Disclaimer : Les personnages sont la propriété de Marvel. Les événements se basent sur ceux du film X-men : First Class

Rating : M

Pairing : Erik/Charles ; Erik/Raven

Spoil : La fin du film de X-men : First Class (la scène du divorce quoi). Si vous l'avez pas vu, bah lisez pas /o/

Note au sujet de l'histoire en elle-même : D'abord, sachez que j'en veux beaucoup à ce film de m'avoir attirée à nouveau dans les filets tentateurs de la fanfiction. (surtout que je voulais pas le voir ce film au début x) ). Bref maintenant, j'en suis là, incapable de m'ôter le Cherik de la tête. Donc j'écris pour me libérer.
La première chose qui m'est venu est ce qui suit. J'ai été grandement inspiré par la chanson Ban Bang de Nancy Sinatra (qui est, à mon avis, la chanson du Cherik). 'Fin bref je suis partie sur la notion de douleur et de sacrifice que subit Charles à cause de son affection pour Erik (qui ne se gêne pas pour en profiter d'ailleurs).
Puis mon esprit a divagué sur autre chose et je tombe pas loin de l'UA. Mais vous verrez. (si vous lisez jusqu'au chapitre deux ou trois)

Ah, et en l'honneur du Fassavoy, je publie chaque mardi 8)
Pis les passages en italique correspondent à des souvenirs ou à des événements passés.


I. Derniers adieux

Sacrifice.

Un mot qui résumait à lui seul l'existence entière de Charles Xavier. Toute sa vie, il s'était dévoué au bonheur des autres, négligeant le sien sans hésiter. Chevalier blanc des temps modernes, il voyait du bon en chaque individu, même dans la pire des vermines et pour lui chacun avait le droit à sa chance et à être secouru. Son vieil ami Erik Lehnsherr qualifiait son idéal de « cause perdue » et se tuait à lui répéter qu'il n'était qu'un rêveur utopiste. Logan préférait des termes plus crus et plus directs pour désigner les principes chers au Professeur – « Des conneries tout ça, Charlie. »

Pourtant, Charles ne se déviait jamais du chemin qu'il s'était tracé. Son rôle sur cette planète était de venir en aide à son prochain, il en était persuadé. Et ce malgré les désagréments qu'il aurait à subir pour défendre sa cause.

Bang Bang.

Les balles de Moira fusaient. Pure perte. Erik ne mourrait pas. Jamais il ne pourrait mourir, blessé par un morceau de métal.

« Tu es sûr ?

- Je suis sûr.

- Bon d'accord... »

Erik jubilait, heureux comme un enfant. Rares étaient les fois où il avait vu pareil sourire illuminer le visage de son ami. Si rares. La colère le dévorait sans cesse, ne lui laissant jamais un seul instant de répit pour sourire bêtement. Il était toujours si sombre, si torturé. Il avait toujours été comme ça. Sauf à ce moment-même, où il sautillait presque d'enthousiasme. Charles se pinça les lèvres, hésitant. Une pression et tout se figerait avant d'exploser en millier d'éclats, disparaissant à jamais dans le cercle universel de la vie. Tout. Le sourire d'Erik, les démons de Charles, ses regrets, ses peurs, ses souvenirs qu'il était incapable d'effacer. Maudite mutation. Il inspira, fermant les yeux. Courage. Une pression et Erik serait quitte pour toutes les douleurs qui lui avait infligées, sans même s'en rappeler. Ses yeux bleus se posèrent à nouveau sur l'allemand alors qu'il raffermissait son poing sur le manche de l'arme. Erik souriait toujours, impatient. Il ne se souvenait de rien. Le canon du revolver s'éloigna du front de son ami. Il n'était pas ce genre d'homme. Il n'était pas comme Erik.

« Non. Non, non, non. Je regrette, je ne peux pas tirer sur un homme à bout portant, un ami encore moins. »

Le rictus du manipulateur de métal se fana, déçu par la soudaine faiblesse de son ami.

« Mais je te le demande, s'énerva-t-il en lui saisissant le poignet et en ramenant l'arme entre ses deux yeux, tu sais que je vais dévier le coup, c'est toi qui me pousses à me lancer des défis.

- Si tu sais ce qui va arriver, il n'y a aucun intérêt à en faire la preuve, répliqua Charles raisonneur en abaissant sa main. »

Les balles de Moira ne l'atteignirent effectivement jamais. Il les déviait toutes, avec automatisme. Si Charles avait appuyé sur la détente ce jour-là, où la balle serait-elle allée se loger ?

Un revers de la main et la cartouche s'éloigna du corps agacé et tendu d'Erik.

Bang.

Mauvais moment, mauvais endroit. La douleur fut aussi vive qu'aigu alors que le minuscule cylindre déchirait ses muscles, s'emmêlait un instant dans ses nerfs avant de percuter sa colonne vertébrale. Le hurlement lui échappa, spontané, alors que son dos se cambrait, détruit par la souffrance.

Dans le ciel, les missiles explosèrent dans un festival de détonations.

Charles s'écroula sur le sable de cette plage, anéanti par ce mal fulgurant. Déjà Erik était agenouillé près de lui, déjà il s'excusait. D'autres cris s'évadèrent de sa gorge alors que le mutant usait de son pouvoir pour lui extraire la balle perdue.

Il avait souvent pris des coups, d'Erik pour la plupart. Il avait souvent connu des moments désagréables, senti sa joue s'enflammer à cause de l'impact qu'avait eu le poing de son ami sur sa pommette, son nez s'était déjà cassé suite à une dispute virulente avec l'allemand. Pourtant à aucune de ces fois il n'avait autant souffert. Cette balle était le paroxysme de son calvaire, la douleur ne pourrait jamais dépasser ce stade car il n'y avait aucun niveau supérieur. Même la pièce qui lui avait mentalement scindé la cervelle en deux n'était qu'une bagatelle à côté.

Erik venait de battre son propre record.

« Pardonne-moi. »

Le maître de métal aboya sur les mutants, les forçant à se tenir à l'écart.

Il avait toujours été comme ça, Erik. Il n'avait jamais su reconnaître ses torts. Même à l'époque de leur première rencontre, il était incapable d'assumer les regrets accompagnant chacune de ses erreurs. Il se débrouillait toujours pour reporter ses fautes sur quelqu'un d'autre, trouver un autre coupable que lui. Visiblement, il venait de trouver son responsable pour cet accident.

« Vous, menaça l'allemand le timbre orageux tout en plantant ses yeux froids dans ceux effrayés de l'agent fédéral, c'est vous qui avez fait ça ! »

La tête sur les genoux de l'autre homme, l'esprit embué par son supplice, Charles parvint à distinguer la silhouette d'Erik en train de lever son bras devant lui, suivi par des gémissements s'échappant de la gorge de Moira, caractéristiques de la strangulation. Réprimant un spasme particulièrement douloureux, le télépathe maudit son ami. Il souffrait le martyr, encore une fois par sa faute, il avait fini par arrêter de compter tous ces instants où sa mâchoire se serrait tandis qu'il refoulait ses larmes, la peau marquée par les coups de son compagnon. Il aurait souhaité ne pas avoir à s'occuper d'Erik maintenant, alors que son dos le lançait atrocement. Mais non, Erik ne pouvait pas réfléchir tout seul. Comme à un enfant, il fallait lui expliquer.

« Erik...je t'en prie...ce n'est pas elle qui a fait...ça...c'est toi. »

Dans un effort difficile, Charles ancra ses yeux azur sur Erik, cherchant par l'intermédiaire de son regard à le persuader, à le faire lâcher prise, puisqu'il ne pouvait pas pénétrer dans son esprit, stoppé par son casque. À ce jeu-là, il devenait doué. Erik avait toujours détesté qu'il s'introduisse dans sa tête.

Son ami d'hier posa sur lui un visage affligé et désespéré, déformé par la culpabilité. Son bras revint se poser sur le corps blessé allongé sur ses genoux. Moira reprenait sa respiration à quelques mètres d'eux. Charles venait d'éviter d'autres morts, d'autres amertumes. Ses dents claquèrent tandis qu'une nouvelle vague de souffrance lui rappelait le prix qu'il avait encore dû payer pour préserver la vie de centaines de personnes.

« Toi et moi, nous sommes frères... »

Erik lui servait son petit discours de propagande personnelle. « Frères », ce mot ne leur convenait pas. Ils n'étaient pas assez semblable pour l'être, leur condition de mutant ne suffisait pas pour leur poser cette étiquette.

« Nous voulons tous la même chose. »

Le fossé qui les avait toujours séparé s'ouvrit encore un peu plus, élargissant cette plaie béante de vide qui les éloignait l'un de l'autre, la transformant en un précipice abyssale. La silhouette d'Erik lui était désormais inaccessible, un pas et il sombrait dans le noir de la faille. Charles l'avait toujours su. Erik et lui, ce n'était tout simplement pas envisageable. Ils étaient trop opposés, de véritables paradoxes. Leur relation n'aboutirait jamais qu'à des conséquences désastreuses, il en était conscient déjà lorsqu'il avait effacé les souvenirs d'Erik. Il s'était promis de ne plus se perdre dans ce genre de sentiments. Pourtant, l'allemand n'avait eu qu'à réapparaître quelques années plus tard, pour que ses résolutions s'effondrent. Il avait succombé une seconde fois pour se retrouver finalement étendu sur le sable, le dos atteint d'une balle. Il devait faire une croix définitive sur le cas d'Erik Lehnsherr, pour sa propre survie.

Trop de choses les séparaient, en tête de liste, leurs convictions et leurs idéaux.

Ils ne voulaient pas le même monde.

Le bleu des yeux d'Erik était implorant. Charles n'avait jamais pu supporter cette vision.

« Mon ami, excuse-moi mais...tu as tort... »

Sa respiration difficile lui arrachait des sifflements rauques, sa gorge semblait s'emplir de ciment. La désolation muette de son ami lui paraissait être une nouvelle torture, peut-être plus atroce que celle qui lui striait la colonne. Erik avait espéré, imaginé un avenir où ils combattraient côte-à-côte au service de leur cause commune. Son rêve redevenait néant, ses chimères le frappaient de plein fouet.

Son ami finit par se détacher de lui et reprendre un masque de façade. D'un geste de la main, il autorisa plus qu'il pria Moira de venir s'occuper du blessé. La jeune femme se précipita sans réfléchir, se confondant en excuses alors que la chaleur du corps d'Erik se détachait de la peau du télépathe. L'allemand se leva, fixa l'assistance peu nombreuse, recommença ses prédictions, sur les dangers que représentaient ces humains si haineux.

Il y eut les derniers adieux, adieux à Raven qui partait se battre aux côtés d'Erik avec la bénédiction de Charles, adieux à Angel qu'il avait été chercher dans sa boîte de strip-tease avec Lehnsherr, adieux à Erik, bien évidement, mais à ces aux revoir-ci, il commençait à s'y habituer.

Erik disparut dans un nuage de fumée carmine, aussi promptement qu'une porte qui se claque.