Ndt : Je ne résiste pas plus longtemps à poster ce premier chapitre en avant-goût avant le rush de la rentrée... Ceci est la traduction du premier long HPDM de Sara Holmes (dont j'ai déjà traduit 2 fics et Elberane, de même). Il y en a pour 19 chapitres, déjà presque tous traduits et pré-publiés sur un autre site. Je posterai le chapitre 2 fin septembre, puis ce sera posté au rythme d'un chapitre par semaine. Pour plus d'infos sur l'avancement des travaux ou d'autres liens vers du Sara Holmes en français (ou en anglais !), rdv sur mon profil. Bonne lecture, et bonne fin d'été !

Et merci à Elenne pour sa relecture !


State of Mind : État d'esprit

de Sara Holmes


« Fear for the worst, I can't catch my breath.

My heart beats to the sound of unrest. »

State of Mind – Mad Caddies

(« Craignez le pire, je n'arrive pas à reprendre mon souffle.

C'est le pouls du malaise qui fait battre mon coeur. »)

DISCLAIMER : Ça me brise le cœur à chaque fois de devoir écrire qu'Harry Potter et ses amis ne m'appartiennent pas. Cet honneur revient à JK Rowling et ses éditeurs. Je ne gagne pas d'argent avec cette histoire et je ne cherche pas à violer les droits d'auteur de quiconque. S'ils avaient été à moi, le fameux épilogue aurait été beaucoup plus drôle.

AVERTISSEMENTS : Sexe, slash, thèmes suicidaires, gros mots et câlinage.

Le suicide sera bien un des thèmes de cette histoire mais ce ne sera PAS explicite ni sur-développé inutilement (donc pas de véritables scènes de suicide ou d'auto-mutilisation); ce qui m'intéresse c'est plutôt la psychologie derrière tout ça et le processus de rétablissement. Histoire de mettre les choses au clair avant de nous lancer dans la chose…

Chapitre 1 : Protestations

C'était une matinée radieuse. Les couloirs magnolia de l'Hôpital Ste-Mangouste pour les maladies et blessures magiques baignaient dans la lumière claire du soleil. Tout était calme. Les seuls bruits qui venaient perturber le silence du couloir Est étaient le couinement d'une paire de baskets sur le sol en lino et le fredonnement léger du jeune homme aux cheveux sombres à qui appartenait les pas, et qui marchait, les mains dans les poches et le sourire aux lèvres.

Harry Potter avait cessé depuis longtemps d'essayer de convaincre qu'il n'avait plus besoin d'aller à Ste-Mangouste. Après la guerre, il avait bien compris l'argument de Hermione : quand on a été mort pendant quatorze minutes et demie, quelques examens médicaux sont tout à fait justifiés. Mais, deux ans après, il ne voyait vraiment plus l'intérêt de ces visites de routine dans la mesure où il allait toujours bien à 100%. Toutefois, si ça permettait de tranquilliser Hermione et les Weasley (et de faire cesser les sempiternels commentaires inquiets), il continuerait à y aller.

Cette visite avait été exactement comme la dernière : sans intérêt. Son guérisseur avait lancé sans entrain les sorts de diagnostic nécessaires sur Harry et tamponné un « en bonne condition physique pour toute activité » sur son formulaire sans même le lire.

Harry arriva à l'intersection de deux couloirs et marqua un temps d'arrêt, regardant d'un côté et de l'autre en se demandant quel chemin emprunter pour quitter l'hôpital. La sortie Sud était plus proche de chez lui mais la sortie Nord partait dans la direction de chez Ron et Hermione, ce qui voulait dire thé, biscuits et papotage. Il ne lui fallut pas longtemps pour se décider. Mais à peine avait-il fait un pas dans la direction de la sortie Nord qu'un cri, venant de quelque part derrière les portes battantes à sa droite, fit voler la quiétude de l'hôpital en éclats.

Harry s'arrêta et fronça les sourcils alors que les cris se poursuivaient et devenaient progressivement plus forts, de toute évidence arrivant dans sa direction. Il ne distinguait pas les mots mais il était clair que le propriétaire de la voix était loin d'être content. À bien écouter, la voix lui semblait vaguement familière, mais il n'arrivait pas à la remettre, comme s'il essayait de retenir le souvenir d'un rêve brumeux.

La curiosité eut raison du bon sens : il était sur le point de glisser un œil par le hublot d'une des portes lorsque celles-ci s'ouvrirent avec fracas, le faisant s'aplatir contre le mur par un réflexe opportun. C'était un groupe de cinq personnes : quatre guérisseurs qui avaient l'air sur les nerfs, dont deux traînaient quelqu'un sans cérémonie le long du couloir. Un quelqu'un très blond, qui débitait des chapelets de jurons et se démenait violemment.

Harry était bouche bée. Le garçon squelettique que les Guérisseurs étaient en train de traîner dans le couloir lui était plus que familier.

Draco Malfoy.

Harry ne l'avait pas vu depuis presque deux ans, depuis qu'il avait témoigné à l'appel qui devait lui permettre de sortir d'Azkaban. L'appel avait marché, Draco était sorti de prison et avait aussitôt disparu de la surface de la terre. Son sort n'avait pas l'air de s'être beaucoup amélioré depuis.

« Mais putain lâchez-moi bande de sang-de-bourbe de Guérisseurs de mes deux ! Laissez-moi partir MERDE ! »

Sidéré, Harry regarda Draco se faire embarquer par d'autres portes battantes dans le couloir de gauche, pestant et jurant comme un charretier. Il portait un pyjama blanc d'hôpital qui le faisait paraître encore plus pâle que d'ordinaire, et ses cheveux blond-blanc avaient été coupés très court. Si l'on ajoutait à cela le fait que le Serpentard semblait avoir grandi d'au moins trente centimètres en deux ans, ce n'était plus le garçon que Harry avait connu à Poudlard; il était presque méconnaissable.

Avant de se rendre compte de ce qu'il faisait, Harry passa les portes battantes et suivit les guérisseurs dans le couloir qui menait à une aile de l'hôpital où il n'était jamais allé. Il resta à bonne distance, marchant à pas discrets, mais il n'avait pas à s'en faire : Draco était trop occupé à déverser son fiel sur les guérisseurs pour remarquer que Harry les suivait.

Harry passa juste à temps l'angle d'un couloir pour voir Draco se faire fourguer dans une chambre dont la porte bleue fut claquée brutalement ; l'un des guérisseurs s'y adossa, le souffle court, tandis qu'un autre pointait sa baguette sur la porte pour la verrouiller.

« Quel cauchemar. Comment fait-il pour avoir autant de force ? se plaignit le guérisseur adossé à la porte.

- L'énergie du désespoir, répondit un autre en secouant la tête.

- Je me fiche de ce qu'il peut faire du moment qu'on n'a plus JAMAIS besoin de le transférer, dit un autre avec humeur.

- Excusez-moi ?

Les quatre sorciers firent volte face en entendant l'entrée en matière prudente d'Harry. Quatre paires d'yeux avisèrent brièvement sa cicatrice (comme toujours) avant de s'écarquiller.

- Monsieur Potter !

- Excusez-nous, Monsieur, nous ne vous avions pas vu…

- Avez-vous perdu votre chemin, Monsieur ?

- Pouvons-nous faire quelque chose pour vous, Monsieur ?

- Nous aurions…

- Non, tout va bien, dit Harry fermement, mettant un terme au babillage. Je… C'était vraiment Draco Malfoy que j'ai vu à l'instant ? »

Les Guérisseurs échangèrent un regard hésitant avant que l'un d'eux n'acquiesce : « Oui, Monsieur. Le Directeur a demandé à ce qu'on le transfère en cellule d'isolement à cause de… eh bien de ses écarts de langage, déjà. Il dérangeait les autres patients du service.

- Pourquoi est-il ici ? » Harry alla droit au but.

Simultanément, les quatre Guérisseurs le regardèrent puis jetèrent un regard vers la porte lorsqu'un grand bang et des cris étouffés parvinrent de l'intérieur de la chambre. « Désolés, Monsieur, on ne peut pas vous renseigner. Seuls les ayant-droit… »

Un sentiment affreux noua l'estomac d'Harry et il blêmit aux mots du guérisseur. Il était de notoriété publique que Lucius Malfoy avait été condamné au Baiser du Détraqueur pour le rôle qu'il avait joué dans la guerre, et Narcissa avait succombé au chagrin dans le mois qui avait suivi. Tous les parents proches qu'Harry connaissait à Draco étaient morts eux aussi : Bellatrix avait péri lors de la bataille finale et Andromeda était morte de la Dragoncelle six mois plus tôt.

Draco n'avait aucun ayant-droit.

« Qui sont ses ayant-droit ? demanda Harry dès que son cerveau eut assimilé l'idée.

- Eh bien… Il n'y a personne de répertorié dans son dossier, Monsieur. »

Harry regarda les quatre guérisseurs d'un air ahuri. Ceux-ci eurent l'air visiblement mal à l'aise d'être dévisagés ainsi sans gêne. « Il est ici tout seul ? demanda Harry, incrédule. Depuis combien de temps est-il ici ?

- Quatre mois, Monsieur.

- Arrêtez de m'appeler Monsieur ! » s'emporta Harry avant de remonter ses lunettes et se pincer l'arête du nez. Il inspira profondément pour essayer de se calmer et mettre de l'ordre dans le tourbillon de sentiments et de pensées qui l'avaient submergé à la vue de Malfoy.

« Excusez-moi. C'est juste que… je ne m'attendais pas du tout à le revoir un jour, nulle part, et encore moins ici. Est-ce que je peux le voir ? »

La question les prit tous de court, y compris Harry lui-même. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il ne savait même pas s'il voulait revoir Malfoy un jour, mais un des guérisseurs était déjà en train d'acquiescer et sortir sa baguette de sa robe. Harry espéra vaguement qu'un jour quelqu'un aurait le cran de lui dire non pour une fois, pour l'empêcher de se mettre dans des situations pareilles.

« Je vous recommande d'avoir votre baguette à portée de main, Monsieur. La chambre vous laisse libre de recourir aux sorts d'Entrave en cas de besoin mais tout autre sort vous…

- Je ne vais pas lui jeter un sort, dit Harry patiemment, réprimant l'envie de lever les yeux au ciel.

- Cela peut se révéler nécessaire » répondit tristement le guérisseur.

Harry hocha la tête et se tourna vers la porte bleue, se demandant ce qui lui prenait de faire ça - au nom de Merlin! - tandis que le guérisseur pointait sa baguette sur la porte pour la déverrouiller.