Cette fiction comporte des scènes explicites (bien que ne comportant pas de violence), elle s'adresse donc exclusivement à des lecteurs adultes et avertis et en aucun cas à un public jeune et mineur! (Des logiciels de protections existent pour filtrer les contenus non appropriés aux jeunes).

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Serendipity, ou la Folle journée

Bonsoir tout le monde! Me voici avec la première partie d'un OS, la suite arrivera dans le week-end.

Le sujet n'a rien de très originale mais j'espère quand même qu'il vous plaira!

Cet OS est dédié à ma super béta LyraParleOr qui m'a inspiré ce sujet en diagnostiquand mon retard chronique!

Merci donc à LyraParleOr pour ses corrections, ses conseils et ses explications :)

POV B

La sonnerie du réveil, ce détestable bip strident me sortit de mon rêve paisible.

7H00... l'inventeur du réveil devait être un sadique notoire, un homme sans scrupule ou peut-être un insomniaque... oui un insomniaque jaloux du sommeil des autres! C'était cela! Personne d'autre n'aurait pu avoir l'idée d'inventer un si désagréable appareil! Vous en connaissez vous des gens qui aiment leur réveil? Je n'en connais aucun!

7h08... Quel jour étions-nous? Mardi? Non jeudi! Oui jeudi, l'anniversaire de Lisa, la fête ce soir, et la liste de rendez-vous, interminable! Le jeudi n'était pas un bon jour! Je préférais le vendredi ou même le mardi, définitivement le mardi, il n'y avait pas de rendez-vous le mardi!

7H12... Cinq minutes encore, oui je vais fermer les yeux cinq minutes, il est tôt!

Mon lit était si douillet et agréable, un grand lit pour moi seule surchargé d'oreillers. J'espérais pouvoir continuer le rêve délicieux dans lequel j'étais plongée avant la sonnerie de mon réveil.

Une histoire de forêt qui ressemblait à s'y méprendre au petit bois derrière la maison de mes parents. Un endroit charmant où j'avais passé tant d'heures à jouer enfant!

Les bruits de la rue semblaient disproportionnés pour l'heure matinale. A 7 heures du matin ce n'était pas normal! Le soleil filtrait au travers mes paupières closes comme en pleine journée. J'émergeais doucement de mon demi-sommeil. Ce réveil-là était bien plus agréable que le précédent!

Je jetai un regard noir à la maudite machine qui me mettait de mauvaise humeur matin après matin.

8h22... putain de merde! Où étaient passées mes cinq minutes?

Je sautai du lit à toute vitesse, certaine que je ne pourrais jamais rattraper un tel retard!

Et dire que nous étions jeudi! La journée qui présageait déjà d'être désagréable allait se transformer en cauchemar!

Je pris ma douche en un temps record, et terminai ma toilette en même temps que mon habillage, j'étais devenue forte à ce jeu-là. Certainement même la meilleure!

Il fallait bien avouer aussi que j'étais une habituée des retards, ils étaient même toute l'histoire de ma vie. Une amie m'avait un jour conseillé d'écrire mes mémoires: "L'histoire de ma vie si j'étais arrivée à l'heure"***, ça aurait à coup sûr était un bestseller! Pas que ma vie soit palpitante mais mes retards étaient épiques!

Tous ce qui pouvait se rater je l'avais au moins raté une fois! Avion, train, bateau, entretien d'embauche, examen et j'en passe.

Tout avait commencé le jour de ma naissance. Accouchement provoqué et 9 heures de souffrances proche de l'agonie pour ma mère qui se désespérait d'attendre que sa première et unique fille se décide à sortir.

Je peux vous jurer que je ne le faisais pas exprès, mais le temps et moi nous avions consommé notre divorce il y a fort longtemps déjà!

Depuis tout avait été de mal en pis et 28 ans après j'étais encore là à courir après ces foutues secondes qui passaient toujours trop vite!

J'enfilai mes ballerines et fourrai mes escarpins dans mon sac, hors de question de crapahuter dans Paris avec des talons toute la journée! Avant d'enfoncer mon ordinateur dans sa house je vérifais que mes présentations étaient bien dessus. Voilà j'étais fin prête!

Je claquai la porte de mon petit appartement perdu au fin du 19ème arrondissement et me mis à courir après ce temps qui menaçait de faire de ma journée un enfer.

Premier rendez-vous au Sentier dans 15 minutes...

Le jeudi était ma journée haïe, pas de longues heures passées dans mon atelier à travailler sur mes projets, non le jeudi était le jour des rendez-vous avec les clients, ce jour qui m'obligeait à respecter un horaire strict et contraignant, pour aujourd'hui c'était plutôt mal parti!

J'avais 28 ans depuis quelques mois et enfin un emploi stable. Ma nature un peu rêveuse ne m'avait pas vraiment facilité la tâche! Ma passion pour le dessin ne pouvait décemment pas être considérée comme un job alimentaire alors je m'étais reconvertie dans la publicité, au moins c'était lucratif et cela me permettait de vivre de cet espèce de grain de folie que d'autre appelaient créativité.

L'agence qui m'employait avait le mérite d'être de taille humaine et mes responsables n'avaient que faire de mon manque de ponctualité tant que j'honorais mes projets.

Ce qui n'était pas vraiment le cas des clients... toujours pressés, exigeants, pour qui les retards étaient considérés comme un crime de lèse-majesté! Non définitivement le jeudi n'était pas ma journée!

Le mois de juin vivait ses derniers soubresauts et la chaleur un peu moite de la ville était déjà écrasante et orageuse, il n'était pas 9 heures encore pourtant!

Je sortis du métro en éprouvant un vif soulagement, un peu étourdie par la touffeur de cet air surchargé de parfums divers et variés. Mon absence de petit déjeuner n'était pas pour rien dans mon bref étourdissement.

8h52... Il me restait tout juste le temps de passer au Starbucks du coin de la rue avant de me rendre à mon rendez-vous.

"-Merci Monsieur, bonne journée"

"-Bonne journée" D'abord ce fut une voix... une voix aussi profonde et chaude que de la lave en fusion. Une voix qui glisse en vous comme un miel tiède et onctueux.

Ensuite ce fut une main, ou plutôt le fragment d'une main qui voletait au-dessus du comptoir. Une main digne d'un Rodin, une main aux traits aussi virils que fins. Il y avait quelque comme un mélange de force et d'un soupçon de fragilité dans ces longs doigts effilés. Ce fut rapide, à peine plus d'une myriade de nanosecondes, guère plus que le battement d'un cil et pourtant je me sentais pénétrée par l'image de cette main.

Quelque chose m'attirait inexorablement dans le miroitement subtil de cette peau pâle, de cette peau pourtant striée et presque caleuse. Le travail avait sculpté cette main, ou plutôt ce fragment de main, c'était un travail de force, épuisant, acharné, surement sous un soleil de plomb, une petite tache brune ornait juste le pli du pouce, une petite tache que mes yeux avait captée, j'avais presque la sensation d'avoir saisi quelque chose d'intime de cette main inconnue.

C'était une main d'homme, une main virile et travailleuse et pourtant les ongles étaient courts, pas rongés non, soigneusement coupés, des ongles impeccables, presque manucurés. Il y avait quelque chose de cocasse et d'un peu décalé dans cette main calleuse que je devinais habituée aux travaux de la terre et pourtant aux oncles si parfaits...

J'étais troublée, saisie par cette image furtive qui me brûlait la rétine encore longtemps après avoir disparue.

"-Madame! Excusez-moi Madame!" Je repris contact avec la réalité d'où je m'étais momentanément échappée. Derrière moi je sentais la file grossir de mécontentement, le stress et l'agacement affluaient par vagues menaçantes.

"-Oh pardon, euh je vais prendre un caramel macchiato s'il vous plait!"

"-4 euros 50" Avait-on vraiment idée de vendre un café si cher?

Je sortis en avalant ma boisson, me brûlant méchamment la langue au passage.

J'étais toujours troublée, incroyablement bouleversée par cette main qui furtivement avait traversé mon regard. Je n'avais qu'une envie: cinq minutes de tranquillité pour la dessiner... Je voulais mémoriser chaque ligne, chaque callosité, chaque petite tâche et repli de cette main virile et sensuelle...

Depuis mes premiers cours de dessin, avant cela même, j'avais développé une étrange fascination pour les mains, essence d'humanité, témoignage de toute une vie, elles avaient toujours quelque chose à exprimer, à raconter!

Mais jamais encore je n'avais été troublée comme ce matin... Je devais graver ses contours avant qu'ils ne deviennent flous et qu'il ne reste plus qu'une forme indistincte flottant dans le tourbillon de ma mémoire.

9h03... j'étais définitivement en retard! Si peu encore mais je savais déjà que ces trois minutes on allait me les reprocher.

Je pressais le pas, chassant les longs doigts effilés de mon esprit.

"-Isabella Swan" l'hôtesse d'accueil me jeta un regard polaire capable de vous faire douter du réchauffement climatique! Étaient-elles recrutées pour leur capacité à refroidir les visiteurs ou étais-je la seule petite privilégiée de leurs regards glacials?

"-Ah Mademoiselle Swan, Monsieur Volturi vous attend" Trois minutes! Ou peut-être cinq maintenant... A cinq minutes de retard peut-on vraiment parler d'attente?

L'entretien avait était long, interminable même, et franchement inutile! Le responsable de la société voulait s'assurer des moindres détails de la campagne publicitaire qu'il m'avait confiée. Elle n'avait rien de bien compliqué pourtant, c'était même un projet basique de pub pour un grand magasin, on aura pu la confier à un débutant qu'il s'en serait sorti à merveille! Alors pourquoi passer des heures à discuter du moindre détail surtout quand toutes mes propositions lui plaisaient? Tout ça m'avait de nouveau mise en retard, pas de cinq minutes cette fois-ci! Si je me débrouillais bien je serais à mon prochain rendez-vous dans 40 minutes, après donc presque une demie-heure de retard... Cette journée cauchemardesque venait de commencer et pourtant j'espérais déjà de tout cœur qu'elle se termine, vite!

Arrivée dans le hall de l'immeuble j'ôtai mes escarpins que je glissai dans mon sac, au profit de mes fidèles ballerines de marathon, tout cela sous l'œil mi-choqué mi-moqueur de l'hôtesse d'accueil. Si j'avais osé je lui aurais fait un magnifique doigt avant de quitter l'immeuble mais je n'avais pas le culot suffisant pour faire ça, et surtout je tenais à mon job, et pourtant ça me démangeait vraiment, je pouvais presque sentir mes doigts fourmiller!

Je repris ma course folle dans Paris, direction la Défense où se trouvait le siège d'une société de cosmétiques qui avait fait appel à nous. C'était ce que j'aimais tant dans ce boulot, les sujets aussi divers que variés, la créativité n'avait pas de limite dans ce monde et j'aimais ça, j'acceptais presque sans regret de galoper dans tout Paris pour ressentir ce frémissement familier que faisait naître la nouveauté en moi. Je fourmillais d'idée pour cette nouvelle campagne et j'avais hâte de faire mes propositions! Et si cela supposait des pieds en bouillie à la fin de la matinée et bah tant pis... Je n'avais de toute façon pas vraiment le choix!

Une fois arrivée à destination on me fit patienter quelques minutes qui se transformèrent rapidement en une demie-heure, très certainement pour me punir de mon retard.

La sublime et terrifiante Rosalie Hale finit par me faire pénétrer dans son vaste bureau au décor design et épuré noyé dans la lumière matinale.

Je lui montrai mes premiers croquis, espérant voir fleurir sur ses lèvres un sourire satisfait, je devais avouer que son éternel regard de glace commençait à me mettre mal à l'aise.

Mais Madame Hale était ce qu'elle était, je n'eus pas le droit à de longs compliments ni de sourire jovial, elle valida d'un signe de la tête mes propositions sans s'épancher outre mesure.

"-Rosalie"

"-Oui Angela?"

"-Monsieur Cullen, je vous le passe sur votre ligne"

"-Merci" Je me retenais de souffler d'exaspération, je n'aimais pas être coupée en pleine présentation mais apparemment Madame Hale n'éprouvait aucune gêne à prendre ses communications téléphoniques en ma présence!

"-Edward que puis-je pour toi?" Le ton éternellement glaciale de Rosalie s'était brusquement radoucit, sa voix carillonna dans l'air comme une myriade de clochettes joyeuses.

"-..."

"-20 heures! Très bien à ce soir, je t'embrasse." Elle raccrocha et son regard se durcit à nouveau.

"-Excusez-moi, où en étions-nous?"

Il était trop tard pour déjeuner quelque part avant mon prochain rendez-vous. Quel dommage j'aurais aimé profiter du soleil étincelant dont les rayons d'or jouaient entres les tours immenses.

J'achetais de quoi grignoter en route et traversait l'esplanade presque déserte en noyée de soleil.

13h30... direction République pour la suite de ma course folle, il s'agissait de mon avant dernier entretien, j'accueillerai avec un soulagement certain la fin de cette journée! La chaleur moite et écrasante rendait mon tailleur désagréable et mes pieds souffraient le martyre!

Il existait dans le monde une catégorie de clients toujours insatisfaits et celui-ci en était! Chacune de mes propositions était systématiquement refusée mais les idées chimériques auxquelles il s'accrochait étaient aussi peu vendeuses qu'irréalisables. Travailler avec ce genre d'interlocuteur se rapprochait à chaque minute passée de l'enfer mais je n'avais pas le choix! Il ne cessait d'interrompre ma présentation, et pourtant il ne s'agissait que de la maquette de son affiche publicitaire.

L'entretien dura le double du temps prévu, je sortis nerveusement épuisée, affamée et cela va sans dire: en retard! Terriblement en retard!

Mon prochain et dernier rendez-vous avait lieu au Marais, un cabinet d'avocats d'affaires, le genre de dossier sérieux et épineux qui pouvait s'avérer très lucratif mais qui demandait un travail acharné.

Il s'agissait de mon premier entretien avec cette société et j'avais presque une heure de retard, et aucun moyen de les joindre! Dans ma précipitation mon portable était sagement resté sur ma commode et évidement je n'avais pas pris le temps d'enregistrer ce contact dans mon ordinateur! Il s'agissait de mon tout premier rendez-vous dans ce cabinet. Voila qui allait faire bonne impression...

Les touristes envahissaient déjà la ville mais j'eus la chance de trouver le métro presque désert. Transpirant par tous les pores de la peau, épuisée et ne rêvant que d'une longue douche délassante, je m'assis près d'une fenêtre.

A St-Sébastien Froissart, à peine plus d'une poignée de secondes, peut-être même moins... Ce fût un regard, un regard pénétrant et d'un vert profond. Je me figeais sous la puissance de ce regard envoutant, ces pupilles noires d'encre entourées d'une corolle de jade qui me fixaient aux travers des deux vitres qui nous séparaient.

En face, dans l'autre rame à quai en même temps que la mienne, il y a avait ce regard surmonté de mèches folles cuivrées. Ce fut bref, le temps d'un battement de cœur avant que la sonnerie ne résonne et que le train ne s'ébranle en emportant loin de moi ces yeux vibrants de sensualité.

Encore longtemps après que nos chemins ne soient séparés ma peau frissonnait et devant mes paupières closes dansait l'image de ces yeux d'un vert d'émeraude dans lesquelles je m'étais plongée une fraction de seconde qui m'avaient parue durer une éternité. Je frissonnais encore sous l'intensité de ce regard maintenant disparu.

Mes talons claquaient sur les pavés de la rue ombragée par les immeubles de briques rouges. Il régnait ici une atmosphère un peu paresseuse, la chaleur se brisait sur les murs, il y faisait presque frais, humide aussi.

La place des Vosges raisonnait de cris joyeux en cette belle journée. Comme j'aurais aimé moi aussi tremper mes pieds dans les fontaines et oublier la chaleur en me reposant sur les pelouses vert tendre.

Encore un petit effort!

Machinalement j'arrangeais ma coiffure et le col de ma chemise, je devais avoir une allure à peine présentable à avoir couru ainsi toute la journée mais je ne pouvais guère faire mieux.

Cullen et associés Tient Cullen... un rapport avec le Edward Cullen à qui avait parlé Rosalie Hale tout à l'heure? Ça serait une coïncidence cocasse et plutôt amusante! Son nom ne m'avait pas frappé tout à l'heure, c'était un nouveau contrat et je n'y étais pas encore habituée.

"-Isabella Swan j'ai rendez-vous avec Monsieur Cullen"

"-Oui, mais c'était il y a plus d'une heure..."

"-En effet j'ai été retardée, toutes mes excuses"

"-Monsieur Cullen n'a pas pu vous attendre, son planning est terriblement chargé de même que celui de son associé, il m'a chargé de vous prévenir, je vous ai laissé un message"

"-Très bien, peut-on convenir d'un nouveau rendez-vous dans ce cas?"

"-Il vous rappellera"

Je pris congé un peu désespérée... Avant de partir je pris la carte de Monsieur Cullen qui tronait sur le comptoir en espérant cette fois ne pas égarer ses coordonnées, mais il y avait fort à parier que ce contrat me passerait sous le nez! Merci monsieur Denali d'être si chiant, sans vous je serais arrivée ici à temps! Et puis Denali... qui pouvait avoir l'idée de porter le nom d'un parc national aussi! Oui j'ai des tendances à l'incohérence lorsque je suis énervée!

Soudainement désœuvrée je décidais de rentrer tranquillement chez moi et pourquoi pas m'arrêter au Buttes Chaumont pour profiter un peu du soleil et enfin dessiner cette main et ces yeux qui m'avaient hantée toute la journée!

J'adorais ce parc situé à deux pas de mon petit appartement.

16h30... J'avais largement de temps de paresser quelques heures avant de me préparer pour la soirée de Lisa!

Pov E

Je détestais que l'on me fasse attendre! J'avais une sainte horreur des retards! Sur les conseils de Rosalie j'avais décidé d'employer une nouvelle agence de publicité pour promouvoir le cabinet. Et bien cette Miss Swan pourtant chaudement recommandée par Rosalie ne s'était pas pointée au rendez-vous! Plus d'une heure de retard, quelle preuve de sérieux! Et pas un coup de téléphone, celle-ci allait devoir attendre un moment avant de travailler pour nous!

J'avais un rendez-vous à la Villette alors hélas ne n'avais pas pu attendre que Madame daigne nous honorer de sa présence pour lui expliquer ma façon de penser.

Assis dans le métro surchauffé j'étais tout à ma rage lorsqu'une divine apparition se matérialisa dans la rame d'à côté.

Une femme était assise tout près de moi, seules les deux épaisses vitres rayées et jaunies nous séparaient. Elle avait l'air épuisée, douce et belle, fragile aussi. Une apparition angélique... Ses longs cheveux bruns cascadaient en boucles voluptueuses sur ses épaules.

Elle avait un visage en forme de cœur, la peau aussi pâle que de la porcelaine fine, ses lèvres délicieusement ourlées de roses tendres étaient un appel aux baisers. Il y avait quelque chose d'à la fois sensuel et fragile dans cette femme frêle assise là, les paupières closes et une moue sensuelle et boudeuse sur les lèvres, elle semblait vivre une terrible journée, ses traits pourtant si purs exprimaient fatigue et lassitude.

Cette apparition fût brève, trop brève et pourtant d'une intensité incomparable!

Quelques secondes avant que la sonnerie ne vienne troubler ce moment parfaitement hors du temps, elle ouvrit les yeux et son regard se plongea dans le mien. C'était les plus beaux yeux marron que je n'avais jamais vus, du chocolat liquide et incandescent parsemé d'une multitude de pépites dorées comme des étincelles précieuses.

Le train s'avança et je fus privé de la vision enchanteresse de cette divine créature. Ses grands yeux bruns si expressifs continueraient longtemps à me troubler, j'en étais certain!

Nous prîmes deux chemins séparés, elle allait d'où je venais et j'allais d'où elle venait. Bref interlude, enclave divine suspendue au-dessus du temps, hasard des rencontres, appelez ça comme vous le souhaitez, je ne l'avais vu que quelques secondes et pourtant j'avais la troublante sensation d'avoir fait une rencontre importante...

Lorsque j'arrivais à mon entretien je flottais toujours sur un nuage voluptueux parsemé de regards marron et de boucles brunes.

Le rendez-vous fût bref et même si n'avais pu totalement me concentrer, j'avais la sensation d'avoir fait du bon travail.

17h45... il me restait un peu plus de deux heures avant la soirée de Rosalie. Je n'avais rien d'important à faire pour le reste de la journée alors je décidais de ne pas trop me presser pour rentrer.

Sur le chemin je fis une halte dans un parc que j'affectionnais particulièrement, la chaleur était maintenant moins écrasante et le soleil doré étendait sur la ville ses rayons chatoyants.

Le parc des Buttes Chaumont était trop éloigné à la fois de chez moi et du cabinet pour que j'ai le loisir d'y venir souvent mais je ne manquais pourtant pas une occasion de le faire lorsque j'avais le temps, comme ce soir...

Cet îlot de verdure dominant Paris, totalement artificiel ne manquait pas de charme!

Je trouvais un coin isolé et relativement ombragé pour m'installer.

La ville baignée de lueurs d'or s'étendait à mes pieds, dans les conifères immenses la brise s'engouffrait et distillait dans l'air un parfum frais légèrement acidulé. Je fermais les yeux et me rappelait avec bonheur les forêts de mon enfance où je passais tant d'heures à jouer avec mon frère dans un temps qui me semblait maintenant si reculé!

Parfois cette vie champêtre me manquait lorsque la ville menaçait de m'engouffrer dans son tourbillon de poussière et de béton, alors je venais ici me rappeler les charmes discrets de ma vie passée.

En contrebas les cris des enfants troublaient la quiétude du lieu.

Je laissais mon regard dériver sur les toits de zinc brillant dans les lueurs du jour finissant. Un petit chemin rocailleux menait à un belvédère rococo plein de charme. Comme ça devait être paisible de s'y arrêter pour lire. Ce parc copiait la mode anglaise, la nature y était savamment domptée tout en laissait l'impression qu'elle y régnait en maître, et le moins que l'on puisse dire c'est que l'illusion était très réussie!

Il n'y avait presque personne dans cette partie du parc. Un couple d'amoureux s'enlaçait sur les pelouses, une jeune maman berçait son enfant, un homme tapait frénétiquement sur son ordinateur et là-bas près d'un bosquet une jeune femme dessinait.

Une jeune femme aux cheveux bruns... de longues boucles brunes. Il y avait quelque chose de familier dans cette silhouette, quelque chose de familier et d'intrigant!

Subtilement je me rapprochai un peu, comme attiré par cette jeune femme.

C'était elle... l'inconnue du métro!

Son visage en cœur, sa bouche boudeuse et parfaitement dessinée! Je ne pouvais voir ses yeux mais j'étais certain que si elle levait la tête je pourrais de nouveau me perdre dans ses océans chocolatés!

La jupe noire de son tailleur était un peu remontée ce qui je me laissais la possibilité de voir ses jambes, délicieusement fines et galbées. Sa peau de porcelaine scintillait presque dans les rayons dorés du soleil.

Ses chaussures étaient négligemment jetées près d'elle. Elle avait de jolis pieds fins, galbés, comme des pieds de princesse ou de fée aux ongles délicieusement vernis.

Je n'étais pas fétichiste ou quoi que ce soit d'autre mais j'avais toujours trouvé que les pieds de femme exhalaient une troublante sensualité, et sensuels, les siens l'étaient tout à fait!

Tout chez ma divine apparition était délicieux!

Les deux premiers boutons de la chemise blanche de son tailleur étaient ouverts, en plissant les yeux on pouvait presque distinguer la dentelle noire et fine de son soutient gorge. Elle avait une belle poitrine, mais était-ce étonnant? Des seins assez ronds, fermes.

Totalement absorbée par son crayon qui glissait avec des gestes doux sur son carnet elle ne m'avait pas remarqué, je devais avoir l'air d'un pervers à la fixer ainsi mais je ne pouvais m'en empêcher, elle me troublait plus que de raison! Ce mélange de force et de fragilité remuait en moi des sensations inconnues.

Je mourrais d'envie de m'approcher d'elle, de l'aborder, d'entendre sa voix que je devinais mélodieuse et de me plonger dans son regard si intense et doux.

Alors que j'échafaudais un plan dans mon cerveau détraqué elle se leva, me prenant complètement par surprise. Mes plans se trouvèrent avortés et je n'eus d'autre choix que de la regarder s'éloigner pieds nus sur la pelouse... Dieu qu'elle était belle!

18h40... il était temps pour moi aussi de quitter le parc, de quitter ma douce inconnue. Je devais me changer pour retrouver Rosalie à sa soirée.

L'air été doux, chargé de senteurs boisées, il faisait encore chaud, mais pas suffisamment pour que ça soit désagréable. Ça avait été une belle journée... La journée où j'avais rencontré un ange, cet ange qui avait filé avant que je ne puisse entendre le timbre de sa voix, avant que je goutte la douceur de la connaître, avant même que je n'apprenne le nom de ma divine apparition...

***: cette phrase vient de LyraParleOr qui m'a sugéré le titre que je pourrais donner à ma biographie.

Serendipity fait référence au film du même nom et La folle journée est l'autre non du Mariga de Figaro, pièce que j'affectionne particulièrement.

Voilàmaintenant que j'ai bien racconté ma vie je vous dis à très bientôt pour la suite!

N'hésitez pas à me laisser vos impressions! Et SBR j'attends tes remarques avec impatience ;)

Merci de le lire et à bientôt