Disclaimer: Les personnages ne m'appartiennent pas!

Et voilà, je pense pouvoir annoncer qu'on s'approche de la fin. Je pense que certaine d'entre vous ont pu le remarquer avec le chapitre précédent…

Bah finalement, en écrivant, je pense pouvoir affirmer maintenant que c'est le dernier chapitre de cette fanfic! Et oui! Toutes les bonnes choses ont une fin~!

Edit: Zangyaku-sama a corrigé ce chapitre~

Bonne lecture à tous! Savourez ce dernier chapitre un peu plus long que les autres! ^^


Le camp Jigoku

Chapitre 9

Après avoir bien profité de la journée gracieusement offerte par le camp Jigoku et une douche bien méritée, le duo de Seirin se reposait enfin dans leur chambre miteuse. Kagami pénétra dans la pièce après son Kuroko, une serviette autour du cou et une bouteille d'eau fraiche dans la bouche qu'il but goulument. Il vida plus de la moitié d'une traite avant de lâcher un petit soupir de bonheur. Rien de tel qu'une boisson fraiche après un bon bain chaud. Il aurait préféré un cola, mais à défaut d'en trouver en pleine montagne, il avait pris de l'eau. Il se dirigea ensuite vers son sac posé dans un coin pour prendre quelque chose à l'intérieur et en lança un à son camarade de chambre.

- Kagami-kun?

- Un peu de sucre pour te remonter le moral.

Tetsuya accepta sans rien dire la sucrerie et l'enfonça aussitôt dans la bouche en même temps que son donneur. Il jeta ensuite un œil discret au géant qui avait légèrement rougit en glissant la petite boule de sucre sur sa langue. Sans doute était-il hanté par un petit souvenir revenu en mémoire. Il sourit pour lui-même et lança sur son ton habituel neutre.

- Encore avant de se coucher. Tu veux vraiment que j'ai des caries, hein? Kagami-kun.

- Qu- Mais c'est pas… Je veux dire…

Le tigre rougit complètement, cette couleur ne le lâchait plus ces derniers temps, en essayant de se justifier, jusqu'à ce qu'il comprenne que ce bleu avait osé le narguer. Il abandonna toute idée de vengeance quand il le regard serein de son ami. Il l'embêta ensuite pour la forme. Qu'est-ce qui lui prenait d'être aussi mignon dans un moment pareil? Il sourit à son tour et s'installa par terre, s'accoudant au lit. Ils dégustèrent leur petite boule de sucre dans un silence paisible. Un petit temps de repos n'était pas de refus.

Puis, une fois terminée et un nouveau brossage de dent dans la joie et la bonne humeur, Kuroko sortit un petit tube de pommade conseillé par le médecin du camp. Sans faire attention au regard gêné de sa nouvelle lumière, le petit numéro onze retira son tee-shirt afin de traiter ses blessures. Le dunker se retourna, voulant laisser un peu d'intimité et imagina les mouvements de l'être aimé par les différents bruits perçus. Le sang lui montait à la tête. Avant, cela ne le gênait pas tant que ça, surtout qu'ils étaient entre homme. Il n'y avait aucune gêne à avoir. Mais depuis qu'il avait prit conscience de ses sentiments, et surtout, depuis sa déclaration improvisée dans l'après-midi, ça avait quelque peu changé la donne.

Le maitre de numéro deux regarda les oreilles rouge du cynophobe. Il appliqua délicatement sa pommade sur les bras et les jambes puis décida de briser ce silence quelque peu embarrassant. Mais que dire? Il n'était pas vraiment du genre à se lancer dans de grande conversation. Il serra le petit tube puis baissa son regard sur celui-ci. Peut-être que…

- Kagami-kun?

- T'as fini?

- Pas tout à fait. Mais…

Kuroko hésita un instant. Devait-il lui demander? Ce n'était peut-être pas… Mais en même temps, il n'y arriverait pas tout seul alors… Finalement, il se lança. C'était Kagami-kun. Il n'y aurait aucun problème.

- Tu peux m'en mettre sur le dos? Je ne vois rien.

- Euh… Ouais. Bien sûr.

Le géant se leva et s'installa sur le lit, derrière le blessé. A peine les yeux posés sur ce dos qu'il fut choqué. Si petit, si frêle. Il ne l'avait jamais remarqué auparavant. Rien que sa main pouvait recouvrir une énorme partie de ce corps. Puis, il observa ce dos meurtri par les éraflures. Cela lui fit mal au cœur. Il passa un peu de pommade sur ses doigts et hésita une seconde avant de le toucher. Même si c'était Kuroko qui le lui avait demandé, pouvait-il le toucher ainsi? N'allait-il pas prendre peur en sentant de grosses mains parcourir sa peau? Ce n'était que le dos, mais c'était aussi une partie de son corps. Ne l'avait-il pas déjà repoussé ce jour là? Il se souvenait encore de cette expression horrifiée greffée sur son visage. Et si cela lui rappelait encore l'incident? Et s'il refaisait une crise d'angoisse cette nuit? Et si…

- Kagami-kun?

Le rouge fut ramené à la réalité et s'excusa. Il y pensait peut-être un peu trop mais mieux valait avoir la confirmation tout de suite. Après cette expérience assez traumatisante, qui sait si…

- T'es sur que ça ne te dérange pas?

- Comment ça?

- Bah… T'as peur d'être touché, non?

- Ne t'inquiète pas. Tu peux y aller. Et puis, je n'y arriverais pas tout seul.

Kagami hocha la tête et posa délicatement son doigt sur l'une des éraflures en haut du dos. Son doigt glissa d'un point à l'autre, avant de faire demi-tour. Il repassa plusieurs fois dessus afin de bien faire pénétrer le remède. L'adolescent à la chevelure bleutée ne trembla pas. Il sembla même serein. Serait-ce parce qu'il savait qui le touchait? Ou parce qu'il le lui avait demandé? C'était assez éreintant de guetter la moindre réaction. Taiga décida de laisser de côté ses sombres pensées, qui l'épuisaient à une vitesse folle, avant de poursuivre sa tache avec attention. Après les petites zones isolées, il s'attaqua au plus gros morceau au milieu et du utiliser cette fois toute sa main qui recouvrait tout le secteur concerné. Sa paume rencontra la peau nue et mutilée puis la caressa doucement.

Tetsu, qui avait juste perçu le bout des doigts de son coéquipier, ressentit brusquement une immense chaleur l'envahir dans le dos. Les mains brûlantes de l'expatrié lui sillonnaient délicatement les omoplates jusqu'aux vertèbres. Il ferma les yeux face à ce doux contact très agréable. La fraicheur de la crème fondait sous ces mains qui diffusait en continue sa chaleur. Il savoura bien plus ce bien-être que ce dégout éprouvé la dernière fois. Il n'en avait pas peur. Au contraire, il les accueillait avec plaisir. Ses grandes mains étaient totalement différentes de celle d'Aomine-kun, bien plus froides et dévastatrices. Celle de Kagami-kun étaient infiniment plus douces, plus chaleureuses. Elles…l'apaisaient. Puis, cette chaleur qui calmait ses douleurs se répandit dans tout son corps. Il avait de plus en plus chaud. Cette main le frottait en en produisant de plus en plus. N'en pouvant plus, il lâcha un petit gémissement. Soudain, cette chaleur le quitta et il se refroidit rapidement. Il rouvrit les yeux qu'il avait fermés sans s'en rendre compte et tourna légèrement la tête.

- Kagami-kun?

- Désolé, je t'ai fait mal?

Sans s'en apercevoir, il s'était laissé emporté par le contact entre leurs deux peaux puis il avait commencé à accentuer ses care- ses soins. Ses doigts dépassaient la zone tailladée et s'aventurait par ci par là.

- Non… Kuroko hésita un instant et reprit. Au contraire, c'était agréable.

Les joues légèrement teintées de l'ancien joueur de Teiko contrastait avec le rouge vif qu'avait prit Kagami qui s'était harmonisé avec la couleur de ses cheveux.

- T-tant mieux alors… J-j'ai fini. Je vais par terre… Il se fait tard.

Alors que le dunker allait rejoindre sa place au sol, le passeur le retient par le tee-shirt du bout des doigts. Il avait agit sans réfléchir. Qu'allait-il lui dire? Il ne pouvait tout de même pas faire une déclaration comme ça. Il n'était pas prêt. Il avait réussit à l'avouer à Aomine-kun, mais là, il était devant la personne concernée.

- Je…j'aime ta lumière, Kagami-kun. Elle est douce et chaleureuse. On se sent rassuré et en sécurité avec toi.

Surpris, Kagami ouvrit grand ses yeux puis il sourit en décoiffant les cheveux de Kuroko. Au moins, il ne le détestait pas après sa petite déclaration. Il avait peur de mal comprendre sa déclaration. Est-ce qu'il répondait à ses sentiments? Ou bien était-ce une manière de le repousser gentiment? Pour l'instant, il était trop heureux pour s'en préoccuper.

- Et tu es une ombre parfaite pour moi. J'aime ta fraicheur!

Ne cherchant pas à savoir si le rouge avait compris sa petite déclaration implicite, le soigné se coucha près du bord, le plus proche de l'expatrié par terre, comme la veille. C'était vraiment un Bakagami. Au début de leur séjour ici, celui-ci l'écrasait tous les soirs, ce qui le forçait à l'écraser à son tour, un poids en plus ne l'empêchant pas de dormir. Le rythme lent des souffles de Kagami-kun le berça doucement et il s'endormit sereinement, sans cauchemar.

Aomine avait arrêté d'embêté Seirin, mais ce n'était pas pour autant qu'il participait aux entrainements de son équipe. Il vagabondait d'un complexe à l'autre, échappant à la chasse à l'homme lancé à son encontre. Depuis qu'il s'était fait jeter une deuxième fois par le même homme, il ne se sentait pas d'humeur à jouer, ni affronter un certain tigre rien que pour le taquiner. Il avait bien croisé Midorima à un carrefour, mais ce n'était pas le meilleur compagnon pour passer le temps. De plus, il avait l'impression que ce maudit Kise l'évitait. D'habitude, il le rencontrait presque à chaque détour, comme si le blond traçait son itinéraire pour le retrouver à tous les coins. Mais là, depuis qu'il trainait dans les environs, il ne l'avait pas vu une seule fois. Même pas une ombre. Comment pouvait-il tromper son ennui s'il n'avait personne à embêter?

En général, il suffisait d'appeler Ryota qui rappliquait aussitôt comme un chien. Ils se retrouvaient dans une chambre ou une pièce vide, il faisait ce qu'il avait à faire puis il le relâchait quand il en avait marre. Mais depuis quelques jours, le blond était injoignable et introuvable. Et avoir Satsuki à longueur de journée sur le dos ne l'aidait absolument pas. Il décida de faire un dernier tour avant d'aller dormir dans un coin tranquille, loin de la Touou qui le cherchait partout.

Kise n'avait pas le moral ces derniers temps. Pour tout oublier, il jouait au basket. Mais dès qu'il quittait le terrain, un faux sourire se greffait sur son visage, le rendant assez distant par rapport à ce sentiment d'accessibilité qu'il dégageait habituellement. Un faux sourire, une fausse bonne humeur, un faux Kise. C'était adroitement maquillé. Il ressemblait à ses photos. Un même sourire pour tous. Il n'était pas mannequin pour rien. Et il pouvait sûrement devenir acteur. Mais tout le monde n'était pas dupe.

Tout cela avait commencé depuis cette étrange chasse au trésor, sûrement truquée par Seirin. Depuis qu'il était arrivé avec Aomine, après avoir changé de partenaire en cours de route, c'était comme si quelque chose s'était brisé en lui. Il n'y avait plus que ce faux Kise. Kasamatsu veillait attentivement sur son kohai. C'était son rôle en tant que senpai. Sa tendresse inhabituelle de l'autre jour avait disparu et l'ainé cruel ne se privait pas en coups afin de réveiller cet idiot. A tout garder pour lui, voilà qu'il risquait de s'abîmer la santé. Ne pouvait-il donc pas lui faire un peu plus confiance?

Yukio et Ryota étaient perdus dans leurs propres pensées, jusqu'à ce que l'ainé sauve in extrémis son cadet d'un choc avec le distributeur de boisson.

- Kise! Réveilles-toi!

- Ahah, désolé senpai. Je rêvassais.

- Qu'est-ce qui se passe à la fin? Je vais vraiment te frapper si tu continues à garder tous tes problèmes pour toi!

- Mais de quoi tu parles, senpai?

Le copieur se replia un peu, se préparant au choc d'un nouveau coup de pied fusé vers lui, mais celui-ci ne vint pas. Il regarda plus attentivement Kasamatsu qui le fixait le plus sérieusement du monde. Le blond continua de rire comme un idiot.

- Tu ne m'as pas frappé comme tu l'as dit, senpai. C'est plutôt inhabituel de ta part. Tu vas bien?

- Parce que tu veux être frappé? Désolé, mais je ne vois pas l'intérêt de frapper une loque comme toi.

Il était vexé. Il était vrai qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques mois mais il pensait qu'ils étaient plus proches que ça. Une sorte de confiance s'était installée entre eux, laissant leur jeu habituel devenir leur routine. Mais voilà que cet idiot s'isolait du reste du groupe. Il ne savait pas quel genre de problème l'occupait, mais qu'au moins il partage ses peurs et ses angoisses.

Kasamatsu se retourna et s'apprêter à laisser Kise seul quand il fut retenu par une main tremblante sur son tee-shirt. Il allait se retourner quand il sentit la tête blonde se reposer sur son épaule. Ainsi donc, il préférait ne pas être vu. Chaque homme avait sa fierté après tout. Il prit donc son mal en patience et resta là, immobile, attendant la suite.

- T'as déjà été amoureux, senpai?

- Qu- Quoi?

Le plus âgé des deux se retrouva fort gêné face à cette question inattendue. Il s'agita, légèrement paniqué, et rougit un peu quand il ressentit tout le sérieux de son cadet. Il se calma et choisit de répondre tout simplement.

- Bien sûr. Comme tout le monde.

- Et ça a marché pour toi?

Le capitaine de Kaijo baissa légèrement la tête. C'était donc un problème de cœur. Même le célèbre mannequin, Kise Ryota, pouvait avoir des peines de cœurs. D'une main, il plongea ses doigts dans la chevelure dorée du copieur.

- Je ne lui ai jamais dit.

- T'es plus peureux que tu en as l'air, senpai.

- La ferme.

Ils restèrent dans cette position quelques minutes. Malgré sa petite taille, Kasamatsu-senpai était assez réconfortant. Et très fiable aussi. Il ne posait pas de questions embarrassantes, acceptait même cette proximité gênante sans se retourner et cette main chaleureuse entremêlée dans ses cheveux lui donnait l'impression d'avoir une corde à laquelle se raccrocher, afin de ne pas sombrer dans la solitude. Kasamatsu-senpai n'était-il donc pas fatigué de toujours tendre les mains vers lui? Peut-être qu'il devrait les saisir une bonne fois pour toute.

- J'aurai du tomber amoureux de toi, senpai.

Yukio regarda tristement le sol. Qui était la fille qui lui avait brisé le cœur au poing qu'il envisage une seconde à une relation avec un homme? Heureusement qu'il faisait dos à son cadet. Il reprit, un léger pincement au cœur.

- C'est à une fille que tu dois dire ça.

A ce moment là, Aomine trouva enfin l'objet de sa recherche et tomba sur ce magnifique tableau. Kise se reposant sur Kasamatsu, en plein milieu d'un couloir désert. Il allait s'avancer pour crier sur son amant quand il entendit la dernière réplique du blond. Finalement, il fit demi-tour, pensant qu'il allait enfin se débarrasser du chien qui le collait sans arrêt. Après tout, son but était de l'utiliser pour obtenir Kuroko. Maintenant que c'était une cause perdue, il pouvait le laisser tomber. Sans remord. Alors pourquoi ça l'énervait de le trouver aussi faible face à un autre homme que lui?

- K-Kagami…kun… A-Attend…

- D-Dépêche-toi…Kuroko…

- J-Je n'en peux plus…

Déclaré totalement guéri, les bleus ne comptant pas comme une blessure grave, Riko se donna à cœur joie pour faire récupérer tout le retard accumulé par ce cher joueur fantôme dans son entrainement quotidien. Et après s'être habitué à de légers poids, le revoilà avec le double à transporter. Dire que c'était leur dernière journée d'entrainement. La coach était vraiment sans pitié.

Il y avait une chose qui préoccupait Kuroko. Depuis le soir où Kagami-kun lui avait passé de la crème, il n'avait plus cherché à le toucher. Comme s'il l'évitait. C'était le plus grand qui sursautait au moindre effleurement, frôlement, alors que cela devrait être au traumatisé. Pensait-il qu'il était sale depuis qu'il avait vu ses blessures? Ou bien ses sentiments avaient changé entre temps? Une certaine distance s'était installée entre eux qu'il était incapable de franchir. Il n'avait pas été assez clair quand il lui avait dit qu'il l'aimait? Il y avait toujours ce petit pas en trop, ce petit centimètre en trop. Pourquoi?

- Kagami-kun.

Il était enfin en pause. Ils s'assirent face à la rivière scintillante sous le soleil. A la fois proche et lointain, ils sentirent la présence de l'autre par la chaleur qu'émanait leur peau sans pour autant se toucher. Voilà un moment qu'il avait plus été seul ainsi.

- Hum?

- Tu ne m'aimes plus?

Taiga faillit s'étrangler en entendant la question et rougit furieusement. Il fit un bond sur le côté, n'en croyant pas ses oreilles. Pourquoi ramener le sujet sur le tapis? Il pensait que le sujet était clos depuis l'autre soir. Et puis, comment en était-il arrivé à cette conclusion grotesque?

- P-pourquoi tu dis ça? Bien sûr que si, je t'aime encore!

- Alors pourquoi tu ne me touches plus?

Prenant une teinte encore plus vive que ses cheveux, le rouge repensa à sa main parcourant ce petit corps lorsqu'il lui avait passé de la crème pour apaiser ses douleurs. Se laissant porter par le contact, il avait oublié sa mission première et s'était attardé sur cette peau pâle et éraflée. Il avait voulu dépasser les frontières et explorer d'autres zones. S'il n'avait pas été réveillé par un gémissement de douleur, peut-être aurait-il tenté de faire la même chose que cet enfoiré.

Tetsu, ne comprenant pas la couleur de ce visage, s'approcha à quatre pattes pour coller son front au fiévreux. Il vérifia ainsi la température de son ami qui semblait brûlant. Il ne put confirmer ses hypothèses plus longtemps que le supposé malade s'éloigna d'un coup. Vexé, l'ancien joueur de Teiko toujours assis au sol, lui tourna le dos. Finalement, il avait sans doute dégouté Kagami-kun.

- Tu vois que tu m'évites.

- C-ce n'est pas ça! Si je fais ça, c'est pour toi!

La curiosité du bleu éveillée, celui-ci consentit à jeter un nouveau regard au tigre qui n'osait plus le regarder. Il fixait intensément le sol, comme si c'était ce qu'il y avait de plus intéressant au monde.

- Crois-moi. Je t'aime. Et donc fatalement, je risquerais de te sauter dessus, tu sais? Alors mieux vaut que je…

La surprise passée par une telle révélation, Kuroko se sentit soulagé d'un poids. Donc, c'était pour le protéger de lui? Kagami-kun avait des côtés incroyablement adorables quand il s'y mettait. C'était un homme d'une rare pureté. C'était vraiment adorable. L'ombre s'approcha discrètement de sa lumière qui bafouillait encore des excuses. Une fois proche, il franchit les derniers centimètres qui les séparaient pour l'embrasser.

Pris de court par le geste inopiné, Kagami ne bougea pas, désorienté. Il n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps que la tiédeur des lèvres de Tetsuya le quitta. Il devait sans doute ressembler à un poisson rouge, à force d'ouvrir et de fermer sa bouche sans rien dire.

- Je…

- Je n'aurais pas peur si c'est toi.

- Mais, avec Aomine, tu…

- Aomine-kun fait peur. Il a été brusque et violent. Mais pas toi. Après tout, tu es ma nouvelle lumière.

- Je…

- Tu ne veux pas?

- Si si! Je veux!

Le plus entreprenant des deux sourit et se releva face à la réponse satisfaisante. Il fit quelque pas avant de se retourner vers son partenaire toujours au sol. Des aboiements se firent entendre.

- On y va? La coach risque de s'énerver si on prend trop de temps.

- A-Attend! Il y a encore quelque chose que je ne t'ai pas demandé!

L'expatrié se releva puis rattrapa son ombre d'un pour se mettre placer face à lui. Il inspira profondément avant de se lancer.

- Je t'aime! Est-ce que tu accepterais de sortir avec moi?

Étonné, le passeur ouvrit légèrement la bouche avant de sourire. C'était vrai que cela n'avait pas été dit explicitement. Autant lui répondre franchement afin d'éviter d'autre malentendu. Rien de tel que ces quelques mots pour tout élucider entre eux. Décidément, ce partenaire avait le don de dérider son visage inexpressif.

- Je t'aime aussi, Kagami-kun. J'accepte de sortir avec toi.

Pour le dernier soir au prestigieux camp Jigoku, il avait été décidé par les entraineurs que les joueurs auraient quartier libre en fin d'après-midi afin de préparer leurs valises. Daiki avait finit la sienne et patientait dans son lit. Il méditait. Il s'en était passé des choses dans ce camp, dans cette montagne. Mais il s'ennuyait. Il n'avait plus personne à contrarier, plus de proie à traquer ni d'amoureux à récupérer. Soudain, quelqu'un toqua à la porte. Le bronzé voulut l'ignorer mais la personne derrière ce morceau de bois refusait de partir. Irrité, il se leva et l'ouvrit en grand pour découvrir Kise.

- Qu'est-ce que tu veux? Demanda-t-il passablement énervé.

- On se fait un un-contre-un? Proposa calmement le visiteur.

Le gymnase était vide ce soir là. C'était parfait pour eux. Dès que le ballon toucha le sol, les deux joueurs se battaient sans laisser à l'autre l'occasion de marquer. A chaque point marqué par l'un, l'autre le lui rendait. Un match intense se déroulait dans ce lieu isolé. Cela raviva des souvenirs passés. Après un long combat acharné, ce fut finalement le fauve qui gagna. Comme d'habitude. Kise s'écroula de fatigue sur le parquet alors qu'Aomine le regardait de haut, un sourire victorieux aux lèvres.

- T'as cru que tu pouvais gagner contre moi aujourd'hui?

- Non. Je savais que tu me battrais.

Le joueur de Touou perdit aussitôt son sourire suffisant, ne comprenant pas pourquoi le blond s'était battu dans l'idée de perdre.

- Ah mais, ne te méprend pas. J'ai tout fait pour la victoire. Mais tu as gagné et moi j'ai perdu.

Il ne comprenait rien. Kise était étrange. D'habitude, il lui lançait des piques comme quoi il réussirait la fois suivante, ou bien qu'ils remettaient une autre partie.

- Aominecchi…

Sa voix était étrangement basse. Il s'était caché les yeux avec son bras. Son torse se soulevait encore rapidement du à la difficulté de récupération d'un rythme cardiaque correcte.

- Est-ce que tu penses pouvoir tomber amoureux de moi un jour?

- Qu'est-ce que tu racontes encore comme bêtise?

- C'est bien ce que je pensais… Tu évites encore la question.

Aomine regarda l'homme à terre. C'était une vue assez dégradante pour un homme. Après un léger silence où seule la respiration de Kise brisait le calme ambiant, Ryota se redressa et se mit en face de son amant.

- J'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours. Et même si nous ne l'avons jamais dit, nous savions que notre relation se terminerait soit avec le camp soir par la reconquête de Kurokocchi.

Ou voulait-il en venir?

- Durant ces quelques jours, j'avais été jusqu'à envisager une suite possible entre nous. Qu'on pourrait encore ce revoir de temps à autre, le week-end par exemple. Mais… C'est impossible. Tout ce que je t'ai dit l'autre jour à la course était vrai. Je suis prêt à tout pour toi tant que tu me prêteras un peu d'attention. Si tu veux toujours de moi, je ferais tous les efforts du monde pour être avec toi, pour que tu m'acceptes, pour que tu m'aimes.

Un visage sérieux. Un visage triste. Pas une larme. Il n'y avait plus ni Kise le mannequin ni Kise joyeux. C'était juste un homme amoureux qui attendait sa sentence.

- Je suis très sérieux. Mais…savoir que tu ne couches avec moi qu'en me voyant comme substitut. Attendre sans arrêt un geste ou un regard de ta part. Faire des efforts sans savoir s'ils t'ont touché ou pas. C'est épuisant.

Kise n'avait été rien d'autre qu'un jeu. Il était là en attendant qu'il gagne le cœur de Tetsu. Un simple objet d'attente. Il l'avait utilisé pour satisfaire ses besoins au lit. Il était là pour tromper son ennuie sur le terrain.

- Mais…si tu t'en sens incapable… S'il te plait… Rejette-moi. C'est trop douloureux de rester dans l'incertitude.

Ainsi donc, lui aussi mettait fin à leur relation. Il mettait fin à leurs jeux. Il ne réclamait plus d'amour de sa part. Il ne voulait plus de relation uniquement physique. Il avait l'abandonné, comme Tetsu. Mais lui aussi, il avait abandonné la difficulté et choisit la facilité. Il avait voulu reprendre son ancien petit ami par la force, comme il avait voulu le garder par la force. Pour lui, il n'y avait que Tetsu. Bien que Kise soit un bon partenaire, il désirait Tetsu. Il lui appartenait. Il lui avait appartenu.

- Je suis désolé.

Il s'y attendait. Vraiment. Il avait eu un fond d'espoir devant ce silence et cette hésitation mais finalement, la réponse était toujours la même. Qu'est-ce qu'un homme comme lui pouvait faire d'autre que d'accepter? Des larmes coulèrent de ses yeux sans qu'il ne puisse en contrôler le flux. Il rit jaune une seconde avant de sourire à travers ses larmes. Daiki crut un moment à de la folie mais il se trompait. C'était le désespoir d'un homme rejeté. Kise attrapa le col du tee-shirt de son amant, ancien amant, et l'attira de force vers lui. Il l'embrassa à pleine bouche, y mettant tous ses sentiments et toute sa passion à l'intérieur. Il le libéra quelque seconde après.

- Je te ferais regretter de ne pas m'avoir choisi, Aominecchi.

Et il s'en alla, laissant le bronzé seul dans l'immense gymnase. Au final, il se retrouvait à nouveau seul. Ils finissaient tous par l'abandonner un par un.

Le lendemain, le jour du grand départ, tandis que les grandes écoles prenaient le bus en bas de la montagne Seirin, lui, devait marcher jusqu'à la gare la plus proche, c'est-à-dire très loin du pied de la montagne. Ils partirent tôt, étant isolés dans un coin, et virent certains joueurs monter un par un dans leur superbe bus. Ce qu'ils pouvaient haïr les écoles aux grands moyens. Ce n'était pas leur faute s'ils étaient une nouvelle équipe, dans une nouvelle école.

Alors qu'ils faisaient route vers la gare, ils eurent la visite surprise d'un joueur fantôme. Ce n'était pas qu'il était comme Kuroko, non, mais plutôt qu'on n'avait plus vu son ombre depuis un bout de temps.

- Sérieux? On va marcher jusqu'à la gare?

- T-Toi! S'écria Kagami.

- Aomine-kun?

Seirin se retourna vers le joueur de Touou qui trainait avec eux alors que son bus était partit depuis longtemps. C'était même l'un des premiers à partir. Alors pourquoi?

- Cette maudite Satsuki. Elle m'a laissé un mot sous ma porte en me disant qu'elle n'arrivait pas à me réveiller ce matin et qu'elle me laissait rentrer avec vous.

- Et ben rentre tout seul!

Mais pour qui il se prenait? Il l'avait bien interdit de revoir Kuroko, non? Son coup de poing ne lui avait rien fait? Ce n'était quand même pas un masochiste qui en redemandait, n'est-ce pas? Il n'était pas non plus une brute qui frappait à n'importe quel lieu, n'importe quand sur n'importe qui. Il soupira et fit une tête à faire peur. Pourquoi était-il obligé de subir cet enfoiré alors qu'il filait le parfait amour avec petit ami?

- Taiga, tu t'es levé du pied gauche ou quoi?

- Ne m'appelle pas par mon prénom!

Aomine passa le bras autour des épaules de Tetsu qui savait que même s'il le retirait, Daiki le remettrait aussi tôt. Il y avait quelque chose de changé en lui depuis la dernière fois. Et puis, il était futile de faire des efforts inutiles. D'autant plus qu'ils étaient bien entourés. Rien à craindre devant autant de gens.

- Aomine-kun. Je t'ai déjà dit que c'était lourd.

- Tetsu! Laisse-moi dormir sur ton épaule dans le train. J'ai pas assez dormi.

- Non.

- Hein? Pourquoi? Tetsu! Depuis quand tu es aussi froid avec moi?

- Ne m'ignore pas! Aomine!

Quelques heures plus tard, la joyeuse équipe de Seirin se retrouva dans un train en direction de Tokyo, le fauve s'assit sans gêne entre Tetsu et Taiga, ce qui mit tant un état d'énervement assez avancé ce pauvre tigre.

- Tu vas nous coller jusqu'à quand?

- Où est le problème? On va dans la même direction. Il est drôlement colérique ton copain, Tetsu.

Les autres joueurs de Seirin avaient jugé plus sage de rester à l'écart du trio explosif. Enfin, du duo pour être exact. Il fallait dire que Kuroko n'était pas très réceptif aux provocations du joueur de Touou. Il avait même fini par ignorer son ancienne lumière pour plonger dans le merveilleux monde des livres. N'ayant pas grand-chose à observer ou surveiller, les autres joueurs retournèrent à leurs conversations. Même si Kagami élevait la voix, il n'était pas du genre à se battre et… Si désolé, il avait le sang chaud. Mais dans le pire des cas, Kuroko saurait gérer la situation comme au camp et les arrêter. C'était ainsi que le trio fut isolé du reste des joueurs. Voyant qu'ils étaient enfin «seuls», façon de parler, Daiki attrapa Taiga à l'épaule, comme s'ils étaient amis.

- Mais lâche-m…

- Écoute Taiga! Maintenant que les autres ne sont plus là pout nous embêter, je vais te révéler quelques secrets à connaitre pour donner du plaisir à un homme.

- Du- Hein!

Taiga rougit furieusement. Mais où Aomine allait donc chercher des idées pareilles? P-pourquoi devait-il savoir ça? Il n'allait quand même pas lui…

- J'en ai pas besoin!

- Écoute! Tetsu ne m'a pas laisser l'occasion de lui montrer mon talent, je vais donc t'enseigner quelque base…

- J'en veux pas! Lâche-moi! Pervers! Hé! Où t'as foutu ta main là?

Alors qu'ils étaient tous dans le même train, aucun autre passager à part Seirin n'était dans ce wagon. Chaque groupe était d'une extrémité à l'autre de cet espace clos. Le fauve avait gardé son bras autour des épaules de son petit Taiga et avait commencé à poser l'autre sur le torse, le descendant sensuellement vers le ventre quand il fut arrêté au milieu.

Soudain, Aomine reçut un violent coup dans les côtes. Il se retourna pour voir Kuroko toujours plongé dans son livre, même s'il semblerait que la page n'était plus tournée depuis un moment.

- Tetsu! Je t'ai déjà dit que ça faisait mal. Depuis quand t'es violent comme ça? T'es jaloux? T'inquiète. Je peux te faire la même chose si tu veux. Demande à Kise, je l'ai envoyé au septième ciel.

- Lâche Kuroko! Pervers! Détraqué!

- Pervers, pervers! Tout de suite les grands mots. C'est normal de vouloir coucher avec celui qu'on aime. Mais je ne suis pas contre un coup pour le fun. Je peux t'apprendre plein de chose mon petit Taiga.

- Non merci!

Ce n'était pas parce qu'il avait perdu un match qu'il abandonnerait pour autant. Il aurait sa revanche la prochaine fois. Il s'était avoué vaincu, mais cela ne l'empêchait pas de continuer la guerre. Il s'était enfin trouvé un rival de taille. Pas question de laisser passer une telle chance. Mais pour l'heure, une punition s'imposait. Il attira brusquement Kagami à côté contre lui pour l'embrasser. Il s'éloigna ensuite en riant, savourant sa douce vengeance.

- C'est pour m'avoir volé T- Aie!

Kuroko, irrité de voir son nouveau petit ami se faire voler un baiser, donna un coup de genoux à son ancien petit ami. Une gentille bagarre commença alors entre Aomine et Kagami, tandis que Kuroko lançait des attaques par derrière. Ils ne furent séparés que par une Aida Riko furieuse, à l'aura semblable à un démon.

Mais vous avez fini vos scènes de ménages de triangle amoureux? On est dans un train ici pas à la plage! Alors vos histoires de couples, vous me les rangez jusqu'à la descente du train!


FIN

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