et à me redresser…
« Tout doux, p'tit gars, reste allongé… » m'intime la voix bourrue de Maugrey Fol Œil, en m'incitant à rester allongé d'une pression ferme et douce à la fois sur mes épaules…
Mais je ne peux pas me calmer. Une indicible trouille me vrille le bide. Et la seule chose qui puisse m'aider, c'est d'avoir des nouvelles rassurantes d'Ursula…
« Ursula… Où est Ursula ?… » m'enquiers-je donc, enroué de ma gorge brûlante, en essayant vivement de tourner la tête de chaque côté…
Mais je ne peux pas. Ma tête est vissée dans un carcan. Une épaisse minerve qui emprisonne mon cou et mes épaules. Fol Œil m'empêche de bouger encore une fois et me dit que nous sommes seuls, dans une chambre de la Base d'Irlande. Et mon regard vient accrocher celui de mon vieux mentor et je lui demande s'il sait comment va Ursula…
Il a l'air terriblement chagriné et mal à l'aise aussi…
« Désolé, p'tit gars. Ta p'tite copine n'a pas survécu… » répond-il d'une voix un peu brouillée et incertaine, sa vieille main burinée tapotant la mienne…
Non…
Tout mon sang se retire dans un picotement et mon cœur se serre si fort que mon souffle se coupe dans une étreinte puissamment douloureuse…
« Non… Non, pas Ursula, non… » murmure-je, hébété, éperdu de chagrin…
Non, ce n'est pas possible. Elle n'a pas été torturée aussi longtemps que moi. Elle a tout de suite perdu connaissance et Thorpe s'est vite lassé. Il l'a délaissée pour m'entendre hurler sous ses tortures. Et puis Draco et Gabe sont venus, ils nous ont soignés…
Ursula… Ma douce Ursula…
Elle n'est pas morte, ce n'est pas vrai…
Son sourire s'épanouit dans mon cerveau. Il s'étale tendre et rieur tandis qu'elle se penche vers moi pour m'embrasser. Mais le visage de Draco se superpose rapidement au sien. Il retient ses larmes et déglutit difficilement alors que la douleur explose dans mon corps et dans mon cœur.
Draco n'a pas osé me le dire, mais Ursula était déjà morte, quand j'étais encore là-bas à Pré Au Lard…
Dans le salon de thé de Madame Pieddodu. Le salon de thé des amoureux…
Je n'ai pas voulu le comprendre alors. J'ai voulu croire qu'elle était encore en vie.
Des larmes débordent de mes yeux…
« Désolé, mon p'tit gars. Désolé… » répète Fol Œil, en serrant ma main, avec douceur.
« C'est ma faute. Si j'avais… » réponds-je, le cœur si douloureux que je voudrais mourir
« Eh ! Pas d'ça, p'tit gars ! » me coupe Fol Œil, d'un ton sévère, se penchant vers moi, pour ajouter plus doucement : « Non, c'est pas d'ta faute. C'est ce p'tit sagouin d'Thorpe le coupable. Et j'me chargerai moi-même de l'mener devant l'Magenmagot. Et j'te jure qu'il bouff'ra mon chapeau à s'en étouffer, s'il reçoit pas l'baiser du dernier Détraqueur qui demeure encore au Ministère, le p'tit fumier… »
Mais je crie non dans ma tête…
Maugrey ne peut pas comprendre. Il n'était pas là. Il ne sait pas que j'ai fait preuve d'imprudence et que j'ai tourné le dos à la rue, sans assurer nos arrières…
« Si, c'est ma faute, je n'ai pas… » commence-je, avant d'être coupé une nouvelle fois…
« T'aurais rien pu empêcher, Blaise. J'ai déjà interrogé ce p'tit salopard. Vous l'auriez pas vu s'approcher parce qu'il s'était Désillusionné, comme vous l'aviez fait, pour sillonner les rues à ta recherche. Alors même si toi ou Ursula vous étiez posté en sentinelle, vous l'auriez pas vu s'approcher. Et il vous aurait surpris tout autant qu'il l'a fait… Et après, il était tellement excité à l'idée d'torturer pour la première fois, qu'il a pas su doser sa puissance de tir. Dès l'premier Maléfice qu'il a jeté, ta p'tite amie avait aucune chance de s'en sortir… Non. T'y pouvais rien, p'tit gars. T'y pouvais rien… » assure Maugrey, tandis que le chagrin et la culpabilité m'étouffent toujours autant…
C'est parce qu'elle était avec moi, qu'Ursula est morte. Parce que la Gorgone avait posé un contrat sur ma tête…
La Gorgone… Je la maudis plus que jamais. Qu'elle soit en Enfer déjà n'y change rien. D'ailleurs, même l'Enfer est une punition trop douce pour elle…
Et quel que soit le châtiment que recevra Thorpe, cela n'adoucira pas ma douleur, ma colère contre moi-même…
C'est ma faute, si Ursula est morte. Ma faute… Juste parce qu'elle était avec moi elle a été lâchement torturée et tuée…
« Blaise. Ta copine savait ç'qu'elle risquait d'être avec toi à Pré Au Lard ou ailleurs. Tout l'monde sait ç'qu'il risque dans cette foutue guerre. Pleure là. T'as raison, elle le mérite bien. C'était une brave petite bien courageuse et tu l'aimais. Mais te sens pas responsable de sa mort, parce que tu l'es pas. Tu m'entends, p'tit gars. Tu l'es pas. Ta garce de mère, ce p'tit salaud d'Thorpe, ouais, ils le sont. Mais pas toi. Et j'suis sûr que si elle pouvait, Ursula te dirait comme moi, de pas t'sentir coupable pour les autres… Toi, t'as rien fait d'autre que l'aimer cette petite….» insiste Maugrey, tandis que les larmes roulent sur mes joues…
Bien sûr qu'Ursula ne voudrait pas que je me sente coupable. Elle avait un cœur d'or. Il n'empêche que j'aurais dû mieux prendre soin d'elle. L'empêcher de venir avec moi.
« C'est elle que j'aurais dû envoyer pour raccompagner les petits. Elle m'en aurait voulu, c'est sûr, mais elle serait encore en vie… » murmure-je, en essuyant rageusement mes larmes…
J'ai vraiment tout foiré ! Si seulement j'avais pris la peine de réfléchir une minute, je l'aurais empêchée de venir avec nous…
« Ouais. Mais alors qui s'rait mort à sa place ? Parce que t'aurait pas été tout seul, t'aurais fait équipe avec quelqu'un d'autre, c'est sûr. Alors avec qui t'aurait préféré être quand Thorpe t'a attaqué ? Draco peut-être ? Après tout, c'est lui qui vous a entraîné vers Pré Au lard ! Ou alors quelqu'un d'autre ? Hein ? Dis-moi, qui ? Lequel de tes amis ? » demande brusquement Maugrey…
« Personne ! PERSONNE ! » hurle-je, soudainement furieux contre Fol Œil.
Pour qui me prend-il, pour croire que j'aurais préféré que Draco ou un autre de mes amis meure à la place d'Ursula…
En même temps, je sais qu'il a raison. Si Ursula n'avait pas été avec moi, c'est avec quelqu'un d'autre, que j'aurais été en binôme. Quelqu'un d'autre serait mort, car Thorpe aurait procédé de la même façon. Il aurait d'abord torturé la personne qui était avec moi, pour me faire souffrir…
Et ça me tort le bide… Non, je n'aurais pas voulu non plus, qu'un autre de mes amis meure à la place d'Ursula.
« Non, personne. J'sais bien, p'tit gars. Car personne ne méritait d'mourir. Et pourtant, plus de six cent cinquante personnes sont mortes dans les attaques, à Dublin et Pré Au Lard. Des gosses, des femmes, des hommes, des jeunes, des vieux. Et personne d'autre que Voldemort, Lucius et les Mangemorts sont responsables de ça… » déclare Maugrey, son Œil Magique fixé sur moi, tandis que mon cœur bat la chamade…
Je suis encore furieux contre lui.
Presque autant que contre moi…
Voldemort et Lucius, les Mangemorts… Ils sont bien coupables de tous ces morts…
Des centaines de morts…
Dans le fond je le sais bien. Tout comme je sais bien pourquoi je me sens si coupable, si douloureux. Mais il ne veut pas comprendre ce que mon cœur aurait désiré…
« Vous ne comprenez rien… » souffle-je, en le dardant d'un regard noir…
« Quoi encore ? Qu'est-ce tu veux que j'comprenne ? T'as une idée de qui tu aurais préféré voir mourir à la place de ta p'tite copine ? C'est qui alors ? Vas-y, crache le une bonne fois pour toute ! Lequel de tes amis tu préférerais pleurer ? Théo ? Ginny ? Neville ? » éructe-t-il, avec brusquerie, me poussant dans mes retranchements…
« Non ! Aucun d'eux, aucun d'eux ! » m'écrie-je, étouffant de rage et de chagrin…
« Bin qui alors ? Hein ? Qui ? » insiste Maugrey, en me serrant très fort le bras.
« Moi ! Moi ! J'aurais préféré mourir à la place d'Ursula, vous m'entendez ? J'aurais préféré mourir à sa place ! » m'écrie-je, essuyant de nouveau mes larmes d'un geste rageur…
La prise de Maugrey se desserre sur mon bras. Elle n'est plus qu'une pression ferme et douce à la fois…
« Nous y v'la. J'savais bien qu'tu finirais par dire ça… » souffle-t-il, en m'attirant contre lui.
Je pleure contre sa poitrine, tandis que ses bras se referment autour de mes épaules. Son étreinte est maladroite, mais chaleureuse. Et je me laisse aller à verser toutes les larmes qui emplissent ma tête de lourdeur et quand je finis par me calmer un peu, mon vieux mentor me repousse avec douceur, pour me regarder de nouveau droit dans les yeux…
« J'comprends ç'que tu r'sens, Blaise. Mais c'était pas ton heure. C'était celle de ta copine. Et rien aurait pu changer ça. Non, rien… Et si tu y réfléchis bien, tu finiras par t'rendre compte que final'ment, ta copine a eu plus d'chance que toi. Elle aura pas à vivre avec ce chagrin-là, qui t'étouffe et te fais sentir si malheureux qu'tu voudrais être mort pour plus l'sentir t'bouffer tout vivant. Et j'vais t'dire une chose : en temps d'guerre, c'est plus dur et courageux, d'rester en vie que d'se faire tuer. Parce que ça fait bien plus d'mal de rester en vie, quand ceux qu't'aime tombent tour à tour, que d'mourir toi-même… » déclare le vieil Auror, considérablement radouci…
Et j'ai soudainement la terrible impression qu'il sait exactement de quoi il parle et ce que je peux ressentir…
« Qui ? » murmure-je, conscient d'être terriblement indiscret.
Mais désireux également de savoir que je ne me trompe pas. Que nous partageons bien un même chagrin… Quelque chose qui nous rapproche encore tous les deux…
Et qui me fera sentir un peu moins seul et misérable que je ne me sens maintenant…
Car mes pensées sont lâches et égoïstes, je le sais. Maugrey a raison. Il faut du courage pour survivre à ceux que l'on aime. J'en prends cruellement conscience…
« Ma femme et mes deux gosses… C'était y a bien longtemps maint'nant. C'était pas la guerre, comme maint'nant, mais un type que j'avais fait coffrer à Azkaban s'est vengé à sa sortie. Mes gosses étaient tout p'tits encore… Et moi aussi, j'aurais préféré être mort et qu'ils soient en vie. Et à partir de ç'moment là, j'ai couru après tous les Mages Noirs que j'pouvais, m'jetant dans l'danger sans la moindre peur au ventre. Il m'a fallu longtemps, pour comprendre que j'cherchais la mort, plus que la justice, parce que je m'sentais coupable d'être en vie, quand ils étaient morts tous les trois. Et qu'en faisant ça, j'rendais pas hommage à ma famille. Parce que l'plus bel hommage qu'on puisse faire aux morts, Blaise, c'est d'redresser la tête et d'vivre la vie qu'ils voulaient qu'on vive. Qu'on ait tout l'bonheur qu'ils nous souhaitaient… Alors pleure ta p'tite amie Ursula, Blaise. Et quand viendra le temps, laisse la vie reprendre ses droits et accepte les bonheurs qui s'présenteront… Parce que c'est ç'qu'Ursula voulait pour toi. Que tu sois heureux…. » répond Fol Œil, son regard planté dans le mien, avant de se caler dans son fauteuil pour me laisser méditer sur ses paroles…
Et je lui suis reconnaissant, de m'avoir parlé comme ça. De m'avoir poussé dans mes retranchements, puis d'avoir été ouvert et franc avec moi. M'avoir livré ce lourd chagrin qui a failli le perdre.
Ma douleur d'avoir perdu Ursula est toujours là. Je me sens toujours coupable d'être en vie, quand elle est morte. Mais je me sens moins seul. Moins misérable.
Je me sens compris…
Et je sais que Fol Œil m'aidera à passer ce cap si difficile et douloureux, aussi longtemps qu'il durera...
OoOoOoO
Et comme d'habitude
... Votre avis m'intéresse vivement ...
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