Pour Leia26: Oui, j'étais obligée de tuer Kanon! (navrée) Il se trouve que cette série suis un schéma précis, le premier OS se basant sur la réincarnation, le deuxième sur les bons moments, le troisième sur la fragilité et l'éphémérité de la vie (d'où la mort de Kanon) et le dernier sur la nouveauté/l'évolution. En fait le deuxième OS a d'ailleurs été le plus dur à choisir et celui qui avait le moins un "message" à véhiculer, il agissait plus comme une transition entre le premier et le troisième.

Saint Angel: au risque de me répéter, cette histoire est en quatre chapitres. Profite donc bien de ce dernier OS!


Eternité

Kanon caressait distraitement la main de son amant avec son pouce, son regard rivé sur le visage fermé du juge endormi.

Il n'aurait sût dire depuis combien de temps il se trouvait là, cela aurait très bien put faire plusieurs heures comme plusieurs jours, il n'en savait absolument rien.

Tout ce qui lui importait c'était d'être ici, au chevet de Rhadamanthe. Même s'il l'aurait préféré éveillé.

Eaque lui avait fait un bref résumé de ce qui s'était passé. De ces quatre cents années de solitude que la Wyvernn avait endurées à leurs retrouvailles puis à la réaction que sa soudaine mort avait déclenchée.

A présent seul dans le silence de l'infirmerie Kanon ne pouvait s'empêcher de se sentir désolé.

Désolé pour Rhadamanthe qui avait du subir tout cela, désolé pour les Enfers qui avaient sans aucun doute possible souffert sous le malheur du juge, désolé pour les spectres et les âmes qui n'avaient pas eu le temps de comprendre ce qui se passait avant qu'il ne sot trop tard, désolé pour Rune, pour Minos et Eaque…Désolé pour lui-même.

Triste de ce que l'amour du juge à son encontre avait faillit causer. Mélancolique de cet homme qui ne pouvait se réveiller et dont il voulait tant voir les dragonesques prunelles.

Dévasté.

Dévasté de n'avoir été là quand Rhadamanthe avait eu besoin de lui, détruit par le désespoir dans lequel le juge avait sombré, ravagé par le chagrin et la douleur.

Kanon était désolé comme l'était un champ de ruines.

Son cœur se serra dans sa poitrine et il agrippa un peu plus fort la main inerte du juge. On lui avait dit que son sort était en attente jusqu'à ce qu'Hadès ne revienne. Hélas personne ne semblait savoir ce qui allait se passer et Kanon s'inquiétait.

Pourquoi cette décision ? Qu'allait-on faire de lui. Cela concernait-il Rhadamanthe ? Pourquoi n'était-il pas jugé comme les autres ? Et encore beaucoup d'autres questions du même acabit. Mais sa principale préoccupation, pour le moment, concernait l'avenir de son amant.

Après avoir causé de tels dégâts aux Enfers Rhadamanthe ne risquait-il pas d'être punit ?

L'un comme l'autre, allaient-ils sortir indemnes de toute cette histoire ?

Fatigué de ne pouvoir faire taire les inquiétudes résonnant dans sa tête l'âme du Gémeau s'allongea auprès du juge et ferma les yeux en une tentative de trouver enfin un peu de repos.

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Hypnos surveillait attentivement l'activité du spectre depuis qu'il l'avait endormi. Ce n'était pas parce que le spectre était assoupi qu'il ne rêvait pas, bien au contraire, et cela pouvait parfois s'avérer très…révélateur.

Il avait ainsi remarqué avec soulagement que la présence de Kanon paressait apaiser la Wyvernn petit à petit.

Il n'y avait rien d'étonnant à ce que le juge Rhadamanthe ait senti et reconnu l'âme du jeune homme, même dans un sommeil aussi profond que celui dans lequel le Dieu l'avait plongé.

Depuis un moment déjà son 'patient' semblait avoir retrouvé un certain calme et une certaine stabilité d'esprit, ce qui était bon à savoir.

Il remercia mentalement le spectre du Garuda d'avoir penser à amener le Gémeau auprès de son collègue sans quoi il aurait surement eu bien plus de problèmes avec celui-ci. La Wyvernn était connu pour son caractère borné avoisinant parfois celui d'un bouledogue.

Hypnos était tellement pris par sa surveillance qu'il n'entendit pas son frère entrer et fut brusquement surprit lorsqu'une main se posa sur son épaule.

« Le seigneur Hadès veut te voir. Il va bientôt falloir réveiller le juge » débita Thanatos d'une traite.

Le Dieu du Sommeil se leva pour suivre son jumeau à la rencontre du Maître des Enfers, surprit qu'il revienne à peine deux jours après son départ. Il pensait que les discussions seraient plus longues.

Il fut encore plus étonné lorsqu'il découvrit, aux côtés de son seigneur, Athéna elle-même.

A sa suite couraient quelques pauvres chevaliers craintifs qui ne savaient pas où se mettre ni comment se comporter.

Hypnos haussa un sourcil. Où était donc passé le courage et l'insolence qu'il avait autrefois vu briller chez les ors ? Ces chevaliers-là craignaient-ils donc tant de faire une erreur qui pourrait compromettre la paix entre le Sanctuaire et les Enfers ?

Si c'était le cas il faudrait sincèrement raconter quelques histoires à ces jeunes gens, leurs prédécesseurs ne s'étaient pas gênés pour leur faire les quatre cents coups, eux.

Oh il pensait bien à Kanon des Gémeaux ou Milo du Scorpion ! Sans oublier Aphrodite des Poissons et son terrible compagnon, chevalier du Cancer. Mais Hypnos se rappelait aussi des maux de tête fabuleux qu'Hadès avait put subir à la simple évocation du nom de Deutéros, Regulus ou encore Kardia !

Les ors n'avaient jamais été en panne d'idée quand il s'agissait de mener la vie dure aux troupes des Enfers.

De quoi animer ses soirées et celles de son frère pendant de looongues décennies.

Alors, vraiment, quand il regardait ces nouvelles recrues accompagnant la Déesse de la Sagesse il y avait de quoi être déçu.

« Hypnos. »

La voix de son seigneur le ramena à des problèmes bien plus urgents que quelques ors en manque de testostérone et il emboita le pas aux autres déités pour régler les derniers détails de leur affaire.

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Kanon se leva en sentant de puissants cosmos approcher. Il posa son regard sur la porta, attendant que ses visiteurs ne l'ouvrent.

Après quelques instants Hadès et Hypnos entrèrent dans la pièce, suivit un peu plus loin par Minos et Eaque.

Le Dieu des Enfers le salua d'un léger signe de tête.

« Kanon. »

« Seigneur Hadès » répondit-il en s'inclinant un peu.

Le Dieu lui fit signe de se relever avant de se concentrer sur son juge.

Hypnos s'apprêtait déjà à le réveiller, espérant que le spectre serait plus calme s'il passait par plusieurs stades d'éveil plutôt que de le ramener à la conscience d'un coup. Le Gémeau entama une retraite pour laisser le Dieu travailler quand Hadès le stoppa.

« Reste. Peut-être ta présence sera-t-elle suffisante pour le garder lucide. »

Secrètement reconnaissant envers le gérant des Enfers le chevalier reprit sa place auprès du juge, agrippant de nouveau sa main dans les siennes.

Au grand soulagement de tous les occupants de la pièce Rhadamanthe revint à lui calmement et sans montrer le moindre signe d'agitation ou de violence.

Presque immédiatement ses yeux se posèrent sur l'âme qui n'aurait pas dût se trouver là.

Kanon lui sourit faiblement en sentant la pression de la main de son amant s'accentuer sur les siennes.

Aucun d'entre eux ne sut que dire.

Après quatre cents ans les amants se retrouvaient enfin et semblaient être à court de mots, leurs yeux parlaient pour eux. Ce fut le maître des lieux qui coupa ce charmant et silencieux échange.

Regardant son juge, puis Kanon il s'assura de bien se faire comprendre.

« Je vous laisse dix minutes. Après ça je veux vous voir tous les deux dans ma salle d'audience. »

Il s'éloigna ensuite du couple pour faire signe au second Dieu présent de le suivre.

Minos et Eaque sortirent de la pièce mais n'allèrent pas plus loin. Ils devaient accompagner les deux tourtereaux une fois ceux-ci prêts.

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Exactement dix minutes plus tard, comme demandé, Kanon et Rhadamanthe se présentaient aux portes de la salle d'audience du seigneur Hadès.

Une fois lesdites portes ouvertes Kanon fut surprit de trouver, en plus du seigneur Hadès, celle qui avait été sa déesse et reine pendant plus d'un siècle de vie.

Debout, elle se tenait, fière et droite, à la gauche de son divin oncle. Un sourire un peu rêveur étirait gracieusement ses lèvres.

Immédiatement Kanon mit un genou à terre, saluant la nouvelle incarnation d'Athéna.

« Milady » prononça-t-il, un rien moqueur.

Si l'un des actuels chevaliers s'était trouvé présent surement s'en serait-il offusqué. A la place de quoi la déité éclata d'un rire frais et ravi.

« Je te reconnais bien là, Kanon des Gémeau. »

Légèrement agacé par le temps que lui prenait toute cette histoire Hadès balaya les formalités d'un geste pour en venir directement au cœur du sujet.

« Kanon » commença-t-il d'une voix grave et sérieuse. « Nous sommes ici, aujourd'hui, pour décider de la suite de ton avenir…ainsi que celui de Rhadamanthe » reconnut-il comme avec réticence.

Le Gémeau sentit son compagnon se tendre à ses côtés mais aucun d'entre eux ne dit mots.

Athéna s'avança alors d'un pas et déclara d'une voix claire :

« Kanon des Gémeaux, moi, Athéna, en tant que ta déesse tutélaire te défaits aujourd'hui de ton devoir envers moi. »

Kanon ouvrit de grands yeux effarés à une telle déclaration.

« J'accède à la requête de mon oncle, Hadès, seigneur des Enfers en lui donnant droit d'affiliation sur ta personne. »

Maintenant totalement perdus le Gémeau et la Wyvernn se regardèrent sans savoir comment se comporter.

Ce fut alors au tour d'Hadès de parler. Il s'adressa d'abord au maintenant ex-chevalier.

« Pour éviter d'avoir de nouveaux épisodes d'instabilité et de folie destructrice de la part de mon juge » commença-t-il avec une pointe de reproche dans la voix et le regard. « Ainsi que pour préserver mon royaume il a été choisit de ne plus t'incarner à nouveau en tant que chevalier ou simple mortel. Je fais donc aujourd'hui de toi l'un de mes spectres. »

Le concerné faillit en tomber à la renverse.

« Tu es désormais Kanon, spectre de la Chimère de l'étoile céleste de l'Illusion. Ton rôle est celui de Gardien du Léthé et des Champs Elysées. »

Kanon en aurait pleuré. Il était conscient de l'immense cadeau que lui faisaient les deux déités présentes.

Hadès tourna enfin son visage vers son juge.

Rhadamanthe se tenait raide devant son Dieu, soutenant son regard du mieux qu'il le pouvait.

« Juge Rhadamanthe de la Wyvernn » commença le maître des Enfers d'un ton neutre. « Pour avoir attaqué tes collaborateurs et subalternes et avoir détruit une partie des Enfers tu es condamné à aider ton nouveau collègue » il montra Kanon d'un signe de tête. « Pour les cinq décennies à venir. Ceci en plus de tes obligations habituelles, évidemment. »

Pendant quelques minutes pas un bruit ne se fit entendre dans la salle.

Les deux amants, sous le choc, n'osaient croire à ce qu'on leur offrait. Ils se serraient convulsivement la main dans la crainte que ceci n'ait été qu'une horrible farce et ne savaient que dire.

Hadès et Athéna, eux, attendaient simplement que les deux hommes aient digéré la nouvelle. Seulement pour le Dieu majeur, il n'avait pas que cela à faire, aussi congédia-t-il le couple pour qu'il aille finir de comprendre ce qui venait de se passer dans leurs appartements privés.

Se retournant vers sa nièce il se décida finalement à parler de ce qui lui trottait dans la tête.

« Athéna, ma chère, je pense qu'il serait bien de revoir les conditions de notre traité de paix. Qu'en dis-tu ? »

Il était temps que les chevaliers apprennent de nouveau à connaitre les spectres. Leur ignorance était déplorable.

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Kanon et Rhadamanthe avaient rapidement tracés leur chemin jusque chez le spectre.

L'un comme l'autre avait beaucoup trop de temps à rattraper et très peu envie de s'expliquer auprès des autres spectres. Ils s'étaient donc hâtés de fuir s'enfermer chez la Wyvernn.

A peine la porte de la chambre refermée que le Gémeau se retrouvait projeté contre le mur, étroitement prisonnier des bras de son compagnon.

Rhadamanthe inspira longuement dans la chevelure bleue de mer avant de se détendre un peu.

« Tu m'as manqué. »

Un silence suivit l'aveu de Kanon.

Timidement il encercla lui aussi son compagnon, l'attirant dans un câlin rassurant et plein de promesses.

« Tu étais mort » articula péniblement la Wyvernn.

Le cœur du Gémeau se serra à cette simple constatation.

Caressant gentiment les courts cheveux blonds il s'employa à apaiser les peurs et les souffrances de son amant.

« C'est fini…C'est fini. »

Oui, bel et bien fini.

Hadès et Athéna leur avaient offert une chance de s'aimer à nouveau, d'être ensemble. Pour de bon cette fois-ci.

En offrant ce poste à Kanon le Dieu des Enfers lui permettait aussi de pouvoir voir ceux qui avaient autrefois été ses compagnons d'armes lors de leurs passages par ces lieux.

Certes il y avait son lien avec Saga mais il savait que son frère comprendrait. Si l'un d'entre eux était heureux l'autre le serait aussi, même s'il fallait pour ela qu'ils s'éloignent l'un de l'autre, c'était une promesse vieille comme le monde qu'ils s'étaient faite il y a très longtemps.

Il sentit le juge raffermir sa prise sur ses reins puis le soulever de terre pour le porter jusqu'au lit.

Une fois cela fait il l'allongea fébrilement tout en l'embrassant avec fièvre. Et Kanon se laissa faire.

Il y avait longtemps, tellement longtemps qu'ils n'avaient pas pût s'aimer ainsi. Si longtemps qu'ils n'avaient pas laissés libre court à toute leur passion.

Lors de sa dernière incarnation Kanon avait été physiquement bien plus fragile et même si Rhadamanthe l'avait aimé il lui était parfois arrivé de manquer cette étincelle de violence qui avait caractérisée leur relation.

Enfin, tout cela était terminé ! Enfin, ils se retrouvaient !

Et rien n'aurait put avoir plus d'importance.

Ce fut avec plaisir et soulagement que Kanon se laissa faire ce soir-là.

Le plaisir d'être à nouveau ensemble et le soulagement de savoir que, cette fois-ci, cela pouvait durer.

Oui, cela pouvait durer. Durer une éternité.


... Ouaip, ça change de Athéna/Saori mais que voulez-vous! J'avais besoin d'une déesse un minimum classe pour finir cette histoire! Il a bien fallut faire mieux que la vierge éffarouchée aux cheveux violet.

Et voila...Fini...Sniff, ça me fait bizarre. Bref, merci à tous de m'avoir suivie jusque là, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, comme d'habitude, et à la prochaine!