Fiction dédicacée à beaucoup,

A tous ces mangas dont j'ai sans vergogne volé le copyright, comme si Kishi n'était pas déjà assez blessé comme ça; et surtout à leurs auteurs qui ont subi mes interprétations hasardeuses.

Au manga Gintama, qui m'a fourni l'envie, la volonté de poursuivre cette fiction au moment où j'en avais le plus besoin.

A mes formidables correctrices, Yume ka Mage et sasunarufann. La première pour sa présence, sa gentillesse, sa patience avec mon conditionnel ignoble. La seconde pour ses engueulades, son soutien; son amitié, tout simplement.

Et à vous, évidemment! Pour avoir suivi cette fiction aux chapitres interminables, et si lente à être publiée.

Have a good ending ;)


Les passages qui suivent ne sont pas forcément dans l'ordre chronologique, mais dans un ordre bien précis que j'expliquerai dans mes bonus.


THE WAR OF PUBLISHERS – Épilogue


« Mon maître m'a dit un jour : la chance est du côté des meilleurs. »
Rock Lee – Naruto


Il ronflait. Ce crétin ronflait. Il avait l'habitude, mais aujourd'hui, ce n'était pas acceptable.

Ils n'auraient jamais dû aller prendre un verre la veille avec Itachi. Enfin, rectification, Sasuke avait pris deux verres. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que Naruto en prenne plus de dix.

Et le voilà, qui ronflait comme un bienheureux. Il savait qu'ils n'auraient pas dû y aller. Quelle idée d'aller boire en pleine semaine? Ils devaient aller travailler dans moins de quatre heures, bon sang, et il n'avait pas fermé l'œil à cause de la scie-sauteuse qui lui servait de petit ami.

Naruto grogna un instant, et roula sur le dos, un de ses bras pendouillant hors du lit, tandis que l'autre lui retombait dessus avec délicatesse. Et ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Il allait le réveiller, ce con.

Le lendemain, Naruto marcha jusqu'à la machine à café d'un pas traînant, attirant le regard moqueur de Sakura.

« Eh bah alors? Uchiha-san y est allé trop fort hier soir...? »

Il se tourna lentement vers sa collègue, pas vraiment d'humeur à rire, avant de marmonner :

« J'aurais préféré ça, plutôt qu'il m'envoie valser du lit à coup de pieds... »


« On peut s'en aller...? soupira Sai, regardant sa montre avec insistance. Le film commence dans moins d'une heure.

– Et alors, on a le temps, non?

– J'ai envie d'avoir une bonne place, ils vont distribuer des goodies pour le film! »

Sakura lança un vague regard dépité à son fiancé, relevant légèrement le rideau; que ce soit pour ses manières d'otaku dont elle ne s'était jamais débarrassée, ou tout simplement sa stupidité.

« C'est moi qui ai organisé le projet pour ces goodies, je te signale! Y en a une tonne sur mon bureau, pourquoi t'en veux plus?

– Je préfère les avoir sur place, c'est tout. ...ma chérie. »

Elle soupira, roulant des yeux à l'utilisation du petit nom. Depuis qu'il avait lu qu'il fallait appeler la personne qu'on aimait d'une certaine façon, il n'en démordait pas, quand bien même cela faisait un peu vieux jeu. Elle finit de fermer sa robe, pour sortir immédiatement de la cabine, avec un grand sourire.

« T'en penses quoi?

– Que tu aurais dû aller faire les boutiques avec Ino.

– Elle est pas disponible, je te signale, et c'est bon, je te demande ça pas souvent, ne t'en plains pas! Maintenant, dis-moi! »

Sai fit la moue, mais se leva, et tourna autour de Sakura, se tenant le menton, très sérieux. Elle attendit son verdict avec impatience, ce qu'il ne tarda pas à prononcer, hochant la tête avec un grand sourire.

« Oui, pas de doute, ma chérie, elle te grossit. »

La gifle partit sans réfléchir. Ils allaient probablement remettre leurs fiançailles à plus tard. Encore.


« Hey, rouquin. J'en ai marre. »

Lisant un livre, Gaara tourna une page et répondit vaguement, ne regardant même pas son colocataire :

« Tu ne vas pas commencer tes caprices parce que tu veux changer de marque de croquettes, j'espère. »

L'étudiant serra ses doigts sur son verre, le posa, et se leva brutalement, pointant rageusement du doigt son colocataire :

« C'est exactement ce que je veux dire! C'est quoi ces gens qui pensent qu'on est gays? Tout ce que tu fais c'est te foutre de ma gueule!

– Tu ne m'aides pas, en même temps. »

Un rictus de colère encore présent sur son visage, Kiba se rassit sur le sol, croisant les bras.

« Sérieux, le monde est con.

– Que veux-tu, c'est comme ça. Et si tu ne répondais pas, on s'en porterait mieux.

– Tu veux que je fasse quoi, sérieux!?

– La fermer est une possibilité. »

Il fusilla le mur du regard, l'alcool le rendant un peu vaseux, et marmonna :

« A ton avis, pourquoi ils croient ça?

– Qu'est-ce que ça peut te faire.

– Bah ça me fait chier! »

Soupirant longuement, le roux referma son livre, et plaça sa main sous son menton.

« La collègue de Naruto, Sakura, m'a dit que c'était parce que des gens trouvaient qu'on leur ressemble, à lui et Uchiha-san. »

Kiba cilla, et se tourna vers Gaara.

« Son éditeur en chef?

– C'est ce qu'elle m'a dit.

– ...et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça viendrait foutre dans notre histoire? »

Le regard turquoise le fixa longtemps, semblant au bord de la dépression nerveuse.

« Quoi? J'ai dit une connerie?

– Ta stupidité m'afflige.

– Hein? Mais c'est quoi le problème?

– Tu n'as pas légèrement tiqué quand, à l'instant, on est allés chez Naruto, et que tu as vu tous ces jolis cartons? »

L'étudiant lui rendit son regard, ne saisissant pas.

« Bah quoi, ils sont colocs, super. Et alors? »

Perdant patience, Gaara passa une main dans ses cheveux, et gronda :

« D'accord, je vais faire un topo simple. Toi, pourquoi tu vis avec moi?

– Bah, pour pas avoir à payer un loyer tout seul et avoir à manger tous les soirs.

– Bonne réponse. Maintenant, tu devines la raison pour laquelle Uchiha-san et Naruto vivent ensemble? »

En absence de réponse, et uniquement un regard de plus en plus écarquillé, il prononça lentement :

« Pour pouvoir baiser tous les soirs. »


« Rah, où j'ai mis le cutter? »

Naruto se mit à observer son appartement dans un mouvement périphérique et poussa un soupir, tandis qu'il essuyait la sueur de son front. Une vague sensation de déjà-vu le prit, quand une réponse lui parvint :

« Il est à tes pieds, crétin. »

Il baissa le regard et vit effectivement l'outil, qu'il attrapa, et alla directement ouvrir les cartons qui restaient.

« Fais gaffe, c'est fragile à l'intérieur. »

Le blond répéta silencieusement les paroles du brun, une mimique exaspérée en plus, avant de marmonner :

« Je te préviens, on accrochera pas ton fanart au mur.

– Et pourquoi ça?

– Parce que moi j'aime pas Vegeta. »

Il sentit plus qu'il ne vit le regard noir que lui lança Sasuke, et un peu de fierté le parcourut quand celui-ci ne répliqua pas, lui laissant le dernier mot. Bien qu'il sache que cela ne durerait pas.

Et effectivement, des mains survinrent de derrière pour s'enrouler autour de sa taille, puis une bouche se glissa à son oreille lui chuchoter :

« Tu veux que je te raconte quelque chose...? »

Naruto haussa un sourcil, sentant que ce qui allait suivre n'allait pas lui plaire, contrairement aux administrations de l'Uchiha sur ses abdos, au même instant.

« Il y avait cette nouvelle secrétaire, ce matin, pendant que tu étais chez Kishimoto-sensei... »

Malgré lui, Naruto se tendit. Il savait parfaitement que Sasuke était indifférent aux femmes, et ne tenterait jamais rien, même pour l'énerver, mais le simple fait de voir certaines lui tourner autour, avec parfois beaucoup d'insistance, l'agaçait.

« Et?

– Et il se pourrait que je lui dise que je suis en ce moment-même en train d'emménager chez mon petit ami... »

Le blond fronça les sourcils et se retourna, lâchant :

« Quoi? Ça va pas!?

– Ça, ce sera si tu refuses de mettre mon dessin original au mur... »

Voyant que le visage de Sasuke s'approchait de lui, il cogna son poing contre son front, le reculant.

« Tu ferais ça rien que pour ton stupide dessin?

– Ça s'appelle du chantage, Naruto.

– Tu parles! J'suis pas con, t'iras jamais parler de ça aux gens, t'as bien vu ce qui est arrivé à ton oncle!

– Le DRH est déjà au courant, pourtant. Et puis, Madara est PDG, je ne suis qu'un éditeur. Peut-être que cela passera mieux... fit-il avec un sourire cruel en se rapprochant des lèvres du blond.

– Dis pas de conneries! Regarde l'état de la Konoha quand t'es parti rien que deux mois- »

Il l'embrassa, pour l'empêcher de dire quoique ce soit de plus. Que ce soit parce qu'il avait peut-être raison, ou bien car il en avait envie. En tout cas, cela eut le mérite de le réduire au silence un instant, et quand il rompit le baiser, il plaça, avant que Naruto ne puisse le faire :

« De toute façon, je ne te donne pas le choix. Touches-y, et en plus de dévoiler notre histoire à tout le monde, je te le ferais payer cher... »


Il connaissait son amour pour la littérature. Sa crétinerie. Le t-shirt criard orange qu'il avait l'habitude de porter. Son épaule droite sur laquelle était jetée sa veste d'uniforme. Son épaule gauche collée à la sienne. Sa mimique boudeuse après une énième bagarre. Ses yeux bleus qui brillaient dès qu'ils se retrouvaient, au fond de la bibliothèque du lycée. Son sourire immense, et si lumineux.

Et un jour...


« Oho, je vois que mon petit Sasuke m'avait caché des choses... »

La nouvelle secrétaire du directeur exécutif, assise sur un coin de son bureau, les bras croisés, laissa un sourire sardonique étirer ses lèvres.

« A qui le dites-vous. La première fois je m'étais dit que, tant qu'à être un connard froid, il avait au moins une belle paire de fesses, mais qui eut cru qu'il pense la même chose en voyant des hommes... Ah, quitte à avoir un point commun, j'aurais aimé que ce ne soit pas celui-là! »

La franchise de Konan faisait largement sourire Kakashi. N'importe quel patron aurait réprimandé sa subordonnée pour un tel langage, surtout en sa présence; mais lui au contraire il adorait ça. Encore plus quand il s'agissait de parler dans le dos de son éditeur en chef préféré.

« Maintenant que j'y pense, j'aurais dû tilter, quand Uzumaki est venu me parler... Peut-être suis-je trop innocent!

– Vous, innocent? Ne me faites pas rire. »

La voix de son second Uchiha favori fit rire l'homme aux cheveux gris, qui salua Itachi de la main.

« Hey, handsome~ Alors, qu'est-ce que ça fait d'avoir un petit frère pédé?

– Vous, en tout cas, ça ne vous rend pas plus mature. »

La moue touchée de Kakashi fit rire Konan, qui descendit de son siège pour serrer convenablement la main du brun.

« Je ne crois pas que nous nous soyons rencontrés.

– En effet. J'ai eu le droit à des échos de Sasuke, malgré tout.

– Oh, et que disait-il...? »

Un fin sourire étira une des commissures du commercial.

« Disons que le principal mot que j'ai retenu de cette conversation était ''vulgaire''.

– Je le reconnais bien là... Ce petit insolent n'est pas très respectueux, vis-à-vis d'une femme qui l'a sorti de la mouise. » elle ajouta malgré tout : « Sans offense.

– Il n'y a pas de problème, j'ai l'habitude des gens autour de moi qui me disent que Sasuke est un enfoiré. Et après tout, il n'a jamais cherché à prouver le contraire. »

Kakashi éclata de rire, étant retourné dans son fauteuil, et croisant ses chevilles sur son bureau tout en s'étirant.

« Mais dis donc, Itachi, maintenant que j'y pense; tu m'as menti! Tu m'as dit que la poule de Sasuke n'était pas une éditrice!

– Aux dernières nouvelles, même si je n'ai pas été vérifier, il me semble pourtant que Naruto possède tous les appareils génitaux masculins. »

Kakashi plissa les yeux, répondant d'une mimique boudeuse. Mais cela ne dura pas bien longtemps quand il se souvint de sa conversation avec l'autre homme.

« Ah, c'est pour ça que tu avais l'air tellement horrifié quand j'ai cru que tu étais amoureux d'elle! »

Itachi roula des yeux, adressant un regard sympathique à Konan, qui malgré tout semblait bien s'amuser. Il finit par secouer la tête, et demanda les papiers qu'il était à la base venu chercher, imposant à son patron de se concentrer rien que deux secondes.

« D'ailleurs, où est Senju-san? Je ne l'ai pas vu de la journée.

– En rendez-vous à l'extérieur~ »

Le mensonge ne se trahit pas sur le visage de Kakashi, sachant parfaitement que cette information ne devrait jamais sortir de sa bouche, bien qu'il aime les ragots. Que ce soit le jour où son supérieur l'avait appelé et lui avait donné ces photos, bien forcé de lui raconter toute l'histoire; ou bien le fait qu'il s'éclipse maintenant régulièrement lors des vendredis après-midi pour ne plus en avoir de nouvelles avant lundi matin.

Sasuke, tout comme Tsugumi Ohba resteraient aussi une tombe. Ils ne savaient pas exactement ce qu'il s'était produit, et Kakashi n'approuvait certainement pas, mais le sourire sur le visage du plus âgé, encore plus rayonnant qu'avant, valait tous les mensonges du monde.

Itachi s'en alla, laissant son directeur exécutif quelque peu perdu dans ses pensées. Alors que Konan rangeait les dossiers qui avaient été sortis à la demande de l'Uchiha, il se permit de demander :

« Comment est Uchiha Madara, comme patron? »

La question la prit pas mal de court, et il lui fallut plusieurs secondes pour répondre.

« Le premier mot qui me vient à l'esprit serait ''silencieux''. Oh, et très sexy quand il sort de son bureau pour pester qu'il n'a plus de café.

– Vous avez définitivement un truc pour les Uchiha, n'est-ce pas...? fit-il remarquer en ricanant.

– Bien sûr, acquiesça-t-elle. Cette famille a quelque chose de fascinant, ils sont tous des enfoirés, bien que chacun soit légèrement différent. Madara est dans le genre à se moquer froidement, Sasuke est indifférent, et Itachi semble plus tourné vers l'arrogance et le genre ''je pète pas plus haut que mon cul''...

– Si vous voulez, je vous présenterai un Uchiha qui déroge complètement à la règle.

– Oh? J'adorerai voir ça... »


Au cinquième étage, Sakura poussa un long soupir, relisant rapidement les nemus de son auteur. Sa commissure droite se tordit, tandis qu'elle cherchait de quelle façon dire gentiment à son auteur de revoir le design de ses Espadas, faisant tourner son Dominator de sa main libre. Elle ne savait pas dans quel état il était quand il avait dessiné ça, en tout cas elle espérait qu'il n'était pas encore parti au bar avec Sorachi-sensei.

« Shikamaru... » marmonna-t-elle au brun qui revêtait une chemise et une cravate rayée rouge et noire, tout en tenant un katana d'une main. Il releva la tête de ses planches. « Ton mangaka est en train de bosser, hein?

– Normalement, ouais. Pourquoi?

– Parce que tu vas lui dire que si je le revois encore une fois avec Kubo-sensei, à faire leur concours de blagues cochonnes, je m'occuperai de lui à ma façon. »

Le nouvel auteur de Shikamaru avait vraiment une mauvaise influence sur les autres, et elle se demandait parfois comment son éditeur parvenait à le tenir en place. Sur le bureau de son collègue s'amassaient les lettres indignées de la PTA, c'est dire le formidable cadeau qu'on lui avait refilé!

« Moi, tant qu'il continue de pondre ses conneries qui semblent plaire aux lecteurs, je dis rien.

– Qu'il le fasse autant qu'il veut, mais ne le laisse pas influencer mon auteur!

– Je fais comme je peux, grogna-t-il. Déjà, j'essaie vainement de remonter dans les sondages et c'est pas facile. »

Lee se mit à rire, lisant quant à lui les nouveaux arrivages de planches, dans l'espoir de se trouver un nouveau poulain, vu la fin prochaine de son manga. Son amour pour les mangas de sport était clairement visible, étant donné l'uniforme de Ryôma Echizen qu'il portait.

« Tu n'as pas l'habitude, Shikamaru-kun! Allez courage, Gintama marche déjà plutôt bien!

– Ouais, mais j'en ai marre qu'on me gueule dessus aux réunions, moi. Heureusement que le staff de l'anime s'en prend autant dans la tronche que moi... »

Le plus âgé des deux lui envoya un sourire compatissant, puis repartit dans ses planches. Soudain, ses yeux brillèrent :

« Wooooh, il est pas mal ce Fujimaki! J'aime bien son héros!

– Au fait, où sont Naruto et Uchiha-san? demanda vaguement Sakura, observant leur bureau vide, avant de froncer les sourcils. ...j'espère qu'ils ne font pas ce que je crois. »

Shikamaru haussa les épaules, s'en fichant tant qu'il n'avait pas à le voir directement, et qu'il était laissé tranquille au final. Mais ils avaient tort, car Sasuke entra dans l'espace de travail, des dossiers sous le bras, sans signe du blond à l'horizon.

Cela étonna Sakura, qui regarda l'heure, et vit que les affaires du blond étaient pourtant déjà là. Elle s'apprêtait à demander à l'éditeur en chef, qui portait ce jour-là l'armure dorée de Camus, quand le silence se fit à l'étage.

Le blond, légèrement rougissant, venait de franchir les paravents, et alla s'asseoir à son bureau. Sakura le fixait avec de grands yeux, au même titre que ses collègues. Il commença à travailler, mais quand il comprit que les autres attendaient une explication, il plaqua ses mains sur sa table.

« Quoi? Vous vouliez que je me cosplaye, eh bah voilà! fit-il en montrant son survêtement orange, et son bandeau frontal. Je suis cosplayé en Naruto, vous allez pas vous plaindre! »


« J'espère que tu ramènes de la bouffe, j'ai faim.

– Je suis pas ta mère.

– Allez quoi, les temps sont durs pour les auteurs sans série! »

Il grimaça, sachant que la vie n'était plus aussi simple qu'avant pour Temari maintenant que sa série était terminée. Les mangas, ça payait bien tant qu'on était en publication dans un magazine. Mais dès que ça se terminait, il fallait aller piocher dans l'argent mit de côté, qui dans son cas ne pesait pas lourd étant donné que la moitié de son salaire allait au dessinateur, à qui elle avait en plus offert 10% pour tout ce qui est matériel de dessin.

Heureusement que Shikamaru l'aidait pour les fins de mois, et à manger chaque jour. Il mit sur la table les bentôs qu'il avait achetés en passant au konbini, et ils se mirent à manger, discutant du nouvel auteur du brun.

« Tu plaisantes? Cette série est énorme!

– ...t'es sérieuse? »

Temari ouvrit de grands yeux, baissant ses baguettes.

« Attends, t'es son éditeur et pourtant tu n'aimes pas?

– C'est pas que j'aime pas... soupira Shikamaru, mâchonnant son onigiri. Essaie de me comprendre : j'ai passé trois ans à éditer Death Note, et tu sais mieux que moi à quel point c'est sérieux; et je me retrouve à m'occuper de chapitres où l'intrigue est que quatre persos sont coincés, sans PQ, aux chiottes... »

La blonde retint un rire, intérieurement hilare, et fut forcée d'acquiescer :

« C'est pas le même délire, on va dire... En attendant, peut-être que je vais pouvoir te remonter le moral! »

Ses pupilles pétillèrent, et Shikamaru se sentit légèrement rougir en la voyant.

« Ah bon...? Si tu me propose un massage, je dis pas non.

– J'ai encore mieux! »

Aussitôt, elle oublia sa faim et se précipita vers son bureau, en bordel, comme d'habitude. Il s'autorisa à lever un sourcil, ne l'ayant plus vue traîner près du meuble depuis la fin de Death Note, six mois plus tôt. Mais elle sembla extirper quelque chose d'une pochette, et ses lèvres s'entrouvrirent de stupeur :

« C'est des nemus?

– Une série prête à être proposée! »

Il se leva immédiatement, ne pouvant même pas attendre qu'elle revienne pour lire le nouveau manga de sa petite amie, et collaboratrice. C'est limite si l'impatience lui fit arracher les planches des mains de la blonde, récoltant une ou deux remarques désagréables qui se perdirent dans le vide.

Ses pommettes étaient légèrement roses tandis qu'il lisait, étant même resté debout, parcourant avec soif les pages. La confiance que Temari avait en son travail lui permit de s'asseoir sur sa chaise qui traînait, et d'attendre le verdict de son éditeur, qu'elle savait positif. Et il arriva enfin à la dernière page, levant ses yeux vers Temari.

« T'as un talent pour imaginer des mangas qui ressemblent à aucun autre, sérieux...

– C'est pour ça que ça plaît. »

Il ne tint plus, et fondit sur son auteur pour la prendre dans ses bras et l'embrasser. Sa fougue soudaine surprit un instant la blonde, avant que son sourire s'agrandisse, et qu'elle ne chuchote contre ses lèvres :

« Je devrais te soumettre des scénarios plus souvent j'ai l'impression... »


A la Konoha, en pleine réunion avec son auteur, Naruto fut soudain figé sur place, ses doigts serrés sur la planche. Relevant ses yeux du nemus, il croisa le regard indécis de son mangaka, qui grimaça :

« Je sais, c'est un peu... Ambigu. Si vous voulez, je peux enlever cette page...

– Non, non! Enfin, je ne sais pas... Euh... »

Un instant, il voulut se baffer. Cela faisait un moment qu'il travaillait sur Naruto, maintenant, mais là, il ne savait vraiment, mais vraiment pas quoi faire. D'un côté, il se disait que le côté symbolique était fort... mais de l'autre, peut-être que l'ambiguïté allait trop loin.

Le blond ne savait absolument pas. Il avait bien vu, au fur et à mesure des chapitres, et de l'avancée de l'histoire, que Sakura lui adressait des regards de plus en plus significatifs. Pour elle, c'était clair, il y avait un truc entre Sasuke et Naruto, ceux du manga. Et pour Naruto, le vrai, si sa bouche disait non, son cœur disait oui. Il ne savait pas si c'était parce qu'il était homosexuel, ou bien simplement parce que ça semblait évident, mais sérieux, il y avait un truc pas net entre ces deux personnages. Il n'en avait jamais parlé à Kishimoto-sensei, se disant que Sakura n'était qu'une fujoshi, mais maintenant, il fallait aborder le sujet.

D'un côté, cette scène, où Sasuke était penché au dessus de Naruto, était belle. Il n'y avait rien à dire. La pluie, le fait que Sasuke ait un instant un doute quant à la suite, ce qu'il allait faire, c'était parfaitement bien exprimé. Mais bon sang, on aurait vraiment dit qu'il allait l'embrasser! Si, dans les mangas, il y avait toujours eu quelques sous-entendus qui plaisaient au public féminin, ils n'étaient jamais allés aussi loin. Et cela faisait sérieusement douter Naruto.

En plus, cela le renvoyait évidemment en figure sa propre situation. Il ne savait vraiment pas si Kishimoto-sensei était au courant, mais c'était une coïncidence ayant touché très très juste. Bon, il n'avait jamais été sur le point de tuer Sasuke, même si cette course poursuite pour l'extirper des mains d'Orochimaru lui rappelait fortement quelque chose...

Il secoua la tête, oubliant ces pensées. L'important, maintenant, était la planche, et Kishimoto-sensei qui attendait son verdict. Et il ne savait toujours pas. Mais alors vraiment pas. Et, bien que sa fierté en tant qu'éditeur en prenne un coup, il en vint à la conclusion immédiate qu'il lui fallait de l'aide. Il se leva, et observa vaguement les tables alentours, pour lâcher un léger cri de victoire.

« Je vais aller demander conseil à Uchiha-san!

– Vous n'allez pas le déranger en pleine réunion? »

Naruto réfléchit un instant, avant de lui accorder un large sourire de conspirateur.

« Si vous venez avec moi, il ne pourra pas me gueuler dessus... Oda a l'habitude, donc il s'en ficherait, mais si vous êtes là, il ne dira rien... bon, il me le fera payer après, mais tant pis. »

Le mangaka ne demanda pas ce qu'il voulait dire par là, et ils se dirigèrent vers l'éditeur en chef, qui lui adressa un regard mauvais quand il le vit approcher. Il fut forcé de baisser ses planches, pour gronder quand Naruto fut à côté de lui :

« Qu'est-ce qu'il y a, Uzumaki?

– J'aurais besoin de l'expérience de mon merveilleux éditeur en chef...

– Au lieu de me cirer les bottes, dis-moi le problème.

– Lisez, ça ira plus vite, et vous capterez facilement je pense. »

Le brun fronça les sourcils et demanda à Oda-sensei de patienter, qui lui fit signe que ce n'était rien, tandis que Kishimoto s'excusait platement. Les planches posées sur la table, Sasuke lut rapidement, ne prenant pas plus d'une minute pour parcourir la vingtaine de pages, surtout qu'il y avait très peu de dialogue. Mais, arrivant au même point que Naruto deux minutes plus tôt, il bugua lui aussi, et les auteurs eurent le loisir de voir pour la première fois de sa vie Uchiha Sasuke écarquiller les yeux.

Il se leva tout de suite, leur adressant une excuse rapide, puis attrapa le blond par la capuche pour le traîner plus loin, laissant les planches en vrac sur la table. Oda proposa alors à son collègue de s'asseoir, ce qu'il fit immédiatement, nerveux mais toutefois ravi de parler avec un homme qu'il respectait autant.

Mais Oda Eiichiro ne trouva pas mieux que d'engager la conversation d'un haussement de sourcil suggestif, tout en prenant la fameuse planche dans ses mains.

« Je n'aurais jamais cru que Sasuke et Naruto soient bel et bien gays... ce serait une première dans un magasine shônen! »

Masashi écarquilla les yeux et secoua la tête :

« Hein? Mais non, ce n'est pas ça!

– Mais oui mais oui. En attendant, j'ai une question à vous poser... »

Oda se pencha vers lui, et murmura, d'un sourire enjôleur :

« Est-ce que, par hasard, vous aimez les okamas...? »

Un couloir plus loin, Naruto fut obligé d'interrompre Sasuke en pleine tirade à propos de l'impossibilité de laisser passer ce chapitre, que ce soit pour le côté vraiment homosexuel de la scène, ou tout simplement car il refusait qu'un personnage qui portait son propre nom et celui de son petit ami soit vu faire ça par des millions de japonais. Le blond avait reçu un message, alors il sortit son portable, surpris d'y voir figurer un mail de Kishimoto-sensei.

''Uzumaki-san, aidez-moi!''


Il connaissait son amour pour les mangas. L'effusion qu'il créait chez leurs camarades féminines. Le t-shirt qu'il avait l'habitude de porter et sur lequel était dessiné une sorte d'éventail blanc et rouge. Son épaule gauche, carrée. Son épaule droite collée à la sienne. Sa démarche, droite et fière. Son petit sourire lorsqu'il lui parlait de ses mangas favoris, derrière leur bibliothèque, contre le chauffage.

Et un jour...


« Tu sais que tu es censé sourire, hein...? grogna entre ses dents la blonde, donnant un coup de coude en arrière à son petit ami, qui restait les mains dans les poches, à fixer le ciel avec une moue fatiguée.

– Et pour quoi faire?

– Parce qu'on passe à la télé, crétin! »

Shikamaru plissa les yeux, et fusilla du regard Temari, tandis que la voix du speaker retentissait, allongeant ses voyelles quand les candidats tombaient les uns après les autres.

« Et c'est par ta faute que j'me retrouve à faire cette connerie!

– Allez quoi, c'était mon rêve!

– Ouais mais pourquoi Ninja Warrior!?

– Parce que c'est le plus drôle! »

Les sourcils plus froncés que jamais, il lâcha d'une voix rauque :

« Tu te rends compte qu'on est pas des sportifs de haut niveau? Qu'on est là juste pour amuser la galerie? Qu'on va se faire ridiculiser?

– Eh oui, et alors? C'est fun! En plus, attend, on participe à Sasuke, quoi! J'adorais quand j'étais gosse! »

Il abattit une main sur son visage, se disant qu'il ne comprendrait jamais la définition que sa petite amie pouvait avoir de ''fun''. Mais alors qu'il tournait les yeux, il vit un homme d'au moins une quarantaine d'années, qui prit une batte de base-ball, face à la caméra. Roulant des épaules, il la cassa soudain en deux avec sa nuque, recevant des exclamations de la foule. Malgré tout, il semblait désorienté, et quand il fallut immédiatement commencer à courir, il le fit en titubant un peu. Cela n'étonna qu'à moitié Shikamaru quand, lorsque la première épreuve fut un saut d'au moins 2 mètres au-dessus d'une petite mare, il se ramassa en bonne et due forme. Quel imbécile...

Et dire qu'il allait bientôt devoir se frotter à ça. Sérieux. Mais qu'est-ce qui avait pris à Temari de le traîner là? Il n'était absolument pas sportif, il allait juste échouer dès la première épreuve. Déjà que de sauter était compliqué, si c'était après suivi d'une sorte de tyrolienne où il fallait rester accroché à un tonneau, puis d'un passage de pics tournants, tout ceci au-dessus de l'eau glacée...

C'était mort. Totalement mort. Et plus, pourquoi faire ça? Ils n'allaient pas gagner, c'était évident. Bon, il aimait le sourire aux lèvres de Temari, à cet instant, mais...

On appela le numéro 48. Merde. Il lança un regard terrifié à Temari, et ses cheveux attachés en haut de son crâne, dans son haut de sport moulant. Il avait entendu précédemment le speaker, qui ne se retenait pas de commenter à quelle point chaque participante était sexy, et ce toutes les trois secondes. Pour le coup, il se dit qu'il aurait raison. Mais il n'était pas question qu'elle soit appelée comme ça à télévision.

« Ben quoi, Shikamaru? Allez, dépêche, c'est ton tour! Te fracasse pas trop vite! »

Il ouvrit grand les yeux, sentant un frisson le parcourir, quand il vit les caméras passer du 47, à lui-même, qui n'avançait pas. Alors il bougea tout seul. Il attrapa la blonde par la nuque et l'embrassa, s'en fichant que l'objectif soit fixé sur eux. Puis, sachant qu'il était pressé par le temps, il se détacha, et siffla :

« Toi, pour ce que je vais faire, t'as intérêt à être prête à m'épouser... »

Et il s'en alla vers la ligne de départ, rouge vif, et les dents serrées, tandis que Temari le fixait avec de grands yeux.


Ce qu'il ne savait pas, c'était que la caméra avait un micro intégré, et donc que sa phrase arriva aux oreilles des téléspectateurs, parmi lesquels un certain roux dont le regard se faisait plus noir que jamais. Kiba, la gueule béante, se tourna vers son colocataire, et frissonna sous la colère qu'il y avait dans ses pupilles.

« Dès que je croise ce Nara, je l'émascule. T'as intérêt à me passer ton matériel de stérilisation Kiba.

– Hein? Mais non! Qu'est-ce que tu nous fous, rouquin, laisse le copain de ta sœur vivre! »

A leurs côtés, pas moins de deux blonds riaient à s'en tenir les côtes, accompagnés du dernier de la fratrie. Sakura se retenait elle aussi de rire, tandis que Sai et Sasuke restaient stoïques, même si ce dernier dévisageait avec lassitude Naruto qui pleurait d'hilarité. Leur fou rire ne s'arrangea pas quand Shikamaru commença à courir, pour tomber directement dans l'eau boueuse.

Ils n'eurent pas le temps de voir leur ami sortir de l'eau que la caméra se centra immédiatement sur un autre candidat. Le blond se redressa enfin, tentant de reprendre son souffle, et s'essuya les yeux. Il reposa sa nuque contre le bras que le brun avait été glissé sur le dossier du canapé derrière lui, et s'exclama :

« Allez, Gaara, soit pas comme ça... Si ce flemmard est allé jusque-là pour ta sœur, c'est qu'il l'aime vraiment!

– Rien à faire, on annonce pas ce genre de trucs à la télé. »

Lee se leva immédiatement, pour venir sautiller de joie quant au fait que visiblement, un mariage se préparait, encore un! Le temps que Kiba arrive à persuader Gaara de ne pas tenter d'arracher les couilles du petit ami de sa sœur, et que Sasuke puisse traiter Naruto au moins trois fois d'imbécile; vint le moment pour le numéro 69, Temari, de passer. Son sourire incroyablement large parvint à faire baisser les envies de meurtre du roux, qui se contenta alors de pester dans son coin, tandis que Kankurou lui balançait des coups de coudes complices dans les côtes.

Elle se débrouilla plutôt bien, pas trop étonnant quand on la connaît, mais n'arriva pas à passer l'étape où il fallait sauter et s'agripper à un mur de cordes pendu au dessus de l'eau. Pendant ce temps, Sai avait attrapé son carnet à dessin, et se mit à gribouiller sur le papier, ce qui attira l'œil de Sakura.

Un zeste d'amertume se fit sentir dans sa bouche quand elle repensa à ce qu'il lui avait dit la dernière fois, en plein shopping. Alors elle ne résista pas à lui rendre la monnaie de sa pièce.

« C'est moche ce que tu dessines. » fit-elle avec une moue boudeuse.

Il releva la tête, légèrement surpris, puis se mit à sourire, tranquille, et murmura :

« C'est toi que je dessine mon cœur. »


Son réveil se mit en marche, et Madara ouvrit les yeux. Le vague lui parut bien attirant, sur le coup, et il resta ainsi quelques minutes. Il avait froid. Il avait envie de fumer. Le soleil était trop fort. La radio aussi.

Enfonçant son visage dans son oreiller, il lâcha un soupir, mais finit par s'extirper des draps. Il se traîna dans sa salle de bain, jusqu'à son miroir. Il y voyait tout ce qu'il détestait. Son reflet, pourquoi continuait-il à différencier de ce à quoi il ressemblait vraiment? Pourquoi ne lui montrait-il pas un homme satisfait de son travail, de sa solitude? Pourquoi Uchiha Madara était-il incapable de cesser de regretter, pour de bon?

C'était terminé. Tout était terminé. Cet appartement qu'il avait pris après leur séparation était le symbole de son célibat, et cela ne changerait pas. Il fallait que ce soit le cas. Hashirama avait eu ce qu'il voulait, pour une nuit. Il lui avait définitivement dit au revoir, et le lendemain, le Senju avait souri aux journalistes, plus heureux que jamais, au bras de sa femme. Il avait embrassé ses enfants, avait ri à en avoir mal à la gorge. Et il n'avait pas pensé à l'Uchiha.

Naruto et Sasuke étaient des gosses, idéalistes, qui ne se rendaient pas compte de ce qui leur arriverait s'ils continuaient. Lui et Hashirama étaient adultes, matures, responsables. Ils savaient quand mettre leurs sentiments de côté pour sauver ce qui était le plus important. Leur stupidité les mènerait à leur fin. Et ce serait tant pis pour eux.

Il avait essayé de les aider, de les prévenir. Sasuke avait résisté de toutes ses forces, avait fait l'imbécile, et ne l'avait pas écouté. S'il était tant effrayé par ses faiblesses, il aurait dû tout faire pour s'en débarrasser. Et pas seulement pour lui. Quel égoïste il faisait.

Pourtant, qui était-il, lui, jaloux de cet ingrat.

Le brun passa une main dans ses cheveux, las, tandis que le contraste entre la lumière vive et l'appartement sombre enfonçait ses orbites, aggravait ses cernes. Il avait envie de sortir, d'aller courir. Il avait besoin d'air. Alors il mit son jogging, s'attacha les cheveux, et se dirigea vers l'entrée, pour enfiler ses chaussures.

Seulement, quelque chose clocha. Il était encore un peu endormi, mais il jurait qu'il se passait quelque chose. Depuis quand cet appartement était-il... chaud? Et avait-il rêvé ou bien venait-il d'entendre un léger son, comme un fredonnement?

Puis des pas, légers, se rapprochèrent, et il vit Hashirama passer la porte de la cuisine, sa chemise ouverte des deux premiers boutons, ainsi qu'avec un jeans sombre. Ses manches remontées au niveau de ses coudes, il s'essuyait les mains avec un torchon, et son visage s'illumina lorsqu'il le vit.

« Oh! P'tit cochon, tu sais que j'adore quand tu t'attaches les cheveux! »

Un ange passa, Madara tout bonnement interloqué de voir l'homme chez lui et surtout pour que la première chose qu'il lui dise soit ça. Ses sourcils se froncèrent brusquement, et ce fut la démarche lourde qu'il s'approcha du Senju rayonnant d'idiotie, qu'il l'attrapa par le devant de sa chemise, et le tira en direction de la porte d'entrée.

« E-Eh! Si t'es pressé à ce point, on peut aller dans ta chambre, mais je ne crois pas que ce soit le bon chemin-

– Je ne sais pas comment tu as su où j'habitais, ni comment tu es entré, mais tu vas immédiatement dégager.

– Hein? Mais je t'ai fait le petit déjeuner!

– Je ne t'ai rien demandé. »

Il ouvrit en grand la porte, et poussa l'homme châtain en dehors de l'appartement, mais celui-ci se débattit, et parvint à retourner dans le genkan, refermant le battant.

« Madara, c'est pas gentil! J'aime pas faire appel à mes malfrats, et j'ai galéré pour qu'ils trouvent où t'habites, et ensuite, ouvrir la porte était super chiant! Yamato a eu du mal à faire un double, t'as vraiment une serrure de parano, il arrêtait pas de me regarder bizarrement, et de marmonner qu'il en avait marre de faire ce genre de trucs, hey d'ailleurs, tu sais de quoi il parlait- »

L'Uchiha inspira longuement, puis, une moue coléreuse crispant encore ses traits, il attrapa son ancien amant par les cheveux juste à la limite de son front, et serra jusqu'à le faire grimacer, et taire.

« Arrête de parler. Sérieusement. Et déguerpis. Tu n'as rien à faire ici. »

Hashirama mit les mains en l'air et s'esclaffa, gêné.

« Désolé d'être rentré chez toi comme ça, mais je te promets que je comptais me faire pardonner...

– On en a fini, Hashirama. Une soirée, c'était tout, et suffisant.

– T'es sérieux? Me dis pas que la cinquantaine t'a rendu impuissant! Parce que moi elle marche encore, et je suis pas prêt de plus avoir envie-

– T'as une femme qui sera ravie de s'occuper de Hashirama Junior, si ce n'est que ça. »

Une lueur paniquée traversa les pupilles chaudes du PDG de la Konoha :

« Mais non, tu sais bien que c'est pas que pour ça! Même si j'adore coucher avec toi, et que surtout l'autre jour c'était fantastique, bien qu'un peu rapide, je-

– Arrête de parler de sexe deux minutes, je suis sérieux. »

Il se tut, pour la première fois, et baissa les mains, alors que Madara lâchait sa prise sur le haut de son crâne. Mais il ne perdit pas son regard franc.

« Je ne te laisserai pas y mettre fin, Madara. Pas maintenant que je t'ai retrouvé.

– On a terminé tout ça il y a très longtemps, l'autre soir était une exception.

– Mais je n'ai pas envie que c'en soit une! »

La colère traversa soudain le brun, qui cria :

« Ça suffit maintenant, Hashirama! »

Il n'y croyait pas. C'était tout bonnement incroyable. Était-il le seul homme assez mature pour comprendre l'étendue du problème? Il n'était pas question de vouloir, il n'était même pas question d'amour. Tout cela, il l'avait. Le problème était que ce n'était pas suffisant face au monde, face au public, qui aimait tant ricaner en pointant du doigt.

« Je ne fais pas ça parce que j'en ai envie, mais parce que c'est comme ça que ça doit être! Tu n'as aucune raison de me le refuser, surtout que tu es en fait parfaitement au courant de ce qu'il s'est passé! Si l'on est séparés, c'est pour ta sécurité, c'est pour ta famille! »

Il faisait tout cela pour Hashirama. Personne d'autre. Il se fichait de lui, et de ses scrupules, de sa solitude. Il était prêt à accepter de finir seul sa vie, car il l'avait mérité, et qu'il l'avait accepté. Pas Hashirama. Lui, méritait mieux. Et qu'il ne veuille pas accepter les sacrifices qu'il avait fait, la souffrance par laquelle il était passée pour lui le faisait enrager.

« Et puis tu passes ton temps à dire ''je veux, je veux''... Crois-tu qu'il n'y a que toi qui comptes? Si nous sommes séparés, peu m'importera que tu aies une femme, que tu couches avec quelqu'un d'autre, mais si nous nous remettons ensemble, qu'est-ce que je serais censé penser quand je saurais qu'en retournant chez toi tu seras avec Mito? Que tu lui répéteras la même chose qu'à moi? Tu y as pensé, peut-être? Parce que je veux te dire une chose : tu n'es pas le seul à être amoureux, tu n'es pas le seul à souffrir, tu n'es pas le seul à vouloir- »

A sa grande surprise, c'est un rire léger qui le coupa. Un rire heureux, qui ne fit qu'énerver plus l'Uchiha.

« Si tu veux rire, fais-le hors de chez moi, siffla-t-il, glacial.

– Je n'y peux rien, désolé, c'est juste que... T'as des rides quand tu t'énerves, maintenant, je me rappelle quand je te disais que t'en aurais à force de froncer les sourcils, et j'avais raison... »

Hashirama vit clairement la menace dans les pupilles noires d'encre, et reprit immédiatement :

« Désolé, en fait je suis heureux parce que tu te trompes. Depuis tout à l'heure, tu parles de Mito comme si elle et moi on couchait encore ensemble... Je te rappelle que je suis homo, alors ça m'étonne que tu penses ce genre de trucs. En plus, elle est intelligente, elle a rapidement compris ce qu'il se passait.

– Pardon? »

Un sourire un peu tordu étira les lèvres du Senju, qui acquiesça.

« Elle est parfaitement au courant que je suis gay, je lui ai tout dit il y a un moment. Ah, et elle a un amant, avec qui elle a eu ses enfants. Mais c'est un super type, alors il comprend qu'on fasse croire que c'est les miens. Eux aussi ils savent, et puis j'ai expliqué tout ça à Mito l'autre jour... j'aurais voulu te le dire la dernière fois, mais j'attendais de lui en parler vraiment, et maintenant, c'est réglé! Il y a aucun problème! »

Ce ne fut que quand il ressortit de son euphorie, due au fait qu'il prononce enfin ces mots, qu'il remarqua les yeux écarquillés de son meilleur ami, et agita une main devant ses yeux.

« Allô? Madara, je t'ai perdu quand? »

L'Uchiha ouvrit la bouche, chercha un instant ses mots, puis murmura :

« Si je résume... tes enfants ne sont pas tes enfants, et ta femme te donne sa bénédiction pour que tu couches avec un autre homme, tandis qu'elle fait de même...

– Erm, ouais, je sais que dit comme ça-

– Juste dis-moi dans quelle merde tu t'es fourré pour en arriver là?

– Ah, je me suis bien fourré quelque part, mais c'était pas dans la merde, quoique c'est pas si loin- »

En voyant le regard assassin de son vieil ami, il comprit que la blague de mauvais goût passait assez mal pour le moment. Il passa une main dans sa nuque, et vint se pencher vers lui, son sourire sincère.

« Je plaisante. Il n'y a pas à s'inquiéter, Madara. Que je couche avec toi n'est pas la pire chose qui pourrait être dévoilée. Tu vois bien que pendant vingt-cinq ans, personne ne s'est douté de quoique ce soit, et ça ne va pas changer. Si ça devait arriver, tant pis. A la rigueur, on est vieux, on aura qu'à définitivement quitter nos boulots et aller s'installer autre part, tous les deux, et cette histoire sera oubliée. Mito n'aura aucune honte à affronter, je prendrai tout sur moi. En tout cas, je ne compte pas te laisser. Vraiment pas. »

Et le soleil qui pénétrait dans la pièce les éclaira tous les deux. Madara sentit de la chaleur le recouvrir. Il ne sut pas quoi dire. Il eut simplement l'impression que, à cet instant, Hashirama n'avait jamais été aussi beau, alors qu'il lui disait vouloir terminer sa vie avec lui.

Mais un brin de peur s'insinua à son tour en lui, car ce que le Senju lui disait là, c'était que ce qu'il avait fait depuis plus de vingt ans n'avait servi à rien. Qu'il avait échoué. Qu'il était faible face à ses désirs. Que, au fond, il ne valait pas mieux que Sasuke. Et, peut-être était-ce sa fierté mal placée, un ego pourtant déjà à moitié réduit en poussière, mais il était incapable de revenir sur ses principes.

Il n'était jamais parvenu à effacer ses sentiments pour Hashirama, et c'était ceci qui avait été le plus difficile à supporter.

Seulement, celui-ci n'en avait pas grand chose à faire, de ses scrupules. Le Senju ne comptait plus attendre, désormais. Il l'avait suffisamment fait. Il se doutait qu'il faudrait du temps pour que tout revienne à la normale, et il attendrait, harcèlerait le brun, s'il fallait. L'époque où Hashirama doutait de ses sentiments et de leur réciprocité était révolue depuis fort longtemps, alors il ne lâcherait pas prise.

Hashirama attrapa donc les poignets de l'Uchiha, et se mit à reculer, l'entraînant dans l'appartement. Son sourire ne se dissipa pas, et sa poigne resta serrée sur les bras de Madara.

« Allez, j'ai été sympa, j'ai préparé le petit-déj', c'est con de le laisser refroidir. »

Il ne répondit rien, mais se laissa tirer vers la cuisine, incapable de faire quoique ce soit d'autre. Son cœur battait puissamment dans sa poitrine, et il sentait Hashirama partout autour de lui. Sur sa peau, dans ses oreilles, devant ses yeux. Ce sourire ne le quittait pas, restait rassurant, aimant, comme au premier jour.

Il continuait de se faire emporter, et il se dit un instant que ça avait toujours été pareil. Depuis qu'ils se connaissaient, Madara, malgré sa volonté, perdait toujours contre le Senju. Il avait réussi à le convaincre d'être son ami, puis l'avait fait tomber amoureux. Il l'avait persuadé de sortir avec lui, puis de s'installer tous les deux, de ne pas avoir peur. Il l'avait mené, partout, lui avait fait découvrir tellement de choses, de sentiments cachés qu'il n'avait jusque-là jamais ressenti. Hashirama avait fait de lui un homme, aimable, intelligent, aimant. Trop de choses qu'il avait perdues.

Mais alors qu'ils passaient devant la porte de sa chambre, Hashirama s'arrêta soudain, intrigué. Il le lâcha un instant, marmonnant qu'il entendait quelque chose, et pénétra dans la pièce. Puis, bien qu'un peu confus, il se dirigea vers le chevet de son lit, et éteignit la radio.

Le silence résonna dans l'appartement. Néanmoins, ce mal-être constant, que Madara avait tant redouté depuis des années, il n'arriva pas. Car Hashirama se rapprocha immédiatement de lui, s'esclaffant en se moquant du fait qu'il ait oublié d'éteindre son réveil, qu'il bossait vraiment trop pour ne même pas se rendre compte qu'on était samedi.

« Au fait, c'est quoi ces fringues, et ta queue de cheval? Tu allais faire quoi, dehors? T'occuper de tes poignées d'amour? »

Il ricanait de sa propre blague, avant d'être brusquement coupé quand une main se glissa sur sa joue. L'Uchiha attira les lèvres de Hashirama contre les siennes, en un chaste baiser qui n'en était pas pour autant dénué de signification. Ses doigts libres ne tardèrent pas à se plonger dans la chevelure soyeuse, et c'est avec un soupir que leurs lèvres s'ouvrirent et qu'ils approfondirent l'étreinte.

« Mmm... fit Hashirama avant de s'écarter légèrement pour murmurer. C'est bien mieux quand tu pues pas la clope...

– Tu parles trop.

– Ah, c'est ce qui fait mon charme, non? »

Le sourire large, il n'attendit pas une réponse qui ne viendrait pas, et s'apprêtait à retourner aux lèvres claires quand une odeur lui chatouilla le nez et qu'il jura, avant de se mettre à courir, pour aller sauver son omelette désormais ruinée. Madara marcha lentement jusqu'à la cuisine, et vit Hashirama aller de droite à gauche, paniqué, comme s'il était chez lui.

Des papillons lui traversèrent l'estomac à cette pensée. Il garda ses pupilles noires sur le châtain qui ouvrait une fenêtre en espérant aérer la pièce. L'homme qui n'avait pas changé, qui gardait les mêmes mimiques qu'autrefois, qui boudait en observant son plat brûlé. Il se retourna vers lui, la lippe inférieure pendante.

Et ce qui poussa sur le visage de Madara, ce n'était pas une expression fatiguée, ou le prémisse d'un commentaire cynique. C'était un sourire, certes un peu moqueur, mais plus que franc.

« Si tu es donc incapable de faire à manger, il va falloir trouver une bonne raison pour que j'accepte de te laisser ici.

– Comment t'es! On sort ensemble!

– Ça fait vingt-cinq ans qu'on s'est pas vus, ça m'a tout l'air d'être ce qu'on appelle une rupture, fit-il en s'avançant, et relevant les manches de sa veste pour essuyer le bazar de Hashirama.

– On a couché ensemble il y a une semaine! répliqua-t-il, jetant l'omelette pour se contenter de finir la soupe miso.

– Il faut bien évacuer de temps en temps.

– Quoi!? s'écria-t-il, sidéré. T'avais pas baisé depuis vingt-cinq ans?

– Si tu pouvais éviter de prononcer ce genre de stupidités en hurlant, ça m'arrangerait. »


« Alors?

– Mmmmh... »

Une moue de grande réflexion se peignit sur son visage, tandis que, accoudé à la rambarde, il observait le paysage. Il finit par rendre son verdict :

« C'est pas pareil. »

Le brun roula des yeux.

« Ta déduction me transporte. » une œillade assassine lui répondit. « Sérieusement, Naruto, quatre ans d'études en littérature, et c'est tout ce que tu peux me dire?

– Ben quoi, j'ai le droit de préférer la Tour Tohto!

– Bien sûr, seulement me dire que la Tour Eiffel et la Tour Tohto ne sont pas pareilles, c'est à la portée d'un enfant de six ans, et je suis gentil. »

Le blond grogna deux-trois mots sans doute très peu flatteurs dans sa barbe, et retourna au paysage.

« J'avoue que c'est plutôt pas mal. Je préfère quand même Tokyo.

– Une ville avec un minimum d'histoire, ça te perturbe?

– Justement, j'ai l'impression que c'est un musée, ce truc! Regarde les immeubles, ils sont tout petits, et les toits en tuile, on dirait qu'on est à une autre époque!

– Va comparer la France et le Japon, en même temps, tu vas rigoler. »

Naruto finit malgré tout par sourire :

« J'avoue que malgré tout, ça fait bizarre d'imaginer qu'ici, les prisonniers ont pas peur de finir condamnés à mort. Et puis les gays peuvent se marier. » se rappela-t-il avec un léger rire.

Sasuke leva les yeux au ciel, resserrant sa prise sur la hanche de son petit ami, qui poursuivit :

« Eh, au fait...

– Hm?

– T'as reparlé à ton oncle depuis... bah la dernière fois? »

Son sourire diminuant un peu au souvenir, l'Uchiha laissa ses pupilles planer sur l'horizon peu familier, comme si cela pourrait lui permettre de rassembler ses pensées.

« J'ai eu une longue, et difficile discussion avec Senju-san, peu avant que tu ne sois remis aux mangas sous mes ordres. Je m'y attendais, à ce qu'il veuille s'assurer que je garde le silence concernant leur histoire commune, et je lui ai promis que je ferais ainsi. Cependant, il ne s'est pas arrêté là. Il a aussi voulu que je lui parle de nous deux. »

Arrondissant les yeux, Naruto n'écouta que plus attentivement.

« Il m'a reparlé de ce qu'il s'était passé avec Madara, de ce qu'il a voulu faire. Puis il m'a donné son avis sur le sujet, et m'a avoué que sur le fond, il était d'accord avec mon oncle.

– Hein? Attends, si je comprends bien, il est aussi d'avis qu'on se sépare?

– Effectivement, mais ce qu'il a ajouté, c'était qu'il n'avait pas trop son mot à dire, car il fait lui aussi le contraire de ce qu'il pense être juste... Enfin, ce qu'il voulait surtout, c'était me prévenir des risques qu'on court, si jamais ça s'apprend, ainsi que ce qu'il faut qu'on soit prêts à perdre. »

Naruto acquiesça doucement, se mordillant la lèvre inférieure. Il observa le brun avec l'air d'attendre une suite, mais elle ne vint pas.

« Et ensuite?

– Qu'est-ce que tu veux de plus?

– Ben, tu lui as répondu quoi? »

Un regard blasé s'afficha sur ses traits.

« C'est l'évidence même que je lui ai dit que j'allais rompre avec toi, ne plus jamais te parler, ou encore te toucher. Avec ceci la réaction tout aussi naturelle qu'il accepte que tu m'accompagnes à Paris pour rendre visite aux éditeurs français, et que s'y ajoute le fait que la Konoha nous ait réservé une seule chambre avec un lit double. Le décalage horaire t'a vraiment retourné le cerveau, c'est incroyable. »

Une mimique assassine lui répondit, et Naruto croisa ses bras sur la rambarde, pour poser son menton dessus.

« Et Madara dans tout ça?

– Pas revu depuis. De ce que j'ai compris du speech de Senju-san, ils ont aussi eu l'occasion de parler, et j'imagine que si mon oncle a autorisé ça, c'est qu'ils sont de nouveau ensemble. Savoir ça me suffit. Ce que je me demande, par contre, c'est pourquoi tu veux savoir? »

Il vit du rouge poindre sur les joues du blond, qui garda obstinément son visage en direction du vide.

« Comme ça.

– Crache le morceau, Naruto. »

Ses sourcils se froncèrent un peu plus, et il se redressa, pour lâcher :

« C-C'est juste que je veux le revoir! »

La surprise s'afficha sur le visage de l'Uchiha, coi de cette réponse.

« Revoir Madara?

– Ouais!

– ...et pour quoi faire?

– C'est ton oncle, enfoiré, et l'un des derniers qu'il te reste, si j'ai bien saisi! La dernière fois, j'ai pas aimé la façon dont il a parlé de moi, et maintenant que visiblement il se tape de nouveau le chef, il a dû se calmer; alors je veux le voir et lui prouver que je suis pas qu'un con. »

Cette réponse surpris Sasuke, pour un instant. Puis il se rappela que Naruto avait toujours été comme ça, depuis qu'il le connaissait. Quand il rencontrait quelqu'un, il n'acceptait pas de se faire rejeter, quelque soit la raison. C'était un homme qui voulait être reconnu, pas pour ses actes, mais pour ce qu'il était. Il avait toujours été ainsi, que ce soit à 16 ans, lorsqu'il n'avait pas voulu qu'ils cessent d'être amis; ou encore maintenant, quand il avait refusé de laisser Hinata seule, à devoir faire face à sa famille qui la regardait d'un mauvais œil depuis qu'elle avait perdu son fiancé.

Alors il réfléchit, et repensa au visage de Madara, la dernière fois qu'ils s'étaient croisés. Il l'avait toujours détesté. Mais laisser quelqu'un ainsi, qui plus est de sa famille, dans cet état, ça ne lui avait pas plu. Et peut-être que lui aussi, il souhaitait revoir une fois son oncle, au moins pour le remercier de ce qu'il avait tenté de faire pour lui, car même si cela lui avait causé beaucoup de mal, Sasuke savait reconnaître que son choix de rester avec Naruto était égoïste, et dangereux. Madara avait voulu empêcher un autre désastre de se former d'une façon violente, limite maladroite, mais il n'en restait pas moins son oncle, ainsi qu'un homme qui avait tenté de l'aider. Et quand il réfléchissait, il se disait que beaucoup de choses ne se seraient pas produites si Madara n'avait pas mis son grain de sel.

Peut-être qu'avec le temps, Naruto aurait fini par avouer qu'il l'aimait. Mais il ne pouvait s'empêcher d'apprécier l'idée qu'il n'ait pas eu à attendre. Tout était allé vite, et si au début il avait craint que la peur ait été la seule chose qui pousse Naruto à se déclarer, et non l'honnêteté; maintenant il savait que ce n'était pas le cas. Même si cela avait été le contraire de son objectif, c'était Madara qui les avait réunis. Ou peut-être la chance. Il n'en savait rien. Et au fond, il s'en fichait un peu.

Sasuke réajusta son écharpe, sentant ses joues rosir légèrement par le bonheur qui le parcourait, et regarda sa montre.

« Hm. On va pas tarder à y aller, le rendez-vous est d'ici une heure.

– Huh? Mais c'est pas à quelques stations d'ici?

– J'ai appris une seule chose en venant dans cette ville précédemment : ne pas faire confiance au métro parisien. En plus, on parle pas français, le temps de s'y retrouver, on sera à l'heure. D'ailleurs... on fera un petit détour en rentrant à l'hôtel. »

Tandis qu'ils se dirigeaient vers l'ascenseur, et prenaient place dans la queue, Naruto lui lança un regard perplexe.

« Tu ne sais pas quel jour on est?

– Euh... fin septembre?

– Et?

– Mon anniversaire dans un mois?

– Ça fait un an que t'es à la Konoha, crétin. »

Il cilla.

« Sérieux? Ouah.

– Je me disais qu'on pourrait aller fêter ça quelque part. En plus du début de la publication de Naruto en France, je veux dire.

– Et mon anniversaire.

– Et ton anniversaire, oui. »

Le sourire large du blond le tira de ses pensées encore un peu confuses, et il y répondit d'un bien à lui, plus petit, mais tout aussi significatif. Le dos de leurs mains se frôlèrent, et petit à petit tandis qu'ils descendaient de la tour, elles finirent par se fermer l'une sur l'autre.

Il traversèrent le Champ de Mars, s'étant rapidement détachés par habitude, et le regard bleuté se posa sur un attroupement pas loin, ainsi que des banderoles. Haussant un sourcil, il tapota l'épaule du brun, et désigna le groupe, et les ballons roses et bleus.

« C'est pour une Baby Shower en plein air? » demanda-t-il quand il vit des dessins d'enfants, et ce qui semblait être des parents.

Ils n'avaient aucune idée de ce que le groupe scandait, mais Sasuke arriva rapidement à la conclusion que non, ce n'était pas une fête. Inconsciemment, ils s'étaient rapprochés, et il attrapa un tract tombé au sol. Tandis qu'il tentait de déchiffrer ce qui était écrit et qui semblait avoir une traduction anglaise, Naruto s'était rapproché et avait demandé à quelqu'un ce qu'il se passait. Son anglais était un peu bateau, et maladroit, alors quand le français lui répondit, il eut énormément de mal à saisir.

« ...manifestation? About what? »

L'homme, qui tenait une banderole, grimaça, et demanda à une de ses voisines ce qu'il devait répondre.

« About les gays! répondit-il rapidement, comme pour s'en débarrasser.

– Hein? lâcha-t-il en faisant une grimace.

– Roooooooh – Albert, où t'as mis les fascicules, ils sont pas en anglais? – it's about gay mariage! »

Les yeux du blond s'agrandirent, ravi d'avoir enfin capté.

« Aaaah, cool! fit-il en japonais avant de se reprendre. Yeah, nice, nice!

– Hein? No, not nice! We don't want! It's not good! »

Et Sasuke surgit de derrière, lui attrapant le bras pour le tirer hors de la foule qui s'était regroupée autour d'eux, intéressée.

« On s'en va, Naruto.

– Eh, attends, pourquoi, j'ai pas compris!

– Tu préfères pas savoir. »

Le blond lui lança une œillade perplexe, jusqu'à qu'il saisisse le papier que tenait Sasuke, tout en remarquant que celui-ci serrait fort les mâchoires. Il plissa des yeux en lisant les mots en anglais, et tout se constitua dans sa tête.

Brusquement, il s'arrêta, et ce fut à son tour d'emporter Sasuke pour qu'ils fassent quelques mètres en arrière.

« Naruto, qu'est-ce que tu fous, on se barre! »

Celui-ci ne répondit pas tant qu'ils ne furent pas de nouveau devant les français, et cette fois-ci, c'est avec dégoût qu'il fixa les mots Manif pour Tous, et il regretta de les avoir trouvé un seul instant nice.

« Hey, vous là! » cria-t-il en japonais, bien qu'il parvint à attirer l'attention de pas mal de gens.

Et immédiatement, il attrapa le brun par les cheveux, et l'attira contre ses lèvres, pour un court, mais profond baiser. Il entendit des hoquets outrés résonner, et se détacha rapidement du brun pour gueuler :

« Vous pouvez aller vous faire foutre, nous on va se marier à Paris, et ce sera bien fait pour votre gueule! »

Sa phrase ne fit pas beaucoup d'effet aux passants, qui n'y pipaient rien à ce qu'il racontait, ou qui étaient encore trop choqués pour ça, et il leur fit un doigt d'honneur, avant d'attraper la manche de Sasuke.

« COURS COURS COURS! »

Le brun le suivit immédiatement, étant sûrement le plus paumé de tous ceux qui avaient assisté à la scène. Il se doutait bien que c'était de gros mensonges de la part du blond, qui n'avait jamais voulu se marier, mais qui avait juste voulu gueuler un bon coup pour évacuer sa colère.

Alors il fonça, encore plus vite, pour rattraper le blond qui fuyait des poursuivants qui n'existaient pas, qui grimaçait sans oser tourner son regard vers lui, de peur de ralentir. Il vit son visage, qui à présent se rendait compte de sa connerie.

Et il ne résista pas. Courant à en perdre haleine, sentant l'air glisser contre ses joues, le vent dans son dos, Sasuke accéléra. Et se mit à rire.


Ils ne connaissaient pas le nom de l'autre. Leur famille. Leurs rêves. Leurs peurs.

Mais ils connaissaient leurs passions. Leur façon d'être. Leurs différences. Leurs ressemblances. Leur amitié. Leur complicité.

Ils avaient 17 ans. Ils étaient des crétins. Ils étaient des mecs. Ils n'arrivaient pas à faire le premier pas. Ils avaient tellement besoin de l'un et l'autre. Et, un jour, ceci était sorti d'une de leur bouche :

« Je t'aime. »

Et tout avait commencé.


FIN DE THE WAR OF PUBLISHERS


Eh bah pour moi c'est terminé!

Les références : le passage du cosplay de Naruto (évidemment que je DEVAIS le faire), Sakura est cosplayée en Akane de Psycho-Pass, Shikamaru est en Rin de Ao no Exorcist, et Sasuke est en Camus de Saint Seiya (ce qui est un clin d'œil à snf, au passage). Lee est en Ryôma de Prince of Tennis, et est au même moment en train de découvrir le manga Kuroko no Basket. A ce moment-là, Sakura se plaint du nouvel auteur de Shikamaru, Sorachi, qui est donc l'auteur de Gintama, et qui est, disons-le, un gros con.

Un génie, certes, mais un gros con, qui avoue être un gros geek mal à l'aise en société, qui se traite de vieil homme, qui distribue les blagues cochonnes à tout va; et c'est notamment le meilleur ami (dans la vraie vie) d'un certain Tite Kubo, auteur de Bleach. Il est aussi très pote avec Murata, le dessinateur d'Eyeshield. En gros, c'est un gorille qui s'attire en plus de ça les foudres de la PTA (l'association des parents d'élèves japonais), vu que son manga est une pile de caca et de bites. Mais cela reste l'un des plus grands hommes de cette planète, et oui je suis sérieuse.

Ensuite, le manga que propose Temari à Shikamaru, c'est bien évidemment Bakuman, le manga des mêmes auteurs que Death Note, qui est paru quelques années ensuite. LA scène de Naruto, où beaucoup on commencé à shipper le SasuNaru, forcément que je devais la caser. Et puis, Oda, qui parle des Okama (travestis), c'est parce que je suis sûre que c'est son truc, vu que lui il a créé l'île des Okama dans One Piece...

Shikamaru et Temari participent à Ninja Warrior, appelé Sasuke en Japonais. Au moment où j'ai vu ça, j'ai su que je pouvais plus passer à côté, la coïncidence était énorme. Remarquez que Shikamaru a le numéro 48, Temari le 69; l'APTX 4869 est le poison qui a rajeuni Shinichi dans Détective Conan. Au passage, le mec qui brise la batte de base-ball avec la nuque... c'est parce que j'ai regardé une des émissions sur Youtube pour me renseigner, et SI, un mec l'a fait. Vous pourrez le retrouver dans les vidéos sur mon LJ.

Et puis la fin, avec la Manif pour tous (beurk)... forcément que je devais le mettre, rien que pour que Naruto leur fasse un doigt, et ainsi que je puisse en faire un par procuration. Je tiens à signaler que j'ai réussi a aller sur leur page wikipédia pour écrire ceci, et que je n'ai pas vomi, même si j'ai failli. Bref, je signale aussi que je me suis malheureusement inspirée de personnes que je connais (et que je hais) pour parler des manifestants, qui s'appellent pas forcément Albert mais dans le même genre, et qui parlent tout aussi bien anglais. Oui, j'aime mon pays, ça se voit.

Oui, c'est p'têtre un peu malvenu d'une simple écrivain de fanfic, mais on est toutes pour l'égalité entre tous les hommes quelque soit leur sexualité, et j'espère sincèrement que ce genre de manif disparaîtra un jour totalement de la Terre. Alors, évidemment, je vous invite, au lieu de simplement les détester, à essayer de faire changer les choses : All Out est l'assoc' internationale la plus connue, qui créé très régulièrement des pétitions à signer, qui fait énormément avancer les choses et qui a permis de sauver beaucoup de gays/LGBT en danger rien qu'avec le soutien de ses membres. Personnellement, je leur ai dédié mes premiers dons, et j'espère que vous pourrez aussi le faire un jour si cela n'a jamais été le cas.

Bref... Dès aujourd'hui, je commence la publication des bonus de WAPU! Il y a en ce moment-même l'interlude 3 que j'avais supprimée, qui était un cadeau pour la Saint-Valentin, qui est publiée. La semaine prochaine viendront des drabbles que j'ai pu écrire en cadeau de Noël pour sasunarufann. S'y ajouteront ensuite des OS en M, certains provenant de scènes de WAPU (comme la fin du chapitre 15), certains se trouvant après. Il y aura aussi des drabbles de 100 mots écrits avec l'arbre à drabble. Il y aura très prochainement l'histoire de Madara et Hashirama, écrite de la même façon que mes interludes, ainsi que celle de Karin. Pour finir, il y aura mes analyses des chapitres de WAPU voire des thèmes abordés.

Ces bonus sont sur un nouveau document, car le rating passe donc en M, et car j'aime être carrée. Donc allez voir mon profil dès maintenant et abonnez-vous si vous voulez être prévenus des sorties qui ne seront peut-être pas aussi régulières (bien que toujours le dimanche). Surtout que d'ici six mois je pourrais toujours sortir, tout d'un coup, un nouveau bonus, car WAPU est vraiment une UA que j'ai adoré écrire, alors il est très fort probable que j'y revienne (bien qu'il n'y aura jamais de suite à proprement parler).

Concernant mes autres fictions : je commence la semaine prochaine la publication d'une fic Gintama de 5 chapitres. Après celle-ci, je publierai mon autre fiction Naruto, déjà terminée, qui était un cadeau d'anniversaire pour sasunarufann (oui encore, mais que voulez-vous c'est ça l'amour 3), qui se nomme Les pas que j'entends dehors.

Pour suivre mon planning, consultez mon profil, tout est noté. Je répondrais aux reviews anonymes dans mes chapitres bonus!

Merci à Waiting for Wealth, asukafox, bmw, aux différents anonymes et Guest, Tigrou19, MEVYII, darkmoonlady, mimicam, Dorayaki-chan, caprice75, linoa19, .tree, Jojo, Miss Miserly Pop, free, ramifi, Wakiie-chan, MomoClem, Canaan, Ishtars, haru-sempai98, Seyukie, KR, brimaine, Greenapplebear, Brooklynn, Sephra, Miss-plume-blanche, LaPatate, ElianaHime, Crazyyaoistaa, Kaneko-chan/Etsioay, Passerine, Saki, Mlle. Blueberry, Lafeignante, Nono-chan, Nana, Draconixia, Ellana5154, Mayura-8, alonia, Cline, Jojo-shadow, Za, Grelloow, Clara711, kim, Sigognac, Chipspatate, Brave Woodpecker, Howaih, Rinne-chan, keiko kaori, vh132, NS on holiday, Yuki-Jiji, Yuuki Momoru, Nisash, samsam, sakurakabile, The Pirate Queen, youn, Minicicile, Mily-y, Mortsure, Lucifer -L, Anmone, Seilyne, Micka et Floodlight-Zhou pour leurs reviews! Grosse dédicace à ma chère Yasmina, aussi, ma kouhai de toujours, à qui j'apprends à manier l'art du S.

Sur ce, encore un gros merci à tous ceux qui ont lu, et à bientôt!

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