Cette fic est dédiée à Ambroisine, en remerciement pour ses reviews.
CHAPITRE 1 : La nouvelle venue
Le jour où Ginnevra Weasley vit le jour, Bill, âgé de onze ans, presque douze, ouvrait des yeux grands comme des soucoupes. Penché sur le berceau de cette petite chose rose qui dormait paisiblement, il était comme figé. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il venait rendre visite à sa mère à la maternité de Sainte Mangouste. La première fois, pour la naissance de Charlie, il était encore très jeune et il ne s'en souvenait pas bien. D'après ses parents, il avait demandé pourquoi il était si petit et quand il pourrait jouer avec lui. En fait, il se rappelait surtout de la première fois où il avait vu Percy. Il avait été très impressionné par ce petit gars qui lui avait retourné un regard interrogatif. Les jumeaux, ça avait été quelque chose aussi. Naïvement, Bill avait demandé comment sa maman avait pu avoir deux bébés dans son ventre sans qu'ils ne se disputent pour avoir de la place. Et ensuite était venu Ron qui avait pleuré sans arrêt et lui avait vraiment cassé les oreilles.
« Alors William, demanda la guérisseuse en se penchant vers lui. Est-ce que tu es content d'avoir une petite sœur ? »
Bill fit la moue.
« Je ne sais pas trop.
_ Allons, tu as déjà plusieurs frères. Une petite sœur, ça te changera. Je suis sûre que tu vas l'adorer.
_ Peut-être. »
Il reporta son regard sur la petite fille dont les yeux étaient toujours fermés. Est-ce que ce serait vraiment différent de ses frères ? Bill s'entendait très bien avec Charlie mais il avait des rapports différents avec les autres. Il se disputait souvent avec Percy. Fred et George étaient déjà trop petits par rapport à lui et ils faisaient tout le temps des bêtises. Quant à Ron, pour l'instant tout ce qu'il savait dire c'était « papa » « maman » et « purée » et Bill faisait toujours la tête lorsqu'il devait s'occuper de lui. Il n'était pas très intéressant. Une petite sœur, est-ce que ce serait vraiment différent ?
Son père lui posa une main sur l'épaule et lui sourit.
« C'est toi le plus grand, Billy. C'est sur toi que vont reposer toutes les responsabilités de la famille. »
Cette simple déclaration lui fit peur. Bill, âgé de onze ans, n'avait pas du tout envie d'être responsable de toute la fratrie. Et pourtant, il se souviendrait toute sa vie de ces quelques mots que son père lui avait énoncé ce jour-là, dans la chambre du service de maternité de Sainte Mangouste. Il s'en souvint à chaque moment important ou à chaque coup dur qui martela l'histoire de la famille Weasley. Il s'en souvint et agit en conséquence. Responsable. Il était responsable de ses frères et de sa sœur parce que le destin avait voulu qu'il soit l'aîné.
Mais ce jour-là, c'était une autre paire de manches et Bill faisait la moue. Il ne comprenait pas pourquoi la responsabilité devait lui incomber alors que son père était bien plus âgé que lui.
Arthur éclata de rire.
« Tu verras. Un jour tu seras content de t'occuper d'eux.
_ Je ne sais pas. »
Et puis il n'en avait pas envie du tout surtout. Il reporta son regard sur l'enfant nouveau-né qui ouvrait les yeux. Elle fit quelques grimaces, bâilla et agita les mains. Bill avait envie de rire devant ses mimiques. Il se pencha à nouveau sur le berceau après s'être assuré que personne ne faisait attention à lui. Percy, Fred, George et Ron avaient été déposés chez la tante Muriel pour l'après-midi. Seul Charlie était là et, craignant d'être parmi les trop grands pour être encore aimé de ses parents, il se serrait dans les bras de sa mère.
« J'avais pas besoin d'une petite sœur, tu sais ? murmura Bill. Alors t'as intérêt à te tenir à carreau. »
La petite ne répondit pas, bien entendu, mais il aurait tout de même bien aimé savoir ce qui pouvait se passer dans sa tête de tout petit enfant, ce qu'elle pensait de lui. Si tant était qu'elle puisse penser. Si ça se trouvait, les bébés n'avaient pas d'âme. Ouais, c'était certainement ça. Elle était encore trop petite pour pouvoir penser. Peut-être n'était-elle même pas réelle d'ailleurs.
Comme mû par le besoin de s'assurer que la présence de la petite fille n'était pas le fruit de son imagination, Bill avança la main pour lui toucher la joue. Sa peau était toute douce.
Ginny lui attrapa l'index et se mit à serrer. Bill écarquilla les yeux. Qu'est-ce qu'il devait faire ? Récupérer sa main brusquement ou au contraire la laisser faire ? Il n'en avait aucune idée.
La guérisseuse, qui venait tout juste de terminer les soins de Molly, éclata de rire en voyant tout à coup l'air paniqué de Bill.
« Eh bien, William, s'écria-t-elle, je crois que ta petite sœur a déjà un faible pour toi. »
Il reporta son attention sur elle, perplexe. L'enfant s'était rendormie, paisiblement, tenant sa main contre sa joue, serrée dans son petit poing. Ses paupières s'étaient refermés sur ses yeux, elle avait l'air tellement sereine, tellement sûre d'elle. Non, le bébés pensaient et se faisaient leurs opinions. Bill en était sûr maintenant.
Il décida de laissa sa sœur garder sa main même s'il avait très envie de la récupérer.