Titre : Insupportable Grotesque Incroyable

Auteure : gwenweybourne

Traductrice : Elizabeth Mary Holmes

Correctrice : ReachingforHeaven

Rating
: M

Genre(s)
: Romance/Humour

Chapitre: 3/3

Disclaimers
: Sherlock est une série télévisée produite par la BBC et réalisée par Steven Moffat et Mark Gatiss. Elle est basée sur l'œuvre de Sir Arthur Conan Doyle. Par conséquent l'auteure et moi-même ne gagnons rien sur cette fanfiction.

Notes
: Lien vers la VO sur mon profil. Ma bêta est une perle, mes lectrices sont en or...je suis riche. Merci d'avoir lu cette trad.


Sherlock

Incroyable. Sherlock se regarda dans le miroir un peu embué qui se trouvait au-dessus du lavabo, puis contempla son corps tout entier dans le miroir en pied avec un intérêt presque médical. Son pouls était toujours élevé et il était encore chancelant, dévasté par la force de son orgasme.

Encore vexé de ne pas avoir pu en retarder le moment, il se consola en se disant qu'il ne s'était pas accordé un orgasme depuis longtemps, et que c'était la première fois que John - et même quelqu'un d'autre le touchait - sa réaction devait être normale. Il s'arrangerait pour faire mieux la prochaine fois.

Ses cheveux étaient désordonnés après qu'il eut après avoir tant remué sur l'oreiller. Il pouvait voir clairement chaque endroit où John l'avait touché. L'avait embrassé. Et aussi les taches de sa propre semence qui avaient séché. Il devait admettre que l'idée de leurs ADN se mêlant sur sa peau n'était pas pour lui déplaire. Son corps était utile, pas utilisé.

Il n'aurait jamais cru que se laisser aller à céder à cet impératif biologique pouvait être aussi satisfaisant. Il aurait voulu avoir fait ça plutôt — il avait récolté tant de données que c'en était proprement incroyable.

Même s'il avait eu un moment regrettable de panique ; ce qu'il n'avouerait jamais à personne, pas même à John. Cette panique irrationnelle lorsque son esprit s'était embrumé et qu'il avait été incapable de réfléchir, d'analyser ses pensées à la vitesse incroyable habituelle.

Il n'avait jamais expérimenté ce désir lent et entêtant que John avait suscité chez lui avec ses mains et sa bouche. Quand il était adolescent, dans les moments où presque honteux, il cédait et en venait à se toucher lui-même, il se débrouillait pour être aussi rapide et efficace que possible ; et même le plaisir de l'orgasme était teinté d'agacement à l'encontre de son corps qui lui demandait quelque chose qu'il ne souhaitait pas lui procurer.

Mais avec John, cela avait été totalement différent. L'attente de la jouissance avait été insupportable mais en même temps, il aurait voulu qu'elle dure éternellement. Il se repassait dans son esprit l'enregistrement de ce qu'il venait de vivre pour la seconde fois depuis son entrée dans la salle de bain.

Il ne sentait ni exaspération ni honte, ce qui était un agréable changement. Et aussi longtemps que John voudrait bien partager ce genre d'expérience avec lui, il ne voyait aucune nécessité d'y mettre fin. Mais ce à la condition unique que l'expérimentation se déroule avec le médecin.

Parce que lorsque Sherlock essayait d'imaginer quelqu'un d'autre à la place de John, il avait comme un certain dégoût. Oui, les probabilités pour lui de trouver quelqu'un de convenable étaient faibles. Et pourtant la chance avait fait entrer par hasard John Watson dans sa vie. Et ce en dépit du fait que Sherlock ne croyait ni au hasard ni à la chance.

Il se mit de profil et vit avec délice qu'une légère contusion, un suçon, commençait à se former dans son cou. Il avait la forme de la bouche de John. Sherlock s'assurerait «d'oublier » son écharpe la prochaine fois qu'il verrait Mycroft.

Ce n'était pas tant pour se vanter que pour choquer son frère. Mais cela donnerait à l'aîné un lot d'inquiétudes toutes fraîches sur lesquelles il pourrait passer son obsession. Et il fallait admettre que les frères Holmes aimaient leurs obsessions, s'en enveloppaient, les faisaient leurs et même les cultivaient avec des attentions délicates.

Il se dit que finalement, il ne ferait pas ce cadeau à Mycroft. Il laisserait son casse-pied de frère le découvrir tout seul. Parce qu'il le découvrirait et parce qu'il découvrait tout, toujours.

C'était complétement différent de quand il se prenait lui-même en main pour se soulager. John avait pris son sexe dans sa main. Dans sa bouche. L'avait marqué comme sien. C'était un peu du contrôle de lui-même qu'il était prêt à céder à John. Aussi souvent qu'il le désirerait. Quelque part, cela apaisait Sherlock et il pouvait donc se consacrer à des problèmes plus pressants. Car tout était allé au-delà de ses espérances.

Il se lava les mains et continua d'analyser le sentiment atypique auquel il faisait face. Un sentiment d'appartenance. Comme s'il appartenait à quelqu'un. Comme s'il se sentait à sa place.

Toute sa vie durant, on lui avait rappelé qu'il n'était pas à sa place. Même Mummy le regardait bizarrement, comme un étranger, alors qu'elle était sa propre mère. Elle l'aimait, comme une mère se devait d'aimer son fils, mais il avait toujours l'impression que c'était un amour un peu forcé qui donnait dans le « en dépit de » plutôt que dans le « parce que ».

Ses camarades de classe n'avaient eu de cesse de lui montrer qu'il n'était pas à sa place. Ils étaient toujours en train de le railler ; et quand il avait appris à passer outre leurs remarques désobligeantes, on le lui avait montré à coups de poings. Après qu'il se fut convaincu lui-même qu'il s'en fichait, ce qui n'était au début qu'une simple mascarade destinée à se protéger était devenu un précepte en lequel il croyait avec force.

A l'université, il n'était plus question de railleries, mais on l'évitait soigneusement. Il était toujours seul. Toujours spectateur, jamais acteur. Il s'en fichait. Il avait réussi à se convaincre qu'il s'en fichait. Mais ses observations constantes ne lui permettaient qu'une chose : affûter ses capacités en matière de déduction. Et se perdre profondément dans le Travail.

Mycroft le traitait comme s'il était une sorte de problème inextricable qu'il fallait résoudre. A l'âge adulte, Sherlock avait réussi à développer son talent jusqu'à ce qu'il soit infaillible, et qu'il puisse satisfaire de hautes exigences. Pourtant, on lui faisait toujours sentir qu'il était un intrus à Scotland Yard. Et ce surtout sur les scènes de crime. Le « taré », comme l'avait appelé Donovan dès leur première rencontre. Donnez au taré ses cinq minutes, qu'on avance un peu.

Il savait qu'il n'avait sa place nulle part. Mais ce qui le laissait assez perplexe, c'était de se dire que les gens croyaient qu'il était de leur devoir de continuellement le lui rappeler. Comme s'il pouvait oublier ça ! Des gens bas et ennuyeux avec leurs réflexions toutes aussi basses et ennuyeuses.

Mais il avait su faire de sa différence une force qui lui avait permis de s'élever au-dessus des autres. Comme si n'avoir sa place nulle part signifiait qu'il était destiné à quelque chose de plus grand : Le Travail.

Les gens croyaient que John était un brave toutou qui suivait Sherlock partout ; mais dans les faits, c'était plutôt John qui avait adopté Sherlock. Il avait vu en Sherlock quelque chose que lui-même peinait à comprendre.

Pourquoi moi, John ? Tu as dis que c'était parce que je suis un génie, mais ça, tout le monde le sait.

Il y avait quelque chose d'autre, mais quoi ?

Mais pour une fois, il ne souciait pas de la réponse. Et pour être honnête, il n'était pas sûr de vouloir la connaître. Avec John, il se sentait à sa place. Et, pour la première fois de sa vie, il devenait acteur de son existence, et n'était plus un simple spectateur passif.

John avait tué pour lui alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques jours. Les gens s'attendaient à les voir ensemble. John, qui lui donnait son aval quant à son Travail. John, qui à défaut de le comprendre, devait certainement l'accepter.

Et Sherlock sut que son corps ne serait plus jamais le même. Il était plus qu'un simple moyen de locomotion, il s'agissait de quelque chose qu'il pouvait offrir à John. Et puis c'était logique, le docteur s'occupait déjà de le maintenir en forme et de s'assurer de son entretien.

Il sortit de sa réflexion et prit soudainement conscience qu'il était en train de frissonner dans la salle de bain fraîche. Et John l'attendait. Se demandant comment il avait vécu l'événement et s'il allait revenir. Sherlock respira à fond, ouvrit la porte et retourna dans la chambre de John.

Il resta sur le pas de porte, le docteur était allongé, immobile, et essayait, sans succès, de paraître nonchalant. Sherlock eut un petit sourire, alla vers le lit et enleva de ses épaules la chemise froissée qui y pendait misérablement. Il se glissa sous les couvertures pour se réchauffer et se rapprocha de John, qu'il sentit se tendre puis presque aussitôt s'apaiser quand il se colla plus près de lui.

« Sherlock, tu sais, tu n'es pas obligé de… », Murmura John.

Sherlock réduisit John au silence d'un long baiser. Le détective caressa sa joue et embrassa les pattes d'oie qui s'étaient formées au coin de ses yeux. Elles étaient la manifestation physique de son rire, de son expérience, de sa douleur et du soleil du désert sans pitié.

John était sous le choc. Une telle démonstration de tendresse allait aider à faire passer plus facilement le commentaire de Sherlock : « Si tu voulais bien enlever ce pull ridicule... Ça me démange affreusement et je crois ça va me donner des boutons. » Pour donner du poids à sa réflexion, il fit la moue.

John gloussa. « D'accord… » Il fit passer le lainage au-dessus de sa tête, et Sherlock lui retira avant de le jeter au loin dans un grognement de satisfaction. Puis il tira sur les couvertures de telle sorte que John change de position et soit en-dessous ; ainsi, ils n'étaient plus séparés par une barrière de tissu.

Sherlock embrassa John de nouveau et ses doigts commencèrent à déboutonner habilement la chemise du médecin. Des données, John était un puits de données et il les avait pour lui seul.

« Oh, Sherlock…. », Soupira de plaisir John quand les lèvres et la langue du détective explorèrent son cou et ses clavicules. « Putain Sherlock, qu'est ce qu'on est en train de faire ? »

Sherlock le dévisagea, l'air vaguement perplexe, clignant de ses yeux pâles dans la lumière tamisée de la chambre. « On agit comme des humains », répondit-il sur le ton de l'évidence. « On m'a souvent dit que j'avais des déficiences dans ce domaine. Et ce que l'on fait, ce n'est pas ce que les humains font quand ils tiennent à un autre humain… ? »

« Eh bien — oui, mais… » dit John avec hésitation.

« Eh bien, voilà qui est fixé », l'interrompit Sherlock. « Une bonne chose que nous ayons éclairci ce point. Si tu voulais maintenant bien te taire, car tu es terriblement perturbant. Comme d'habitude. »

« Comment ça, comme d'habitude ? Hé ! Aïe ! »

Un regard furieux après que Sherlock lui ait mordu le téton et John retrouva son calme, ses yeux pétillants de malice. Il fallait admettre que ce n'était pas une surprise, le manque d'expérience dans un domaine n'avait jamais empêché Sherlock de prendre la tête des opérations.

Il enregistrait, organisait et analysait des données en même temps qu'il embrassait, léchait et caressait le corps de John. Conscient qu'il reproduisait ce que John lui avait fait plus tôt, il voulait voir ce que donnait l'expérience lorsqu'on en était à jouer le rôle de la personne qui procurait les sensations plutôt que celui de celle qui en bénéficiait.

Il se demandait aussi si John allait avoir des réactions spécifiques à ce qui lui plaisait le plus. Il pourrait donc croiser les données et les utiliser la prochaine fois pour que leurs relations sexuelles prennent une tournure encore plus satisfaisante.

« Et puis, je pense faire un peu plus que juste te reluquer le cul…. »

Sherlock voulait le mordre furieusement une seconde fois, mais il leva la tête et haussa les sourcils en entendant quelque chose d'aussi curieux.

« Quoi par exemple ? Ah… ça… oui. Tu devrais. »

« Tu veux ça… »

« Oui, tout entier. »

« Tout entier ? Qu'est ce que tu insinues ? »

« Dois-je te mordre ? »

« Oui… je veux dire, non… Je n'ai rien contre ce genre de choses, mais finis d'abord ce que tu as commencé. »

« Merci. » Le ton de Sherlock trahissait une certaine exaspération.

Les seuls sons que John laissa échapper ensuite furent de doux murmures et des gémissements de plaisir. Sherlock les enregistra tous. Le pouvoir du sexe était étourdissant, même pour lui. John était allongé, nu, à côté de lui et il frissonna quand Sherlock le prit en main, sa poitrine se soulevant par anticipation.

C'était ça. C'était pour ça que le sexe était une force motrice dans les dynamiques du monde. Des gouvernements étaient tombés, ou presque tombés, à cause de lui. Des sonnets, des pièces de théâtre, des films, des programmes télévisés, des opéras et des chansons populaires le glorifiait. On mentait, on tuait, on brisait des cœurs, on détruisait des vies pour lui. Même les plus grandes joies et les plus sombres chagrins venaient de lui.

Tout ça pour ça. Et Sherlock commençait à comprendre pourquoi. Juste un peu. Pour une fois qu'il était impliqué, pour une fois qu'il ne regardait pas dans la salle mais debout sur la scène.

Incroyable, songea-t-il lorsqu'il prit dans sa bouche chaude et humide le sexe de John, qui ne tarda pas à crier son extase en agrippant doucement de ses mains assurées de chirurgien les cheveux de Sherlock. Tout simplement incroyable.