Hey!

Ça fait un bout de temps !

J'espère que vos reviews me donneront la motivation et l'inspiration pour continuer ;)

Bonne lecture,

Bye.


Chapitre 5

Elle avait envie de vomir.

L'odeur du sang lui donnait peu à peu la nausée. Et le pire, songea-t-elle, c'est que c'était son propre sang qui lui donnait ces remous dans l'estomac. Le liquide coulait lentement le long de sa main pour finir par échouait sur le bureau, provoquant ainsi cette petite mare où trempée tranquillement la manche de sa robe d'écolière. Elle se doutait bien que le Ploc Ploc répétitif était dû aux gouttes de sang qui finissait sa course par terre, mais elle ne voulait pas faire plaisir à la femme à côté d'elle en vérifier cela.

Son écriture était de moins en moins lisible, et la douleur de plus en plus vive. A croire que la plume avait fini par passer au travers de sa main… La cicatrice qu'elle avait auparavant sur le dos de sa main n'était qu'un doux souvenir. Le maléfice était bien plus violent et c'était maintenant une large estafilade qui barrait la quasi-totalité du dos de sa main. La douleur était vive. Atroce. Un peu comme si on lui avait mis la main dans une cheminée sans Poudre de Cheminette.

Mais évidemment, Hermione Granger ne laissa rien paraitre. Bien que les parchemins et le bureau soient tachés de sang, de son sang, son visage était toujours aussi détendu, un brin insolent. Bien qu'elle aurait en ce moment même préféré s'arracher la main, son obstination n'avait pas faibli, bien au contraire. Sa fureur avait atteint des sommets jamais égalés jusqu'à présent. Etait-ce de la haine ? Hermione commençait à dangereusement le croire. Mais le sale et puant crapaud rose qui la regardé avec mépris de derrière son bureau ne faisait qu'attiser cette haine. Milles tortures à son égard venaient trouver place dans son esprit. Elle détestait cette bonne femme. Elle craignait la haine car c'était un sentiment dangereusement passionnel qui pouvait menait à sa perte mais à chaque fois que la Griffondore croisait le regard de son professeur, sa seule envie était de serrer ses mains autour de son cou ridé jusqu'à ce que mort s'en suive. Bien sûr, elle n'était que trop consciente qu'elle n'irait jamais jusqu'à une telle extrémité, elle n'avait pas oublié les valeurs que ses parents lui avaient inculqués durant sa tendre enfance et Azkaban n'était pas vraiment dans ses projets de vie adulte. Mais tout de même, elle en mourrait d'envie…

Depuis combien de temps était-elle là? Il y avait bien une horloge derrière elle mais Hermione n'était pas sure de vouloir connaitre l'heure. Trois ? Quatre heures ? Sans doute plus…

Apres sa journée de cours habituelle elle s'était présentée devant le bureau du Professeur de Défense Contre les Forces du Mal pour sa retenue du lundi soir, avec un sourire maladivement hypocrite, cette dernière lui avait ouvert la porte puis lui avait indiqué son travail. L'envoyée du Ministère lui avait bel et bien laissé entendre que le Maléfice de la Plume avait été augmenté par son bon soin, mais jamais Hermione n'avait imaginé à quel point cela était vrai...

Finalement, au bout d'un temps qui lui sembla interminable, Hermione fut autorisée à rejoindre son dortoir. Comme à son habitude, elle quitta la salle sans un mot et tête haute.

Après avoir descendu plusieurs étages pour s'éloigner le plus possible d'Ombrage, elle lança un Tempus, fatigué - 2h24.
Elle avait passé près de cinq heures à écrire encore et encore une phrase qui frôlait le ridicule.

Avec son sang.

Hermione finit par s'assoir au pied d'une statue pour examiner l'état de plus en plus alarmant de sa main. Le liquide rouge débordait de la plaie et coulait tranquillement le long de ses doigts, la blessure était devenue tellement important qu'on ne distinguait même plus une quelconque phrase. Seule la plaie gisait là, inutile, sur le dos d'une main mutilée.
Elle sortit de sa poche de l'Essence de Murlap qu'elle avait pris soin d'apporter avec elle, ainsi qu'une bande en coton. Elle entreprit donc le long et fastidieux travail de soigner sa main.

Au bout de vingt minutes de soin, elle appuya son dos contre la statue et laissa sa tête reposer contre cette dernière. Une pellicule de sueur recouvrait son visage, due au stress, à la fatigue, et à la douleur.

Ce fut des bruits de pas qui la fit ouvrir les yeux en sursaut, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait commencé à s'assoupir dans cette position. Bien trop consciente de l'heure et de ce qu'elle risquait si un professeur la trouvait à cette heure-ci dans les couloirs, elle se faufila discrètement dans l'ombre de la statue, de façon à ce que la personne qui arrivait ne puisse la voir.
Hermione retint sa respiration lorsqu'elle distingua au coin du couloir une silhouette noire. Son cœur s'accéléra lorsqu'elle ne reconnut pas immédiatement la personne qui approchait, craignant une attaque de Mangemorts ou une autre sorte de complot. Elle s'agrippa à sa baguette -de sa main valide bien entendu- et continua discrètement son observation.

Hermione ravala son hoquet de surprise lorsque, à la lumière d'une torche, elle reconnue son Professeur de Potions. Il avait, comme à son habitude, ses longues robes noires claquant l'air sur son passage, mais quelque chose était différent. Elle réalisa que c'était pour cela qu'elle ne l'avait pas reconnu immédiatement. Snape avait perdu de sa splendide, il ne marchait plus tête haute avec cet air arrogant et furieux qui le caractérisait tant. La Griffondore était presque sûre qu'une première année n'aurait pas tremblé suite à son passage. Il était tellement... misérable. Son visage, déjà cireux, avait perdu toute couleur, ses cheveux étaient imprégnés de sueur et ce qui ressemblait à s'y méprendre à du sang, sa démarche était lente et pitoyable, ses grandes capes noires étaient dans un état déplorables. Et Hermione aurait pu jurer qu'il boitait.

Severus Snape était dans un état lamentable.

C'est en le voyant de plus près, lorsque l'homme passa à la hauteur de la statue derrière laquelle elle était cachée, que Hermione comprit pourquoi il lui avait semblé être un inconnu quelques secondes plutôt. Severus Snape avait perdu son côté Snapien qui le caractérisé tant.

Lorsqu'il tourna à l'angle d'un couloir et qu'il sorti du champ de vision de la jeune femme, elle entreprit alors de le suivre. Hermione ne pouvait décemment pas le nier, elle s'inquiétait pour l'homme. Elle savait déjà qu'il avait passé le week-end au près du Seigneur des Ténèbres, mais le fait de le voir assis dans la Grande Salle le lundi midi, partageant le repas avec les autres professeurs, l'avait rassuré. Manifestement, elle avait eu tort. Snape avait dû ressortir pour un autre rassemblement ce soir, et apparemment, après avoir vu l'homme boitant devant elle, Ombrage était malgré tout de meilleure compagnie que Voldemort et ses mignons.

La jeune femme ne savait pas vraiment pourquoi elle suivait l'homme en noir, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle ne savait pas non plus à quoi cela servirait, elle aurait mieux fait d'aller chercher Dumbledore ou Madame Pomfresh, mais elle sentait que l'homme n'aurait pas apprécié, bien au contraire.

C'est pourquoi Hermione marchait dans les cachots, à plus de trois du matin ce lundi soir. Il était très tard, ou très tôt, tout dépendait du point de vue. La Griffondore savait pertinemment que Snape aurait dû la repérer depuis longtemps, c'était un espion remarquable et aucun détail ne pouvait lui échapper. Et ce simple fait renforça ses craintes. L'homme ne l'avait pas vu. Etait-il trop blessé? Trop faible?
Hermione ignorait à quoi lui servirait de suivre son professeur, elle était simplement inquiète et voulait s'assurer qu'il arrive à ses appartements en un seul morceau. L'état de santé du Maitre des Potions l'angoissait, elle pouvait entendre sa respiration erratique et voir le sang qu'il laissait sur les murs quand il s'appuyait contre eux.

Elle avançait à couvert, entre deux statues ou dissimulée dans les alcôves du mur, essayant tant bien que mal d'être le plus discret possible.

Il y avait quelque chose dans la façon d'être de l'homme qui donna envie à Hermione de gifler Albus Dumbledore. Snape avait l'habitude de rentrer dans un tel état. C'est pour ça qu'il était actuellement dans les cachots et non dans un des lits moelleux de l'infirmerie. Et le Directeur tolérait cela bien entendu, il n'était pas là pour panser les blessures de son collègue, de son ami, de son espion... De son arme. Il l'envoyait à la pêche aux informations sans se soucier de lui. Mais quelqu'un ne s'était-il seulement jamais soucié de Severus Snape ? Cet homme suintait la solitude et la douleur. Sentiments bien cachés derrière des couches de vêtements noirs, un caractère irascible et des murs d'occlumencie...

Tout en observant l'homme avancer misérablement devant elle, elle eût soudain un besoin urgent de l'aider, de le protéger du reste du monde. N'avait-il pas déjà suffisamment souffert ?

Mais alors qu'elle continuait à marcher à une vingtaine de mètres derrière lui, elle sut qu'elle ne pourrait jamais lui venir en aide. Snape repousserait toute forme de pitié ou de compassion, surtout venant d'elle. Bien que ce ne soit pas de la pitié qu'elle ressentait à son égard. Non, pas de la pitié. De la colère. Hermione Granger était en colère contre Dumbledore qui permettait ça à un soi-disant ami, en colère contre Voldemort et ses atrocités, en colère contre elle-même, spectatrice impuissante de la déchéance d'un homme tel que Snape.
Et indignée que lui, Severus Snape, permette cela.

Il n'avait aucune raison d'endurer cela pour ce qu'elle en savait, ni famille, ni ami à protéger. Rien. Alors pourquoi acceptait-il cela ?

La Griffondore fut sortie de ses pensées lorsque Snape s'arrêta devant une tapisserie, elle se glissa rapidement dans un renfoncement du mur afin de passer inaperçu. Il appuya son épaule contre le mur, laissant une nouvelle trainée de sang sur celui-ci. Il posa ensuite sa main sur la toile et murmura quelques mots, mais elle était trop loin pour les entendre. Hermione pencha légèrement la tête en avant de façon à pouvoir voir ce qui était représenté sur la tapisserie. Un faon, juste un faon. Sans fioriture ni ornement. Pas de décor, juste ce petit animal qui dormait au centre de la toile.

-"Voulez-vous entrer Miss Granger?"

Hermione sursauta si violemment qu'elle failli tomber à terre, elle se retint au mur, et resta adossé contre celui-ci sans oser bouger une paupière.
La voix fatiguée et étrangement douce du Maitre des Potions retenti de nouveau.

-"Miss?"

Ce fut d'ailleurs l'absence d'agressivité dans la voix qui décida la jeune fille à sortir de la niche où elle s'était cachée.
Elle avança de quelques pas vers lui avec une mine contrite. Il la regarda approcher d'un œil fatigué mais amusé.

-"Désolée Professeur, ce n'est pas que je voulais vois suivre mais je m'inquiétais pour vous..."

-"Ne vous excusez jamais Granger, c'est un signe de faiblesse. Entrez."

Et sans un mot de plus, mais avec un amusement clair, il pénétra dans ses appartements, une Griffondore légèrement effrayée sur ses talons.

Tandis que Severus commençait à enlever sa cape et à s'installer dans le fauteuil près de la cheminée, Hermione restait dans l'entrée à détailler l'antre du Professeur Snape.
Elle ressentit immédiatement un sentiment de chaleur et de confort s'insinuer en elle. La pièce donnait envie de se rouler en boule et de dormir. Tout semblait si confortable et moelleux, le noir et le marron prédominés, un imposant feu de cheminée occupait tout un mur. Un immense canapé trônait devant, Hermione aurait eu envie de se lover dedans. En dehors de la cheminée, seules quelques bougies éclairaient la pièce, entrainant une sensation de confinement et d'intimité.

Ainsi les appartements du sévère Maitre des Potions ressemblaient à cela...
Ça contrastait tellement avec son image dure et glaciale qu'Hermione oublia pendant un temps la raison de sa présence en ce lieu.

Pendant un temps seulement.

Le regard de l'homme se posa sur elle et elle due se rappeler que respirer avait une importance vitale.

-« Asseyez-vous Miss. »

Elle prit place sur le canapé, face à lui. L'homme avait posé sa tête sur le dossier de son fauteuil, il semblait véritablement exténué et l'inquiétude d'Hermione revint à grande vitesse.

-« Monsieur ? Ca va aller ? »

-« Ne me regardez pas comme si j'avais déjà un pied dans la tombe, Miss, je vais très bien, ne vous inquiétez pas. »

Le silence de son vis-à-vis fut plus explicite que n'importe quel discours, ce qui poussa Snape à changer de sujet.

-« Et si vous me disiez plutôt ce que vous fabriquiez au beau milieu de la nuit dans les couloirs ? »

-« Oh! Eh bien, j'étais en retenue avec Ombrage et… »

-« Vous mentez. » dit-il d'une voix calme, ce n'était pas une accusation, juste une constatation. « Le bureau du Professeur Contre les Forces du Mal se trouve deux étages plus haut tout comme les dortoirs des Griffondors et les retenues sont habituellement donné à huit heures du soir, non pas à deux heures du matin. Vous m'aviez dit que vous étiez en retenue lundi soir dans votre petit mot, non pas mardi à deux heures du matin.»

Nouveau silence évocateur.

-« N'avez-vous pas besoin de soin Monsieur ? Vous saigniez. »

Le manque de subtilité typiquement griffondorien lui arracha un sourire, visiblement la jeune fille ne voulait pas lui expliquer ce qu'elle fabriquait au beau milieu de la nuit, devant l'entrée des cachots. La tentative de changement de sujet se révéla être un échec.

-«Répondez-moi Miss, j'ai déjà était clément de ne pas vous avoir envoyé récurer des chaudrons pour le reste du mois dès que je vous ai vu pathétiquement caché derrière la statue. »

-« Vous… Vous m'aviez vu ? »

-« Bien évidemment » répondit-il d'un ton un peu plus sec. « Pour qui me prenez-vous ? »

Hermione rougit. Visiblement, elle avait largement sous-estimé l'homme. Tout d'abord elle s'était fait repérer dès le début de sa filature, et apparemment son professeur n'avait pas besoin de soins immédiats comme elle l'avait cru au premier abord.

-« Pardon… » Elle rougit de plus belle en réalisant qu'elle s'excusait de nouveau ce qui fit lever les yeux au ciel à Severus. « Mais dans ce cas-là, pourquoi n'avoir rien dit ? Et pourquoi… » Elle hésita. « Pourquoi me faire rentrer dans vos appartements ? »

-« Pour une tasse de thé, bien évidemment. »

Hermione le regarda avec des yeux ronds sortir sa baguette et faire apparaitre sur la table basse une théière et deux tasses. Snape servit le liquide fumant.

-« Sucre ? »

Le regard incrédule de la jeune fille se posa de nouveau sur le Maitres des potions. Puis, réalisant qu'il attendait une réponse, elle secoua la tête pour se remettre les idées en place.

-« Hum… Non… Non, merci… »

Severus devait bien s'avouer qu'il était de plus en plus amusé par le comportement nerveux de la Griffondore, cela avait au moins le mérite de lui changer les idées. Sa soirée avait été désastreuse, comme tous les autres Mangemorts il avait été puni sans véritables raisons par le Seigneur des Ténèbres. D'après Severus, l'homme serpent s'ennuyé. Sa soirée n'avait pas servi à grand-chose, il n'avait rien appris de nouveau et n'avait pas pu semer les fausses informations que le Directeur voulait qu'il dissémine auprès de son « Maitre ». Alors quand il avait senti la présence de la jeune fille, il avait trouvé là une parfait occasion de s'occuper. Il ne connaissait toujours pas la raison de sa fuite du vendredi soir et était bien décidé à la faire parler. Quoi de mieux pour se changer les idées que terroriser une Griffondore ?

Il sortit un flacon de potion d'antidouleur de la poche intérieur de sa veste, et le but d'une traite. Il n'était pas gravement blessé –après tout il avait connu bien pire- mais il était trop épuisé pour se soigner. Il appellerait sans doute le Directeur le lendemain matin après quelques heures de repos…

Mais il savait aussi qu'il ne pourrait pas s'endormir comme ça, pas sans cauchemar du moins, d'où la présence de la jeune fille…

Ils burent tout deux leur thé en silence, chacun plongé dans ses pensées. Ce fut Hermione qui le brisa en premier.

-« Pourquoi faites-vous cela Monsieur ? »

Sa voix avait regagné confiance, et semblait plus forte, ce qui fit froncer les sourcils de Severus.

-« Puis-je savoir de quoi vous parlez Miss ? »

-« Espionner Voldemort, risquer votre vie… »

-« Et vous Miss… Pourquoi me mentez-vous ? Pourquoi votre main est-elle enveloppée d'un bandage ?

Ils restèrent tous deux silencieux, mi- amusés, mi- énervés. Hermione replaça la manche de sa veste sur sa main, avec toute cette histoire elle en avait oublié sa blessure. Elle réalisa soudain que ce n'était pas sans raison qu'elle était actuellement dans cette situation surréaliste, à boire le thé avec son professeur de Potion au beau milieu de la nuit. Hermione se rappela soudain de la dernière entrevue qu'elle avait eue avec l'homme, elle était partie en courant –de manière assez insolente, elle devait bien l'avouer- en plantant sur place le Maitre des Potions.

Sale petit serpent.

C'était pour cela qu'il l'avait invité à boire un thé plutôt que de la trainer chez le Directeur pour avoir flâner dans les couloirs à cette heure-ci. Il voulait jouer ? Très bien. Elle pouvait être Serpentard elle aussi.

'Il n'est point de secrets que le temps ne révèle.' » Cita-t-elle.

-« Le retour de la Miss-je-sais-tout n'est-ce-pas ? Mais n'oubliez pas, 'la persévérance est une bonne chose, l'obstination une mauvaise.'»

-« Je ne suis pas obstinée. »

-« Mais vous êtes une imbécile de garder ainsi vos secrets pour vous, surtout ceux qui visiblement vous blesse. » dit-il doucement en désignant sa main.

-« Ne dit-on pas que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis ? »

-« Il est également dit que seuls les indécis changent invariablement d'opinion. »

-« Vous n'êtes pas un imbécile. »

-« Pas plus que je ne suis indécis. »

-« Vous voulez vraiment savoir pourquoi j'ai cette marque au dos de la main ? » Son ton était agacé, chose qu'il ne loupa pas. Elle but une gorgée de thé.

-« En effet… » Répondit-il de sa voix doucereuse.

-« Mais vous savez pourtant que je ne vais pas vous le dire… Pourquoi donc insister ?

'Rien n'est voilé qui ne sera dévoilé, rien n'est secret qui ne sera connu.' »

Elle rit.

-« Je ne vous pensais pas croyant Monsieur… Vous voulez donc savoir par simple curiosité… C'est… comment dire ? Affligeant ? »

-« Surveillez votre ton Miss... L'heure tardive et la fatigue ne sont pas des excuses. »

La remontrance ne l'affecta nullement. Elle s'amusait de ces joutes verbales avec son professeur. Elle le savait sarcastique mais ignorait qu'il pouvait jouer ainsi de ces connaissances. Elle s'en voulut d'en être étonné, c'était Snape après tout.

Et étant donné l'amusement qu'elle pouvait déceler dans ses yeux onyx, elle n'était pas la seule.

Ils restèrent en silence, se jaugeant l'un l'autre. Ce n'était plus le silence tendu et irrité, c'était un silence empli de compréhension et d'étonnement. Ils se jugeaient mutuellement.

Ne voulant prendre le risque d'envenimer les choses, Hermione finit sa tasse d'une traite et se leva, mettant ainsi fin à l'échange.

-« Merci pour le thé Monsieur, mais il se fait tard et je ferais mieux d'aller dormir. »

-« En effet… Votre irascible professeur de Potion pourrait ne pas tolérer que vous vous endormiez dans votre chaudron demain matin. »

Etait-ce de l'humour ? Pas du sarcasme, ni de l'ironie, mais de l'humour… ?

Elle sourit.

-« Je pense aussi… Il n'est pas facile. Pensez tout de même à vous soigner Monsieur. »

-« Bonne nuit Miss Granger. »

-« Bonne nuit Monsieur. »

Severus regarda la jeune fille quitter la pièce. Il s'avachit un peu plus dans son fauteuil et ferma les yeux, il était épuisé et avait mal dans chaque fibre de son corps mais il était malgré tout étrangement satisfait.

Il avait fait rentrer la lionne dans ses quartiers uniquement pour se changer les idées et pour se renseigner un peu plus sur ce qui était devenu « Le problème de Granger », mais il venait de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. Elle était véritablement cultivée et n'était pas uniquement une Miss-je-sais-tout. Elle avait même reconnut Sterne…

Severus grimaça quand il se pencha pour attraper sa tasse de thé, il avait reçu un sortilège Cuisant dans le dos et celui-ci était en feu… Elle avait raison, il devrait vraiment de soigner.

Prenant son courage à deux mains, il se leva et se dirigea vers son armoire où reposait toute sorte de potions prévues à cet effet. Il prit, comme à son habitude, celle qu'il avait inventé spécialement pour contrer les effets secondaires des Doloris –potion qu'il devait prendre après chaque entrevue avec le Seigneur des Ténèbres. Après l'avoir bu d'une traite, il attrapa quelques baumes puis se dirigea dans la Salle de Bain où il s'enferma. Il se déshabilla délicatement, sa robe avait collé à sa peau brûlée par le sortilège, heureusement pour lui l'antidouleur faisait encore effet. Torse nu au milieu de la pièce, il observa son corps dans le miroir. Son torse était parsemé de cicatrices blanches, dues soit à des couteaux soient à des sortilèges. Il y avait aussi quelques traces de coups de ceintures dans son dos, souvenir éternel de Tobias…

Il était maigre, très maigre, trop maigre. Seuls quelques muscles fins subsistés, avant tout dus aux nombreux duels et entrainements qu'il faisait. Sa peau était blanche, aussi froide que de la neige et aussi dur que du marbre. Sa vie avait fait des ravages sur son corps.

Mais comme à son habitude, Severus ne s'attarda pas devant le miroir. Il entreprit de s'appliquer les différents baumes sur ses blessures externes en s'aidant d'un sort pour celles dans le dos qu'il ne pouvait donc atteindre.

Il repensa à son élève et à l'étrange conversation qu'il avait partagée avec elle. Jamais il n'aurait imaginé avoir une telle conversation avec Granger, visiblement Severus s'était trompé. Elle était bien plus que la petite Griffondore, meilleure amie de Celui-Qui-a-Survécu, excellente élève de Poudlard. Il avait découvert en plein milieu de la nuit, autour d'une tasse de thé, une jeune femme diablement intelligente à l'esprit vif et aiguisé.

Dumbledore avait peut-être eu raison après tout, travailler avec elle ne serait probablement pas une si grande corvée. D'après ce qu'il avait pu voir cette nuit, il l'avait mal évalué durant les cinq dernières années. Ce conciliabule avait au moins eu pour résultat de les rapprocher quelque peu, et étant donné qu'ils seraient amenés à travailler ensemble pour les semaines à venir, ce ne pouvait être qu'une bonne chose.

Il avait longuement pesté contre Albus quand il l'avait forcé à prendre cette 'assistante', déclarant à qui voulait l'entendre qu'il se débrouillé très bien tout seul, merci beaucoup. Mais encore une fois le Directeur avait montré qu'il le connaissait mieux que lui-même ne se connaissait. Comme toujours. Ce fut seulement maintenant, qu'il réalisa qu'il acceptait qu'Hermione lui vienne indirectement en aide. Elle saurait agir efficacement sans pour autant trainer dans ses pattes. De plus, cette petite expérience pourrait devenir intéressante avec une personne comme Granger.

Reste tout de même ses petits secrets. Qu'est-ce que la jeune femme lui cachait en rapport avec sa main ? Et que fabriquait-elle dans les couloirs au milieu de la nuit ?

Si elle était aussi têtue que lui, il allait devoir découvrir les choses par lui-même car elle ne risquait pas de tout lui dévoiler, du moins pas volontairement. Et pour le plus grand malheur de Severus, il pressentait d'ores et déjà que la lionne était une de ses personnes entêtés et sûres d'elles…

Après avoir fait pénétrer chaque baume, il prit une rapide douche. L'eau brulante détendait ses muscles endoloris et reposait son esprit, ne se concentrant uniquement sur les clapotis de l'eau.

Ce ne fut qu'à quatre heures du matin qu'il se glissa nu sous les draps, l'esprit embrumé par la fatigue.


Les reviews font toujours plaisir...


Il y a trois citations dans ce chapitre, la première est de Jean Racine, la seconde est de Lawrence Sterne (romancier et ecclésiastique britannique du 18ème siècle). Et la dernière est tout simplement tiré de la Bible.

Si vous avez des questions n'hésitez pas :)