Rating : pas de relation Sirius/Remus, si ce n'est une grande histoire d'amitié.
Néanmoins, comme l'histoire va tourner autour d'eux deux, on va suivre de temps en temps la vie privée de Remus ; aussi je toucherai souvent quelques mots de la relation du canon, Remus/Tonks.
Personnages : Sirius et Remus, donc, mais aussi Nymphadora, le petit Teddy (qui est indissociable de la vie de Remus, on s'en doute bien, et qui va donc avoir très souvent sa place dans le récit), mais aussi Harry et d'autres personnages, du canon ou non, qui vont faire quelques apparitions tout au long de l'histoire.
Au sujet de l'histoire : certains personnages qui ont trouvé la mort dans le livre de J.K. Rowling sont toujours vivants ; notamment Remus et Tonks. Quant à Sirius, je vous laisse découvrir son mystère…
D'autre part, je me fie au canon pour le voile, et non au film ; dans le livre, le sortilège que jette Bellatrix à Sirius avant qu'il ne tombe à travers le voile n'est pas mentionné, ce qui laisse plus de place à l'imagination.
Enfin, je dois aussi mon inspiration au sujet de Sirius à l'article du Chicaneur mentionné dans le tome 5, au chapitre "Luna Lovegood".
Voilà, je vous souhaite une bonne lecture !
Le moldu
Prologue : Réminiscences
Remus ouvrit les yeux. Son regard, encore embrumé par le sommeil, essaya de saisir quelque vision onirique qui disparaissait rapidement, devenant de plus en plus inaccessible au fur et à mesure que les derniers lambeaux de son rêve s'estompaient dans la clarté matinale, la réalité dissolvant impitoyablement la fugitive impression – la fugitive vérité – qu'il venait pourtant tout juste de ressentir. Cette impression, perçue avec une exactitude effarante, cette vérité manquée et d'ores et déjà oubliée, avait causé en lui un bonheur sans pareil, une joie sans mélange qui s'était répandue jusqu'au plus profond de son être, et qui l'étourdissait encore à cet instant. Les couleurs lui semblaient plus vives, les contours des meubles et des objets de sa chambre lui semblaient plus nets ; le monde lui-même lui semblait avoir gagné en profondeur, en consistance. Cette vivacité, cette netteté et cette profondeur n'étaient pourtant pas agressives comme celles qui chamboulaient ses sens lorsqu'il se changeait en loup-garou, une fois par mois ; au contraire, il se sentait incroyablement bien, presque… entier.
Perturbé par cette euphorie, il s'assit lentement, ses pensées troublées tournoyant sans but dans sa tête. Jamais il ne s'était senti aussi bien depuis qu'il avait quitté Poudlard et que ses amis et lui avaient été séparés par la vie, malmenés par le destin, et pour tous - à l'exception peut-être de lui-même -, cruellement balayés par la fatalité. Même sa femme, même son enfant qu'il aimait tant n'avaient jamais causé en lui un bonheur aussi renversant ; même s'il les chérissait de tout son être, Remus avait subi beaucoup trop de tragédies, qui avaient laissé leur marque impitoyable au plus profond de lui-même. Beaucoup trop d'êtres chers à son cœur lui avaient été brutalement arrachés pour qu'il puisse encore se sentir pleinement comblé ou entier ; pour qu'il ne ressente pas cette peur lancinante vis-à-vis de l'avenir.
Soudain, aussi brusquement que ce raz-de-marée d'euphorie l'avait submergé, il disparut à son tour, laissant en lui une sensation de vide infini qui le laissa aussi nauséeux et anéanti qu'à la fin de ses transformations. Il s'agrippa aux draps de toutes ses forces, les doigts tellement crispés que ses phalanges en devinrent blanches ; il sentait la sueur couler le long de son dos, il sentait le néant de toutes ces plaies béantes qui morcelaient son cœur, il sentait, à cet instant plus que jamais, la douloureuse absence de ses amis les plus chers… et de l'un d'eux, en particulier.
« Sirius », murmura-t-il, et cet appel s'éleva lentement dans la pièce en une supplique désespérée.
Jamais son meilleur ami ne lui avait manqué à ce point.
Il laissa filer quelques minutes encore, la tête basse et le dos courbé. Puis il entendit les pleurs de Teddy, dans la chambre voisine, et la vitalité commença à lui revenir.
« Reprends-toi », s'ordonna-t-il à lui-même. « Reprends-toi. »
Il s'accorda encore une poignée de secondes, le temps de se souvenir du rire de Sirius, ce rire si semblable à un aboiement ; et il lui crut percevoir le fantôme de sa voix hilare, l'exhortant d'une tonalité moqueuse : « Allez, au travail, Moony ! ».
Le cœur laminé, Remus refoula ses souvenirs et chassa cette peine qu'il s'interdisait de ressentir, pour redevenir le mari de la jeune femme aux cheveux bleu nuit qui dormait encore profondément à ses côtés, et le père du petit garçon de presque cinq ans maintenant qui pleurait à chaudes larmes dans la pièce voisine.