NdA : Hum, je dois l'admettre, je suis hésitante à l'idée de publier cette histoire. Tout d'abord, je suis au milieu d'une autre histoire, et j'y tiens beaucoup, et j'y consacrerait sans aucun doute beaucoup plus de temps que celle-ci. Ensuite, et bien... c'est une histoire du même genre, avec énormement de Chris, de Wyatt, et de Piper. Je ne sais pas exactement pourquoi je la publie, du coup, maintenant, mais dans tous les cas, j'ai très envie d'avoir votre avis sur ce début... Et puis, même si la suite tarde, dès que j'aurais fini Change of Heart, je promets de me consacrer à celle-ci entièrement (si elle vous plait, j'espère!)

Avertissement : Cette histoire débute quelque temps après l'anniversaire de Piper, donc après Prince Charmed. Elle sera sans doute courte, et se concentrera, je pense, beaucoup plus sur les émotions que l'action.

Disclaimer : Rien ne m'appartient. Ni Charmed, ni même Chris ou Wyatt.


Chapitre 1

Tombés du ciel


Ce matin-là, Piper Halliwell avait été réveillée par le son de son fils, comme d'ordinaire. Cependant, après avoir étouffé un bâillement, elle s'était rendue compte que Wyatt n'était pas en train de pleurer, mais de rire, et un sourire avait malgré elle réussit à se frayer un chemin sur ses lèvres. Les choses n'avaient pas été très agréables, ces temps-ci, et elle avait des difficultés à envisager ses journées positivement mais, ce matin-là, en écoutant le rire de son petit-garçon, elle se surprit à penser que, peut-être, pour la première fois depuis ces deux très longues semaines, elle allait pouvoir passer un jour tranquille et heureux.

Bien évidemment, c''est pour cette exacte raison qu'elle aurait du se méfier de ce que le destin lui réservait pour la suite des évènements, mais la pensée s'envola aussi vite qu'elle était arrivée, la laissant détendue et réveillée, et elle se leva calmement pour aller chercher Wyatt dans sa chambre.

Son fils tendit immédiatement les bras dans sa direction quand il la vit se pencher au dessus de sa tête, et elle lui adressa un sourire rayonnant, auquel il répondit de bon cœur. Tout en le serrant contre sa poitrine, Piper se surprit à entonner une des chansons que Paige avait sans cesse dans la tête quand elle daignait venir la voir au Manoir – généralement pour un démon. Elle décida de la chanter un peu plus fort quand elle comprit que Wyatt aimait ce qu'il entendait, et chassa de son esprit sa plus jeune sœur, déterminée à ne pas se laisser aller à l'amertume aujourd'hui.

Elle ruminait déjà bien assez sur son sort les autres jours. Quelle importance si Paige et Phoebe avaient une vie sans elle et qu'elles ne songeaient pas à venir voir leur pauvre, idiote de grande sœur qui se sentait terriblement seule dans leur vieille maison familiale, sans aucun autre adulte à qui parler la plupart du temps parce que contrairement à elles, la vie amoureuse de Piper était un désastre depuis que son mari était devenu un stupide fondateur ?

Pas aujourd'hui. Se répéta Piper fermement en déposant un léger baiser sur le front de Wyatt.

Tout en descendant les escaliers, elle commença mentalement à se rappeler ce qu'elle devait faire dans la journée. Elle devrait passer au P3, bien sur, pour vérifier que tout allait toujours bien et que la bande qui devait jouer vendredi soir n'avait besoin de rien de spécial – certains musiciens avaient des demandes parfois effarantes – mais ce n'était pas une tâche immédiate et elle aurait tout le temps d'y aller en fin d'après-midi. Son matin, comme tous les autres matins depuis son anniversaire, serait entièrement consacré au Livre des Ombres et à la recherche de celui qui pourrait potentiellement...

Elle serra les lèvres malgré elle, caressa distraitement le dos de Wyatt, et s'efforça d'oublier pour quelques minutes que le bébé qu'elle tenait dans les bras, son fils, allait sois-disant devenir un monstre tyrannique dans le futur. Peut-être qu'aujourd'hui, dans un effort pour rester un peu près joyeuse, elle devrait laisser le Livre de coté, cuisiner toute la matinée, et inviter quelques unes de ses amies dans l'après-midi.

La tentation était forte. Une matinée supplémentaire n'allait certainement pas changer grand chose au futur. Pour autant, une part d'elle répugnait à l'idée d'abandonner ses recherches. Cela voudrait dire qu'elle laissait toute la responsabilité de sauver Wyatt à Chris et, foi de Halliwell, cela n'arriverait plus jamais tant qu'elle était en vie. Son névrosé et dangereux être de lumière avait bien assez démontré que ses méthodes n'étaient ni honorables, ni efficaces. Piper était la mère de Wyatt, bon sang, et elle protégerait son fils elle-même.

Cette fois-ci, c'est l'image du jeune homme brun venu du futur qu'elle chassa de son esprit. À ce rythme-là, pensa-t-elle avec dérision, il ne lui resterait plus grand chose en tête.

Arrivée dans la cuisine, elle posa Wyatt dans sa chaise haute, et se tourna vers le comptoir pour lui préparer son biberon du matin. Elle fut surprise de trouver un petit mot, rédigé sur l'un des nombreux blocs post-it qu'elle gardait dans les tiroirs. En reconnaissant l'écriture de Léo, son cœur loupa un battement. J'avais un peu de temps ce matin, j'ai réparé le joint de la salle de bain. Je n'ai pas voulu vous réveiller, Wyatt et toi. Passez une bonne journée. Avec amour, Léo.

Elle serra le papier dans ses doigts, ridiculement heureuse.

« Regarde Wyatt ! » déclara-t-elle en adressant un nouveau sourire rayonnant à son fils. « Papa nous a écrit un petit message ! »

Une pointe de colère surgit au milieu de la sensation bien heureuse qui l'avait envahit en lisant ce message tellement ordinaire, qui lui donnait l'impression que son mari n'avait qu'un job ordinaire, et qu'il rentrerait ce soir à la maison, et qu'il s'endormirait auprès d'elle et... La colère gronda de plus belle, mais elle la fit taire impérieusement. Elle était fatiguée d'en vouloir à Léo. À vrai dire, si elle n'avait pas été si stupidement fière, elle lui aurait sans doute demandé de revenir à la maison.

Cela dit, Piper aurait fait beaucoup de choses si elle ne tenait pas de manière exagérée à sa fierté personnelle.

« Papa ? » répéta Wyatt avec un regard plein d'espoir.

« Papa. » souffla-t-elle sans se démonter.

Peut-être qu'elle pourrait appeler Léo, en cours de journée, pour qu'il vienne passer un peu de temps avec son fils. Elle savait qu'ils seraient aussi contents l'un que l'autre. Elle fit tranquillement chauffer le lait, puis sortit un paquet de biscottes à peine entamé d'un des placards et en plongea deux dans le toaster. Pour la première fois depuis un moment, elle se sentait proprement affamée.

Elle termina le biberon en mordant à pleine dents dans la première biscotte, tartinée de beurre rapidement. Entre temps, Wyatt s'était lassé d'attendre, et commençait à protester un peu plus fort, tenant maladroitement sa cuillère en plastique dans sa petite main potelée. Elle trouva la vision un peu plus adorable qu'elle aurait du et prit son temps avant de prendre de nouveau son fils dans les bras pour lui donner ce qu'il réclamait.

Elle se mit à chanter de nouveau, doucement, et se concentra entièrement sur Wyatt, qui avalait avec ferveur le lait, ses petits doigts se pliant et se dépliant autour du biberon. Le rituel familier finit de la détendre entièrement. Peut-être que cette journée annonçait vraiment une ère nouvelle, une ère de paix relative où elle pourrait enfin accepter ce nouveau monde étrange où elle vivait seule dans le manoir avec un mari qui n'était plus vraiment son mari, des sœurs qui ne rendaient visite que de temps en temps, et un Être de Lumière du futur qui ne fréquentait plus que le grenier, l'évitant soigneusement, ayant sans doute peur qu'elle le fasse exploser à la seconde où il apparaitrait devant elle (c'était sage et prudent de sa part, elle devait l'admettre).

C'est bien sur à ce moment précis que le plafond décida de s'éclairer brusquement d'une lueur dorée éclatante avant que deux formes (aveuglée, elle ne pouvait guère discerner mieux), visiblement apparues de nulle-part, ne s'écrasent sur le sol avec des cris aigus.

Après près de six ans à combattre des démons de manière régulière, Piper avait acquis quelques réflexes bien utiles. En revanche, elle n'avait pas encore l'habitude d'avoir son fils dans les bras, et ne leva donc pas les mains assez vite pour faire exploser rapidement les inconnus. Elle comprit quelques secondes plus tard à peine que c'était une chance puisque quand la lumière s'éteignit finalement, les deux formes tombées du ciel se révélèrent être... deux enfants.

Abasourdie, elle ouvrit la bouche pour parler, mais elle se trouva incapable d'émettre le moindre son, et encore moins de former un mot cohérent. Ses yeux s'étaient immédiatement rivés sur le garçon le plus à droite. Elle reconnaissait parfaitement les cheveux blonds qui bouclaient sur la tête de l'enfant, ainsi que ses prunelles bleues, aussi bleues que l'océan... aussi bleues que celle du bébé qui était toujours dans ses bras.

L'idée qui la frappa immédiatement était absurde, mais avant qu'elle ne puisse trouver une explication plus raisonnable au fait qu'un petit garçon ressemblant à une version plus âgée de son petit garçon venait d'attérir sur le sol de sa cuisine, celui-ci se tourna subitement vers l'autre enfant, qui était toujours allongé, l'air paniqué.

« Chris ! » s'exclama-t-il. « Chris, réveille-toi ! »

Piper cligna des yeux et referma la bouche. Il n'avait pas dit Chris. Il n'avait pas dit Chris. Le garçon ne semblait pas avoir remarqué qu'elle était là. Son entière attention était tournée sur le petit garçon brun qui grogna légèrement.

« Wy ? » dit-il doucement, battant des paupières.

« Chris ! » répéta une nouvelle fois l'autre, l'air soulagé. « J'ai cru que t'étais mort ! »

« Je ne me sens pas mort. » souffla l'enfant brun, en s'asseyant prudemment.

Il avait des yeux verts, et des pommettes hautes. Il était visiblement plus jeune que le garçon blond. Piper tenta vaguement de sortir de son état de choc, mais s'en trouva incapable quand elle réalisa, médusée que c'était Chris. Il n'avait peut-être que sept ou huit ans, mais on apprenait à reconnaître les traits caractéristiques de quelqu'un quand il venait vous harceler pendant des mois, tous les jours, pour vaincre tel ou tel démon (ou vous mentait pendant tous les dit-mois avant de vous avouer que votre fils allait devenir un être maléfique qui détruirait le monde).

« Bien sur que t'es pas mort, idiot, c'est ce que je viens de dire ! » rétorqua le blond.

« Pourquoi on est dans la cuisine ? » demanda Chris en passant une main dans ses cheveux, ignorant superbement son commentaire.

« Je sais pas. »

« Le démon est mort ? »

« Je sais pas, Chris. »

« Mais tu as récité le sort.. »

« Et maintenant on est dans la cuisine. »

« Pourquoi on est dans la cuisine, donc ? »

« Tu m'agaces, Chris. » déclara le petit garçon avec un soupir exaspéré.

« Tu es en train d'éviter de dire que j'avais raison depuis le début, Wyatt ! » répliqua Chris, vexé.

Wyatt.

Il avait dit...

Oh mon dieu.

Piper inspecta de nouveau le petit garçon, le cœur battant à tout rompre dans poitrine. Il avait vraiment hérité de tous les traits de son père. Il était magnifique. Il était... C'était Wyatt. Son fils. Son fils plus grand... Et il était avec Chris. Chris qui était, lui, bien plus petit.

Elle se demanda bêtement pourquoi elle ne s'était pas encore évanouie sous le choc, avant de se rappeler que ce n'était définitivement pas la chose la plus sidérante qui était arrivée dans ce Manoir. Et pourtant...

« J'avais raison ! » protesta Wyatt.

« Non ! »

« Si ! »

« Non ! On aurait du se téléporter ! » insista Chris.

« Et le Livre ? »

« Le Livre se protège des démons ! »

« Le démon avait réussi à le toucher pourtant ! »

Chris tira la langue. Piper eut envie l'absurde de rire. Wyatt ne s'en priva pas.

« Bébé ! » se moqua-t-il.

C'est alors que le vrai bébé dans la pièce, celui qu'elle portait dans ses bras et qui, depuis quelques minutes, tentait désespérément d'attirer de nouveau son biberon jusqu'à sa bouche, finit par se lasser par l'immobilité de sa mère, et poussa un cri clairement agacé avant que des petites lumières bleues et blanches n'entourent le biberon pour le faire glisser jusqu'à ses lèvres.

Les deux garçons tournèrent la tête en même temps vers elle, réalisant pour la première fois qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce. Leurs yeux s'écarquillèrent presque comiquement.

« Maman ? » s'exclamèrent-ils en cœur.